La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

La poubelle

Démarré par nihil, Octobre 24, 2006, 00:50:27

« précédent - suivant »

lapinchien

#15
Je propose que le post de Dourak entre directement au panthéon du best of.

D'ailleurs je propose qu'on fasse entrer Dourak au Pantheon avant même qu'il ne meurre. On l'aura kidnappé au prealable, baillonné, seringohypodermisé, puis scellé dans un sarcophage en fonte, qu'on ira placer un soir apres s'être introduit par effraction dans l'enceinte de ce sanctuaire de la république, en lieu et place du cercueil de Marie Curie sans que personne n'y remarque rien. Bien sur un simple contrôle au compteur Geiger permettrait d'eveiller les soupçons des gardes aussi je preconise d'enfermer egalement dans le sarcophage une barre non traitée de radium radioactif. A noel je pars rencontrer ma belle famille à Varsovie. J'emporterais les cendre de Marie Curie pour les restituer à la patrie à laquelle elles appartiennent.

lapinchien

Je crois que j'aime bien plus vos textes innachevés que les textes parrus. A mort la finitude ! Aux chiottes les conclusions ! Prennez vos textes et postez les tels quels, mouille-deesse !

Dourak Smerdiakov

J'avais proposé à la publication sachant que je n'aurai sans doute jamais le courage de développer l'histoire dont ce n'est qu'une introduction. Nihil ne s'est pas laissé avoir, donc ça finit ici en tant qu'inachevé.

Ce topic m'évoque le frigo de Véronique Courjault, en fait.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

nihil

J'aime bien le premier déchet d'Inv, je crois que je vais essayer de le recycler.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

lemon A




Au secours !

A l'heure où j'écris ces lignes ma nouvelle voisine du dessus, celle du dernier étage, organise une fête des voisins chez elle. Elle vient de frapper à ma porte, accompagnée par son petit ami, dans l'intention de m'inviter. Les boules ! Apparemment elle a emménager dans l'immeuble récemment. C'était la première fois, en tout les cas, que je voyais sa gueule et, disons, son allure générale. Mais peut être, en fait, que nous nous étions déjà croisé dans une rue ou chez un commerçant du quartier, peut être que ma conscience, soucieuse de la beauté du monde, m'en épargnait le pénible souvenir. Car malheureusement cette fille ressemble à une grosse dinde : rougeaude, grasse et mal proportionnée, gloussante, habillée d'un assemblage de tissus informes, nappes et serviettes de cuisine, rideaux de douche, tapis de salle de bains ; le genre à organiser des fêtes de voisins où personne, sauf les piques assiettes et les mongols, n'aurait envie d'être convié.

«C'est la fête des voisins» a-t-elle annoncé quand j'ai ouvert la porte. Elle a formulé ça comme ça, directement, sans prendre la peine de se présenter avant. "C'est la nouvelle voisine du dessus" a-t-elle simplement précisé. Fais chier la fête des voisins ! J'ai bien tenté d'inventer que je risquais de sortir en ville mais elle a insisté, avec son gars en arrière plan, pour que je passe au moins prendre l'apéro. Limite j'angoisse. De toute façon je suis strictement incapable de m'y rendre, je me sens complètement asocial là, en ce moment. Je ne suis absolument pas disposé à papoter avec mes voisins, voilà. Et d'ailleurs, en plus de ça, je suis contre par principe, oui, je suis tout à fait opposé aux rassemblements entre voisins. J'aspire à demeurer paisible et  libre dans mon intérieur, m'oxygéner ou m'asphyxier comme bon me semble. Alors, à moins d'être roulée-bonnasses de tous les diables, mes voisins n'existent pas et je ne tiens pas, mais pas du tout, à entretenir le moindre commencement de relation sociale avec eux.

Une fête des voisins augure la poudre et l'embuscade, dessine la pointe de l'enfer, l'amorce du suicide. Ah ça, je n'y mettrai pas les pieds. Et cette grosse dinde de prêcher l'imparable, le grand classique de genre : «vu que nous vivons tous au même endroit, (en l'occurence un immeuble étroit de 4 étages, avec juste 1 petit appartement par palier et une unique boite aux lettres commune), vu que nous vivons tous au même endroit donc, autant faire connaissance quoi ! Normal quoi ! Bon esprit quoi". Alors, pour  m'en débarasser j'ai répondu «ok, à toute à l'heure» Pffff. J'aurai du, plutôt, balancer une refoule bien définitive : «excusez moi mais je viens de me faire un gros trait d'héro là, et je ne me sens pas très en forme, je crois que je vais rester un peu allongé» ou alors quelquechose comme «ah non non, pour moi les voisins c'est bonjour bonsoir et chacun chez soi alors voilà quoi : bonsoir !». Eh bien non, au contraire, j'ai lachement accepté l'invitation que, la prochaine fois, je m'excuserai de ne point avoir honoré.

