La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Les héritiers de Kahun - 4 : Chutes

Démarré par sniz, Novembre 14, 2005, 09:23:03

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sniz

Et soudain, il n'y eut plus rien que cette éphémère sensation. Ce fut pour Vindu comme s'il était venu au monde à cette seconde précise. Le frisson pénétra par la pulpe des doigts, se propagea dans les phalanges, se scinda dans les poignets en trois ramifications qui remontèrent  dans les bras en s'enroulant autour des os, se combinèrent à nouveau aux épaules pour finir par serpenter autour de la colonne vertébrale. Instantanément, le dos se raidit et une bouffée de chaleur crépitante fut libérée dans l'encéphale. C'est alors que, les sens galvanisés par cette tornade psychique, il put apercevoir le spectre qui se déplaçait en suspension au-dessus du sol, dans un mouvement à la fois complexe et gracieux. Il lui apparaissait comme une combinaison de fils brillants repliés sur eux-mêmes qui s'étiraient et se tordaient dans les airs. Ils se nouaient tous en plusieurs points névralgiques d'où émanaient des lueurs mélodieuses et envoûtantes. De loin, ces courbes rougeoyantes ressemblaient à de fines volutes de fumée, mais en les observant de plus près on pouvait y distinguer les courants de Satya qui les parcouraient. Certaines d'entre elles s'ouvraient, s'allongeaient et, telles de minces tentacules rayonnantes, se joignaient quelques instants aux flux des plantes environnantes. L'entité s'immobilisa en face de Vindu. Ses nœuds produisaient des harmonies aux consonances incroyablement denses qui s'amplifièrent et absorbèrent la volonté vacillante du jeune homme dans l'irrésistible parfum des corolles lumineuses que ces chœurs développaient autour d'eux.

Instantanément, tout devint sombre. Il éprouva alors le besoin de vomir et par réflexe la bouche s'ouvrit en même temps que l'estomac se contractait. Il en sortit un long naja aux écailles noires qui, au fur et à mesure qu'il s'épanouissait dans les airs, devenait gigantesque. D'un coup de queue, il projeta Vindu sur son dos. Progressivement, le reptile lui semblait devenir de plus en plus monstrueux. Il s'aperçut bientôt que cette transformation s'appliquait à toute l'étendue qui l'entourait, ouvrant en chaque point des abîmes qui se creusaient dans toutes sortes de directions : son champ de vision intégrait la quatrième, la cinquième puis la sixième dimension... Leur nombre se multipliait à une vitesse sans cesse croissante. Il ne tarda pas à se sentir submergé par l'effroyable sensation de déséquilibre qu'il éprouvait à se déplacer dans cet espace vertigineux. Mais il se rendit rapidement compte que cela le rendait capable d'adopter tous les angles de vue possibles sur les choses qui l'entouraient. Il eut le sentiment d'en avoir une compréhension absolue, ce qui lui permit de retrouver rapidement son assurance et de suivre les mouvements du serpent, qui s'enroulait autour d'une structure démesurée. Lorsqu'il fut assez proche pour pouvoir comprendre ce qu'il en voyait, Vindu s'aperçut qu'il s'agissait d'un arbre*. Jamais il n'en avait vu d'aussi gigantesque. Il était composé de millions de réseaux de lois* enchevêtrés, que grâce à son extraordinaire faculté de perception il était en mesure de déchiffrer sans le moindre effort. Il pouvait clairement apercevoir les innombrables petits segments bleus luisants qui reliaient les paramètres*. Ebahi, Vindu comprit qu'il s'agissait de ce que les Théoriciens concevaient comme le mythique arbre* de la Connaissance, la superstructure qui contenait toutes les autres, la table qui permettrait à celui qui serait en mesure d'en supporter l'inconcevable complexité de connaître parfaitement tous les éléments de l'univers et les relations qu'ils entretiennent entre eux. A cet instant, le naja, qui avait tourné la tête dans la direction de Vindu, attira son attention sur un complexe de paramètres particulier, dont la forme rappelait celle d'une pomme. Il n'eut besoin d'aucune explication pour en comprendre instantanément la nature : c'était la loi* de la Certitude, le fruit ultime de la Synthèse. C'était une source intarissable de puissance, la clé qui permettait d'intérioriser l'arbre* de la Connaissance et de s'octroyer le contrôle parfait de tous les phénomènes naturels. La possession de cette loi* ferait de Vindu un dieu omnipotent.

Alors que, les yeux brillants de convoitise, il choyait déjà du regard cet incommensurable trésor qu'on lui offrait, une fissure se propagea dans son esprit pour, en une fraction de seconde, devenir un abîme béant. Non ! Tout cela était impossible. Ce ne pouvait être qu'une illusion. Les mots exacts que Kurtogdel avait employés le frappèrent comme un projectile : «Comme tout savoir humain, la Synthèse recèle une contradiction majeure : le méta-arbre* qui contient tous les arbres* stables possibles est lui-même instable.» La force avec laquelle il avait adhéré à cette affirmation, qui avait été d'autant plus grande que sa propre intuition lui avait depuis longtemps révélé cet état de fait, fut canalisée par sa volonté pour extraire son esprit de ce spectacle mensonger. L'ouragan de Satya qu'elle engendra désarticula les anneaux lumineux du spectre qui, dangereusement déstabilisé, entama aussitôt une manœuvre de repli.

