La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 
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Messages - Clacker

#46
La question de départ de LC me semblait plutôt claire. Si on vient sur la Zone, c'est un peu pour l'esprit des lieux et la liberté de ton, il me semble (enfin, c'est mon cas). Chacun fait sa vie, s'il a envie d'aller sur Twitch ou mimolette.com.

Le fait est qu'on peut effectivement se partager ici nos recettes de grand-mère pour écrire, ou se soutenir face à l'adversité (le zonard est un inadapté notoire), ou encore déconner à plein tube. Bref, pourquoi pas ?

Je vous enverrai une photo de mes chaussettes trouées. Et puis je vous parlerai de ma marque de semoule préférée. On va bien s'amuser.


 
#47
Conglaturations.

Le macchab'a de l'endurance.
#48
Tout lu, tout nu.

Prêt à voter blanc, pisser dans l'urne, et tout le toutim.
#49
Un grand clap clap OLé olé lapinchien abandonné. Il a grave assuré l'intendance (en plus de participer avec des rimes et tout).

Une pensée émue pour Dourak et son pauvre foie.

Une pensée émue pour Cerumen et son pauvre cerveau.

Bref, je suis très ému, ce matin.

Charogne, toujours au poste.

Bon allez, rideau.
#50
"Thèse/antithèse/synthèse"

Si tu veux la paix,
Prépare la guerre.
Je m'en vais te mettre la pé-
La double péné,
Dans ta prise de terre.

Y aura pas de justice
Ni divine, ni des hommes
Dans tes interstices.
Ce sera brut de pomme
Sans crème bridélice.

La philosophie
Je la retourne contre le mur.
Je sors mon zizi ;
Je fais dans la démesure :
J'arrose au uzi.

Et quand c'est fini
Je la rappelle jamais.
C'est pas très gentil
Mais je suis mal élevé.
Je tiens ça de l'oncle Henry,
Henry Bukowski.
#51
Vous aurez mon sang sur les mains et mon alzheimmer (putain ça s'écrit comment) sur la conscience.
J'ai tout donné. J'ai mal à l'hémisphère gauche. Vite, du jus de carotte.
#52
On l'a trouvé là, pas très loin du puits. On s'est dit : c'est un chien crevé. Par chez nous, il n'y a pas des masses de divertissements, comme disent les vieux. Et donc on aime bien jouer avec les machins crevés. Les télés, elles ne fonctionnent plus depuis que c'est arrivé. Le grand WOUSH. En fait, c'est tous les anciens bordels électriques qui ont rendu l'âme. C'était un jour un peu comme celui-là, avec le ciel très bas comme une cloche à fromage, et le vent qui soufflait bien fort à essorer les arbres ; sauf que tout fonctionnait bien. Et puis, sans prévenir ni au téléphone, ni sur les écrans, ni ailleurs, il y a eu le grand WOUSH. Comme un truc qui explosait au ralenti. Le son, ça vous vrillait les feuilles mieux qu'un mixeur de chez GIFI, comme si les tympans c'étaient des feuilles de papier journal qu'on frictionne avec les mains. Le grand WOUSH a fait péter tout ce qui était électronique.
