Lindsay c’est une salope.
Tout le monde le dit. Même Nico. Et Nico, il s’y connaît : il a déjà foutu sa langue dans la bouche de Sophie, celle de 5eB. Il dit qu'il lui a mis la main à la chatte aussi et que ça sentait la crème Nivéa et la pisse de chat, mais bon, on le croit pas trop.
Lindsay, c’est une autre catégorie. Elle se la pète avec ses airs de princesse intouchable.
Elle marche comme si son cul touchait pas le bitume. Comme si elle allait s’en sortir, elle.
Elle cause bien. Elle répond aux profs. Elle a des phrases. Des vraies.
Et surtout, elle nous calcule pas. Même pas un regard. Comme si on existait pas. Alors que bon, Lindsay, c'est juste la fille d'un alcoolo !
Alors on dit qu’elle suce. Le prof, le CPE, son père, n’importe qui. Parce qu’on supporte pas qu’elle nous regarde comme de la merde.
Et comme on est trop fiers pour dire qu’on se sent minables, on fait ce qu’on sait faire : on salit.
Nico dit que c’est les meufs qui parlent pas qui baisent le mieux.
Il dit qu’elle mérite de redescendre. Qu’on la fasse pleurer. Qu’on lui montre ce que c’est d’être une fille normale.
Et moi, j’dis rien. J’répète. J’fais comme si j’étais d’accord.
Parce que si tu rigoles pas, t’existes plus.
Alors ouais. On la pousse. On la cogne dans le bus. On tape dans son sac.
On gueule "pute", "chienne", "bouffe-bites", et ça fait marrer tout le monde.
Même moi. Enfin… j’crois.
Elle se défend pas. Elle encaisse. Mais dans ses yeux, putain…
On dirait qu’elle nous emmerde encore plus qu’on l’emmerde, et ça, c’est insupportable.
Elle nous crache à la gueule avec ses yeux. Sans mots.
Alors on continue.
Parce qu’on sait pas faire autre chose.
Et puis, à force de la mater, de l’insulter, d’en parler, on a eu envie de voir.
De savoir ce qu’elle cache sous ses fringues informes, ses pulls moches, ses pantalons de daronne.
Peut-être qu’elle est bien foutue, la Lindsay. Peut-être qu’on passe à côté d’une bombe.
Et ça, c’est pas tolérable.
Alors un soir, on l’a suivie.
Pas trop près. Pas trop vite. Personne avait envie, pas vraiment.
Mais on l’avait dit.
Et si on y allait pas, elle aurait gagné. Fallait pas qu’elle gagne. Jamais.
Nico l’a bloquée dans un coin, derrière les garages.
Julien lui a arraché son sac, et l’a balancé plus loin, pour qu’elle le voie, qu’elle pense pas à courir.
Nous, on l’entourait.
On gueulait. “Chienne !” “Petite salope !” “T’as pas honte de pomper ton prof comme ta mère ?”
Elle se débattait. Pas trop fort. Juste assez pour qu’on voie qu’elle avait peur.
Nico lui a collé la main au cul.
Moi, j’ai senti ma bite se lever. Un truc dégueu, nerveux, j’avais envie de gerber mais j’étais en feu.
J’ai vu les autres : les yeux brillants, les mains moites. Ça puait le foutre.
Et puis son t-shirt a craqué. Je saurais même pas dire qui a tiré.
Ses seins sont sortis, tout blancs, petits. Pas comme dans les films. Réels. Fragiles.
Nico a choppé sa jupe. Il l’a descendue comme on ouvre un paquet.
Elle portait une culotte rose pâle.
Et là, j’ai eu envie de toucher, moi aussi.
J’ai posé la main, une seconde. Sur sa hanche. Sa peau brûlait.
Elle a frissonné. Comme un animal blessé.
Et j’ai retiré ma main, vite. Mais j’avais déjà touché.
Nico hurlait : “Elle mouille, la salope !”
Julien riait. Kevin haletait comme un clébard.
Moi j’avais la gorge en feu.
Je pouvais plus bouger. Je bandais et je crevais de trouille.
Elle, elle disait rien. Même pas un cri.
Juste ses yeux.
Et puis un bruit, un claquement — une portière, un chien, un truc qui existe, qui revient dans le monde.
On a sursauté.
Julien a balancé son sac.
Nico l’a lâchée.
Elle s’est redressée.
Pas un mot.
Pas une larme.
Juste ce regard.
Putain.
Ce regard-là, c’était pas de la peur. Pas de la haine.
C’était du dégoût. Pur. Profond.
Et c’est ça, j’crois, qui m’a achevé.
