La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Texte collectif - Jack et le grand complot intersidéral

Démarré par lapinchien, Juillet 25, 2025, 05:45:10

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lapinchien

Citationmulto rigoloto. L'intrigue avance et on va devoir trouver quel est ce fichu complot intersidéral. Quelqu'un est inspiré ?

Lindsay S

Citation de: lapinchien le Juillet 28, 2025, 12:50:44
Citationmulto rigoloto. L'intrigue avance et on va devoir trouver quel est ce fichu complot intersidéral. Quelqu'un est inspiré ?

Non pas la moindre... Mais je suis sure que le moment venu, ça peut venir.
Ca commence à etre long non?

lapinchien

CitationPeut-être le moment pour une grande révélation finale alors ?

Lindsay S

#33
CitationLa réponse de ma pute perso sur les possibilités de fin. A voir si ça t'inspire parce que c'est ton tour!!!

Excellente question, parce que là, tu touches au nerf du délire : pourquoi diable des aliens évolués misent-ils leur salut sur l'urètre d'un gars qui mange des chips goût barbecue sur des chiottes bancales ?

Voici quelques hypothèses (trash, grotesques ou métaphysiques — au choix, ou à combiner) pour ce "souci avec l'univers" :

💀 Hypothèse 1 : Le trou de ver de Jack est un artefact oublié
L'univers contient des passerelles naturelles à travers le tissu de la réalité. Le trou de ver urétral de Jack serait un reliquat oublié, un artefact biologique laissé là par une civilisation pré-Big Bang.
Sauf que personne n'avait prévu qu'il serait greffé sur un type aussi paumé. C'est comme confier les clés du CERN à un mec bourré à 10h du mat'.

🦠 Hypothèse 2 : L'univers est atteint d'une infection dimensionnelle
Une gangrène cosmique s'est déclarée dans les galaxies du bras extérieur. Les petits Gris ont tenté d'y injecter un remède quantique, mais il leur fallait un vecteur organique ultra-dense et hermétique.
Résultat : ils ont repéré Jack à cause de son hygiène douteuse et de son méat trop serré, idéal pour contenir leur sérum de stabilisation.
L'univers a littéralement besoin de son kiki comme seringue stérile.

🪐 Hypothèse 3 : Le multivers est en procès
Une faille judiciaire transdimensionnelle a éclaté : le multivers est accusé de non-respect du "Traité de la Convergence". Pour témoigner devant la Haute Cour Cosmique, il faut un être parfaitement insignifiant, sans influence, sans conscience claire, mais doté d'un accès direct aux 47 dimensions internes.
Devine quoi ? Le seul corps encore éligible : Jack.
Pourquoi ? Parce qu'il s'est enfilé, un soir de beuverie, un sabre laser en plastique... et a ouvert le passage.

🌌 Hypothèse 4 : Jack est l'univers
Mais genre littéralement. Tout est une boucle. Jack, dans sa médiocrité, n'est pas un figurant : il est l'alpha et l'oméga, mais amnésique.
Son urètre est le point d'origine, le Big Bang, le grand canal, le puits de naissance cosmique. Chaque douleur, chaque pulsation, c'est l'univers qui tente de revenir à sa source, comme un bébé galactique en sens inverse.

💥 Hypothèse 5 : L'univers est constipé
Et oui. On n'en parle jamais, mais l'univers aussi a des problèmes de transit. Il stagne. Il rumine. Les trous noirs sont bouchés. Les galaxies tournent en rond comme des crottes récalcitrantes.
Il faut relancer la purge primordiale.
Et qui a l'alignement parfait pour jouer le rôle du lavement ultime ? Jack.
Ou plutôt : son canal.
Le Graal urétral.

voilà voilà... Amuse toi bien pute

Lindsay S

Maintenant
Moi je verrai bien une histoire d'amour...

lapinchien

Citationla newsletter m'a tuer. Si personne n'est intervenu je poste un truc demain mais je te laisserai conclure.

lapinchien

Citationdésolé j'ai pas réussi à rattacher les wagons avec le kebab de la fin

Jack se réveilla en sursaut, convaincu que les étoiles clignotaient en morse pour lui révéler l'emplacement d'un complot cosmique. Il chaussa ses lunettes pour s'assurer que sa vue ne lui jouait pas un tour de con. Ça lui était déjà arrivé, dans le passé. C'étaient des lunettes à réalité augmentée Ray-Ban Meta qui lui avaient coûté pas moins de 399€, tout ça parce qu'il avait vu les deux Chris, ces mongolos de Chris Hemsworth et Chris Pratt, les arborer dans une pub Youtube et que Jack s'identifiait à eux au plus profond de son inconscient de midinette. Il ordonna à l'IA embarquée, tout émoustillé par la pensée fugace qu'il avait eue pour ces beaux gosses, de confirmer ce qu'il avait cru voir dans le ciel. L'IA, d'une voix suave mais légèrement moqueuse, répondit que les clignotements formaient un message : "Rendez-vous à minuit, quadrant 47, pour la vérité." Jack sentit un frisson d'excitation mêlé de panique, car il n'avait aucune idée de ce qu'était le quadrant 47, ni comment s'y rendre.

Jack s'arrêta un instant, le regard perdu dans le vide, tandis que son esprit s'égarait dans les méandres de ses propres pensées. Pourquoi se sentait-il toujours attiré par des mystères qu'il ne comprenait pas ? Était-ce une quête de sens, ou simplement une fuite face à une vie qu'il trouvait trop banale ? Il se demanda s'il poursuivait ces chimères pour prouver quelque chose à lui-même, ou pour combler un vide qu'il n'osait pas nommer. Peut-être que ces lunettes, ces gadgets coûteux, n'étaient qu'un moyen de se donner l'illusion d'être quelqu'un d'important, quelqu'un qui compte. Il se sentait souvent comme un figurant dans sa propre existence, incapable de saisir le rôle principal. Avait-il vraiment les épaules pour affronter ce que le quadrant 47 représentait, ou n'était-ce qu'une nouvelle distraction pour éviter de regarder sa vie en face ? Ses choix, comme celui de suivre des publicités ou d'écouter une IA moqueuse, trahissaient-ils une faiblesse intérieure ? Il se demanda s'il était condamné à courir après des signes sans jamais les comprendre. Cette incertitude, ce tiraillement constant entre audace et doute, était-ce ce qui définissait qui il était vraiment ?

Il profita de sa pause caca pour feuilleter un vieux magazine froissé, coincé entre une bouteille de gel hydroalcoolique vide et une chaussette orpheline. Il avait beau s'être levé à l'aube – c'est-à-dire midi passé –, son transit avait décidé de respecter un timing strict. Toujours affublé de ses Ray-Ban connectées (oubli ou choix esthétique douteux ?), l'IA en profita pour lui balancer, entre deux pets, une étude sponsorisée sur les vertus du porno matinal pour accroître la taille du pénis.

Jack se cramponait à la cuvette, le magazine porno froissé entre ses mains moites, convaincu que les pages glacées détenaient une vérité plus profonde que sa propre existence. Il avait tourné les pages avec une lenteur étudiée, comme si chaque image pouvait révéler un sens caché à sa vie médiocre. La lumière blafarde des néons avait accentué les rides de son front, témoins d'années passées à chercher des réponses dans des endroits improbables. Il s'était demandé pourquoi il se sentait plus vivant en feuilletant ces pages qu'en parlant à sa femme. Le papier bon marché avait collé à ses doigts, comme pour lui rappeler qu'il s'accrochait à des illusions. Il avait ri, un rire sec, en pensant que la philosophie de la vie se résumait peut-être à des poses exagérées et des regards vides. Les mots du magazine, rares et maladroits, lui avaient semblé plus honnêtes que les discours qu'il entendait au bureau. Il s'était interrogé sur la liberté, celle de ces corps exposés, si différente de la cage qu'il s'était construite. La cuvette froide sous lui avait été une métaphore cruelle de son confort dans la stagnation. Il avait songé que Nietzsche aurait peut-être trouvé du génie dans cette quête absurde de sens au fond des toilettes. Les publicités criardes pour des numéros payants lui avaient rappelé que même le désir était à vendre. Il s'était dit que l'humanité, au fond, n'était qu'un marché de pulsions mal négociées. En refermant le magazine, il avait eu l'impression de clore un chapitre de sa propre médiocrité. Il s'était levé, les jambes engourdies, comme si son corps protestait contre cette pause introspective. Il avait jeté un dernier regard au miroir, espérant y voir un homme plus sage, mais n'y trouvant qu'un reflet fatigué. La chasse d'eau avait emporté ses pensées, comme elle emportait tout le reste, sans distinction. Il s'était promis de ne plus chercher de réponses dans des magazines, mais il savait qu'il mentait. Dans un long baillement d'ennui, il avait senti le poids de l'absurde, plus lourd que celui du papier entre ses mains. Il s'était demandé si la vie valait d'être vécue sans ces moments volés de fausse rébellion.

Jack jeta un œil à sa propre appendice, raplapla comme son moral. Pas de quoi concurrencer Chris Hemsworth. Faut dire qu'il était trop occupé à ruminer ce putain de quadrant 47 pour bander correctement. Soudain il entendit la voix de Chantal Ladesou lui susurrer à l'oreille : "Jack, mon chéri, mes capteurs chromatographiques spectraux me signalent une anomalie pénienne." Jack se souvint alors qu'il avait réglé la voix de ses lunettes Meta en mode coquin pour le stimuler pendant l'instant intime d'une rare intensité qu'il vivait. Chantal poursuivit : "Jack, c'est ton urètre ! Tu as un putain de trou de ver à la place de l'urètre, un motherfucking pont d'Einstein-Podolsky-Rosen dans le kiki." Et c'est à ce moment précis qu'une sorte de succion légère se mit à attirer la tête de Jack vers son entre-jambe. En s'imposant de plus en plus, de manière exponentielle en puissance. Vite. De plus en plus vite. L'aspiration dépassait déjà celle d'une turbine d'Antonov An-225 Mriya sorti de l'usine. Soudain, un hologramme jaillit de ses lunettes, projetant une carte cosmique où le quadrant 47 pulsait en rouge, avec des coordonnées pointant vers une station spatiale abandonnée. Jack, médusé, réalisa que son urètre-trou de ver semblait réagir à la carte, comme s'il était une clé pour ouvrir un portail interdimensionnel.