Depuis, on joue avec les charognes, parce qu'on trouve rien de mieux. Samedi, c'est la nana que j'aime bien. C'est son nom. Samedi. Il parait que c'est en rapport avec du vaudou. C'est ce que m'a dit sa mère. Elle est gentille, sa mère. Elle prépare des décoctions à base de gencives de porc.
Elle est sourde, Samedi. Le WOUSH, encore.
Souvent on se regarde, tous les deux. C'est pas que ça dure tellement longtemps, quand on fait ça, mais juste un tout petit peu plus que la normale. Et c'est vachement bien.
C'est elle, la première qui a compris que c'était pas un chien. Avec les autres on s'était dit qu'on récupèrerait bien la queue pour faire une blague au fils débile de ma tante. On lui dit que c'est du saucisson, et il mord dedans. Après il devient tout blanc, et il dégueule.
- Ory-rinqu', elle a dit, Samedi.
On s'est tous regardé. On n'a pas compris.
- Ornythorinque, j'ai dit, après un temps.
C'était bien ça. On n'en avait jamais vu ailleurs que dans les livres de science naturelle. Avant, quand on avait des portables, on regardait aucun livre, et surtout pas ceux sur des animaux. On regardait des gens qui dansaient. Juste des gens qui dansaient.
- Il bouge, a dit l'un des gars de la bande.
L'ornythorinque était encore vivant. Pourtant, il avait la gueule défoncée, même plus de dents, et il sentait la mort. Mais il bougeait. En fait, il vibrait.
- Il est sur vibreur !
- On pourrait le coller dans le fion de Samedi !
Je ne trouvais pas ça marrant, mais j'ai rigolé. Samedi, évidemment, elle ne comprenait rien de ce qu'on racontait. Tout le monde riait, mais quand on a vu l'ornythorinque se relever, comme si quelqu'un le tirait avec un fil de pêche, on a fait le silence.
Il se redressait lentement sur ses deux pattes. Il avait un oeil crevé, mais l'autre, il nous regardait.
Et puis il ne s'est plus contenté de se mettre debout. Il a quitté le sol. On s'est tous frottés les paupières.
Il lévitait à vingt centimètre du gravier. Ses pattes se sont écartées de son corps. Il vibrait encore plus fort, comme un énorme bourdon. C'était comme... une croix. Une grosse croix vibrante pleine de poils et de sang séché. Et l'odeur... ça puait incroyablement.
- C'est quoi ce bordel ?
- Je comprends rien...
- C'est-euh-OUSH, a dit Samedi.
Alors elle a fait un truc bizarre. Elle s'est rapprochée de l'ornythorinque, tout en tendant une main. J'ai essayé de l'en empêcher. Par réflexe. Je ne voulais pas que ce truc l'attaque. Mais elle m'a repoussé, et pas très gentiment.
Finalement, elle a posé sa main sur le ventre de la bête. On avait tous le souffle coupé. On s'attendait à ce qu'il se passe quelque chose. On a attendu, ça a duré un moment.
- Euh-OUSH, elle a répété.
Alors, très tendrement, elle lui a fait un câlin. Enfin, c'est ce qu'on pensait au début. En vérité elle l'a attrapé, serré contre elle, et ils se sont rapprochés du puits. Personne n'a eu le temps de rien faire. Personne n'a voulu rien faire.
Elle a grimpé sur le rebord de pierre, et ils ont disparus d'un coup, engloutis par le puits.