Tout le monde le dit. Même Nico. Et Nico, il s’y connaît : il a déjà foutu sa langue dans la bouche de Sophie, celle de 5eB. Il dit qu'il lui a mis la main à la chatte aussi et que ça sentait la crème Nivéa et la pisse de chat, mais bon, on le croit pas trop.
Lindsay, c’est une autre catégorie. Elle se la pète avec ses airs de princesse intouchable.
Elle marche comme si son cul touchait pas le bitume. Comme si elle allait s’en sortir, elle.
Elle cause bien. Elle répond aux profs. Elle a des phrases. Des vraies.
Et surtout, elle nous calcule pas. Même pas un regard. Comme si on existait pas. Alors que bon, Lindsay, c'est juste la fille d'un alcoolo !
Alors on dit qu’elle suce. Le prof, le CPE, son père, n’importe qui. Parce qu’on supporte pas qu’elle nous regarde comme de la merde.
Et comme on est trop fiers pour dire qu’on se sent minables, on fait ce qu’on sait faire : on salit.
Nico dit que c’est les meufs qui parlent pas qui baisent le mieux.
Il dit qu’elle mérite de redescendre. Qu’on la fasse pleurer. Qu’on lui montre ce que c’est d’être une fille normale.
Et moi, j’dis rien. J’répète. J’fais comme si j’étais d’accord.
Parce que si tu rigoles pas, t’existes plus.
Alors ouais. On la pousse. On la cogne dans le bus. On tape dans son sac.
On gueule "pute", "chienne", "bouffe-bites", et ça fait marrer tout le monde.
Même moi. Enfin… j’crois.
Elle se défend pas. Elle encaisse. Mais dans ses yeux, putain…
On dirait qu’elle nous emmerde encore plus qu’on l’emmerde, et ça, c’est insupportable.
Elle nous crache à la gueule avec ses yeux. Sans mots.
Alors on continue.
Parce qu’on sait pas faire autre chose.
Et puis, à force de la mater, de l’insulter, d’en parler, on a eu envie de voir.
De savoir ce qu’elle cache sous ses fringues informes, ses pulls moches, ses pantalons de daronne.
Peut-être qu’elle est bien foutue, la Lindsay. Peut-être qu’on passe à côté d’une bombe.
Et ça, c’est pas tolérable.
Alors un soir, on l’a suivie.
Pas trop près. Pas trop vite. Personne avait envie, pas vraiment.
Mais on l’avait dit.
Et si on y allait pas, elle aurait gagné. Fallait pas qu’elle gagne. Jamais.
Nico l’a bloquée dans un coin, derrière les garages.
Julien lui a arraché son sac, et l’a balancé plus loin, pour qu’elle le voie, qu’elle pense pas à courir.
Nous, on l’entourait.
On gueulait. “Chienne !” “Petite salope !” “T’as pas honte de pomper ton prof comme ta mère ?”
Elle se débattait. Pas trop fort. Juste assez pour qu’on voie qu’elle avait peur.
Nico lui a collé la main au cul.
Moi, j’ai senti ma bite se lever. Un truc dégueu, nerveux, j’avais envie de gerber mais j’étais en feu.
J’ai vu les autres : les yeux brillants, les mains moites. Ça puait le foutre.
Et puis son t-shirt a craqué. Je saurais même pas dire qui a tiré.
Ses seins sont sortis, tout blancs, petits. Pas comme dans les films. Réels. Fragiles.
Nico a choppé sa jupe. Il l’a descendue comme on ouvre un paquet.
Elle portait une culotte rose pâle.
Et là, j’ai eu envie de toucher, moi aussi.
J’ai posé la main, une seconde. Sur sa hanche. Sa peau brûlait.
Elle a frissonné. Comme un animal blessé.
Et j’ai retiré ma main, vite. Mais j’avais déjà touché.
Nico hurlait : “Elle mouille, la salope !”
Julien riait. Kevin haletait comme un clébard.
Moi j’avais la gorge en feu.
Je pouvais plus bouger. Je bandais et je crevais de trouille.
Elle, elle disait rien. Même pas un cri.
Juste ses yeux.
Et puis un bruit, un claquement — une portière, un chien, un truc qui existe, qui revient dans le monde.
On a sursauté.
Julien a balancé son sac.
Nico l’a lâchée.
Elle s’est redressée.
Pas un mot.
Pas une larme.
Juste ce regard.
Putain.
Ce regard-là, c’était pas de la peur. Pas de la haine.
C’était du dégoût. Pur. Profond.
Et c’est ça, j’crois, qui m’a achevé.