LA ZONE -

Conte moderne (part 1 : évolution)

Le 29/08/2006
par Nico
[illustration] Après le crash, la solitude.
Bien sûr ce ne fut pas immédiat mais progressif, petit à petit, vous vous êtes retrouvé tout seul. Le crash fut une épreuve douloureuse. Evidemment vous n’auriez jamais pensé que cela puisse vous arriver à vous. Alors vous étiez totalement démuni. Et vos connaissances aussi.

En premier lieu, juste après le crash, ce fut vos collègues de travail qui disparurent. Ceux avec qui vous avez tant parlé autour de la machine à café. La dernière fois que vous les avez vus, ils étaient tous très gênés. Ils savaient. Vous vous attendiez à ce qu’ils vous écrivent, vous téléphonent. Mais non, aucun ne le fit. Pas même un petit mail. Vous ne les reverrez jamais.

Ensuite ce fut vos amis. Au début, après le crash, vous continuez de les voir, mais ce n’est plus pareil. Votre relation avec eux a changé. Ils n’ont pas connu le crash. C’est comme si vous apparteniez soudainement à deux univers différents. Ils commencent par ne plus vous parler, à se forcer pour vous sourire, tout en essayant de vous quitter le plus vite possible. Ils vous dévisagent, et souvent vous vous surprenez à passer la main sur votre visage pour vérifier s’il n’y a pas quelques pustules. Mais non, ce n’est pas pour cela qu’ils sont tellement gênés.

Finalement, ils ne vous invitent plus du tout. Tout s'est passé si vite...

C’est alors que vous prenez conscience. Vous êtes devenu un monstre répulsif. Mais vous ne l’avez jamais voulu, jamais souhaité, jamais espéré. Vous ne l’imaginiez même pas. Et pourtant vous êtes devenu le cauchemar qui hante tant de gens la nuit.

Maintenant tous vos amis ont disparu. Lorsque vous allez sonner chez eux, c’est une autre famille qui habite là et vous chasse. Lorsque vous leur téléphonez ils ne répondent jamais. Parfois vous laissez un message, tout en sachant très bien qu’ils ne rappelleront pas. Puis c’est carrément votre téléphone qui disparaît.

Ensuite c’est au tour de votre famille. D’abord les plus éloignés : il vous arrive de les croiser mais ils ne vous reconnaissent pas. Ils ne voient que le monstre que vous êtes devenu. Puis vous ne les croisez plus du tout, eux aussi disparaissent.

Vous symbolisez ce que personne ne veut voir. La monstruosité à l’état pur, voilà ce qui les fait fuir. Ils ne veulent pas être contaminés.

A présent dans la rue, à votre passage les marchands de légumes protègent leurs étalages de tomates de peur que vous ne vous en approchiez, les vieux serrent leur canne prêts à vous en faire tâter si vous leur parlez, les gamins vous dévisagent et vous montrent du doigt à leur maman. Une fois un passant a même laissé son chien vous uriner dessus.

Vous vous sentez tellement honteux que vous n’osez même plus aller chez vos parents, vos frères ou vos sœurs. « Je suis un monstre » pensez-vous. Et puis où les inviter ? Vos bien matériels disparaissent à une vitesse terrible. D’abord votre montre et vos autres bijoux ; puis d’autres bibelots : vos peintures, votre télévision, votre vaisselle, vos vêtements. Bientôt votre appartement entier disparaît, comme emporté par un tourbillon.

Vous continuez de ne pas comprendre ce qui se passe. Vous avez l’impression que l’univers avance sans vous. Qu’il tourne sans vous. Que vous n’en faîtes plus partie. Pire : vous ne le comprenez plus. Vous avez vécu tellement longtemps dedans, c’était tout naturel et aujourd’hui, il vous semble totalement étranger.

Et personne ne vous aide à le cerner. Car à présent vous ne parlez plus à personne. Oh, ce n’est pas qu’il n’y a plus personne, non non, seules vos connaissances ont disparu. Les autres sont toujours là.

Ils sont là sans l’être réellement. Leur âme a disparu. Ils sont vides. Ils ne sont plus qu’un conglomérat d’êtres sans vie, un agrégat de gens sans couleurs.

Mais le silence vous pèse. A chaque instant vous voudriez crier, hurler à ces êtres ce qui vous arrive, leur demander pourquoi ils ne vous aident pas. Au début vous le faîtes. Mais à la longue, vous vous rendez bien compte que c’est encore pire. Plus vous montrez votre détresse plus les êtres vous fuient comme la peste.

Passée l’envie d’hurler, vous voulez simplement parler. Vous voulez savoir ce qu’ils trouvent de tellement monstrueux en vous. Un jour vous approchez l’un de ces êtres ; vous voulez lui parler, échanger, discuter. Vous voulez vous intéresser à lui et qu’il s’intéresse à vous. Vous voulez le découvrir et qu’il vous découvre.

Mais partout la même chose se reproduit. Soit ces êtres passent sans même vous écouter, soit, pire, ils vous jettent une pièce pour vous faire taire. Au début cela vous choque, vous vous sentez insulté.

C’est alors que vous avez eu le mauvais réflexe. Un jour, vous avez gardé la pièce. Vous êtes tombé amoureux de cette pièce. Plus rien ne vous plait excepté ce rond de métal. Même le côté sale de la pièce vous plait. « Après tout, vous dîtes-vous, je suis un monstre ».

Mais chaque fois que vous l’avez, elle disparaît aussitôt. Vous ne pouvez rien posséder, c’est inscrit sur votre front. Alors il vous faut à chaque fois une nouvelle pièce. C’est comme un cycle sans fin.