Mais juste avant de disparaître, il réussit une dernière manipulation sur la conscience de Vindu qui, en l'empêchant de revenir à son fonctionnement habituel, la maintint dans un agréable état d'introjection où son esprit béat, libre des nécessités de l'analyse perceptive, pouvait voyager à sa guise dans les souvenirs. Il découvrit ainsi près de lui un bosquet composé d'arbres* que Pranaya lui avait projetés et qui exprimaient chacun une idée relativement complexe. Il entreprit de les parcourir lentement par la pensée :

«Grâce à la Synthèse, les Prajnas ont appris à extraire des profondeurs de leur être la mémoire que leurs ancêtres y ont accumulée. Certains d'entre eux se sont entièrement consacrés à cette tâche introspective. En interprétant et en recoupant les sensations qu'en voyageant ainsi dans le passé ils sont parvenus à extirper de leur corps, ils ont réussi à retracer leur histoire :

Il y a très longtemps, Prajnas et humains étaient semblables aux autres animaux : ils utilisaient leur cerveau presque uniquement pour analyser leurs sensations, et leur mémoire était peu développée. Ainsi, ils étaient capables de percevoir des choses qui plus tard, parce qu'ils en vinrent pratiquement à ne plus utiliser leur entendement que pour manipuler leurs souvenirs, leur deviendraient inaccessibles. Ils pouvaient ainsi voir les mouvements des Satya, et c'est pourquoi ils furent instinctivement attirés vers les zones où ces particules, qu'ils savaient participer de leur essence profonde, étaient en plus grande quantité. Les ancêtres des Prajnas avaient de cette manière découvert une région où ils s'étaient installés. Eydhen -c'est ainsi qu'ils l'avaient appelée- était suffisamment vaste et leurs aïeux assez peu nombreux pour que les humains, qui y avaient eux aussi été attirés, puissent en jouir également. D'inévitables guerres éclatèrent cependant et, après plusieurs générations au cours desquelles aucune des deux espèce ne parvint à s'imposer, un accord tacite fut entendu puis deux territoires furent constitués. Tous purent ainsi bénéficier de l'exposition aux champs de circulation des Satya, qui petit à petit développa leur corps, ainsi que leur conscience d'eux-mêmes et du monde. Ils découvrirent progressivement l'utilité et la puissance de l'esprit. C'est alors qu'humains et Prajnas empruntèrent des chemins bien différents. Les hommes avaient fini par considérer que la pensée était supérieure à toute autre chose. Ils avaient appris à interagir avec les flux de Satya qui circulent dans les profondeurs de la Terre, ce qui leur permettaient d'influer sur tous les êtres vivants de toutes les contrées. Ils appréciaient le pouvoir que cet art leur offrait. Ils voulurent devenir les maîtres de l'univers et imposer leur volonté à tout ce qui vit, sans pour autant s'y identifier en aucune manière. Ils étaient dans leur folie persuadés de tout connaître. Les Prajnas de leur côté,  qui avaient fait des découvertes similaires, loin de vouloir le dominer, avaient entrepris de fusionner avec le monde, en lui ouvrant leur corps : ils n'y retenaient plus les Satya et se laissaient complètement pénétrer par les flux venus des profondeurs terrestres. Ne pouvant rompre la paix établie, les hommes entreprirent de manipuler la circulation des Satya afin que le territoire des Prajnas ne soit plus irrigué de leur flot. Les négligences des humains, aggravées par la lutte qui s'ensuivit, rompirent l'équilibre qui s'était établi depuis la nuit des temps en Eydhen. Des volcans  surgirent de toutes parts, le feu du ciel s'abattit sur la terre et un déluge sans précédent noya tout ce qui vivait, jusque très loin au-delà des horizons. La Terre était meurtrie et elle était devenue malade. Tous furent contraints de quitter l'Eydhen, qui se nécrosa rapidement et devint une région désertique. Les hommes ne perdirent que leur pouvoir. Forts de ce qu'ils avaient gagné en Eydhen -et en premier lieu la conscience- ils s'adaptèrent très rapidement à la vie dans des sphères d'existence beaucoup plus basses et oublièrent leur passé glorieux.

Des échanges avec Kurtogdel ont permis des recoupements supplémentaires : certains hommes eurent tout de même la force de perpétuer certaines pratiques, sans vraiment les comprendre. Si bien qu'elles finirent par perdre leur sens originel pour devenir un pur instrument de pouvoir. Les Sibylles étaient par exemples capables de prévoir les pluies, et elles se servirent de cette capacité pour étendre leur influence sur les agriculteurs. Elles fondèrent l'empire de Kahun en utilisant de cette manière ce qui deviendrait la Synthèse.

Mais les Prajnas, eux qui étaient devenus la Terre, eurent beaucoup plus à pâtir de cette crise, puisque c'était aussi dans leur corps que se produisaient les cataclysmes. Les quelques survivants étaient très affaiblis. Pour une raison encore inconnue, contrairement aux hommes, ils ne pouvaient conserver un état de conscience élevé hors du champ d'influence des Satya. Ils errèrent donc comme des bêtes, dans une sorte de torpeur asthénique, pendant des dizaines de générations. C'est dans cet état que Kurtogdel les avait retrouvés. Il leur donna les moyens de revenir à une vie consciente et de chercher efficacement un lieu qui pourrait remplacer l'Eydhen. Après de longues recherches, ils trouvèrent finalement la région d'Habbel. Elle était déjà habitée par les grands singes que Vindu avait pu voir, et qui étaient eux aussi sur la voie de la conscience. Aussi pactisèrent-ils avec eux.

