La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Messages récents

#41
= INITIATIVES = / Mes Storybooks de merde
Dernier message par lapinchien - Août 19, 2025, 12:38:11
Gemini de Google vient de sortir Storybook, une IA générant des livres illustrés qui peuvent nous être lus. Voici mon premier essai : https://g.co/gemini/share/d47ade4fb8b6
#42
= INITIATIVES = / Re : = chiottes =
Dernier message par lapinchien - Août 19, 2025, 11:41:44
lazone.org - Appel à textes : Hommage à H.G.Wells #litterature #appelatexte #ScienceFiction

Participez à notre appel à textes : hommage à H.G.Wells, l'auteur entre autres de "La guerre des mondes", "La machine à explorer le temps", "L'île du docteur Moreau"

Toutes les informations sont ici : https://www.lazone.org/forum/index.php?topic=4629

Plongez dans l'abîme du temps, où les horloges murmurent des secrets que seul l'auteur osait dévoiler. Laissez votre plume danser sur le fil fragile des mondes invisibles, là où l'homme défie l'étoffe même de l'univers. Écrivez des récits où l'âme humaine vacille face à l'inconnu, où les étoiles chuchotent des vérités trop vastes pour nos cœurs mortels. Imaginez des cités englouties par le sommeil, où les ombres d'un futur lointain sculptent des rêves d'utopie ou de ruine. Faites naître des machines vivantes, dont les rouages battent comme des cœurs d'acier, défiant la chair et le destin. Explorez des terres où la science, telle une flamme Prométhéenne, illumine ou consume ceux qui la brandissent. Que vos mots tissent des voyages au-delà du voile du présent, vers des lendemains qui chantent ou des abîmes qui hurlent. Laissez des créatures, mi-hommes mi-divinités, errer dans des jungles de verre ou des déserts d'éternité. Évoquez des âmes perdues, sculptées par la solitude d'un cosmos indifférent, cherchant un sens dans l'écho des sphères. Que vos histoires frôlent l'invisible, là où le réel se dissout dans le possible, comme une brume sous un soleil étrange. Inspirez-vous de l'homme qui voyait au-delà des horizons, dont la plume traçait des constellations d'idées. Osez écrire ce que l'œil ne peut voir, ce que le cœur ne peut nommer. Que vos récits résonnent comme des vagues sur les rivages du temps, défiant l'oubli.

