LA ZONE -

Délire

Le 01/07/2010
par Kartoffel
[illustration] "Je ne sais plus quoi faire, il ne m'écoute plus."
J'avais crié en prononçant ces mots, comme si cela pouvait changer quelque chose à la situation. A l'autre bout du fil, ma mère ne répondit rien. Peut-être imaginait-elle qu'elle pourrait m'apaiser en agissant de la sorte mais son impuissance renforçait la mienne ainsi que mon sentiment de colère.
Ma mère avait quatre enfant. Aucun de nous n'avait eu à se plaindre de l'éducation qu'elle nous avait donné. J'avais donc compté sur son expérience pour qu'elle m'aide à traverser cette période difficile que je vivais depuis plusieurs mois avec mon fils, Jérémie.
Craignant que le comportement de mon fils n'aboutisse à un cas d'autisme, j'insistais sur la gravité de la situation. J'avais demandé à ma mère s'il était judicieux d'emmener mon fils consulter un thérapeute. Que n'avais-je pas dit ! S'en était suivie une pluie de mépris, de sarcasmes et j'en passe. Et que j'étais incapable de m'occuper d'un enfant; et que je ne l'avais fait que pour être à la mode et ne pas devenir la risée de mes collègues de travail ou de mes amis.
Ma mère avait tort : j'aimais mon fils et je ne l'avais pas fait pour qu'il me serve de trophée. Seulement je ne savais pas comment gérer la situation. Selon elle, c'était plutôt moi qui avais des problème, moi qui devais consulter.
Avoir insisté n'avait pas suffit. Ma mère avait-elle oublié qu'il n'est pas d'usage d'exprimer ses sentiments dans notre famille? Avait-elle oublié les valeurs chrétiennes éculées qu'elle nous avait inculquées ? J'avais beau prendre le contrepied de son éducation, elle ne comprenait pas - ou feignait - ne pas comprendre ce que je vivais. Les sentiments lui faisaient peur car on ne peut les contrôler. Contrairement à moi, ma mère n'avait jamais pu se débarrasser de l'idée qu'ils ramènent à quelque chose de bestial en nous. Les refouler, c'est devenir un homme, ou une femme, un être civilisé. Du coup, elle me prenait pour un faible, presque un fou et cela l'effrayait davantage que le comportement de mon fils.

Tout avait commencé avec la mort de Paula, mon épouse et la mère de Jérémie. Je n'avais jamais réussi à faire mon deuil et chaque jour devenait plus pesant que le précédant, m'emportant en un tourbillon infini vers un gouffre sans fond. Cela n'en finissait pas.
Bien entendu, je n'en avais parlé à personne. L'homme fort et sûr de lui que je devais rester aux yeux de tous ne pouvait publiquement admettre sa faiblesse. J'avais trouvé, dans la ville voisine, un médecin capable de soigner ce qui m'affectait.
Compte-tenu de la distance entre mes habitudes domicile-travail et l'hôpital où travaillait ce médecin, sa fréquentation ne pouvait donner lieu à des ragots sur mon compte. Ces quelques mois de thérapie étaient parvenus à établir ce dont je souffrais et qui nécessitait un traitement quotidien. Je fus donc sommé de gober quotidiennement des pilules censées me permettre de passer au dessus de mes troubles. Le seul problème en étaient les effets secondaires. C'est pour m'aider à les surmonter que la thérapie se poursuivit.