Bénéficiant de conditions favorables à leur résurgence, les Prajnas retrouvèrent, en une seule génération, ce qu'ils avaient perdu pendant si longtemps. Ils exploitèrent les découvertes de Kurtogdel dans le but de poursuivre les desseins que naguère leurs ancêtres avaient caressés. Grâce à leur travail, Habbel devint un site de plus en plus puissant. Et surtout, la Synthèse leur fournissait l'outil idéal pour se fondre à l'intérieur du monde. Ils purent, en utilisant le rêve* pour véhiculer le support de leur conscience, c'est à dire les Satya, à l'intérieur des autres formes de vie, créer une communication profonde avec un nombre croissant d'espèces végétales et animales, puis établir des accords avec chacune de leurs individualités. Ainsi par exemple, grâce à la puissance et la variété des moyens d'action qu'en tant que Prajnas ils avaient à leur disposition, ils pouvaient entretenir, selon les propres prescriptions de ces plantes –et donc de manière idéale- les arbres dans lesquels ils vivaient, et ceux-ci en retour créaient des niches, ayant une forme voulue, qui à eux-mêmes auraient été inutiles, mais dont les Prajnas avaient besoin pour s'abriter. Il en allait de même pour la nourriture, dont le prélèvement s'effectuait toujours en accord avec la plante concernée : maintenue par leurs soins en bonne santé, elle était toujours généreuse en fruits et les ils n'avaient qu'à exploiter le surplus de sa production. De cette manière, les Prajnas pouvaient se passer d'exploiter ou de détruire d'autres formes de vie, de transformer et aliéner leur entourage pour construire outils, meubles ou bâtiments. Une véritable symbiose avec les êtres de la forêt était alors possible. Cette capacité à communiquer les transcendait et les élevait au rang de médiateurs entre les espèces. Ils consacraient alors leur force vitale à l'établissement progressif d'une harmonie aussi complète que possible au sein de la nature toute entière, pour enfin s'effacer en tant qu'individus -qu'espèce, même- et se fondre dans l'univers. Ils étaient cependant conscients de la complète absurdité de leur quête, puisqu'ils savaient que jamais la violence, à laquelle ils participaient à chaque instant rien qu'en se défendant contre les germes de maladies que contenait l'air qu'ils respiraient, ne pourrait être exclue de l'incommensurable chaos qu'est l'univers. Mais cela ne les arrêtait en rien car, loin de se forger d'orgueilleux idéaux, ils ne se donnaient un tel objectif que parce qu'ils appréciaient simplement l'art de vivre qui en découlait.

Mais ce choix interdisait aux Prajnas de quitter Habbel, si ce n'était au prix d'une très rapide régression à un stade de survie inconscient : leur corps ne pouvait se passer des flux de Satya. Certains d'entre eux cherchaient à pallier ce manque en tentant de pactiser avec certaines espèces d'oiseaux et de développer un type de rêve* qui leur permettrait d'extraire des images de la mémoire des volatiles. Mais cela restait insuffisant. Les humains possédaient eux aussi un pouvoir puissant et pouvaient jouer un rôle décisif dans cette quête d'harmonie, pour autant qu'ils fussent capables de comprendre quel y serait leur intérêt. C'était là l'objet de la mission de Vindu : donner aux hommes les moyens de retrouver la puissance qu'ils avaient eu jadis en Eydhen et, pour leur éviter de gaspiller leur énergie à assujettir autoritairement leur environnement, de leur offrir la noblesse de se débarrasser de leur orgueil et de ne pas arbitrairement se considérer comme les propriétaires de la nature. Il s'agirait d'un long travail souterrain nécessitant la création d'une organisation secrète, qui transformerait progressivement et de manière imperceptible l'idée générale que se faisaient les humains de l'univers. Certains d'entre eux, dûment choisis pour la finesse de leur esprit, leur penchant à la création et surtout le pouvoir qu'ils auraient d'influer sur les mécanismes de pensée de l'ensemble de leurs congénères, recevraient régulièrement des flux de Satya dirigés par les Prajnas afin que, sans même qu'ils sachent comment, le champ de leur conscience s'élargisse. Et puisque les Prajnas ne pourraient quitter Habbel, il appartiendrait à Vindu, au moyen de constructions en pierre similaires à celles qu'il avait vues dans la crypte du monastère, de jalonner le parcours des Satya pour leur permettre d'accéder à des zones qu'à cause de la géographie ils ne pourraient peut-être pas atteindre sans une telle intervention. Habbel pourrait ainsi avantageusement remplacer l'Eydhen.»

