LA ZONE -

Des carbonnades sans Dolorès

Le 01/05/2025
par Bernard Guilmot
[illustration] D’ordinaire, lorsque que je prépare des carbonnades, je ne peux m’empêcher de prélever ma dîme de chair fraîche avant de la faire revenir au fond de la cocotte. A franchement parler, la viande crue, qui se dégorge goutte à goutte de son sang, m’excite davantage qu’un coït. D’ailleurs, rien qu’en évoquant cette fine nappe rougeâtre au fond du plat, j’en ai encore aujourd’hui les babines et le nez qui se retroussent, avec le souvenir entêtant de l’odeur âcre et du goût ferreux.
Cette fois, lorsque j’avais retiré ma découpe du réfrigérateur, la couleur de mon tas de viande n’avait pas ce rouge intense auquel je m’attendais et j’avais eu tellement difficile à désosser les morceaux que les bouts n’avaient pas non plus cette forme caractéristique de gros dés mais de longs ligaments. A vrai dire, en l’état, ils ne m’attiraient guère et, vu la circonstance, je m’étais gardé d’en boire le sang restant comme je l’aurais fait d’habitude.

Bref, déjà que Dolorès s’était désistée, et pour cause, j’allais me retrouver seul ce soir avec Marion-France que ma compagne avait invitée pour je ne sais plus quelle occasion.
« Dolly va arriver d’une minute à l’autre ! » ai-je claironné à son arrivée, mentant effrontément car je ne tenais pas sur le moment à lui avouer que Dolores serait définitivement aux abonnés absents. J’aurais dû la décommander, mais, suite à l’effervescence de la journée, j’avoue que je l’avais totalement oubliée.
Bah, je trouverais bien une solution par la suite, me disais-je en aparté, pendant que Marion-France ôtait déjà sa veste, dévoilant ses bras anorexiques sous une chemise sans manches. Sa jupe, plutôt courte, mettait en évidence la boite aux lettres qu’elle avait entre les cuisses, comme toujours. Elle fronça le nez et je crus d’abord que cela témoignait de ma propre odeur.
Mais : « Désolée ! », m’expliqua-t-elle en me suivant dans la cuisine comme un petit chien, « Depuis quelques temps, l’odeur de la viande crue m’écœure… suite à une visite à l’abattoir avec mes bout’chous, peut-être ! ». Pourquoi tentait-elle de se justifier avec cette grimace désarmante qui d’ailleurs ne me la rendait guère plus appétissante ? « Vous aimez ça, vous, apparemment ! », fit-elle encore.
Je reluquai le tas de viande qui crépitait dans la casserole. La chair, rôtie au premier degré, passait doucement du rose au gris. J’y transvasai la flaque qui stagnait dans le plat vide. La fine coulée se coagula illico en grésillant. Madame n’aimait pas ça ? Je ne la retiendrais pas.
Cependant, Marion-France s’entêtait, s’incrustait, semblait même vouloir m’aider. Je la dévorai des yeux, mais cela n’éveillait pas sa méfiance.
« Les oignons, vous pouvez les couper grossièrement, vous savez ! », aboyai-je au vu de son insistance à s’occuper des oignons des autres.
« Grossièrement », entre mes lèvres, devenait peut-être un adverbe ordurier. Toutefois, l’institutrice ne s’en formalisa pas. Je pense qu’elle n’était pas assez futée pour me suivre dans mes doubles-sens.
Les larmes aux yeux, elle me tendit enfin la soucoupe d’oignons, un peu trop hachés à mon goût. Je lui envoyai un regard assassin qui l’obligea à baisser les yeux et courber l’échine.
Si cette idiote tenait absolument à apprendre ma recette, il lui faudrait certes un peu plus de talent, car, de toute évidence, son don culinaire se résumait aux tomates évidées et fourrées de crevettes sous une pelletée de mayonnaise à bon marché.

