LA ZONE -

Concerto

Le 12/04/2011
par Carc
[illustration] « Franchement, faudrait que tu grandisses.»
C’est ce jour-là qu’à mes yeux t’as signé ton arrêt de mort. Et je ne savais même pas encore ce que t’allais dire ensuite. « Tu n’as aucune perspective d’avenir, grandis ».

Je te vois encore. Je te vois tenir ta bière d’une façon qui se voulait négligée, je te vois sortir le grand show, celui de l’adulte. Celui du mec qui sait ce qu’il fait. Et qu’importe le fait que tu venais d’avoir la nouvelle que tu triplerais ton master. Et qu’importe le fait que ta vie était un échec. Toi tu étais constructif. Ton petit quotidien morne était peuplé comme tu le voulais, la routine, ta routine ne t’avais pas encore lâché. Toi, tu étais responsable. Ce jour, à toi et tous les déchets de ta trempe jouant aux adultes responsables, je t’ai souhaité la mort. La vengeance est un plat qui se mange froid.

6 mois que j’attends. 6 mois que je rêve de ce moment, où je t’aurais enfin ligoté dans cette salle de bain un peu crasseuse. Ce moment où ton visage porcin de gros con auto satisfait aura enfin pris la couleur de tes cheveux, roux flamboyant des beignes que je t’aurai mises. Roux comme le feu dans lequel tu vas sombrer, finir, et avec toi tous les autres. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de t’annoncer que tu es effectivement l’élu. Celui que moi j’ai élu. Mon con. Et que tu vas mourir dans les flammes qui ne tarderont à détruire l’appartement. Pour ta connerie. Pour ton arrogance. Pour ton égoïsme. Mais avant, amusons-nous. Pourceau, je veux te voir crier, m’implorer. Mentir. Dire que je l’ai mal compris. Dire que tu n’as jamais voulu me blesser. Dire que j’étais parano, encore une fois. Dire que tout ça, c’était de la faute de quelqu’un d’autre, pas de moi parce que là c’est moi qui tiens le couteau qui t’entaille la chair. Ne t’en fais pas, avant de mourir je t’aurai rendu toutes mes blessures, et j’aurai pris ma revanche sur l’horreur informe que tu oses appeler ton corps.

Moderato. Commençons en douceur. Pour mes rêves de castration, je vais te couper la bite. Ton organe principal, ta principale source de fierté, se détache déjà de ton corps au moment où je te destine ces paroles. Crie. Ne t’arrête pas. Crie comme celui qui vient de perdre tout ce qu’il avait. Crie comme j’ai crié. Implore-moi encore. Au final, tu le sais déjà. Tout cela n’a pas de sens. Ni ma vengeance, ni ta mort, ni ton supplice, ni tes pleurs. Avec toi part de ce monde un autre cafard qui ne sera pas regretté. Quoi ? Tu penses être pleuré éternellement ? Grandis un peu, voyons. Oui, je te cite.

Allegretto. Te raser les cheveux. Comme aux militaires et aux bagnards. Te voir vomir de douleur alors que le ciseau entaille la peau de ton crâne. Tu ne crois quand même pas que j’allais faire preuve de clémence. Tu ne crois quand même pas que j’allais foutre ma rage et ma haine au placard juste pour toi. Tu te pensais à ce point inatteignable ? Mon pauvre, j’aurai pu me venger, et te blesser. J’en sais assez sur toi, je sais à qui m’attaquer pour te rendre fou. Je sais ce qu’il faut faire pour te pourrir la vie. J’ai cependant préféré attendre ce jour, que tu m’aies un peu oublié, que tu aies continué de te faire passer pour le mec intègre que tu n’as jamais été, celui qui a des couilles. Tes couilles, parlons-en. Ton scrotum, je le préfère tel que je te vois. Entaillé, vidé de son contenu. Non, ne t’évanouis pas. Ton supplice n’en sera que plus douloureux. En ce jour-là, mon jour de colère à moi, je te veux éveillé, prêt à accueillir toutes les plaies, toutes les blessures, toutes les calamités et les misères que le monde peut contenir. En ce jour-là, je te veux criant dans les flammes du bûcher que j’allumerais sous tes pieds pour laver l’affront. En ce jour là, ton dernier jour sur terre, je veux que tes hurlements de douleur et de terreur créent à mes oreilles la plus douce et la plus enivrante des mélodies. Ne t’évanouis pas, ce n’est pas du jeu. Et si tu t’évanouis, j’attendrai ton réveil pour continuer. Je te tiendrai en vie assez longtemps pour savourer ton supplice, et je ne m’en irai que quand les flammes auront dévastées l’appartement.