L'esprit de Vindu était parvenu à la cime du dernier arbre*. Saisi par le sentiment de puissance qu'il éprouvait à dominer ainsi le paysage, il se laissa indolemment bercer par la brise qui faisait onduler la ramée dans laquelle il se trouvait. Mais au-dessus de lui, le ciel s'assombrissait rapidement. Les mouvements prirent rapidement de l'ampleur et une soudaine averse s'abattit sur lui. Puis le ciel s'embrasa et à cet instant précis tout commença à se figer autour de lui. Les gouttes de pluie et les feuilles mortes ralentirent leur course pour se suspendre, presque immobiles,  dans l'espace. Il put alors voir la foudre s'effondrer progressivement sur lui, à une allure de plus en plus lente. Lorsque le plasma lumineux atteignit la branche, Vindu s'y sentit inéluctablement aspiré. Aveuglé par les radiations internes du canal, égaré par cette étrange sensation de désincarnation, renversé en tous sens, il sombra dans une chute vertigineuse en direction du ciel. Au bout de quelques instants, il eut l'impression que sa descente était peu à peu freinée. Lorsque sa vitesse s'annula, il surgit de l'éclair tout comme il y avait pénétré. Il se trouvait au sommet d'une puissante montagne. Les nuées sombres se dissipèrent en quelques instants, découvrant à ses yeux un territoire immense, parsemé de grandes cités de pierre. En face de lui, sur le versant, se tenaient des milliers d'hommes prosternés qui lui offraient leurs richesses et leurs femmes. Ils avaient dus être très impressionnés par son arrivée spectaculaire. Il leva les bras à l'horizontale, comme il imaginait qu'un empereur ferait en telle occasion.

Mais au fond de ses oreilles résonna soudain une vibration aiguë, sous l'effet de laquelle Vindu eut l'étrange sensation de se dédoubler. Il restait là, face à ses adorateurs, tandis qu'une partie de lui s'extirpait de cette scène qui semblait en réalité se dérouler dans les pupilles fendues d'un serpent hypnotiseur. Son inspiration fut bloquée à la gorge et instinctivement il porta ses mains à son cou, pour découvrir que les anneaux du reptile se resserraient sur lui. Un arbre* que Pranaya lui avait projeté apparut alors dans son champ de vision : «Certains courants de Satya tendent à s'individualiser et peuvent se constituer en entités douées de volonté, capables d'interagir avec les Satya de ton corps. Une partie d'entre elles utilisent ce pouvoir pour amadouer les autres formes de vie conscientes que nous sommes, en faisant ressurgir les désirs les plus profonds qui les habitent. C'est pourquoi nous les appelons «tentateurs». Mais au moment où ton esprit cède à une telle entité, dans le but d'obtenir ce qu'elle semble t'offrir, elle s'empare de ta volonté pour t'utiliser comme un esclave. Tu réaliseras alors pour elle des actions impliquant une relation avec la matière, que sa nature volatile lui interdit d'accomplir par elle-même. Lorsqu'elle t'aura complètement épuisé, elle te rejettera et il te restera tout juste assez de forces pour mourir.» Après un bref instant de panique, ses abdominaux se contractèrent et pendant que celui qui était face à la foule rabaissait ses bras, la bouche de son double s'ouvrit silencieusement pour lancer un rugissement de fureur qui demeura muet. Alors la vibration se fit de nouveau entendre, les anneaux du reptile se desserrèrent, les deux univers se ressoudèrent, le temps ralentit, la foudre apparut au sommet de la montagne et l'absorba.

A son arrivée, Vindu sentit immédiatement qu'il n'avait pas réintégré son corps. Il se mouvait de la même manière que lorsqu'il était dans l'éclair, sans support matériel identifiable. Ses sensations étaient elles aussi inhabituelles : il pouvait «sentir» et se représenter ce qui se passait autour de lui, mais il ne le visualisait pas au sens classique du terme. Il se déplaçait sous l'impulsion de forces qui lui échappaient, et il se laissait mener par elles tantôt rampant dans l'humus, tantôt remontant les troncs et les branches des arbres pour virevolter dans les airs. La conviction qu'il était au cœur d'une forêt et qu'il faisait nuit s'imposa graduellement à lui. Il reconnut alors sans tarder la région d'Habbel. Les mouvements élégants mais néanmoins incontrôlés qu'il effectuait le menèrent dans des secteurs où à cause des réticences de son corps il n'avait jamais pu se rendre. Sa curiosité et son excitation grandissaient. Au fur et à mesure qu'il avançait vers ce qui lui semblait être le centre de la cité, il croisait de plus en plus de Prajnas. Il pouvait percevoir leurs flux de Satya psychiques se diriger tous de concert vers une même zone. Il tenta d'infléchir son mouvement dans cette direction. Mais il se produisit soudain une sorte de décharge dans son esprit : une tornade de scènes issues de sa mémoire, qui émergeaient et disparaissaient à la vitesse de plusieurs milliers par seconde, secoua violemment sa conscience tandis qu'une terreur insoutenable le pétrifiait. Cependant, lorsqu'il revint à lui, la seule chose qui restait dans sa conscience était un désir incoercible de renouveler cette expérience. Les centaines de Prajnas perchés alentours entamèrent alors en chœur une très douce mélopée, à peine audible, qui catalysa son excitation. Il continua de se rapprocher de ce qui semblait les absorber totalement. La Présence se fit alors sentir pour la première fois. C'était quelque chose de sombre et d'extraordinairement dense et massif. Vindu réussit à surmonter les vagues de panique qui déferlaient en lui, mais perdit le contrôle lorsqu'une série de décharges embrasa de nouveau ses pensées. Une lueur bleutée qui semblait tout absorber apparut soudain au loin et s'avança vers lui à une allure fulgurante. Mais juste au moment où cet ouragan d'émotions allait atteindre son paroxysme, tout disparut soudainement.  

