LA ZONE -

En Plein cœur. PAN! Pas ailleurs. (7)

Le 14/05/2015
par Valstar Karamzin
[illustration] IV - Une froide vengeance indigeste

J'ai donné du jus de poire à la serpillière. Monsieur Barbier me ramena à la maison. Mes parents parlèrent très longtemps avec lui dans le salon ce soir là. Ils lui offrirent des cacahuètes.
Après une autre semaine où ma mère me garda auprès d'elle, je découvris une nouvelle école : j'avais une institutrice.
Aheyâd fut retrouvé mort le soir même de l'épisode du supermarché. Il est tombé inerte après une morsure fatale au cou.
Overdose.
Son corps était froid et tacheté de lumière.
Aujourd'hui, je ne suis pas médecin comme j'ai pu le prétendre ce matin à cette poignée de voyeurs qui font de la rue leur télévision. Une phrase commode pour me creuser une haie d'honneur jusqu'à ma voiture.
L'horloge indique que l'heure qu'il est actuellement équivaut dans la réalité à la nuit. Les fantômes sont au vestiaire et préparent leur prestation. Au village, l'arbre d'où j'ai décroché mon ancien instituteur est à présent nu sous la lune. Le grand carrousel s'est éparpillé. Ils ont dû se demander, chou blanc, qui était le mystérieux nécro-kidnappeur. Il ne restera en définitive qu'un entrefilet dans le journal local dans la rubrique des faits d'hivers mystérieux ; à moins que plumitifs et policiers ne grattent un peu et ne découvrent la triste réalité de ses orientations sexuelles illicites. Je ne suis certes pas le seul à avoir senti de trop près son humidité concupiscente, peut-être même le premier, alors le temps qu'ils débusquent et approchent toute notre ribambelle en partant du plus causant, je serai loin. Et je ne risque RIEN, car je suis arrivé au village grimé et déguisé pour lui faire la peau.
Car j'avais prévu de le tuer.

Les prémices de l'opération remontent à un an.
Le temps s'était écoulé goutte à goutte. Il avait déposé sédimentairement une concrétion d'existence composée de mon sang, ma morale, ma sueur, ma fonction, ma merde, mon argent, mon sperme, mon reflet, mes larmes et mes névroses, façonnés par un vent souverain et néanmoins pernicieux en forme de pieu acéré. Et un jour je me suis coupé au contact tranchant de la stalagmite de moi-même. De cette plaie béante se propagea la gangrène : l'hideuse dépression au troublant sex-appeal. J'expliquais à l'hypnothérapeute qui me suivait alors ne pas comprendre mon état, qu'à cinquante-cinq ans j'avais réussi ma vie, qu'après de brillantes Hautes Études Commerciales j'avais redynamisé la modeste entreprise familiale de transport, je l'avais accompagnée jusqu'au firmament, l'avais placée sur l'orbite boursière, qu'ensuite j'avais reproduit l'expérience avec d'autres entreprises, j'en ai revendu, j'ai pris du cash au passage, c'était si facile, avec les clefs et le réseau, qu'à un moment le monde ne m'apparut plus que comme un vaste jeu de légo capitalistique ; qu'au zénith de ma carrière, cinq ans auparavant, j'avais ressenti la lassitude des sommets ; que j'avais bazardé mon empire, sans lui préciser que par l'entremise de L'Organisation que j'avais secrètement créée alors — la Lastkraftwagen Traviati — je continuais à exercer mon emprise plus sombre, plus souterraine, sur la destinée d'une altérité abhorrée. Et que malgré tout je sentais ne pas avoir réglé l'essentiel. J'avais un compte à clôturer.

Lors d'une séance de transe, invité par la suggestion à voyager temporellement dans le dédale de mon histoire, je rencontrai Aheyâd. Il me tint la main, et m'entraîna jusqu'au seuil de la classe où attendait M. Barbier.
Pour un retour vers le passé.

Bien que le thérapeute éricksonnien me mit en garde contre la réalité relative de certaines images hypnagogiques, je compris aussitôt, foudroyé de bénédiction, qu'il me fallait éradiquer ce cancrelat des parages pour qu'enfin je puisse m'épanouir. Étrangement, je m'y sentis autorisé. Après tout je tutoyais le premier ministre du pays depuis l'école ! J'avais été quelqu'un ! Je caressais intimement de l'index, la paume du politique, à l'occasion d'une poignée de main ! Un citoyen de premier choix, de ceux qui donnent l'impulsion. Avant de devenir aujourd'hui un aventurier clandestin, l'homme d'affaire des catacombes.

Je localisai les traces libidineuses du retraité de la fonction publique, une aura baveuse de gastéropode en rut, et me téléportai jusqu'à lui, magie du GPS, dans un village reculé du nord de la France.
Je louai incognito une chambre pour deux nuits dans l'unique hôtel, puis rôdai autour du terrain de l'équarrisseur d'innocence assermenté afin de reconnaître les lieux du crime. Un rideau trembla.
Au cours du marché, le lendemain, je commis l'erreur de divulguer grossièrement ma présence en allant à sa rencontre le saluer.
— Bonjour M. Barbier vous souvenez-vous de moi ? Moi, je me souviens très bien de vous.
Et je tournai les talons. Le laissant avec mille interrogations. Mille et un méfaits à se repasser en boucle dans son petit cinéma intérieur.
Je voulais être sûr.
Juste par bravade, effleurer ma proie avant d'accomplir mon dessein : demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je te tuerai, vois tu…

Je fus trop téméraire malgré mon déguisement et il prit peur, sans savoir qui se cachait sous la perruque blonde du bourreau. Alors, il est venu pousser bien haut son dernier râle sous mes fenêtres, réclamer l'absolution par provocation à mon endroit. Il est venu pour me cracher au visage, me signaler dodelinant que c'était encore lui qui tirait la ficelle. Je garde encore l'image de son corps se balançant doucement sous les branches du chêne. Un sourire narquois imprimé sur son visage congestionné, comme un singe kaputt qui aurait sauté à l'élastique de son arbre préféré. Il avait décousu mon enfance, avait contribué à me mal-construire, et je ne pourrai jamais assouvir ma vengeance.