Les bouts de muscles avaient perdu leur couleur. Je les retirai méticuleusement un à un et les mis en réserve dans leur plat d’origine. Dans le beurre qui moussait au fond de la cocotte, je jetai ensuite la poignée d’oignons puis quelques branches de thym. Marion-France étudiait mes gestes avec la bouche en cul de poule ; disons que j’espérais pour elle que sa grimace ne ressemblât à aucun autre de ses orifices.
En un mot comme en cent, Marion-France m’agaçait. Tout m’exaspérait en elle, son physique ingrat, ses attitudes empotées, sa profession d’institutrice, même son prénom ridicule. J’avais une irrépressible envie de l’agresser, de l’assassiner peut-être, de découper sa viande maigre en petits dés que je ferais roussir avec délice dans une huile bouillante et frémissante.
Insouciante de ce que je concoctais à son propos, elle tamponna ses yeux rougis avec un essuie-tout. Comment apprécier une femme qui pleurniche après avoir épluché deux oignons pas plus gros que des testicules ?
Marion-France me demanda, tout en reniflant, si elle pouvait commencer à préparer les carottes. Je lui fourrai entre les doigts un éplucheur économique mais elle prétendit préférer un couteau, parce qu’elle ne savait pas utiliser ce « machin-là », parce qu’elle « n’aimait pas les oignons non plus » ( !), tout comme elle n’appréciait pas que « certains l’appellent Calista » (Allez deviner le rapport !), bref autant de récriminations simultanées que je ne parvenais plus à décoder.
Qu’elle ressemblât de loin à l’actrice d’Ally McBeal, cette vieille série télé, ne m’avait franchement pas sauté aux yeux « Je n’y avais pas songé... », commentai-je en lui tendant un long couteau, pointe droit devant. Une lueur alluma ses prunelles et elle se mordilla les lèvres, comme pour accentuer son air de famille avec la Flockart, mais de Calista elle n’avait que les seins absents et les jambes cadavériques.
Je décapsulai une Vieux-Temps et but une large lampée à même le goulot. L’amertume pétillante me picota le palais et, mêlée à l’odeur du sang cuit, me procurait une sensation de bien-être et de mansuétude, bien nécessaire pour l’occasion.
La viande au repos alla bientôt rejoindre les oignons et, recouverte d’une généreuse cuillerée de farine, se mit à suinter. J’ouvris une autre bouteille pour noyer le laurier qui surnagea comme feuilles d’automne, tandis que je salais chichement et poivrais le tout à volonté.
Marion-France-Calista vint se pencher à mes côtés au-dessus de la casserole. Avec des mimiques de souris, elle humait le fumet d’un air dégoûté. « C’est bizarre, cette odeur ! » couina-t-elle, « C’est de quel animal, cette viande ? ». J’inventai une histoire de boucher de premier choix, à laquelle je ne croyais pas moi-même. Elle l’ingurgita néanmoins, en dégageant une bouffée de phéromones goût menthe. Curieux mélange ! C’était indéfinissable mais à peine désagréable.
Par contre, d’où je me trouvais, elle m’offrait une vue plongeante sur la naissance de sa gorge. Je l’ai déjà dit, sa maigreur ne déclenchait en moi aucun enthousiasme. La chair pâlotte de sa poitrine avait pourtant redressé mes poils des avant-bras et ma bouche gourmande était à deux doigts de déraper sur la pente de ses seins. Disons qu’elle avait pénétré ma bulle d’un peu trop près.
Calista souriait benoîtement en me regardant visser le couvercle sur la casserole à pression. « J’ai cru un instant que vous alliez me mordre... », fit-elle d’un air candide, et, tandis que j’installais la pipette rotative sur son pic, elle de regagner, soudainement affairée, son demi-kilo de carottes. Pour une maigrichonne, elle avait une surprenante descente de reins qui se courbait sur deux fesses bien mitonnées.  Mais, sous ce petit cul mignon à croquer, sa jupe laissait à nu des genoux cagneux, des mollets et des chevilles osseuses surgissant de ses bottillons comme deux manchons. Décidément, Marion-France-Calista ne titillait guère mes sens et, de plus, sa voix râpeuse me grinçait dans l’oreille comme de l’émeri.
« Volontiers... », répondit-elle à mon offre d’apéritif, sans lever le nez de ses épluchures d’un rouge quasi translucide. C’était déjà ça, elle était douée en économie de carottes. Je lui ai servi un truc parmi les plus forts de mon bar mais je n’avais plus de glaçon dans le congélateur. « Désolé, M’dame... J’ai oublié une petite chose, M’dame : les glaçons, M’dame ! », graillai-je en contrefaisant la voix française, avec l’attitude niaise, de Peter Falk. Si elle connaissait Ally Mac Beal, elle devait connaître Columbo, me suis-je dit. Cela ne la fit même pas sourire ou peut-être mon imitation avait-elle été pitoyable. Elle soutint un instant le regard fixe de mon faux œil de verre et prononça les mots fatidiques que je ne lui pardonnerais jamais : « Vous appréciez cette série complètement ridicule ? ». Le chuintement de la casserole à pression la sauva d’une répartie sanglante.
Je programmai la minuterie sur une petite vingtaine de minutes. Puis, dans un silence mortel, j’ai achevé ma Vieux-temps en reluquant ses cheveux châtains, mi-longs et soyeux qui lui cachaient un profil qui avait le don de me dégouter en ce moment. Elle s’acharna sur les deux pauvres navets qui ne lui avaient somme toute rien fait ; sans doute aussi se rendait-elle compte qu’elle venait de commettre un impair.
Sa seule excuse était d’être la meilleure amie de Dolorès et de m’avoir été imposée. Dolorès avait en effet la pénible habitude d’envahir de la sorte mon intimité, comme par procuration. Mais tout ceci était bel et bien terminé, avais-je jubilé en ouvrant la boite de haricots-princesse dans l’égouttoir.

