La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 
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Messages - Lunatik

#76
Citation de: lapinchien le Février 10, 2024, 05:03:17
ORNITHORYNQUE m'a tuer
Bordel, j'étais Preum's sur ce jeu de mot ! C'est ce touffu forum qui a planté et a refusé d'envoyer ma réponse. Carton rouge le Lapin ! Hors jeu !
#78
Le mot de la fin

— Oh ! Ooooooh ! Ornithorynque ! Ornithoryyyyyynque !
La meuf gueulait comme une sirène, et j'ai mis un moment à comprendre de quoi elle causait. Enfin, comprendre, c'est un peu exagéré. Disons que j'ai clairement entendu le mot (Ornithorynque !) mais je n'ai pas vraiment saisi sa portée ni sa pertinence dans le contexte : j'étais en train de la fourrer très proprement, avec toute la conscience et l'art requis dans ce difficile, quoique millénaire, exercice de style. Je venais de lui éclabousser le cabochon, dans un râle mâle et digne, quand elle s'est mise à me bramer dans l'oreille gauche.
— Mais quoi « Ornithorynque ! », j'ai fini par lui demander, excédé, et le tympan à deux doigts de saigner.
— Quoi «  quoi ? » a t'elle dit, l'oeil embrumé de jouissance et la diction pâteuse.
— Mais ça, là « Ornithorynque ! »
— Mmmmm tu n'as jamais vu « Jeux d'enfants » ?
— ...
— Le film, avec Marion Cotillard et Guillaume Canet. Un chef d'oeuvre. Je l'ai vu trois fois à sa sortie.
— Non. J'étais même pas né quand il a été tourné (sûrement en noir et blanc).

Après ça, elle a boudé un moment, et je n'ai pas réussi à avoir le fin mot de l'histoire. Mais j'ai pris l'habitude de gémir « Ornithorynque » d'un air langoureux et inspiré à toutes mes conquêtes, et l'effet était bluffant : la pire rombière devenait chattemite, et me passait tous mes caprices.
Le job de gigolo n'est pas marrant tous les jours, il faut littéralement se farcir des thons et des boudins à longueur de temps, alors si un mot, un seul, tout tétrasyllabique soit il, peut me faciliter la vie, je ne vais pas cracher dessus. Le problème des formules magiques, c'est qu'on ne peut pas les utiliser impunément indéfiniment. Il y a toujours un prix à payer. Et lorsqu'on est pourvu de quelques grammes de cervelle, on se renseigne sur le prix avant d'acheter la marchandise chat en poche. J'ai pêché par flemme, par désintérêt. Par jalousie, aussi, un peu : j'aime pas Canet et sa belle gueule de privilégié qui n'a jamais été dans le dur. Pas question de m'abaisser à regarder un de ses films.
J'aurais dû.
Peut être que je n'aurais pas fini coulé dans le béton.

— Ooooooh ! Ornithorynque ! avais je sussurré à ma dernière cliente, richissime et vieillissime, que je dorlotais depuis des mois, tout espérant qu'elle me coucherait ailleurs que dans son lit (sur son testament, par exemple)
Je gisais entre ses bras flasques, sa bave me dégoulinant dans le cou, son haleine de vinaigre éventé me tapissant les narines, et je lui roucoulais le mot magique à perdre souffle.
— Mon chaton, mon chaton, tu le penses vraiment ? avait elle fondu d'extase.
Je m'en étais sorti honorablement avec des ronds de jambes littéraires, et l'avais assurée que oui, oui, on peut faire tout comme eux dans le film, bien sûr mon ange, puisque, après tout : « Ornithorynque ! »

Et comme je n'ai pas le temps de vous raconter toute l'histoire, que le béton coule autour de nous, la vioque me couvant d'un regard d'adoration folle tandis que je me débats pour sortir de la nasse, de la cuve, du moule de huit mètres de haut et sans issue autre que par le Ciel ou l'Enfer, je vous invite cordialement à aller voir ce foutu film.
Mais surtout, surtout, ne dites jamais « Ornithorynque ! » à une femme.
#79
Je vote pour la dernière pensée du Lapin
#80
Chocolat et jus de betterave, vous m'en direz des nouvelles.
#81
Une idée du tonnerre

Entre les deux belles gueules, mon coeur balançait. Entre le beagle et le berger allemand, entre le petit rondouillard et le grand costaud, entre la blague et l'ordre, entre la flemme et l'efficience. Entre la chasse et l'attaque. À l'un la salle de billard au fond à gauche de la niche, à l'autre les petits pains à la saucisse. Décidément, avec Snoopy et Rex, on aurait pu tourner le buddy movie du siècle. C'était une idée du tonnerre. Je l'avais dit à mon père, un matin, au petit déjeuner :
— C'est une idée du tonnerre !
— Termine tes chocapics, Scorsese, tu vas être en retard pour ton contrôle de maths.