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#43
= MINISTERE DE LA PROPAGANDE = / Re : kit de communication
Dernier message par lapinchien - Août 18, 2025, 20:02:24
https://www.lazone.org/articles/3750.html
"Elisabeth : La fiancée de Frankenstein" par Lindsay S
[ Cette fin alternative de Frankenstein est une réinvention fascinante qui approfondit avec audace les thèmes de l'œuvre originale, tout en insufflant une intensité émotionnelle déchirante. L'écriture, d'une prose élégante et hantée, capture la descente de Victor dans une obsession égoïste, révélant une facette plus sombre et introspective de son caractère. La résurrection d'un des personnages, loin d'être un triomphe, devient un miroir terrifiant des erreurs de Victor, amplifiant le tragique de son hubris. La confrontation avec la créature, empreinte d'une compassion inattendue, offre une réflexion bouleversante sur l'identité et l'acceptation de soi. Ce texte, riche en nuances psychologiques et en images saisissantes, transcende le récit gothique pour interroger la quête désespérée de contrôle face à l'inéluctable. ]
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#44
= MINISTERE DE LA PROPAGANDE = / Re : kit de communication
Dernier message par lapinchien - Août 17, 2025, 20:34:09
https://www.lazone.org/articles/3749.html
"La nuit des vertèbres" par Younisos
[ Younisos s'est mis en tête d'apprendre la poésie aux zonards qui en sont réfractaires. Mais ce n'est pas avec ce texte qui est un prétentieux délire d'un surréalisme de bazar qui se vautre dans une bouillie verbale où l'excès de métaphores charcutées frise le ridicule, qu'il va y parvenir. L'auteur semble vouloir choquer avec une imagerie viscérale et sexuelle mais il n'y a pas la moindre profondeur. Les phrases, alourdies par un pathos outrancier, s'empilent comme des carcasses dans un abattoir mal tenu, laissant le lecteur perplexe face à ce strip-tease sémantique qui se veut provocant mais n'est qu'un criard étalage de mots. On dirait un adolescent gothique découvrant le dictionnaire des synonymes, enamouré de sa propre audace. Par sa monstruosité, voici le poème propulsé dans l'appel à textes Mary Shelley. ]
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#45
= MINISTERE DE LA PROPAGANDE = / Re : kit de communication
Dernier message par lapinchien - Août 16, 2025, 20:18:48
https://www.lazone.org/articles/3748.html
"Zombies" par HaiKulysse
[ La technique du cut-up de William S. Burroughs, appliquée dans ce texte d'HaiKulysse, trouve une résonance particulièrement pertinente dans le cadre d'un appel à textes sur Mary Shelley. Ce procédé, qui fragmente et recombine le langage pour créer des images inattendues, reflète l'essence même de l'œuvre de Shelley : une exploration de la création par assemblage, où des éléments disparates sont cousus ensemble pour donner vie à une entité nouvelle, souvent monstrueuse et dérangeante. Ici, le texte, avec ses phrases décousues et ses visions grotesques – squelettes, zombies, ossuaires, et motifs macabres – évoque la réanimation chaotique du monstre de Frankenstein, tout en poussant l'expérimentation narrative vers un territoire encore plus radical. ]
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#46
Ça, c'est bien vrai.
#47
= MINISTERE DE LA PROPAGANDE = / Re : kit de communication
Dernier message par lapinchien - Août 15, 2025, 20:25:38
https://www.lazone.org/articles/3747.html
"Bouquet final" par Denis Soubieux
[ Cette participation à l'appel à textes "Mary Shelley", d'une intensité poignante et d'une audace narrative remarquable, tisse avec brio l'introspection d'une vie marquée par les éclats et les désillusions d'une femme à l'aube de son départ. L'écriture, à la fois crue et poétique, dévoile une Marie-José Charpentier complexe, oscillant entre fierté rebelle et fragilité désabusée, dont le parcours dans le mannequinat et les relations humaines est dépeint avec une lucidité déchirante. La transition vers une fin fantastique, où la mort se mue en une métamorphose vibrante, transcende le tragique pour offrir une conclusion d'une beauté saisissante. Ce bouquet final, mêlant réalisme brut et onirisme, captive par sa capacité à transformer la douleur en une célébration de la liberté ultime. ]
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#48
= INITIATIVES = / Re : = chiottes =
Dernier message par lapinchien - Août 15, 2025, 16:44:08
lazone.org - Venez lire lazone.org  #litterature #appelatexte

Marre du storytelling policé et hors-sol des plateformes de streaming et de VOD ? Ne perdez plus votre temps avec des niaiseries, venez lire lazone.org à la place. Des histoires d'anonymes qui ne vous prennent pas pour des débiles !

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#49
= MINISTERE DE LA PROPAGANDE = / Re : kit de communication
Dernier message par lapinchien - Août 14, 2025, 19:58:15
https://www.lazone.org/articles/3746.html
"Encore un baiser" par Aurore Dumas
[ L'auteure de ce texte semble s'amuser à manipuler ses personnages comme des poupées dans une maison de jeu gothique, les plaçant dans des décors stéréotypés avec une jubilation presque enfantine. Elle les fait évoluer dans un univers où chaque dialogue et geste sent la mise en scène exagérée, comme si elle tirait les ficelles d'une pièce de théâtre mélodramatique. Cette impression de jeu artificiel est renforcée par les clichés romantiques et les rebondissements prévisibles, où l'héroïne, telle une marionnette, passe de l'effroi à l'audace sans réelle profondeur psychologique. On dirait un divertissement d'écrivain qui, fascinée par son propre univers, oublie de donner à ses poupées une vie autonome, les réduisant à des figures d'un tableau gothique trop bien orchestré. ]
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#50
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif - Fait c...
Dernier message par Lindsay S - Août 14, 2025, 00:04:26

Août

Quarante piges. Pas de gosse, pas de mec valable, même pas un chat pour faire semblant d'avoir une vie. À ce stade, la seule chose capable de me flinguer, c'est le temps. Et encore, le temps se fout de moi : il s'ennuie, il traîne exprès.