Deux grands primates secouaient violemment Vindu en émettant des grognements où l'on pouvait percevoir un mélange d'agacement et d'inquiétude. Celui-ci ouvrit grand les yeux et les persuada de se calmer en leur manifestant qu'il était revenu à la réalité. Mais il sentit cependant que les conditions de ce retour n'étaient pas ordinaires : les souvenirs de son rêve, qui d'habitude s'étiolaient rapidement lors de son réveil, restaient fermement ancrés dans sa mémoire, comme s'ils provenaient d'une scène réelle. Ils étaient imprégnés d'un désir profond qui accapara immédiatement son esprit. Il lui fallait coûte que coûte retrouver le bracelet de Vesya, pour pouvoir pénétrer dans Habbel et rencontrer cette force qui venait de l'appeler. Où pouvait-il bien l'avoir perdu ? Une idée germa. Et si...

L'un des deux grands singes interrompit le jeu qu'il avait entamé avec son congénère pour tourner brusquement la tête. Ses narines se dilataient pendant qu'il inspirait. Il fronça les sourcils et leva la tête. Il eut à peine le temps de voir tomber sur lui le soldat qui lui assena un violent coup sur la tête. Vindu, qui furetait non loin de là, au pied de l'érable du haut duquel il avait vu pour la première fois les habitants d'Habbel, fut simplement plaqué au sol, le crâne maintenu contre l'humus par le pied d'un soldat. De là, il put apercevoir, à quelques centimètres de son visage, le bracelet qui gisait sous une feuille épaisse. Il s'en empara d'un geste discret. Une voix de femme articula : «retournez-le». Vindu la reconnut immédiatement. La Grande Rectrice avait gardé son encombrante toge blanche. Cette vision le ramena à un pénible état d'esprit, qu'il ne connaissait que trop bien, et dans lequel il n'avait plus été plongé depuis son départ de Kahun. Brusquement, il voyait ressurgir tout ce à quoi il avait cru avoir réussi à échapper. Il venait d'être immergé dans un mode de pensée qui, au regard des perspectives qu'il s'était ouvertes depuis son arrivée à Habbel, lui semblait complètement étriqué. La Grande Rectrice se tourna vers Dvitsevin : «C'est lui, vous en êtes certain ?». Celui-ci répondit d'un hochement de tête. Puis elle s'adressa à Vindu :

_J'étais curieuse de te rencontrer. Quelle ironie, ne trouve-tu pas ? Nous croiser ici, au moment précis où ton rôle prend toute sa signification... Mais je vois dans ton air ahuri que tu n'as aucune idée du jeu auquel tu as participé en venant ici. Figure-toi que je te connais très bien. On m'a parlé de toi tellement de fois ! Cela fait des cycles de lune que nous te surveillons de près. Tout ce qui t'est arrivé n'est que le fruit d'une regrettable erreur effectuée par nos services il y a bien longtemps. Je tiens à te l'expliquer : ce serait trop bête que tu meure sans savoir pourquoi. Il faut pour cela remonter à l'époque de Kurtogdel. Ceux qui exerçaient notre actuelle fonction savaient parfaitement qu'il était en train de monter un coup d'état. Ils connaissaient l'existence des Prajnas, mais ils n'ont jamais su où se trouvait Habbel, le camp de retranchement d'où ceux-ci mettaient en place leur révolution. La nuit où il sut que ses confrères allaient être tués, Kurtogdel monta un plan dont la réalisation dépendait d'un messager. Sachant que ce dernier devait joindre ses hommes de confiance et, tôt ou tard, les Prajnas, nos prédécesseurs devaient le suivre dans le but de découvrir l'emplacement de leur campement. Mais, à cause de la maladresse d'un de nos agents, Kurtogdel s'aperçut juste après son départ que son messager était suivi. Cette première erreur fut aggravée par une sous-estimation de la réactivité du vieux Théoricien. Il réussit a tuer à mains nues plusieurs gardes et à stopper le suiveur du messager. Cette intervention lui a coûté la vie, mais elle nous a empêchés de jamais découvrir Habbel. Nous avons bien organisé de grandes battues, dans tout l'empire et même au-delà, mais elles sont restées infructueuses, et pour cause : qui aurait pu soupçonner qu'il était possible de vivre et même de bâtir une cité dans une région aussi hostile ? C'est en surveillant les activités que Kurtogdel avait eues peu avant cette nuit fatidique que nos prédécesseurs ont su qu'il était en train de monter un machination. Ils pensaient à ce moment-là être en mesure de la déjouer, et c'est pourquoi ils l'avaient laissé agir. Mais après sa mort, ils ont compris que son plan était fonctionnel, qu'il était certainement assez subtil pour que ses rouages restent impénétrables et que, tôt ou tard, ses effets s'en feraient amèrement ressentir : les Prajnas représentaient une inquiétante menace de révolution. Constatant qu'ils ne se manifestaient pas, nos prédécesseurs essayèrent sans grand succès de décoder les messages que Kurtogdel avait disséminés dans l'Université. C'est moi qui ai eu l'idée que la mécanique de son plan devait utiliser l'idiosyncrasie du destinataire de ses messages, lequel semblait être un élève Théoricien. J'en ai donc fait placer beaucoup dans la cellule que tu as fini par occuper. Nous ne devions absolument pas intervenir, pour ne pas gêner le déroulement du plan. Quelques rares d'entre eux ont commencé à déchiffrer le code, mais tous tes prédécesseurs, apparemment déroutés par la bizarrerie du mode de communication, avaient abandonné le décodage. Toi, tu as tout réussi et nous avons pu te suivre jusqu'ici.