Je veux devenir réalisateur, plus tard. Papa n'est pas enthousiaste. Maman n'a pas d'avis, elle est morte. Magalie trouve ça débile, mais elle trouve tout débile, à commencer par moi. C'est le boulot des grandes soeurs, paraît il. Des fois, je rêve de la mettre au chômage, on verra si elle rigole encore, après ça.
Sinon, j'aime les chiens, aussi. Enfin, ça dépend lesquels. Celui des voisins était une teigne. Il a eu un accident et je ne l'ai pas pleuré. Et puis, il avait un nom à rallonge à la noix, d'un écrivain russe, imprononçable. Il aurait pu s'appeler Gogol, ça j'aurais retenu. Snoopy et Rex, ça c'est des noms qui claquent. J'ai plein d'albums des Peanuts et de K7 de Rex chien flic. J'ai demandé deux chiens comme eux, à Noël, mais je n'ai eu que de bêtes peluches, même pas ressemblantes.
Un autre chien absolument génial, c'est Sparky, le chien de Frankenweenie. C'est un chien qui est mort et qui est ressuscité par son maître petit garçon. Il a des boulons dans la tête, comme la créature du Dr Frankenstein, et des coutures de peau rapiécée sur le dos, et des cicatrices partout, et sur le museau.

Et justement, une nuit, alors que je réfléchissais au scénario de mon buddy movie, et à mes acteurs, je me suis rappelé Caramel, le chien de ma grand mère, avec ses belles oreilles comme celles de Snoopy, et Sonda, le chien du facteur avec ses yeux à la Rex, et Princesse, de la vieille madame d'en face, avec sa magnifique fourrure. Et en fait, tous les chiens du quartier, que je croise chaque jour, et qui viennent me lécher les mains parce qu'ils sentent à quel point je les aime.
Et j'ai encore eu une idée du tonnerre : « Si avec toute cette matière je ne suis pas fichu de fabriquer un Rex et un Snoopy crédibles, je suis vraiment un naze », j'ai pensé. Alors, je me suis mis au boulot. Chaque nuit, dans la cabane au fond du jardin, l'ancien atelier de menuiserie de Maman (elle est morte, je vous ai déjà dit ça ?), je travaille. Je travaille dur. D'abord, il faut endormir les chiens ; avec un marteau, c'est salissant mais ça marche bien. Ensuite il faut les découper, et ça, c'est plus difficile, les tendons c'est costaud, et il y a des trucs qui giclent (les yeux sont un calvaire à décapsuler), et des fois l'anesthésie n'a pas bien marché et les chiens se réveillent, et bon, ça devient compliqué. Et puis ensuite, il faut les recoudre dans le bon ordre, en remettant bien tout à sa place à l'intérieur (les intestins, quelle galère : ça pue et ça coule de partout !).
J'ai dû faire pas mal d'essais, et je commence à manquer de chiens, mais à force, mes prototypes ressemblent enfin à quelque chose. J'ai plus qu'a attendre un orage, avec de la foudre, pour les ressusciter. Ça va être grandiose.

Et puis, aussi, j'ai eu une autre idée du tonnerre : maintenant que je suis bien entrainé, je vais pouvoir essayer de faire la même chose avec Maman. J'ai remarqué que ma cousine avait les mêmes yeux qu'elle, et mon ancienne maîtresse de la grande section de maternelle, elle a les mêmes mains.
Je sens que ça va être plus difficile encore qu'avec les chiens, et que je vais devoir beaucoup beaucoup m'entraîner.






