Lundi : « L'homme est seul et son agressivité vient de cette solitude. » (Réjean Ducharme - Extrait de L'avalée des avalés). Je commence à ne vraiment plus tolérer les agressions gratuites qui fusent de toute part, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, n’importe où. Pour marquer le pas sur son prochain, le quidam pense qu’il n’y a qu’en l’écrasant qu’il va sortir du lot. J’ai envie de devenir violente à mon tour… Problème, le manque de répartie dans ces cas là. Il est vrai que je reste bouche bée devant la médiocrité humaine. Petit conte urbain : ma maman et moi faisions nos courses au supermarché… lalala… Une fois arrivées à la caisse, alors que je me propose pour aller acheter le pain à l’entrée du magasin, une espèce de folle furieuse file de grands coups de caddy dans les mollets charmants de ma chère maman et commence à partir dans un délire psychotique avec la femme derrière elle, fait passer une grand-mère devant ma mère en disant « vous, vous pouvez passer Madame… Non mais les gens se croient tout permis, passent devant les gens et ils voudraient en plus qu’on les approuve avec le sourire ! ». Quoi ? Hein ? Comment ? Cette adorable femelle serpent à sonnettes s’était mis dans la tête qu’elle était arrivée avant nous à la caisse et avait décidé d’en faire une affaire d’état.
Abasourdies, les Gwen mère et fille préfèrent se ranger tranquillement à la caisse d’à côté en s’amusant des envolées lyriques de ladite hystérique, avec les caissières hilares (elles doivent en voir passer quelques dizaines par jour). Nous croyons fermement à la justice immanente dans la famille… et nous n’avons pas été déçues. Nous sommes sorties bien avant cette chère Madame, en martelant notre départ d’un beau duo « Au revoir Madaaaame, bonne soirée et merci pour votre grande scène du deux ! ». Elle en aurait manger son porte-monnaie de ne pas avoir réussi à nous rabattre le caquet et ne pas nous avoir écrasées… « La guerre est absolument nécessaire pour maintenir l'agressivité naturelle de l'espèce humaine » ( Monique Larue Extrait de Copies conformes). Il y en a qui devraient s’enrôler dans l’armée pour se défouler… et faire de la place dans les supermarchés !
Mardi : « Le Parisien n'a rien contre le bon accueil, mais seulement en voyage » (Alain Schifres Extrait de Les Parisiens). S’il y a une pub que j’ai trouvée réaliste, c’est bien celle du journal Le Parisien. Une des tares de ce siècle sera le parisianisme. Et il y en a encore qui s’étonne de la réputation qui nous est faite ! Je ne supporte plus les parisiens sous toutes leurs coutures, du fait de leur étroitesse d’esprit, leur manque de civisme, leur supériorité, leur snobisme, leur pression. Lorsque tu te fais bousculer dans la rue, tu es prié de t’excuser. Oui de t’excuser, pas de recevoir des excuses, ce n’est pas une faute de frappe. Surtout pour être un bon parisien, ne souris jamais, cela serait perçu comme une atteinte à la vie privée d’autrui. N’oublie pas, commandement premier du parisien, tu jetteras toutes tes ordures par terre, quand bien même il y aurait une poubelle à dix mètres de toi. En voiture, toujours tu colleras le véhicule devant toi et sans cesse klaxonneras ; de même, lorsque dans une rue embouteillée l’orange passera, toujours en plein milieu du carrefour t’arrêter tu feras ! A pied, tu te précipiteras sous les roues de la première voiture qui passera, tu t’en fiches, c’est le conducteur en cas d’accident qui payera !
On remercie son bon maire pour toutes ses riches idées… et on ne ricane pas lorsqu’on constate, statistiques à l’appui, que la capitale a perdu 150 000 emplois en un an (et on remercie les treizième et quatorzième arrondissements d’avoir permis de ne pas porter ce nombre à 170 000…). Pourquoi ? Pas parce qu’il y a mieux ailleurs… parce que c’est « moins pire » ailleurs… Ailleurs, il n’y a pas les parisiens, « le bruit et l’odeur » du parisien moyen.
