SANS QUEUE NI TÊTE
C’est dans la capitale du Boukistan (Note 1 : État qui a du exister vu les nombreuses références sur la toile) que s’élève le palais du féroce sultan Meboul II.
Un brave eunuque y vivote, cloitré.
AUX MARCHES DU PALAIS
On l’a surnommé Ramen, car on lui commande souvent « Ramène ton popotin ». C’est vrai qu’il est lent et obèse.
Au turbin, il porte un gros turban, une veste courte sans manches et un pantalon bouffant trop (Note 2 : C’est un sarouel, en ottoman très fin, coloré à la décoction de pétales d’hibiscus), plus ses babouches éculées de traîne-savate. Tout sur lui est rose. Il a l’air d’un gros chamallow, d’où la variante « Ramène ta fraise ».
Sa tonalité aiguë de castrat se trouve aggravée par un fort accent castrais, car encore enfant il fut ramené d’Occitanie, « avé l’assent », comme esclave après une razzia lointaine. Il n’y a qu’en chantant qu’il perd son accent et peut se faire comprendre. Tout ça le rend bizarre mais sympathique. Au fond l’aigu et les couleurs ne se discutent pas.
Ramen est garde - chaste - des 30 cailles, bichettes - et quelques pintades - au harem. Elles ont de beaux yeux noirs et portent des atours diaphanes, quand elles ne sont pas nues, alanguies près des cascades et bassins.
Quand le shah ne joue pas avec ses souris, ces belles captives, d’origines diverses et lointaines, passent le temps à se divertir comme elles peuvent.
Ramen n’a pas les boules, il intervient pour les crêpages de chignons, range régulièrement les accessoires, patins, couffins, godillots et ceintures. Il tient même volontiers la chandelle durant leurs loisirs nocturnes. Ce n’est son goût, mais ce n’est toujours désagréable au palais.
Toute cette promiscuité ne lui fait hélas ni chaud ni froid.
Ce qui l’excite lui, pour se lover dessus, c’est son tapis. Il possède un, modeste et élimé, mais il y tient. Il fait son bonheur.
Mais d’où vient donc son amour du tapis ? Vous êtes en droit de vous le demander.
TAVADJA BONO
Le sultan richissime avait tapissé partout.
Il avait débauché Travadja, une conservatrice berbère, co-auteure de l’ouvrage de référence « Les tapis d’Orient pour les nuls », sur vélin, texte et illustrations à la plume de faisan à collier et encres végétales, publié en édition forcément limitée.
Travadja dans la tour prend garde et veille sur les tapis exposés : elle lutte farouchement contre les parasites, sème partout des billes en bois de cèdre du Liban. Elles envoient plus d’un visiteur au tapis faute d’éliminer les anthrènes (Note 3 : Anthrenus verbasci, famille des Dermestidae, familièrement appelés mites des tapis).
Ramen, en tapinois derrière une tenture, l’écoute un jour présenter à des visiteurs la perle de la collection :
« Ce tapis inestimable est de format Zaronin (Note 4 : soit 1 x 1,5 zar, et le zar fait 105 cm). Il a été confectionné sur un métier de Tabriz, ….… Son motif, d’influence Safavide … »
Long développement de 10 minutes … je vous l’épargne, c’est barbant.
… « En conclusion, l’originalité de ce chef-d’œuvre est son rouge si particulier … de racine de garance sauvage d’Iran … un apport en proportion jalousement gardée secrète de safran du Khorosan. » … et ça continue …
Ramen est subjugué. Il revient se cacher à chaque nouvelle visite, devient accro aux tapis. Travadja qui a repéré son manège l’aborde à la cantine du petit personnel. Ils sympathisent, parlent/chantonnent chiffon et tapis.
Ramen lui dégotte une soupière (pour ses mystérieuses ablutions), elle lui offre en retour un tapis de prière réformé (mité et miteux, mais à tapis donné …).
Ramen est ravi, il en tient une couche, ça devient « son précieux ».