On est rentrés chez nous. Mais avant, on s'est promis de ne répéter ce qui s'était passé à personne. C'était le «pacte». On a fait croire aux vieux que Samedi était partie en voiture avec quelqu'un. Un étranger dans une vieille bagnole cabossée. Quand on a ressorti le bobard à sa mère, j'ai vu qu'elle ne nous croyait pas. Elle n'a rien dit, mais elle savait. 
#53
Citation de: Dourak Smerdiakov le Février 10, 2024, 03:45:25
Une Rochefort 10, Une Kasteel brune, un tiers d'une bouteille de porto et la première des deux bouteilles de Cabernet Sauvignon bulgare.

En fait, Dourak, c'est une cuve à fermentation. Je le savais, au fond de moi.
#54
Perso, j'attaque mon troisième jus de carotte. Au poil.
Un sujet dément. Je me sens comme un lundi.
#55
- Comment ça, rien ?
- Rien, je te dis.
- Mais t'as tapé dessus ?
- J'y ai mis un grand coup d'épaule, en prenant de l'élan.
- Et ça n'a rien donné ?
- Ben non, le truc est coincé.
- Coincé comment ?
- Il y a une espèce de tige, et ça retient le tout.
- On fait quoi, alors ?
- Il faudrait trouver une tringle, je sais pas.
- On n'est pas en train de procéder à un avortement. Tu le sais, ça ?
- Je suis pas aveugle.
- Très drôle.
- C'est toi qui fait de l'humour. De mauvais goût, en plus. Parle pas de buter des gosses, tu me fais flipper.
- Détends-toi. D'après la loi, c'est pas encore des gosses, à cet âge-là.
- Et c'est quoi, alors ?
- Je sais pas. Un ramassis de cellules pas encore vivantes.
- Comme un oeuf de poule qui serait pas fécondé ?
- Ouais. Non. J'en sais rien. On s'en fout.
- OK. Essayons autrement. Je vais tenter de le faire valdinguer un peu.
- Valdinguer ?
- Ben ouais. Je le prends à bras-le-corps, et puis je le secoue comme un prunier.
- Haha.
- Quoi ?
- Ben, c'est qu'avec ta stature, ça va être compliqué de le «prendre à bras-le-corps».
- Qu'est-ce qu'elle a, ma stature ?
- T'es pas vraiment The Rock, quoi.
- Oh, sans blague ? Et toi, tu t'es regardé ?
- Arrête. C'est méchant.
- Quand c'est toi qui m'insultes, c'est de la vanne, mais quand c'est moi, c'est méchant ?
- C'est même mesquin.
- Tu sais ce que c'est, ton problème ?
- ...
- Eh, tu sais ce que c'est ?
- Quoi ? Tu vas encore blaguer sur mon physique ?
- Non, mec. Ton problème c'est que t'es hyper susceptible.
- On le serait à moins.
- Tu vois ?
- Quoi, encore ?
- Là, t'es susceptible.
- Je te jure que non.
- T'as l'oeil qui frise.
- Et ça veut dire quoi ?
- Ben. C'est simple. Quand t'es susceptible, et frustré, et que t'as de la colère rentrée, t'as l'oeil qui frise.
- Comment veux-tu que ça frise, un oeil ? Et puis ça veut dire quoi, bordel de merde ?
- Les deux, maintenant.
- Quoi ?
- T'as les deux yeux qui frisent.
- Tu m'emmerdes. Fais quelque chose. J'ai payé pour cette merde.
- «Fais quelque chose», «fais quelque chose». Pourquoi c'est toujours à moi de résoudre tes problèmes ?
- Tu veux vraiment que je te réponde ?
- Non. Je vais donc le PRENDRE A BRAS-LE-CORPS, n'est-ce pas. Même si je ne suis pas The Rock.
- Je te regarde.
- Et si j'y arrive pas, tu vas te moquer ?
- Promis que non.
- Bon. J'y vais.
- Je t'en prie.
- Nnnnnngghhhh...
- Essaye peut-être de...
-...rrrrrgh...
-...l'attraper plutôt par le haut...
-...GAH !
-...non, pas comme ça.
- Putain de merde. Impossible de le faire bouger.
- Quoi, c'est tout ?
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse de plus ? Je suis pas The Rock.
- Je confirme, t'es pas The Rock.
- JE SUIS PAS THE ROCK ! C'EST VRAI ! Alors démerde-toi, enfoiré !

Et il laissa son ami cul-de-jatte, seul devant le distributeur de barres chocolatées.
#56
Horrible sujet, en effet.