Je fais partie de cette génération qui ne sait plus lire l'heure autrement qu'en débloquant un écran. Plus de montre, plus de réveil, plus de pendule. Juste ce foutu portable qui sonne pour me rappeler de prendre la pilule – ironie parfaite, vu qu'il n'y a plus rien à contrarier depuis belle lurette.

Mon seul calendrier, c'est le miroir. Chaque matin, le même choc : un visage un millimètre plus fatigué que la veille. Pas assez pour qu'on le remarque, mais assez pour que moi, je le voie.

Le reste du temps, je m'en fous. Presque toujours.
Sauf en août.

En août, mes copines partent à la plage avec leur nouveau jules – vingt-huit ans, imberbe, accent espagnol – pendant que le bureau ferme. Ce mois pourri où même l'indifférence m'échappe.

Le reste de l'année, je flotte dans une anesthésie confortable. Mais août débarque avec ses stories Instagram de corps bronzés et ses "mi amor" susurrés par des gamins qui croient que Nirvana est une marque de fringues.

Les couloirs du bureau sont morts, plus de routine pour camoufler le trou noir. Mes copines en terrasse à Barcelone, transformées en adolescentes par trois mojitos et deux injections de testostérone juvénile.

Et moi, immobile dans mon appart surchauffé, à regarder défiler cette parade estivale de bonheur d'emprunt. Août, le seul mois où mon armure de détachement se fissure. Où le temps file pour les autres et reste collé à mes semelles.

Août s'étire, lourd et languissant, comme un feu qui couve sous la cendre, et je me tiens là, dans le salon silencieux, à contempler les années qui se consument doucement, brûlant mes quarante printemps avec une lenteur cruelle. Les rideaux frémissent à peine sous l'air tiède qui s'infiltre par la fenêtre entrouverte, et dehors, le soleil cogne, implacable, comme pour rappeler que le temps ne s'arrête jamais. Mes souvenirs s'effilochent, lambeaux d'une jeunesse qui s'échappe, et je me demande où s'envolent ces jours que je ne rattraperai plus. La maison, mon refuge, semble elle aussi retenir son souffle, figée dans cette torpeur estivale. Pourtant, une odeur âcre s'immisce, un parfum de brûlé qui gratte la gorge, insidieux. Je fronce les sourcils, tourne la tête, mais ne cherche pas encore la source, trop absorbée par mes pensées. Est-ce l'été qui charrie cette senteur de cendres, ou bien un écho de mes propres regrets qui s'embrasent ? Le ventilateur ronronne, indifférent, brassant cet air qui pique les narines. Je m'assieds sur le canapé, les coussins usés épousant mes formes, et je fixe le mur, là où une photo jaunie me renvoie un sourire d'autrefois. L'odeur persiste, tenace, mais je ne bouge pas, pas encore, laissant mes pensées dériver dans la chaleur. Mes doigts triturent un vieux bracelet, relique d'un été lointain, et je me perds dans le souvenir d'un rire, d'une danse, d'une liberté enfuie. Cette senteur de fumée, elle flotte, elle s'accroche, mais je l'ignore, comme on ignore un pressentiment. Le temps brûle, mes années brûlent, et je reste là, immobile, dans l'attente d'un signe qui ne vient pas. La maison craque doucement, complice de cet instant suspendu, et je respire cet air où se mêlent la nostalgie et ce parfum de cendres dont je ne veux pas encore chercher l'origine.

Ça sent le brûlé. Il y a le feu dans l'immeuble ? Je regarde par la fenêtre. Rien. Je retourne m'asseoir. Il fait tellement chaud, et j'ai tellement mal au dos. Pourtant, ça sent le brûlé.

