Philippe et Jacques dans le bureau. 9h15.
- Hey dis donc, Jacques, on a pensé à ramener des ramettes de papier?
- Pourquoi Phil', y'en a plus dans l'armoire, où on met les ramettes pour la photocopieuse?
- Non, j'ai déjà regardé.
- Oh bah flûte, on en avait ramené y'a pas si longtemps!
- Oui on a imprimé beaucoup à mon avis.
- Ca alors! C'est fou tout de même, les feuilles qu'on peut utiliser dès qu'il s'agit de...
- Oui oui c'est vrai. Alors tu sais si y'en a des nouvelles?
- Dans la métallique du fond, là, t'as regardé?
- Oh j'ai pas pensé. Par contre j'ai pas la clé. C'est toi qui l'as?
- Non non, c'est René qui les garde maintenant.
- Ah oui c'est juste.
- Mais, Philippe, c'est pour quoi faire, les ramettes?
- Bah pour photocopier.
- Pour photocopier quoi? T'as plus de feuilles dans ton imprimante?
- Euh non non...
- C'est vrai? Enfin je veux dire on dirait qu'il t'en reste là, regarde...
- Ah oui mais bon, non. Autant remettre une nouvelle ramette dans la photocopie...
- Oui mais t'irais plus vite...
- Je vais pas commencer à transférer des feuilles de l'imprimante vers la photocopieuse...
- Sinon, c'est quoi ton rapport là, y'a beaucoup de pages...?
- Une trentaine environ.
- C'est un rapport de... hum...?
- Bah c'est le rapport du truc, enfin bon. J'aimerais vraiment imprimer ça maintenant, faut que ça soit bouclé.
- Ouais ouais. Ok. Bah si tu vois René, demande-lui les clés, il doit y en avoir dans l'armoire.
- Okay, je file.
- File, Phil! Hé hé hé.
- Hin hin hin!
Philippe seul dans le couloir. 9h44.
- Putain de Jacques, ce vieux con gavé de menstrues de sa truie de mère, je lui chierais dans la gueule à celui-là. J'ai quand même bien le droit de photocopier en couleur un petit calendrier Playboy de temps en temps sur les frais de la société, bordel de merde. Connard de fouineur et putain de ramette.
Philippe et René dans le bureau de René. 9h48.
- Salut salut René! Je te dérange pas?
- Hein? Ah salut euh... Ca va le petit nouveau hé hé?
- Oh oui, ça va maintenant, ça fait quand même plus d'un an et quatre...
- ALORS qu'est-ce que je peux faire pour toi dis moi?
- En fait c'est pour la clé de l'armoire au bureau, Jacques m'a dit que tu la gardais.
- L'armoire... euh...?
- La grande, métallique, sur le mur du fond.
- Ah oui oui oui. C'est pourquoi au fait?
- Oh c'est pour prendre quelques ramettes, je dois photocopier et y'a plus de papier.
- Eh, le papier file vite dans les bureaux, hein?
- Oh oui en effet.
- Surtout avec tous les rapports que vous avez en ce moment...
- Oui c'est bien vrai.
- Des rapports en tout genre...
- Oui.
- Là par exemple, c'est sûrement encore un gros rapport...
- Oui oui 25/30 pages quoi, normal.
- Ah ça les rapports. Surtout les rapports de logistique sont assez volumineux... Enfin ici je sais pas c'est quoi comme rapport...
- Hum oui le ... le rapport/qualité prix surtout, qu'il faut voir aussi.
- Hein?
- Je disais les clés donc...?
- Ah oui, voilà les clés.
- Merci, j'y vais! A plus tard René!
- Allez, file, Phil! Ah ah.
- Hin hin.
Philippe seul dans le couloir. 10h12.
- Crétin de responsable d'étage, je lui foutrais sa gueule dans son cul, à c'con là.. Sodomite bourré de chiasse... René René, je finirai par t'crever... La la la li la li la la...
Philippe dans son bureau avec Jacques. 10h15.
- Ah Philippe, te revoilà! Je te cherchais partout.
- Bah je t'ai dit que j'allais chercher la clé, Jacques.
- Oui oui, il faudra que tu penses à checker le bordereau pour les commandes du staff à la maintenance.
- Oui ok, j'imprime mon rapport puis je regarde à ça.
- Oui oui oui, alors j'ai tout déposé sur ton bureau hein, tu verras faut aussi résumer sur tableur...
- Ca roule, Jacques.
- Hey Phil', je vais au distrib'. Tu veux un café?
- Non, écoute là je vais prendre les ramettes dans l'armoire pour mon truc.
- Ton truc, quel truc?
- Le rapport à imprimer.
- Ton rapport? Quel rapport?
- Je t'ai dit, mon rapport à passer à la photocopieuse, tout à l'heure.
- Ah oui c'est vrai, ton rapport... Ca va c'est la bonne clé? Sésame ouvre-toi! Hé hé.
