La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Messages récents

#41
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par Nino St Félix - Novembre 09, 2025, 11:50:49
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Il aurait pu, Machin, plonger ses mains dans les veines rougies de la terre, prospecteur infatigable, à la poursuite de pépites qui font chanter les foules et les marchés lointains. S'esquinter la santé avec du mercure à hautes doses.
Il aurait pu chevaucher les vagues déchaînées sur une plateforme pétrolière, là où l'océan gronde comme un amant jaloux, et forer jusqu'au cœur noir des abysses pour en extraire le sang visqueux du monde.
Il aurait pu dompter le schiste rebelle, expert en fracturation hydraulique, injectant des torrents d'eau et de secrets chimiques pour libérer le gaz emprisonné, ce souffle fantôme qui allume les chaumières et noircit les cieux.
Il aurait pu gravir les échelles du pouvoir, de la boue aux conseils d'administration, où l'on mesure la fortune en barils et en barres de graphite.
Il aurait pu devenir le maître des profondeurs insondables, un Prométhée moderne arrachant le feu souterrain aux dieux colériques de la géologie.
Mais les promesses des filons d'or ne l'ont jamais ému autant que le murmure des racines sous la pelouse municipale.
Les tempêtes océaniques, pour violentes qu'elles fussent, ne lui offraient pas la quiétude d'un sol qui se souvient des pluies d'hier.
Les explosions contrôlées du fracking, ces éclats de foudre artificielle, ne résonnaient pas comme le craquement intime d'une pelletée dans l'humus.
Les salaires ronflants, les primes de risque, les voyages en jets privés – tout cela n'était que papier friable face à la chair tangible de la terre.
Aussi, par un caprice pragmatique, bassement ancré dans le quotidien des petites retraites et des loyers modestes, Machin opta pour le manteau bleu du fossoyeur municipal.
Chaque aube, il franchissait les grilles rouillées du cimetière, son domaine secret où le temps se mesure en strates de silence.
Il aimait retourner la terre humide, cette argile gorgée de regrets et de rosée, pour en faire le meilleur des composts humains, alchimie lente et pieuse.
Avec une précision d'orfèvre, il creusait les lits éternels, six pieds de profondeur où les âmes s'allongeaient enfin sans feindre.
Certains passaient leur existence dans les voûtes fraîches des caves, affinant des fromages aux croûtes parfumées d'herbes oubliées.
D'autres caressaient des cuvées sombres, veillant sur le vin qui mûrit en murmures de tanins et de soleil captif.
Lui, dans son atelier à ciel nu, travaillait des corps en décomposition, ces vignes humaines qui s'entrelacent dans la pourriture fertile.
Il affinait avec amour les chairs qui fondent, les os qui blanchissent, les chairs qui se muent en humus nourricier pour les herbes folles.
Il savait épier les vers comme un maître fromager guette les moisissures nobles, et les pluies comme un vigneron attend les vendanges.
Chaque monticule refermé était une œuvre accomplie, un terroir neuf où la mort engraisse la vie en cycles invisibles.
Et dans ce labeur humble, Machin retrouvait l'écho de ses pâtés d'enfance : creuser non plus pour jouer, mais pour que le vide, enfin, se remplisse de promesses vertes.

