La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Tri séléctif : Lembaumeur

Démarré par nihil, Octobre 23, 2008, 23:45:43

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nihil

Le lai de Robert
Posté le 23/10/2008
par Lembaumeur


1er lai

Mon prénom, c'est Robert, j'habite
Dans une boîte en fer, ma bite
Me démange sans s'arrêter.
Alors quand j'ai un peu de blé

Ouais, mon gars, je vais haranguer
La vielle pute sur les quais
Pour cinq euros me faire sucer.
Passé le jeune âge, elles veul'plus
Montrer leur chatte à l'inconnu.
La bouche dépérit bien moins
Que l'escalope entre les cuisses
Et que l'petit noir qu'est pas loin.
Moi, je m'en fous tant que ça glisse.
Quand malheureux j'ai pas un rond
Que j'désespèr' de voir un con
Au cinquièm' je vais voir Maurice
Lui l'a une femm' qu'il prête gratis
C'est un sacré tas d'graisse molle
Mais elle a des trous qui collent.

2ème lai

L'aut' soir, l'était pas trop tard
J'ai descendu sur le boul'vard
Je n'en ai pas cru mes mirettes
Sur l'trottoir y avait une jeunette
Elle était complètement stone
Il faut voir ce qu'elle était bonne
Les pattes écartées sur l'bitume.
Ma queue s'est mise à faire d'l'écume
Devant cette catin tout' fraîche,
Pas besoin d'allumer la mèche.
Alors, j'l'ai traînée dans l'impasse
J'allais l'avoir à l'œil, la passe !
J'ai mis mon vit droit dans sa bouche
L'a pas même couiné. La mouche
Sous son nez m'avait chauffé
Alors j'ai juste un peu cogné
Pour qu'elle se mette à pomper ferme.
L'en a même avalé mon sperme
Alors j'en ai bien profité
Pour un peu partout la biner
Dans chaque trou - z'étaient si frais !
Crénom de dieu quel coup d'enfer !
Ah ça ouais, ce soir, l'gars Robert
L'en a bien foutu dans l'coffret !


Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Lembaumeur

Je n'ai qu'une chose à dire : vous ne comprenez rien à la poésie lyrique, ni à l'art de la geste, bande de nazes.

Aelez

Cyclotourisme
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur


    Je hais les cyclistes. Je les hais en dehors de toute mesure. Je leur crache à la gueule jusqu'à ce qu'ils débordent de ma bave toxique. C'est un fait, je n'y peux rien. Regardez-les, mais regardez-les, se déhancher dans leurs moule-burnes consacrés, leurs maillots de corps aérodynamiques aux couleurs criardes et désassorties, là, debout sur leurs pédales, attaquant un col qui n'en a rien à foutre, pendant que la troisième guerre pointe le bout de son champignon, que le Tibet t'abêtit, que l'Iran y raque, que les tyrans ont l'trac, que le soleil s'amenuise, loin vers l'horizon et que j'encule ma brebis préférée.


    Comprendre la haine, qui détruit mon p'tit cœur fragile, pour mieux la combattre, la réduire en miettes, la passer par les armes, la faire vomir ses derniers glaires, voilà, ce qu'il faut. Oui, oui, je dois faire un travail sur moi-même. D'ailleurs, ma brebis s'appelle Freudette (pour ceux qui ne connaissent pas F'murr, voir le Génie des Alpages, vol. 7, je n'invente rien (en particulier dans le cas présent.).)

    J'ai ainsi entrepris de dresser une liste évolutive et didactique de ces connards de types à vélo, d'établir des profils types, d'étudier ce qui suscite en moi la colère la plus rancie, la plus moite, la plus strombolienne, d'analyser et de cataloguer tous les traits de caractères, les comportements, les dogmes, les tours de tête de ces individus si spéciaux (quoique innombrables, à mon plus grand désarroi).