Je m’en vais vous narrer ce qui, hélas, advint par la suite.
C’EST DU PIPI DE CHAT
Ramen et son tapis deviennent inséparables. Il voit le ciel au dessus de sa couche - c’est du miel à la main qui le touche - ses nuits sont douces… Une vraie romance.
Mais le maudit chat (persan) du sultan le souille, nuitamment et subrepticement.
C’est une bête que tout le monde déteste, énorme et noire. Son urine, cuivrée comme ses yeux, pue vraiment aux quatre coins du palais. Ce n’est pas un pipi de minou, c’est presque comme le jet de plus d’un mach.
En découvrant la catastrophe au matin, Ramen pousse d’abord un cri perçant (approprié), puis il fait vinaigre pour tenter de nettoyer son trésor. La tache/tâche est difficile, rien n’y fait. Foutu tapis ! Il blêmit - son visage passant au rose pâle.
Il va timidement se plaindre à sa manière après de l’émir Abel, celui qui gère les affaires courantes…
Un beau jour, ou peut-être une nuit, dans mon sac je m’étais endormi, quand soudain semblant tomber du ciel et venant de nulle part surgit ce gros chat noir.
…mais bernique (Note 5 : Interjection désuète, soulignant le désappointement).
L’émir Abel s’en soucie comme d’une guigne. Qui se soucierait d’un pipi de chat ?
Ramen estime que c’est injuste, qu’au fond c’est la faute à Meboul. Il est fort tenté de lui piquer un tapis mais c’est trop risqué.
Il cherche alors un plan pour sortir du palais et aller acheter l’objet de ses désirs.
QUEL GROS SOUK
À l’issue et à l’insu du sérail, il décide un beau matin de partir en quête d’un nouveau tapis.
La route l’amènera en bas au marché de la vieille ville (Note 6 : Le plus de l’habitat urbain en ce temps là c’était bien le souk, alors que pour l’habitat rural c’était resté le bazar).
À la bouche du palais il se retourne et pense qu’il n’est pas laid du tout.
Comment s’échappe-t-il du palais ? Mais par une porte dérobée, pardi.
Il fait beau, tout est nouveau pour lui. Il descend d'un pas de valse, en fredonnant :
Je rejoins la ville en fête et en délire, suffoquant sous le soleil et sous la joie. Emporté par la foule, j’entends de la musique, des cris, des rires, qui éclatent et rebondissent autour de moi.
Il est bientôt chatouillé par des senteurs très fortes (épices partout), dans le bourdonnement d’une nuée d'insectes (Note 7 : espèce scientifiquement connue comme mouches arabiaie, qui voit le jour là bas), tournant autour d’orbites de cheval (mort). Il les chasse d’un revers de main, ainsi que des mendiants trop agressifs.
Un attroupement le freine, c’est un spectaculaire cours de savate, au rythme de Babooshka, Babooshka, Babooshka-ya-ya! (Note 8 : Des apprentis étaient formés au Boukistan pour lutter contre l’invasion commerciale des babouches-K, fabriquées pour K-Store par des enfants mineurs, et importées par caravanes entières). Il ne s’arrête pas, son besoin pressant revient constamment sur le tapis.
Chemin faisant, des relents de faisandé l’incommodent, juste avant des potences de gibiers, divers et d’automne. Il y voit des rangs de coqs et des poulettes à trousser.
Il passe soudain du coq à l’âne, car des ânes bâtés l’obligent à se coller au mur de la ruelle (Note 9 : il lui faut se méfier car le bât blesse). Il attend patiemment le passage des ânées suivantes, les compte jusqu’à l’ânée dernière qu’il pense bêtement être bissextile tellement elle est longue à passer. Quand c’est la fin des bourricots, il enjambe le crottin frais encore fumant et poursuit son errance sans oser demander son chemin.
Encore une file d’attente ! Cette fois c’est une boutique d’oranges. Le téléphone arabe a fonctionné, on s’y presse pour bénéficier du dernier jus.