Quelle ne fut pas sa surprise, à Machin, lorsqu'un jour on lui apporta, tout froid, raide comme piquet, le cadavre de son pire ami : son vieux voisin.
Il se trouvaient tous les deux, comme autrefois, foin de lys ou de jasmin - seuls, avec la terre, mais sans jardin. Face au trou béant qui attendait son nouvel amant, Machin resta coi, un long moment. Le cadavre de « Monsieur Pimpim » prenait l'air, prenait le vent – très bien. La pelle attendait, rongeant son frein. Le ciel s'abaissait, comme une presse hydraulique géante, au dessus d'eux. Au loin, une conne jouait du Yann Tiersen au piano – Mélie Poulain. Les grosses gouttes commencèrent à trouer la boue, poinçonner la glaise. Elles martelaient le rythme sur le torse de Monsieur Pimpim. Sur sa têtes, son gros ventre plein de gaz mortifères, et des couilles sans doute encore remplies de désirs interdit. Et la pelle attendait toujours. Elle savait que Machin, quand il réfléchissait, fallait lui foutre la paix. Elle aimait la pluie, ça tombait bien.
Mélie Poulain prit fin. Machin dégoulinait, la terre s'écartelait. Monsieur Pimpim aimait mettre ses doigts dedans, dans le temps.
Puis les tendre à Machin,en souriant


Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#42
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par lapinchien - Novembre 09, 2025, 09:00:40
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Il aurait pu, Machin, plonger ses mains dans les veines rougies de la terre, prospecteur infatigable, à la poursuite de pépites qui font chanter les foules et les marchés lointains. S'esquinter la santé avec du mercure à hautes doses.
Il aurait pu chevaucher les vagues déchaînées sur une plateforme pétrolière, là où l'océan gronde comme un amant jaloux, et forer jusqu'au cœur noir des abysses pour en extraire le sang visqueux du monde.
Il aurait pu dompter le schiste rebelle, expert en fracturation hydraulique, injectant des torrents d'eau et de secrets chimiques pour libérer le gaz emprisonné, ce souffle fantôme qui allume les chaumières et noircit les cieux.
Il aurait pu gravir les échelles du pouvoir, de la boue aux conseils d'administration, où l'on mesure la fortune en barils et en barres de graphite.
Il aurait pu devenir le maître des profondeurs insondables, un Prométhée moderne arrachant le feu souterrain aux dieux colériques de la géologie.
Mais les promesses des filons d'or ne l'ont jamais ému autant que le murmure des racines sous la pelouse municipale.
Les tempêtes océaniques, pour violentes qu'elles fussent, ne lui offraient pas la quiétude d'un sol qui se souvient des pluies d'hier.
Les explosions contrôlées du fracking, ces éclats de foudre artificielle, ne résonnaient pas comme le craquement intime d'une pelletée dans l'humus.
Les salaires ronflants, les primes de risque, les voyages en jets privés – tout cela n'était que papier friable face à la chair tangible de la terre.
Aussi, par un caprice pragmatique, bassement ancré dans le quotidien des petites retraites et des loyers modestes, Machin opta pour le manteau bleu du fossoyeur municipal.
Chaque aube, il franchissait les grilles rouillées du cimetière, son domaine secret où le temps se mesure en strates de silence.
Il aimait retourner la terre humide, cette argile gorgée de regrets et de rosée, pour en faire le meilleur des composts humains, alchimie lente et pieuse.
Avec une précision d'orfèvre, il creusait les lits éternels, six pieds de profondeur où les âmes s'allongeaient enfin sans feindre.
Certains passaient leur existence dans les voûtes fraîches des caves, affinant des fromages aux croûtes parfumées d'herbes oubliées.
D'autres caressaient des cuvées sombres, veillant sur le vin qui mûrit en murmures de tanins et de soleil captif.
Lui, dans son atelier à ciel nu, travaillait des corps en décomposition, ces vignes humaines qui s'entrelacent dans la pourriture fertile.
Il affinait avec amour les chairs qui fondent, les os qui blanchissent, les chairs qui se muent en humus nourricier pour les herbes folles.
Il savait épier les vers comme un maître fromager guette les moisissures nobles, et les pluies comme un vigneron attend les vendanges.
Chaque monticule refermé était une œuvre accomplie, un terroir neuf où la mort engraisse la vie en cycles invisibles.
Et dans ce labeur humble, Machin retrouvait l'écho de ses pâtés d'enfance : creuser non plus pour jouer, mais pour que le vide, enfin, se remplisse de promesses vertes.


Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#43
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par Lindsay S - Novembre 08, 2025, 19:56:05
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#44
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par Nino St Félix - Novembre 08, 2025, 14:44:31
et 3 : pour mémoire et inspiration, le trailer : https://imgur.com/H149yiM
#45
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par Nino St Félix - Novembre 08, 2025, 12:07:17
et 2 : la première et la dernière phrase :

C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#46
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutr...
Dernier message par Nino St Félix - Novembre 08, 2025, 12:06:19
Je propose
1 - le rappel des modalités si d'autres Zonard veulent participer :

On joue en serial INSERT, en tour par tour.
Nino St Félix donne deux phrases, celle de départ et celle de fin du texte.
 
Pour participer, il suffit, lorsque c'est à votre tour, de copier le contenu du dernier post de ce topic, de le coller en réponse puis d'insérer, n'importe où, hormis avant la phrase de début et après la phrase de fin qui doivent rester inchangées, quelques phrases de votre choix ou des compléments de phrase existantes.
 
L'ajout doit s'incorporer harmonieusement dans le reste du texte en respectant la ligne éditoriale de la Zone.

Il faut mettre l'ajout en gras puis poster votre contribution. Ce sera alors le tour d'un autre participant de faire la même chose. Attendez que deux autres personnes aient joué pour jouer à nouveau.
#47
= INITIATIVES = / Texte collectif Parafoutra
Dernier message par Lindsay S - Novembre 08, 2025, 10:44:06
tadam!
#48
= INITIATIVES = / Semaine TDM 2025 : l'enfer des...
Dernier message par lapinchien - Novembre 06, 2025, 01:37:31
Semaine Textes de merde 2025

Participez à notre appel à textes : semaine TDM 2025 ayant pour thématique "l'enfer des notifications". Car écrire un superbe texte tant sur le fond que dans la forme , c'est trop simple, donné au premier écrivaillon venu, lazone.org vous demande d'écrire le texte le plus pourri de la cuvée 2025 et là, c'est un véritable challenge.


Dans les tréfonds numériques de lazone.org, sanctuaire des plumes underground où s'ébattent l'ombre, la violence et l'absurde, s'ouvre la Semaine des Textes de Merde 2025, un appel à textes aussi audacieux qu'infâme. Sous le joug de la thématique « L'Enfer des Notifications », ce concours convie les âmes errantes à forger non pas l'éclat d'un chef-d'œuvre, mais l'abjection d'un écrit volontiers médiocre, défi suprême où l'écrivaillon transcende sa banalité. Loin des facilités d'un style policé, il s'agit d'embrasser la fange, de tisser des mots qui s'effritent sous le poids de leur propre nullité, comme un écho grotesque des alertes digitales qui hantent nos écrans. Que vos plumes, tels des vautours affamés, picorent dans le cloaque des idées avortées pour enfanter des récits où la laideur narrative devient un art subversif. Dans cet enfer où les bips stridents des notifications déchirent l'âme, laissez vos lignes vomir le trivial, le bancal, l'outrageusement raté, avec une ferveur presque sacrée. Le lauréat, choisi par le suffrage impitoyable des lecteurs, sera couronné Grand Chambellan du Prout, titre aussi grotesque qu'honorifique dans l'antre de l'absurde. Osez plonger dans ce gouffre littéraire où la médiocrité devient un étendard, où l'échec se pare d'une gloire tordue. Que vos textes, tels des excréments narratifs, souillent avec panache les terres numériques de lazone.org. À vos claviers, artisans du néant, pour sculpter l'ignoble et graver votre nom dans l'éternité du ridicule. Que la Semaine des Textes de Merde 2025 soit le creuset où s'illustrent les plus glorieux naufrages littéraires.

Où envoyer son texte ?   Pour participer, postez vos contributions ici :  https://www.lazone.org/articles/poster.html si vous n'avez pas d'identifiants ou sinon depuis votre espace auteur.