    En premier lieu, nous avons le cas tout à fait classique de la promenade dominicale en famille. Nous observons attentivement le père, la mère, le fils, la fille (échantillon type), pédaler de manière totalement asynchrone, la taille des roues, des plateaux, des pignons, variant nettement en fonction de la taille des individus, ainsi que de leur puissance musculaire. Le père, tout d'abord, en tête du convoi, s'emmerde royalement. En grande forme, éminemment sportif (footing matinal, football le samedi avec son club local, salle d'entraînement deux fois par semaine, tringlage de petites collègues de bureau (entre deux portes, tout sur les jambes, visez-moi ces cuisses)), cet éphèbe vieillissant doit s'arrêter en haut de chaque côte pour attendre sa petite famille de merde, à cause de laquelle il a renoncé à devenir champion (sélectionné en équipe régionale en 1991, ça s'invente pas). En second vient le fils, un peu grassouillet, faisant tout son possible pour coller au train de son cher papa, pour lui prouver qu'il existe, que lui aussi, il peut devenir fort et crétin. Malgré les efforts de ce petit trou-du-cul, le regard de son père restera toujours méprisant, au mieux absent, vu qu'il n'en a strictement rien à battre. Ce rejeton en concevra une grande amertume, qui le conduira à l'autodestruction, dans le meilleur des cas, ou pire, à ressembler à mort à son connard de père (et ce n'est pas Freudette qui me contredira). La fille n'aime pas le vélo, elle préfère jouer à la poupée ou à la dînette, et deviendra tout comme sa truie de maman quand elle sera grande. Elle a une chance de s'en tirer, mais tout juste. La maman, enfin, fermant ce triste cortège, se demande si son rôti ne va pas cramer, s'il ne reste pas un peu de poussière derrière le buffet, tant pis, elle repassera un coup en rentrant. Elle comble le vide laissé par son cher petit mari en s'activant avec obsession sur toutes les tâches gratifiantes au possible qu'on peut s'inventer à l'infini dans une maison. Son agressivité refoulée, son vagin sec comme une trique, la pousse à surprotéger ses moineaux, les étouffant dans sa propre béance, ne leur laissant pas la moindre chance d'évasion. D'un point de vue groupal, nous ne pouvons que constater l'absence de communication générée par cette file indienne, et nous supputons que cette joyeuse promenade ne sert qu'à masquer leur peur insane de l'autre (surtout quand il est proche).

    En second, nous avons le coureur solitaire. Notons au passage que cette catégorie est parfois redondante avec celle du bon papa susnommé, mais que l'appartenance aux deux classes d'objets est cumulative en terme de connerie. Le héros, partant à l'aube sur les petites routes, ne s'intéressant qu'aux montées vertigineuses, qu'à la sueur dégoulinant de son corps, qu'à ses muscles débordant de lactose, shooté aux endorphines (souvent aidées par une pharmacopée bien fournie). Ce surhomme total, puissant mais chimiquement instable, ne développe pas la moindre pensée cohérente : mécaniquement, l'énergie stupidement gaspillée dans l'effort musculaire n'atteindra jamais l'encéphale, qui, sous-alimenté, sera confiné à un rétrécissement progressif et inéluctable.

    La troisième catégorie de cette étrange sous-espèce est constituée du fleuron, de l'élite, de la crème du cycliste. Il s'agit bien sûr, du coureur par équipe, amateur chevronné, arborant les couleurs de son petit club de merde. Les premières et deuxièmes catégories sont totalement compatibles avec ce genre nuisible, largement le plus dramatique de tous. En effet, ces sinistres personnages s'ajoutent une part consubstantielle de connerie, non plus individuelle, mais cette fois-ci collective. La situation n'est pas sauvée, et loin s'en faut, par leurs jolis casques en forme de suppositoire ou d'ogive nucléaire, ni par leurs lunettes de soleil super style. Dès lors, nous assistons à un panel diversifié de comportements grégaires débiles, notamment l'occupation de l'essentiel de la largeur de la route. À cet égard nous ne pouvons que remarquer l'analogie entre l'apparence du peloton et celle d'un banc de ces petits poissons tropicaux appelés communément « néons » (Paracheirodon innensi ou Paracheirodon axelrodi, au choix, 10 € les 20). Au volant de mon Hummer (H1) imaginaire, la bave aux lèvres, je rêve d'écraser comme une bouse toute la colonie, fracassant les tubulures de carbone allégé, l'acier et le caoutchouc (difficile à fracasser, sauf en rêve), envoyant le troupeau dans le fossé en morceaux sanguinolents.

