Je regardais la frêle pluie d'été qui commençait à écraser ses gouttes contre la porte-fenêtre du salon. L'eau traçait des veinures gorgées de lumière en glissant le long de la vitre. Dehors, le ciel prenait une teinte plus foncée. Il se gonflait d'électricité statique. Les tuiles rouges du pavillon des voisins luisaient déjà d'humidité. Un faux palmier s'agitait dans tous les sens en prenant le vent. Le mini-quad de Rayanne gisait par terre, sur la terrasse, renversé par de soudaines bourrasques. J'avais la flemme de le mettre à l'abri. Malgré la chaleur qui se traînait encore, un léger frisson me parcourut l'échine.
Autrefois, par temps clair, on pouvait apercevoir le Mont-Blanc d'ici. Aujourd'hui, il y avait un immense champs de maïs qui s'était réduit à un bout de verdure perdu au milieu des lotissements et des îlots d'immeubles. Le vieil agriculteur, qui le cultivait encore, crèverait probablement sur son tracteur d'ici quelques années. Une nouvelle zone commerciale poussera alors sur ce qui reste de végétation. Peut-être que ce sera une belle boulangerie industrielle qui ouvrira ses portes avec un large parking devant. Ce serait bien une boulangerie à côté de la maison. On pourrait même s'y arrêter quand je ramènerai Brianna de la danse.
Enfant, je voyais ces grands chantiers se déployer autour de moi, déclenchés par des forces mystérieuses et gigantesques, comme le symbole d'une vie inextricablement en marche. Je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir des espaces encore vierges d'habitats monumentaux. Le paysage changeait au grès des booms immobiliers de la région frontalière. Des zones urbanisées apparaissaient qui mettaient du temps avant de se remplir définitivement de présence humaine. Je les parcourais avec enthousiasme du haut de ma bicyclette, lors de longs dimanche après-midi, imaginant la vie que ces quartiers tout neufs abriteraient, l'activité frénétique qui s'y développerait. Je rêvais d'habiter dans ces utopies urbaines qu'on affichait de partout sur les plaquettes et les panneaux de chantier.
Enfant, je voyais ces grands chantiers se déployer autour de moi, déclenchés par des forces mystérieuses et gigantesques, comme le symbole d'une vie inextricablement en marche. Je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir des espaces encore vierges d'habitats monumentaux. Le paysage changeait au grès des booms immobiliers de la région frontalière. Des zones urbanisées apparaissaient qui mettaient du temps avant de se remplir définitivement de présence humaine. Je les parcourais avec enthousiasme du haut de ma bicyclette, lors de longs dimanche après-midi, imaginant la vie que ces quartiers tout neufs abriteraient, l'activité frénétique qui s'y développerait. Je rêvais d'habiter dans ces utopies urbaines qu'on affichait de partout sur les plaquettes et les panneaux de chantier.