Pour faire exploser Google ?
(source LCI)
Le débat sur la défense des libertés individuelles aux Etats-Unis rebondit avec le refus de Google de fournir au gouvernement les listes des résultats des recherches lancées sur son site, dans le cadre de la lutte contre la pornographie. Le géant internet américain a décidé de s'opposer au ministère de la Justice, estimant "abusif" qu'il cherche à obtenir une liste d'un million de sites web visités via le célèbre moteur de recherche, ainsi que tous les intitulés de mots-clés utilisés sur une semaine.
L'objectif du gouvernement est de défendre le bien-fondé d'une loi fédérale de 1998 destinée à protéger les enfants des contenus pornographiques accessibles en ligne. Ce texte est actuellement attaqué en justice par des défenseurs des libertés individuelles le jugeant contraire au premier amendement de la Constitution garantissant la liberté d'expression.
Menace sur tous les contenus sexuels
Selon l'Electronic Frontier Foundation (EFF), qui défend la liberté sur internet, la loi exige "des démarches difficiles et coûteuses" à tousceux qui veulent mettre en ligne des images ou vidéo de sexe. Tous les "contenus sexuels" sont menacés, selon l'EFF, même les "non-obscènes" ne montrant aucun enfant. Logiquement, les défenseurs des libertés civiles ont applaudi la résistance affichée par Google qui selon l'EFF a choisi de "défendre la vie privée de ses usagers dans cette affaire".
Parmi les piliers de l'internet, Google fait visiblement cavalier seul contre la loi COPA (Child Online Protection Act). Selon la presse américaine, MSN, AOL et Yahoo! se sont tous pliés aux requêtes du ministère de la Justice, Yahoo! soulignant l'avoir fait sans fournir d'éléments permettant d'identifier un usager. Ce dernier joue la prudence depuis que sa filiale à Hong Kong a été accusée d'avoir livré à la police chinoise des informations ayant conduit à l'arrestation d'un journaliste.
Une résistance coûteuse
De son côté, l'administration Bush s'est défendue des accusations d'atteinte à la vie privée. "Nous essayons de trouver les termes des recherches et les adresses URL, pas le nom des personnes qui téléchargent les contenus", a insisté un porte-parole.
Vendredi, alors que la Bourse de New York a fortement baissé, le recul de l'action de Google a été beaucoup plus prononcé que pour ses concurrents. Le titre a perdu 37 dollars soit 8,5%, clôturant à 399,46 dollars. C'est la plus forte baisse enregistrée par le groupe, introduit en Bourse en aot 2004. Sonia Arrison, du cabinet Pacific Research Institute, a jugé que s'opposer au gouvermement pourrait coûter cher à Google. "Je pense que cela va être coûteux pour eux, en termes de temps ou de documents judiciaires à produire", a-t-elle estimé.