Cra. Caca. Poubelle.
Je l'ai terminé mais c'est vraiment de la merde en boîte. Je devrais peut-être garder ce genre de textes pour la semaine "Textes de merde". Au moins ça pourra réconforter Dourak d'avoir perdu ses cojones dans les années 90.
Un cri perçant te déchire les tympans. Tu te réveilles en sursaut. Regardes le radio-réveil. Trois heures du matin. Tu te lèves, encore groggy. Titubes jusqu’au berceau. Regardes avec haine le tas de chair avide de nourriture. Ouvres ton peignoir et sors un sein meurtri. Prends le bébé dans tes bras et le laisses accoler sa bouche édentée à ta poitrine. Tu frémis de dégoût en sentant la créature téter les sécrétions de ton corps épuisé.
Ton mari dort dans la pièce à côté. Monsieur travaille demain, il n’a pas à supporter les braillements du fruit de ses éjaculations précoces. Ton dos te fait mal, le bébé est trop lourd pour toi. Tu te rassois sur le lit. A peine as-tu posé tes fesses sur le matelas qu’il lâche ton sein et recommence à brailler. Tu te relèves. Il se tait, recommence à téter.
Au bout d’une dizaine de minutes, le bébé lâche ton téton douloureux. Tu dois encore lui faire faire son rot. Tu tapotes doucement son dos, sentant le contact chaud de sa tête au creux de ton cou. Allez rote, putain. Il faut encore deux longues minutes avant qu’il éructe finalement, en plein dans ton oreille, éjectant au passage un peu de salive que tu essuies d’un revers de main. Tu le replaces doucement dans son berceau, en prenant bien soin de ne pas le faire pleurer à nouveau. Tu pousses un soupir de soulagement en constatant que tu as réussi.
Tu te rallonges en essayant de faire le moins de bruit possible, constatant avec soulagement que la boule de chair ne réagit pas. Tu fermes les yeux. Au moment où tu sens que le sommeil t’emporte, tu entends l’amorce d’un braillement.
Tu te relèves avec rage. Le bébé vient de chier. Putain. Putain, PUTAIN ! Tu prends une couche, du papier toilettes et du talc. Essuies l’enfant qui bave sur les draps. Tu en as plein les mains. Une fois terminée cette tâche que tu détestes plus que tout au monde, tu te laves les mains et retournes te coucher. Ton cœur s’est accéléré sous l’effet de l’adrénaline. Tu allumes une clope pour te calmer. Tant pis pour le tabagisme passif.
Ce n’est pas que tu n’aimes pas ton enfant. Il y’a des moments où il te rend vraiment heureuse, comme quand il te regarde avec de grands yeux curieux pendant la journée, ou qu’il te sourit quand tu lui fais la grimace. Dans ces moments, tu ne voudrais l’échanger pour rien au monde. Mais la nuit, c’est autre chose. Il se transforme en monstre avide et terrifiant, il t’épuise avec ses besoins insatiables et erratiques. Tes amies t’ont expliqué que ça se calmerait avec le temps, mais depuis trois mois tu ne dors quasiment plus. Les anxiolytiques n’y font rien, tu as toujours autant de mal à te rendormir après avoir été réveillée au milieu de la nuit.
Parfois, tu penses à l’étouffer avec un oreiller. Ce serait tellement simple. Plus de réveils nocturnes. Plus de tétons douloureux. Plus de cernes. Mais tu ne veux pas. Tu veux être une bonne mère, tu essayes vraiment, de toutes tes forces. Si seulement tu avais de l’aide.
Au bout d’une heure à regarder le plafond, tu sens que le sommeil commence enfin à pointer le bout de son nez. Il doit être quatre heures trente du matin. Tu dois te lever à six heures pour préparer le petit déjeuner de ton mari. Allez. Encore une heure trente de sommeil, ce sera suffisant.
Un cri strident déchire la nuit. Groggy, tu te diriges vers le berceau. Tentes de donner le sein à la boule blanchâtre. Elle refuse de téter. Tu vérifies que la couche n’a pas été souillée à nouveau, et dans le doute, tu la changes. Le bébé ne se tait pas.
« Qu’est-ce qu’il se passe mon chéri ? Pourquoi tu ne veux pas laisser maman dormir ? »
Tu le prends dans tes bras et le berces. Il continue à crier dans ton oreille. Par pitié, tais-toi. Tu lui donnes un hochet. Il le jette par terre. Tu essayes de lui chanter une berceuse, de ta voix éraillée par le tabagisme et le manque de sommeil. Tu ne comprends pas pourquoi ça ne marche pas et tu commences à avoir mal à la tête.
« Mais putain tais-toi ! »
En prononçant ses mots, tu le secoues deux fois, un peu plus fort que ce qui serait nécessaire pour le bercer. Un peu trop fort. Les cris cessent immédiatement. Soulagée, tu le berces encore un peu avant de le remettre dans son berceau.
Le lendemain, le bébé ne crie pas une seule fois. Il dort. Quel soulagement. Tu en profites pour faire une sieste. Le soir, tu accueilles ton mari avec un grand sourire. Tu lui as préparé son plat préféré.
Ce n’est que le surlendemain que tu commences à t’inquiéter. Le bébé n’a toujours pas crié ni réclamé la tétée. Il garde les yeux fermés en permanence. Ne comprenant pas ce qu’il se passe, tu soulèves ses paupières. Ses yeux sont immobiles, les pupilles dilatées. Il ne réagit pas. Tu le pinces pour voir. Toujours pas de réaction.
Tu sens une boule glacée se former au creux de ton estomac, tandis que tes mains commencent à trembler de façon incontrôlable. Crie. Par pitié, crie, penses-tu tandis que la panique commence à s’emparer de toi.