Date limite d'envoi : le 31 Décembre 2025 mais on publiera les textes au fur et à mesure qu'on les réceptionnera en compagnie des textes des autres appels à textes.

Le public concerné : La participation est ouverte à toute personne sans limite d'âge.

Les frais d'inscription : aucun.

Le genre littéraire attendu :  textes sombres et/ou débiles et/ou violents de tout type de  littérature, blanche à littérature de genre (éviter la poésie sauf si elle est exceptionnelle). Les nouvelles individuelles seront retenues pour l'événement ou non selon l'avis des administrateurs du site. Les propos à caractère fasciste ou raciste seront supprimés sans préavis.

La longueur du texte : pas de limite basse tant que le texte a une singularité qui se tient. Limite haute : de 1.000 à 20.000 mots avec une moyenne de 3.000 à 5.000 mots mais si c'est un peu plus ce n'est pas disqualificatoire.

La gratification : le pire texte sera désigné par le vote des lecteurs et son auteur aura le titre de Grand Chambellan du Prout jusqu'à la prochaine semaine TDM.



En panne d'idées pour aborder le sujet ?
Vous voulez vous inspirer de quelques textes zonards ayant déjà abordé la thématique ? Tous les textes des éditions précédentes sont accessibles ici : https://www.lazone.org/articles/themes/22.html