L'esprit de Vindu se refusait à comprendre les motifs pour lesquels la Grande Rectrice était ici.
_Que voulez-vous faire subir à Habbel ?
_Je te croyais plus intelligent que cela. Nous allons la détruire, bien évidemment. Vois-tu cette boîte ? Elle contient des taons qui transportent dans leur corps une forme de vie minuscule et invisible mais néanmoins implacablement féroce, que nos Théoriciens ont mise au point. Après un certain temps de latence, elle se répand à une vitesse fulgurante dans tout ce qui vit, hommes, Prajnas, animaux ou plantes, et y transforme l'eau liquide en vapeur. Pas assez vite pourtant pour pouvoir échapper à l'incendie que nous allons provoquer et qui, grâce au vent du soir et à cette sécheresse, se propagera plus rapidement encore. C'est un travail très délicat, mais dont nous maîtrisons parfaitement chacune des étapes. Et lorsque les Prajnas s'apercevront qu'ils seront contaminés, il sera déjà trop tard pour eux.
Vindu était abasourdi. Ce fut presque sur un ton plaintif qu'il murmura :
_Mais pourquoi désirez-vous tant détruire la civilisation des Prajna ?
_Vraiment, tu me déçois. Je t'ai expliqué qu'ils sont nos ennemis politiques. Ils représentent d'autant plus une menace permanente pour l'empire que nous savons que Kurtogdel, dans ces études sur la Synthèse, était parvenu à des résultats qui auraient pu lui donner une puissance technique décisive. Depuis tout ce temps ils ne nous ont pas encore attaqués, le Radharma seul sait pourquoi. Nous devons en profiter pour les arrêter avant qu'il ne soit trop tard.
_Mais... ne pensez-vous pas que leurs savoirs pourraient être utiles pour l'empire ?
_Nous avons déjà la Synthèse et une communauté de Théoriciens assez difficile à gérer, cela nous suffit largement. Nous n'avons que faire des découvertes des Prajnas. Nous avons les nôtres et nous n'éprouvons pas le besoin qu'elles changent.

A cet instant, Dvitsevin interrompit la conversation pour attirer l'attention de la Grande Rectrice vers les deux singes. Des soldats étaient sur le point de libérer le taon. L'opération était délicate : il fallait faire en sorte qu'il pique le singe, puis le tuer immédiatement, pour s'assurer de ne pas être contaminé. Vindu sut qu'il n'aurait sans doute plus aucune occasion d'agir. Il plongea sa main dans le sac qu'il portait constamment sur lui et en sortit la petite outre que Vesya lui avait remise. Il prit une bonne rasade du mélange puis chercha rapidement un projectile solide. Comme il n'avait que très peu de temps, il se résigna à utiliser le bracelet. Il l'envoya sur l'énorme nid d'insectes, qui se détacha de la branche du tapang où il était fixé et s'écrasa aux pieds de Vindu en laissant s'échapper un nuage d'insectes paniqués. Il fut abondamment piqué. Son psychisme bascula en un rien de temps et il éructa un hurlement qui paralysa les soldats. Il profita de cet effet de surprise et de la confusion provoquée par l'attaque des insectes pour fuir. Peu de soldats furent en mesure de le suivre, et il n'eut aucun mal à les semer. Mais, sous l'effet de la drogue, il perdait très rapidement le contrôle de ses processus mentaux. Toutes ses réactions redevenaient purement instinctives. Il finit par grimper dans un arbre pour s'y assoupir.

Depuis la lisère de la jungle, la Grande Rectrice regardait Sthula, médusée. Où avait-il pu trouver des chevaux encore vivants et des Umalates assez courageux pour ne pas fuir devant la moindre perspective de combat, comme il l'avaient tous fait face aux troupes impériales quelques cycles solaires plus tôt ? Ils avaient massacré tous les hommes qu'elle avait posté en arrière garde à la frontière de cette infernale région qui enclavait Habbel. Elle jaugea la situation en une fraction de seconde : les Umalates étaient en nombre total presque cinq fois moindre et, compte tenu de leur habileté au combat, ils ne représentaient pas une bien grande menace ; cependant, la plupart de ses soldats étaient en arrière, dans le couvert des bois ; leur position ainsi que leur nombre étaient néanmoins inconnus aux Umalates ; sa meilleure chance de rester en vie était de se fondre parmi ses hommes ; il lui fallait donc gagner du temps pour leur permettre de se regrouper autour d'elle. Aussi lança-t-elle à Sthula, d'une voix volontairement chevrotante  :
_Que faites-vous ici ? En quoi les Prajnas vous intéressent-ils ?
Sthula éclata dans un ricanement carnassier. Cela faisait des années qu'il rêvait de voir la Grande Rectrice trembler de peur devant lui. Il eut un frisson et une larme perla au coin de son oeil.
_Vous avez cru que vous pourriez m'écarter du jeu d'un revers de la main ? Les Prajnas sont les auxiliaires de la révolution des Vasitas. Nous sommes là pour défendre leurs intérêts contre vos manigances. Et permettez-moi de vous dire que vous ne sortirez pas vivante de ce mauvais pas. Je crois d'ailleurs que nous avons tous sous-estimé la capacité des Umalates à...