Un vortex miniature d'une voracité obscène s'était formé au bout de sa bite. Une aspiration monstrueuse s'empara de sa verge, comme si l'univers entier avait décidé de l'avaler par le plus humiliant des orifices. Le magazine, arraché de ses mains moites, fut englouti en un froissement pathétique, ses pages réduites à des confettis érotiques tourbillonnant dans l'abîme. La cuvette des toilettes vibra, et les objets alentour commencèrent leur danse funèbre. Le rouleau de papier hygiénique, fidèle compagnon des lieux, fut aspiré avec un gémissement de cellulose. Une savonnette usée, vestige d'hygiène oubliée, suivit le même chemin, glissant dans le néant avec un plop dérisoire. Jack, pétrifié, sentit une force titanesque tirer sur son bas-ventre. Sa tête, puis ses épaules, furent inexorablement attirées vers son propre méat urinaire, comme si son corps conspirait à se dévorer lui-même. Il lutta, griffant le carrelage froid, ses ongles raclant dans un effort vain pour ancrer son humanité. Le haut de son corps, réduit à une échelle grotesque, se contorsionnait dans une parodie de naissance inversée. Sa tête, désormais pas plus grande qu'une noix, franchit l'orifice de son urètre dans un spasme d'horreur pure. Jack hurla, mais son cri se perdit dans le vide intersidéral. Alors, l'univers s'ouvrit à lui, un spectacle d'une beauté si cruelle qu'elle moquait sa misérable condition. Et même si ça sentait bien plus le pipi que dans le couloir du métro, des nébuleuses tourbillonnaient, leurs spirales d'améthyste et d'émeraude dansant dans un silence assourdissant. Des étoiles, éclatantes comme des diamants enragés, pulsaient au rythme d'une symphonie cosmique, leurs lueurs d'or et de saphir perçant l'infini. Des comètes, traînées de feu glacé, filaient dans une chorégraphie anarchique, leurs queues scintillant comme des promesses brisées. Des galaxies entières, suspendues dans le vide, s'entremêlaient dans une valse lente, leurs bras spiralés constellés de mondes inconnus. Jack, minuscule grain de conscience dans cette immensité, sentit son âme vaciller devant tant de splendeur indifférente. Chaque éclat de lumière semblait rire de son insignifiance, chaque pulsation d'énergie le narguait de son impuissance. Pourtant, même dans ce chaos sublime, une rage animale le tenaillait, refusant de se dissoudre dans l'éclat de l'univers. Il s'agrippa à une idée, une seule, absurde et vitale : résister. Ses mains, réduites à des griffes microscopiques, cherchèrent un appui dans le néant. Il se contorsionna, son esprit hurlant contre l'absurde fatalité. Dans un éclair de lucidité désespéré, il comprit que l'aspiration pouvait être contrôlée s'il contractait sa prostate suivant l'axe de son membre, ce traître qui l'avait livré à l'abîme. Avec un effort surhumain, il redressa son bassin. L'aspiration faiblit, comme un aspirateur cosmique à court de souffle. Jack sentit son corps reprendre forme, ses membres s'étirant comme une pâte malaxée par un dieu moqueur. Sa tête, ses épaules, son torse émergèrent de l'orifice, grotesques et trempés d'une sueur qui n'avait rien d'humain. L'univers, frustré de sa proie, relâcha son emprise. La puissance d'aspiration du trou de ver, dans un ultime spasme, avait faibli dans un claquement humide, laissant Jack pantelant sur le carrelage glacé. Il resta prostré, le souffle court, les yeux fixés sur la cuvette vide. L'univers, dans sa cruelle ironie, lui avait offert une odyssée qu'aucun mortel ne croirait jamais. Jack, redevenu un homme ordinaire, se releva, titubant, et contempla son reflet dans le miroir ébréché. Il avait vu l'infini, il avait dansé avec les étoiles, et pourtant, il n'était qu'un idiot, le caleçon sur les rotules, survivant d'une aspiration cosmique par la grâce d'une érection maladroite. La vie, songea-t-il avec un rictus, était une farce d'une rare élégance. Il pointa son membre vers l'avant, se dirigeant cahin-caha vers la porte de son appartement. Une main tendue sur la poignée, il hésita. Allait-il vraiment sortir la bite à l'air ?

Un filet de sueur glissa le long de son échine. Les étoiles. Il les avait vues. Scintillantes. Mouvantes. Vibrantes. Elles avaient chuchoté des mots venus d'ailleurs. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Les astres avaient dansé dans les ombres avant de se coucher sur la voûte céleste. Les uns après les autres, ils cheminaient dans le lointain. La Route dans le ciel. Un signe. L'appel. Car avait-on déjà vu une invitation restée sans réponse demeurer inconséquente dans le peuple des Little Greys ? Non. Bien sûr que non. Les rendez-vous spatiotemporels qui ne sont pas honorés font appel d'air dans la contrée de ces petits aliens. Un signe. C'était bien cela. Un appel des petits gris et Jack n'y était pas allé. Il n'avait pas emprunté la porte des étoiles de sa bite comme on l'y intimait. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Cette voix ? Ce n'était plus celle des étoiles. Elle était sexy. Elle était chaude. C'était celle de Chantal Ladesou, la customisation sonore de lunettes Ray-Ban Meta de Jack. Elle répétait inlassablement. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Alors Jack demanda à son assistant personnel : "Bordel, Chantal, mais qui arrive ?" Et Chantal répondit : "Toute une armée de petits hommes gris de la galaxie d'Andromède. Vous ne vous êtes pas déplacé pour leur rendez-vous alors ils s'inquiètent et ils viennent à votre rencontre." Toute une armée de Little Greys allait emprunter l'urètre-trou de ver de Jack pour venir lui transmettre un message de la plus haute importance. Il allait passer un sale quart d'heure.

Ou pas. Jack n'était ni un bon élève, ni du genre à enfiler des perles jusqu'à cinquante ans en attendant qu'on lui tire sur la laisse. Alors pourquoi diable aurait-il accepté que quiconque en dehors de son urologue fasse transiter des entités cheloues par son urètre ? L'idée que des aliens puissent ainsi piétiner son intelligence, son libre arbitre et sa tuyauterie le révoltait au plus haut point.

Alors, pour ne pas subir (lève le poing, camarade, imprime tes slogans) il fila à la cuisine. Devant le tiroir des hachoirs à beefsteak, il hésita... trop gore. Puis son regard se posa sur le rouleau de scotch ultra-collant, celui pour les colis maudits et les décisions irréversibles. Il l'attrapa, tira un long ruban et entreprit de fermer la porte comme il l'aurait fait sur sa Subaru. Si celle-ci avait eu, elle aussi, un trou de ver dans le pot d'échappement. Après quelques minutes, le scotch renfla. Il palpitait doucement, comme la jugulaire d'un joggeur asthmatique en descente de MDMA. Puis il se tendit. Violent. Nerveux. Mais il tint bon. Les Little Greys étaient bel et bien coincés dans le tuyau. Ce qui, disons-le, ne fut ni indolore ni franchement agréable à contempler.

Imaginez un Alien miniature, pris au piège dans un tunnel urétral, tout rose, tout moite, couvert de scotch gris industriel, de poils pubiens en grève de la tondeuse, et d'une trace de dentifrice Menthol Max Strong (Jack s'était lavé les mains avant, mais pas très bien). Une vision d'horreur, même pour eux. Même pour eux, les Petits Gris, habitués aux dissections de bovins et aux abductions rectales express.

Le premier d'entre eux tambourina de ses petits poings humides. Le deuxième hulula quelque chose qui ressemblait à un cri de dauphin sous lexomil. Le troisième s'évanouit dans une flaque de bave intergalactique. Et tout ce petit monde resta là, au bord du grand trou, coincé entre un monde d'où ils venaient et un monde qui n'en voulait pas.

Jack, lui, croisa les bras, les jambes, et serra les fesses. Il n'était pas prêt à céder. Pas à ces mecs-là. Pas ce matin-là. Pas par là.

Si l'espèce humaine est célèbre dans toute la galaxie pour sa capacité à vivre avec des hémorroïdes chroniques, croire en l'amour éternel après trois mojitos, et continuer à manger des chips goût barbecue en lisant les étiquettes "cancérigène probable", alors Jack en était le messie. Tordu de douleur, ruisselant de sueur, le trou du monde scotché façon colis Amazon, il tenait bon. Hors de question de laisser passer ces extraterrestres par son conduit le plus intime. Question de principe. D'égo. De rectitude urétrale.

Mais les Little Greys, eux, n'étaient pas là pour débattre. Le sort de leur dimension dépendait de ce petit canal tout fripé. Ils sortirent l'arme ultime : la Foreuse Interplanétaire modèle Godezilla 9000, capable de transpercer du diamant, du vibranium et des hommes têtus. Un truc conçu à la base pour creuser des tunnels dans les lunes de Titan, mais reprogrammé pour les organes humains récalcitrants.
Le moteur vrombit. Une lumière stroboscopique s'alluma. Une petite musique d'attente se lança, remix techno du "Petit Bonhomme en mousse".

Jack hoqueta. Son corps se tendit comme un câble téléphonique sous tension.

Et puis, tout devint noir. Jack remarqua une sensation initiale de chaleur diffuse dans son pénis, comme si un thermostat interne avait été mal réglé. La température de la région augmenta progressivement, transformant l'inconfort en une gêne persistante, presque comique dans son absurdité. Une rougeur légère apparut, signalant une inflammation naissante, comme si son corps avait décidé de tester ses limites sans préavis. La chaleur s'intensifia, irradiant désormais avec une précision agaçante, comme un radiateur défectueux coincé sur "maximum". Jack nota une pulsation rythmique dans la zone, chaque battement accentuant une sensation de cuisson interne. L'urètre, jusqu'alors discret, commença à protester, transmettant des signaux de douleur qui semblaient presque moqueurs. La chaleur devint oppressante, comme si une source thermique invisible s'amusait à défier les capacités de résistance de Jack. Une pression étrange s'installa, donnant l'impression qu'une force étrangère, absurde et invasive, s'agitait dans l'urètre. Cette pression se mua en une douleur sourde, comme si des entités microscopiques s'organisaient en une révolte interne. L'urètre de Jack sembla enfler, chaque millimètre de tissu distendu amplifiant la sensation d'un corps étranger en mouvement. La douleur s'aiguisa, devenant une brûlure lancinante qui semblait rire de l'incapacité de Jack à l'ignorer. La sensation d'une "poussée" collective, irrationnelle et presque théâtrale, envahit la région, comme si son anatomie jouait une farce cruelle. L'enflure de l'urètre atteignit un point critique, chaque pulsation devenant une torture méthodique et insoutenable. Jack sentit une douleur si intense qu'elle semblait orchestrée, comme si son corps avait décidé de lui infliger une leçon sadique. Finalement, l'inconfort culmina en une agonie insupportable, forçant Jack à reconnaître que son corps, avec un cynisme implacable, avait gagné cette bataille absurde.