Je supposais que mon fils vivait à peu près la même situation mais nous ne communiquions plus et il m'était impossible d'en être certain.
Depuis que Paula n'était plus là, Jérémie était devenu impossible à vivre. Oh ! Il n'était pas méchant ou turbulent à l'instar de certains de ses camarades. Bien au contraire. Il était plutôt le genre de gamin à intérioriser ses problèmes, à se taire et à souffrir en silence. J'avais été pareil à son âge. C'est pour cela que j'avais demandé son aide à ma mère. J'avais cru que ses conseils seraient bénéfiques, que son expérience, acquise avec quatre enfants, serait un atout pour faire face au renfermement de mon fils sur lui-même. Que dalle !
Cette dernière discussion, comme toutes les autres, n'avait mené nulle-part. Ma mère semblait se moquer de ce que je lui racontais. Elle agissait toujours de façon contraire à ce que je proposais. Je la soupçonnais de vouloir démolir l'éducation de Jérémie, de vouloir le formater à son image. Cela devenait insupportable.
Mieux que des conseils, ma mère avait voulu prendre les choses en main. Arrivant chez moi, un vendredi soir, elle avait exigé de passer le week-end à la maison. Dès son arrivée, elle s'était conduite en terrain conquis, jetant ses affaires sur le petit fauteuil à l'entrée, traversant le vestibule sans me regarder en m'adressant à peine un bonsoir froid et métallique. Tout en me demandant de préparer le dîner, elle avait grimpé les escaliers quatre à quatre en se tenant à la rampe pour ne pas basculer. Son énervement était palpable. Il était évident qu'elle me tenait pour le plus grand incompétent du siècle mais maintenant qu'elle était là, impossible de la congédier : je devais prendre mon mal en patience et attendre qu'elle ne décide de partir.
En attendant qu'elle ne redescende, triomphante et méprisante comme elle savait si bien bien l'être, je préparai un café que je bus sur la table de la cuisine en feuilletant un magasine qui trainait là depuis plusieurs semaines.
Au bout d'un temps qui me sembla infini, ma mère reparut à la porte de la cuisine. Elle s'agrippait au montant de la porte comme si ses jambes avaient peine à la soutenir. Sa bouche était crispée en une vilaine grimace et son œil gauche clignait nerveusement. Un tic que je lui connaissais bien pour en avoir quelquefois été la cause. Elle était contrariée. Le mot, dans sa bouche d'éternelle contenue des sentiments, équivalait à une catastrophe. Je n'ai jamais su ce que cela signifiait réellement pour elle mais je l'imaginais volontiers en train de hurler et de tout casser dans la maison pour se débarrasser de sa contrariété. Je pouffais de rire en y pensant.
- Tu te moques de moi ? grinça-t-elle.
- Bien sûr que non. Je pensais à autre chose.
- Et tu crois que c'est le moment ?
- Non, évidemment. La soirée s'est bien passée avec Jérémie ?
Ma mère me foudroya du regard. Elle s'étrangla. "La soirée ? Tu es idiot ou quoi ? Il ne s'est même pas passé une heure depuis mon arrivée."
Je jetai un œil à ma montre : c'était vrai. Je regardai à nouveau ma mère pour être certain de ce que je voyais. Jamais elle n'avait abdiqué en si peu de temps. S'il était une chose qu'on ne pouvait lui contester, c'était son entêtement à obtenir des autres ce qu'elle voulait. Du coup, elle était rarement victime de ce tic nerveux caractéristique d'un grand doute intérieur. Elle en avait vu de toutes les couleurs et plus grand chose, à ma connaissance, ne pouvait la tourmenter autant en aussi peu de temps. Le tête-à-tête avec mon fils s'était très mal passé.
Pressé d'en savoir davantage, j'invitai ma mère à s'assoir à la table et à m'en parler.
"Veux-tu me servir du thé, s'il-te-plait ?" Sidéré, je regardai ma mère. Elle m'avait posé une question au lieu de me donner un ordre. Elle y avait même ajouté la formule de politesse. J'avais été loin du compte en pensant que ça s'était mal passé : cela avait été une catastrophe.
Tout en buvant son eau aromatisée, elle décrivit le silence pesant comme une tonne de plomb qui avait régné au long de ces maigres trois-quart d'heure. Elle me raconta ses vaines tentatives pour arracher son petit-fil à son mutisme, usant tour à tour de tendresse et de brusquerie. Rien n'y fit et, plutôt que de l'en extirper, son comportement ne servit qu'à renforcer le silence et l'isolement de Jérémie.
Avant de partir, ma mère me donna quelques conseils et promit de m'appeler pour m'aider tenir le coup. Elle ne le fit pas, ce qui ne m'étonna guère.

Cet épisode ne fut qu'une courte pause dans l'agrégat insoluble de ma relation avec mon fils. Chaque jour après l'école, Jérémie montait dans sa chambre et s'y cloîtrait. Chaque jour je venais l'y voir pour m'enquérir de son humeur, de la façon dont sa journée s'était déroulée, des notes obtenues à ses contrôles. Je n'obtenais pour réponse que quelques onomatopées et hochements de tête. Il répondait sans me regarder, comme si je n'étais pas là ou comme si je l'ennuyais.
Il s'asseyait toujours en tournant de dos à la porte, face à la fenêtre dont les volets restaient constamment clos. De tous les jouets qu'il possédait, il ne s'occupait que du clown en peluche que Paula lui avait offert pour ses quatre ans. Seulement aujourd'hui, il en avait plus du double.
Ce jouet représentait tout pour mon fils. Il était le souvenir du temps regretté où sa mère était encore vivante. Jérémie lui prodiguait toute l'attention qu'il pouvait, transférant sur lui la tendresse et l'affection qu'il ne pouvait plus donner à sa mère. Il m'arrivait d'en être jaloux.

