Souviens toi, mon frère...

Le 02/06/2004
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par Narak
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Le narrateur voit son frère devenir un caïd et un criminel des favelas de Bogota. Amour fraternel ou haine, admiration malsaine ou dégout. Une histoire sanglante et noire, plutôt intéressante. Pas mal.
Une bonne partie de baise sauvage sur les toits.
De l'héroïne injectée sous la langue à s'en faire exploser les veines.
Offrir les fruits du racket local à sa maîtresse.
Snuff-Movie amateur se finissant dans une baignoire.
Un couteau à désosser sous ton traversin.
Tequila et corde à piano.
Enfant fauché par un chauffard, agonisant sur le trottoir, en silence.
Femme active violée dans une ambassade.
Mille dollars cash pour qu’un flic regarde ailleurs.
Jouer au foot entre les voitures et aimer la drogue.
MST passées à la ronde comme des joints…
Je le vois dans ton regard, mon frère. Ces péchés te sont familiers, tu n’as pas oublié ta jeunesse. Tu n’as pas oublié Bogota.

Tu as toujours voulu faire mieux que les autres. Tu voulais toujours être au centre, et quand tu n’y étais pas, tu volais la vedette à celui qui avait l’arrogance de se mettre sur ton chemin.
Toute ta vie a été une compétition pour un prestige que tu n’atteignais jamais. Jamais je n’ai eu la moindre parcelle d’attention de ta part. Je me souviens seulement que quand j’étais petit, tu m’as lu un passage de la Bible.

Plus tard, tu t’es tourné vers les tabous. Dans l’art de faire mieux que tout le monde tu as, là aussi, placé la barre très haut.
Après la mort de nos parents, tu as obligé notre sœur à porter ton enfant. Voyant que le fruit de cette « union » était une fille, tu as froidement tué la seule personne que j’aimais vraiment.
Puis plus tard, tu as fait un enfant à ta propre fille. Cette fois, s’était un fils.
Je revois encore le bonheur sur ton visage. Tu était heureux mon frère.

Je t’ai toujours admiré. Tu ne le sais sûrement pas mais tous tes exploits, je les reproduisais
Je savais que je n’arriverai jamais ne serai-ce qu’à ta cheville, mais j'essayais. Je me suis,moi aussi, injecté de la cocaine dans le sexe pour avoir le plaisir de te dire que je l'avais fait. Cela t'a presque semblé normal. Toujours du mépris.
Une nuit, je me suis rendu compte de ta folie, et de la mienne par la même occasion. C’est cette nuit que tu as cessé d’exister pour moi. Dorénavant tu étais un cadavre en sursis.

Maintenant tu es allongé, nu, sans défense…
Tu te souviens ? Non, tu as du oublier cette nuit ou tu m’as lu la Bible.
Moi je n’ai rien oublié. Tout est gravé là…tu voit ?
C’était un passage parlant d’Abel et de Caïn. Le fils chéri de Dieu, et le second, maudit pour avoir commis le premier meurtre. Un fratricide, motivé par la jalousie…
Tu comprends mieux ce que je fais ici, n'est-ce pas?

Quoi ? Des larmes ?
Non mon frère, ne supplie pas. Cela ne servira à rien.
Notre sœur aussi suppliait…
Je l’entendais malgré les mains sur mes oreilles.
Je t’ai toujours aimé, sache le.
Je prendrai soin de ton fils. Il te ressemble tellement…

Adieu,mon frère. Nous nous reverrons.
Adieu...