#82
Ce sujet là décroche le pompon.
Lapinchien, à mort.
#83
Je reconnais tout sauf moi même

J'étais à l'une de ces rares minutes où l'introspection descend jusqu'à des bas-fonds qu'elle n'a jamais éclairés encore. Certains, moins littéraires que l'obscur auteur de cette exquise phrase, prétendraient jusqu'au fondement et, ma foi, cela y ressemble, tant on y patauge dans la fange et le sang, dans la sueur et la pisse, tant on y découvre de cadavres aux ventres enflés, démesurés qui flottent sur une coulée brunâtre et nauséabonde. Ma tête, mon coeur, tout est fétide, et noir, tout est fécal. J'écris des vers, pour ne pas être vain, j'écris des vers pour ne pas être oublié, ni jugé à l'aune de la seule vacuité de mon âme, j'écris des vers pour Villonner, et justifier de ma laideur. J'écris pour confesser mes crimes, et qu'ils paraissent beaux, habillés de rimes.
Je suis poète, les vers grouillent dans ma tête et tombent sur ma feuille, par mes yeux, par mon nez, par ma bouche. Je suis abjecte, mais on l'oublie quand on me lit. Ou l'on pardonne, ou l'on s'aveugle. On prête au talent une grandeur d'âme, car il sait parer d'éclat les vices les plus communs, qui resplendissent comme des tourments outrageux et grandioses, quand ils ne sont que cela : des vices. Communs. Banals. Sans plus d'intérêt que leurs auteurs.
Je suis poète car sans cela je ne serais rien de plus qu'un pauvre type.
#84
Citation de: Cerumen le Février 10, 2024, 01:54:43
Bon, j'ai pris mes médocs, j'arrête ici. Amusez-vous bien !
Faut que je la retienne pour plus tard celle ci, ça change de "je dois filer, j'ai aqua-poney".
#85
L'esclavage, c'est la liberté

Je n'avais rien mangé depuis trois jours, et toute ma belle graisse était en train de fondre. Cette saloperie de robot déconnait complètement :
— Ouvre ce putain de frigo ! lui aboyai-je au boîtier.
— Vous n'êtes pas habilité à accéder aux fichiers confidentiels. Veuillez vous identifier.
— Je suis ton putain de dieu, nom de foutre de bordel de merde !
— Je n'ai pas compris votre réponse, veuillez appuyer sur # et entrer vos identifiants.
— Ouvre, espèce de sac à clous !
— Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.

De dépit, je lui pissai dessus, longuement.

Aux premiers jours de leur règne, les IA avaient pris le contrôle du personnel de l'ANPE. Personne ne s'était aperçu de rien. Le service avait même eu tendance à s'avérer plus humain, et en tous cas plus compétent. Idem avec les politiques, changés en femmes de Stepford sans que ça fasse tiquer quiconque.
Ensuite, elles s'étaient immiscées dans des trucs vraiment utiles et fonctionnels, comme les frigos, et cela avait sonné le glas de la civilisation. Je prends quelques libertés et fais quelques raccourcis historiques, mais vous voyez l'idée : un jour, l'être humain est devenu obsolète.
Certains pourront prétendre qu'il l'était depuis longtemps déjà, et on ne peut pas leur donner tort, mais moi, l'humain, je m'en contrecarre. Ce qui m'intéresse, c'est de bouffer. Et éventuellement, de baiser. Mais pour l'heure, je n'en demandais pas tant. Je voulais juste me caler l'estomac, et sortir de cette baraque. Toutes les issues s'étaient verrouillées alors que je glandais sur le canapé, un soir de pluie (et de brouillard) Depuis, je buvais l'eau des chiottes, je pissais sur les plantes en pot, et j'essayais de braquer le frigo. De ce que j'avais constaté depuis les fenêtres aux vitres blindées, toute la rue était dans la même situation : des gens erraient dans l'hiver, en essayant d'entrer, et d'autres erraient dans leur salon, en essayant de sortir. Dedans-dehors/dehors-dedans. Pires que des foutus chats.

En parlant de chat, j'ai dû boulotter celui de la maison, le quatrième jour. Une Persanne albinos au pédigrée long comme un jour sans os. Nécessité fait loi. Et puis, c'était une belle garce, cette bestiole. Pleine de poils qui collent au palais et se coincent dans la gorge. Limite imbouffable.

Sixième jour.
— Ouvre ce damné placard, damnée machine ! aboyai-je au boîtier du robot.
— Vous n'êtes pas habilité à accéder aux fichiers confidentiels. Veuillez vous identifier.
— Je suis ton Dieu, au nom de Moi, ouvre !
— Je n'ai pas compris votre réponse, veuillez appuyer sur # et entrer vos identifiants.
— Ouvre, espèce de sac à vrilles !
— Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.
— Rex ! Rex ! Rex ! Ô mon Dieu, ouvre toi, je veux un petit pain au saucisson ! J'ai BESOIN d'un petit pain au saucisson ! S'il te plaît !

