Je voulais rebondir sur ce passage du commentaire, par Nihil, "Archéologie de la Zone" :
Après ces années fastes, la Zone a entamé une espèce d'agonie interminable qu'on arrivait jamais a enrayer et qui a fini par devenir assez comique. Aucune initiative, aucun changement de ligne ne semblait faire revenir le site à son âge d'or, les piliers disparaissaient peu à peu, et une espèce d'inertie propre à tous les gros systèmes nous empêchait d'évoluer. C'est lorsque mon inspiration littéraire a commencé à chuter (usée par des idées de pus en plus ambitieuses et pénibles à réaliser) que j'ai tenté d'ajouter une partie visuelle au site, dédiée aux productions artistiques de ceux qui voudraient l'utiliser, et gardant l'esprit de la Zone. Sur cet échec, et profitant de la démocratisation galopante des réseaux sociaux, je suis parti faire ma carrière artistique ailleurs.
Je suis arrivé sur la Zone aux alentours de 2010.
Je ne sais pas à quel point tu suis l'actualité du site, ces dernières années.
De cette évolution "descendante", que tu considères comme une agonie, ne ressort pas, quelque part, une autre forme, plutôt cool, d'échanges entre auteurs, dans ce lieu si particulier qu'est la Zone ? Certes, les projets communs ne sont pas légions, et l'esprit initial du site, qui était d'abord une zone de déconne entre potes, avant de devenir un véritable site littéraire, avec tout son lot d'artistes prétentieux drapés dans leur égo boursouflé, n'est peut-être plus tellement présent ; toute chose évolue, et la nostalgie laisse souvent place à l'amertume. Pourtant, si on prend la peine de vraiment s'intéresser aux échanges qu'on y trouve, cette nouvelle Zone (toujours plus ou moins mourante, soyons honnêtes) reste pour moi une alcôve bien particulière, et bien secrète de ce web tentaculaire qui a tendance à tout ramener vers son bec, et dévorer toute singularité au profit d'une stérilisation de masse des individualités (cf Facebook, puis Instagram, son successeur direct, mais aussi tous les sites de littérature qui ne proposent qu'une espèce de cocon confortable où chacun se renifle le cul en espérant avoir un sucre en récompense de son obséquiosité).
Bon, la vraie question, la voilà (et après, ma gueule bordel) : est-ce qu'une ou plusieurs facettes de la Zone, telle qu'elle est aujourd'hui, trouve(nt) encore grâce à tes yeux, toi le démiurge qui a mis en branle toute cette absurdité ?
Le site s'est recentré, je le crois, sur l'écriture pure et dure. Et là où, en 2006, on voyait une bande de potes s'amuser à se balancer des gnons et faire preuve d'une mauvaise foi titanesque à l'égard de n'importe quel nouvel auteur qui ne faisait pas partie du cercle, on trouve aujourd'hui des débats précisément centrés sur le processus même d'écriture, (lorsque l'auteur demande un peu d'éclaircissement quant aux commentaires meurtriers qui accompagnent son texte, bien sûr. Autrement, il peut aller se faire enculer, cordialement).
Et sinon, le milieu des arts visuels, ça marche comment ? On suce, on avale ?