La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

DXM : le marteau hallucinatoire

Démarré par nihil, Avril 08, 2010, 00:20:56

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nihil

Le DXM est un hallucinogène qu'on trouve dans des sirops pour la toux, légaux et sans ordonnance. Ca se trouve aussi sous forme de gellules en vente libre, un peu moins gerbatoire.

Et donc, premier vrai trip au DXM hier : je me suis fait retourner comme une galette, je me suis fait concasser par la machine à rêve. C'était pas désagréable, mais j'ai senti que ça pouvait à tout moment déraper vers quelque chose que je ne préfère pas imaginer. En tous cas, je contrôlais plus rien du tout. La dose était plutôt faible pourtant. Soit je suis très sensible au produit, soit d'autres facteurs ont joué : par exemple le fait que j'avais pas bouffé depuis 24 heures et que j'avais dormi trois heures par nuit depuis trois jours (et bossé tous les jours). En tous cas je suis parti très loin.

Je vais sortit une évidence pour les connaisseurs, mais j'ai trouvé que physiquement c'était comparable à la kétamine, mentalement aux champignons. La différence avec les champignons, c'est la vitesse vertigineuse à laquelle ont défilé les visions, c'était pas du tout contemplatif, plutôt un mix de montagnes russes et de train fantôme que tu prends complètement bourré pendant qu'un pélican violet te bouffe les viscères. Truc du genre. L'impression de plus rien maîtriser, et que les pensées s'insèrent de force dans mon crâne, que ça déborde de partout.

Quarante-cinq minutes après la prise, plateau 1 typique : tout est un peu de traviole, je marche comme un débile, je m'amuse bien. J'en profite pour préparer quelques playlists pour plus tard. Peu à peu ça s'aggrave, c'est marrant de bouger, c'est n'importe quoi, mon champ de vision commence à saccader, à se séquencer en tableaux enchevêtrés. Je m'amuse bien mais je suis frustré d'être enfermé seul chez moi. J'avais prévu une longue soirée sans activités particulières pour bien en profiter, et je me retrouvais avec l'envie de bouger, de tester mes nouveaux membres en caoutchouc en conditions réelles. Alors je tourne en rond dans l'appart, je sautille à moitié, je m'ennuie vaguement. C'est drôle mais ça va cinq minutes. Je parle à une copine sur msn pour lui raconter. Elle me demande où j'en suis avec la nausée. Tout va bien de ce coté, je lui dis, et puis je me lève, et là d'un coup non : ça va plus. Direction les chiottes, bonjour la cuvette. J'ai les sueurs froides et le poignard dans l'estomac, je sais ce que ça veut dire. Mes chiottes, c'est devenu Silent Hill : les murs dégueulasses et crasseux (alors que j'avais fait le ménage trois heures auparavant) et mon champ de vision qui passe du jaune gluant au rouge sang. Blourg bouaarg. Ca y est c'est passé. Bon goût de bile entre les dents.
Ca va beaucoup mieux. Tout s'éclaire un peu, mon esprit se dépouille d'un peu de sa confusion naissante et je sens des vagues de soulagement déferler. Très agréable.

