LA ZONE -

Reporter du dimanche / la vie est un long ricanement d’otarie

Le 27/07/2009
par Omega-17
[illustration] Avant ça allait. Je me disais que ça allait et c'était peut-être vrai d'ailleurs, quoique je suis venu à en douter après expertise, et rien ne permet honnêtement de l'affirmer.
De temps en temps, il arrive que je me surprenne en flagrant délit de sobriété ; clairement, je ne vois qu’une explication satisfaisante : un type me vole mon temps à intervalles irréguliers et se met à vivre à ma place selon ses propres valeurs. Quand je reprends le contrôle de la situation, comme ce soir, tout reste à faire de nouveau.
Je suis allé farfouiller pour en trouver un, en y repensant.
C'est trop tard maintenant, et la marche arrière est cassée de toute façon. Je pratique donc en roue libre.

Il a tinté, rebondi une ou peut-être deux fois, mais alors deux petites fois. Ensuite il a gémi et un peu cliqueté puis s'est noyé en tourbillonnant. Les corps immergés remontent à un moment ou un autre, il faut toujours qu’ils fassent leurs intéressants pour qu’on s’occupe d’eux, qu’on les prenne en considération au cas où ça servirait à quelque chose à mon avis. En général, ils continuent encore à tourner au ralenti à la surface pendant quelques minutes avant arrêt complet. A partir de là, j'entre en scène et c'en est fini de leurs pitoyables existences alvéolées. Ploc.
Une grosse flaque qui s’écrase sur le palais et mon haricot-surprise est dans le sac. Toujours pareil, je vaincs sans effort. Le péril me connaît, c’est réciproque, quant à la gloire je crois que je n’y ai jamais vraiment songé, sauf quand je rêve que je suis poursuivi par le FBI. Mais ils ne m’attrapent jamais, non car impossible de me profiler correctement ou d’anticiper mes mouvements vu que je suis un obscur sociopathe au modus operandi délibérément aléatoire.
« Bernard, un autre ! » Bernard, c’est le tenancier du bistrot, évidemment. Ca fait, puff, quelque chose comme une bonne quinzaine d’années que je fréquente ce bon Bernard. Depuis que je l’ai inventé et ça doit remonter à mes douze ans donc ça fait ça, oui. Je l’appelle mentalement et il prépare mes consommations médicamentées avec entrain, toujours prêt à dégainer la dernière blague salace ou à consoler de la perte de l’être aimé avec philosophie et pragmatisme rural. Mais surtout, les chopes de bière, il les claque sèchement sur le comptoir, même que la mousse, parfois elle déborde en vaguelettes. Ca, c’est ce que je préfère.
Je me suis pas plu, chez les Noirs. Non ils sont vraiment trop sales, et pauvres aussi. Le contraste est appréciable au début mais rapidement ça n’a plus de sens. J’aurais pu acheter un village ou en ériger un à mon nom, monter une milice ou encore une usine de glaçons pour narguer la population mais ça ne m’aurait pas vraiment amusé. Sauf si c’était pour leur lancer dans les oreilles et encore. Oui, parce que les noirs ont de petites oreilles en général et ils redoutent que l’on s’attaque à ce cartilage. Je le sais grâce à l’étude publiée dans Minute, je parle du hors série de Décembre évidemment. Seulement par abonnement.
Par défi, j’ai d’ailleurs terminé ma lecture appuyé au mur qui jouxte la sortie du siège socialiste.
En abordant la question avec quelques militants, je me suis aperçu que la plupart préférait éluder pour aller directement déjeuner en terrasse, mais le sixième fut le bon. Pas n’importe lequel en plus : un thermostat 7, cuit à l’étouffée, il lui manquait que les quartiers de papaye pour figurer à la carte du Bongo Congo, la meilleure cantine de la forêt. Je l’ai pris en dilettante, la une bien en évidence et la main ferme sur mon sac de glaçons que j’avais vrillé en queue de rat à la manière d’un fléau d’armes.