Ah, j'ai oublié le poulet au four, ça doit être ça. Dans la cuisine, je constate que je n'ai même pas pensé à l'enfourner. Pourtant, ça sent vraiment le cramé. Je comprends pas.

Mon lumbago me fait souffrir. Je reprends du paracétamol. Rien à faire, ça sent le poulet grillé. Mais il n'y a rien, c'est étrange. J'ouvre la porte de mon appartement. Rien à signaler dans la cage d'escalier. Même pas de fumée.

Aïe, en refermant la porte, je fais un petit faux mouvement. Un coup de pic à glace dans mes lombaires. J'en ai marre de souffrir, je vais employer les grands moyens : tramadol. Ça commence à agir, mais l'odeur est toujours là. La douleur aussi.

Je n'y comprends rien. Je me rassois dans mon rocking-chair. Mémé se balance, essayant d'oublier. Ça devient intenable, la douleur et l'odeur. Un autre tramadol. Je m'assoupis.

Dans mon sommeil j'ai fait un rêve, ou plutôt, comme dirait notre bon vieux Martin Luther King « i haved a dream » et j'ai concrétisé ce rêve ou alors mon cerveau a concrétisé ce rêve, ce qui reviendrait au même. Ça sentait la merde. Au début il n'y avait pas d'images et ça puait vraiment la merde. Étant donné que j'étais aveugle je n'ai pas pu savoir d'où l'odeur venait, ni même où je me trouvais ni même à quel date nous étions ni même comment je m'appelais comme si j'étais devenue tout à fait amnésique. Il n'y avait que du noir et ce noir sentait la merde de chien et rien d'autre, plus rien d'autre n'existait que la nuit et la puanteur. Je me souviens maintenant pourquoi j'ai tant peur de l'obscurité : l'absence qui creuse son trou dans mon cœur comme dans la terre, l'absence qui m'humilie par sa présence en moi et frappe depuis l'intérieur, une absence qui devient gouffre aux poings rageurs et me fracasse et me ronge de l'intérieur si bien que l'artère aorte n'ose plus, n'ose plus alimenter mon cœur et s'en va s'écouler ailleurs et alors je me retrouve sans repères plantée comme un pic au milieu du vide. Puis il y a eu de la neige comme dans les vieilles télévisions, je crois qu'on appelle ça des télévisions cathodiques mais j'ai un doute sur le terme. J'ai commencé à apercevoir des formes géométriques distordues, des ombres et à entendre un crépitement comme le crépitement d'une cheminée mais je me doutais que le bruit ne venait pas d'une cheminée, si l'odeur ne vient pas de quelque part le bruit non plus. J'ai commencé à me rendre compte qu'il faisait très chaud, du moins moi j'avais très chaud et puisque je suis seule pour en témoigner alors je dirai qu'il faisait une chaleur caniculaire. J'avais la sensation d'être dans un four ; puis la neige a commencée à fondre sous les effets de la chaleur et c'est là que tout m'est apparu : j'ai reconnu les murs de mon appartement mais les murs semblaient mous, ils ressemblaient à des sables mouvants, et c'est alors que j'ai su que j'étais en train de rêver et j'ai soufflé en me disant « pfiou... c'est qu'un rêve ma pauvre, c'est qu'un rêve » puis le crépitement s'est déplacé sous mes pieds et, comme s'il avait planté ses racines sous le sol de mon appartement, a propagé sa chaleur en moi comme les branches d'un arbre et je me suis sentie brûler de l'intérieur, j'ai senti que quelque chose poussait en moi, quelque chose qui ressemblait à une graine mais poussait à une vitesse démentielle et se métamorphosait en arbre, un arbre aux branches épineuses et aux feuilles ardentes ; puis à nouveau je me suis rappelée de l'odeur de la merde et du feu et de la neige et de la solitude et je me suis réveillée en sursaut, trempée de sueurs, suffocante comme si je venais de courir un marathon et qu'enfin, enfin ! tout cela était terminé.