- Oui... Et tu sais quoi? Eh bien, y'a pas de papiers dans cette armoire de m... malédiction.
- Oh? Bah merde alors! Oh oui oui oui oui mais c'est con! Ecoute Phil', je me souviens à présent, j'ai pris les dernières ramettes pour dépanner Yves. Je me suis dit qu'Yves, en tant que chef, valait mieux qu'il en ait au moins trois de réserve, et bon voilà quoi. Mais j'ai signalé à Ginette qu'il n'y avait plus beaucoup de papier ici. Sorry, vraiment!
- D'accord, super.
- Sorry véry mûtch!
- Et Ginette en rapporte quand des ramettes?
- Je lui ai demandé!
- Quand ça?
- Ce matin... Enfin, je crois. Le mieux c'est que t'ailles directement la voir à son bureau, au 2ème. Comme ça t'es fixé, tu comprends?
- Oui t'as raison.
- Moi pendant ce temps je finis le listing du stock puis je te mets sur ton bureau, pour que tu passes les commandes.
- Ok, parfait, je vais voir Ginette pour les ramettes.
- File, Phil'! Hé hé hé.
- Hin.
Philippe seul dans l'ascenceur, face à la glace. 10h51.
- Ne craque pas, mon Philippe. On a connu des moments plus difficiles. Ce Jacques est une vieille merde à quelques mois de la retraite. Fais pas gaffe à lui...C'est bientôt l'heure du repas, ça ira mieux après-midi et tu l'auras ce putain de calendrier de cul, et avec des belles couleurs, crois-moi.
Philippe dans le bureau de Ginette, gestion fourniture. 10h54.
- Bonjour Ginette.
- Ah coucou Philippe, tu vas bien?
- Ca va ca va. Dis, on aurait besoin de ramettes de papier au bureau.
- Ah bon y'en a plus???
- Non, plus pour la nouvelle photocopieuse-couleurs.
- Tiens oui, c'est exa', c'est une belle machine que vous avez reçue! Petits veinards! Tiens tu veux un verre d'eau?
- Oh non ça ira, merci.
- Parce que j'ai des gobelets dans le tiroir, regarde. Moi je bois toujours mon eau Contrex, je n'aime pas celle du distributeur.
- Oui bah quand on a soif ça dépanne...
- Puis ça m'aide à garder la ligne et je digère moins bien depuis la ménopause.
- Oh, ouais, c'est souvent comme ça.
- Et à celle-là non plus ça ne la dérange pas, hi hi! C'est mon hamster doré que j'amène parfois, ça met de la bonne humeur.
- Oui il a l'air d'aimer son eau à la pipette là.
- Pas "il" mais "elle"! C'est une jeune femelle. Elle s'appelle Truffe. D'ailleurs elle est en chaleur en ce moment, c'est la saison.
- Ah ok.
- C'est pour ça qu'elle arrête pas de gigoter en ce moment. Elle est très nerveuse. Tiens regarde là, on peut voir sa petite vulve. Hi hi.
- Ah ouais on voit clairement.
- Tiens là, tu vois, elle est gonflée et un peu rougie.
- La coquine, hein. Et sinon pour les ramettes... hum...?
- Le problème c'est qu'elle te mordrait quand elle est comme ça. Une vraie bouillotte. Regarde-là elle me mord mon doigt!
- Ecoute, Ginette, je...
- Ca suffit oui, sale bêbête! Tu te calmes maintenant! Hé ho!
- Ginette, pour le papier. Il te reste des ramettes là ou...?
- Hum quoi, Philippe?
- Pour imprimer, à la photocopieuse, on aurait besoin de ramettes de papier.
- Ah oui oui oui, c'est exa'. Vous imprimez beaucoup en ce moment, non?
- Bah on a des rapports de fin de trimestre et voilà...
- AH oui, c'est exa'! Là par exemple ça doit encore être un bon gros dossier que tu dois imprimer j'imagine, hein?
- Plutôt, ouais, c'est du gros dossier comme on dit.
- Qui dit ça? Que vous avez des gros dossiers?
- Ah... Non, personne, je disais ça comme ça.
- Ah bon euh ok! Hi hi.
- Ouais.
- Hum... Ah oui, c'est exa', on doit encore avoir des ramettes.
- Parfait!
- Mais il faut que j'aille les prendre dans le bureau de Rosie.
- D'accord, j'attends ici.
- Oui... mais non... Je me suis brouillé avec Rosie à la pause café, ce matin, c'est exa'...
- Euh... Alors j'y vais moi, ça roule?
- Oh non! Elle va t'envoyer paître! C'est le protocole ici à la fourniture, car y'a eu des vols dans le passé. J'suis la seule à pouvoir y aller.
- Donc moi je suis emmerdé, en somme.
- Oh non non Philippe, ne t'inquiète pas. Tu m'envoies ton rapport sur le pc, et je te l'imprime ici!
- Ecoute avec des ramettes au bureau ce serait plus simple et puis, j'ai encore un peu de mise en page à corriger...