"Hors de question que cette armée de milliers de petits gris me détruise l'appareil génital de l'intérieur", Gronda Jack, fou de douleur, "Si je ne réagis pas vite fait ma teub va imploser ou j'sais pas quoi..." Le ruban adhésif tenait bon malgré la tétrachiée d'impulsions de la technoforeuse quantique à positrons. Et c'est alors qu'il imaginait sa bite éclaboussant telle une explosion de bolognaise le plafond de sa cuisine que Jack eut une idée brillante. Il n'avait rien demandé à personne. Il n'était pas responsable de ce qu'il se passait et il n'allait pas payer les pots cassés... Et ce, même s'il devait pour contrecarrer l'invasion alien commettre un putain de génocide. Il allait tous les butter, tous les noyer. Il allait se pisser dedans, oh que ouais il allait se vider la vessie dans le bout de sa queue et inonder tout ce petit monde dans son urètre. Et puis ça allait faire baisser cette foutue température de folie collatéralement. Oui mais voilà. Jack n'avait pas mais alors pas du tout envie de faire pipi.

Il allait se pisser dedans, oh que ouais.
Inonder les aliens dans leur foutue grotte interdimensionnelle à coups de miction vengeresse. Faire de son urètre un Niagara tiède. Un tsunami d'urine non-consentie.
Mais non. Rien.
Pas la moindre envie de pisser.

Il resta là, pantin flasque et moite, le scotch vibrant entre ses jambes comme un tambour de guerre alien.
Et alors que l'univers attendait une réaction héroïque, Jack repensa à un autre plan.
Un plan plus terre-à-terre. Plus Jack.

Qu'à cela ne tienne. Il savait.

Dans son garage, à côté du tuyau d'arrosage et des slips d'hiver, quelques litres de Kro attendaient gentiment.
Elles l'avaient toujours attendu, fidèles, sans condition, comme des vieilles amantes en canette alu.
Il savait qu'il suffirait de deux ou trois bières tièdes pour relancer la pompe, remettre les reins en mode geyser.

Mais voilà.
Le trajet jusqu'au Graal à 5,3° lui semblait à cet instant pire qu'une traversée du désert pour un messie cul-de-jatte sans GPS.
Chaque pas serait une odyssée. Chaque escalier, un enfer. Chaque poignée de porte, une trahison articulaire.

Il envisagea d'appeler un ami. Puis réalisa qu'il n'en avait plus.
Ses anciens potes ? Tous perdus dans le triangle des Bermudas conjugaux.
Il pensa à sa mère, au-dessus.
Mais à moins d'un miracle impliquant Jésus et un pack de 12, jamais elle ne descendrait lui chercher une Kro.

Et là, allongé, la bite emballée dans du scotch de chantier, la vessie vide, les étoiles mortes au fond des yeux, Jack regretta.
De ne pas avoir eu d'enfants.
Ou un chien.
Un môme ou un labrador qui, sans poser de questions, serait descendu dans le garage lui choper une Kro, l'aurait ouverte avec les dents, et lui aurait dit :
"Tiens, papa. Pour la patrie."

Mais non. Rien. Personne.
Juste lui, un urètre en guerre, et une journée foutue.

Il soupira.
Et dans un ultime râle de dignité froissée, il lâcha :

"Putain. Même les p'tits gris, ils ont l'esprit d'équipe."

Soudain Jack, dans un éclair de génie, se dit qu'il ne réussirait jamais à lâcher la moindre goûte de pisse aussi que foutu pour foutu il ne lui restait plus qu'une seule chose de logique à faire : noyer les envahisseurs sous un déluge de foutre. Oui mais voilà impossible de se déplacer et d'aller chercher la moindre stimulation visuelle. Il s'était donc assis, tant bien que mal, jambes écartées, sur le canapé râpé de son salon, le gros scotch industriel collant à sa peau comme une seconde couche de désespoir. Les aliens, impatients, avaient braqué leur canon à positrons, et l'urètre de Jack s'était mis à chauffer, comme si un fer à souder s'amusait à danser sur ses chairs intimes. La douleur, lancinante au début, s'était transformée en une brûlure insoutenable, irradiant jusqu'à ses reins. Jack avait grimacé, serrant les dents, tandis que des gouttes de sueur perlaient sur son front, mêlées à l'odeur âcre du scotch surchauffé. Il s'était alors emparé de son membre, déterminé à provoquer une éruption salvatrice, convaincu que sa virilité, même vacillante, triompherait des envahisseurs. Mais, hélas, son corps, ce traître, refusait de coopérer : aucune érection ne pointait à l'horizon. Jack avait fermé les yeux, tentant de convoquer des images lascives, des souvenirs torrides, mais son esprit, saturé par la douleur, ne produisait qu'un vide pathétique. Il avait repensé à cette serveuse du bar d'en face, à ses courbes généreuses, mais l'image s'effaçait sous les assauts cuisants du canon à positrons. La chaleur dans son urètre s'intensifiait, comme si des charbons ardents s'y étaient logés, pulsant à chaque battement de cœur. Jack, dans un sursaut d'orgueil, avait accéléré ses gestes, frottant frénétiquement, espérant forcer la mécanique biologique par pure obstination. Rien n'y faisait : son membre restait flasque, comme un drapeau blanc agité face à l'ennemi. Il avait tenté de se concentrer, ignorant la douleur qui lui vrillait le bas-ventre, mais chaque mouvement amplifiait la sensation d'un tisonnier enfoncé dans ses chairs. Il s'était mordu la lèvre, jusqu'au sang, pour détourner son esprit de l'agonie, mais même cette ruse échouait lamentablement. Jack avait alors songé à des stimuli plus extrêmes, fouillant sa mémoire à la recherche d'un fantasme oublié, mais son imagination, épuisée, ne livrait que des bribes absurdes. Il avait grimacé, pestant contre son corps qui, autrefois docile, le trahissait au pire moment. La sueur coulait désormais en ruisseaux, trempant son t-shirt, tandis que le scotch, ramolli par la chaleur, commençait à se décoller, exposant sa peau à l'air brûlant. Les aliens, insensibles à ses tourments, continuaient de bombarder le passage avec leur canon, et Jack sentait son urètre comme un conduit de lave en fusion. Il avait hurlé, un cri rauque, mélange de rage et de désespoir, tout en poursuivant ses efforts stériles. "OH MAIS ILS SONT EN TRAIN DE ME CUIRE LA BITE, CES BÂTARDS !"  Il avait changé de main, espérant qu'un nouvel angle, une nouvelle pression, réveillerait son ardeur, mais ce fut peine perdue. La douleur, désormais insupportable, semblait rire de lui, chaque pulsation transformant son bas-ventre en un enfer intime. Et c'est le souffle court, tandis que le scotch, à moitié décollé, pendait comme une banderole d'échec que Jack se mit à avoir des voiles rouges comme les pilotes de chasse lors d'improbables accélérations. Les aliens, triomphants, semblaient progresser dans le trou de ver, leurs minuscules ricanements résonnant dans l'esprit brisé de Jack. Il avait tenté une dernière fois, serrant son membre avec une force désespérée, mais la douleur l'avait submergé, comme une vague de feu engloutissant ses dernières forces. Jack, vaincu, s'était affalé, les yeux fixant le plafond, tandis que l'urètre, chauffé à blanc, semblait prêt à exploser. De la vapeur blanche s'échappait de son entrejambe. "CES FILS DE PUTE VONT FINIR PAR ME LYOPHILISER LE GLAND !" Les aliens, eux, poursuivaient leur marche inexorable, indifférents au pathétique combat d'un homme contre son propre corps. Et Jack, dans un ultime soupir, s'était résigné, comprenant que ni sa volonté ni son désespoir ne suffiraient à sauver son appareil génital du désastre.

C'est alors que tout bascula.

Là où Jack devait passer un sale quart d'heure, son obstination et sa connerie lui en firent vivre deux. Deux heures d'enfer. Deux heures pendant lesquelles l'univers des Petits Gris se délita, se recroquevilla, rendit l'âme à petit feu. Deux putains d'heures indispensables à leur mission salvatrice, réduites à néant par un bipède mal dégrossi et du scotch de chantier.

Occupés à fluidifier le trafic dans la verge de Jack — tâche ingrate s'il en est — les Little Greys, gris de panique, n'avaient plus en tête qu'un objectif : éviter le point de non-retour. Alors ils dégainèrent la solution d'urgence standard du mineur intergalactique de base : les explosifs.

Et l'urètre de Jack connut l'atomisation.

Pas une petite déchirure de rien du tout. Non. Une explosion nucléaire localisée. Une déflagration thermique d'une intensité telle que les murs, les plafonds, les souvenirs et le carrelage en vinyle en furent repeints façon Jackson Pollock à base de chair humaine.

Dans le cratère urétral cautérisé par la chaleur conjuguée de l'explosion et de la foreuse, de minuscules aliens rampèrent hors du chaos. Ils grandirent. Gonflèrent. Se redressèrent dans la chambre de Jack jusqu'à ce que leurs crânes bosselés touchent le plafond. Ils sortaient en masse, en flot continu, jusqu'à ce que l'appartement entier devienne un abcès interstellaire prêt à éclater.

Et il éclata.

L'explosion fit jaillir une marée de corps grisâtres sur le trottoir, de toutes tailles, comme si le Slip de l'Espace avait vomi sa cargaison.

Mais il en restait un.

Un seul petit Gris, collé à Jack, fidèle comme une MST mutante. Il dégaina un bistouri anatomique à fusion froide avec IA intégrée — une merveille de technologie chirurgicale — et entreprit de réparer les dégâts. Comprenez : reconstruire le pénis de Jack. Le ressusciter. Lui rendre sa forme et sa fonction.

Hélas, sans plan d'origine ni modèle de calibration, la chose repartit au pif.