A chaque fois que je poussais la porte de sa chambre pour m'assurer que tout allait bien, j'avais la désagréable impression que le clown tournait la tête vers moi et me regardait de ses yeux perçants. Je craignais qu'il ne se précipite vers moi pour égorger ou crever les yeux à l'intrus que j'étais dans cette chambre.
A plusieurs reprises, je les entendis discuter. Ces fois là, je me crus définitivement bon pour l'asile. Puis je songeai que Jérémie, dans son jeu, avait inventé tel un ventriloque une voix spécialement attribuée au clown - toujours la même -, et qu'il faisait seul les questions-réponses pour eux deux.
Mon état ne s'améliorait pas. Je ne pouvais oublier la présence ni le regard pesant de cette marionnette sur moi. Pour compenser, j'avais doublé mon traitement sans en parler à mon médecin. Mes nerfs lâchaient de plus en plus souvent. Je criais sur mon fils comme s'il était la source de mes problèmes.
"Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu vas réagir oui ou merde !" lui lançai-je un jour d'extrême déprime. Ce faisant, je le secouai si fort que sa tête ballota dans tous les sens. Bien entendu, je n'obtins aucune réponse. En revanche, j'eus la certitude que le clown tourna la tête vers moi et me regarda méchamment, comme pour me tenir en garde du comportement que j'avais avec mon fils. En même temps, ce put n'être qu'une illusion d'optique car mon fils avait bougé, ce qui eût très bien pu placer la marionnette de façon à me donner cette illusion.
A bout de nerfs, je quittai la chambre en claquant la porte. Dans le miroir du couloir qui faisait face à la chambre de mon fils, le reflet du clown ne me quitta pas des yeux jusqu'à ce que la porte fut fermée. Cela ne dura qu'une seconde mais cette image resta gravée dans ma mémoire. Persistance rétinienne. J'en restai pétrifié. Je m'adossai à la porte avec la volonté - qui s'envola aussitôt - d'entrer à nouveau dans la chambre, de m'emparer de ce jouet de malheur et de le jeter à la poubelle. Éreinté par tant d'épreuves, j'abdiquai et descendis les escalier pour me servir un verre de vodka.

Le clown m'obsédait. Quoi que je fasse, quelles que soient les choses auxquelles je songeais, mes pensées en revenaient invariablement à lui.
Un jour que mon fils était à l'école, je décidai d'entrer dans sa chambre pour une inspection. Ce faisant, la honte m'envahit. Je me fis l'impression d'être un officier militaire prenant un malin plaisir à emmerder ses soldats pour des broutilles.
Je n'oubliai aucun recoin de cette chambre. A chaque pas que je fis, je jetai un regard en coin au clown qui trônait sur l'oreiller, à la tête de lit. De sa place, il avait une vue imprenable sur toute la pièce et devait s'en donner à cœur joie de me voir agir comme un voleur. Je n'en pouvais plus de me sentir épié par lui.
Désemparé, je me jetai au pied du lit dans une position de prière semblable à celle que prennent les culs-bénis dans les églises et m'adressai à la marionnette. "Cette situation a assez duré; je n'en peux plus; rends-moi mon fils, salaud; mais putain qu'est-ce que tu veux de nous ? Tu veux m'enlever ce qui me reste de mon fils ?"
Je repris le souffle que ma tirade m'avait temporairement ôté et regardai d'un air implorant le clown qui resta impassible. Il se foutait de moi, je n'avais plus de doutes à ce sujet.
Pour me venger de tout ce qu'il me faisait subir, je m'emparai de lui et m'en servis de projectile. Le jouet traversa la chambre en volant, s'écrasa violemment contre le mur en un bruit feutré de mousse comprimée et chuta lamentablement à terre. Je me précipitai ensuite pour le cogner de toutes mes forces. Ah ! Il ne faisait plus le malin, maintenant : si seul et vulnérable. Un rire de satisfaction monta du fond de ma gorge ainsi qu'une revanche trop longtemps contenue.
A genoux face à ma victime, je pleurai de joie. Je restai longuement dans cette position, puis réalisai que mon fils allait bientôt rentrer de l'école. Sans me hâter, je rangeai la chambre du désordre que j'y avais mis et replaçai la marionnette à l'endroit où elle s'était trouvé avant ma crise de nerfs, prenant soin d'en arranger les contours.
La porte d'entrée s'ouvrit lorsque j'atteignis le bas de l'escalier. Mon fils entra sans me dire bonsoir, me jetant à peine un regard. Il s'apprêta à monter dans sa chambre lorsque j'attrapai son bras et lui donnai une claque magistrale. Je me plaçai ensuite entre lui et les escaliers pour lui barrer le passage. Je ne voulais pas le perdre. J'étais prêt à faire n'importe quoi pour récupérer mon fils et l'arracher à l'influence néfaste de son jouet de malheur. "Tu vas m'écouter, maintenant", ordonnai-je.
Jérémie me regarda si fixement que j'en fus mal à l'aise. Son regard, inexpressif et lointain me donna l'impression de parler à un lobotomisé. Je ne pus rien ajouter. Le temps s'écoula. En secondes ou en millénaires, je ne pus le dire. A l'instar de mon fils, je me sentis soudain si loin du monde que tout m'indifférait.
L'instant d'après, je crus que Jérémie avait deviné ce que j'avais fait dans sa chambre. Sans me quitter des yeux, il fit un pas de côté. "Je peux aller dans ma chambre, maintenant ?"
Las, je libérai le passage des escaliers et lui fis signe de monter en soupirant. Qu'aurais-je pu faire d'autre ? Lorsqu'il eût atteint le pallier et qu'il entra dans sa chambre, Jérémie lâcha son cartable qui atterrit en un bruit étouffé sur la moquette.
"J'ai préparé ton plat préféré ce soir : des lasagnes. Tu viendras dîner ?" Je n'obtins pas de réponse.