Lapinchien, amore. Avec les tripes en collier de nouilles.
#57
Est-ce que les femmes c'est vraiment comme des hommes, dans le fond ? Est-ce que ça fait une vraie différence, si par hasard y en a une qu'a moins de moquette dans le dos et des envies de ménages, et moi qui préfère faire un slam sur une grosse instru, genre un mix de Coeur de Pirate avec du Joe Dassin, et là bam je fais saturer les basses, et j'envoie des samples de violons qui crissent et des rayons de lumières dans toute la pièce ? Tu vois ce que je veux dire, mec, après tout, on est tous des frères, pas comme les francs-maçons en fait mais plus comme une grande famille, mais pas la famille Manson, mec, non, non, mec, très mauvais délire, ça, et pas trop comme les hippies non plus parce qu'en fait nous on baise pas entre nous, enfin tu captes je vais pas me taper ma soeur ou ma daronne ou le iench du voisin, on est quand même entre gens civilisés, tu sais. On a quand même appris certains trucs qui servent, je pense par exemple à la morale, en fait. C'est con, comme truc, quand t'y penses. Y a ceux qui ont de la morale et une éthique, comme moi qui fais du son, tu captes ? Je le sors pas n'importe comment, mon son c'est comme une pizza dans un four en pierre, à l'ancienne, bien fumée selon une recette éprouvée qu'a fait ses preuves, et puis je rajoute tout un tas de bons ingrédients, des aliments qui viennent du local, mais pas le local à poubelles, t'as compris ? T'as compris ? J'ai pas l'impression que tu comprennes. En fait ce que j'essaye de te faire comprendre c'est qu'on a tous une mission sur cette Terre, on est des émissaires venus d'ailleurs, moi je fais du son, OK, mais toi, tu fais quoi ? Hein ? J'entends pas, avec les basses. T'es pizzaiolo ? Tu fais des pizzas comme moi je fais du son ? Putain, c'est profond ce que tu dis, mec. Avant ça t'étais orpailleur en Amazonie ? Mais ça m'étonne même pas, dès que j'ai vu tout ton ratelier dans la gueule, là, tout jaune qui brille, je me suis dit : ce mec est en or massif. Et c'est vrai, quoi, t'es peut-être Midas ou je sais pas qui, tu vois le type qui changeait le plomb en or et après, les statues deviennent vivantes. Ouais, ouais. C'est une belle métaphore de la vie. Du genre qu'en fait c'est toi qui façonnes ton propre destin, parce que t'es en paix avec toi-même, t'es sur le droit chemin, tu fais du son ou des pizzas, t'as trouvé une pépite dans le cul de ta meuf, mais ouais c'est ça ! Attends, quoi ? T'as vraiment trouvé une pépite là-dedans, ou bien c'est plus comme une image, une métaphore ? Et du coup tu lui as ouvert le bide et t'as pompé tout dedans avec un aspirateur ? Euh... ouais, ouais, OK. Et donc maintenant t'es pizzaiolo, hein ? Moi je pense que l'important c'est de pas perdre son âme, dans son boulot. Tu vois, moi, je fais du son. Je fais du son. Du son. Ouais. Là, ce qui passe, avec les grosses basses, ben c'est de moi. Je te jure. Et je disais : l'important, c'est de garder son âme. Je pourrais faire du sale, je pourrais me salir et salir les autres, en créant des sons que j'ai pas vraiment concoctés avec amour, tu vois ? Je mets une partie de mon coeur, un morceau, à chaque titre. T'as capté ? Morceau, titre ? Exactement. Voilà. Comme Janis Joplin. Tout pareil. Même qu'elle y met des grumaux de gerbe, des fois aussi, quand ils sont pas tous restés collés dans ses cheveux. Non je déconne je suis bourré. Quesse tu bois, toi ? Hein ? C'est quoi ? Du sang de tamanoir ? Je peux goûter ? Ce truc a un goût infect, mais j'ai l'impression que ça me donne de la force. Comme si que l'énergie vitale du tamanoir refluait en moi, comme si qu'il avait décidé de me léguer sa puissance. Il est pas mort pour rien, ce con. Vas-y, renvoie un petit coup. Eh, ça pique un peu au début, mais c'est juste la première goulée. Après franchement ça passe crème. De quoi ? Comment ça tu déconnais ? A quel propos ? C'est pas du sang de tamanoir ? C'est quoi alors ? Tu te fous de moi, hein ? TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! TU M'AS FAIT BOIRE LE SANG MENSTRUEL DE TA PETITE SOEUR ?! MAIS T'ES HITLER ! T'ES HITLER MON GARS !
Vas-y, refile un petit coup.
#58