Parce que je vais la recroiser la voisine, et elle saura que j'ai souillé son intention, et je saurai qu'elle le saura, et donc, à force de courant d'air plombé et de mauvaise réciprocité karmique on risque de s'enfoncer dans un marais rempli de bêtes gluantes. Elle aura fait le premier pas pour briser la glace, elle aura acheté 2 bouteilles d'alcool et un paquet de cacahouetes, elle aura été une bonne personne, ouverte sur les autres, civile, louable et charitable. Et moi je lui aurai mis un vent facile. J'aurai été le mec petit, anthipatique, vil et mesquin. Le mec qu'on mériterai de montrer du doigt et de regarder de travers. Quelle pitié ! Non mais j'vous jure ! Mais merde, mais qu'est-ce qu'elle a eu besoin d'organiser une fête des voisins cette sale pute !

Narak

Ouais, fais tout crâmer et paye toi une pute avec les tunes de l'assurance !
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...

lemon A





LA RANCON DU SUCCES


Bitcho brandit son flingue en refermant la porte du bar. Personne ne l'avait encore remarqué. Il écarta les jambes, s'assit sur son postérieur et vida deux chargeurs à travers la fumée de tabac. Tout un tas de bougnoules gesticulèrent, quelques uns s'écroulèrent. Il sortit, enjamba sa moto et démarra en trombe. Dans la ville rien n'avait bougé : les passants passaient, leurs chiens faisaient des merdes sur les trottoirs et les lampadaires refilaient la jaunisse à la nuit. Il rentra chez lui satisfait, attendit minuit et regarda le journal télévisé. On ne parlait pas de son histoire. Alors il rédigea un communiqué sur une feuille de papier, se demanda où l'envoyer, il prit une douche, regarda un film de boule et s'endormit sur son canapé.

Le lendemain il acheta le journal local, on ne parlait pas de son histoire. Il l'effeuilla plusieurs fois et le fait est qu'on ne parlait pas de son histoire. Il remplit deux bidons d'essence, chargea son flingue et attendit le soir.

lemon A

FAIT DIVERS


Tout à l'heure j'ai été témoin d'une altercation dans la rue. Dans la rue Diderot, dans ma propre rue. Un type a commencé à envoyer une série de claques et de coups de poings dans la gueule d'une grosse bonne femme. Une autre femme, plus petite était également de la partie mais dans la confusion je ne parvenais pas à situer ses actions. Je m'approchais et plus je m'approchais plus la situation dégénérait. Quand j'arrivais à la porte de mon bâtiment la grosse bonne femme était tombée par terre, sur le dos, et le type lui flanquait des coups de pied dans le ventre. Elle cramponnait son sac à main que tirait l'autre femme, apparement complice du cogneur. Le vide aux alentours, pas d'autre spectateur que moi-même et mon infortune. J'étais l'unique témoin de l'agression.  

Je m'avançais vers la bagarre. Je criais « heee arrêtez ! » et puis « s'il vous plaît monsieur arrêtez ». « S'il vous plaît monsieur » c'est bien ce que j'ai dit à ce type qui dérouillait une bonne femme allongée dans la rue. «S'il vous plaît monsieur » je l'ai dit et je l'ai dit comme ça, sur le moment, sans réfléchir.

Monsieur leva le yeux dans ma direction. Il présentait toutes les caractéristiques du tox de rue : celui qui shoote un peu tout et n'importe quoi, qui vit dans les mélanges de médocs et d'alcool, un type à la mine déconfite et aux deux mains enflées. « Toi te mêle pas d'ça où j'vais t'niquer ». Il tendait un doigt menaçant. Sa copine lâcha le sac et pivota, elle pointa aussi un doigt vers moi, sans rien dire, un doigt sismique de rage désincarnée. Je restais planté là, éloigné d'une dizaine de pas et je ne mouftais pas. « J'v'ais t'niquer » il me répéta. La grosse bonne femme s'était relevée. Elle affichait le même profil que ses deux agresseurs, elle vivait sur la même galaxie, miséreuse et pourrie, contaminée jusquà la moelle. Je reculais vers ma porte d'entrée en gardant les deux yeux sur la scène. L'altercation reprenait. Une querelle d'épluchures, pour deux ou trois ordures. Je pianotais le digicode et refermais soigneusement la porte d'entrée derrière moi.