Jérémie et sa marionnette s'étaient aventuré dans une sombre forêt à la recherche de l'un de leurs amis. La nuit les avait surpris et, cherchant leur chemin, ils étaient arrivés dans un repère de zombies. Ceux-ci s'étaient lancés à leur poursuite, persuadés de pouvoir terboliser les deux intrus avant le lever du soleil, ainsi qu'ils l'avaient fait avec celui qui était venu seul.
Pour toute défense, Clown et Jérémie détenaient des billes métalliques capables de transformer les zombies en flaques de boue. Mais l'obscurité les empêchait de bien viser et nombre d'entre elles se perdaient à côté de leur cible.
Au cours du jeu, Jérémie fit tomber l'une de ses billes qui roula sous le lit. Alors qu'il cherchait à l'attraper, il sentit qu'on lui donnait un coup sur le crâne. Il grogna. "Attends un peu, j'essaie d'attraper quelque chose."
La bille avait roulé loin, contre le mur et il était impossible de l'attraper par ce côté à moins de ramper sous le lit, ce qui était défendu. Il fallait déplacer le lit et attraper la bille en passant de l'autre côté.
Jérémie sentit un autre coup sur la tête. Il se redressa pour faire face à l'importun. "Mais attends un peu."
Sa phrase se termina en cri de surprise. Ce n'était pas son père face à lui; c'était son clown.
"Espèce de petit con !" Droit sur ses petites jambes cotonneuses, le clown le dévisageait méchamment, pointant sur lui sa main aux doigts inexistants. "Je crois que ça a assez duré. Combien de temps vas-tu ignorer ton père ?"
Le petit garçon se décomposa. Un filet d'urine se répandit en une flaque odorante sur la moquette de la chambre. La marionnette battait la mesure de son impatience sur la couette du lit avec son tout petit pied dépourvu d'orteils. "Alors, j'attends."
Jérémie tremblait de tout son corps. Incapable de bouger tant il était paralysé, il ne put que cligner des yeux être sûr qu'il ne rêvait pas. Il ne s'entendit par hurler de terreur. Le seul bruit qu'il entendit fut le fracas causé par la porte lorsqu'elle s'ouvrit et vint cogner contre le mur. Puis deux bras forts et rassurants se resserrèrent autour de lui.
- Là, là, mon grand. Je suis là. Tout va bien se passer à présent.
Le garçon tourna la tête vers la voix.
- Papa !
- Oui, c'est moi. Raconte-moi ce qu'il y a.
- Le clown... Le clown...

