LA ZONE -

La belle et noble geste d'Arthur, roi de la Bretagne du Haut et du Bas, chapitre 4

Le 16/11/2007
par Hag
[illustration] Ils étaient enfin arrivés dans l'étroite baraque de Morganne, et tous les six se serraient dans le petit espace, essayant du mieux qu'ils le pouvaient de ne toucher aucun objet. La sorcière leur fit signe de s'asseoir autour d'une souche ravagée sur des restes de chaises moisies, qui étrangement ne lâchèrent pas lorsque les chevaliers, portant haubert et fusil, prirent place. Morganne revint d'un coin sombre avec un tablier mité "Master Cook", dans ses mains un grand plat à tajine. Elle le posa sur la table improvisée devant les guerriers éberlués, et avec un "TadAAaaA" pitoyable, soulevant le couvercle, révéla un grand couscous qui, ils durent en convenir, ne sentait pas dégueu. Elle leur passa des bols, et pendants qu'ils se servaient, alla chercher une bouteille de vodka. Ils accueillirent avec joie la boisson qui soulagea leurs estomacs ravagés par le jus d'orange et l'eau plate. Ils dînèrent fort bien en vérité, jusqu'à en avoir le ventre plein et être agréablement éméché. C'est alors que Morganne sourit.
- AhahaAh le couscous était enchanté. Vous êtes tous maintenant en mon pOUVoaR !
- Diable sorcière, tu nous a bien roulé ! Tu es vraiment d'une rouerie sans borne.
- Nan j'déconnais. Putain ce que vous êtes cons, vous gobez vraiment n'importe quoi.
- Ahah que voila une amusante boutade ! s'exclama Galahad
- Ta gueule, lui lancèrent simultanément les autres.
Après un certain silence (la blague de la magicienne avait un peu plombée l'atmosphère), cette dernière se leva et posa les mains sur la table (dans le couscous) :
- RigHt. Je connais grâce à mes boules magiques votre quête, et suis en mesure de vous aider. Néanmoins, sachez que long et ardu est le chemin qui vous reste à parcourir, et si vous décidez d'abandonner pas grand monde vous en tiendra compte.
- Nous n'avons hélas pas le choix.
- Alors peut-être vos noms brilleront de milles feux au panthéon des immortelles âmes des héros, ou alors peut-être vous finirez laminé par un sanglier, ou une tractopelle folle, parce que vous êtes quand même de sacrées brelles. Qu'importe, vous avez choisi. Maintenant faisez face à votre destin. Le machin que vous cherchez, le Grool là,
- Le saint Graal.
- Oui voila, a été emporté par un être d'une puissance formidable, qui passait par là et l'a trouvé fort à son goût. Il l'a donc emporté sans demander votre permission (il est très retors) dans son royaume pour s'en servir de cendrier.
- Et où ce royaume ?
- C'est en vérité un endroit sombre et sans espoir, dans une dimension parallèle que seuls les plus puissants magiciens peuvent rejoindre.
- Horreur, nous sommes perdus.
- Euh ben non. Si votre coeur est pur et toutes ces conneries, je connais un moyen d'y accéder.
- Tes pouvoirs sont donc si grands, Ô magicienne ? demanda Gauvain dans un accès subite de flagornerie.
- Non, et puis je vais pas le faire moi-même, pas encore complètement conne la fille.
- Mais comment alors ?
- Vous verrez bien.

Ils passèrent le reste de la journée chez la sorcière, mais refusèrent de dormir dans la fange qui couvrait le sol de la cabane. Alors, guides par Morganne, ils se remirent en route dans la nuit. Ils emportaient avec eux le doute, mais aussi la détermination, ainsi qu'un tupperware de couscous et deux bouteilles de vodka. La torche que chacun brandissait ne chassait guère les ténèbres de la vieille forêt, mais leurs lueurs leur permettaient de ne pas se perdre et de suivre les pas de leur guide qui semblait savoir où elle allait. De la pénombre sortait d'inquiétants bruits, ils pensaient entendre le rire des korrigans, le murmure des dryades. Leurs lumières éclairent des ombres fuyantes mais ne révélaient jamais les formes sombres qu'ils sentaient les contempler. Pas un de ces hommes robustes rompus à l'art de la guerre n'était à l'aise dans une telle atmosphère, ils pensaient qu'ils se perdraient après chaque détours, s'attendaient à quelque vilaine surprise. Passant à côté d'un lac calme, ils crurent apercevoir au fond des lueurs dansantes. Partout se promenaient des nappes des brumes, soudain l'idée d'une maison où s'abriter, même le piteux abri de la sorcière, leur paru valoir plus qu'un royaume. Mais aucun ne s'arrêta, ils savaient que cela rimait avec une mort certaine.