La tête de Sthula ne fut pas en mesure de terminer cette phrase. Elle décrivit une courte trajectoire aérienne avant de rouler au sol. En s'effondrant, son corps laissa apparaître Agresara, tenant son épée à deux mains. Sans un mot, ses guerriers dégainèrent et se ruèrent sur les soldats. Malgré leur écrasante infériorité numérique, ils n'eurent aucun mal à vaincre. Ils étaient d'un agilité et d'une souplesse telles que pas un seul d'entre eux ne fut touché par aucun des soldats impériaux. Ils sautaient en tous sens, effectuaient des vols planés, s'agrippaient aux branches, esquivaient tous les coups et tuaient à chaque geste. Leurs glaives en bronze, qui avaient été forgés dans les fonderies d'une lointaine contrée jadis pillée, brisaient net les archaïques épées en cuivre de leurs adversaires. Leur travail fut d'une telle précision qu'ils purent récupérer pour chacun d'entre eux un uniforme de soldat impérial intact, pas même taché d'une seule goutte de sang. Ils capturèrent la Grande Rectrice. Elle représentait le laisser-passer qui leur permettrait enfin de s'infiltrer dans la forteresse impériale.

Une violente douleur dans la cheville arracha Vindu à sa léthargie. Son sursaut épouvanta les vautours, qui s'envolèrent en poussant des cris sinistres. Les yeux clos, il se tourna sur le dos en se demandant ce qu'il faisait là. Un miracle qu'il n'ait pas été repéré par un félin. Soudain, il revit le rictus de la Grande Rectrice. Il sauta sur ses pieds et se mit à courir en direction d'Habbel. Il escalada la petite cordillère qui l'entourait et lorsqu'il en parvint au faîte, il resta estomaqué. Ses jambes flageolèrent et il s'affaissa au sol.

La journée était très avancée et du soleil émanait déjà une lumière orange. En dépit de sa tragique signification, la scène qui s'offrait ainsi à Vindu était d'une beauté saisissante. Un nuage de fumée se dégageait du bassin qui avait abrité Habbel et se dispersait en direction des montagnes. Ses volutes prenaient des myriades de teintes crépusculaires. La plus grande partie de la végétation était calcinée, et celle qui n'avait pas encore brûlée s'était complètement assombrie et racornie. Cette alliance inattendue de l'intolérable avec le splendide disloquait ses pensées. Il resta longtemps à regarder ce spectacle, immobile. Mais avec le temps, une pensée nette se cristallisa en lui : les intrigues dérisoires des politiciens de Kahun avaient mis fin à Habbel et aux prodigieux horizons qui grâce à eux s'ouvraient au monde. Sans même le savoir, le peuple de Kahun et ses héritiers paieraient désormais ce forfait de ses simples conséquences : ils demeureraient ignorants de ce que leurs ancêtres avaient été, les empires se succédant ils continueraient d'asservir avec ignorance et mépris les êtres qui les entoureraient, ils aliéneraient leur environnement direct en construisant des ustensiles, des machines et des bâtiments qui finiraient par les séparer complètement du monde -où les autres êtres subiraient la tyrannie qu'ils n'auraient plus qu'à peine la conscience d'exercer sur eux- et sombrant ainsi toujours plus profondément dans leur égocentrisme, jamais ils ne redécouvriraient les formidables possibilités que leur offre leur nature. Mais il resterait dans leurs légendes un mythe qui témoignerait du fratricide commis par leurs ancêtres. Ainsi, quelles que soient les formes qu'ils prendraient, tous se souviendraient des noms de Kahun et Habbel. Et quelques uns -très peu- sauraient.

Il faisait déjà nuit lorsque Vindu se sentit soudainement attiré vers le fond du bassin. Il se leva sans même contrôler ses gestes. Il dû lutter avec lui-même pour résister à cet appel. Autour de lui, les herbes et les arbustes se courbaient et s'étiraient dans cette direction. Les ruines d'Habbel attiraient vers elles tous les flux de Satya. Vindu décampa sans plus attendre et alla se cacher, sous terre. Depuis le fond de la grotte, il put voir la nuit être éclairée par une immense boule de feu qui, provenant sans doute du cosmos, traversa le ciel et s'écrasa sur Habbel, ébranlant violemment le sol et soulevant de gigantesques nuées de poussières.