« Salut camarade, je viens d’en lire une bonne, ça va te faire grimper au cocotier. Regarde un peu ça.
- Pardon ? Vous devez vous tromper. ( pas d’accent, j’étais déçu mais j’allais le ferrer )
- Non, aucune erreur, Monsieur Petersen. Voyez donc ce que ces immondes fascistes ont pondu. Encore une provocation envers les nobles souffleurs de sarbacanes. »


Il s’est légèrement penché vers le canard, ce con. Je l’ai assaisonné de mon boulet arctique au niveau des cervicales ; j’avais pris une belle impulsion en ouvrant l’épaule en arc de cercle et j’ai lâché tout ce que j’avais. J’en jurerais pas mais je pense avoir ripé sur l’hypothalamus avec le rebond. En tout cas, ça l’a séché tout de suite.
Il a fait un bruit sourd en s’écrasant sur les pavés, ça a même résonné. Un peu comme un gros singe qu’on tiendrait par la patte et qu’on frapperait sur une plaque en inox. Mais en moins net quand même.

« Ahh aaahh AhuUmmhf », j’ai pas pu en tirer davantage, il était bloqué là-dessus.

« Alors ?
- Aa mais eeHee Oorrff Aah
- Eh oui, on parle dans le dialecte du village maintenant, on retrouve la mémoire sous le coup de l’émotion, hein ? Ils sont où, les sorciers qui font de la bonne soupe aux yeux de phacochère, maintenant ?
- Arghh Arrê Apff Arrê Ummh Arrêtez..
- Ah le coup du Minute, tu le connaissais pas : ça t’a surpris. Et on a peur pour ses oreilles. Parce que la tête, d’accord, mais les oreilles, aïe aïe aïe, n’est-ce pas ? »


Je comptais bien aller au bout de mon idée mais une poignée de gauchistes a commencé à se dandiner derrière les fenêtres, quelques-uns ont mis leurs nez crochus dehors, l’odeur sans doute les avait alertés.

« Pas de panique, on va le jeter. Je m’occupe de tout, vous pouvez rentrer faire des avions en papier.
- Que s’est-il passé ? Vous avez appelé les secours ?
- Evidemment, les braconniers sont en chemin. Ils m’ont promis une dizaine de peaux de lynx en échange de cette belle pièce. C’est un 4X4 BMW, si vous les voyez tourner à l’angle, faites leur signe. Je vous laisse ma carte. »


Il m’avait bien servi, cet abonnement au club de badminton. J’en revenais pas.

Hormis ce genre d’expérimentations, je me faisais salement chier à la maison depuis mon retour de Khartoum. D’un autre côté, ce n’était pas la place d’un reporter : partout où je mettais les pieds ça sentait mauvais et il y avait toujours des gosses pour quêter des chewing-gums, quelques-uns avaient même essayé de me vendre des talismans rouillés de fabrication artisanale. Il suffisait que ces sauvages me voient arriver avec ma tenue coloniale et mes lunettes de soleil Police que je chausse toujours pour crier Roxanne à l’improviste, et là, ils se jetaient sur moi comme une horde de hyènes galeuses. Moi je m’en foutais, j’hésitais pas à marcher sur les plus petits pour leur échapper. La bombe lacrymo, ça en a calmé plus d’un. Faut bien se défendre, sinon on tombe dans le piège de la pitié gratuite et c’est fini. Alors là, je dis non. La meilleure technique, c’est de progresser en crabe en mettant des coups de coude pour se dégager ; je vous dis ça si jamais vous êtes cerné en milieu extrême un jour.

Par habitude, je guettais toujours les infos au cas où une situation de crise nécessitant mon intervention se présenterait mais non, la seule chose qu’ils savaient dire, c’était que la crise faisait des ravages et que les banquiers belges tombaient comme des mouches à cause des épargnants qui les attendaient au coin des ruelles sombres avec des coups de poing américains et des canalisations en PVC.
J’étais en train de perdre la foi et la dépression n’était pas loin.