#49
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Dernier message par Nicolas Gross - Novembre 01, 2025, 16:32:08
L'Étreinte des Abysses
Au cœur des marais oubliés de la Louisiane, où les cyprès tordus émergent comme des sentinelles maudites d'un monde englouti, se dressait le manoir de Blackwood. Abandonné depuis un siècle, ses murs couverts de mousse exhalaient une humidité putride, et ses fenêtres brisées laissaient filtrer des murmures que seuls les damnés pouvaient entendre. C'est là que s'était installée Vivienne, une anthropologue de trente-cinq ans spécialisée dans les rituels occultes. Fascinée par les légendes vaudou locales, elle avait loué la ruine pour ses recherches, ignorant que la Zone parafoutrale n'était pas un mythe, mais un gouffre vorace attendant sa proie.
Vivienne était une femme aux courbes généreuses, aux cheveux noirs cascadant comme une nuit sans lune, et aux yeux verts qui trahissaient une soif inassouvie de mystères. Son mariage avait échoué des années plus tôt, la laissant avec un vide qu'aucun amant mortel n'avait pu combler. Elle cherchait dans l'occulte ce que la vie ordinaire lui refusait : une passion qui transcende la chair, un frisson qui effleure l'âme. Une nuit d'orage, alors que la pluie transformait les marais en un miroir noir, elle découvrit un autel caché dans le sous-sol du manoir. Sculpté dans un bois pourri, il portait des symboles vaudou : des veves entrelacés représentant Loa, les esprits intermédiaires entre les dieux et les hommes. Au centre, un poignard rituel, taché de sang séché, et un miroir fêlé qui semblait absorber la lumière plutôt que la refléter.
Intriguée, Vivienne alluma des bougies noires et récita un incantation qu'elle avait traduite d'un grimoire ancien : "Esprits des abysses, venez à moi. Ouvrez la porte de la Zone parafoutrale, où le désir dévore et l'ombre consume." L'air s'alourdit, chargé d'une odeur de soufre et de chair brûlée. Le miroir trembla, et de ses fissures émana une brume éthérée. Puis, il apparut : Kalfu, ou du moins une entité qui s'en réclamait. Pas un Loa bienveillant, mais un esprit ténébreux, maître des carrefours sombres, des pactes interdits. Sa forme était changeante : tantôt un homme aux muscles saillants, la peau d'un noir abyssal veinée de rouge incandescent, tantôt une ombre tentaculaire aux yeux multiples luisant comme des charbons ardents.
"Que cherches-tu, mortelle ?" gronda sa voix dans l'esprit de Vivienne, un écho rauque qui vibrait dans ses os. Elle sursauta, mais au lieu de reculer, elle sentit une chaleur traîtresse s'éveiller entre ses cuisses. "Le plaisir au-delà des limites", répondit-elle, sa voix tremblante mais résolue. Kalfu rit, un son qui évoquait des chaînes traînant sur des os. "Alors, offre-toi. Mais sache que dans la Zone parafoutrale, le don est éternel."
La première étreinte fut subtile, presque trompeuse. Vivienne, agenouillée devant l'autel, sentit des doigts invisibles effleurer sa nuque, descendant le long de son dos pour agripper le tissu de sa robe. Avec une lenteur agonisante, l'entité la dénuda, arrachant les vêtements comme des pétales fanés. Sa peau nue se hérissa sous un souffle froid, mais bientôt, une chaleur surnaturelle l'envahit. Des lèvres spectrales se posèrent sur les siennes, un baiser vorace qui aspirait son souffle, sa vitalité. La langue de Kalfu – rugueuse comme du velours brûlant – explora sa bouche, tandis que des mains éthérées pinçaient ses tétons, les tordant avec une douleur exquise qui se muait en plaisir lancinant.
Vivienne gémit, ses mains tremblantes s'aventurant sur son propre corps, guidées par l'esprit. "Plus", supplia-t-elle. Kalfu obéit. Une tentacule d'ombre s'enroula autour de sa taille, la soulevant comme une poupée. Une autre glissa entre ses jambes, effleurant son clitoris gonflé avant de pénétrer son intimité humide. C'était froid au début, comme plonger dans un lac gelé, mais vite, une pulsation paranormale l'emplit, vibrant à un rythme qui synchronisait avec son pouls. Chaque mouvement envoyait des éclairs de plaisir mêlé à une douleur sourde, comme si l'entité dévorait une partie d'elle à chaque poussée.
