Je l'ai croisé au coin d'une rue. Elle était, belle, jeune et souriante. Derrière ses yeux rieurs se cachaient une grande vulnérabilité et naïveté.
Elle était parfaite pour susciter ma haine, parfaite pour que je joue aux ascenseurs émotionnels avec elle, parfaite pour être détruite.
J'ai toujours eu le don de séduire, de rendre les femmes amoureuses de moi, de leur faire croire au grand amour. Ce qui est fort risible alors que je ne suis pas sûr de m'aimer moi même.
Elle attendait le Prince Charmant, elle m'avait réservé sa virginité, symbole d'amour et aveu d'un don entier de sa personne.
Je l'ai prise comme une traînée et je l'ai méprisé d'être pucelle à vingt deux ans. J'ai écrabouillé son don et lorsqu'elle s'est effondrée, je l'ai relevé en lui disant que ce n'était pas grave.
Ce n'est pas grand chose un : "Ce n'est pas grave", mais cela allait devenir son leitmotiv à chaque fois que j'allais la terrasser de mes mots, de mes menaces. Tout est devenu permis, la rabaisser, l'humilier, graver dans son esprit qu'elle était bête malgré sa licence de Lettres, qu'elle était quelconque même si les hommes se retournaient sur son passage.
L'amener à avoir honte d'exister jusqu'au point de marcher en rasant les murs et en baissant la tête.
Cela a été si facile de lui faire perdre le peu de confiance qu'elle avait en elle. Si facile de la faire tomber très bas puis de trouver les mots adéquats pour la relever juste ce qu'il faut pour pouvoir encore la rabaisser. Tellement facile et jouissif.
J'avais vingt ans de plus qu'elle et à chaque fois qu'elle perdait son sourire et s'effondrait, ma puissance sur elle me rajeunissait, mon bonheur était à son apogée.
De ma vie, je n'avais jamais usé d'un pouvoir aussi jouissif. Les autres femmes avant elle étaient ou trop fortes têtes ou trop fragiles.
Elle, elle était parfaite pour moi. C'était la femme de ma vie.
Je lui ai proposé d'emménager avec moi et très vite je l'ai engrossé. Je savais qu'un enfant dans la partie allait donner encore plus de saveurs à la souffrance que je pouvais lui faire.
Cela a débuté dès les premiers mois de grossesse. Je lui passais des vidéos de ma fille aînée en la mettant au défi de me faire une fille aussi merveilleuse.
J'ai planté en elle la graine d'une perfection qu'elle devrait exiger de cet enfant qu'elle attendait. Une perfection pour me faire taire, mais une perfection qui aurait un coût sur la grenouille dans son ventre.
Elle était naïve, n'avait pas conscience de l'enjeu. Je la voyais pensive face à mes défis et je lisais en elle toute la foi qu'elle avait en cet enfant pour m'amener à l'aimer.
Au fond, c'était l'essentiel pour elle que je l'aime, qu'elle puisse coller à mon idéal, que je sois fier d'elle. Elle attendait tout de moi.
Elle m'avait raconté son enfance malheureuse, l'amour qu'elle n'avait pas eu et qui lui avait manqué cruellement toutes ces années. Elle m'avait vu comme son sauveur. Elle y croyait.
Le stress que je lui imposais aidant, elle a accouché plus tôt que prévu. L'enfant est resté trois mois en couveuse. Elle avait déjà cet instinct maternel vif qu'il me fallait fausser rapidement. Aux photos qu'elle voulait prendre, je lui opposais que c'était un bébé sans forme et sans intérêt, aux visites qu'elle voulait faire, je lui disais que cela ne servait à rien vu qu'elle était entre des mains médicales, donc plus aptes que les siennes.
Lorsque la crevette est rentrée à la maison, je n'avais pas imaginé le boucan que ça allait créé. A peine rentrée, elle chouinait déjà. J'ai vu rouge. La mère a voulu s'opposer. Je l'ai repoussé, insulté, menacé de la quitter et j'ai frappé la crevette tout mon saoul pendant que la mère sanglotait accroupie dans un coin du mur à se boucher les oreilles.
Après cela, tout était permis même si la mère et la fille savaient communiquer avec les yeux.
Je suis monté très haut dans la violence psychologique envers l'une et l'autre. Elles se consolaient tour à tour, mais restaient fidèles. J'avais oeuvré pour être leurs seuls repères.
Et puis, un jour, des années plus tard, alors qu'elles marchaient en titubant, la mère a passé un concours et l'a réussi. Il y en avait eu d'autres avant où j'avais pu la saborder avant les oraux. Mais, cette fois là, elle me l'avait caché.
C'est ainsi qu'elles se sont offertes le chemin de la liberté. Et même si j'ai ancré en la crevette une dépression sévère, je reste déçu que la mère ait pu m'échapper ainsi. Il parait qu'elle est avec un homme qui l'aime.
C'est une grande déception que tout ce soit arrêté au bout de vingt ans. Plus personne après elle n'a réussi a éveiller autant de colères et de haines en moi. Il est bien vrai que j'ai vieilli aussi. Mais, souvent, je pense à elle.
C'était si bon de la voir vaciller, trembler. C'était une bonne battante, elle savait pleurer, tomber et se relever avant de tomber encore et encore.
Il est vrai que les dernières années, elle avait plus de mal à se relever et elle ne réagissait plus tellement lorsque je lui disais : "C'est ta gueule que je ne veux plus voir. Je voudrais que tu crèves".
Lorsque je suis trop nostalgique, je redis ces mots, les fais rouler sur ma langue, me remémore ses yeux larmoyants, son corps tremblant.
Je me refais des films de notre vécu ensemble et je me demande si j'aurai pu user d'encore plus de cruauté.
Il faut croire qu'il m'en a manqué puisqu'elle a pu s'en sortir.
LA ZONE -
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L'emprise psychologique est la pire de toutes et ce texte la retranscrit de manière limpide.
Ce texte m'a vraiment dérangée. J'arriverais pas à savoir si c'était premier degré ou pas. En soit, c'est bien fait. Ça pue la malfaisance et la malaisance.
Grosse censure sonore de l'IA sur la violence psychologique donc voici le trailer censuré du jour : https://www.instagram.com/p/DMM9lCPN-A6/
Ce texte est criant de vérité même si c'est une fiction. Le mécanisme de l'emprise y est expliqué.
La censure pour un monde parfait...
C'est pas sur la zone qu'on va censurer la violence, quel qu'en soit le type, et particulièrement la violence psychologique qui est vraiment insidieuse. Il va falloir trouver des techniques pour jailbreaker l'IA à notre petit niveau de prompteurs du dimanche.
C'est vrai qu'on entend le terme de pervers narcissiques à toutes les sauces mais ils existent vraiment et agissent impunément dévastant la vie de ceux qu'ils côtoient. S'il y avait une justice, ils devraient être plus souvent condamnés à une obligation de suivi et soins psychiatriques.