En m’installant à Lyon, je pensais que l’humanité me foutrait enfin la paix et que je pourrais lancer des bibelots sur l’épicier arabe depuis mon cinquième étage en toute impunité. De ce côté-là, j’ai pas vraiment à me plaindre puisque je rivalise d’astuce quand je pratique cette discipline ; la seule chose qui pourrait me trahir, c’est la rampe de lancement que j’ai vissée sur la balustrade mais personne n’a tilté encore. Vu que je le choppe pendant la fermeture de vingt-deux heures, un jour sur trois.
J’y peux rien, il me rappelle ce Playmobil maghrébin qui m’avait mordu la main sans raison à la maternelle, l’animal avait visé dans la partie tendre entre le pouce et l’index. D’ailleurs, j’ai bien essayé de le localiser par l’intermédiaire d’un détective privé, celui-là, mais j’ai fait chou blanc. Dommage, parce que j’avais un super plan à son propos qui mettait en scène un fleuriste factice et une truelle, tout en amateur, aucun effet spécial, façon Blair Witch Project.

Depuis que je suis dans le creux de la vague journalistique, je transpire énormément. Mon corps essaye d’élaborer une couche protectrice aqueuse, c’est sa manière de répondre à la torpeur. Et là, on voit bien que ce n’est pas tout à fait étudié puisque la rose se défend largement mieux que ça avec les pucerons. Le pangolin, également, est redoutable défensivement. L’homme, non. Bien sûr on peut toujours se neutraliser en se faisant mourir mais ça reste une démarche à produire. Il faut se saisir d’objets, envisager une approche, écrire des lettres larmoyantes à son ex dans vingt pour cent des cas, remettre à demain pour cause de Ligue des Champions, puis à dix ans pour cause de pas envie : enfin, un travail pénible. On ne devrait pas avoir à le faire mais les gens ne laissent pas vraiment le choix. Enfin si, on peut les fuir mais ils sont partout, alors celui-là ou un autre, quelle importance. Je me comprends.
Ragondin, par exemple, était au mauvais endroit au mauvais moment. Ca arrive à des autistes très bien.

Je crois que j’ai craqué parce que mes haricots magiques ne l’étaient plus. J’ai pris conscience de mon ennui profond à ce moment-là, on ne pouvait avoir confiance en rien décidément. Les circonstances ont conduit à la conclusion qui s’imposait : ma passion envers la vodka avait décidément le dessus et cet amour premier était seul à pouvoir générer le microcosme décalé nécessaire, l’exutoire energophage provoqué par le manque criant d’intérêt du monde tel que je pouvais l’observer à partir du moment où provoquer moi-même un conflit d’ampleur pour survivre professionnellement restait la dernière issue.
‘Blue Suede Shoes’ du King vibrant dans les cloisons de mon T4 et je gigotais dès les premières notes sur le carrelage de la cuisine en passant mes doigts écartés devant les yeux au cœur d’une frénétique twisterie digne des plus performantes représentations de music-hall, genou à terre pour le final. Il fallait fêter cette reprise et j’ai balancé le cadavre de Zubrowska par la fenêtre en direction du carrefour avant de me plaquer au sol : allez, adjugé, c’était ça ou passer son temps à mettre le feu à l’ascenseur pour paniquer les voisins. Et je crois que l’étau s’était déjà bien resserré autour de mon palier depuis que j’avais rebaptisé ma sonnette ‘Igor Molotov, napalmipède’.

Juste avant de choisir de ne pas m’y rendre, j’avais quand même appris que ça gesticulait un peu du côté de Pyongyang. Fallait pas les emmerder sinon ils allaient lâcher la bombe, à croire que c’était le seul refrain connu par là-bas. Pauvre gens.
En vitesse, j’ai préparé un colis avec le coffret best-of d’Elvis Presley, adressé à Ji Hang-Park Sung. Ca tomberait forcément sur un type qui se sentirait obligé de faire le malin en transmettant à son entourage. Dans la foulée, j’ai fait partir une lettre à l’attention de Qwan Fong Lee, direction Séoul, expliquant qu’un nord-coréen s’était introduit chez lui pour voler ses disques collector. Le temps que la situation s’envenime correctement sur place, j’aurais terminé la mission que je m’étais fixée : dans ce métier, il faut toujours avoir un coup d’avance, ou alors beaucoup de rampes de lancement et un panorama bien dégagé.

