Le premier à pleurer fut le doyen du village. Il contemplait son village rasé, incrédule. Laminé.
Il fixait les deux rangs de ses yeux embués.
Les femmes et les enfants d'un côté.
Les hommes de l'autre.
Tout était mélangé. Les troncs d'arbres, les troncs humains. Là un bras. Ici, une jambe. Un pneu.
Au fur et à mesure, les deux rangées se raccourcissaient, et l'amoncellement de corps grossissait.
Ceux qui tentaient de se rebeller étaient tués sur le champ à coups de machette. Les plus lâches achevaient les hommes à coups de revolver, en clignant des yeux à chaque pression sur la détente, les plus téméraires fracassaient sans sourciller les crânes des nouveaux-nés arrachés à leur mère sur les murs de la vieille école.
On ignorait tout des bourreaux.
Pas un sourire, pas une larme. Aucune émotion ne transparaissaient sur leur visage.
Mais il avait cette sorte de précison dans leurs gestes.
Quelque chose d'étrange, une détermination morbide. Une balle, une âme.
Parmis ces paramilitaires, il y avait un jeune homme blanc. Grand et fin. Cynique. Béret noir.
Les enfants pleuraient, couraient sur la route en soulevant des volutes de poussière, ou se tordaient sur le sol, une atroce mimique sur le visage. Certains dans les bras de leurs mères qui les serraient fort, si fort, de peur de les perdre à tout instant, d'autres, le regard larmoyant et perdu, à la recherche de leurs parents assassinés. La résignation de jeunes amoureux, qui s'aimaient pour la dernière fois à travers l'espace séparant les deux rangs. Bientôt, l'un des deux verrait l'autre mourir.
- Tiens bon. Tiens bon !
On lui coupa la langue, pour l'exemple, ou pour rendre le suplice plus amusant. Finalement, on lui trancha la gorge.
Les filles les plus belles étaient mollestées, et amenées dans la forêt. Cette nuit-là, cette colline désormais perdit son innocence et vit la leur s'envoler, disparaître dans les ténèbres, entre les arbres. Comme mon premier cerf-volant. Cette colline était maintenant plongée sous les gémissements et les pleurs de mes sœurs et de ma nourrice, celle qui m'avait appris le Français.
"Bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux."
Je me souviens, lorsque je vis mon père se faire abattre froidement. Je me rappelle du regard de ma mère.
"Il y avait des chats ! Des Rats ! Et des éléphants, des joyeux reptiles et des jolies moutons blancs"
Cette peur. Celle qui vous noue l'estomac, celle qui vous paralyse, celle qui s'empare de votre être tout entier. Vous n'êtes plus vous-même, vous n'êtes fait que de cette peur.
Caché entre ses jambes, je me suis aggripé à son jupon.
Sa chaleur, ces petits pas pour se cacher des tireurs. Ma mère.
Doucement.
- Va à Ardamata... Va, et souviens-toi.
Puis le silence.
Telle une seconde naissance. Lentement, elle m'obligea à sortir, me chassa à petits coups de pied. Un ultime sourire, les larmes dans ses yeux. Les petits pas qui m'éloignaient d'elle.
J'avançais, observant les éxécutions de mes yeux souillés, sans comprendre vraiment. Personne ne me prêta attention.
J'étais maintenant seul au beau milieu de tout ce monde, seul mon souffle me distinguait des autres.
Cette nuit m'a apporté son lot d'ivresse et de violence. Elle m'a apporté ce goût de haine, un mélange d'eau et de sel qui parfois roule sur mes joues. "Sans raison". "Pour rien".
J'ai longtemps cherché des explications, qui se sont vite transformées en excuses au fil du temps. Des prétextes pour justifier mon devenir. Béret noir faisait déjà partie de la brigade, avant d'en prendre la direction. Mais je ne l'ai appris que bien plus tard, par ta mère.
Oublier, si possible. Mais pardonner, jamais.
Voila pourquoi, je n'aime pas la guerre, Léontine. Et c'est tout cela qui m'amène ici, aujoud'hui, a combattre a tes côtés.