Alors au bout du chemin, au centre d'une clairière faiblement éclairement par les étoiles, tous virent la maison, aux fenêtres laissant transparaître une légère lumière, clignotant à toute vitesse. Et tous se souvirent. Combien de fois dans leur jeunesse ils n'avaient comme tous les enfants du royaume croisés ce personnage, et Arthur encore plus que les autres. Il gardait le souvenir d'une être plein de sagesse, aux paroles justes parfois cruelles, et dont chaque visite le laissait la tête remplie de nouvelles connaissances et le derrière un peu plus douloureux. Il ne fallait pas chercher plus loin pour expliquer la sexualité de Galahad, tant ce vieux pédé de Merlin les avait tous marqués, plus ou moins profond. Ils appréhendaient donc plus ou moins les retrouvailles avec le mages après plusieurs décennies d'absences (et pour certain de cicatrisation). Mais tous savaient que si de toute la Bretagne un être était assez puissant pour les aider, c'était bien ce vieux con, et ils surmontèrent donc leurs peurs.

Morganne ouvrit la porte d'un coup de pied d'une vigueur surprenante, et ils s'introduisirent dans la demeure du sorcier. Au milieu d'un grand salon au murs recouverts d'objets mystiques, d'étranges masques de contrées lointaines, des bâtons sculptés, des ouvrages aux reliures craquées, et à la tranche gravée d'étranges noms, était un grand bureau plein d'instruments inconnus, et, penché sur une expérience, était Merlin. Alors qu'ils hésitaient à s'approcher, la voix grave du vieil homme leur parvint.
- Ah, vous voila enfin. Je m'attendais à votre visite.
- Comment est-ce possible ?
- Morganne m'a passée un coup de fil. J'ai donc préparé un petit repas. Suivez moi.

Ils le suivirent dans la cuisine. La table était déjà mise, et sur le gaz cuisait doucement une grande poêle de pâtes aux lardons. Le mage écarta les mains, et les chaises ikéa en tek reculèrent sans un bruit pour les laisser s'asseoir. Il posa le plat au milieu de la table, et sortit du frigo un muscat de Rivesaltes, dont il remplit les huit verres.
- Alors Morganne m'a parlée de votre mission. En vérité, je peux vous aider. Je peux vous transporter dans ce monde où se trouve le sait Gruul...
- Graal
- Bref vous envoyer là bas ne pose aucun problème.
- C'est cool.
- Et pour le retour ? pensa à demander Bedevere le sage.
- Ah eh bien vous devrez vous démerder. Y'a des sorciers là bas aussi.
- De toute façon on n’a pas le choix.
- Bien. Ces pâtes étaient magiques, et vont doucement vous plonger dans un profond sommeil. Lorsque vous vous réveillerez, vous serez dans un autre monde.
- Quelle pouvoir !
- Ah ouais t'avais raison Morganne. Ils avalent vraiment tout ce qu'on leur raconte. Mais ça ne me surprend guère, déjà dans leur jeunesse c'étaient de sacrés avaleurs.

Ils finirent de manger en silence, chacun repensant aux sages paroles du magicien. Ils l'aidèrent à ranger les plats dans le lave-vaisselle, puis ils repartirent tous au salon, où se déroulerait le voyage. Solennel, Merlin les rassembla au centre de la pièce et, avec une craie jaune, traça autour d'eux sur le parquet vitrifié un sceau de Salomon, et à l'extrémité de chacune des branches il inscrivit le nom d'un chevalier.
- Pourquoi marquer nos noms comme ça ? Il y a une raison ?
- Si je vous l'expliquai, vous ne comprendriez pas. Cela fait appelle à des théories tellurgiques avancées dont vous n'avez même pas idée.
- Vous pouvez pas essayer de vulgariser ?
- Bon en fait ça sert à indiquer aux esprits qui se chargent du passage comment vous vous appelez. C'est plus poli, comme ça ils sont contents, et ça réduit la probabilité qu'ils décident de vous perdre pour toujours dans un demi-plan de la souffrance ou de vous transformer en cèpes ou en bolets. En fait ils raffolent des champignons, ça explique aussi pourquoi ils sont parfois complètement pétés. Enfin, ils font la plupart du temps du bon boulot.
- Ce sont quand même de sacrés branleurs, ajouta Morganne. Vous devriez bien vous entendre.