Allegro. Il est temps. Tu saignes comme j’ai saigné, tu pleures comme j’ai pleuré. Finissons-en. Ton lit de mort est fait, sous ta chaise s’accumulent les branches, arrosées de pétrole à lampe. Les flics ne sauront rien, cet appartement était vide. Et il n’y aura pas de trace de mon passage à moi, si ce n’est ton corps, encore rougeoyant des braises. Et ton odeur, rejoignant enfin l’aspect saucissonné que tu as dans tes vêtements. Tu as toujours été gras. Aujourd’hui, tout ce gras va fondre, regarde, il commence déjà à se répandre par terre au moment où j’allume le brasier, à moins, bien entendu, que ce soit ton urine. Maintenant, brûle comme j’ai brûlé. Je pousse le vice et le mépris jusqu’à m’allumer une cigarette avec la flamme qui commence à lécher ta jambe. Crie, débats-toi, suffoque. Il n’y a pas d’échappatoire. Je t’arrose encore d’alcool, peu dilué. Je préfère quand le feu prend moins vite. C’est lentement que tu vas mourir. Régulièrement je vais apaiser les flammes, les calmer, qu’elles ne te dévorent pas trop vite. Meurs comme je meurs, à petit feu.

Vivace. Le crépitement du feu. La folie du brasier. Tes membres qui brûlent. Tes cris. Si tu savais comment mon cœur est léger face à cette musique de démence, de ma démence, et de ta mort. Tu vois que je suis responsable. Je finis les choses commencées. Des fois. Quand elles m’amusent. Au final, tu me fais pitié. Ta mort te rend presque humain. Au final, je te sauve de bien des désillusions. Non, tu ne seras jamais professeur de faculté. Mais, tu sais, tu ne l’aurais jamais été de toute façon. Non, ta copine ne finira pas sa vie avec toi. Mais tu sais, un jour elle t’aurais quitté pour quelqu’un de plus viril, de moins bedonnant, de plus artiste, de plus con ou de plus pitoyable que toi encore. Non, ta vie, même sans mon passage, n’aurait rimée à rien. Et les flammes, tu devrais les embrasser.

Presto. Tu es beau quand tu brûles. Et moi, je peux partir. Je ne veux pas entendre ton cri d’agonie. Vois ça comme le plus profond acte de mépris dont je suis capable à ton égard.

= commentaires =

Kolokoltchiki

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Pute : -1
    le 12/04/2011 à 00:40:57
FUMER TUE.
lemon
    le 12/04/2011 à 10:45:57
Un peu scolaire, la répétition dans les formulations, la construction, ça me parait trop proprement structuré. Il manque une trame plus solide que la simple vengeance, des éléments un peu originaux, des détails décalés, des changements de perspectives, pourquoi pas des flashback ? Là c'est dans les clous, attendu comme la bruine sur les Cotes d'Armor.
Carc

Pute : 0
    le 12/04/2011 à 11:15:59
En soit, j'ai réfléchi au fait de poser des flash-back, et il y en avait dans ma première version. Je les ai supprimé, préférant la violence brute, sans expliquer les tenants et aboutissants de l'idée de vengeance. Au final, j'ai juste laissé l'introduction du con.

Ce n'est pas original, et ça n'a pas vocation à l'être. C'est juste un texte décrivant une vengeance.

Et j'adore l'illustration.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 12/04/2011 à 19:03:07
Moyennement convaincu. Manque tout de même une idée un rien plus précise et originale pour éveiller l'intérêt.

Le passage au passé d'un des paragraphes me semble un peu bizarre, mais ça doit être lié aux changements de version. Ou quelque chose m'échappe.
Carc

Pute : 0
    le 12/04/2011 à 20:10:01
c'est en effet une erreur de ma part. De plus, non, vraiment, ce n'est pas original. Critiques largement acceptées.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 13/04/2011 à 16:28:07
J'ai pas encore lu ce texte mais il fait deja partie de mes trois textes préférés pour l'instant.
El Déf
    le 16/04/2011 à 11:41:51
M'en veux pas carc, mais j'ai pas accroché, pourtant j'aime bien ce que tu écris d'habitude, mais là je trouve que la raison pour la quelle tu choisis cette cible est vraiment petite, du coup ça fait enfantin. Et la répétition de "t'as cru", "tu verras", "ton trucs" etc, j'ai vraiment trouvé ça rébarbatif.
El Déf
    le 16/04/2011 à 11:43:39
J'avoue ne pas avoir fini le texte et mettre arrêté peux de temps après la séance de coiffure.

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