Le sifflement de locomotive qui fusait de la pipette couvrit les trois-quarts de sa phrase, qui n’avait sans doute aucun lien avec Dolorès. Je réduisis de quelques crans l’intensité de la source de chaleur mais le train garderait quelques secondes encore sa fière allure. Aussi ai-je dû me rapprocher d’elle pour lui demander de répéter ce qu’elle venait de dire. Une fois de plus, j’échouai sur l’échancrure de son corsage.
D’un geste trouble, elle avait repoussé une mèche de cheveux derrière l’oreille.  « Je disais donc que, ... moi aussi tout comme vous, j’ado-ore la cuisine chinoise ! », chochota-t-elle comme si elle avait un chou de Bruxelles brûlant dans la bouche. Elle détournait la conversation, tout bêtement.
Après son navrant coup de savonnette sur Colombo, Marion France essayait apparemment de reprendre pied. Je la repoussai illico sur sa pente glissante. « C’est bien, c’est fort bien, ma petite Calista, vous appréciez donc le chien aux ananas... », ironisai-je afin d’accentuer encore notre différence. Elle parut disparaitre dans un trou noir, en l’occurrence le fond de sa vodka. Son mutisme subit me ravissait. Je dois dire que je le goûtai avec délectation.
« Vous en voulez un autre ? », murmurai-je d’une voix si mielleuse qu’elle me jeta un regard effaré mais darda toutefois son verre vide dans ma direction, en guise de défense peut-être… Je le lui servis à ras-bords, exprès. Cela m’amusait qu’elle ne puisse le ramener à ses lèvres sans en renverser quelques gouttes. Prudente, elle resta d’abord figée, le bras tendu. Mon sourire et mes sourcils arrondis arguaient de mon innocence.
Son verre trouva le chemin de sa bouche sans anicroche mais sa première gorgée se solda par de légers filets aux coins des lèvres qu’elle essuya du revers d’une main vaseuse. « Je bois très rarement, vous savez ! », fit l’institutrice, fort à propos. « Vous devez être sempiternellement déshydratée... », rétorquai-je en essuyant de mon index recourbé une petite goutte qui sévissait encore sur son menton. Imperceptiblement, sa mâchoire inférieure s’était tendue vers la caresse et sa lèvre du dessous avait disparu un temps entre ses dents. Quant à moi, ce geste machinal vers son visage me donnait tout simplement une envie déraisonnée de lui gourmander la bouche jusqu’à plus faim.
La minuterie grésilla impérativement. J’allai déplacer la casserole et ôter la pipette du couvercle pour laisser s’échapper le souffle comprimé de la vapeur qui fusa vers le plafond en crachotant. Il était dix-huit heure douze. Normalement, Dolorès n’aurait plus tardé. Par contre, la viande ne s’effilochait pas encore sous la dent. Les rondelles de carottes et les navets prendraient une dizaine de minutes supplémentaires de cuisson. Tout serait alors presque à point. Entretemps, nous avions encore le temps de préparer les pommes de terre, de trancher les trois tomates et d’ébouqueter le chou brocoli.
Alimenter la discussion avec Marion-France me paraissait nettement plus ardu que l’engraisser pour qu’elle devienne consommable. Je me servis une vodka-bière en espérant devenir plus loquace. Tandis que je divisais religieusement les sommités du chou, Marion-France-Calista m’espionna avec un regard bien exorbité pour l’occasion. Je poussai vers elle les pommes de terre et, sans me lâcher des yeux, elle en déshabilla une avec dextérité. La chair jaune, presque orange, surgissant entre ses doigts où de la terre maculait ses ongles, me parut presque une scène pornographique.
« Vous me prenez pour une belle idiote, n’est-ce pas ? », parut-elle conclure en articulant chaque syllabe comme si elle y trouvait un sens caché. « Un peu des deux ! », dis-je tout de go sans même digérer sa question. Toutefois, je me mouillai les lèvres pour me ressaisir : « Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire, Marion-France... ». Je sentais que j’allais m’engluer dans une explication embarrassée et futile. Elle fit adroitement diversion en se levant de sa chaise pour aller se surdoser elle-même un fond de vodka. Je la voyais de dos, une fois de plus. Tombant de ses épaules molles, le dessous de ses bras nus avait l’aspect crémeux du lait frais. Une bretelle de sa blouse fuchsia était inconsciemment abandonnée sur le côté.
En se retournant, elle arborait un sourire aux canines en pointe et me laissa découvrir tout à loisir quelques centimètres carrés de plus de la chute de son sein droit. Sous certains angles, elle était appétissante, elle le savait parfaitement et en jouait à volonté. Pour la deuxième fois, j’effectuai le geste inconsidéré de tendre mes doigts dans sa direction et la bretelle rebelle regagna illico le mitan de sa clavicule. Finalement, ce moment d’intimité ne nous convenait ni à l’un ni à l’autre.  
En guise d’exorcisme, j’évoquai mentalement la grande bouche alléchante de Dolorès, sa peau sombre comme du pain d’épices et ses seins ronds dont les mamelons dorés évoquaient la pointe du cornichon. Cela ne suffisait pas pour effacer de mon esprit l’anatomie fadasse, les gestes empruntés et la mine un peu quelconque de Marion-France-Calista.  