Dourak Smerdiakov

Citation de: lemon A le Novembre 05, 2006, 22:36:16
Bitcho brandit son flingue en refermant la porte du bar.

Bitcho, c'est prometteur, pourtant.

Sinon, t'es vraiment nul à puissance 4, Lemon A.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

Glaüx

Bitcho ma Bitcho, lorsquo tu souligno, au crayon blo tes jolis yos.

lemon A

Citation de: Dourak Smerdiakov le Novembre 06, 2006, 11:39:58
Citation de: lemon A le Novembre 05, 2006, 22:36:16
Bitcho brandit son flingue en refermant la porte du bar.

Bitcho, c'est prometteur, pourtant.

Sinon, t'es vraiment nul à puissance 4, Lemon A.

??

Tu voles trop haut pour moi, là, Dourak. Essaie d'utiliser des expressions populaires, dans un registre plus terre à terre.
J'aimerai piger ce que tu me racontes ou, au moins, en avoir le sentiment.

Dourak Smerdiakov

Sur l'échelle jacobienne de la vanne pourrie, je volais à l'étage jeux de société. Appelez la sécurité.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

lemon A

LES TEKOS DU BONHEUR (1)




1


«  Putain y m'énervent tous ces mecs là. Tu les vois tous en costard, tirés à 4 épingles. Quand tu prends l'avion tu rigoles. Franchement. Tu vois les aéroport c'est les carrefours de la connerie humaine, des point de rencontre si tu veux, des centres de tri. Et tu vois les bougs, genre quand y prennent la pose avec le portable. Attend j'ai déjà entendu les discu. J'te promet y z'appelle leur secrétaire ou un de leur pote de bureau style « bon ben j'arrive à 22h25 à Satolas, l'avion a 10 minutes d'avance ». Tu te rend compte l'intérêt ?. Ou alors : « bon ben j'arrive à 22h35, l'avion n'est pas en retard, bien, pour moi tout va bien, oui oui, non non ». C'est vraiment trop j'te jure. Tu conceptualise le mec quand y va pisser « j'appelle ou pas ? ». Ben là il appelle pas, y préfère se niquer les reins et booster la cadence, pisser dans des conditions de productivité optimales. Tu  fais couler le cul serré et la bite bien en avant histoire d'éviter les gouttes, tu déféraille à fond de liquide, tu secoue vite fait la pompe, tu la range puis se laver les mains et viser sa montre sous le séchoir. Tu vois le truc ! D'ailleurs franchement à Orly-ouest y a des baies vitrées, on peut les visiter comme au zoo quand y z'attendent d'embarquer, en cage mon gars. Y a pas, y faut y aller au moins une fois pour les insulter, pour se foutre de leur gueule. Imagine 15 bougs en train de se bidonner en les regardant derrière la vitre : trop marrant. Bon t'sais comment y font pour embarquer les passagers ? T'as une lettre sur la carte d'embarquement qu'on te file quand tu fais enregistrer tes bagages. Donc y a différentes lettres. Par exemple un mec peut être en « plein ciel », c'est l'équivalent, mais mégapourave, tu vois, de la première classe. Y z'ont  « X » ou « Y » inscrits sur leur carte. Les mecs en "loisir", la classe des deuxième catégories, ils ont « L » ou « M ». J'parle des vols intérieurs hein, ceux qui sont quand même très concentrés en hommes d'affaire. Bon le principe c'est d'appeler les lettres pour distribuer les passagers dans l'avion. Bon en matière de vols intérieurs ça se passe comme ça.. Tu m'écoutes ?
_ Ouais ouais va z'y continu
_ Mais t'es sûre que ça t'intéresse au moins ?
_ Ah ben à fond ouais.
_ Non parce que bon j'veux pas te gonfler hein. Des fois je parle je parle je parle je parle et pis en fait je soûle mais je m'en rend pas compte. C'est le speed qui me fait ça, ça me fait trop tchatcher. Bon bref. Alors qu'est-ce qu'y se passe ? C'est que tu dois introduire ta carte d'embarquement -oh putain mate la femme là bas, celle avec le foulard dans les cheveux. Hum...elle je l'introduirai bien. Vas y tu m'attends 2 secondes ? .