Elle jouit violemment, son corps convulsant dans les airs, des larmes coulant sur ses joues. Mais Kalfu n'arrêta pas. Il la reposa sur l'autel froid, écartant ses cuisses avec une force brutale. Sa forme se solidifia davantage : un phallus massif, veiné de flammes spectrales, se dressa devant elle. "Prends-moi", ordonna-t-il. Vivienne, pantelante, obéit. Elle le guida en elle, criant quand il l'empala. C'était une invasion totale – pas seulement physique, mais spirituelle. Des visions assaillirent son esprit : des rituels anciens où des prêtresses se donnaient à des Loa, leurs corps tordus dans l'extase et la souffrance, leurs âmes aspirées dans les abysses.
Kalfu la pilonnait avec une fureur primitive, ses hanches claquant contre les siennes, chaque coup arrachant un cri. Des tentacules supplémentaires émergèrent, fouettant ses seins, laissant des marques rouges qui brûlaient comme des fers chauds. Une autre s'insinua dans son anus, la remplissant doublement, étirant ses limites jusqu'à la rupture. La douleur était intense, un feu qui consumait, mais elle se fondait dans un plaisir abyssal, la faisant supplier pour plus. "Défais-moi", haleta-t-elle, ses ongles griffant l'air – et touchant sa peau éthérée, froide et pulsante.
L'orgasme la frappa comme un ouragan, la laissant brisée sur l'autel, le corps couvert de sueur et de marques spectrales. Kalfu se retira, mais pas sans laisser une semence fantôme : une chaleur intérieure qui la rongeait, la liant à lui. "Tu reviendras", murmura-t-il avant de s'évaporer dans le miroir.
Les nuits suivantes, l'addiction s'installa. Vivienne invoquait Kalfu chaque soir, le rituel devenant plus sombre. Elle se scarifiait légèrement avec le poignard, offrant son sang pour le solidifier. L'entité répondait avec une intensité croissante. Une nuit, il l'attacha avec des chaînes d'ombre, suspendue au plafond du sous-sol. Nue et vulnérable, elle sentit ses tentacules explorer chaque orifice. Une l'enveloppa autour du cou, serrant juste assez pour couper son souffle, amplifiant chaque sensation. "Souffre pour moi", grogna-t-il, et elle obéit, ses larmes se mêlant à sa sueur.
Il la pénétra par tous les côtés : son membre principal dans son vagin, une tentacule dans son anus, une autre forçant sa bouche. Le goût était amer, comme du sang et de la cendre, mais elle suçait avidement, perdue dans la transe. Des visions plus sombres l'assaillaient : des sacrifices humains, des orgies rituelles où les participants étaient consumés vivants par les esprits. Kalfu accéléra, ses mouvements devenant frénétiques, déchirants. La douleur dominait maintenant, une agonie qui la faisait hurler, mais le plaisir la suivait, un raz-de-marée qui effaçait tout.
Vivienne jouit encore et encore, son corps convulsant dans les chaînes, jusqu'à ce que l'épuisement la submerge. Mais Kalfu n'était pas rassasié. Il la força à continuer, aspirant son essence vitale. Elle sentit son âme s'effilocher, des fragments s'envolant vers les abysses. "Arrête", murmura-t-elle faiblement, mais son corps la trahissait, se cambrant pour plus.
Au fil des jours, Vivienne changea. Sa peau pâlit, veinée de bleu spectral. Ses yeux s'assombrirent, reflétant les abysses. Elle négligea ses recherches, passant ses journées à somnoler, hantée par des rêves érotiques où Kalfu la possédait dans des royaumes infernaux. Une nuit, lors d'un rituel particulièrement intense, il révéla sa vraie nature : pas un Loa, mais un démon parasite, un voleur d'âmes piégé dans le manoir depuis un siècle, se nourrissant des désirs des intrus pour survivre.
"Tu es mon vaisseau maintenant", ricana-t-il, la plaquant contre le mur. Ses tentacules la fouettèrent, laissant des zébrures sanglantes qui guérissaient instantanément, laissant seulement la douleur. Il la prit avec une violence redoublée, son membre grossissant à l'intérieur d'elle, étirant ses parois jusqu'à la limite de la déchirure. Une tentacule s'enfonça dans sa gorge, la faisant suffoquer, tandis qu'une autre pinçait son clitoris avec une cruauté exquise. Vivienne, au bord de la folie, mêlait cris de douleur et gémissements de plaisir. "Prends tout de moi", implora-t-elle, et il obéit.
