Les lois de la répulsion

Le 30/11/2004
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par Narak, nihil
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Ce texte de Narak était très bon sur le principe, et rempli d'une colère sans bornes, mais au niveau du style c'était pas ça, et la fin était pourrie. Je suis repassé derrière pour corriger, remanier et rajouter des bouts. Résultat, un texte dans la lignée 'réalisme noir' (c'est nouveau ça vient de sortir) à propos d'une relation conjugale partie depuis longtemps en vrille, c'est plein de haine au quotidien et de douleur rentrée.
Je te regarde…
Je me force à te regarder, et tout ce que je vois, c’est tes cheveux blonds pisseux, ton regard éteint et ta putain de carcasse anorexique. Un pauvre squelette mal taillé, des articulations saillantes et ta peau blanche tendue par dessus. Je te caresse lentement, en m’obligeant à bien détailler chaque contour de ton corps. Pas de seins, pas de ventre, pas de hanches, t’es à peine une femme. Et je ne rêve que d’enfoncer mes doigts, de serrer et casser. Foutu cadavre ambulant.
Qu’est ce que qu’on fout seulement ensemble ? Ca fait des mois qu'on ne se parle plus. Si tant est qu’on ait jamais parlé… C’est vrai, après tout je ne te mérite pas. Personne ne te mérite, et tu ne mérites personne.
Moi je ne mérite pas qu’on m’impose ces chantages implicites, passer une nuit avec toi ou risquer de te retrouver les poignets fendus dans la baignoire. Alors je fais semblant. Tu as réussi ton coup de pute, tu m’as fait culpabiliser. Tu t’es déresponsabilisée avec une sournoiserie sans nom, et désormais toutes tes conneries seront de ma faute. Tu es ma prison personnelle et tu fais semblant de ne pas t’en rendre compte. A quoi est-ce qu’on joue ?

Mais je ne te supporte plus ! T’es qu’un trou crasseux, une foutue pleurnicheuse, une chienne soumise ou qui fait semblant de l’être. Sale manipulatrice, tout est faux chez toi, les pensées, les paroles, les actes. Tout est sali par des arrière-pensées. J’en peux plus de tes yeux rougis de larmes et éclatés de dope. Une putain de serpillière qui passe sa vie à tester l’efficacité de mélanges de coke et d’anti-dépresseurs. T’es incapable de passer une journée sans perdre le contrôle, c'est bien ça non ?

Moi, si tu m’avais pas pris dans tes pièges sentimentaux, je pourrais être avec une vraie femme, capable de sourire, de rire, de jouir… On passerait notre temps à baiser, et elle adorerait ça, pas comme toi qui te contentes de payer ta dette avec ton cul. Ouais, voilà ce qu’il me faut : une mine d’orgasmes avec des gros nichons et une gorge profonde comme un tunnel.
Tu me dégoûtes. J’ai envie de gerber. Envie de te cracher dans la bouche quand tu m’embrasses, de te pisser dedans quand on baise, d’écraser ta gorge entre mes mains, de t’éclater la tronche contre le béton pour faire taire tes couinements de simulatrice, de te démolir jusqu’à ce qu’il ne reste rien de ta gueule, te démembrer et te foutre dans un sac poubelle. Il y a quelques mois, sentir ton souffle derrière moi me faisait frissonner. Maintenant, je frissonne toujours, mais je serre aussi les poings. Un de ces jours ça va partir, c’est inévitable...

Notre histoire est définitivement pourrie jusqu’au noyau, les objets éclatés dans la chambre en témoignent, mais tout avait bien commencé. Bordel, tu souriais même sur les photos. Qu’est-ce que tu étais belle. Mais tout ce que tu voulais finalement, c’était que je sois ton mac, que je te tienne la nuque pendant que tu suçais des connards de dealers. Que je te soutienne, que je te comprenne. Que je te pardonne. Accessoirement je suis vite devenu une mine de revenus pour toi, on trouve pas de boulot quand on est camée jusqu’aux yeux. Tu m’as jamais vu comme un être humain, tu t’es juste servi de moi d’un bout à l’autre.

Tu joues bien ton rôle de victime. Je voudrais m’interdire d’éprouver de la pitié pour toi, cette foutue compassion, sentiment de lâches. Mais souvent c’est plus fort que moi, et dans ces cas là je me déteste autant que je te déteste, sale parasite.

Mais je te préviens, approche encore une fois de moi, ose seulement me regarder dans les yeux ou essayer de me toucher… Je te promets que là, je ferai une connerie… Je suis trop faible…

Tintement de clés à la porte, un pas lent dans l’appart plongé dans la pénombre.
Il est bientôt 2h du mat, surprenant, elle rentre plus tôt que d’habitude. Comme toujours je me morfonds en l’attendant, à me demander où je vais encore devoir récupérer son cul de connasse. Dans quel quartier minable, dans quel caniveau, sous quel gros tas puant…
La lumière s’allume dans l’appartement.
Elle est en rade de cocaïne, ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu’il lui manque un truc qui la ravage. Je la suis du regard au travers du trou de la serrure. Elle me cherche, pauvre loque paumée. Elle compte une nouvelle fois se raccrocher à moi. Heureusement je suis tranquille, la porte est fermée de l’intérieur.

Toc, toc.
- T’es là ?
- Non.
- Euh…Steuplait, où t’as mis la poudre, mon chéri ?
- …
- Chéri ?
- Arrête de m’appeler « Chéri ».
- Excuse-moi…
- Au-dessus du frigo, comme d’hab'.

Le raclement de la carte de crédit sur la table de verre, ça doit faire six mois qu’elle ne sert plus qu’a faire des lignes. De toute façon elle est toujours à découvert.
Les deux reniflements, coup sur coup… Puis plus rien…
Ses pas lents qui se rapprochent, fait chier...
Je vois son ombre sous la porte. Elle s'assoit sur le sol.

- Tu m’aimes ?
- …
- Dis moi que tu m’aimes.
- …
- Dis-le moi !
- Oui... je t'aime...

Elle s’en va à nouveau, titubante et inconsciente. Derrière mon plexus je sens la bile me ronger. Elle a laissé toute la came sur la table. Putain, j'ai envie de chialer.