06/07/97 15H07
Joss s'éloigne du stand de prévention en direction d'une participante,
Temps de contact : 45 minutes
Humeur : joviale
Rythme cardiaque : 130





2


« Bon tu passes ta carte d'embarquement dans un truc style comme dans le tromé. On appelle ta lettre et tu te présentes. Bon alors qu'est-ce qui se passe ? Putain Darryl t'es trop mignonne toi, vraiment hein. Bon généralement on appelle déjà les handicapés, ceux qui ont du mal à se déplacer et les bougs accompagnés d'enfants en bas âge ou de bébés. Ceux là on a pas commencé l'annonce que tout le monde est déjà debout en train de s'agglutiner devant la machine à composter. Tous ces gros cons de cravatés s'agglomèrent comme des mouches sur une merde si bien que si effectivement tu te déplaces difficilement on va dire, tu as en plus un rempart humain à franchir avant d'entrer dans l'avion. Si t'as pris un rail de kéta avant, alors là c'est même pas la peine, jamais t'y arrive. Tu comprend tout ces gros cons, on dirai que l'avion va partir sans eux. Aucun respect, faut qu'ils soient les premiers quitte à ralentir tout le monde. Tu les vois là debout devant toi, j'te jure t'as envie de taper pour te frayer un passage. Comme si y pouvaient pas rester assis, peinards en attendant qu'on les appelle tu vois. Aucun respect pour les plus faiblards, aucune considération, c'est eux les chefs. Putain ça m'énerve tu vois. C'est rien qu'un petit truc mais c'est dans les petits trucs comme ça qu'on voit la mentalité. T'as une merde là, j'peux la retirer ? Vvvvvoilà. Tu sais à qui tu me fais penser ? A la blonde là comment elle s'appelle déjà ? Tu sais celle qui joue en bikini, merde j'me souviens plus de son nom. Aaaah.
_ Excuses moi mais faut que je bouge là, y a mes potes qui m'attendent au camion.
_ Attends Daryll ça va me revenir..., je te paye un trait de speed si tu veux.
_ Laryll pas Daryll. T'es un bloqueur toi hein.
_ Attends reste assise t'es pas pressée quand même, tiens mets toi devant sinon ça va s'envoler.
_ Ecoutes paye le à quelqu'un d'autre ton trait, moi je bouge d'accord ??
_ Où ça ??, j'viens avec toi si tu veux
_ Au camion derrière la grosse bâche là bas. Allez ranges tes trucs on y va de suite.
_ Attends faut que je remette mes chaussures
_ Ben t'as qu'à me rejoindre là bas d'accord ?

06/07/97 15H28
Laryll l'anglaise du crew abandonne Joss à proximité du son des G-rikan.
Temps de contact : 20 minutes
Humeur : gourmande
Rythme cardiaque : 135