Si j’avais eu un ami, je serais allé l’avertir de mon départ sans oublier de lui laisser les clés pour arroser le palmier nain que j’avais ramené de Nassau par cargo. Je suis donc parti directement.

Cadbury France, Paris.
J’avais flairé la Berezina, ils en étaient au trentième, chez Kiss Cool : le morosité effect. Celui qui fait glapir le lapin dans son terrier. On ne les voyait plus du tout, disparus de la circulation, les gars de la confiserie extrême. Mais « Quo vadis ? », me disais-je, calé dans mon siège de première grenat. Ca n’avait pas le sens que j’espérais, traduction faite, j’ai donc pris une bière de marque inconnue sur le chariot pour oublier cette cuisante défaite culturelle, pendant que le vaguemestre de boissons servait mon voisin de l’autre côté de l’allée. Ils devraient faire ça à deux, franchement : un vendeur un guetteur, sinon c’est trop facile.

De manière générale, je ne m’annonce jamais, encore moins devant un préposé à l’accueil. Je compte sur mon charisme pour faire les présentations ; implicitement, ça suppose que je n’ai pas de temps à perdre à divulguer mon identité, ce qui est plutôt correct. D’autre part, elle est inscrite.

« Bonjour, que puis-je pour vous ?
- J’ai un concept qui peut révolutionner votre entreprise, voilà ma carte.
- Club de badminton ?
- Je ne pratique pas. Mon temps est précieux : transmettez à la hiérarchie communication. »


Elle m’a dit d’aller m’asseoir et j’ai fait mine de trouver ça normal. Inutile de lui rappeler sa condition et l’intérêt d’avoir l’opportunité de croiser quelqu’un de mon espèce quand on gagne mille euros mensuels en répondant au téléphone avec Cosmo sur les genoux. J’ai un problème avec les gens qui lisent au travail, avec ceux qui ne lisent pas et se contentent de travailler en exposant leur satisfaction également. Qui a dit que le travail était destiné à ceux qui ne savaient rien faire au départ, déjà ? Sais plus. Dans un film, peut-être… Hum.

« Monsieur.. ? Premier étage, bureau 6. »

Ah, tout de même.

J’ai déboulé avec un air très assuré, histoire de montrer à tout le monde que je n’étais pas là pour m’amuser. Dommage que le distributeur d’eau fraîche ait été le seul à en profiter. Je m’attendais à un minimum de secrétaires qui font tomber leurs dossiers dans le couloir, juste devant le DRH, croupes en montgolfières. Et finalement non, faut croire que la vie n’est pas toujours une série télé. Pourtant, je trouve que ça y ressemble régulièrement. Mettons que ce n’est qu’un long ricanement d’otarie alors.
On bruissait un peu derrière les portes, ça claquait de la feuille. Moi aussi, je peux mettre un ventilateur à proximité d’un tas de dossiers. J’en fais pas mon métier pour autant.

Mon détecteur de gens intégré a perçu du mouvement vers le fond, salle de conférence apparemment. Je me suis assoupli les rotules devant la double porte, montant ma garde avec les poings, expirant bruyamment pour me mettre dans le bain. Uppercut, jeu de jambes affolant, feinte de corps et crochet. Pas chassés, petite provocation du doigt, le majeur. J’étais bon.

« Sacrée technique… »

Un fourbe. Planqué dans le recoin à côté de la machine à café. Gargamel petit format.