Soudain un jeune coupe la queue en se carapatant (Note 10 : L’étymologie de ce verbe signifie se carrer à pattes), mais les vigiles étant vigilants, il est vite coincé :
Tu as volé, as volé, as volé orange - Vous êtes fous, c’est pas moi, j’ai pas volé orange
NÉGOCIATION DE MARCHANDS DE TAPIS
Enfin, un plan du souk avec des images. C’est par là, on va tous gagner du temps …
Dans la boutique des tapis une fine équipe attend les gogos, composée d’un moustachu borgne qui déballe et présente, d’un blondin au long nez qui vante et baratine, et d’un barbu jovial qui les déroule et emballe en cas de vente, ou les remballe puis se les roule.
Voyant entrer Ramen, avec son allure de pigeon un peu ramier, le vendeur croquignolet pense que ça va se passer comme sur du velours. S’amorce alors un échange laborieux.
Il lui propose des tapis persans. « C’est de l’anatolien, pas du persan, je le vois bien au nœud ! » pense Ramen qui fait vigoureusement non de la tête, risquant de faire choir son turban, car incontestablement il s’y connaît en nœuds.
Il ne peut pas opiner aux allégations du marchand, il n’y aura pas d’affaire conclue, le tapis le plus banal proposé est hors de ses moyens, même avec le 80 % de remise concédés de guerre lasse par le vendeur écœuré.
Ramen a fait son plein des sens, mais point de tapis. Il est crevé (Note 11 : Le souk harasse, c’est bien connu au sud de la Méditerranée). Ne connaissant personne pour l’héberger, fidèle, il se décide donc à rentrer au palais, en catimini et à pied, par une remontée bien plus sobre que sa bonne descente.
CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ
Il lui reste le plan B, il va se servir.
Tant qu’à faire, autant prendre le plus beau des tapis. Il ne lui restera plus qu’à disparaître définitivement demain avant le retour de Travadja (elle est encore en vacances dans son bled).
D’abord il caresse dans le sens du poil « son » tapis du regard. Il en suit attentivement la première chaîne, puis la deuxième chaîne, …, il comprend alors ce qui se trame : il est noué.
Il doit empiler des poufs pour pouvoir le décrocher. Après une courte prière à St Maclouf, c’est fait. Il n’a plus qu’à se le rouler.
Descendant regagner son couloir il murmure :
Je l’emmène dans ma chambrette, domino-mino, domino-minette - Je m’allonge sur ma carpette …
En bas de la tour il passe à pas de loup derrière ces dames du harem qui jouent bruyamment à pigeon vole. Arrivé dans sa chambre, il s’assoit en tailleur sur le tapis. Influencé par ce jeu il enchaîne :
Pigeon vole, le ciel vole, chapeau vole …
Machinalement il improvise : Tapis vole
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le tapis volé est volant ! Il décolle.
Le tapis survole les meubles, lévitant, dans l’attente des commandes de son passager. Son essor est limité, il plafonne. Ramen lui indiquant la porte, il le porte dans le couloir, puis suite au « Deux fois à gauche » ils débouchent en chœur dans le harem.
Là le tapis de lui-même tourne en rond, à petit patapon (Note 12 : Locution adverbiale régionale, signifiant tout doucement).
Oh joie suprême ! Libre comme l’air qu’il massacre, surpassant dans les aigus une certaine Céline qui a pourtant un don, il claironne :
J´irai où tu iras qu´importe la place, qu´importe l´endroit. Je veux des cocotiers des plages et des palmiers sous le vent. Je veux des chameaux des mirages et des déserts envoûtants, des caravanes et des voyages comme sur les dépliants.
Puis se rappelant une lointaine affaire de tapis, il fredonne d’un ton enjoué :
La Didas, je te veux si tu veux de moi, La Didas.
S’enhardissant, il suggère au tapis des figures. C'est alors un ballet rose : ils amorcent des virages pas trop serrés autour des colonnades d’albâtre, enchaînent avec un huit paresseux (Note 13 : Manœuvre de pilotage en 3D, échauffement avant de se lancer dans de la vraie voltige).