Dans cette torpeur, je m'égare, happée par une vieille obsession, un amour de jeunesse qui me colle à la peau comme une sueur d'été, poisseuse et indélébile. François Berléand, cet homme au regard perçant, à la voix rauque qui vibrait dans mes os, occupe encore un recoin sombre de mon âme, là où les souvenirs se tordent comme des braises mal éteintes. Je revois ses rôles, ces films d'avant l'an 2000 qui tournaient en boucle sur l'écran cathodique de ma chambre d'adolescente : Le Retour de Martin Guerre, où son témoignage discret volait la scène à Depardieu, Milou en mai, avec son ironie mordante dans une campagne française gorgée de soleil, ou encore Camille Claudel, où son intensité, aux côtés d'Adjani, me donnait des frissons que je croyais interdits. Chaque réplique, chaque rictus, je les connaissais par cœur, les murmurais dans le noir comme des prières païennes, les lèvres tremblantes, le souffle court. Je l'imaginais, François, mon héros de celluloïd, penché sur moi, ses mains calleuses effleurant ma peau dans un fantasme fiévreux, jusqu'à ce que l'impossible devienne réel. Une nuit d'été, dans un hôtel miteux aux rideaux tachés, nos corps s'étaient trouvés, un secret volé au monde, une étreinte où sa voix, plus rauque encore dans l'intimité, me chuchotait des mots crus, mélange de tendresse et d'urgence. Ses doigts, nerveux, traçaient des promesses sur ma hanche, et l'odeur de sa peau, un mélange de tabac froid et de musc, s'était gravée en moi, plus tenace que n'importe quel parfum. Ce moment, furtif, presque irréel, avait consumé mes nuits d'adolescente, me laissant pantelante, rêvant de ses lèvres sèches contre les miennes, de son rire qui éclatait quand je trébuchais sur mes propres désirs. Pourtant, une rumeur absurde circulait entre copines, chuchotée à l'heure des confidences autour d'un cendrier débordant : François aurait, disait-on, perdu ses couilles lors d'un pique-nique grotesque, piégé sur un champ de mines, une anecdote si délirante qu'elle en devenait mythique. Je n'y croyais qu'à moitié, mais cette fable, mêlée de ridicule et de tragédie, s'était incrustée dans mon imaginaire, comme une cicatrice d'un amour juvénile trop grand pour mon cœur. Je revois encore ses yeux, plissés par un sourire narquois, comme s'il savait que ce secret, vrai ou faux, ne ferait qu'attiser ma dévotion. Et dans la chaleur d'août, ces souvenirs s'enflamment, rallumant un feu que je croyais éteint, un brasier où dansent nos étreintes perdues et les échos d'un François qui n'appartenait qu'à moi.

On avait commencé léger, sans promesses ni plan sur la comète. Mais déjà, la chaleur tournait à l'orage. Cet amour d'été n'avait que trop duré ; à l'automne, je m'éveillai en proie à une révélation brutale : François ne me méritait pas. Ou plutôt, je m'en étais convaincue, comme on s'arrache un pansement en espérant que la plaie cicatrise plus vite. J'avais alors tourné la page – ou fait semblant – pour Pedro. Pedro, moniteur de planche à voile, dents éclatantes, bronzage intégral et accent qui roulait comme les vagues. Le genre à faire croire que la vie se résume à « prendre le large » – jusqu'au jour où il prendrait surtout le large avec la caisse, la voiture, et peut-être même la voisine. Je savais, dès la première nuit, qu'il vieillirait mal : bedaine de bière, cheveux clairsemés, et une manière de parler aux gosses qui les ferait tous finir en analyse. Car oui, il y aurait des gosses. Et un jour, Pedro me laisserait avec eux, sans pension, sans maison, et la certitude glaciale que je m'étais plantée d'homme... encore. Dans ma tête, j'étais déjà sa femme.