Peu à peu, ça s'accélère. J'essaye un peu de marcher, mais ça devient casse-gueule. Je vois les choses différemment, sous un autre angle, shroom-like. C'est comme si on avait demandé de peindre un intérieur de piaule à un céramiste grec, à un peintre de la renaissance, à un impressionniste puis à un artiste contemporain. Un même tableau mais très différent à chaque fois, et tout ça se succède dans ma tronche à vive allure, ça se chevauche, je comprends plus rien. Quand je bouge, je laisse derrière moi des traînées de visions qui s'effacent peu à peu comme des échos. Quand je m'arrête, les échos se stabilisent et m'entourent, me persécutant de visions difformes.
Aaah, la fente lumineuse sous mes stores... Je l'ai vue de manière très différente successivement, agréable puis pénible, fascinante puis dégoûtante. J'aurais du faire ça de nuit. Là j'y vois trop clair, ça m'empêche de laisser mon esprit voguer sans entraves. Globalement, je suis un peu trop déstabilisé pour trouver le trip agréable ou désagréable. Je me contente d'avoir froid ou d'être bien, d'être assis en position inconfortable ou allongé à l'aise, c'est ça qui colore le trip et le rend agréable ou pas. A ce stade, je préfère de loin mes trips aux chapignons : doux, contemplatifs, plein de vérités cachées qui se dévoilent. Là c'est un martèlement de visions absurdes dont je ne retire rien, et qui changent si vite que je n'ai pas le temps de les retenir. Je ne me sens ni bien ni mal, à peine intéressé. Je me force à me concentrer sur des visions pour le retenir plus tard.

Je m'allonge et mets un film. Au bout de dix minutes je m'aperçois que je n'y comprends rien et que j'ai envie de changer d'ambiance, alors je change. Pareil dix minutes plus tard. En fait je vois même plus l'écran, trop parasité par les visions. Quand je ferme les nuits, je sombre dans un étang de fractales rouges très mignonnes. Je laisse tomber les films et je mets la musique. Dark Ambiant, Inade (http://www.myspace.com/audiomythology titre Aion Teleos pour vous faire une idée) à tous les étages. Ca commence à être nettement plus intéressant. Dans la pénombre, au calme, les visions ont tendance à se stabiliser un peu, à être plus lentes et plus compréhensibles. Comme la surface d'un lac après qu'on ait jeté un caillou dedans. En fermant les yeux, elles se déploient et passent de l'abstrait au figuratif. Ca ressemble à l'hypnagogie, quand on s'endort et qu'on commence à rêver à demi-éveillé. Plusieurs fois, je me retrouve sur une sorte de balancier de métal avec Shiva à mes cotés. Puis dans une forêt de lierre, putain ça commence à être vraiment bon, la musique entre en résonance avec les visions, ça commence à tourner au mystique. Ca se synchronise, je grogne de plaisir, ça vibre de partout. Je passe de portes de verre, traverse des champs de bataille hantés de mendiants, je vois des mutilés, des gens dont les jambes viennent d'être fracassées par des mines. Il m'est donné de comprendre (pas ressentir, mais entrevoir) la quantité incroyable de souffrance physique qu'on peut alors ressentir. Quand les larmes explosent hors du corps sans qu'on puisse les retenir. A ce stade, je n'en suis plus à me demander si le trip est agréable ou pas, je ne suis tout simplement plus là. Mon organisme a faim et mon estomac gronde, mais c'est loin, tout ça. La faim est couverte par les visions. Je suis au centre de tout, entouré de cercles rougeâtres ondoyant, et le monde entier tourne autour de moi, mais non, j'ai un mur derrière ma tête, ma couverture de traviole, ça colle pas avec la symétrie parfaite de la vision. Hélas, je ne me sens pas en mesure de retirer de signification profonde à ce que je vois, contrairement à mes voyages sous champignons. J'ai juste une ou deux révélations de ci de là, l'une concernant le soleil et la lune, l'autre sur ma place en ce monde, et la manière dont j'ai laissé les mutilés derrière moi pour me retrouver au centre de l'univers. Aujourd'hui, si j'essaye d'exprimer ces vérités, elles ne veulent plus rien dire. L'ensemble était pas très introspectif finalement.
Je tripe à bloc.

On change. Je vais prendre une douche, pour voir, parce que j'ai encore un peu froid et j'ai envie de faire différent. Pleine lumière ce coup-ci. Evidemment les visions deviennent moins cohérentes, et je recommence à partir dans le kaléidoscope de l'après-midi, un puzzle de souvenirs, de visions déformées et de pensées aléatoires qui défilent à grande vitesse. Je me demande ce que ça ferait de bouffer du gel-douche. Je sens que ça commence à se tasser un peu, et les moments de lucidité se font plus présents. Là encore je serais bien en peine de dire si tout ça est agréable ou pas, je le prends juste comme ça vient, sans chercher plus loin.