- Oh c'est exa', je comprends. J'espère moi aussi que Rosie va venir me présenter ses excuses.
- Des excuses pour...?
- Pour Truffe! Elle a dit qu'elle ne supportait plus ses couinements, que je pouvais pas m'en occuper au boulot. Tu te rends compte? Mince quoi, j'ai eu trois gosses!
- Ok c'est super.
- Alors elle disait même que Truffe empestait, là dans sa cage. Mais c'est les chaleurs, c'est normal! Elle n'y comprend rien et elle juge.
- Bon ok j'espère que ça s'arrangera, je repasserai plus tard.
- C'est exa', hein? Elle m'a vraiment déçue là. Je pensais pas que Rosie était comme ça.
- Ok bah moi c'est les ramettes le soucis.
- Oui pour toi c'est exa'... Oh mais ton rapport, tu peux aller chez le dirlo! J'ai remis des ramettes là-bas, la semaine passée!
- Oh non non je vais pas déranger, enfin il a du boulot.
- T'inquiète pas! Puis c'est quand même pour lui remettre après le rapport donc...
- Oui mais je vais déranger, laisse tomber!
- Je lui demande de ma part! Après tout c'est ma faute!
- Non écoute ça va aller, je repasse plus tard.
- Non non Phil'! Je veux me rattraper, je l'appelle de suite, depuis le temps que je suis ici il me dira rien va!
- Bordel de merde, Ginette.
- Hein? Allô allô? Ca sonne, attends!
- ...
Philippe au bureau de police. 15h10.
- Philipe R..., vous vous foutez de notre gueule?
- Non.
- Alors racontez-nous la suite de votre journée.
- J'ai un blanc, je me souviens m'être énervé et je me souviens plus de rien. C'est la vérité.
- Alors peut-être que le témoignage de celle qui était votre collègue et amie, Ginette J... vous rafraîchira la mémoire?
- Oui je... Oui.
- Elle vient de sortir des urgences, on a pris son témoignage sur son lit d'hôpital, pauvre taré.
- J'espère ne pas lui avoir fait de mal...
- Pauvre connard, t'es pas prêt de revoir la mer, si ça peut te donner un indice.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé, bon sang?
- Ta gueule, c'est moi qui pose les questions ici, trou du cul.
- J'ai droit à un avocat, vous avez pas le droit de me frapper la gueule comme ça.
- Mon cul. Voilà ce qui s'est passé; Ginette ta collègue, 57 ans, raconte qu'elle appelait son directeur pour une histoire d'impression. Là tu t'es emporté sur la pauvre femme. Elle n'a pas compris ce qui te prenait. T'as verrouillé la porte de son bureau et seul avec elle, tu lui as donner des coups au ventre et au visage. Ensuite, sale taré, tu l'as déshabillée, et t'as inséré dans son vagin... hum c'est dans le rapport, là, un "hamster doré en chaleur". T'as par suite tenté d'agrafer une douzaine de fois sa vulve, le tout en l'immobilisant avec ton pied, elle aurait deux côtes brisées. On a également dû déloger une bouteille d'eau de son... rectum. Elle souffre d'un prolapsus et de fissures anales. Elle souffre également d'infection et d'hémorragie au niveau de la poche utérine. Elle est en outre, toujours sous le choc psychologique. Tu reconnais les faits?
- C'est exa'...
Un bon rapport commence souvent par une conclusion résumée.
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Il manque la partie intéressante. Le fade out avec le plan sur les flics : non. Le reste est marrant comme un épisode des Bidochons. Ça se savoure avec du Vieux Papes dans un gobelet en plastique en mangeant une tartine de vache qui rit.
j'ai esquissé un sourire puis me suis dit que si j'avais eu la possibilité de choisir, j'aurais préféré ne jamais avoir lu et commenté ce texte et en contrepartie crever 5 minutes plus tôt sur mon lit d'hopital.
Tant que tu crève, nous on s'en branle. Sinon le texte est chiant comme la pluie.
on crève tous petit à petit à chaque instant. Derrière cette banalité et ce que tu viens de dire, se cache ton onanisme obsessionnel compulsif.
Sur ce point, j'approuve totalement!
J'ai honte, j'ai trouvé ça drôle. Nul mais drôle. Je ne sais toujours pas ce que veut dire "c'est exa'".
La sobriété, ça a du bon, parfois, par exemple si on prends des médicaments ou qu'on s'appelle Simenon et qu'on écrit un Simenon, mais, dans ce cas-ci, ça met sans doute beaucoup trop de temps avant de s'allumer, et ça s'éteint tout de suite. Et puis c'est très téléguidé, on sent que le type va péter les plombs.
Sinon, à une autre époque, je pense qu'on aurait été moins difficile vis-à-vis de ce genre de texte sur la zone. Mon dieu, nous sommes blazés. Mini-article.
J'ai pas lu, mais j'ai adoré.
C'est pas si mal, je suis presque content de l'avoir lu.