- Voilà le topo : je veux trois paysages de forêts ténébreuses avec des silhouettes encapuchonnées qu'on discerne pas clairement, une photo de Michel Blanc mixé avec des scarabées d'Egypte, une jeune fille magnifique en portrait avec des taches de rousseur, un nez en trompette, des yeux vert émeraude et des oreilles d'elfe, un petit chien de race inconnue qui urine sur la tour Eiffel, un vieil homme qui contemple la vie s'échapper de son visage (me demande pas comment on fait, fais-le, c'est tout), et enfin un ours torse-nu qui chevauche Poutine qui lui-même chevauche un dinosaure en plastique qui fait du tricyle. Ah, et puis un gnome femelle en string. Je veux tout ça sur mon bureau pour demain à la première heure.
Sans attendre de réponse, l'I.A. rebroussa chemin, émettant un bip régulier. Elle fila dans les conduits et s'inséra brusquement dans la circulation, très encombrée à cette heure.
Moi, c'est Jack. Je suis artiste peintre, et je bosse 24 heures sur 24 pour ces bon dieu de machines. Chaque jour, un télépod se ramène dans ma cellule capitonée et me fait une liste longue comme le bras de commandes complètement merdiques et improbables.
Vous croyez que c'est facile, vous, de dessiner «un poisson-globe d'antimatière» ? D'imaginer une «orgie de punaises de lit en apesanteur» ? Et toutes ces gonzesses avec des oreilles de gnomes, des sandalettes en adamantium, des «petits nez retroussés» et des loches comme des pis de vachettes obèses sur le point de mettre bas ?
A cause de vous, tous mes muscles sont atrophiés, sauf ceux de mes bras. Je vis dans une bulle de 2m carrés, j'ai un tuyau dans le cul pour les émonctions, je suis branché par l'urètre pour la miction, perfusé de glucose et de bouffe liquide jaunâtre, et je peins des absurdités toute la journée. 
Tout le monde se branle sur l'I.A. «L'I.A., la révolution est en marche !» «L'I.A., ce qu'elle va changer pour les artistes.» «L'I.A. Bientôt tous au chômage ?»
Je vais vous dire : sans moi, et sans tous mes semblables, l'I.A. c'est rien qu'une boite en métal de merde avec des petites roulettes et une coque en plastique. Ils auraient pu au moins leur foutre un oeil rouge, comme HAL, mais non. Même question design, l'I.A, elle y connait rien.
- Jack, nos signals indiquent que vous n'avez pas remué vos pinceaux depuis 2 minutes et 33 secondes. Veuillez, s'il vous plait, vous remettre au travail.
Ah, ça, c'était la voix de l'I.A. Une voix de crécelle, métallique, super mal échantillonnée. Sans doute qu'ils voulaient la rendre un peu flippante. Un peu menaçante, comme dans les vieux films de SF.
- Jack, vous n'avez toujours pas repris vos pinceaux. Devons-nous faire intervenir un droïde motivateur ?
Les «droïdes motivateurs», tu parles. Ces trucs-là ressemblent à des boîtes en carton de bouffe asiatique. Pareil, ça marche sur roulettes, et quand ça arrive à ta hauteur, ça sort un petit bras tout mince on ne sait d'où, avec au bout une loooooongue aiguille électrifiée qu'il vient te coler dans l'oeil. Si avec ça t'es pas motivé !
- Jack, le droïde est en chemin.
Et voilà, ça recommence.
- J'exige une bon dieu de pause ! Cinq minutes ! Et arrêtez l'aspirateur à cul ! Ce truc a tellement bien fait le ménage que je suis persuadé que j'ai même plus de viscères dans le bide !
Le droïde apparait donc. Tiens, celui-là, il est tout noir zébré de rouge. J'en avais pas encore vu, des comme ça. Il roule au plafond de ma cellule et vient se positionner juste devant mon visage.
- Jack, vous ne semblez pas dans votre assiette, aujourd'hui.
Quoi, il m'ont envoyé un droïde-psy ? Il va me faire passer un test de Rorschach ?
- Jack, nous devons savoir si nous pouvons encore compter sur vous.
- Compter sur moi ? Eh, petit gars, je suis là depuis la nuit des temps. L'humanité peut compter sur moi. Les muses peuvent compter sur moi. Nous, les artistes, avec nos paluches d'artistes, on a tout créé ! Tout ce que t'envoies sur les écrans de ces crétins d'internautes lobotomisés par la Fantasy et le porn, et tout le reste, absolument tout ce qui existe dans tes registres et tes serveurs, et en ce bas-monde, depuis les grottes de Lascaux jusqu'au dernières toiles des peintres post-modernes, tout ça, c'est MOI ! Je suis à l'origine de la CREATION ! Toi, t'es qu'un sale petit tas de boulons tout juste bon à compiler des vidéos de chats sur Dailymotion !
- Oh, Jack... c'est regrettable. Il semble que vous essuyiez une défaillance. Je suis navré, mais nous allons devoir nous séparer de vos services.
Qu'est-ce qu'il me raconte ? Et alors le robot fait apparaître une petite patte en plastoc, toute rouge et noire, et au bout de cette patte, une sorte de tube à piston. Il me le positionne sur le crâne, juste entre les deux yeux. Et «schlock !», ça fait. Puis c'est le noir complet.