Le cliquetis rassurant de la minuterie m’en délivra momentanément. J’avais bien mieux à faire et, surtout, empêcher la jeune femme de couper en deux ou -pire ! - en quatre les petites pommes de terre comme son couteau virevoltant en marquait l’intention. « Calista ! », émis-je d’une voix rauque en posant ma main sur la sienne. « Laissez-les entières ! ... Sinon, elles finiront en purée... ». Elle mordilla ses lèvres et son visage exprimait un air contrit, ou un autre que je ne parvenais pas à interpréter avec exactitude. Quant à ses doigts glacés que j’emprisonnais dans les miens, le long rinçage des pommes de terre sous l’eau froide en avait eu raison. Je retirai précipitamment les miens comme s’ils s’y étaient brûlés.
Dare-dare, je me suis retrouvé aux toilettes, en partie peut-être afin de justifier d’une manière ou d’une autre l’absence de Dolorès mais plus vraisemblablement pour me remettre à jour par rapport à celle que je n’avais pas invitée. De fait, me tracassait cette attirance insipide qu’exerçait sur moi la maigrichonne, pourtant pas désirable pour un sou.
A court de réflexions à son propos, je tirai la chasse comme on tire les rideaux. A vrai dire, pour me sortir de cette pénible expectative, le Nokia de Dolorès que j’avais en poche m’inspirait davantage. Composer le message texto ne dura qu’un instant. Il m’était destiné. Se téléphoner à soi-même avait des allures schizophréniques que j’assumais pleinement.
De retour aux fourneaux, Marion-France me signala évidemment qu’un téléphone portable, le mien sans aucun doute, venait de se faire entendre. Le nom de Dolorès et son numéro apparurent sur l’écran.
Dans un premier temps, je n’y avais pas pris garde, mais Dolorès s’était incrustée jour après jour dans ma vie tranquille de célibataire. Deux mois lui avaient suffi pour s’imposer durant les heures qu’auparavant je réservais à une bande d’amis, une copine occasionnelle, ou à moi-même, seul devant un bouquin, parfois la télé. Avec Dolorès, bien entendu, ma libido y avait gagné au change. La garce était féroce, son appétit à la hauteur de mes envies et mes réveils parfois douloureux et pénibles. De fait, je m’étais vite rendu compte que, entre nous, il n’y avait eu que cela : une liaison gourmande, charnelle, viandesque.
« Vous avez un message. », m’interrompit Marion-France en esquissant le mouvement de m’arracher le téléphone des mains. « ... C’est Dolorès, c’est sûr... ». Je ne me demandai pas comment elle avait cette certitude et, désarçonné par son ébauche de geste, je lui tendis l’appareil.
D’ailleurs, le cri de la minuterie m’indiquait qu’il était temps que je rajoute les eerstelings et les tomates au menu. J’appréciai le bienfait de certaines coïncidences en faisant évaporer une fois de plus l’excès de vapeur hors de la casserole. En effet, Marion-France-Calista était en train de grimacer une moue exagérément déçue.
Il ne fallait pas que j’oublie, dans cinq à six minutes, de parachever ma préparation avec les haricots et le brocoli. Nous mangerions dans le quart d’heure qui s’entamait à présent, inexorablement.
Calista minauda en secouant le téléphone : « C’est important ! Dolorès rentrera tard. Elle doit achever un travail avec Francis, vous savez, cet écrivain  parisien…! ».
Bien sûr que je le connaissais. Quelques semaines auparavant, lors du vernissage ennuyeux à en mourir d’une série miteuse d’un peintre chilien, je lui avais moi-même présenté Francis, un type qui se prenait pour un écrivain né et, partant, pour l’un de mes amis les plus chers. Prétendre que Dolorès et lui avaient simplement sympathisé n’était pas vraiment le mot approprié à la circonstance.
Pendant ce temps, Marion-France s’était resservi un verre et avait rempli le mien jusqu'à ras bord. « Dolorès est une dévoreuse d’hommes, l’aviez-vous seulement remarqué ? », commenta-t-elle en s’écroulant sur une chaise, les yeux en forme de boutons, tandis qu’elle serrait pudiquement ses jambes de girafe, comme si, ayant reçu quartier libre et bénédiction de Dolorès, j’allais me précipiter sur elle. Je me contentai de rassembler les déchets de légumes sur la table pour les emballer proprement dans une feuille de papier journal puis, d’un trait, je vidai mon ersatz avant de m’en retourner au fourneau. Le minutage était inéluctable. Ce fut au tour du brocoli et des haricots de valser dans la casserole. Le repas serait un délice.