Berthe, une ex-hôtesse, veut faire partager son expertise à Ramen. « Chandelle », « Tonneau », lui crie-t-elle. Elle en connaît des positions !
Mais il n’ose pas encore. Elle s’impatiente : « Passe la seconde », alors que le brave Ramen n’a même pas son brevet.
Les houris poussent des hourrahs (Note 14 : Cette variante orthographique de hourra est une interjection, mais aussi un nom commun qui peut effectivement se mettre au pluriel.), suivis de youyous, en voyant leur eunuque s’envoyer en l’air pour la première fois.
La plupart sont nues, et le tapis exécute en hommage une sorte de rase-mottes. Cette approche plus intime provoque des réactions diverses selon les tempéraments et cultures :
Des poils se hérissent, certaines frissonnent. Une particulièrement excitée, la plus grosse des favorites, saute sur place et tombe lourdement à l’eau : fracture du bassin. Une autre, qui veut montrer qu’elle a fait des études, déploie et brandit une banderole avec « The Houris can », et massacre « I believe I can fly ». Une pas-gaie qui ramait dans son coin fond en larmes d’émotion, au grand dam de son mascara à l’antimoine.
Hélas comme pour Icare ce vol aura une fin. Ramen n’a pas eu le temps (ni la capacité) de lire l’étiquette agrafée au verso (en sanskrit à petits caractères) : Cachemire pure soie - lavage à l’eau froide - Ne pas tordre - PTAC : 2 kantars (Note 15 : Le kantar ottoman, comme chacun devrait le savoir, valait 44 ocques, soit un paquet de dirhems. Le poids total en charge acceptable pour le tapis n’était donc que de 113 kg, à la louche).
La petite voltige a fait tordre le tapis, la sueur de Ramen coule abondamment dessus, chaude et acide, et surtout il y a une sacrée surcharge.
Circonstance aggravante, beaucoup de femmes d’intérieur aspirent en voyant un tapis, et le tapis finit par ressentir cette attraction (Note 16 : le sultan qui ne se refusait rien avait acquis un des tous premiers tapis connectés, spécial MAC, avec commande à distance).
Le tapis perd donc peu à peu de l’altitude, puis pique du nez.
Ramen qui opérait verdit et se cramponne tant bien que mâle. Si l’on peut dire c’est l’équivalent d’une débandade, en bas bien sûr, pas pour Ramen. C’est « Courage, fuyons » à l’instar des gazelles.
Puis le tapis se crashe par terre. « Beurk ! » font des dégoutées. « Il s’est brisé l’eunuque » commente doctement une ex-infirmière à domicile. « Tout ce qui tombe du ciel est béni » clame une fervente.
Ramen resté un moment sur les carreaux de marbre, se relève péniblement et titube en piétinant sa monture, plus fringante du tout.
Le janissaire de police du palais, Ben à la barbouse, a été alerté par le tumulte : « Une manifestation, j’accours ! », car il veut aider (Note 17 : On n’est jamais trop aidé).
Ce janissaire aryen (oui, un feignant d’étranger d’origine) se jette alors sur notre eunuque en le ceinturant, le plaque brutalement au sol (Note 18 : il commettra plus tard une violence semblable à l’insu des autorités, puis une grosse commission le mettra dans le caca - mais c’est une autre histoire).
Le pauvre Ramen reste au tapis, comme une rose fanée, le nez dans les franges. Il ne la ramène plus du tout.
CRIME ET CHÂTIMENT
À ce stade un bon enchaînement est nécessaire pour relancer ce récit.
Le janissaire l’a ligoté dans l’objet du délit.
Il faut se mettre à/en quatre pour le porter au sultan, et dès qu’il n’y a plus de marches on le fait rouler. C’est donc comme un roulé fourré à la fraise (Note 19 : La recette est sur https://cuisine.journaldesfemmes.fr/recette/325982-gateau-roule-a-la-fraise) qu’il atteint le trône majestueux (Note 20 : Les sultans trônaient aussi, pour prôner leur justice. Voir le lien https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/9328-istanbul-trne-du-sultan).