Souvent ces êtres vides et mornes refusent de vous donner une pièce. « Qu’importe » pensez vous.

Car jamais vous ne prenez conscience que le monstre ce n’est peut-être pas vous.

= commentaires =

Ariankh.
    le 29/08/2006 à 01:07:04
Parlez nous de votre enfance.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 29/08/2006 à 03:18:26
Dans la fumée des lessiveuses ?

J'ai cru pendant ma lecture de ce texte qu'on allait vers un genre de dénouement, du genre il est mort, ou n'importe quoi d'autre. Là, bon, j'ai même pas envie d'essayer de m'apitoyer, parce que je déteste les mendiants et tous ces salauds de pauvres qui me rappellent que je vis en système libéral. Faudrait tous les buter, en fait, comme les pigeons de Kirunaa. La dernière phrase a particulièrement contribué à me laisser sur une impression négative. Dans l'ensemble, le sujet ne me semble ni particulièrement bien observé ni finement exprimé, le plus lourd étant sans doute les tentatives de psychologie du genre 'Vous symbolisez ce que personne ne veut voir'.

Je pense que ça passerait peut-être mieux en s'attardant sur le parcours concret d'un personnage, plutôt que de paraître faire de la sociologie en généralisant et en parlant à la deuxième personne du pluriel.
Ceacy

Pute : 0
C'est un peu court, jeune homme.    le 29/08/2006 à 13:09:32
Ce texte semble surtout ouvrir des pistes, sans jamais aller jusqu'au bout. Dans l'ensemble, il n'est pas désagréable à lire, mais il manque quelque chose, il laisse une sensation d'inachevé.
Et la phrase à la fin est bien jolie, mais ça reste une sorte de morale. A la fin. C'est mal.
    le 29/08/2006 à 20:29:20
Rien à dire, c'est le texte le plus balourd intellectuellement que j'aie lu depuis le dernier sur le meurtre des vieux, là ; bel exploit de connerie, une performance exemplaire, on a envie de taper dans le dos de l'auteur pour lui dire que c'est pas grave, y a tellement de choses dans la vie qui sont bien et où il pourrait exceller, comme par exemple le grand écart digital ou le poussage sous boyaux agro-alimentaires.
L'Abbé
ceacy : CTB    le 29/08/2006 à 20:40:17
.
dwarf
    le 29/08/2006 à 20:40:41
Le dernier commentaire de Glaüx m'a plus fait rire que le texte.

Pour le vous, je vais faire le mouton et dire que ça rajoute aucun interêt.
Astarté

Pute : 0
    le 30/08/2006 à 12:58:05
Idem Dourak et Glo
    le 30/08/2006 à 13:05:10
Maintenant je sais d'où Aka tient sa technique de commentaire.
Astarté

Pute : 0
    le 30/08/2006 à 13:12:52
Bin vous le dites mieux que moi que :

- impression négative
- pas de dénouement surprenant
- ni bien observé, ni finement exprimé
- euh...c'est balourd

Les pigeons j'aime pas trop non plus
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 30/08/2006 à 20:08:48
Faut apprendre à dire les choses par soi-même avec ses propres adjectifs, ses propres adverbes, et son propre humour de répétition. Tu peux comprendre ça, grognasse, ou t'as trop sucé de gnous quand t'étais jeune ?
Winteria

Pute : 0
    le 30/08/2006 à 20:20:55
Mais laissez ce pauvre tranquille. Non et puis toi, lâche mon pantalon. Mais lâche-moi, putain !

Bon allez-y, massacrez-le.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 30/08/2006 à 20:25:10
Massacre toi-même. Sur deux pages, de manière intéressante. On publiera et on applaudira.
Winteria

Pute : 0
    le 30/08/2006 à 20:42:11
C'est fait, déjà. Vous avez plus qu'à publier mon superbe texte sur les fermiers.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 30/08/2006 à 20:46:18
Ils enculent des vaches ?
Winteria

Pute : 0
    le 30/08/2006 à 23:31:31
Partiellement. Ça viendra par la suite, dans la deuxième partie. Quand j'aurais envie.

C'est dingue, ça, l'écriture. J'ai le pouvoir de faire enculer des vaches par des gens. Je vais reconsidérer mon amour-propre à la hausse. Mais ça ne sera possible que lorsque j'aurai enfin reçu l'allongeur de pénis que j'ai commandé.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 30/08/2006 à 23:34:58
Tu peux aussi aller enculer des vaches caméscope ou appareil photographique à la main, on publiera ça dans les galeries.
nihil

Pute : 1
void
    le 02/09/2006 à 00:54:44
Bon alors on a un crash, et plus personne voit le héros, ni collègues, ni amis. Le héros est donc un fantôme. C'est moi où le suspense est complètement pourri, à peine digne du douzième sens ? Et c'est pas ça du tout en fait, c'est quoi ce bordel ? Pourquoi qu'on me casse ma bulle d'auto-suffisance supérieure avec de la remise en question de bordel de pute ? Je veux du simple, du facile, toute cette subtilité à deux balles m'exaspère.
Puisque c'est une Part 1, ça veut dire qu'il y a une suite. C'est obligatoire de se la cogner ou facultatif ?
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 02/09/2006 à 00:58:20
Je crois que c'est facultatoire de se la cognacer putatif.
nihil

Pute : 1
void
    le 02/09/2006 à 01:01:02
J'ai l'impression que tu fréquentes trop l'Abbé Pierre.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 02/09/2006 à 01:05:57
Calomnie. Je ne lui adresse même plus la parole depuis l'hiver 54.

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