« Facile, le sarcasme, mon vieux. Une seule droite et tu ravales ton gobelet, vu la forme que je tiens.
- Oui oui… j’en doute pas.
- Les secrétaires, elles sont où ? J’imagine qu’elles n’ont pas pu s’enfuir chez vous.
- …vous fatiguez pas, on ferme. Kiss Cool, c’est fini. On a déjà plus de pots à crayons et la photocopieuse est hors service. Certains ont postulé chez Mentos… moi j’ai un frère qui bosse dans la carrosserie, il a besoin d’un associé alors…
- Ca marche, ça. On peut bien voler de l’argent, non ?
- Il fait construire sa deuxième piscine, là.
- Hum, ouais. Bien, ça. Sinon, les carrosseries « Pangolin », ça en jetterait.
- Non, du tout.
- Bon. Je vais voir des gens responsables, normalement, à côté : on m’attend. Pensez à ma proposition, quand même. »


J’ai ouvert les deux battants à la volée, l’effet de surprise en bonus. Sans compter que je donnais à penser qu’un seul était insuffisant pour ma carrure. On a tort de sous-estimer ces petites choses ; sur le terrain, elles ne sont pas si dérisoires que ça. Essayez pour voir.

« Messieurs, j’ai un concept. »

Une demi-douzaine de cadres qui se battait en duel, occupée à parapher des documents en hochant la tête. Ils hochaient plus, maintenant. Mais je suppose que c’était le cas juste avant.

« Alors, c’est quoi ce bordel ?
On a bouleversé les gens avec notre lapin et maintenant on en est où ? Je vais vous le dire : on en est à se faire doubler par les empafés de chez Ricola, voilà la triste vérité. « De la suisse naturellement ». Non mais sérieusement : ça ne veut rien dire. Vous y avez pensé ? Et un abruti avec un chapeau tyrolien arrive à nous ronger notre part de marché… Elle est tombée bien bas, la légende populaire Kiss Cool. On avait même atteint la consécration suprême en entrant de plain-pied dans le langage courant. « Fais gaffe à ceci ou cela, il y aura un deuxième effet Kiss Cool… » Vrai ou faux ?
Et qui pouvait prétendre à autant dans le secteur ? Personne.
Alors, je répète ma question : c’est quoi ce bordel ?
Voilà mon concept : le pangolin. C’est lui la clé. Les gens ne veulent plus bouffer du lapin rose, on a créé un évènement majeur à l’époque et il est dissipé, c’est entendu. On va donc rebondir en frappant un grand coup pour se rappeler à leur bon souvenir. Demain, c’est le pangolin.
D’ailleurs, tout est prêt. Regardez. »


J’ai effacé vigoureusement le tableau blanc et pris le marqueur (c’était un noir et j’ai dû improviser vu que j’avais mentalisé ma performance dans le train avec un bleu). Ma démonstration débutait avec un schéma du parcours postal d’un colis entre Kuala Lumpur et Genève, ceci dit, ce sont les cases et les grandes flèches qui font tout l’impact visuel d’un projet. Et toujours finir en frappant d’un coup sec avec la pointe.

Un costard qui entourait un type a levé la main.

« Trop scientifique, le pangolin. La cible ne connaît pas et ne veut pas connaître. On perd le contact, avec le pangolin, c’est évident. »

Son frère siamois a enchaîné.

« Oui, c’est intéressant mais on aurait davantage d’emprise avec un marsupial commun : on garderait l’exotique tout en restant à portée du public. »

Le chef des parapheurs a cru bon d’intervenir à son tour.

« Mais vous êtes qui ?
- Je fais partie de ces gens à la fois étranges et dérisoires qui s'opposent vaguement aux idées d'autrui sans en avoir réellement eux-mêmes. Vous allez voir, c’est tout un programme. »


Sur le coup, ils m’ont fait une tête de tube. Ils s’attendaient à mieux et je peux le comprendre ; moi aussi, je me suis beaucoup déçu. J’ai pris quelques secondes de réflexion pour enfin convenir que oui, c’était assez con et peu défendable, malgré un bon début de parcours.
Une impression apparemment partagée puisque je me suis retrouvé dehors très rapidement, demandant aux passants de signer la pétition « Sauvons Kiss Cool, Mentos assassins » que j’avais griffonnée dans l’ascenseur. Je me suis lassé quand un dentiste m’a répondu que les bonbons pour l’haleine ne remplaçaient pas un brossage vigoureux après chaque repas.
Ah c’est sûr, elle est pas évidente, la carrière de reporter du dimanche, avec des tarés pareils.

