LA ZONE -

Mythologie scandinave (version remasterisée)

Le 17/04/2007
par Nico
[illustration] Balder était le plus aimé des Dieux. Il était sympathique, inspirait la confiance, répandait la gaîté et la bonne humeur. Un peu maladroit, légèrement huilé, beau et charismatique comme un présentateur de journal TV, tout le monde l’adorait. Mais (il y a toujours un mais) un vendredi 13, il eut un songe particulier, une prémonition : il vit qu’on allait l’assassiner. C’était mauvais présage. Même pour un Dieu. Il regretta qu’il n’y ait pas, dans la mythologie nordique, d’oracle, comme chez les Grecs, qui eut pu lui prédire son avenir. Il fit donc ce que tout un chacun aurait fait à sa place :
-    Maman !
Frigga, la mère en question, si si, arriva sans se presser. Frigga n’était ni plus ni moins que la femme du calorifère Odin, l’opulent Dieu des Dieux.
-    Un problème Balder chéri ? demanda t-elle d’un ton morne.
-    Maman ! J’ai bien mal dormi !
-    Ça c’est un problème.
Frigga soupira, et l’air impassible ajouta :
-    Comment pourrais-tu ne serait-ce que t’endormir dans une chambre aussi monstrueusement enfumée par des heures de tabagisme intensif ? Aurai-je dû border mon immortel, et éternellement échevelé, fils, hier soir ?
-    Tu n’as pas compris Maman ! J’ai rêvé que j’allais mourir ! Tué !
-    Tu as eu une prémonition ?
-    Eh bien, tout au plus une humble certitude, oui.
A ces mots, Frigga tomba à la renverse, profondément évanouie.
-    Bon. Cherchons de l’aide ailleurs.
Balder se leva, enjamba sa divine mère, et quitta sa chambre. Pendant qu’il cherchait son frère Holster, Odin, lui, cherchait sa femme. Une bête histoire de machine à laver qui refusait de démarrer.
-    Femme ! Tu ne prends pas assez soin des appareils électroménagers, ce qui relève naturellement de ta compétence, et… Eh bien ! Tu dors par terre à présent ?!
Frigga ouvrit les yeux et se redressa d’un coup.
-    Et ça se dit déesse ! Ah, si j’avais eu une mère, elle m’aurait bien dit de ne jamais t’épouser !
-    Odinou ! Balder a rêvé qu’il allait être tué !
-    Billevesées et carabistouilles. A propos de cette machine à lav…
-    Mais c’est le plus mauvais des mauvais présages !
-    Sans doute, mais qui pourrait lui faire du mal ? Tout le monde l’aime. Si c’était toi qui avait eu ce songe, je serais plus inquiet, je commencerai par me surveiller moi-même d’ailleurs. Pour la machine à…
-    C’est tout l’effet que ça te fait ? Notre fils va être tué mais toi tu restes plat comme une moule et calme comme une huître ? Il reste les Géants ! La terrible prophétie dit qu’ils tueront tous les Dieux !
-    Femme ! Tu insinues le doute dans ma divine âme ! C’est mauvais pour ma tension artérielle. Je connais mon fils comme si je l’avais fait : il se fait du soucis pour rien.
Odin triturait son impeccable barbe grisonnante (il utilise deux après shampoing et une brosse pour lustrer le poil).
-    Tu sais qu’avec lui, reprit Frigga, la moindre chose anodine pour le commun des immortels vire à la catastrophe cosmique.
-    En effet, c’est un tic, presque un toc. Eh bien, si le devoir m’appelle je vais faire fi de mes occupations. Je descends aux Enfers en toucher deux mots à Héla.
Odin descendit donc à Niflheim, le royaume des morts. Il y découvrit une ambiance festive qui changeait de l’habitude. Deux zombies préparaient du punch coco, trois cadavres accrochaient en riant une boule disco au plafond, un gardien des Enfers s’essayait à faire le DJ. Odin trouva Héla dans sa chambre, occupée à se tartiner d’un maquillage verdâtre (d’une marque connue) qui lui donnait une tête de poireau. Il réitéra sa blague habituelle :
-    Hé là Héla ! Vous préparez une petite sauterie ?
-    Ne m’en parle pas. Je ne suis pas très douée pour l’organisation. Et quel investissement ! Faire venir des mortes catins de Transylvanie est de plus en plus cher de nos jours.
-    Et qu’allez-vous donc fêter ?
-    Mais nous allons recevoir un pensionnaire de marque, ton fils Balder.
La visage d’Odin se décomposa. Il marmonna quelques mots inaudibles tel une volaille intempestive et se jeta sur la grande porte de sortie comme la misère sur le monde ou la vérole sur le bas clergé.