Je retourne me poser devant un film, la descente est lente, très progressive, pas désagréable. Je me sens physiquement épuisé. Je renvoie un message à mon contact msn et je perds un peu les pédales en tentant de lui raconter. Me souvenir du champ de bataille me fait m'effondrer, je pleure à chaudes larmes. J'ai entrevu cette souffrance, cette horreur absolue où la mort est une délivrance. Sur le moment, ça m'avait pas marqué, mais là ça me chamboule.

Je fais un effort pour me calmer et rassurer mon contact, puis me couche pour m'endormir. C'était intéressant. Plutôt violent, plutôt intrusif, très rapide, et j'ai pas pu en retenir grand-chose de valable. L'impression de m'être retrouvé sur une enclume et aplati à grand coups de marteau hallucinatoire. La sensation d'un trop-plein de pensées qui m'a écrasé. Aujourd'hui, le monde ne m'a pas semblé différent. Mais les visions étaient extrêmement présentes, d'une intensité redoutable et rien que pour ça, j'aurai peut-être l'occasion de remettre ça, une autre fois. Dans quelque temps, histoire de digérer.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

lapinchien


nihil

#2
Oui, mais il faut le prendre par le cul.

(non, ça marche pas, c'est pas la même molécule)

Pour être clair, je fais pas la promo du DXM, c'est violent et pas à prendre n'importe comment. Je suis un débutant, pas à même de guider qui que ce soit. Donc je donnerai pas d'indications ni de marque, ni de doses, ce serait une trop lourde responsabilité. Y a pas beaucoup de risques avec ce prod, ni d'overdose, ni de psychose, ni de toxicité, mais on sait jamais. Mais bon, comme tout, c'est trouvable sur le net. Si y a des gens vraiment motivés, je peux en parler avec eux en privé.
Trafiquant d'organes
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lapinchien


Hag

#5
T'avais pris quelle dose ?
C'est bizarre (enfin non, c'est tout à fait normal pour ce genre de trucs), ça ressemble assez peu à mes rares expériences personnelle à basse-moyenne dose, qui étaient pour la plupart très contemplatives et physiques, et de rares effets purement visuels. Faut dire que j'ai surtout exploré le côté musical de la chose, à rester des heures à avoir mon corps et mon esprit vibrer au rythme de la musique. Sinon, c'est aussi super agréable à plusieurs (synchronisation des effets).  Et le [tagglepute], ça donne la chiasse.

nihil

Apparemment c'est très différent d'une personne à l'autre et d'un plateau à l'autre, donc difficile de comparer les expériences. J'avais une dose moyenne, sensée me mettre peu ou prou dans l'état que tu décris, je suis allé bien plus loin, mais faut pas sous-estimer le facteur jeûne et fatigue, qui ont clairement contribué à me faire perdre le contrôle. En l'occurrence, là, valait mieux que je sois seul.
Trafiquant d'organes
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Narak

Il va falloir qu'on ait une petite discussion...
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...

Hyenne

Pourquoi ce texte n'est pas publie ?
C'est le meilleur que j'aie lu sur la zone depuis un bail...

Narak

C'est vrai que ça serait une bonne idée de publier un texte qui nous ramènerait 8 millions de commentaires à base de de " tro mais ma gueule bordel, le DXM !!! " ou " ptin mais vou z'êtes vraiment d ouuuf faut pa ce drogé franchemen vous me filer lagerb bande de BATAR!!!!!!!!! "

C'est vrai qu'il mériterait d'être publié, ce genre d'article faisait vraiment partie du style zonard il y a quelques années. C'est regrettable que plus personne n'en écrive...
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...