L'orgasme final fut cataclysmique : un vortex de sensations qui la fit convulser, son corps arqué comme un arc bandé. Mais cette fois, Kalfu ne se retira pas. Il fusionna avec elle, son essence s'infiltrant dans ses veines. Vivienne sentit son esprit se briser, des fragments d'elle absorbés par l'entité. Elle devint la Zone parafoutrale incarnée : un être hybride, mi-humaine, mi-démon, condamnée à errer dans les marais, attirant d'autres âmes pour nourrir son amant spectral.
Des semaines plus tard, un randonneur égaré trouva le manoir. À l'intérieur, une femme aux yeux abyssaux l'accueillit avec un sourire séducteur. "Viens", murmura-t-elle, sa voix un écho de Kalfu. "Laisse-moi te montrer les plaisirs de l'ombre." Et ainsi, le cycle recommença, plus sombre, plus intense, dans les abysses sans fin.
#50
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Dernier message par Nicolas Gross - Novembre 01, 2025, 16:29:51
Le Souffle de l'Ombre
Dans les ruelles étroites de la vieille ville de Lyon, où les pavés usés murmurent des secrets oubliés, vivait Elara, une restauratrice d'antiquités de trente-deux ans. Ses journées se passaient à caresser des objets chargés d'histoire : miroirs ternis, bijoux ébréchés, livres aux pages jaunies. Mais la nuit, quand le monde des vivants s'effaçait, Elara sentait une présence. Une ombre qui n'était pas tout à fait ombre, un frisson qui n'était pas tout à fait froid. Elle l'appelait "l'Autre", sans savoir si c'était un fantôme, un démon ou simplement le fruit de son imagination surchauffée.
Tout avait commencé six mois plus tôt, lors de la restauration d'un médaillon victorien. Gravé d'un motif ésotérique – un entrelacs de serpents et de roses –, il avait vibré sous ses doigts comme s'il respirait. Cette nuit-là, dans son atelier faiblement éclairé par une lampe à huile, Elara avait senti une caresse invisible sur sa nuque. Pas un courant d'air, mais une main. Froide, insistante, qui descendait le long de son dos, effleurant la courbe de ses reins. Elle avait sursauté, le cœur battant, mais au lieu de fuir, elle avait fermé les yeux. "Qui es-tu ?" avait-elle murmuré.
L'Autre n'avait pas répondu en mots. À la place, un murmure spectral avait effleuré son oreille, comme un vent chargé de promesses interdites. Elara avait rouvert les yeux pour voir son reflet dans le miroir ancien : ses lèvres entrouvertes, ses joues rougissantes, et derrière elle, une silhouette floue, translucide, aux contours masculins. Grand, avec des épaules larges et des traits anguleux qui se dissolvaient dans l'obscurité. Ses yeux – si c'en étaient – brillaient d'un éclat surnaturel, comme des braises dans la nuit.
Depuis, l'Autre revenait chaque soir. Au début, c'était subtil : un effleurement sur sa peau, un souffle qui faisait durcir ses tétons sous son chemisier. Elara, célibataire depuis trop longtemps, avait d'abord cru à une hallucination née de sa solitude. Mais les sensations étaient trop réelles, trop intenses. Une nuit, alors qu'elle se douchait, l'eau chaude cascadant sur son corps nu, elle avait senti des lèvres invisibles se poser sur son cou. Un baiser fantôme, humide et possessif, qui descendait vers sa clavicule, puis plus bas, traçant un chemin de feu glacé sur ses seins. Ses mains à elle avaient suivi le mouvement, guidées par une force extérieure, pinçant, caressant, jusqu'à ce qu'un gémissement lui échappe.
"Montre-toi", avait-elle supplié, adossée au carrelage froid. L'Autre avait obéi, partiellement. Une main éthérée s'était matérialisée, pâle et veinée de bleu spectral, pour glisser entre ses cuisses. Les doigts – froids comme la mort, chauds comme le désir – avaient exploré son intimité avec une expertise surnaturelle. Elara avait cambré le dos, ses ongles griffant le mur, tandis que des vagues de plaisir la submergeaient. C'était comme si l'Autre lisait dans son esprit, anticipant chaque frisson, chaque besoin inavoué. Elle avait joui violemment, criant dans la vapeur, mais quand elle avait rouvert les yeux, elle était seule. Seule avec un corps tremblant et une soif inextinguible.