- - -

Pendant ce temps, Frigga faisait le tour du monde terrestre pour arracher à toutes les choses et les êtres la promesse que jamais ils ne feraient du mal à son fils. Elle commença par les fauves et autres bêtes féroces qui pourraient être ensorcelées par un être malfaisant. Puis elle fit le tour des pierres, des plantes vénéneuses, des machines à laver, des volcans etc. Elle fit aussi promettre les choses les plus saugrenues de la Terre : le livret de mariage de Benoît XVI ; les oreilles de M. Bayrou, François ; les bons d’accès au Restos du Cœur de M. Hallyday, Johnny ; l’abonnement à Playboy de M. de Villiers, Philippe ; le rappel de cotisation au P.C. du Général De Gaulle ; le compte rendu du Conseil céleste de révision pour le dénommé Saint, Con ; le pénis de M. Pierre, Abbé ; un portait de Nietzsche imberbe ; l’inscription aux cours de soutien de philosophie du nommé Onfray, Michel ; le chéquier bis du compte helvétique secret de M. Bové, José… On peut tuer de rire avec ces choses là. Alors, rassurée, elle revint à Asgard, le royaume des Dieux.
Elle raconta son périple et Balder demanda gaiement aux autres Dieux présents, Thor et Tyr, de lui lancer des objets pour vérifier. Les Dieux lui lancèrent tout ce qu’ils trouvèrent mais à chaque fois les objets déviaient pour ne pas toucher Balder. Tel Boris dans GoldenEye, il s’exclama :
-    Je suis invincible !
Convaincus que tout danger était écarté, les Dieux s’amusèrent : il fallait vérifier si les êtres non plus ne pouvaient l’atteindre. On procéda donc à un jet de nyctalopes.
Seul Loki ne s’amusait pas. Loki, un Géant, semait le malheur partout où il allait, son seul plaisir était de martyriser. S’il avait toujours son permis de séjour aux Cieux (c’est ça l’air conditionné) c’était uniquement parce qu’Odin avait pitié de lui. Les Dieux prenaient en pitié sa misère intérieure, ils le considéraient comme un être torturé mais pas vraiment dangereux. Il haïssait le bonheur et honnissait Balder par dessus tout. Par le passé il avait déjà essayé maintes fois de le tuer : il lui avait fait manger de la crème chantilly périmée depuis deux siècles, offert un caleçon plein de dents de requins et de ronces… Il avait même poussé le vice jusqu’à lui faire lire un livre de BHL, mais rien ne l’avait tué. Pire : depuis Balder connaissait toutes ses armes secrètes pour semer le désastre parmi les Dieux. Chaque fois que Loki offrait un livre du dit écrivain, Balder se précipitait en disant :
-    Ne lisez pas ça ! Par inadvertance il m’est arrivé de le faire. Croyez-moi, si on n’en meurt pas, on n’en reste idiot à vie. Par bonheur, j’ai survécu.
Jaloux de Balder, Loki décida de retenter aujourd’hui, un vendredi 13. Il avait remarqué que, dans sa foule de détails oiseux, Frigga n’avait pas fait attention à un arbrisseau en apparence inoffensif : le gui. Il alla donc en arracher une branche et la tailla en pointe, comme une flèche. Puis il s’approcha d’Holder, le frère aveugle de Balder.
-    Tiens, lance le sur ton frère.
-    Aveugle comme je suis ?
-    Tu as bien le droit de t’amuser un peu, comme tous les autres. De toute façon, Balder est immunisé.
-    Tu es gentil, Loki.
Avec sort discret, le Géant alluma l’extrémité du bâton. Holder ne s’en aperçut pas et lança la branche enflammée. Loki se sentit sourire, presque involontairement. Il avait bien le droit de s’amuser lui-aussi.

- - -

Galopant sur son cheval ailé, Odin revenait le plus vite possible à Asgard, rongé par l’inquiétude. Il avait un mauvais pressentiment. On ne prépare pas une grande fête au Niflheim si l’on n’est pas sûr que la mort du Dieu. En arrivant aux portes, il entendit des rires. Il se précipita pour mettre un terme à cette excitation de mauvais aloi, mais le destin est fatalement inéluctable, il le savait. Odin courait dans Asgard, il courait à en perdre le souffle. Bientôt il les vit. Il se rua vers Balder, mais trop tard. La flèche incandescente venait de toucher son fils en plein cœur dans une explosion lumineuse.
Alors sur le marbre glacial d’Asgard, le malheur se répandit à la mesure des cris de douleur de Balder. Le monde des hommes trembla dans l’onde de choc de la souffrance flamboyante. Et dans les Cieux éthérés, un fils brûla, un père fondit en larmes, une mère hurla, un frère fut ravagé et un Géant se frotta les mains. Des flammes jaillissaient de la bouche de Balder, grande ouverte et tordue par le tourment, et les larmes ne purent éteindre l’incendie. Même la chaire des Dieux crépite dans le feu.
Dans les Cieux, les yeux de la terreur, les cris de panique, les larmes de la désolation, le temps de l’adieu, le sourire du vainqueur. Et dans Asgard, l'horreur et la jouissance, le cendrier des Dieux, l’infernale prophétie eut lieu.

= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 17/04/2007 à 17:10:50
Message complémentaire :

"Bon le texte que vous allez lire grace à un flair qui vous honore, a été fait ultra rapidemment pour être fini à temps, pas travaillé, à peine relu. Donc c'est une version walt disney d'un épisode très sérieux de la mythologie scandinave auquel je n'ai rien changé (si ce n'est qu'en principe la branche n'est pas enflammée donc il meurt sans cramer, mais alors ça n'aurait pas été drôle). J'ai un humour vaseux, je sais, c'est pour ça qu'en principe je n'écris que des trucs pas gais."
Ceacy

Pute : 0
    le 17/04/2007 à 18:25:44
Ça, c'est drôle, mais connu :
"Croyez-moi, si on n’en meurt pas, on n’en reste idiot à vie. Par bonheur, j’ai survécu."

Ça, c'est drôle, et involontaire :
"Même la chaire des Dieux crépite dans le feu. "

Ça, j'ai pas compris :
"Tel Boris dans GoldenEye"

Ça, c'est pas drôle :
"Odin triturait son impeccable barbe grisonnante (il utilise deux après shampoing et une brosse pour lustrer le poil). "
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 17/04/2007 à 18:27:26
on ne dit pas "çà", on dit "ceacy"
Ceacy

Pute : 0
    le 17/04/2007 à 18:36:26
On ne dit pas "çà", tout court, il me semble. Pas dans ce sens.
http://fr.wiktionary.org/wiki/%C3%A7%C3%A0

commentaire édité par ceacy le 2007-4-17 18:37:17
nihil

Pute : 1
void
    le 17/04/2007 à 19:31:29
J'aime pas, c'est vraiment pas mon type. Déjà que j'hésitais à avoir un humour, là ça me donne pas envie.
Nico

Pute : 0
    le 18/04/2007 à 10:42:46
Ce texte n'avait aucune autre prétention qu'être "une version walt disney d'un épisode mythologique".
D'ailleurs en relisant j'aime pas non plus.
D'ailleurs je n'écrirai plus rien de dRôLe.
nihil

Pute : 1
void
    le 18/04/2007 à 11:37:09
Oh bah il est vexé le choupinet.
Nico

Pute : 0
    le 18/04/2007 à 15:37:47
Ah non je ne suis pas vexé. Je l'ai dit maintes fois que mon texte était naze.

Sauf qu'à la différence de vous, moi c'était vrai.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 18/04/2007 à 16:21:12
Pour la Saint Con et sur le même thème, j'aurais plutôt essayé de donner dans un genre plus wagnérien. En tous cas, j'avoue que j'ai moi aussi éprouvé des difficultés face à cet humour. Les dernières phrases dénotent par rapport au texte, avec un côté grandiloquent. On dirait qu'elles sont la trace d'un autre projet initial, peut-être plus ambitieux, je ne sais pas.
Nico

Pute : 0
    le 18/04/2007 à 17:13:41
A la fin une de mes personnalités mal refoulées m'a dit "non ce n'est pas possible tu ne peux pas poster CA, fais au moins une fin correcte". Et voilà.

De toute façon je vais oublier ce texte et démarrer une nouvelle rubrique bizarroïde. C'est tout ce que j'arrive à faire.

commentaire édité par Nico le 2007-4-18 17:14:43
Hag

Pute : 2
    le 18/04/2007 à 18:21:35
"Je connais mon fils comme si je l’avais fait"
J'ai ris.

J'ai oublié le reste.
Aelez.
    le 20/04/2007 à 17:53:41
Ca m'a fait penser à'American Gods par endroits, du coup j'ai pas réussi à trouver ça totalement mauvais.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 21/04/2007 à 19:47:09
Je trouve que çà aurait fait un bon scenario de BD pour le site lapin.org ce qui est loin d'etre un reproche.
Mill

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Pute : 1
    le 22/06/2007 à 12:03:04
Inégal, certes, mais l'idée de mettre en scène des Dieux scandinaves m'a gentiment amusé. J'adore "galopant sur son cheval ailé" : j'imagine Odin courant sur la selle de son cheval - donc soit il fait du surplace, soit il tourne en rond.

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