Un petit garçon par en famille voir une montagne derrière laquelle il n'y a rien.
Nous sommes partis voir ces montagnes en famille. Ce n’étaient pas les montagnes les plus hautes, mais c’étaient les montagnes les plus lointaines.
Nous nous sommes garés sur la grave noire, comme l’ont fait d’autre touristes. Aux alentours il y avait un peu d’herbe, sèche, mais la plupart du terrain demeurait désolé, vide, presque digne de Kay Sage.
Il y avait une clôture comme celle d’une prison. Je ne me souviens plus s’il y avait des panneaux de sécurité. J’étais petit. Je me tenais à moins de d’un mètre de la clôture. Pas de fleur. Pas d’herbe. Pas de vie. Juste la roche nue, noire et froide. Au loin, pas si loin que ça, ce tenait une chaîne de montagnes, froide, impersonnelle et stérile, menaçante plus que tout. Elle était de hauteur admirable, mais pas assez pour empêchez un randonneur inexpérimenté et faiblard de la gravir. Certes, on pouvait y trouver la difficulté de tout effort physique, mais ce n’était certainement pas un grand défi technique. N’importe qui pourrait la franchir, il en fallait seulement la volonté.
Mon père s’approcha de moi, et m’expliqua, avec un ton de professeur : « Tu vois cette chaîne de montagnes ? Eh bien après, il n’y a rien. Rien n’existe derrière ces montagnes. Il n’y a que le néant. C’est ici que tout se termine. »
J’était terrifié par ces quelques mots. Moi qui étais d’habitude si bavard, je demeurais planté là, face au bout du monde. L’idée même du néant, le simple fait d’entendre ce mot, de le lire, ou même d’y penser, me glaçait le sang. Alors, en être si proche, me laissait au fond d’un abyssal état de sidération. Je contemplais, avec le décuple de toute mes peurs, cette effroyable frontière naturelle, à la fois magnétique et repoussante.
« Arrête de regarder la montagne. » me dit mon père, d’un ton grave. Je fis abstraction de ce sentiment d’effroi pour rejoindre ma famille autour de la table de pique-nique. Je n’avais pas grand appétit, et plus j’essayais d’oublier la montagne, plus elle venait envahir mon esprit.
Après le repas, ce fut un soulagement que de repartir. Je ne verrai plus cette montagne. Je ne penserai plus au néant. Mais ils seront toujours là, présents en ce lieu.
Nous nous sommes garés sur la grave noire, comme l’ont fait d’autre touristes. Aux alentours il y avait un peu d’herbe, sèche, mais la plupart du terrain demeurait désolé, vide, presque digne de Kay Sage.
Il y avait une clôture comme celle d’une prison. Je ne me souviens plus s’il y avait des panneaux de sécurité. J’étais petit. Je me tenais à moins de d’un mètre de la clôture. Pas de fleur. Pas d’herbe. Pas de vie. Juste la roche nue, noire et froide. Au loin, pas si loin que ça, ce tenait une chaîne de montagnes, froide, impersonnelle et stérile, menaçante plus que tout. Elle était de hauteur admirable, mais pas assez pour empêchez un randonneur inexpérimenté et faiblard de la gravir. Certes, on pouvait y trouver la difficulté de tout effort physique, mais ce n’était certainement pas un grand défi technique. N’importe qui pourrait la franchir, il en fallait seulement la volonté.
Mon père s’approcha de moi, et m’expliqua, avec un ton de professeur : « Tu vois cette chaîne de montagnes ? Eh bien après, il n’y a rien. Rien n’existe derrière ces montagnes. Il n’y a que le néant. C’est ici que tout se termine. »
J’était terrifié par ces quelques mots. Moi qui étais d’habitude si bavard, je demeurais planté là, face au bout du monde. L’idée même du néant, le simple fait d’entendre ce mot, de le lire, ou même d’y penser, me glaçait le sang. Alors, en être si proche, me laissait au fond d’un abyssal état de sidération. Je contemplais, avec le décuple de toute mes peurs, cette effroyable frontière naturelle, à la fois magnétique et repoussante.
« Arrête de regarder la montagne. » me dit mon père, d’un ton grave. Je fis abstraction de ce sentiment d’effroi pour rejoindre ma famille autour de la table de pique-nique. Je n’avais pas grand appétit, et plus j’essayais d’oublier la montagne, plus elle venait envahir mon esprit.
Après le repas, ce fut un soulagement que de repartir. Je ne verrai plus cette montagne. Je ne penserai plus au néant. Mais ils seront toujours là, présents en ce lieu.