3


« Et alors dans l'avion c'est le top. C'est la guerre de l'accoudoir. T'as un accoudoir pour deux et tu comprends vite que la place qu'occupe ton coude sur l'accoudoir doit symboliquement représenter la taille de ta bite. C'est pas possible autrement, on doit leur apprendre ça dans les stages de management. Le mec qui s'assied à coté de toi, dis toi bien que son premier soucis c'est de conquérir l'accoudoir. Y te dit même pas bonjour rien, y fait style y t'as pas vu. Y déplie son journal et si jamais t'es arrivé avant lui et que bon t'as plus ou moins pris possession de l'accoudoir alors là carrément il hésite pas à ouvrir son canard de manière à te foutre les gros titres directement dans la gueule, mais super rapidement hein, genre il le retire direct avant que t'ai le temps de lui en mettre une. Et donc toi quand tu reçois le truc sur la tronche t'as toujours le réflexe de sursauter plus ou moins, c'est à ce moment précis qu'il profite de la confusion pour te piquer l'accoudoir avec l'excuse implicite que c'est la-seule-position-possible-pour-qu'il-puisse-lire-le-journal-sans-te-déranger. Normal quoi. Donc si toi tu gueules, tu passes carrément pour un bouffon parce que bon c'est comme ça : gueuler pour un accoudoir ça fait franchement mesquinos. Alors voilà t'es baisé, tu l'as dans l'cul en deux/deux. Si tu veux mon avis même la pire racaille de teknival elle est pas aussi vicieuse.
_ Pour 200 j'suis obligé d'te les faire à l'unité, ça dépend pas de moi hein
_ Ouais mais fait voir j'veux voir avant. Et ouais...et quand l'avion atterrit y sont pareils. Des veaux mon pote. Des veaux. L'avion atterrit, il se rend à son point de parking. Il est pas garé qu'ils sont déjà debout, à s'habiller et checker leurs bagages dans les coffres. J'te jure tu les vois tous debouts, tout serrés dans l'allée centrale à attendre que la porte s'ouvre. Et la porte mon gars elle met toujours au moins 10 minutes à s'ouvrir. Ils pourraient rester assis en attendant, ça changerai rien, rien du tout. Mais non, ils sont debout en train de trépigner leur mère. Et toi tu restes assis et tu les regardes étouffer comme des cons, se bousculer pour récupérer leurs affaires, en train d'attendre qu'on veuille bien leur faire prendre l'air. Tu vois l'état des cums. Alors bon on est d'accord c'est rien, mais vraiment t'as pitié. T'imagines le mec quand y baise sa femme : il a pas fini de partir qu'il commence déjà à chercher son futal.
_ Tiens ça y est y z'étaient là, justement dans mon futal, putain 10 minutes que j'galère. T'es sûr que tu veux mettre que 200 balles. j't'en fait 10 à 600 gaaars. Y sont bons faut en profiter.
_ Quoi mais c'est des taz ? mais j'en veux pas moi des taz, c'est bon ça me ramolli les taz, c'est du speed que j'veux pas des taz.
_ Putain mais tu pouvais pas le dire avant ?
_ Mais j'te l'ai dit mec, non moi des taz j'en veux pas.
_ C'est bon c'est bon, et des trips t'en cherches pas, j'ai des Tournesols y sont tout frais, y sont speed ceux là.
_ Non moi c'est du speed qu'y me faut, speed en poudre, c'est du speed c'est tout.

06/07/97 16H12
Sur une impulsion obligatoire Joss décide de changer d'air et laisse le dealer du camion, mec de Daryll l'anglaise du crew, à ses mauvais taz et ses photocopies de buvard.
Temps de contact : 17 minutes
Humeur : directe
Rythme cardiaque : 140