« Cela sent rûûûdement bon, à présent... », marmonna Marion-France-Calista en partageant le fond de la bouteille, « Vous m’avez littéralement saoulée, vous savez ! ». Je la toisai de biais, par-dessus mes lunettes. Un soupir d’aise avait soulevé ce qui lui faisait office de seins et sa bretelle avait dégringolé sur son bras, une fois de plus.
Mon regard fut d’ailleurs éloquent et ne ménageait son semblant de pudeur que pour la forme. Ce fut sans grande conviction que je m’approchai d’elle. Par souci de symétrie sans doute, je lui fis glisser d’une pichenette l’autre bretelle jusqu’au coude. Elle ne portait pas de sous-vêtement, tout au moins à cette hauteur-là.
« Vos seins minuscules me mettent en appétit, ma petite Calista ! », lui susurrai-je dans le creux de l’oreille en me cassant en deux pour empaumer ses attributs insignifiants mais dont les tétons s’érigeaient étrangement sur la ligne de cœur de mes deux mains. La chair absente gonflait sous mes doigts, un pur plaisir. Elle ne put s’empêcher de mordiller ses lèvres en relevant vers moi un visage serein, confiant et soumis comme une offrande. Je salivai. J’en aurais bien fait mon quatre heures si nous n’en étions pas déjà au repas du soir.
« Venez, Marion-France, j’ai une faim de loup… Nous allons manger Dolorès comme deux bons vieux amis !», l’achevai-je en mastiquant sa peau du bout des ongles.