    Enfin, nous abordons le dernier type de cycliste : celui ou celle utilisant cette invention du diable en tant que simple moyen de transport. Utilisant mes talents particuliers de profileur, j'ai dressé un portrait détaillé de ce spécimen. En général un peu écolo, sportif mais pas trop, vaguement bobo, appréciant la nature, enfourchant sa bicyclette tous les matins, jusque par temps de pluie, parfois même le sourire aux lèvres. Il ou elle respire le contentement d'utiliser un moyen de transport gratuit et non polluant, lui permettant en sus de galber ses mollets raplapla. C'est beau, c'est bien. On sent une âme droite, intègre, bien dans ses bottes (exercice pataphysique : décrire une botte d'âme). Peut-être sont-ce ceux qui me causent le plus de tracasseries, vu que je n'ai pas vraiment de griefs à leur encontre. Peut-être est-ce la mise en valeur sociale que cela leur procure, le signe d'une intégration parfaite à cette chienne de société, d'une citoyenneté de bon aloi ? Et moi, à jamais marginal, éclopé, à côté de la plaque, désespérément inadapté à ce monde absurde et sans pitié et incapable de monter sur un vélocipède sans être aussitôt sujet à des éruptions cutanées très inélégantes et fort douloureuses... Heureusement la pollution des villes, l'air vicié respiré à pleins poumons, n'accordera qu'une espérance de vie de grand fumeur à ces maniaques...

    Putain, je hais les cyclistes.
Visez la tête!

Aelez


Féliloque
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur



    — Salut, tête de nœud.

    — (Hochement de museau, puis miaulement rauque)


    — Tu veux à bouffer hein, petit connard ?

    — (Re miaulement)

    — Dommage pour toi. Il n'y a rien à bouffer pour les petits connards.

    — .

    — T'as compris ?

    — .

    — Ouais, je vois ça.

    — .

    — Il faut que j'aille faire des courses, mais t'iras te faire voir. J'irai quand j'aurai plus rien à picoler. Et là, t'aura beaucoup de chance si j'arrive encore à penser à ta petite gueule de petit connard de merde.

    — (Frottement contre jambe)

    — T'aimes ça, hein ?

    — (Ronronnements)

    — C'est aussi bien que tu ne saches pas parler. Ça nous épargne bien des misères.

    — (Regard lourd de sous-entendus)

    — D'accord, j'y vais. Tu peux pas savoir ce que ça me coûte. Je te jure, tu vas me le payer.

    [...]

    — Tiens, il n'y avait plus que ça. C'est des croquettes au poulet. Je sais, c'est pas tes préférées, mais tu vas pas commencer à me courir. Après tout, tu les bouffes pareil, alors je ne vois même pas pourquoi je m'emmerde à me souvenir que c'est pas tes préférées.

    — (Miaulement joyeux, sans plus)

    — Tu vois, tu les bouffes. Tu penses qu'à bouffer, de toute manière.

    [...]

    — .

    — ..

    — ...

    — Quoi ? Tu ne vas pas me lâcher les noix cinq minutes ? C'est parce que je t'ai fait castrer que tu veux me rendre la pareille ? Tu sais combien ça m'a coûté à moi ? Tu me châtreras quand tu pourras lâcher le pognon qui va avec !

    — (Saute sur les genoux, puis miaulement insistant)

    — Ta caisse ? Je l'ai faite la semaine dernière trouduc ! Avec deux fois plus de litière que d'habitude ! Mets-toi un bouchon dans les fesses mon vieux !