4


« Toi t'exprimes ton opinion c'est tout. Personne en a rien à pihave de ton opinion. Moi je te dis pas ce qu'il faut faire. J'te dis pas j'aime bien le rouge ou le vert, le bleu est trop fade patati patata. Les mecs qui m'expliquent comment faut se branler excuses moi mais ça m'rend sourd.
_ Ca va c'est pas la peine de te faire une grosse témon. J'ai quand même le droit de penser qu'y a pas de free hardcore. Tout le monde dit hardcore hardcore et en fait personne sait ce que c'est.
_ Ah parce que toi tu sais évidemment. T'es un pote à Louis XIV toi non ? Mais tu sais à quoi tu me fais penser ? A un bouquin que j'ai lu y a pas longtemps. J'ai lu un bouquin, écoutes bien, publié en 1995 qui t'analyse la dernière décennie du deuxième millénaire. C'est pas hallucinant ça ? Le mec il écrit un bouquin sur les années 90s et en 95, ouais ouais t'as bien entendu, en 95, le truc il est déjà dans les bacs. C'est pas magique sérieux ? J'veux dire éthiquement parlant c'est pas franchement limite ? Enfin l'est journaliste le gars, y doit savoir c'qui fait.
_  Ouais little éjaculateur précoce quand même quooiiiyye !
_ Plutôt fortune lover féroce à mon avis. Y voulait être le premier à clore le siècle le gars, coup de pub, potentialisation des chances, augmentation des ventes, bizness et marketing, pis on sait jamais, si par le plus grand des hasard son analyse n'est pas complètement bouldinguée par le futur, y pourrai se faire passer pour un grand penseur visionnaire. Mais attends la suite. Dans son bouquin y a un passage sur les jeunes. Ce sombre connard trouve que les jeunes des années 90 manquent de créativité. Pour appuyer le truc y t'envoie une comparaison super originale entre sa génération -de 68 évidemment- et la notre. Alors bon y se demande ce qu'on a inventé par rapport à eux tu vois. Et y parle de la techno. Alors qu'est-ce qu'y dit ? Ben y dit que même avec la meilleur volonté du monde, il est quand même censé être ouvert d'esprit vu qu'il est de gauche, ben même avec la meilleure volonté du monde y dit qu'il arrive pas à saisir la différence entre la tek et un régiment de tirailleurs en action, enfin en train de canarder tu vois. Le blaireau par excellence. Et le bouquin y se veut impertinent/caustique hein genre j'suis drôle et intelligent. Tu te rends compte : un mec, journaliste mes couilles, qui se vante qu'il arrive pas à comprendre la techno, bonjour le cadavre hein. A ce niveau c'est plutôt conseillé de se ranger soi-même dans le cul d'un cimetière hein. Je suis pour la liberté d'expression mais l'air de la campagne, la canne à pêche et les charentaises y a quand même un moment où ça devrait se prescrire. Enfin bref....tu veux pas rouler un spliff ? Faut que j'me calme là . Tiens j'te file la boulette
_ Tu peux me faire un truff aussi ?
_ Pas de problème moi tu me demandes ce que tu veux, j'ai du carton par là ??? ouuuuii jolie !!. La génération 68 quand même tu les entends parler t'as l'impression qu'y faudrait être comme eux. Tu les écoutes pour eux un jeune c'est libre, c'est rebelle et puis après avec l'âge ça se range. C'est comme ça c'est tout. Les mecs y z'ont fait les chauds –tiens le filtre- pis finalement ils se sont trahis. Alors maintenant ils s'auto-sucent en nous sortant une théorie de la jeunesse. Et ils font des ravages hein avec ça. La jeunesse c'est çi, c'est ça mais bon après il y a la vie les responsabilités, alors faut en profiter quand on est jeune. Chuis d'accord hein j'dis pas qu'y faut pas en profiter hein, mais je regarde ce qui se passe, je regarde 68 et je regarde maintenant. Et qu'est ce que je vois ? Ben j'vois que les coiffeurs y z'ont du se faire un max de thunasse dans les années 70 quoi. Franchement j'vais pas aller lancer des pavés pour terminer en costume trois pièce à trépigner dans les aéroports. Putain les aéroports, ça recommence...Tu les vois les mecs dans les aéroports, rien que le fait d'être là et pas dans une gare ça les rend fiérots. Petite malette, portable, et grandes enjambées. Faut voir comment y se la jouent devant les hôtesses d'accueil. Style avant de leur adresser la parole y regardent leur montre. Ou quand y font semblant de se passionner pour les bagnoles qui sont exposées. Tu sais c'est toujours des pires caisses genre Land Rover avec une bombasse en mini pour la doc et tout ça, qui doit vachement s'y connaître en mécanique entre parenthèse. Alors là c'est surréaliste, le mec y mate la voiture QUE quand la fille elle le regarde. Et dès qu'elle tourne la tête poum y zappe direct de carrosserie. Je suis sûr qu'y a moyen de faire du pognon en tournant la vidéo. Et pis après faut voir la tactique d'amarrage du gars. C'est pas une bite qui lui déforme le benne hein. C'est plutôt le portefeuille tu vois. Franchement les meufs elles rigolent plus avec les bagagistes, c'est pour dire. Putain fais gaffe tu vas tout foutre par terre !

06/07/97 17H37
Milieu de teknival, le son crépite de partout et se mélange. Coolman termine de rouler le joint, tire quatre ou cinq taff en regardant pensivement vers les nuages, et fais tourner à Joss..
Temps de contact : 12 minutes
Humeur : nerveuse
Rythme cardiaque : 145





5


« Houla ben keski l'a lui ? l'est tout recroquevillé. Eh oh ! ca va ? Faut te détendre hein. On dirai qu'y sors du congélateur tellement qu'y l'est crispé. L'a l'air tout tristoune en plus, et l'est blanc comme un linge de lessive fraîche. Salut toi, tu veux un chewing gum ? ».