Autant rentrer le plus vite possible en attendant la prochaine guerre d’ampleur.
Même en business, la mousse de crabe est gonflée à l’hélium. Tellement ignoble que j’ai dû voler et engouffrer tous les paquets de noix de pécan pour recommencer à respirer par la bouche. Une sorte d’attachée de direction m’a demandé si ça allait comme je voulais, ce à quoi j’ai répondu que si jamais je perçais ne serait-ce qu’un minuscule trou dans le hublot, sa tête se plaquerait automatiquement dessus et son corps se viderait à l’extérieur par la joue. Je suis pas sûr ne m’être bien fait comprendre, j’ai vomi sur la tablette avant de reprendre. Elle est retournée à la contemplation de son fichier Word et moi à celle de mon petit monticule aux pépites salées.
On aurait pu s’entendre, pourtant. Si jamais elle avait eu la présence d’esprit de rétorquer « Cette reconstitution spontanée de la dune du Pilat devrait mettre un terme définitif au tourisme à Biscarrosse ». Enfin, quelque chose d’au moins aussi débile qui nous aurait permis d’engager une discussion amicale. Mais non, ils ne savent pas se comporter comme ça. Alors tant pis.

Lyon avait perdu, ce soir-là. Aucun bonobo ne gesticulait, perché sur un feu rouge, en agitant une écharpe du club ; pas même une bouteille de bière éclatée au milieu de la rue. Les efforts basiques pour entretenir l’illusion que la Terre continuait quoi qu’il arrive à tourner n’étaient plus accomplis.
Je me raccrochais à la carte nord-coréenne. J’avais de bonnes raisons de croire que ceux-là se montreraient plus coopératifs, suffisamment irresponsables pour faire quelque chose d’intéressant en tout cas.
Grâce à mes quatre serrures qui s’ouvrent avec de très grosses clés bien épaisses, personne ne s’était introduit chez moi pour subtiliser mes missiles à courte portée. Le ball-trap, ça peut être très joli, la nuit, pour peu qu’on colle du papier aluminium sur les cendriers en verre. C’est un truc à savoir.
J’étais en train de me tâter sur la pertinence d’envoyer une ou deux chaises dont je n’avais jamais eu l’utilité quand la vitrine a fini par céder sous l’impact d’un disque dur externe. Un maigre sacrifice au vu de la performance puisque je garde toujours des cds de sauvegarde de mes pornos favoris.
A l’idée d’aller tout de même le récupérer pour être sûr, j’ai gloussé.

Ma mère me rappelait souvent que je finirais comme mon père, à savoir riche mais très seul, payant toutes mes compagnies, et méprisant le monde avec la copieuse réciprocité qui en découle souvent.
Elle n’avait pas mon sens de la syntaxe mais en substance, c’était ce qu’elle disait. Prédicatrice de pluie après le beau temps.


= commentaires =

Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 28/07/2009 à 19:34:33
Pas encore fini de lire, mais : va-t-on finir de mettre une majuscule à noirs ? Quand on dit des gens qu'ils sont petits, on ne dit pas qu'on a des amis Petits, ou qu'on est allé chez des Petits, etc.

Bordel, politiquement correct, tout ça.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 28/07/2009 à 19:49:08
Pas trouvé le fil conducteur, alors je coupe le rouge. Dites à Ginette que... Oh et puis merd
Omega-17

Pute : 0
    le 28/07/2009 à 22:27:26
Pas faux. A bien y penser, je trouve aussi que la majuscule est superflue.
Das

Pute : 0
    le 29/07/2009 à 13:57:53
Globalement, c'est bon. Le texte n'est pas particulièrement long et se lit très facilement, si bien que je me suis surpris à la fin en train d'espérer une suite. La langue est très fluide en fait, maitrisée sans être lourde (ça c'est influencé par le dernier paragraphe), c'est très agréable. L'effervescence passée je me suis rappelé que ça avait aussi été le cas pour les deux précédents, mais pour d'autres raisons. Les épisodes d'avant ont une certaine logique. Ici, comme mentionné au dessus, on a du mal à trouver le fil conducteur. J'avoue que les blagues, par leur abondance et leur teneur m'ont fait rire de bon cœur. Mais sans contexte, ça perd quand même beaucoup de son charme. Bien sur, c'est plus dur d'écrire sur rien, c'est tentant aussi, mais sur un texte comique, je suis pas sur que ce soit une bonne opération.
Omega-17

Pute : 0
    le 29/07/2009 à 14:42:21
Disons que les deux premiers volets laissaient toute la place aux péripéties, parfois même à outrance.
Ici, je voulais parler un peu plus du personnage, avec un background moins transparent que les pitreries dont il se rend coupable par ennui.