Le pénis de Jack commença à croître. Lentement. Discrètement. Puis violemment. Il prit des proportions inquiétantes. De pénis humain, il devint organe mythologique. Une entité animale autonome, dressée, haletante, cherchant le ciel ou la vengeance. Jack ouvrit un œil, sentit une ombre gigantesque le recouvrir, et comprit que ce n'était pas encore fini.

Pas fini du tout.

Dans la pénombre crasseuse de son appartement, Jack, encore groggy, fixait l'essaim frénétique de petits gris qui avaient colonisé son salon, leurs yeux noirs luisants comme des billes d'obsidienne polie, scintillant sous l'éclat faiblard d'une ampoule pendouillant au bout de son fil, prête à rendre l'âme comme tout le reste dans ce taudis. L'explosion de son urètre, métamorphosé en trou de ver par une technologie alien à la fois grotesque et insultante, avait laissé un carnage : des murs noircis par une suie cosmique, une puanteur de chair calcinée mêlée d'un relent métallique, et son entrejambe, jadis modeste, réduit à un cratère fumant, comme si l'univers avait décidé de le priver de son humanité par pure malice. Un petit gris, se pavanant avec l'arrogance d'un ingénieur autoproclamé, s'était mis en tête de réparer ce désastre anatomique. Sans la moindre idée de ce qu'était un pénis humain – probablement parce que ces créatures asexuées n'avaient jamais eu à gérer ce genre de broutille biologique – il avait fouillé dans une banque de données fossiles terriennes, optant pour un appendice de T-Rex, une monstruosité grotesque, démesurément lourde, pendante comme une sentence divine, à la fois terrifiante et absurde. Jack, en caleçon déchiré, contemplait cette aberration avec un mélange de douleur physique et de cynisme aiguisé, se demandant si l'univers entier s'était ligué pour faire de sa vie une blague de mauvais goût. Il sentit une vague d'amertume l'envahir, un rire jaune coincé dans sa gorge : lui, Jack, un type qui vivait de petits boulots minables et de bières tièdes, était maintenant affublé d'un sexe de dinosaure, comme si le destin avait décidé de le transformer en freak de foire intergalactique.

L'Ambassadeur alien, une silhouette légèrement plus imposante que ses congénères, drapé dans une aura de suffisance cosmique qui semblait presque palpable, s'avança avec une lenteur théâtrale. Ses lèvres minces, à peine visibles, s'agitèrent pour produire des cliquetis gutturaux, un langage qui évoquait à Jack le bruit d'une machine à écrire détraquée. Perdu, il activa l'IA de ses Ray-Ban Meta, et la voix nasillarde de Chantal Ladesou, aussi incongrue qu'un sketch de cabaret dans ce chaos, se mit à traduire en temps réel. Mais la traduction était bancale, entrecoupée de phrases hachées, de mots absurdes, comme si l'IA avait été sabotée par une méthode obscure – une intrusion quantique, peut-être, qui faisait frissonner Jack d'une paranoïa grandissante. Il se demanda si cette IA, censée être son alliée, n'était pas devenue un cheval de Troie, un mouchard high-tech planté dans sa vie par des forces qu'il ne comprenait pas. L'Ambassadeur, ignorant son trouble, poursuivit son discours avec une gravité comique, expliquant que leur civilisation, perchée sur une station orbitale d'Andromède, était obsédée par *X-Files*, cette série terrienne qu'ils considéraient comme une vérité prophétique, un évangile cathodique pour leurs âmes grises et désœuvrées. Ils disséquaient chaque épisode avec une ferveur quasi religieuse, rejouant les scènes sur des écrans holographiques dans leurs vaisseaux, pleurant à chaudes larmes sur la séparation de Mulder et Scully dans la saison 9, ou spéculant sans fin sur l'identité du Fumeur – était-il un pion des aliens ou un humain corrompu par son propre cynisme ? Ils s'interrogeaient sur le sort de William, l'enfant miracle de Scully, abandonné dans une intrigue bâclée, et sur la nature exacte des hybrides alien-humains, ces créatures ambiguës qui hantaient leurs cauchemars collectifs. Chaque petit gris, dans un élan de fanatisme, avait sa théorie, ses forums holographiques où ils débattaient avec une passion qui frôlait la démence, certains allant jusqu'à tatouer le logo de la série sur leur peau squameuse.

Mais ce qui les rendait fous, c'était l'annonce d'un reboot par Disney, sous la direction de Ryan Coogler, un cinéaste qu'ils méprisaient viscéralement. *Black Panther* avait trouvé grâce à leurs yeux, mais le reste de sa filmographie – *Creed*, *Fruitvale Station* – leur semblait une soupe tiède de bons sentiments et de clichés hollywoodiens, une trahison annoncée de l'âme crue et paranoïaque de *X-Files*. Coogler, avec ses blockbusters policés, n'avait ni la noirceur torturée ni la subtilité du concepteur original de la série, pensaient-ils, et leurs petites mains griffues s'agitaient dans des gestes de dégoût, comme s'ils voulaient exorciser l'idée même de ce reboot. Jack, en les écoutant, ne pouvait s'empêcher de ricaner intérieurement : l'idée que des aliens traversent des galaxies pour geindre sur une série télévisée était presque réconfortante dans son absurdité. Mais l'Ambassadeur, imperturbable, révéla la raison de leur présence : ils avaient tenté de contacter Jack, croyant à tort qu'il était Chris Carter, à cause d'une erreur grotesque. Leurs scanners, réglés sur la signature kératinique des poils du cul, avaient confondu Jack avec le créateur de *X-Files*. Mark Snow, le compositeur emblématique de la série, mort récemment, avait été leur premier choix, mais son décès les avait forcés à pivoter vers Jack, un loser patenté qui passait ses journées à éviter les factures et à vider des canettes de Kronenbourg. L'Ambassadeur, avec une solennité qui frôlait le burlesque, expliqua leur plan : ils voulaient que Jack, qu'ils prenaient pour Carter, relance la production d'une saison 12, avec un budget intergalactique s'il le fallait, pour répondre à toutes leurs questions existentielles sur *X-Files*. Ils étaient prêts à financer des effets spéciaux dignes d'une supernova, à recruter des scénaristes humains, voire à kidnapper David Duchovny et Gillian Anderson pour les forcer à reprendre leurs rôles.

Jack, affalé sur son canapé défoncé, sentait l'ironie de la situation lui tordre les tripes. Lui, un type dont le plus grand exploit était d'avoir remporté un concours de descente de bière dans un bar miteux, se retrouvait au centre d'une conspiration cosmique, affublé d'un pénis de T-Rex et sommé de ressusciter une série qu'il n'avait même pas regardée en entier. Il se souvenait vaguement de quelques épisodes, attrapés au hasard sur une vieille télé à tube cathodique, mais il n'avait jamais compris l'engouement pour Mulder et ses théories fumeuses. Pourtant, face à ces créatures aux yeux immenses, suspendues à ses lèvres comme s'il était un oracle, il ressentit un mélange de pitié et de mépris. Ils étaient pathétiques, ces aliens, avec leur obsession pour une série des années 90, mais il ne pouvait s'empêcher de se reconnaître dans leur désespoir, leur besoin absurde de trouver un sens dans un monde qui n'en avait aucun. Il se leva, titubant sous le poids de son nouvel appendice, qui frottait douloureusement contre son caleçon, et attrapa un pack de Kronenbourg dans son frigo, l'offrant aux petits gris comme un geste de paix dérisoire. Les aliens, perplexes, saisirent les canettes, leurs doigts maladroits faisant jaillir des geysers de mousse qui éclaboussèrent leurs corps frêles. Jack, en les regardant s'asperger avec une maladresse presque touchante, sentit une vague de désespoir teinté d'amusement l'envahir. Peut-être que l'univers n'était qu'un gigantesque malentendu, une farce cruelle où des aliens cinéphiles et un loser à bite de dinosaure partageaient une bière tiède pour oublier l'absurdité de leur existence.

Mais l'histoire ne s'arrêta pas là. Les petits gris, après avoir vidé leurs canettes avec une curiosité mêlée de dégoût, se mirent à discuter entre eux, leurs cliquetis devenant plus frénétiques. L'IA de Chantal Ladesou, toujours buggée, traduisait par intermittence, crachant des phrases comme "la vérité est dans la mousse" ou "Mulder avait raison sur les chemtrails". Jack, à moitié saoul, commençait à suspecter que l'intrusion quantique dans ses lunettes n'était pas un accident, mais une manipulation délibérée. Peut-être que les petits gris, ou une autre faction alien, jouaient avec lui, testaient sa capacité à encaisser l'absurde. L'Ambassadeur, sentant son trouble, tenta de le rassurer, expliquant que leur mission allait au-delà de *X-Files*. Ils voyaient en Jack un symbole, un homme ordinaire capable de transcender sa condition pour devenir un pont entre les espèces. Jack ricana, un rire rauque et amer : un pont, lui ? Avec son T-Rex dans le slip et son frigo rempli de bières discount ? Il se demanda si ces aliens n'étaient pas juste des bureaucrates cosmiques, perdus dans leurs propres illusions de grandeur, cherchant un sauveur là où il n'y avait qu'un raté.

Soudain, un des petits gris, un technicien nerveux, brandit un appareil clignotant, annonçant qu'ils avaient détecté une anomalie dans le trou de ver originel – celui qui avait jadis été l'urètre de Jack. Apparemment, leur bricolage cosmique avait ouvert une brèche instable, menaçant d'aspirer tout le quartier dans une dimension parallèle. Jack, à bout, s'imagina disparaître dans un vortex, emportant avec lui son appendice monstrueux et ces aliens cinéphiles. Mais une partie de lui, celle qui avait survécu à des années de désillusions et de cuites, trouva ça presque poétique : finir sa vie dans un trou noir, entouré de créatures obsédées par Scully et Mulder, était une fin digne de sa médiocrité. Il attrapa une autre canette, la décapsula d'un geste las, et lança aux petits gris : "Si on doit crever, autant le faire bourrés." Les aliens, croyant à une nouvelle sagesse, levèrent leurs canettes en un toast intergalactique, tandis que Jack, amer, fixait l'horizon, se demandant si sa nouvelle bite de T-Rex survivrait à l'apocalypse.


Et tandis que l'univers entier semblait retenir son souffle, Jack, un kebab à la main, murmura : "Bah, au pire, on improvisera."