Raven n’est pas plaint mais délié. Couvert d’ecchymoses (Notes 20a - Un copain de collège qui falsifiait fréquemment ses bulletins m’a révélé qu’au-delà de 20 une note n’est plus crédible : Lésions des parties molles de l’organisme suite à des chocs), il balbutie comme excuse une explication laborieuse autour du Chat Noir :
La lune était plus sombre, en haut les chats braillaient, quand j'aperçus, dans l'ombre, deux grands yeux qui brillaient.
Mais il reprend son fort accent dès qu’il cesse de chanter, s’embrouille, dit vague, dit graisse, … Le sultan le coupe d’une voix tranchante : « Tu ne couperas point à une punition exemplaire. Mandez moi un bourreau ».
Le sultan s’est senti insulté (Note 20b : Voler un tapis volant et voler dessus, c’était à cette époque péché mortel, menant droit au cimeterre). On part donc mander, on revient penauds. C’est ballot, il n’y a plus aucun bourreau de disponible au palais.
Ramen croupit maintenant au dernier niveau d’un cul-de-basse-fosse (Note 20c : Nom commun - trop commun même. On le retrouve dans maints récits. Ah, parlons-en de la vie de château !).
Au début il reste couché à grignoter un quignon de pain non levé (Note 20d : Le Nan-e lavash est plus vieille forme de pain non levé du Moyen Orient et de l’Asie Centrale. La vache, quelle érudition !), parfois rassis.
Il ne peut pas compter les matons pour s’endormir, il n’y a plus pour garder la prison qu’un ancien garde-chiourme, réaffecté pour raison médicale (il avait le mal de mer, c’était la galère continuellement). Mais il n’est pas causant et il fouette un peu.
Raven s’ennuie, il prend l’habitude de faire de l’exercice, genre pompes funèbres.
On ne va pas cuisiner pour un seul prisonnier, alors on l’abonne à Comme Gemme (c’est une double peine). Il s’affine, perd du poids quoiqu’il n’y ait pas de balance en prison.
Le temps passe, et il ne se passe rien.
Il n’y comprend rien mais ne s’en plaint pas.
Explication du retard à l'allumage du prisonnier
L’exécution est plusieurs fois différée, pour des problèmes endémiques au Boukistan de bourreaucratie et de réduction des effectifs de réduction. En effet, la brigade de bourreaux, très spécialisés s’était vue imposer aussi des basses-œuvres (dont la vidange des eaux usées par ces dames), par souci de rentabilité sous les contraintes budgétaires édictées par l’émir Abel.
Ne pouvant être syndiqués (pas encore inventé mais déjà interdit), solidaires, ils venaient tous après un vain port de gilets jaunes de prendre un congé sabbatique, le plus loin possible du Boukistan.
Il fallait dare-dare trouver un bourreau. On cherche sans succès à recruter au loin, le Boukistan n’a pas une bonne réputation. En désespoir de cause l’émir Abel pour éviter la déconfiture décrète qu’on ne peut pas attendre plus longtemps pour cette exécution annoncée. On avait fait toute une histoire avec un précédent de mille-et-une nuits.
On se résout alors à débaucher le bourreau Sansom, à prix d’or. Il est muet et hébreu (ce n’était donc pas leur premier choix), mais même sans son c’est une image, avec force et longue chevelure. Il assisté par Dalila, sa coquine. Le couple fera l’affaire, c’est juste pour un « one-shot ».
FIN
Le jour A, forcément (Note 20e : Tous les jours de la semaine sont prononcés ici en commençant par Al …), prévu pour l’exécution, il y a foule comme à la foire du trône.
« Ce bourreau est en retard », s’irrite déjà le sultan. On le rassure, s’il est en retard c’est qu’il va venir.