06/07/97 début de soirée
Lulu la petite fée tazée prend soin de Joss - attérissage forcé.
Temps de contact : longtemps
Humeur : serrage de dents,
Rythme cardiaque : au ralenti.
[

lemon A

LES TEKOS DU BONHEUR (2)


Dès ses premières mesures, le teknival était partie en couilles. Ca a commencer par carotter sur les X et les acides. Mis en confiance par les Petits Gris chelou de la dernière teuf, Pépé s'est offert un Champignon Rose. Et puis le gars était tellement sympa qu'il lui a troqué un Hoffman 2 000 contre un g de rach' production maison. A 50 balles l'ecsta en début de tekos, il pensait avoir fait une bonne affaire.

« Le mec tu le regarde même pas cousin : y se dit que t'en à rien foutre de ses prod'! Et là ? : t'es sûr de conclure un bon price ».

Puis rien, pas de montée, rien. Du coup, le Hoffman, Pépé a pas mangé. L'inspectant à la lumière il a même fini par s'apercevoir que c'était une photocopie de trip.. « Eh Pépé tu veux un tarin de farine ? ». Tous les poteaux se sont foutu de sa gueule

Dans ce genre de cas, le seul moyen de rattraper l'affaire, c'est la batte. Il y en a toujours deux à l'avant du camion. Alors, rapidement : Pépé est venere, Pépé est parti en trombe, Pépé a retrouvé son carotteur, Pépé s'est fait fracassé par les potes du gars en question et Pépé s'est réveillé dépouillé dans un fossé. Plus de francs, plus de papiers : ça fait presque trois jours que Pépé fait la gueule.

« Pépé est jeune et joue encore au ti'boss » assumait Laryll, l'anglaise du crew -en pleine exctase-. On lui avait offert un Rolls rose, et elle avait rien dit.

« Putain de tafioles de merde. Putain les teufs, mais t'as vu la teuf putain Y'en a pas un qu'a bouger hein, pas un hein, y' a fallu qu'on me pisse dessus pour me capter » grimaçait-il  en boucle.

- Ouais ti-boss n'empêche qu'ils ont disparu » échotait tendrement Laryll en lui décontractant la nuque.

lemon A


LES TEKOS DU BONHEUR (3)


Au troisième jour les filles attrapèrent de l'appétit et tout le monde constata subitement pourquoi le camion était constamment gavé de chiens.

« Mais on est grave » réagissait Laryll

Globalement, les plus coupables furent ceux qui gueulèrent le moins fort.

Chacun fouillait ses poches pour trouver de l'argent .La cagnotte restait maigre tandis que Pier Hot tentait de se justifier pour ses francs.

« Mais y a que les français qui m'achètent des tazs !
_ c'est clair qu'avec ta gueule faut être camembert pour te faire confiance » compatit Pépé.
« N'empêche que c'est toujours pareil hein Pier Hot, quand y faut passer à la caisse y a toujours un bug ». relança Egérie Sam
« Et qui est-ce qu'à payé l'essence hein ? Tu peux me le dire ? C'est toi ? Toi t'ouvres la bouche et t'es bien contente que je sois là pour y mettre quelque chose dedans.
_ Ouais ben ce sera jamais ce que tu crois...J'préfère encore pomper du fuel.
_ Pourquoi tu fais chier comme ça ? Tu crois que je pouvais deviner que la bouffe c'était pour les chiens ?
_ Bon ça va tous les deux, y a qu'à faire du change. T'as qu'à filer 10 keus Pier Hot ? interrogea Gus.
_ Et pourquoi on bouffe pas ici ?» intervint Laryll, « y a plein de stand de bouffe, c'est pas cher et en plus y prennent les francs ».
_Ouais c'est bon les mecs qui te fourrent une chipolata dans deux biscottes indiennes on connais. Ooooooh une biscotte indienne !!! T'es tazée de nature ou quoi ?. Y a que de la bouffe de cheper ici. Non mais c'est vrai. Au village on va trouver des produits frais et pis des sssspécialités locales ». coupa Pier Hot
_ Va z'y l'aut' qui nous fait sa gonzesse. Et pis au village y a des vraies toilettes avec du vrai papier cul. Ah ! j'hallucine ». dédaigna Egerie Sam qui ne cédait jamais le point final.

La conversation se poursuivi un moment avant que Gus ne se porte volontaire pour les courses. Ils parti le long du chemin menant à la société munis d'un sac à dos et de deux bidons vides.