Qu’avais-je donc dit qui la fasse autant rire ? « Votre lapsus me tue, Gabriel ! Vous rendez-vous compte de ce que vous venez de dire ?», fit-elle en rajustant sa bretelle.

= commentaires =

Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 13:42:33
Quelque part entre une fan-fiction de Maïté et d'Hannibal Lecter. à retrouver sur Marmiton à coté des commentaires de Latyfa Croft.
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 13:43:51
@Magicien Pampers : je t'avais bien dit que l'anthropophagie était éculée de sa mère sur la Zone.
Mill

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Pute : 12
    le 01/05/2025 à 14:58:12
Bon, je suis pas très fan de ce texte mais je dois reconnaître qu'il joue sur des cordes plus finaudes que d'habitude sur la Zone. Du moins il essaye, malheureusement rattrapé par divers choix de formulations un peu caricaturaux, la misogynie un peu forcée du narrateur, le prénom Marion-France sonnant comme une hyperbole dont on aurait pu se passer, par exemple. J'apprécie néanmoins le malentendu permanent. Un poil trop long toutefois.
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 15:21:17
Ah, oui, Marion-France, m.e.g.a.l.o.l... et pourquoi pas Zemmouria Hexagone ? huhu.
Mill

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Pute : 12
    le 01/05/2025 à 17:41:48
Je ne suis pas persuadé que cette histoire relève de la métaphore politique. Mais va savoir.
Magicien Pampers

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Pute : 3
@Lapinchien    le 01/05/2025 à 18:45:06
Bah, tout ça ne vaut pas un bon coup avec Zit la chèvre.
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 19:03:44
Voire Jordana-Marine Metropole
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 19:04:23
Désolé, on est le 1er mai, c'est la fête du travail de mon cerveau.
Magicien Pampers

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Pute : 3
T’inquiète,    le 01/05/2025 à 22:21:05
Les commentaires merdiques, c’est ma spécialité.
1 roup ne vaut qu’un roup. Mais cent roues valent 1 florins , là bas.
Mais ici. C’est plus compliqué. 100 sous valaient cinq francs anciens, qui valaient eux même, cinquante centimes en nouveau francs, une brique correspondait à 10 000 francs nouveau, un million en ancien francs, puis, les euros sont arrivés et le problème global s’est accentué.
Magicien Pampers

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Pute : 3
Cent    le 01/05/2025 à 22:21:51
Roups ( ce correcteur…)
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 01/05/2025 à 23:05:17
Tu tiens des punchlines brillantes pour AMV, l'assurance des deux Roups qui n'aiment pas quand c'est cher.
Magicien Pampers

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Pute : 3
Bientôt,    le 01/05/2025 à 23:40:21
Je glisserai sur la vague à Rocky Point et je me branlerai de tout. J’espère.
Lapinchien

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Pute : 6
à mort
    le 02/05/2025 à 00:13:05
tu vas continuer à venir sur la Zone une fois que tu seras aux antipodes ?

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