Sansom fait silencieusement son entrée. Dalila lui passe une grande boîte à yatagans (Note 20f : sabres à lame recourbée d’origine turque, parfaits en cas de mise en boîte à des fins cruelles). Ramen a une forte nuque, ce qui compliquera le tranchage dans le vif du sujet. Samson choisit soigneusement l’arme pour cet important coup de fil à passer.
Un, deux, trois, Exécution ! Schlack ! Boum !
Vous pleurnichez ?
Voici pour vous une fin plus heureuse, sans vous faire le coup du Deus ex machina (Note ˃20 : Cherchez par vous-même, c’est lassant à la fin de tout vous mâcher !).
FIN dus … Ooops, pardon : FIN bis
Ramen a autant maigri que réfléchi (les gens ne grossiraient pas tant s’ils y réfléchissaient). Une confrontation prévue avec le bourreau sans public, pour prendre ses mesures et répéter la mise en scène, sera l’occasion ultime de quitter sa cellule.
Devant le billot (toujours en olivier), il joue les chochottes, pas de surprise.
Soudain il prend ses cliques mais sans ses claques (pour courir plus vite).
Le grand coup de jeûne l’a rendu svelte et il connaît à fond le palais. Le voilà arrivé avec un peu d’avance en haut de la tour, dans la salle d’exposition. Comme prévu SON tapis est raccroché à sa place.
En deux coups de cuiller à pot, il est dessus et le fait décoller en quatrième vitesse (il suffisait de la demander, c’était automatique).
Pieds en avant il fonce sur le vitrail coloré d’une jalousie et l’enfonce (bilan : un beau crevé de jalousie), échappant à ses dangereux éclats et à ses poursuivants.
Sa silhouette s’amenuise. Déjà il n’est plus qu’un point.
Ramen, qui bientôt redeviendra en Marcel, est complètement à l’Ouest, planant vers son pays natal.
![[illustration]](/data/img/images/2025-09-07-sansqueuenitete.jpg)
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Pas du tout friand de ce type d'humour aussi ca a ete un vrai defi pour moi d'arriver au bout mais je salue la performance.
@lapinchien d'après ce que tu connais de moi tu pourrais croire que c'est bien mon style, mais en fait pas vraiment. Pas mon genre mais on ne peut pas nier le boulot derrière.
C’est un vrai tapis persan : y a des motifs splendides et d’autres qui sentent la tache de vin renversé. J’avoue, j’ai eu mes éclats de rire - le chamallow rose, Saint Maclouf, le « brisé l’eunuque » : là, c’est brodé main, presque du grand art.
Mais faut pas me rouler dans la moquette : certains jeux de mots sentent la poussière de tapisseries municipales. Les ânes étirés jusqu’à l’agonie, les pompes funèbres qui pompent surtout mon énergie, ou encore l’aspirateur de salon qui m’a aspiré la patience. À ce stade, c’est plus de la plume, c’est du plumeau.
Quant à l’intrigue, elle se tient à poil de cul près : un eunuque obèse qui bande mou pour ses tapis, trahi par un chat trop chat-oyant, et qui finit au tapis comme un boxeur asthmatique. C’est crade, c’est graveleux, et c’est assumé.
J’ai ri, oui, mais aussi baillé. À force de tirer sur la corde, on finit avec une pelote de foutaises et un chat qui s’étrangle dedans.
J'aime les films des ZAZ. Cette capacité qu'ils ont à inclure 5 vannes par scène même quand elle ne dure que 10 secondes m'a toujours fasciné.
L'exercice de ce texte semble s'en inspirer et réussi à placer ses 5 jeux de mots par phrase ce qui est un sacré exploit.
Malheureusement j'n'ai pas réussi à rentrer dedans. Trop encombré, trop bordélique, trop long et un rythme absolument pas maîtrisé.
J'ai lâché la lecture au milieu, regardé un peu la fin au cas où et n'y retournerai sûrement pas.
C'est con parce qu'il y a des blagues franchement sympas dans le tas.