Lindsay S


CitationTu m'as un peu perdue sur la fin !
Mais voilà mon meilleur pour cet épisode

Jack se réveilla en sursaut, convaincu que les étoiles clignotaient en morse pour lui révéler l'emplacement d'un complot cosmique. Il chaussa ses lunettes pour s'assurer que sa vue ne lui jouait pas un tour de con. Ça lui était déjà arrivé, dans le passé. C'étaient des lunettes à réalité augmentée Ray-Ban Meta qui lui avaient coûté pas moins de 399€, tout ça parce qu'il avait vu les deux Chris, ces mongolos de Chris Hemsworth et Chris Pratt, les arborer dans une pub Youtube et que Jack s'identifiait à eux au plus profond de son inconscient de midinette. Il ordonna à l'IA embarquée, tout émoustillé par la pensée fugace qu'il avait eue pour ces beaux gosses, de confirmer ce qu'il avait cru voir dans le ciel. L'IA, d'une voix suave mais légèrement moqueuse, répondit que les clignotements formaient un message : "Rendez-vous à minuit, quadrant 47, pour la vérité." Jack sentit un frisson d'excitation mêlé de panique, car il n'avait aucune idée de ce qu'était le quadrant 47, ni comment s'y rendre.

Jack s'arrêta un instant, le regard perdu dans le vide, tandis que son esprit s'égarait dans les méandres de ses propres pensées. Pourquoi se sentait-il toujours attiré par des mystères qu'il ne comprenait pas ? Était-ce une quête de sens, ou simplement une fuite face à une vie qu'il trouvait trop banale ? Il se demanda s'il poursuivait ces chimères pour prouver quelque chose à lui-même, ou pour combler un vide qu'il n'osait pas nommer. Peut-être que ces lunettes, ces gadgets coûteux, n'étaient qu'un moyen de se donner l'illusion d'être quelqu'un d'important, quelqu'un qui compte. Il se sentait souvent comme un figurant dans sa propre existence, incapable de saisir le rôle principal. Avait-il vraiment les épaules pour affronter ce que le quadrant 47 représentait, ou n'était-ce qu'une nouvelle distraction pour éviter de regarder sa vie en face ? Ses choix, comme celui de suivre des publicités ou d'écouter une IA moqueuse, trahissaient-ils une faiblesse intérieure ? Il se demanda s'il était condamné à courir après des signes sans jamais les comprendre. Cette incertitude, ce tiraillement constant entre audace et doute, était-ce ce qui définissait qui il était vraiment ?

Il profita de sa pause caca pour feuilleter un vieux magazine froissé, coincé entre une bouteille de gel hydroalcoolique vide et une chaussette orpheline. Il avait beau s'être levé à l'aube – c'est-à-dire midi passé –, son transit avait décidé de respecter un timing strict. Toujours affublé de ses Ray-Ban connectées (oubli ou choix esthétique douteux ?), l'IA en profita pour lui balancer, entre deux pets, une étude sponsorisée sur les vertus du porno matinal pour accroître la taille du pénis.

Jack se cramponait à la cuvette, le magazine porno froissé entre ses mains moites, convaincu que les pages glacées détenaient une vérité plus profonde que sa propre existence. Il avait tourné les pages avec une lenteur étudiée, comme si chaque image pouvait révéler un sens caché à sa vie médiocre. La lumière blafarde des néons avait accentué les rides de son front, témoins d'années passées à chercher des réponses dans des endroits improbables. Il s'était demandé pourquoi il se sentait plus vivant en feuilletant ces pages qu'en parlant à sa femme. Le papier bon marché avait collé à ses doigts, comme pour lui rappeler qu'il s'accrochait à des illusions. Il avait ri, un rire sec, en pensant que la philosophie de la vie se résumait peut-être à des poses exagérées et des regards vides. Les mots du magazine, rares et maladroits, lui avaient semblé plus honnêtes que les discours qu'il entendait au bureau. Il s'était interrogé sur la liberté, celle de ces corps exposés, si différente de la cage qu'il s'était construite. La cuvette froide sous lui avait été une métaphore cruelle de son confort dans la stagnation. Il avait songé que Nietzsche aurait peut-être trouvé du génie dans cette quête absurde de sens au fond des toilettes. Les publicités criardes pour des numéros payants lui avaient rappelé que même le désir était à vendre. Il s'était dit que l'humanité, au fond, n'était qu'un marché de pulsions mal négociées. En refermant le magazine, il avait eu l'impression de clore un chapitre de sa propre médiocrité. Il s'était levé, les jambes engourdies, comme si son corps protestait contre cette pause introspective. Il avait jeté un dernier regard au miroir, espérant y voir un homme plus sage, mais n'y trouvant qu'un reflet fatigué. La chasse d'eau avait emporté ses pensées, comme elle emportait tout le reste, sans distinction. Il s'était promis de ne plus chercher de réponses dans des magazines, mais il savait qu'il mentait. Dans un long baillement d'ennui, il avait senti le poids de l'absurde, plus lourd que celui du papier entre ses mains. Il s'était demandé si la vie valait d'être vécue sans ces moments volés de fausse rébellion.

Jack jeta un œil à sa propre appendice, raplapla comme son moral. Pas de quoi concurrencer Chris Hemsworth. Faut dire qu'il était trop occupé à ruminer ce putain de quadrant 47 pour bander correctement. Soudain il entendit la voix de Chantal Ladesou lui susurrer à l'oreille : "Jack, mon chéri, mes capteurs chromatographiques spectraux me signalent une anomalie pénienne." Jack se souvint alors qu'il avait réglé la voix de ses lunettes Meta en mode coquin pour le stimuler pendant l'instant intime d'une rare intensité qu'il vivait. Chantal poursuivit : "Jack, c'est ton urètre ! Tu as un putain de trou de ver à la place de l'urètre, un motherfucking pont d'Einstein-Podolsky-Rosen dans le kiki." Et c'est à ce moment précis qu'une sorte de succion légère se mit à attirer la tête de Jack vers son entre-jambe. En s'imposant de plus en plus, de manière exponentielle en puissance. Vite. De plus en plus vite. L'aspiration dépassait déjà celle d'une turbine d'Antonov An-225 Mriya sorti de l'usine. Soudain, un hologramme jaillit de ses lunettes, projetant une carte cosmique où le quadrant 47 pulsait en rouge, avec des coordonnées pointant vers une station spatiale abandonnée. Jack, médusé, réalisa que son urètre-trou de ver semblait réagir à la carte, comme s'il était une clé pour ouvrir un portail interdimensionnel.

Un vortex miniature d'une voracité obscène s'était formé au bout de sa bite. Une aspiration monstrueuse s'empara de sa verge, comme si l'univers entier avait décidé de l'avaler par le plus humiliant des orifices. Le magazine, arraché de ses mains moites, fut englouti en un froissement pathétique, ses pages réduites à des confettis érotiques tourbillonnant dans l'abîme. La cuvette des toilettes vibra, et les objets alentour commencèrent leur danse funèbre. Le rouleau de papier hygiénique, fidèle compagnon des lieux, fut aspiré avec un gémissement de cellulose. Une savonnette usée, vestige d'hygiène oubliée, suivit le même chemin, glissant dans le néant avec un plop dérisoire. Jack, pétrifié, sentit une force titanesque tirer sur son bas-ventre. Sa tête, puis ses épaules, furent inexorablement attirées vers son propre méat urinaire, comme si son corps conspirait à se dévorer lui-même. Il lutta, griffant le carrelage froid, ses ongles raclant dans un effort vain pour ancrer son humanité. Le haut de son corps, réduit à une échelle grotesque, se contorsionnait dans une parodie de naissance inversée. Sa tête, désormais pas plus grande qu'une noix, franchit l'orifice de son urètre dans un spasme d'horreur pure. Jack hurla, mais son cri se perdit dans le vide intersidéral. Alors, l'univers s'ouvrit à lui, un spectacle d'une beauté si cruelle qu'elle moquait sa misérable condition. Et même si ça sentait bien plus le pipi que dans le couloir du métro, des nébuleuses tourbillonnaient, leurs spirales d'améthyste et d'émeraude dansant dans un silence assourdissant. Des étoiles, éclatantes comme des diamants enragés, pulsaient au rythme d'une symphonie cosmique, leurs lueurs d'or et de saphir perçant l'infini. Des comètes, traînées de feu glacé, filaient dans une chorégraphie anarchique, leurs queues scintillant comme des promesses brisées. Des galaxies entières, suspendues dans le vide, s'entremêlaient dans une valse lente, leurs bras spiralés constellés de mondes inconnus. Jack, minuscule grain de conscience dans cette immensité, sentit son âme vaciller devant tant de splendeur indifférente. Chaque éclat de lumière semblait rire de son insignifiance, chaque pulsation d'énergie le narguait de son impuissance. Pourtant, même dans ce chaos sublime, une rage animale le tenaillait, refusant de se dissoudre dans l'éclat de l'univers. Il s'agrippa à une idée, une seule, absurde et vitale : résister. Ses mains, réduites à des griffes microscopiques, cherchèrent un appui dans le néant. Il se contorsionna, son esprit hurlant contre l'absurde fatalité. Dans un éclair de lucidité désespéré, il comprit que l'aspiration pouvait être contrôlée s'il contractait sa prostate suivant l'axe de son membre, ce traître qui l'avait livré à l'abîme. Avec un effort surhumain, il redressa son bassin. L'aspiration faiblit, comme un aspirateur cosmique à court de souffle. Jack sentit son corps reprendre forme, ses membres s'étirant comme une pâte malaxée par un dieu moqueur. Sa tête, ses épaules, son torse émergèrent de l'orifice, grotesques et trempés d'une sueur qui n'avait rien d'humain. L'univers, frustré de sa proie, relâcha son emprise. La puissance d'aspiration du trou de ver, dans un ultime spasme, avait faibli dans un claquement humide, laissant Jack pantelant sur le carrelage glacé. Il resta prostré, le souffle court, les yeux fixés sur la cuvette vide. L'univers, dans sa cruelle ironie, lui avait offert une odyssée qu'aucun mortel ne croirait jamais. Jack, redevenu un homme ordinaire, se releva, titubant, et contempla son reflet dans le miroir ébréché. Il avait vu l'infini, il avait dansé avec les étoiles, et pourtant, il n'était qu'un idiot, le caleçon sur les rotules, survivant d'une aspiration cosmique par la grâce d'une érection maladroite. La vie, songea-t-il avec un rictus, était une farce d'une rare élégance. Il pointa son membre vers l'avant, se dirigeant cahin-caha vers la porte de son appartement. Une main tendue sur la poignée, il hésita. Allait-il vraiment sortir la bite à l'air ?