Terrifié, Jérémie hoquetait plus qu'il ne parlait. Hormis ces deux mots, il ne put prononcer quoi que ce fut. Ses larmes coulaient à torrents et c'est en vain que je le cajolai.
Ainsi, le clown s'en était pris à mon fils, l'ordure ! Ça n'allait pas se passer comme ça. Je devais le déchirer, en brûler le tissus et la mousse qui le constituaient avant de jeter le reste à la poubelle. J'aurais du le faire depuis longtemps mais mieux vaut tard que jamais, dit-on.
Je jetai un rapide coup d'œil à la chambre. Bien évidemment, je ne vis la marionnette nulle part. S'était-elle enfuie après avoir démoli ma vie et celle de mon fils ?
De sa main, Jérémie me désigna le lit qui était de travers et à moitié défait, comme si quelqu'un avait roulé dessus pour aller de l'autre côté. Une minuscule sphère métallique roula depuis le dessous du lit et vint se cogner contre mes chaussures. Elle rebondit sur le caoutchouc de mes semelles et roula encore un peu pour s'immobiliser au pied de la commode.
Sans desserrer l'étreinte que je donnai à mon fils, je me penchai pour la ramasser lorsqu'un mouvement attira mon attention. C'est là que je vis le clown surgir du dessous du lit. A notre vue, il stoppa sa marche et nous regarda. Il nous fit un grand sourire et nous salua bien bas à la façon des artistes qui terminent un spectacle.

= commentaires =

Putsch

Pute : 0
    le 04/07/2010 à 17:08:11
Ouais, en effet, c'est cool. Un texte comme ça, ça faisait un certain temps qu'on n'avait pas eu l'occasion d'en voir ici.
Après il y a quelques lourdeurs, c'est peu original, mais ça passe assez bien.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 04/07/2010 à 20:34:20
C'est un vrai texte avec une histoire et des personnages et tout et tout, mais je ne trouve pas vraiment ça très 'kingien', le fantastique n'est pas horrifique, et ça lorgne plus vers le psychologisme (travail de deuil, report d'affection, « nous ne communiquions plus », etc... ) que vers le manichéisme.

Au fond, d'ailleurs, ce psychologisme m'énerve un peu. C'est très dans l'air du temps, trop sans doute. Exemple : « nous ne communiquions plus », ça semble sortir d'un magazine féminin. Et toute l'introduction sur la situation psychologique du père m'a ennuyé. Ces choses-là, ça doit se montrer via le récit, pas être longuement décrit, me semble-t-il.

Pas très bien compris l'histoire des billes métalliques, ou le sens de « terboliser » (apparemment, mot créole pour « tourmenter », à mettre en rapport avec les zombies, j'imagine). Mais ce passage-là me semble confus et, justement, pas assez développé par rapport à tout le contenu psychologisant et inutile.

Sinon, la fin heureuse, bon, pourquoi pas. Voilà un texte pour réconcilier la zone avec Familles de France, peut-être.

Niveau du style, tout de même quelques fausses notes. La balourdise de « m'emportant en un tourbillon infini vers un gouffre sans fond. », ça, c'est du lourd. Pas mal d'autres détails. « En même temps, ce put n'être qu'une illusion d'optique » me pose un problème au niveau du choix de temps. Et puis « en même temps », utilisé ainsi, me semble trop au niveau du langage parlé. Plutôt « il me sert de » que « (je) m'en servis de projectile», si je ne m'abuse, mais j'ai un doute. Et, hors du style, point de vue logique : la persistance rétinienne qui a l'air confondue avec un phénomène de mémoire.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 05/07/2010 à 13:58:24
c'est superbement écrit. On croirait vraiment à un délire que s'est tapé un mec qui à l'habitude d'écrire de long textes et savoir mener une intrigue, jouer avec les lecteurs.

Par contre à la place du père, j'aurai peut être essayé de me déguiser en clown pour suciter une réaction auprès de son fils.

et j'aurais enculé ma mère aussi, oui, sinon ceci ne serait pas un commentaire zonard.
Narak

Pute : 2
    le 05/07/2010 à 16:00:16
J'aurais les mêmes critiques que Dourak à faire. Mais untexte complètement construit est tellement rare ici que ça passe bien dans le fond CMBDTC.
Boulogne
    le 11/07/2010 à 02:10:11
Le final twist est magistral mais il aurait cependant mérité d'être mieux exploité. Je veux dire, plus développé.
Bon texte sinon.

(Et Narak! je me languis! Ecris-nous un texte s'il-te plait!)
Castor tillon

Pute : 2
    le 30/08/2010 à 01:49:24
Un chouette texte. La fin nous réconcilie avec les deuxième et troisième paragraphes qui sont un peu lancinants.

"attendre qu'elle ne décide de partir."
"En attendant qu'elle ne redescende," : c'est moi, ou y a de la négation en trop ?

Ça manque un peu de punch et de strychnine dans la tasse de maman, mais j'aime beaucoup.

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