J'étais sa femme. Oui, j'étais aveuglée par l'amour que j'avais pour lui. Tout était noir puisque sa lumière n'éclairait plus le chemin de ma vie. Un homme tellement exceptionnel, comme l'humanité n'en produit que trop peu. J'ai eu du mal à m'en remettre. Je me mens à moi même. Je ne m'en remets pas. Je ne m'imagine pas vivre une autre histoire. J'aime encore cet homme. Chaque jour, je me remémore sa voix douce et ferme. Ces éclats de rire lorsque je faisais une étourderie, et qu' il me disait que J'étais un clone de Pierre Richard en féminin. Ses angoisses ou j'essayais de le rassurer. Je soupire. Et sa peau musquée que je respirais doucement, profondément, ma tête blottie contre son épaule. Tout son réconfort, son charisme, me faisait me sentir exister, me sentir une femme aimée, une femme.

L'odeur de brûlé, tenace, s'accroche à mes narines, et maintenant, cette puanteur de merde, lourde, organique, qui envahit l'air. Je me lève, vacillante, et scrute le miroir : rien d'anormal, sauf ce regard éteint, ces cernes qui creusent des vallées sous mes yeux. Pourtant, l'odeur persiste, et une chaleur sourde irradie de mon bassin, comme si un feu couvait là, quelque part, au creux de moi. Je pose une main sur mon ventre, puis plus bas, et c'est là que je comprends, dans un éclat de lucidité absurde : c'est moi qui brûle, c'est mon cul qui s'embrase. J'ai le feu au cul ! Une combustion spontanée, ridicule, grotesque, née de l'absence, de ces années sans toucher, sans désir, sans un corps pour rallumer le mien. Mes reins crient, mon lumbago n'était qu'un mensonge, un leurre pour masquer ce foyer ardent qui dévore ma chair immobile. Je ris, un rire rauque, presque animal, parce que l'idée est trop absurde : mon corps, privé de caresses, s'est mis à s'autodétruire, à s'enflammer de l'intérieur. La solitude, ce vide qui me ronge, a pris les commandes, allumant des braises là où plus rien ne vit. Je titube vers la fenêtre, espérant que l'air extérieur étouffe ce brasier intime, mais le soleil d'août rigole, complice de ma déroute. Mes hanches fument, métaphoriquement ou non, je ne sais plus, et je m'imagine consumée, réduite en cendres par ce feu de frustration, ce manque cruel de peau contre peau. Quinze ans sans amour, sans sexe, et voilà que mon corps se rebelle, s'immole dans un ultime cri de révolte. Je m'effondre sur le canapé, riant et suffoquant, tandis que l'odeur de brûlé et de merde s'entremêle, signature olfactive de ma combustion spontanée, ironique et tragique, d'une femme que le désir a abandonnée.

Alors je tente la méthode radicale : direction la salle de bain. J'ouvre le robinet d'eau froide à fond, comme si j'allais baptiser ma chair en furie dans le Jourdain. Le premier contact est un coup de poignard polaire dans mes cuisses, mais le feu refuse de mourir. Pire, la vapeur qui s'élève autour de moi ressemble à un spectre moqueur, un djinn qui me souffle : « Trop tard, ma vieille, le brasier est intérieur. » Je reste là, trempée, grelottante et bouillante à la fois, mi-sorcière au bûcher, mi-lotte surgelée oubliée dans un four préchauffé. Puis je capitule et file au congélateur : opération Ben & Jerry. Trois pots, quatre cuillères, aucune dignité. Je les attaque comme on éteint un incendie avec un extincteur : à la chaîne, méthodique, sans laisser de répit. Ma langue engourdie, mes dents qui claquent... le froid descend enfin, lentement, vers mon ventre, puis plus bas. C'est presque jouissif, ce choc thermique. Si j'avais su que l'orgasme post-quarantaine passerait par la crème glacée, j'aurais économisé sur les sextoys.

Au réveil, effrayée, je vois ma peau marron craquelée. Avec la canicule, dans mon appartement sous les toits, ma peau a brûlé. Les antalgiques court-circuitent l'alarme de la douleur.

Le mois où même en avoir rien à foutre devient insupportable.