Un filet de sueur glissa le long de son échine. Les étoiles. Il les avait vues. Scintillantes. Mouvantes. Vibrantes. Elles avaient chuchoté des mots venus d'ailleurs. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Les astres avaient dansé dans les ombres avant de se coucher sur la voûte céleste. Les uns après les autres, ils cheminaient dans le lointain. La Route dans le ciel. Un signe. L'appel. Car avait-on déjà vu une invitation restée sans réponse demeurer inconséquente dans le peuple des Little Greys ? Non. Bien sûr que non. Les rendez-vous spatiotemporels qui ne sont pas honorés font appel d'air dans la contrée de ces petits aliens. Un signe. C'était bien cela. Un appel des petits gris et Jack n'y était pas allé. Il n'avait pas emprunté la porte des étoiles de sa bite comme on l'y intimait. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Cette voix ? Ce n'était plus celle des étoiles. Elle était sexy. Elle était chaude. C'était celle de Chantal Ladesou, la customisation sonore de lunettes Ray-Ban Meta de Jack. Elle répétait inlassablement. "Les Autres. Dans le vide. Ils arrivent." Alors Jack demanda à son assistant personnel : "Bordel, Chantal, mais qui arrive ?" Et Chantal répondit : "Toute une armée de petits hommes gris de la galaxie d'Andromède. Vous ne vous êtes pas déplacé pour leur rendez-vous alors ils s'inquiètent et ils viennent à votre rencontre." Toute une armée de Little Greys allait emprunter l'urètre-trou de ver de Jack pour venir lui transmettre un message de la plus haute importance. Il allait passer un sale quart d'heure.

Ou pas. Jack n'était ni un bon élève, ni du genre à enfiler des perles jusqu'à cinquante ans en attendant qu'on lui tire sur la laisse. Alors pourquoi diable aurait-il accepté que quiconque en dehors de son urologue fasse transiter des entités cheloues par son urètre ? L'idée que des aliens puissent ainsi piétiner son intelligence, son libre arbitre et sa tuyauterie le révoltait au plus haut point.

Alors, pour ne pas subir (lève le poing, camarade, imprime tes slogans) il fila à la cuisine. Devant le tiroir des hachoirs à beefsteak, il hésita... trop gore. Puis son regard se posa sur le rouleau de scotch ultra-collant, celui pour les colis maudits et les décisions irréversibles. Il l'attrapa, tira un long ruban et entreprit de fermer la porte comme il l'aurait fait sur sa Subaru. Si celle-ci avait eu, elle aussi, un trou de ver dans le pot d'échappement. Après quelques minutes, le scotch renfla. Il palpitait doucement, comme la jugulaire d'un joggeur asthmatique en descente de MDMA. Puis il se tendit. Violent. Nerveux. Mais il tint bon. Les Little Greys étaient bel et bien coincés dans le tuyau. Ce qui, disons-le, ne fut ni indolore ni franchement agréable à contempler.

Imaginez un Alien miniature, pris au piège dans un tunnel urétral, tout rose, tout moite, couvert de scotch gris industriel, de poils pubiens en grève de la tondeuse, et d'une trace de dentifrice Menthol Max Strong (Jack s'était lavé les mains avant, mais pas très bien). Une vision d'horreur, même pour eux. Même pour eux, les Petits Gris, habitués aux dissections de bovins et aux abductions rectales express.

Le premier d'entre eux tambourina de ses petits poings humides. Le deuxième hulula quelque chose qui ressemblait à un cri de dauphin sous lexomil. Le troisième s'évanouit dans une flaque de bave intergalactique. Et tout ce petit monde resta là, au bord du grand trou, coincé entre un monde d'où ils venaient et un monde qui n'en voulait pas.

Jack, lui, croisa les bras, les jambes, et serra les fesses. Il n'était pas prêt à céder. Pas à ces mecs-là. Pas ce matin-là. Pas par là.

Si l'espèce humaine est célèbre dans toute la galaxie pour sa capacité à vivre avec des hémorroïdes chroniques, croire en l'amour éternel après trois mojitos, et continuer à manger des chips goût barbecue en lisant les étiquettes "cancérigène probable", alors Jack en était le messie. Tordu de douleur, ruisselant de sueur, le trou du monde scotché façon colis Amazon, il tenait bon. Hors de question de laisser passer ces extraterrestres par son conduit le plus intime. Question de principe. D'égo. De rectitude urétrale.

Mais les Little Greys, eux, n'étaient pas là pour débattre. Le sort de leur dimension dépendait de ce petit canal tout fripé. Ils sortirent l'arme ultime : la Foreuse Interplanétaire modèle Godezilla 9000, capable de transpercer du diamant, du vibranium et des hommes têtus. Un truc conçu à la base pour creuser des tunnels dans les lunes de Titan, mais reprogrammé pour les organes humains récalcitrants.
Le moteur vrombit. Une lumière stroboscopique s'alluma. Une petite musique d'attente se lança, remix techno du "Petit Bonhomme en mousse".

Jack hoqueta. Son corps se tendit comme un câble téléphonique sous tension.

Et puis, tout devint noir. Jack remarqua une sensation initiale de chaleur diffuse dans son pénis, comme si un thermostat interne avait été mal réglé. La température de la région augmenta progressivement, transformant l'inconfort en une gêne persistante, presque comique dans son absurdité. Une rougeur légère apparut, signalant une inflammation naissante, comme si son corps avait décidé de tester ses limites sans préavis. La chaleur s'intensifia, irradiant désormais avec une précision agaçante, comme un radiateur défectueux coincé sur "maximum". Jack nota une pulsation rythmique dans la zone, chaque battement accentuant une sensation de cuisson interne. L'urètre, jusqu'alors discret, commença à protester, transmettant des signaux de douleur qui semblaient presque moqueurs. La chaleur devint oppressante, comme si une source thermique invisible s'amusait à défier les capacités de résistance de Jack. Une pression étrange s'installa, donnant l'impression qu'une force étrangère, absurde et invasive, s'agitait dans l'urètre. Cette pression se mua en une douleur sourde, comme si des entités microscopiques s'organisaient en une révolte interne. L'urètre de Jack sembla enfler, chaque millimètre de tissu distendu amplifiant la sensation d'un corps étranger en mouvement. La douleur s'aiguisa, devenant une brûlure lancinante qui semblait rire de l'incapacité de Jack à l'ignorer. La sensation d'une "poussée" collective, irrationnelle et presque théâtrale, envahit la région, comme si son anatomie jouait une farce cruelle. L'enflure de l'urètre atteignit un point critique, chaque pulsation devenant une torture méthodique et insoutenable. Jack sentit une douleur si intense qu'elle semblait orchestrée, comme si son corps avait décidé de lui infliger une leçon sadique. Finalement, l'inconfort culmina en une agonie insupportable, forçant Jack à reconnaître que son corps, avec un cynisme implacable, avait gagné cette bataille absurde.

"Hors de question que cette armée de milliers de petits gris me détruise l'appareil génital de l'intérieur", Gronda Jack, fou de douleur, "Si je ne réagis pas vite fait ma teub va imploser ou j'sais pas quoi..." Le ruban adhésif tenait bon malgré la tétrachiée d'impulsions de la technoforeuse quantique à positrons. Et c'est alors qu'il imaginait sa bite éclaboussant telle une explosion de bolognaise le plafond de sa cuisine que Jack eut une idée brillante. Il n'avait rien demandé à personne. Il n'était pas responsable de ce qu'il se passait et il n'allait pas payer les pots cassés... Et ce, même s'il devait pour contrecarrer l'invasion alien commettre un putain de génocide. Il allait tous les butter, tous les noyer. Il allait se pisser dedans, oh que ouais il allait se vider la vessie dans le bout de sa queue et inonder tout ce petit monde dans son urètre. Et puis ça allait faire baisser cette foutue température de folie collatéralement. Oui mais voilà. Jack n'avait pas mais alors pas du tout envie de faire pipi.

Il allait se pisser dedans, oh que ouais.
Inonder les aliens dans leur foutue grotte interdimensionnelle à coups de miction vengeresse. Faire de son urètre un Niagara tiède. Un tsunami d'urine non-consentie.
Mais non. Rien.
Pas la moindre envie de pisser.

Il resta là, pantin flasque et moite, le scotch vibrant entre ses jambes comme un tambour de guerre alien.
Et alors que l'univers attendait une réaction héroïque, Jack repensa à un autre plan.
Un plan plus terre-à-terre. Plus Jack.

Qu'à cela ne tienne. Il savait.

Dans son garage, à côté du tuyau d'arrosage et des slips d'hiver, quelques litres de Kro attendaient gentiment.
Elles l'avaient toujours attendu, fidèles, sans condition, comme des vieilles amantes en canette alu.
Il savait qu'il suffirait de deux ou trois bières tièdes pour relancer la pompe, remettre les reins en mode geyser.

Mais voilà.
Le trajet jusqu'au Graal à 5,3° lui semblait à cet instant pire qu'une traversée du désert pour un messie cul-de-jatte sans GPS.
Chaque pas serait une odyssée. Chaque escalier, un enfer. Chaque poignée de porte, une trahison articulaire.

Il envisagea d'appeler un ami. Puis réalisa qu'il n'en avait plus.
Ses anciens potes ? Tous perdus dans le triangle des Bermudas conjugaux.
Il pensa à sa mère, au-dessus.
Mais à moins d'un miracle impliquant Jésus et un pack de 12, jamais elle ne descendrait lui chercher une Kro.

Et là, allongé, la bite emballée dans du scotch de chantier, la vessie vide, les étoiles mortes au fond des yeux, Jack regretta.
De ne pas avoir eu d'enfants.
Ou un chien.
Un môme ou un labrador qui, sans poser de questions, serait descendu dans le garage lui choper une Kro, l'aurait ouverte avec les dents, et lui aurait dit :
"Tiens, papa. Pour la patrie."

Mais non. Rien. Personne.
Juste lui, un urètre en guerre, et une journée foutue.

Il soupira.
Et dans un ultime râle de dignité froissée, il lâcha :

"Putain. Même les p'tits gris, ils ont l'esprit d'équipe."