Mercredi : « Administration : mot femelle qui commence comme admiration et finit comme frustration » (Georges Elgozy ). J’admire la frustration que savent nous faire ressentir les administrations, les banques, les services publics et autres. Si je devais gérer mon quotidien comme ceux-ci gèrent leurs affaires, je pourrais me pendre dans une semaine. Trois exemples qui parleront d’eux-mêmes (véridiques…) :
Les banquiers ont ça de formidable qu’ils savent tout, qu’ils pensent que nous, pauvres clients, n’avons pas notre mot à dire. Pas de bol, de temps à autres il faut savoir choisir sa cible. Et mon grand-père n’était pas la bonne cible. Avec ses quarante ans de carrière à la banque, ils n’auraient jamais du faire l’erreur de lui envoyer une lettre d’injonction l’informant de son interdiction bancaire. Ils n’auraient jamais du faire l’erreur de lui dire que c’était une erreur informatique, prouvant ainsi qu’ils ne vérifiaient jamais les courriers envoyés. Ils n’auraient jamais du faire l’erreur de lui dire qu’ils lui faisaient une « fleur » en lui « offrant » les 22 euros de frais de gestion de l’incident, inexistant. Mon grand-père a conclu l’entretien avec la responsable de l’agence en lui donnant du « Madame, vous auriez été un homme, vous auriez eu mon poing dans la gueule ». Les Gwen sont de nature pacifiste, mais faut pas leur chercher des poux non plus… Extrait de la lettre reçue (celui qui trouve l’erreur gagne ma photo dédicacée…) : « Un chèque a été rejeté pour défaut de provision suffisante sur ce compte. En effet, la situation de votre compte n°###### dont le solde disponible s’élevait à 12 191,77 euros n’a pas permis de payer le chèque n°##### de 53,40 euros qui a été rejeté le 22/02/02. » Ca ne s’invente pas… suite de l’histoire prochainement…
Deuxième exemple : prendre un rendez-vous à l’hôpital pour ma grand-mère. Rien de sorcier, on prend son téléphone, on compose le numéro, on dit « bonjour madame, je voudrais un rendez-vous avec tel praticien », on note le jour et l’heure du rendez-vous et basta ! Et bien non. Car l’AH-HP s’est dotée du dernier cri en matière d’informatique. Plus de carnets de rendez-vous, surannés !, tout est in-for-ma-ti-sé. Bon d’accord, ça n’est pas ça quand le système tombe en panne… Seigneur… Depuis deux jours, je te prie d’accorder ta miséricorde et de veiller à ce que les diagnostics ne soient pas tous sur disque dur, ainsi que les traitements administrés aux patients hospitalisés. Ca se passe comment dans ces cas-là ? On tire à la courte-paille les médicaments (et la posologie) que l’on va donner aux malades ? Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre bonnes mains qu’y disaient… Un bug = dix morts… Finalement, je pense emmener ma grand-mère chez le rebouteux du coin.
Dernier exemple : l’efficacité de la Sécurité Sociale. On se demande d’où vient le gouffre de la sécu ? Ne cherchez plus, j’ai trouvé : une lettre pour un remboursement, une lettre pour expliquer ce qui est remboursé. C’est qu’on ne peut pas ne faire qu’un seul courrier, il faut faire marcher cette autre grande entreprise publique, la Poste… Après on s’étonne de voir nos cotisations augmenter… « Les technocrates, tu leur donnes les déserts aujourd’hui, dans deux ans ils viennent t’acheter du sable » (Coluche).
Jeudi : « Le salaire n'est que l'esclavage prolongé » (Chateaubriand Extrait de Mémoires d’outre-tombe). C’est en ne me payant pas que ma société d’intérim a décidé de me rendre ma liberté. J’ai travaillé gratuitement pour eux pendant trois jours dans une boîte où je ne voulais pas aller. Merci chère agence de m’avoir fait découvrir une nouvelle facette de ma personnalité : je ne suis pas aussi vénale que ce que je croyais. Pour 145 Kf, plus tickets resto, plus billets d’avion à prix cassés (c’était une compagnie aérienne…), je n’abdique pas mes idéaux, à savoir travailler dans une bonne ambiance, avec des gens sympathiques, pour un job intéressant, intellectuellement parlant. Je suis contente d’avoir appris ça sur moi-même… mon banquier beaucoup moins. J’attends ma lettre d’injonction… « Liberté efflanquée vaut mieux que gras esclavage » (Thomas Fuller Extrait de Gnomologia)
Vendredi : « Civisme - On en attend toujours un peu de la part de beaucoup qui n'en montrent aucun » (Pierre Daninos Extrait de Le Jacassin). Ce n’est pas vraiment du manque de civisme dont je veux parler. Mais ça s’en rapproche… La moralité de cette semaine est que je ne supporte plus les gens en fait. Je ne supporte plus mes voisins et leurs mégots dans la cage d’escalier, leurs musiques à fond toute la journée (si seulement j’appréciais ce qu’ils écoutent…), leurs poubelles qui traînent, la porte d’entrée qu’ils laissent grand ouvert. Je ne supporte plus d’aller en concert, de devoir me battre pour 50 cm² d’espace, de devoir supporter leurs coups de coude, leurs hurlements, leurs odeurs…
Samedi : « Changer de souci fait autant de bien que prendre des vacances » (David Lloyd George). Cette semaine, j’ai eu l’impression de faire un tour du monde sans bouger de Paris. A chaque jour ses petits tracas… et ceux-là ne prennent pas de week-end ! Je vais m’anéantir devant la télé et devant mon pc, au moins un écran à chaque fois me séparera de la bêtise…
Vivement le jour où j’irai enfin planter mes chèvres tranquillement dans le Larzac !
LA ZONE -
... ou chronique des petits ennuis quotidiens…
Il y a des jours, des semaines, des mois, même des années… , sans… Des jours, des semaines, des mois, même des années…, où l’on en a assez de tout. Tout nous exaspère, tout nous écœure, tout nous afflige. Alors on met ça sur le compte de la fatigue, de cette fin d’hiver qui se traîne, de la morosité ambiante. Mais non, il y a des choses qui, même en étant fatiguée sous une pluie maussade torrentielle parisienne au milieu d’un meeting des dépressifs de France, me taperont toujours sur le système.
Il y a des jours, des semaines, des mois, même des années… , sans… Des jours, des semaines, des mois, même des années…, où l’on en a assez de tout. Tout nous exaspère, tout nous écœure, tout nous afflige. Alors on met ça sur le compte de la fatigue, de cette fin d’hiver qui se traîne, de la morosité ambiante. Mais non, il y a des choses qui, même en étant fatiguée sous une pluie maussade torrentielle parisienne au milieu d’un meeting des dépressifs de France, me taperont toujours sur le système.
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