Les Umalates, même s'ils étaient des guerriers sans égaux, ne pouvaient attaquer de l'extérieur une forteresse aussi bien gardée que le palais impérial de Kahun. Se faisant passer pour l'unité accompagnant la Grande Rectrice, ils purent y pénétrer sans encombres. Leur action fut si fulgurante que lorsque ils pénétrèrent dans les appartements de l'impératrice, l'alerte n'avait même pas été donnée. Ils la mirent publiquement à mort le lendemain, accompagnée de la Sibylle et son cortège de vestales et de Théoriciens, sur la grande place. Le Temple qui la dominait fut détruit, ainsi que l'Université. Dès lors, la ville leur appartenait. En très peu de temps, ils soumirent les villages de la région et y recrutèrent les adolescents et les jeunes hommes dont ils commencèrent immédiatement l'entraînement intensif. Agresara entreprit la reconquête de l'empire. Il espérait bien pouvoir conquérir le monde entier. C'est pourquoi il ordonna que sur les ruines du temple on érige une tour suffisamment grande pour que du haut il puisse embrasser d'un seul regard toute l'étendue de ses conquêtes. Il abandonna le nom de Kahun pour celui de Baâb-El. Et lorsque ses yeux se fermèrent pour la dernière fois, l'un des chefs de son armée l'ayant publiquement transpercé de son glaive, il se rappela le jour lointain où, au fond d'une grotte sacrée, il avait saisit le secret des Umalates, celui que chaque guerrier doit prouver avoir compris, mais que nul n'a le droit de prononcer : «Rien n'est vrai et tout est permis.»

Dourak Smerdiakov

Tyler est puni ? Il n'a plus le droit de poster ses articles comme tout le monde ? Ou bien c'est tout seul comme un grand qu'il s'est résolu à taper ses textes en quarantaine dans le forum ? Je suis sûr qu'il s'envoie des commentaires en mini-messages.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

Abbe Pierre

Ou alors que ce texte ne correspond pas avec LaZone donc nihil lui demande de le mettre sur le forum qui lui devrait correspondre à LaZone vu que c'est son nom mais ne correspond apparemment pas vu que ce texte est tout de même publié ici.

A moins que Tyler soit une majorette.

Aka

Mais vu que personne ne lit jamais les textes de Tyler, nous n'aurons jamais la réponse à toutes ces questions.
"Chuis votre plus grand fan, spoursa."
Monsieur Maurice, 17/04/2006

sniz

bin faut demander à nihil

ça m'amuse de jouer le mouton noir des zonards

nihil

Je sais que les qulificatifs "agressif, sombre, disjoncté et /ou drôle" regroupent sous leur bannière tellement de textes qu'on a l'impression que n'importe quoi passe sur la Zone les doigts dans le nez. Mais ce n'est pas le cas. Les héritiers de Kahun ne correspondent à aucun d'eux. Cette série, c'est de la littérature générale, ceci dit sans mépris aucun. Je ne juge pas de la qualité des textes que je publie (suffit de lire certaines bouses pour le constater), je juge simplement de leur adéquation avec l'esprit de la Zone.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

sniz

la BO de ce texte vient de sortir dans mon cul.
voilà la playlist

passagedelanouvelle : titre (artiste, album)

1. Ouverture : Nacarat (Hadouk Trio, Now)
2. Amertume : Pushit (Tool, Aenima)
3. Signes et énigmes : Indians desaparecido (Henri Texier azur quartet, An indian's week)
4. Le jour de Lohi : Joy (Shakti, The best of Shakti)
5. Rencontre avec Vesya : Making love on your side (Howie B, Folk)
6.  Les ruines du monastère : Oops!... I did it again (Britney Spears, Oops!... I did it again)
7. Hostile jungle : Forêt vierge (Gwem, Possession)
8. Les lumières de Pranaya : Nocturn (Mukta, Indian sitar & world jazz)
9. Sthula et Dvitsevin : El bozo, part 2 (Chick Corea, My spanish heart)
10. Songes : Hey blondie (Amon Tobin, out from out where)
11. La roue tourne / Fermeture : Bairagi (Anoushka Shankar, Anoushka)

Aka

Et merde même la BO est chiante à crever.

Quoi que, hey Nourz, regarde, y a du Britney !
"Chuis votre plus grand fan, spoursa."
Monsieur Maurice, 17/04/2006

sniz

quelqu'un sait-il pourquoi Aka se montre à ce point antipathique?

je la connais ni d'Eve ni d'Adam, j'ai échangé en tout et pour tout avec elle quelques lignes de textes sur ce forum et un mail, et  depuis un an, un commentaire seulement. J'ai jamais vu ça. Je sens qu'il y a des records à homologuer, là

ça vaut un sondage, ça tiens

Narak

Et tu as la prétention de t'imaginer qu'elle est odieuse seulement avec toi ?
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...

Aka

Ouais c'est vraiment qu'une méchante cette nana, elle pue du cul.

"Antipathique", "odieuse", un sondage... je me touche et je reviens.
"Chuis votre plus grand fan, spoursa."
Monsieur Maurice, 17/04/2006

Abbe Pierre

Ouais c'est une salope. Et puis, elle a pas eu de bracelet. Ah ah ah.

chicho

Et même pas de chaussettes ho !!!!!
Ah ben non en fait, ça on sait pas.

Aka

Citation de: Abbe Pierre le Décembre 23, 2005, 19:21:09
Ouais c'est une salope. Et puis, elle a pas eu de bracelet. Ah ah ah.

Pas grave il était moche. MOI j'ai pas fait la queue NEUF heures pour arriver à la même place que quelqu'un qui ne l'avait fait que DEUX.
"Chuis votre plus grand fan, spoursa."
Monsieur Maurice, 17/04/2006

Abbe Pierre

Donc t'as pas eu le droit à TF1..Ah non, mauvais contre-argument, merde.