La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Texte de merde : Feuille - trop portnawak quoi

Démarré par nihil, Mai 29, 2005, 13:29:50

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nihil

Il est sorti. Il a pris à gauche, à droite ; il est monté, redescendu ; à gauche, à droite,
encore à droite puis tout droit. Elle était là, pas lui.
Elle est sortie. Elle a marché tout droit, pris à gauche, à gauche, à droite ; elle est
montée, redescendue ; à gauche, à droite. Elle était là, plus lui.
Un canard cancannait,
Une paonne paonnait,
Une hyène en silence
Attrappa le premier
Et en fit sa pitance
En l'avalant entier.
À un coin du chevet, le livre est posé, ouvert en son milieu. Une lumière dorée l'irise.
Un chien aboie. Le ruisseau clapote, un canard clabote. Elle est là, lui aussi, mais pas elle.
Un hibou bouboule, une bulle éclate, un filet humide se déverse. Un lapin, paisiblement,
ronge quelque chose. Elle n'était pas là, lui si, hélas.
Il pleut doucement sur le caniveau, sur un recueil de Rimbaud ; un ange passe, une
caravane déboule, le hibou s'envole, le chien se sauve la queue entre les jambes. Un
hommede haute stature, encapuchonné, traverse les hameau, tenant à la main un plumeau
et cliquette à chaque mouvement. Une porte grince, un volet claque. Une nuit calme et
paisible, la lune est haut dans le ciel, il n'y a pas de vent.
Il est là, lui aussi ; ils se font face ; ils sourient. Elle est là, pas lui, alors elle attend. Un
bris de verre au loin, un meuglement sourd s'élève. Les talons claquent sur les pavés, le
chien se terre au fond de sa niche qui craque de ses tremblements. Un trait lumineux raye
le firmament. C'est le pire moment.
Le grand machin sourit toujours. Son regard est vide, creux, il n'a que les os sans la
peau, il couine en tournant la tête. La lumière s'éteint, le livre ne reçoit plus de lumière, il
ne voit plus rien, le lapin meurt. L'autre est parti.
Il est là, elle est là, mais elle n'est pas là. Elle est ailleurs. Il est ailleurs : il pense à elle.
Le ruisseau s'est tu. La bouche bée, un regard glauque. Un éclat lumineux fend la nuit. Le
lapin gît. Le canard est mort depuis longtemps. La Hyène rote. Le livre est ouvert en son
milieu. Il est là, elle est là. Où est-elle ?
Le chien pointe sa truffe chaude au-dehors. Une voiture démarre. Le chien regarde à
gauche, à droite ; il sort ; il prend à gauche, traverse la cour. La voiture s'engage dans
l'allée. Le chien va sur le trottoir. La voiture accélère. Le chien traverse la route. La
voiture arrive à ce moment-là à destination. Un type en sort : un mètre soixante, quatrevingt-
dix kilos. Il entre chez l'épicier du coin. Le chien pisse sur un réverbère.
Il est là, mais elle n'est pas là. Il sort la tête par la fenêtre. Il ne la voit pas. Il voit une
voiture mal garée devant chez l'épicier, un chien qui pisse. Il regarde son téléphone
silencieux. Il bout.
Le chien repose sa patte et gratte le bitume. Le type ressort de l'épicerie avec un pack
de bière vingt-quatre canettes rouge et blanc. Il monte dans sa voiture, démarre, s'engage.
Le chien s'engage sur la voie. Le conducteur accélère. Le chien s'arrête. Le mec beugle et
pile. « Putain de nom de dieu de merde ! » Il descend en toute hâte du véhicule. Il se
précipite. Le chien grogne. Bouboule entre chez l'épicier pour récupérer son portefeuille.
Le chien observe la scène d'un oeil suspicieux. Le bonhomme ressort, remonte dans sa
voiture, redémarre et rentre sans encombres chez lui trois-cents mètres plus loin.
Il est là. Elle n'est pas là. Il tient sa torche. Il retire ses habits. Il se couche. Il éteint la
torche. Il ferme les yeux.
Le chien tourne et tourne dans sa niche puis se couche. Il ferme les yeux.
Le lapin ne bouge plus depuis longtemps. Le canard se décompose dans l'estomac de la
hyène. Le hibou n'a jamais existé. Le ruisseau est à sec.
La ville s'endort, la nuit aussi.
Vivement demain.
Sans queue
Ni tête
Ni tête
À queue.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

nihil

Et ça doit être le seul que j'ai lu vraiment en diagonale, je suppose que c'est un bon point.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Aka

"Chuis votre plus grand fan, spoursa."
Monsieur Maurice, 17/04/2006

nourz

wow, c'est du grand art...
*impressionné*

Glaüx


nihil

Ouais en plus t'es morte Marguerite Duras, tu vas pourir dans son corps, c'est dégueulasse !
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Glaüx

Nan ça ça va, les vieux fruits dans l'alcool ça se conserve, c'est même bon, parfois.

Peut-être qu'elle conservera Feuille de l'intérieur.


Par contre, Feuille dans Marguerite Duras, là, ce serait franchement dégueulasse.