L'intro est peut-être trop brumeuse, je reconnais que ça commence comme un texte chiant, c'est moins vendeur.
Ceci dit, une nouvelle orientation était plutôt inévitable, ou alors il faut un stock infini en matière de comique de situation.
Das

Pute : 0
    le 31/07/2009 à 14:43:09
Je viens de lire le titre en entier, ce qui fausse très largement mon appréciation du texte. Les titres, on va pas se mentir, ça devrait être un choix. L'alcool aussi remarquez. Quoiqu'il en soit, ce titre me scandalise.

Bordel.
Hag

Pute : 2
    le 02/08/2009 à 01:06:07
J'ai assez aimé, mais bien parce que ça garde le ton et l'humour des précédents, car l'histoire brille malheureusement par sa maigreur, à peine suffisante pour soutenir un minimum les vannes.
Du coup, c'est fragile, et ça manque de se péter la gueule par moment, alors qu'à d'autres ça passe mieux. J'attends la suite.


"Disons que les deux premiers volets laissaient toute la place aux péripéties, parfois même à outrance.
Ici, je voulais parler un peu plus du personnage, avec un background moins transparent que les pitreries dont il se rend coupable par ennui."

Le problème est que je trouve que le personnage n'a guère e substance en lui-même, il est seulement glorifié par les situations dans lesquelles il se met. Sinon, c'est juste une usine à conneries, pas forcément développé par derrière (je peux me tromper ; ça reste mon opinion). Mais je ne peux qu'être d'accord : le comique de situation, ça se trouve pas facilement.
.Narak
    le 02/08/2009 à 09:39:44
Ouais trop, Hag +1.
Hag

Pute : 2
    le 02/08/2009 à 18:38:14
Hag + 1, ça doit faire un truc du genre Hah non ?
    le 02/08/2009 à 18:41:12
Dans le Petit Robert, ça fait hagard.
Dommage, Hag-1, ça faisait hafnium.

Je vote Hag+1 aussi, par pure fainéantise.
Nicko

Pute : 0
    le 17/08/2009 à 20:13:37
Le passage devant les cadres de Kiss Cool m'a fait rire. Vraiment bien mené, jusqu'à la fin en queue de poisson.

Sinon c'est con qu'il y ait pas de vraie ligne directrice dans l'ensemble.
Koax Koax
    le 20/08/2009 à 14:31:18
N'ayant pas lu les volets précédents, je ne pourrais pas comparer. Drôle, sans casser des briques, mais sympathique. Le développement est moindre, j'ai lu là une succession d'impressions, d'actions, plus ou moins absurdes. J'ai vu dedans cette volonté d'à tout prix enchainer le burlesque, les situations, sans vraiment avoir de direction. Peut être pas le meilleur moyen. L'abus d'absurde est nocif sans cohérence. J'ai vu mieux venant de Lemon A.
C'est globalement moyen, je lirais les premiers et reviendrai ici à l'occasion.
koax koax
    le 20/08/2009 à 14:36:28
(Indication : lemon A pour ce qui est de l'absurde, dans un genre similaire, je ne retrouve plus le texte, hélas)
Colonel Petsek
    le 03/09/2009 à 13:14:50
"Mais il devait pas vraiment avoir d'idée précise en tête, parce qu'il se contente de déblatérer à vide"

Ouais, c'est ce qu'il appelle le talent, ce tartineur de marathon soporifique.
Muscadet

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Pute : 0
    le 09/02/2017 à 03:14:07
Très inquiétant pour la suite.

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