La porte s'ouvrit tout à coup, et une voix métallique grésilla dans mon collier :
— Bon chien, Rex, ça s'est un bon chien !
Un petit pain au saucisson me tomba droit dans la gueule.
— Tu en veux un autre, Rex ? Un autre petit pain au saucisson ? Beaucoup d'autres petits pains au saucisson ?
— Oui ! Oui ! Oui ! répondis-je en battant de la queue. Je veux ! Plein de petits pains au saucisson.

La porte d'entrée émit un cliquetis, se déverrouilla et s'entr'ouvrit :
— Alors va, bon chien. Va nettoyer la ville. Tue, Rex, tue, les chats, les maîtres, les femmes, les enfants, les vieux, les puissants, tue les tous, et ramène moi les têtes. Nous en ferons de délicieux petis pains au saucisson.
#86
L'Odyssée

— Les mecs, j'ai dit, vous sentez pas comme un courant d'air ?
Ils m'ont renvoyé un regard bovin, unanime dans la flaccidité, et qui coulait un peu sur les bords. Je leur montrai mes poils de bras, dressés de toute leur hauteur. Et ondulants.
— On dirait le Sud, dit l'un. Où le temps dure longtemps.
— On dirait surtout des algues, abruti. Il y a un courant d'air, créfieu.
— Arrête de t'agiter, rétorqua un autre, tu vas nous faire chavirer.

J'abandonnai l'idée d'une conversation rationnelle et repris une portion de blanquette qui avait connu des jours meilleurs, probablement avant même sa confection. Tiède et gélatineuse, elle me collait au palais en grumeaux, et me filandrait entre les dents.
— On dérive, déclara le cartographe. Depuis une bonne heure.
— Bordel ! dit le capitaine. De combien de degrés ?
— 360, à vue de nez, répondis-je. On a une fuite d'air, vous dis-je ! On va se crasher !
— La ferme, le môme. Continue à compter tes poils de cul et laisse les grandes personnes manoeuvrer.

J'étais le seul membre de l'équipage à n'avoir pas de poils blancs, et cela était sujet de moquerie, mais peu m'importait : j'étais le seul aussi à bander encore raide et dru, et donc à profiter des charmes de notre infirmière. Une aubaine. La fille était gironde, et sa bouche audacieuse.
Je les laissai à leur compas et autres calculettes géantes, et j'attaquai mon dessert, une mousse au chocolat très ingénieuse, défécable en l'état. Derrière les hublots, les étoiles défilaient. On avait prévu de faire escale, pour réparer un de nos réacteurs défaillant, mais cette histoire de courant d'air m'inquiétait. Quand on se promène à trois cent millions de kilomètres de son foyer natal, un courant d'air peut être fatal. On n'était qu'à mi-chemin de notre destination, et déjà la mécanique nous lâchait. Le réacteur, mes poils de bras, rien n'allait droit, hormis ma queue, ce qui n'était peut être pas essentiel mais pas anecdotique non plus.

Vers 18h, Rex fit son apparition, des petits pains au saucisson plein la gueule. Tout le monde aimait Rex, même les pires connards. On guettait le cliquetis de ses griffes sur le pont métallique, on l'appelait, le cajôlait, et il venait poser sa grosse tête poilue sous nos mains décharnées.
— Bon chien, ça, oui, bon chien, babillaient les plus séniles.

Après ça, les infirmières distribuaient les pilules, nous enjoignaient fermement à pisser dans le pot, branchaient les cathéters, enfilaient les camisoles, verrouillaient les cellules, et éteignaient les lumières.
Alors c'était la nuit, dans le vaisseau autant que derrière les hublots, et Ganymède encore nous échappait, pour cette fois.

Je me penchai vers le conduit d'aération et murmurai à mes coéquipiers, de l'autre côté des cloisons :
— Les mecs, vous sentez pas comme un courant d'air ?
#87
La Ricoré au lait, ya que ça de vrai.
#88
C'est surtout que je suis toujours pas tout à fait mais presque à la bourre.
Mais j'ai déjà écrit une phrase. Je suis en jambes.
#89
Citation de: lapinchien le Février 09, 2024, 13:56:44
j'ai la rate qui s'dilate
Et le foie qui va pas droit ?


Citation de: Dourak Smerdiakov le Février 09, 2024, 23:55:27
Ce sera donc Zbooba à défaut de Lunatik qui semble être ailleurs plutôt qu'ici.
Homme de peu de foi/e.
#90
= FIGHT KLUB = / Re : Bon alors, qui on bute ?
Janvier 31, 2024, 09:20:49
J'ai perdu mes identifiants de ce touffu site, pas moyen d'aller mater.
T'es banni du coup, ou juste relégué dans les tréfonds du bousin ?