    — (Se roule dans un coin, boudeur)

    — Je m'en fous de l'odeur. La clope m'a bouffé l'odorat. Quoi ? Nom de dieu ! T'es en train de pisser sur la moquette ?! Mais je vais faire de toi une paire de pantoufles, sac d'urine ! Attends voir là que je prenne ma canne et que je te batte comme plâtre !

    — (Crache, puis file à toute berzingue)

    — C'est ça, casses-toi petite merde poilue ! Tu crois que tu vas me manquer ?

    [...]

    — Te revoilà. Tu sais, tu n'aurais jamais du partir, jamais. Quand tu pars, je n'ai plus personne à qui parler. Maîmaître, quand il ne peut plus parler à quelqu'un, il est très malheureux tu sais. Tu aimerais, toi, être malheureux ? Non, non, non, petit chat, non, non, non. Tu vois, j'ai fait une petite folie pendant ton absence. Si, si, si, petit chat, si si si. Un beau fusil de chasse flambant neuf. Tu vois, j'y ai même mis dedans des cartouches de grenaille. Oh, non, mon petit chaton, ça ne fera pas très mal. Je te tirerai dans la tête, bien au milieu. Seuls ceux qui savent que tous les chats ont les yeux verts connaîtrons la couleur des tiens. Allez, maintenant, ne bouge plus.

    — (Détonation, puis explosion de sang et de fourrure)

    — (Détonation, puis explosion de sang et de fiel amer)
Visez la tête!

Glaüx

Lactate, pas lactose, et t'as oublié l'aluminium, métal majoritaire, au sujet des cyclistes. Faute grave, sodomie, exécution et celle de ton hamster aussi.

Aelez

Putain, dire que j'ai mis ce texte ici en me disant que comme ça, tu ne le lirais peut-être pas...
Visez la tête!

Glaüx

C'est chou de me surprotéger, maman, mais tu vas faire de moi un gay.

Aelez

Quoi, t'es pas gay ? Pourtant tu dois être la figure zonarde qu'on se mettrai le plus volontiers dans le cul.
Visez la tête!

Glaüx

Tout de suite le head fuck anal.
Coquine.
Faut savoir être un peu progressif, enfin.


Aelez

Excuse-moi, j'ai toujours été une femme de tête.
Visez la tête!

Glaüx

Et moi une tête de bite.

Je sens l'ébauche d'une collaboration.

Aelez


Tous aux (b)urnes !
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur




— Dis donc, pour qui tu vas voter ce week-end ?

— Euh...


— Alors ? Allez, va, tu peux me le dire...

— En fait...

— Pour les rouges ou pour les blancs, allé-eu ?

— Bah, je vais pas voter, ce week-end...

— Qqqqquoââââ ???

— Bah, non, tu vois...

— Mais ça va pas dans ta tête ? Dans ta teuté ?

— Si, mais...

— C'est vraiment pas cool.

— Mais...

— Tu sais, mec, y'a des gens qui sont MORTS pour ça.

— Tu sais, je...

— Non, écoute-moi, t'es pas un bon citoyen...

— Oh, faut...

— T'as aucun respect pour la Démocratie. Avec un grand D.

— ...

— T'as de la chance de vivre dans un pays où qu'on a le droit de vote.

— ...

— C'est ça la Démocratie, c'est quand tu peux mettre ton bulletin dans l'urne.

— ...

— Faut choisir, la gauche où la droite, sinon, c'est l'anarchie, tu comprends.

— ...

— La loi du plus fort. C'est vraiment pas bien , ce que tu fais pas, tu devrais avoir HONTE.

— ...

— Moi, je les enverrais en taule, les enculés comme toi. Ces espèces de grosses feignasses qui se donnent pas la peine de bouger leur gros cul de merde pour aller mettre le Bulletin Sacré dans la grande Boîte Numérique à Transparence Rétroguidée.

— Mais, écout...

— TA GUEULE ! Tu votes pas, tu te la fermes, psychopathe. Quand je pense à mon arrière grand-papa, mort au front...

— Je...

— Tiens prends ça dans ta gueule, sac à foutre !

— (Avale ses dents)

— Je vais te refaire la face, connard !!!