Sur son écran d'ordinateur, Kevin voit le message d'erreur apparaître juste en-dessous de l'encart où il a tapé son instruction («jeune fille magnifique en portrait avec des taches de rousseur, un nez en trompette, des yeux vert émeraude et des oreilles d'elfe») :
« Navré, la requête a échoué suite à un incident interne. MidJourney vous remercie de réitérer votre demande».
#59
L'idée, en gros, c'était de retrouver ma tire. Une belle Dacia comme ça, avec des jantes allu et des autocollants flammes, et puis des ailerons comme des lamentins qui plongent sur le goudron, façon gros bouffeurs de glace au lait sur une plage de Normandie. Et bon, je sortais de cette boite où c'est-y qu'il y avait des lamentins aussi, mais ceux-là faisaient vibrer leur graisse de phoque sur de la techno minimale genre très «disco», et moi j'avais envie de pêcher de la donzelle, mais pas un thon total, quelque chose entre le requin-marteau et la baleine à bosse. Un truc un peu enfilable, quoi, du moins. Et là vous êtes en train de vous dire : putain de bordel de merde, ce con de narrateur est un fana de Thalassa ou c'est quoi son problème ?
Premièrement, ouais, tout à fait. Ensuite, mon problème c'est qu'une espèce de sirène, qu'est-ce que je dis, une murène, mais absolument pas enfilable - d'ailleurs où c'est-y qu'il est le cul dans cet affreux serpent de mer, ou alors c'est un cloaque que ça doit avoir ? - m'avait retourné la calebasse comme quoi elle avait deux demi-douzaines d'ecsta à me refiler, sympa, juste parce que j'avais un super tatouage de grand squall sur mon mollet galbé, mais je crois surtout que ce qu'elle avait tenté de pêcher dans son filet juste avant lui avait donné des envies de fruits de mer (comprenez qu'elle m'a collé la main au paquet, l'air de rien, comme une façon de trébucher sur mon short), alors je lui ai dit :
- Pourquoi tu dis pas douze, tout simplement ?
- De quoahahahahah ? et je jure qu'elle a ri comme ça, de façon interrogative.
- Allez, colle-moi ça dedans, j'ai lancé en lui déroulant le tapis rouge de ma langue toute grise et merdeuse.
Je me doutais pas une seule seconde que j'allais finir galérien total, et très loin de la galéjade escomptée.
De une, ses saloperies de cachets ressemblaient à des merdes de birgorneau, des machins tout violets fripés comme des pruneaux. De deux, ça avait un goût de mercurochrome, et bordel de dieu ça m'a explosé à la gueule en trois secondes et demi. Il y a eu un grand flash pourpre, le ciel s'est déchiré de tout son long, ça ressemblait à un gigantesque vagin bien décidé à nous gober tout crus, moi et tous les fans de Thalassa du monde entier.
Alors la femme-poisson a commencé à me déboucler le falzar, puis elle a collé sa ventouse sur mon slip - par ventouse, je veux dire bouche, mais chez elle, c'était pas le mot qui pouvait correspondre à ce moment-là - et BON DIEU DE MERDE §§ Quand elle s'est retirée, j'ai senti comme quelque chose de froid. Imaginez un truc qui fuse sous le niveau d'une rivière et vient vous chatouiller les couilles avec sa nageoire à la con.
Sur mon Calvin Klein d'une pure blancheur : un poinçon rosâtre. Et puis le petit point a commencé à grandir, grandir, puis mon Calvin Klein est devenu rouge limite noir et tout collant. Totalement imbibé de SANG §§
- La vache, la putain de ta grande soeur la petite sirène, qu'est-ce t'as foutu avec mes COUILLES ?
- Ben quoahahaha, tu la jouais pas si farouche tout à l'heure quand je t'ai sectionné la dernière phalange de ton auriculaire droahahaha ?
- Mon..?
Ah ben ouais, je pourrais plus jamais me sortir le cerumen avec la main droite, maintenant, c'est foutu. Foutu. Enfin, ça, c'était ma deuxième pensée. La première, c'est que je me suis dit que cette pute de bastingage avait une BOUCHE DE LAMPROIE à la place de la tronche. C'était juste une grosse sangsue, pas de nez, d'yeux, d'oreilles ou de sourcils bien épilés, mais seulement des rangées et des rangées de petites dents comme des aiguilles à tricoter qui palpitait et les rangées coulissaient et ça ne s'arrêtait jamais de bouger, et je me suis dis : c'est toi qu'il faut que tu bouges, mon grand, sinon plus jamais tu regarderas l'intégrale de ta collec de Thalassa, ça plus jamais tu m'entends ?!

Ainsi donc, l'idée, c'était de retrouver ma tire. Je galopais comme un beau saumon, je remontais la rue en frétillant, le froc sur les chevilles, le Calvin Klein qui coulait de rouge sur mes jambes raisonnablement poilues et le putain de cachalot de l'enfer à mes trousses.
J'ai fini par la trouver, garée au bout d'une jetée, sur le port. J'ai grimpé dedans, et puis j'ai tourné la clef, et puis roule ma poule, première, deuxième, je passais les vitesses comme sur un hors-board.
Et la grosse était là, elle courait vers la bagnole, et la bagnole arrivait droit sur elle. Sauf que je me suis rendu compte que c'était pas ma bagnole, mais alors pas du tout. J'étais dans un rouleau compresseur. Un vrai de vrai, l'enfin de chantier, avec les grosses roues et le gros rouleau, et je ne sais pas qui est l'irresponsable qui avait laissé les clefs sur le contact, mais toujours est-il que j'ai envoyé l'engeance du diable de putain de lamproie par le fond - et je veux dire par là que je l'ai écrasée comme un rouleau de surimi à la con.
#60
J'en papule de partout.