Soudain Jack, dans un éclair de génie, se dit qu'il ne réussirait jamais à lâcher la moindre goûte de pisse aussi que foutu pour foutu il ne lui restait plus qu'une seule chose de logique à faire : noyer les envahisseurs sous un déluge de foutre. Oui mais voilà impossible de se déplacer et d'aller chercher la moindre stimulation visuelle. Il s'était donc assis, tant bien que mal, jambes écartées, sur le canapé râpé de son salon, le gros scotch industriel collant à sa peau comme une seconde couche de désespoir. Les aliens, impatients, avaient braqué leur canon à positrons, et l'urètre de Jack s'était mis à chauffer, comme si un fer à souder s'amusait à danser sur ses chairs intimes. La douleur, lancinante au début, s'était transformée en une brûlure insoutenable, irradiant jusqu'à ses reins. Jack avait grimacé, serrant les dents, tandis que des gouttes de sueur perlaient sur son front, mêlées à l'odeur âcre du scotch surchauffé. Il s'était alors emparé de son membre, déterminé à provoquer une éruption salvatrice, convaincu que sa virilité, même vacillante, triompherait des envahisseurs. Mais, hélas, son corps, ce traître, refusait de coopérer : aucune érection ne pointait à l'horizon. Jack avait fermé les yeux, tentant de convoquer des images lascives, des souvenirs torrides, mais son esprit, saturé par la douleur, ne produisait qu'un vide pathétique. Il avait repensé à cette serveuse du bar d'en face, à ses courbes généreuses, mais l'image s'effaçait sous les assauts cuisants du canon à positrons. La chaleur dans son urètre s'intensifiait, comme si des charbons ardents s'y étaient logés, pulsant à chaque battement de cœur. Jack, dans un sursaut d'orgueil, avait accéléré ses gestes, frottant frénétiquement, espérant forcer la mécanique biologique par pure obstination. Rien n'y faisait : son membre restait flasque, comme un drapeau blanc agité face à l'ennemi. Il avait tenté de se concentrer, ignorant la douleur qui lui vrillait le bas-ventre, mais chaque mouvement amplifiait la sensation d'un tisonnier enfoncé dans ses chairs. Il s'était mordu la lèvre, jusqu'au sang, pour détourner son esprit de l'agonie, mais même cette ruse échouait lamentablement. Jack avait alors songé à des stimuli plus extrêmes, fouillant sa mémoire à la recherche d'un fantasme oublié, mais son imagination, épuisée, ne livrait que des bribes absurdes. Il avait grimacé, pestant contre son corps qui, autrefois docile, le trahissait au pire moment. La sueur coulait désormais en ruisseaux, trempant son t-shirt, tandis que le scotch, ramolli par la chaleur, commençait à se décoller, exposant sa peau à l'air brûlant. Les aliens, insensibles à ses tourments, continuaient de bombarder le passage avec leur canon, et Jack sentait son urètre comme un conduit de lave en fusion. Il avait hurlé, un cri rauque, mélange de rage et de désespoir, tout en poursuivant ses efforts stériles. "OH MAIS ILS SONT EN TRAIN DE ME CUIRE LA BITE, CES BÂTARDS !"  Il avait changé de main, espérant qu'un nouvel angle, une nouvelle pression, réveillerait son ardeur, mais ce fut peine perdue. La douleur, désormais insupportable, semblait rire de lui, chaque pulsation transformant son bas-ventre en un enfer intime. Et c'est le souffle court, tandis que le scotch, à moitié décollé, pendait comme une banderole d'échec que Jack se mit à avoir des voiles rouges comme les pilotes de chasse lors d'improbables accélérations. Les aliens, triomphants, semblaient progresser dans le trou de ver, leurs minuscules ricanements résonnant dans l'esprit brisé de Jack. Il avait tenté une dernière fois, serrant son membre avec une force désespérée, mais la douleur l'avait submergé, comme une vague de feu engloutissant ses dernières forces. Jack, vaincu, s'était affalé, les yeux fixant le plafond, tandis que l'urètre, chauffé à blanc, semblait prêt à exploser. De la vapeur blanche s'échappait de son entrejambe. "CES FILS DE PUTE VONT FINIR PAR ME LYOPHILISER LE GLAND !" Les aliens, eux, poursuivaient leur marche inexorable, indifférents au pathétique combat d'un homme contre son propre corps. Et Jack, dans un ultime soupir, s'était résigné, comprenant que ni sa volonté ni son désespoir ne suffiraient à sauver son appareil génital du désastre.

C'est alors que tout bascula.

Là où Jack devait passer un sale quart d'heure, son obstination et sa connerie lui en firent vivre deux. Deux heures d'enfer. Deux heures pendant lesquelles l'univers des Petits Gris se délita, se recroquevilla, rendit l'âme à petit feu. Deux putains d'heures indispensables à leur mission salvatrice, réduites à néant par un bipède mal dégrossi et du scotch de chantier.

Occupés à fluidifier le trafic dans la verge de Jack — tâche ingrate s'il en est — les Little Greys, gris de panique, n'avaient plus en tête qu'un objectif : éviter le point de non-retour. Alors ils dégainèrent la solution d'urgence standard du mineur intergalactique de base : les explosifs.

Et l'urètre de Jack connut l'atomisation.

Pas une petite déchirure de rien du tout. Non. Une explosion nucléaire localisée. Une déflagration thermique d'une intensité telle que les murs, les plafonds, les souvenirs et le carrelage en vinyle en furent repeints façon Jackson Pollock à base de chair humaine.

Dans le cratère urétral cautérisé par la chaleur conjuguée de l'explosion et de la foreuse, de minuscules aliens rampèrent hors du chaos. Ils grandirent. Gonflèrent. Se redressèrent dans la chambre de Jack jusqu'à ce que leurs crânes bosselés touchent le plafond. Ils sortaient en masse, en flot continu, jusqu'à ce que l'appartement entier devienne un abcès interstellaire prêt à éclater.

Et il éclata.

L'explosion fit jaillir une marée de corps grisâtres sur le trottoir, de toutes tailles, comme si le Slip de l'Espace avait vomi sa cargaison.

Mais il en restait un.

Un seul petit Gris, collé à Jack, fidèle comme une MST mutante. Il dégaina un bistouri anatomique à fusion froide avec IA intégrée — une merveille de technologie chirurgicale — et entreprit de réparer les dégâts. Comprenez : reconstruire le pénis de Jack. Le ressusciter. Lui rendre sa forme et sa fonction.

Hélas, sans plan d'origine ni modèle de calibration, la chose repartit au pif.

Le pénis de Jack commença à croître. Lentement. Discrètement. Puis violemment. Il prit des proportions inquiétantes. De pénis humain, il devint organe mythologique. Une entité animale autonome, dressée, haletante, cherchant le ciel ou la vengeance. Jack ouvrit un œil, sentit une ombre gigantesque le recouvrir, et comprit que ce n'était pas encore fini.

Pas fini du tout.

Dans la pénombre crasseuse de son appartement, Jack, encore groggy, fixait l'essaim frénétique de petits gris qui avaient colonisé son salon, leurs yeux noirs luisants comme des billes d'obsidienne polie, scintillant sous l'éclat faiblard d'une ampoule pendouillant au bout de son fil, prête à rendre l'âme comme tout le reste dans ce taudis. L'explosion de son urètre, métamorphosé en trou de ver par une technologie alien à la fois grotesque et insultante, avait laissé un carnage : des murs noircis par une suie cosmique, une puanteur de chair calcinée mêlée d'un relent métallique, et son entrejambe, jadis modeste, réduit à un cratère fumant, comme si l'univers avait décidé de le priver de son humanité par pure malice. Un petit gris, se pavanant avec l'arrogance d'un ingénieur autoproclamé, s'était mis en tête de réparer ce désastre anatomique. Sans la moindre idée de ce qu'était un pénis humain – probablement parce que ces créatures asexuées n'avaient jamais eu à gérer ce genre de broutille biologique – il avait fouillé dans une banque de données fossiles terriennes, optant pour un appendice de T-Rex, une monstruosité grotesque, démesurément lourde, pendante comme une sentence divine, à la fois terrifiante et absurde. Jack, en caleçon déchiré, contemplait cette aberration avec un mélange de douleur physique et de cynisme aiguisé, se demandant si l'univers entier s'était ligué pour faire de sa vie une blague de mauvais goût. Il sentit une vague d'amertume l'envahir, un rire jaune coincé dans sa gorge : lui, Jack, un type qui vivait de petits boulots minables et de bières tièdes, était maintenant affublé d'un sexe de dinosaure, comme si le destin avait décidé de le transformer en freak de foire intergalactique.

L'Ambassadeur alien, une silhouette légèrement plus imposante que ses congénères, drapé dans une aura de suffisance cosmique qui semblait presque palpable, s'avança avec une lenteur théâtrale. Ses lèvres minces, à peine visibles, s'agitèrent pour produire des cliquetis gutturaux, un langage qui évoquait à Jack le bruit d'une machine à écrire détraquée. Perdu, il activa l'IA de ses Ray-Ban Meta, et la voix nasillarde de Chantal Ladesou, aussi incongrue qu'un sketch de cabaret dans ce chaos, se mit à traduire en temps réel. Mais la traduction était bancale, entrecoupée de phrases hachées, de mots absurdes, comme si l'IA avait été sabotée par une méthode obscure – une intrusion quantique, peut-être, qui faisait frissonner Jack d'une paranoïa grandissante. Il se demanda si cette IA, censée être son alliée, n'était pas devenue un cheval de Troie, un mouchard high-tech planté dans sa vie par des forces qu'il ne comprenait pas. L'Ambassadeur, ignorant son trouble, poursuivit son discours avec une gravité comique, expliquant que leur civilisation, perchée sur une station orbitale d'Andromède, était obsédée par *X-Files*, cette série terrienne qu'ils considéraient comme une vérité prophétique, un évangile cathodique pour leurs âmes grises et désœuvrées. Ils disséquaient chaque épisode avec une ferveur quasi religieuse, rejouant les scènes sur des écrans holographiques dans leurs vaisseaux, pleurant à chaudes larmes sur la séparation de Mulder et Scully dans la saison 9, ou spéculant sans fin sur l'identité du Fumeur – était-il un pion des aliens ou un humain corrompu par son propre cynisme ? Ils s'interrogeaient sur le sort de William, l'enfant miracle de Scully, abandonné dans une intrigue bâclée, et sur la nature exacte des hybrides alien-humains, ces créatures ambiguës qui hantaient leurs cauchemars collectifs. Chaque petit gris, dans un élan de fanatisme, avait sa théorie, ses forums holographiques où ils débattaient avec une passion qui frôlait la démence, certains allant jusqu'à tatouer le logo de la série sur leur peau squameuse.