— (Saigne du nez)

— LA DEMOCRATIE, pauvre merde, la DEMOCRATIE, je vais te faire rentrer ça dans tes oreilles !

— (Tympans percés)

— Hein ? C'est pas assez pour les immondices comme toi ? T'en veux encore ? C'est par le cul, qu'il faut que ça rentre, la Dé-gnn-Mo-gnn-Cra-gnn-tie !

— (Censuré)

— Allez, crève sous-homme...

— ...

— Je vais faire mon devoir de citoyen. Cette année, je vote pour les choux rouges.


Visez la tête!

Evariste

Putain, je dois être d'humeur convenable, ce texte m'a fait marrer. C'est une merde bien drôle. Ca dérape mignon.

Aelez

Mangerbouger
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur




Putain de Dieu, on a bien failli réussir notre coup !

J'aurais donné n'importe quoi pour un bon vieux cassoulet. Un truc méchant, des flageolets, du confit de canard, de la graisse d'oie, des saucisses épaisses et juteuses. Et puis le tout arrosé d'un bon vin, du VRAI vin, avec de l'alcool et des sulfites. Putain de dieu. Je vendrais père et mère (paix à leur âme !) pour envoyer des pets bien odorants de ces effluves épaisses, charnues, et pas ces ersatz de prout au jus, fadasses et insonores.


Le consortium « Mangerbouger » naquit au début du siècle, le plus insidieusement qui soit. Par un habile jeu de lobbying international, ce mystérieux cartel s'est efforcé d'instiller dans la population l'idée qu'une consommation illimitée de fruits et de légumes, associée à une activité sportive régulière et journalière était la garantie d'une vie longue et heureuse. Antioxydants, Vélo d'appartement, Vitamines Abécédaires, Step, Oligo-éléments, Jogging, Omega, Sport Elec, Fibres, Fitness... La recette du bonheur, matraquée à longueur de journées, relayée sur tous les écrans de télévisions, soutenue par les gouvernements, injectée à tous les niveaux de la société. Ah ! Si c'est bon, alors, pourquoi pas ? Et tout le monde s'y met, pendant que les cours des produits maraîchers s'envolent, qu'on fait la queue pour s'inscrire dans des salles de sports dernier cri, que le Kosovo s'en va en couille et que les dictatures qui ne disent pas leurs nom s'évertuent à presser le jus, la sève, les forces encore vives de leur population opprimée, mais consentante, masochiste (vas-y fouette, fouette-moi grand fou !), peuple sodomisé sans vaseline par les grosses légumes assoiffées de pouvoir...

Ouais, bon, moi, tout ce que je voulais, c'est me taper un bon gros cassoulet.

Peu à peu, la pieuvre piteuse étendit ses tentacules gluants. Tout le monde était dans le coup. La World Vegetables Company, entreprise maraîchère mondialisée avait bouffé toute la concurrence grâce à ses pommes transgéniques maousse costaudes. Deux kilos la pomme, on avait battu des records ! Et toujours le slogan inlassablement ânonné par les médias en chaleur : Manger ! Bouger ! 5 fruits et légumes par jours ! et puis 6 et puis 7 ! Tenez, ce magnifique bouge-fesse à prix cassé en téléachat, préchi-précha ! Manger ! Bouger ! Inflation du prix des matières agricoles, on fait grimper la demande ! L'appel était relayé par quelques médecins peu scrupuleux ou carrément naïfs ! Antioxydants, Oméga 3 et 6 ! Manger ! Bouger ! On a bientôt organisé des stages gouvernementaux de nutrition (Manger !) et de sport (Bouger !) d'intérêt public payants et obligatoires pour apprendre une hygiène de vie optimale.