Puis le sorcier sortit de sa bibliothèque, entre les cassettes vidéos pédophiles et une collection de bestioles empaillées à la fourrure poisseuses un épais volume "De Magicae Thermodinamicas handbook" qu'il feuilleta rapidement, avant de s'arrêter avec une moue approbatrice.
- Et bien nous y voila. D'ici à quelques minutes vous serez dans un nouveau monde, où vous attendra votre dû.
- Parfait.
- N'est-ce pas ? Bien, où en étais-je ? Vous avez bien pensé à signer les décharges ? Très bien, on y va.

Ils étaient nerveux, ils ne savaient guère où ils allaient se retrouver. Ils vérifiaient mentalement qu'ils possédaient tous leur matériel, munitions, provisions. Arthur sentait dans son sac les tuppers de pâtes et de couscous, il regarda encore une fois avec lassitude le panier de champignon posé au milieu d'eux, offrande aux esprits. Bon dieu, où s'était-il encore embarqué ? Reverrait-il encore la belle Guenièvre, pourrait-il encore caresser sa douce fourrure ? Règnerait-il un jour de nouveau sur Camelot, faisant trimer ses serfs ? Ce Graal était-il si important ? N'y aurait-il pas un autre moyen d'amadouer le Politburo ? Qui sait ce que Mordred faisait en ce moment. Arthur sentit son coeur s'accélérer. Ce félon ! Paierait-il un jour ses crimes ? Le Roi regarda ses compagnons. Galahad souriait, tout excité. Quel con. Quelle bande de cons.

Merlin s'éclaircit la voix.
- Ô Esprits des vents ! Esprits des nuages, Maîtres des chemins entre les mondes, Passeurs d'âmes, prenez dans vos mains ces braves et amenez les en sécurité dans le monde au delà du temps ! N'hésitez pas à manger les champignons, ils sont là pour ça.
Une voix éthérée répondit :
- Merlin, Maître de la magie, tu as été entendu ! Quelle est la commande ?
- Destination : demi-plan ZE-6X430p, six à téléporter, over.
- Roger.


Il y eu une grande lumière blanche.

= commentaires =

Marvin

Pute : 0
    le 16/11/2007 à 21:14:23
Putain Hag, bordel de foutre, j'adore ce que tu fais.
Aesahaettr

Pute : 1
    le 17/11/2007 à 03:50:59
Pareil que le connard au dessus.
Putain.
Ange Verhell

Pute : 0
    le 18/11/2007 à 18:06:42
Cornebaisouille mon salaud, tu maitrises la bafouille et le pipo, tu fais pousser les mots et fleurir le verbe, bien pendre ta langue tu sais et baver me fais pour la suite
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:20:18
bord d'elle de merdre, seulement trois commentaires pour ça,
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:20:30
ça
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:20:40
mérite
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:20:51
mieux
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:21:01
nom
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:21:19
d'
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:21:30
un
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:21:42
ass
Ange Verhell

Pute : 0
    le 24/11/2007 à 16:21:53
hole
nihil

Pute : 1
void
    le 24/11/2007 à 17:06:56
Soit.
Très chouette texte, mais j'ai rien de plus à en dire que sur les trois premiers, encore que je l'ai trouvé encore plus marrant peut-être. C'est vraiment de la bonne came, ça me donne envie de lire les prophetiae merlinii en sautant un mot sur deux.
Traffic

Pute : 1
    le 27/11/2007 à 13:51:19
Moi j'ai préféré les premiers.

J'ai trouvé trop de décrochage sur celui là.

J'avais bien aimé le côté plus assumé des précédents ce qui ne les empêchait pas d'être bien décalés.

Attends la suite.

Mentaltrash

Pute : 0
    le 29/02/2008 à 12:48:48
Mort de rire a la blague de la sorciere.

Heu... la suite?

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