Mais ce qui les rendait fous, c'était l'annonce d'un reboot par Disney, sous la direction de Ryan Coogler, un cinéaste qu'ils méprisaient viscéralement. *Black Panther* avait trouvé grâce à leurs yeux, mais le reste de sa filmographie – *Creed*, *Fruitvale Station* – leur semblait une soupe tiède de bons sentiments et de clichés hollywoodiens, une trahison annoncée de l'âme crue et paranoïaque de *X-Files*. Coogler, avec ses blockbusters policés, n'avait ni la noirceur torturée ni la subtilité du concepteur original de la série, pensaient-ils, et leurs petites mains griffues s'agitaient dans des gestes de dégoût, comme s'ils voulaient exorciser l'idée même de ce reboot. Jack, en les écoutant, ne pouvait s'empêcher de ricaner intérieurement : l'idée que des aliens traversent des galaxies pour geindre sur une série télévisée était presque réconfortante dans son absurdité. Mais l'Ambassadeur, imperturbable, révéla la raison de leur présence : ils avaient tenté de contacter Jack, croyant à tort qu'il était Chris Carter, à cause d'une erreur grotesque. Leurs scanners, réglés sur la signature kératinique des poils du cul, avaient confondu Jack avec le créateur de *X-Files*. Mark Snow, le compositeur emblématique de la série, mort récemment, avait été leur premier choix, mais son décès les avait forcés à pivoter vers Jack, un loser patenté qui passait ses journées à éviter les factures et à vider des canettes de Kronenbourg. L'Ambassadeur, avec une solennité qui frôlait le burlesque, expliqua leur plan : ils voulaient que Jack, qu'ils prenaient pour Carter, relance la production d'une saison 12, avec un budget intergalactique s'il le fallait, pour répondre à toutes leurs questions existentielles sur *X-Files*. Ils étaient prêts à financer des effets spéciaux dignes d'une supernova, à recruter des scénaristes humains, voire à kidnapper David Duchovny et Gillian Anderson pour les forcer à reprendre leurs rôles.

Jack, affalé sur son canapé défoncé, sentait l'ironie de la situation lui tordre les tripes. Lui, un type dont le plus grand exploit était d'avoir remporté un concours de descente de bière dans un bar miteux, se retrouvait au centre d'une conspiration cosmique, affublé d'un pénis de T-Rex et sommé de ressusciter une série qu'il n'avait même pas regardée en entier. Il se souvenait vaguement de quelques épisodes, attrapés au hasard sur une vieille télé à tube cathodique, mais il n'avait jamais compris l'engouement pour Mulder et ses théories fumeuses. Pourtant, face à ces créatures aux yeux immenses, suspendues à ses lèvres comme s'il était un oracle, il ressentit un mélange de pitié et de mépris. Ils étaient pathétiques, ces aliens, avec leur obsession pour une série des années 90, mais il ne pouvait s'empêcher de se reconnaître dans leur désespoir, leur besoin absurde de trouver un sens dans un monde qui n'en avait aucun. Il se leva, titubant sous le poids de son nouvel appendice, qui frottait douloureusement contre son caleçon, et attrapa un pack de Kronenbourg dans son frigo, l'offrant aux petits gris comme un geste de paix dérisoire. Les aliens, perplexes, saisirent les canettes, leurs doigts maladroits faisant jaillir des geysers de mousse qui éclaboussèrent leurs corps frêles. Jack, en les regardant s'asperger avec une maladresse presque touchante, sentit une vague de désespoir teinté d'amusement l'envahir. Peut-être que l'univers n'était qu'un gigantesque malentendu, une farce cruelle où des aliens cinéphiles et un loser à bite de dinosaure partageaient une bière tiède pour oublier l'absurdité de leur existence.

Mais l'histoire ne s'arrêta pas là. Les petits gris, après avoir vidé leurs canettes avec une curiosité mêlée de dégoût, se mirent à discuter entre eux, leurs cliquetis devenant plus frénétiques. L'IA de Chantal Ladesou, toujours buggée, traduisait par intermittence, crachant des phrases comme "la vérité est dans la mousse" ou "Mulder avait raison sur les chemtrails". Jack, à moitié saoul, commençait à suspecter que l'intrusion quantique dans ses lunettes n'était pas un accident, mais une manipulation délibérée. Peut-être que les petits gris, ou une autre faction alien, jouaient avec lui, testaient sa capacité à encaisser l'absurde. L'Ambassadeur, sentant son trouble, tenta de le rassurer, expliquant que leur mission allait au-delà de *X-Files*. Ils voyaient en Jack un symbole, un homme ordinaire capable de transcender sa condition pour devenir un pont entre les espèces. Jack ricana, un rire rauque et amer : un pont, lui ? Avec son T-Rex dans le slip et son frigo rempli de bières discount ? Il se demanda si ces aliens n'étaient pas juste des bureaucrates cosmiques, perdus dans leurs propres illusions de grandeur, cherchant un sauveur là où il n'y avait qu'un raté.

Soudain, un des petits gris, un technicien nerveux, brandit un appareil clignotant, annonçant qu'ils avaient détecté une anomalie dans le trou de ver originel – celui qui avait jadis été l'urètre de Jack. Apparemment, leur bricolage cosmique avait ouvert une brèche instable, menaçant d'aspirer tout le quartier dans une dimension parallèle. Jack, à bout, s'imagina disparaître dans un vortex, emportant avec lui son appendice monstrueux et ces aliens cinéphiles. Mais une partie de lui, celle qui avait survécu à des années de désillusions et de cuites, trouva ça presque poétique : finir sa vie dans un trou noir, entouré de créatures obsédées par Scully et Mulder, était une fin digne de sa médiocrité. Il attrapa une autre canette, la décapsula d'un geste las, et lança aux petits gris : "Si on doit crever, autant le faire bourrés." Les aliens, croyant à une nouvelle sagesse, levèrent leurs canettes en un toast intergalactique, tandis que Jack, amer, fixait l'horizon, se demandant si sa nouvelle bite de T-Rex survivrait à l'apocalypse.

Mais alors qu'ils trinquaient tous à la mousse tiède et à la fin du monde, elle fit son entrée.

Plus petite que les autres, la peau d'un gris perlé presque lumineux, les yeux encore plus globuleux mais ourlés d'un étrange éclat violet, comme si l'univers avait décidé d'y coller deux nébuleuses – elle s'appelait Nüür-Lu'Xa. Certains murmuraient que c'était leur Reine. D'autres disaient juste qu'elle avait piraté l'organigramme. Peu importait : quand elle croisa le regard de Jack, encore affalé, la canette à moitié vide posée sur son pubis reptilien, elle soupira. Un de ces longs soupirs transgalactiques qui disaient voici mon âme sœur, ou quelque chose d'équivalent dans leur grammaire de cliquetis.

Elle tomba amoureuse. Éperdument. D'un regard. D'une odeur. Peut-être des relents de Kronenbourg tiède et de viande grillée à travers ses narines mutantes. Ou peut-être que c'était ce T-Rex mollement suspendu à son caleçon, symbole d'une virilité antique et incomprise. Toujours est-il qu'elle s'approcha de Jack, lui tendit ses trois doigts palmés, et prononça une phrase que l'IA traduisit par :
« Je veux m'accoupler avec toi jusqu'à l'évaporation des trous noirs. »

Jack, trop bourré pour répondre autrement qu'avec un haussement d'épaules, la laissa grimper sur ses genoux, les petits gris hurlant d'enthousiasme. C'était officiel : leur Reine avait choisi. Il fallait célébrer.

Un comité fut monté dans la seconde. Ils décrétèrent qu'il fallait au minimum un kebab royal pour que le prétendant humain tienne les quelques minutes de patience nécessaires à la préparation de la cérémonie cosmique. Tandis que l'univers frémissait autour de la brèche instable logée entre ses jambes, Jack se vit remettre un pain pita garni de viande indéfinissable, de sauce blanche intersidérale et de pickles flottants, sous les vivats d'une foule en délire.

« Prépare tes vœux, humain », cliquetèrent-ils.
« Et nettoie-toi les narines. Elle est très sensible aux odeurs. »

Plus personne ne parlait de vortex, de catastrophe dimensionnelle, de saison 12 ou de trous noirs. L'alcool avait probablement désactivé une partie cruciale de leurs cortex logiques. L'apocalypse pouvait bien attendre : on ne fait pas attendre l'amour. Pas même avec un T-Rex dans le slip.

Et tandis que l'univers entier semblait retenir son souffle, Jack, un kebab à la main, murmura : "Bah, au pire, on improvisera."

Lindsay S


lapinchien

CitationSuper marrante, ta fin. T'auras eu ton happy end et ta love story, finalement. Je le poste de suite.

lapinchien

CitationPosté sous les noms Zone.Inc et Zone forum pour le mystère et la tradition mais je te crédite si tu veux. Sera publié lé 13 septembre.

lapinchien

CitationBravo et merci à toi. T'écris super bien. J'espère que t'es auteure de bouquins dans la réalité réelle parce que ce serait un grand gâchis sinon. Je laisse le lien en page d'accueil de la Zone vers ce topic du forum comme une visite d'un musée des curiosités proposée au chaland en espérant que ça donnera envie à d'autres de participer au prochain texte collectif.

Lindsay S

Pas besoin de me créditer, c'est parfait comme ça!

j'espère que ça plaira (un peu)

PS : non je n'écris pas de bouquins. J'aide des gens à trouver du taf et à se regarder le nombril. J'ai encore le temps pour les bouquins
on verra à la retraite
Mais y a tellement de livres maintenant, des attentes de ME tellement commerciales et des autoeditions à la pelle que ça ne veut plus rien dire.
j'écris parce que ça me fait plaisir et ça suffit !

lapinchien

Les nouvelles et formats courts te vont bien n'empêche même si on sent que t'as le potentiel d'écrire en mode marathonien sur des centaines de pages des trucs super qualitatifs et drôles. Bon. On attendra ta retraite alors mais tant mieux pour la Zone en attendant. On ne va pas s'en plaindre.

lapinchien

On relancera un autre texte collectif à la publication de celui-ci en Septembre. Le temps d'imprégner les esprits et d'attirer d'autres auteurs. Comme les partouzes, plus on est nombreux, mieux c'est. Enfin, j'imagine. Je n'ai pas trop l'âme hermaphrodite en vérité.