L'amaigrissement progressif de la population. Une population d'affamés volontaires. Une aubaine, pour tous les puissants. L'anorexie est peu à peu devenue la norme, véhiculée par la mode et tous les médias complices. La plèbe non seulement a faim mais souhaite la faim ! C'est la fin... Un autre compère s'est alors révélé : les labos pharmaceutiques, notamment le géant Sanofzer, pourvoyeurs de médications délétères (compléments alimentaires, coupe-faims, et plus tard, la pharmacopée censée soigner les nouvelles pathologies liées à la malnutrition...). La consommation de féculents et de matières grasses est devenue prohibée. Le légume roi ! Le roi-légume ! Manger !

En quelques décennies, l'immense majorité n'avait plus que la peau sur les os, silhouettes décharnées prêtes pour le grand charnier, se rendant chaque années dans les camps gouvernementaux d'effort et d'amaigrissement. Peuple docile car crevant la faim, crevant aussi de la chiasse provoquée par tous ces végétaux. Oui, les fabricants de chiottes publiques étaient aussi sur l'affaire ! Et les sociétés de nettoyage ! Ils ont tout sucé de notre sang, de notre moelle. Même notre merde s'est muée en immonde profit ! Notre merde liquide et verdâtre, le ferme et bel étron devenu fiction.

Je bossais dans une société de ce type chargée de tous les gogues publics de la capitale. J'avais tout du brave employé modèle : docile, obéissant, servile, serpillière, mur sur lequel on pouvait pisser tranquillement... Une fiotte, comme tous mes compatriotes. D'une bonne constitution, j'arrivais à garder une certaine forme, même avec les régimes alimentaires imposés. Ce job était pour moi et je l'obtins sans difficulté. Un poste a temps plein, ça n'a pas de prix de nos jours, où le taux de chômage atteint les 50%. De toutes manières, la plupart des actifs sont trop affaiblis pour travailler. Je passais donc mes journées à nettoyer les éclaboussures chiasseuses des gens, dans ces innombrables rangées émaillées de cuvettes. Ça puait. Une odeur rance, une odeur de mort. Et moi, je rêvais de cassoulet. J'étais assez âgé pour me souvenir de ce que ça signifiait.

C'est là que j'ai été contacté par la Résistance Alimentaire. Ce groupement armé se battait au quotidien pour sortir la population du joug de la faim, mais comment sauver quelqu'un malgré lui ? Les gens, aveuglés, apeurés, se vidant en permanence de leur douzaine de fruits et légumes ingurgités par jours, rendus dépendants, fascinés par la maigreur, hypnotisés par la télé immersive. Je me suis quand même engagé, pour essayer de sortir de ce pétrin. On faisait quelques actions d'éclats, vite étouffées par le pouvoir en place. Distributions de tracts, collage d'affiches, distribution de pâtes alimentaires dérobées dans un entrepôt militaire... J'avais personnellement plastiqué quelques toilettes dont j'avais la charge. Mais on jouait serré. La surveillance était maximale, à cause du terrorisme dont on entendait constamment parler depuis trente ans.

On se réunissait mensuellement pour décider des orientations du mouvement, des appuis à l'étranger, des futures actions. C'est là que ces fils de pute nous ont chopé. Une brigade sanitaire au complet a fait irruption au milieu de notre petite sauterie... L'avenir s'annonce bien sombre pour ceux qui n'ont pas réussit à fuir. Une rééducation complète dans les camps de classe 2, d'où personne ne revient intègre. Trahison ! Trahison ! C'est la débâcle... Notre misérable petit mouvement s'est éteint dans l'œuf, laissant la place à toute l'horreur d'un monde où la faim est la loi. Un monde sans cassoulet, pendant que je savoure le mien avec un plaisir sans remord.


Visez la tête!

nihil

Gentil Garçon
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur


Bonjour Madame, Bonjour Monsieur,

Je t'écris cette lettre de la zonzon, comme il dit Bébert (Bébert, c'est mon ami à la zonzon), parce qu'en fait, je crois bien que je suis victime d'une in-jus-tice, voilà, je l'ai dit.

