La fêêête

Le 25/05/2019
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par LePouilleux
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
C'est la fête de trop : lassé des fiestas et de la pêche au gros, le narrateur de cette quasi-ballade ne s'en achemine pas moins, inéluctablement, vers le réveil fracassé dans les fluides corporels refroidissant et les affres de la gueule de bois, sa longue et banale descente aux enfers scandée à intervalle régulier par un refrain quasi métaphysique transmutant l'anecdote festive en gémissement existentiel.
Tu te noies bien l'oreille interne
Dans de la soupe électronique,
Collé aux putains à l’œil terne
Qui te fout' même pas la trique,
Ça sue la pisse et la sueur,
Mais c'est ce gros malaise en toi
Qui te gêne plus que l'odeur :
Tu sais pas ce que tu fous là.

Sur un canap' tu te retapes,
Un gros thon à côté émerge
T'as bien trop peur que ça dérape
Car elle veut te parler verge,
Quand tu la penses encore vierge
Mais ferme ta gueule, puta !
Vois vers quoi la fête converge :
Tu sais pas ce que tu fous là.

Cuisine à lumière trop blanche,
Toilettes sales, mal lavées,
Toujours un con qui se déhanche,
Putain, mais dégage enculé !
Trinité : alcool bon marché,
Phonintelligent plein les doigts
Et le gros bédo mal roulé :
Tu sais pas ce que tu fous là.

Ces soirées de merde avérées,
— Faudrait trouver un nom à ça —
Qu'on te vend comme le sommet
T'en as ta claqu', moral à ras.
Ou plutôt haut les cœurs, mon gars,
Car, con, tu gerbes ton repas,
Un grand éclat sans haut ni bas :
Tu sais pas ce que tu fous là.

D'un trou noir tu as émergé,
Du sang, des glaires dans les draps,
Le gros thon, tu l'as chevauché :
Tu sais pas ce que tu fous là.