Les nuits suivantes, l'Autre s'était enhardi. Il – car Elara le percevait comme masculin – apparaissait plus nettement, son corps se solidifiant dans les ombres. Une peau diaphane, des muscles tendus comme des cordes d'arc, et un membre dressé qui défiait les lois de la gravité et de la réalité. Elara avait appris à l'invoquer : en allumant une bougie près du médaillon, en murmurant des mots anciens qu'elle avait décryptés dans un grimoire restauré. "Viens à moi, esprit de l'au-delà. Prends ce qui t'appartient."
Une soir d'orage, alors que la pluie martelait les fenêtres, l'Autre s'était manifesté pleinement. Elara était allongée sur son lit, nue, les draps froissés autour d'elle. L'air s'était épaissi, chargé d'une odeur de terre humide et de musc. Des mains invisibles avaient écarté ses jambes, et elle avait senti un poids sur elle – pas écrasant, mais enveloppant, comme un voile de soie glacée. L'Autre avait murmuré dans son esprit : Tu es mienne, dans cette zone où le vivant et le mort s'unissent. Sa voix était un écho grave, vibrant dans ses os.
Elara avait haleté quand il l'avait pénétrée. Ce n'était pas une union charnelle ordinaire ; c'était une fusion. Son membre spectral, dur et palpitant d'une énergie paranormale, la remplissait d'une plénitude qui transcendait le physique. Chaque mouvement envoyait des ondes électriques à travers son corps, éveillant des zones qu'elle ignorait posséder. Des visions l'assaillaient : des souvenirs qui n'étaient pas les siens, des étreintes passées dans des siècles oubliés, des amantes spectrales gémissant sous des lunes mortes. L'Autre la prenait avec une urgence primitive, ses hanches invisibles claquant contre les siennes, tandis que des doigts éthérés pinçaient ses mamelons, traçaient des cercles sur son clitoris.
"Plus fort", avait-elle imploré, ses ongles s'enfonçant dans le vide – et pourtant, elle sentait sa peau sous ses paumes, froide et vivante. L'Autre avait accéléré, son souffle spectral effleurant ses lèvres en un baiser vorace. Leurs langues se mêlaient : la sienne chaude et humide, la sienne comme un tourbillon d'air chargé d'électricité. Elara avait crié quand l'orgasme l'avait frappée, un raz-de-marée qui la faisait convulser, ses muscles se contractant autour de lui. Mais l'Autre n'en avait pas fini. Il l'avait retournée, la plaçant à quatre pattes, et avait repris possession d'elle par-derrière. Cette fois, c'était plus sauvage, plus primal – comme si les barrières entre les mondes s'effritaient.
Des ombres dans la chambre prenaient vie, des tentacules éthérés effleurant sa peau, caressant ses flancs, explorant des orifices qu'elle n'avait jamais osé offrir. Elara, perdue dans le tourbillon, avait accueilli tout : la douleur exquise mêlée au plaisir, le froid de l'au-delà contrastant avec la chaleur de son désir. "Je t'appartiens", avait-elle gémi, et l'Autre avait répondu en la remplissant d'une semence spectrale – une explosion de lumière intérieure qui la faisait hurler d'extase.
Quand l'orage s'était calmé, l'Autre s'était dissipé, laissant Elara pantelante sur les draps trempés. Mais elle savait qu'il reviendrait. La Zone parafoutrale n'était pas un lieu ; c'était un état, une addiction où le corps et l'âme se fondaient dans l'interdit. Elle toucha le médaillon sur sa poitrine, sentant son pouls spectral battre en écho au sien.
Pourtant, au fil des nuits, Elara remarqua des changements. Sa peau pâlit, ses yeux s'ombrèrent d'un voile surnaturel. L'Autre n'était pas un amant bienveillant ; il était un voleur d'essence, aspirant sa vitalité à chaque union. Une nuit, alors qu'il la chevauchait à nouveau, ses mains éthérées serrant sa gorge dans une étreinte possessive, elle vit la vérité dans ses yeux : il était un esprit errant, condamné à errer entre les mondes, se nourrissant des passions des vivants pour exister.
Elara haleta, partagée entre l'horreur et le désir. "Libère-moi", murmura-t-elle, mais son corps la trahissait, se cambrant sous lui. L'Autre rit dans son esprit : Tu es déjà trop loin. Rejoins-moi dans l'ombre.
Le lendemain, Elara brisa le médaillon. Des éclats de verre volèrent, et un hurlement spectral emplit l'atelier. L'Autre disparut... pour un temps. Mais la nuit, dans le silence, elle sentait encore son souffle sur sa peau. La Zone parafoutrale n'avait pas de frontières ; une fois entrée, on n'en sortait jamais vraiment.

Nicolas Gross