Alors, voilà en fait, j'en ai parlé à Bébert et puis aussi à Gégé (c'est un autre ami à moi, à la zonzon, mais il ne fait rien qu'à me taper dessus), et ils m'ont dit que je devais faire quelque chose pour m'en sortir, et que c'était vraiment pas juste, DU TOUT. Alors, voilà, j'écris cette lettre. J'espère que tu es gentil, et que tu voudras bien m'aider. Tu sais, c'est difficile d'écrire, mais je m'applique bien. C'est important de s'appliquer. Ma maman, elle me disait toujours que c'est très gentil de s'appliquer. Alors, voilà, je m'applique. Je fais attention à l'or-tho-graphe. Car en fait, j'aime être gentil, même si Maman, elle ne peut plus me le dire. En fait, c'est parce qu'elle est morte, Maman. Et ça fait vachement longtemps. Mais je m'en souviens encore un peu, parce que tous les jours, je pense à elle. Enfin, je la vois dans ma tête, quoi. Et c'est comme si elle était là, sauf qu'elle ne peut plus me dire que je suis gentil ni me donner des bonbons.

La vie, c'est pas très bien à la zonzon, je préfère être avec mon papa. Avec lui aussi je me fais taper dessus, mais au moins on rigole bien. Là, les gens, ils sont tous tristes. Ils n'ont pas la potion magique qui fait rigoler. C'est parce que c'est une potion magique, on n'en trouve pas partout. Mon papa, c'est un grand magicien. Quand il est triste, il fabrique sa potion magique et hop il boit tout d'un coup. Et après, il est tout joyeux. Sauf des fois, ça ne marche pas. C'est quand il boit trop de potion, comme Obélix. Tu connais Obélix ? Il est chouette, hein ? Enfin, voilà, plein de fois, papa, il me fait goûter sa potion, et hop, j'ai envie fort de rigoler. J'ai la tête qui tourne, comme au manège. Et alors, même quand il me tape dessus, eh bien je rigole toujours. Tu te rends compte, un peu ? Moi, je lui dis qu'il devrait la vendre, sa potion magique, et qu'il deviendrait très riche. Et là, quand je lui dis, ça, il arrête pas de rigoler.

Papa il est très triste depuis que maman, elle est morte. Il lui tapait dessus aussi. Mais il me tape alors qu'il m'aime bien, je le sais. Il a beaucoup pleuré, et c'est là qu'il s'est mis à boire de la potion tout le temps. Heureusement qu'il a réussi à en fabriquer, car sinon, il serait tout le temps triste, comme une pierre (c'est Maman qui disait ça, alors que j'ai jamais rencontré une pierre qu'était triste). C'est là aussi que la télé est tombée en panne. Les choses bizarres, elles arrivent toutes en même temps, moi, je trouve ça in-cro-yable ! La télé avant, il y avait souvent des dessins animés à l'intérieur. Et bé, depuis que Maman, elle est morte, il n'y a plus que des dames toutes nues qui crient très fort. Et puis des messieurs aussi, avec des zizis é-nor-mes. Bien plus gros que celui de mon papa. Moi, ça m'étonne pas qu'elles crient fort, les dames, ça doit leur faire bobo à la zézette, des zizis pareils. Mon papa, il reste toute la journée devant la télé, alors qu'elle est en panne. Et pourtant, il n'est pas idiot, mon papa, il sait lire et même écrire. Oui, c'est bien le meilleur papa du monde.

En prison, la télé elle ne marche pas trop bien non plus. Ils ne passent que des informations, et puis des films de grands, et puis du sport, ça, j'aime bien, le sport. Il y a le football. J'aime beaucoup le football. J'en jouais beaucoup à l'institut avec mes camarades. Je ne t'ai pas encore parlé de l'institut. Ah ! C'étaient les plus beaux moments de ma vie, à l'institut. Je jouais au football. La maîtresse, elle était gentille, et les camarades, qu'est-ce qu'on rigolait ! Un jour, on a même volé une cigarette au surveillant, et puis on l'a fait fumer à un crapaud. Eh, bien crois-moi, si tu veux, et bien, il a explosé le crapaud. Hé, hé, c'était dégoûtant, mais on a bien rigolé. Mais alors du coup, maintenant, je sais bien que les cigarettes, ce n'est pas très bon pour la santé. Quand je vois tous ces pauvres gens, et surtout en prison, qui fument ce poison, on dirait qu'ils ne savent même pas que ça peut les faire exploser. J'ai bien essayé de leur dire, mais à chaque fois, je me fais taper dessus, alors j'ai arrêté, hein, tant pis pour eux. Oui, c'était bien chouette l'institut. Mais un jour, je suis devenu trop grand qu'ils disaient, moi je n'avais pas remarqué, mais bon. Tant pis, comme disait Maman, les bonnes choses ont une fin. C'est vrai que les mauvaises choses, on dirait toujours qu'elles durent très longtemps, même si c'est pas vrai.