//transition noire et fin, piste audio entre flash back et retour cadrage sur le feu de camp, comme le feu de camp du genocide du debut, puis transition noir. clap de fin. fin du troisieme episode et crédits.
LA ZONE -
La brume plane encore dans mon esprit. Comme elle planait cette nuit-là. Les ténèbres illuminées par le feu qui dévorait les récoltes. Le silence brisé par les coups de feux, au loin.
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Et combien de commentaires ?
Perso je n'ai pas accroché au style propret/traumatique/sobre, c'est une ecriture de gonzesse. Ca devrait être un texte drôle.
Dans télérama on aurait dit: "une écriture poignante à même de nous faire saisir toutes les subtilités de ce massacre au confin du rwanda et de la bosnie. Une pierre de plus rajouté à la protestation contre la guerre."
Personellement si je veux voir ce genre de scénes je demande à mon père ses souvenirs du lyban ou de la nuit dernière, ca me fait très chier la boucherie gratuit sans but particulier.
J'ai toujours rêvé de chier dans la bouche d'un intellectuel précieux. Sot-Viet, tu es un don du ciel.
Ce texte est prétentieux, plat et sans goût.
A la limite, présentable pour un Pullitzer, c'est dire le bien que j'en pense. Et encore, seulement si l'auteur est un journaleux clamsé sous les bombes.
C'est probablement un des titres les plus pathétiques que j'ai eu la chance de lire ici, avec ça comptez pas sur moi pour lire la suite.
En même temps, de la part d'un fan de Winteria, fallait pas s'attendre à mieux.
Semaine textes de merde avant l'heure ? Faudrait le faire officiellement bordel.
C'est bizarre ce texte. Peut-être à cause du pseudo et de l'illustration j'ai pensé que l'action se situait au Vietnam/Indochine. Il y a aussi la référence à la nourrice qui lui a appris le français, la forêt, les collines, les récoltes. Puis il est question d'Armadata, camp de réfugiés au Darfour Soudan... c'est déjà plus le même paysage et les colons y étaient anglais (j'évite de parler des récoltes)...
Il dit qu'il n'aime pas la guerre : ah bon c'est où ?
J'ai l'impression que l'auteur veut régler des comptes (qui ne sont pas les siens)mais lesquels, ça restera un mystère tellement les pistes semblent embrouillées à souhait. c'est pas sain
Je n'ai pas aimé du tout
En fait c'est peut être des français, on a déjà le béret mais l'auteur a oublié de préciser s'ils se baladaient avec des baguettes.
Le côté positif de la chose, c'est qu'il y a beaucoup de choses à améliorer donc bon, et le point encore plus positif, c'est que ceci n'a pas pour vocation d'être en texte, mais en animé. Ceci explique cela.
Encore merci pour vos critiques plus que constructives.
Connards.
Cela se passe au Darfour.
Et oui, j'ai des comptes à régler,les miens, et ceux de mes amis.
L'histoire va s'étoffer.
commentaire édité par Sot-Viet le 2006-8-7 22:46:22
Avec Darfour je positive.
En relisant les commentaires, je remarque que putain on a échappé à un truc atroce. Apparemment c'est passé, y a plus de danger, quatre mois après.
Je sais pas ce que donne le texte, mais rien que l'entête, ça te coupe dans ton élan.
Je propose une élection du pire titre de la zone. Sot-Viet, tu as tout mon soutien.
Je l'ai trouvé assez bon ce texte. Il ne tombe pas dans le pathos alors que le sujet s'y prête largement, certaines phrases à la limite du surréalisme compte tenu du contexte cassent d'emblée ce que l'on pourrait prendre pour du " regardez comme j'ai beaucoup souffert" (ligne 29 par exemple, ligne 22 assurément)et placent une certaine distance indispensable à ce type d'exercice de style. La fin de ce texte me semble facile et à l'emporte-pièce sinon ouais ça peut aller!T'as piscine en capsule, en bouteille dans ton cas, ça aurait été vachement plus balèze mais je ne me casse pas pour toi, c'est à peine si je t'avais remarqué! Adieu donc nageur de troisième zone, ne coule pas, laisse en pour tes ami(e)s!