Alors, voilà mon injustice, monsieur ou bien madame. Je suis dans la prison, parce que je suis tombé amoureux. Est-ce que tu trouves ça bien normal ? Franchement ? Moi, je sais ce que c'est, l'amour, c'est comme dans les dessins animés avec des princesses. C'est des trucs de filles, je sais, mais je les ai quand même regardés quand la télé elle marchait encore. Eh bien, je n'ai jamais eu l'impression que c'était quelque chose de mal. Et pourtant, le juge, il m'a enfermé pour ça. Il était sévère ! Encore plus que le directeur de l'institut, qui était très, très sévère. Il faisait toujours son regard sourcil, houlala, on avait très peur après. Eh bien, le juge, il est encore plus sévère.

Mais, à mon avis, c'est parce que la police lui a raconté n'importe quoi. Ils lui ont dit que je l'avais violée, mais moi, je sais bien que c'est pas vrai. On ne viole pas une fille, alors qu'on est amoureux d'elle, c'est n'importe quoi. Les policiers, ils sont méchants de raconter des mensonges, ils iront dans l'enfer et puis pour toujours. Enfin, sauf s'ils prient fort le Bon Dieu, et qu'ils deviennent gentils. Il faut savoir pardonner, comme disait Maman. Alors moi, s'ils s'excusent, eh bien, je leur pardonnerai, même après tout le mal qu'ils m'ont fait. Parce que moi, je suis un gentil garçon.

Dès que je l'ai vue, eh bien, j'ai eu un vrai coup de foudre, c'est la première fois que ça m'arrivait. Elle était tellement belle, encore plus belle que dans la télé de mon papa. Et puis surtout, elle avait des gros seins, comme des coussins ! Elle était là, toute nue, alors moi, je lui ai touché les seins, elle était d'accord, elle a rien dit du tout. Et là, mon zizi, il s'est mis à grandir et à devenir tout dur ! Tu te rends compte un peu. J'étais vraiment tombé en amour. Vrai de vrai. Alors, comme elle avait l'air d'accord, j'ai fait comme dans la télé de mon papa, et je lui ai mis mon zizi dans la zézette pour lui faire plaisir. Et elle n'a même pas crié ! C'était vraiment super chouette de faire l'amoureux.

Et puis après, c'était le lendemain, même, les policiers, ils sont venus me chercher et ils m'ont fait du mal avec leurs menottes, comme si j'étais un méchant. Ils sont bêtes les policiers, ils n'ont même pas vu que j'étais un gentil. Ils m'ont mis dans une toute petite pièce avec des barreaux. Et après, ils m'ont beaucoup tapé dessus. Alors, je leur ai tout raconté. Comme je te le raconte, vrai de vrai. Je leur ai même dit pour le crapaud, et qu'il ne fallait pas fumer des cigarettes. J'ai même dit comment j'étais fier d'avoir trouvé ce travail. C'était la première fois que je trouvais un travail, et je m'en sortais comme un chef ! En plus, c'était dans un institut, et moi, je m'y connais en institut, tu l'as compris. Mé-di-co-lé-gal, il s'appelait, celui-là. C'est compliqué hein, comme nom.

Voilà, maintenant, tu sais tout, alors j'espère que tu vas bien vouloir m'aider pour sortir de la zonzon. Merci de tout mon cœur.


Trafiquant d'organes
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