Je ne lâcherai pas ma proie.

Elle savoure son nouvel état dans le vieux fauteuil en cuir de notre repaire d'Amiens. Une cache de l'Organisation.
On n'entend pas les mouches voler, la décomposition se fait attendre.
Plus j'observe ce visage, plus je suis obligé de me demander comment mener à bien ma vengeance. Comment châtier un homme mort ?
Je ne peux alors m'empêcher de maudire mes parents pour cette lacune flagrante dans mon apprentissage. Ils m'ont appris à aller au pot proprement, à lacer mes souliers et à lire l'heure, j'ai toujours dit merci à la dame quand elle m'a offert son bonbon, mais je dois admettre mon incapacité à me venger d'un macchabée.

L'éducation en France doit être impérativement révisée.

Nous sommes tous les deux plongés dans un puissant conflit de température. Les deux pôles papotent sans réciprocité. Zorro aimerait punir le sergent Garcia.
Comment faire ?
Une idée farfelue tout d'abord. Je le jette d'un pont autoroutier directement sur la voie de circulation en dessous. Et à l'aide de jumelles nyctalopes, je savoure le travail régulier des pneus chauds, sculptant la viande à même l'asphalte. Je filme en plan-séquence la ruine de cet homme. Et la diffuse, via la filière pornographique de la Lastkraftwagen Traviati, jusqu'au bout du monde où un spectateur éclairé des antipodes gloserait ainsi, du gore plein la voix, emballé par son visionnage :
« Le vieux est seul sur le macadam, probablement abandonné par un émule d'Henry Lee Lucas. Des phares apparaissent alors dans le lointain, un bruit de moteur semblable à une tronçonneuse. C'est la pleine lune. Maintenant les lumières des voitures éclairent la pauvre victime, son visage est tuméfié… du sang brunâtre qui n'aspire qu'à former une croûte si on lui en laisse le temps semble ronger le corps nu. L'homme, peut-être encore en vie, n'est plus qu'une tache blafarde, zébrée de plaies sanguinolentes. Après le passage de la première voiture, ses phares sont englués d'une bouillie rouge dans laquelle une dent fait penser au papillon dans sa chrysalide. Les phares ont l'air éteint, un lourd oiseau sans ailes et les yeux crevés qui se traîne à toute allure sur un chemin tracé par l'homme. Très vite d'autres bagnoles viennent s'enhardir, s'acharner sur l'homme. Dans un bruit de fin du monde on assiste à un feu d'artifice d'organes qui souillent sauvagement les vitres des véhicules… le corps rivalise maintenant avec la macédoine. Il y en a sur toute la largeur de la route, mais les passages continuent, toujours aussi violents. Des os jaillissent encore de partout en un fameux hommage à l'ellipse kubrickienne. Les roues dérobent un petit souvenir d'hémoglobine, emportant avec elles un peu de l'âme en miette de l'inconscient qui dormait sur la route. D'une dernière voiture obligée de s'arrêter en raison de l'entrée inopinée d'un fémur pointu dans un de ses pneus, accouche les adhérents de l'amicale des cubistes en vadrouille, venus admirer cette parcelle de route à présent digne d'une gerbe de Picasso après une cuite carabinée. Ils se dirigent vers le mélange de sang et de merde, et se mettent à pisser dessus… »

Nous excusons ce dérapage de passionné au pays des cervelles, et rappelons que la note urologique en fin de récit n'est que pure invention.

Même si un sentiment d'insatisfaction demeurera toujours, je ne peux me résoudre à vivre ma vengeance par procuration, en rêvant longtemps à de nouveaux sévices. Je dois m'affranchir d'un dessein avorté. Je ne peux pas abandonner le gamin que je fus dans les méandres d'un souvenir damné. Il marche à mes côtés. Il est complètement paumé dans une vie aussi vide que la mort.
Il a besoin de moi.

Tandis que je fixe cet homme sans avenir, il se met subitement à brailler comme un nouveau-né. Son enveloppe charnelle demeure pourtant imperturbable mais un cri primitif semble provenir du dedans de ses entrailles, dans le lointain du gouffre. Le paradoxe entre l'image et le son me fait sursauter. Je crois sur le coup à une brusque reviviscence, le temps de circonscrire la source hurlante à l'appartement du dessous, d'où un nourrisson s'égosille à la vie.
L'espèce se renouvelle sans cesse.
Un foret vrombissant d'émotions me transperce alors de part en part, des crécelles de lépreux sur orbite se déchaînent contre mes tympans, la friction crissante des copeaux métalliques d'un hypothalamus en déroute me submerge, une marée dévastatrice de sentiments informes me monte les larmes aux yeux, je ne peux contenir mon cri primal plus longtemps, il explose en un déchirement du décor et fait démesurément écho au cri primitif du chérubin d'en bas. J'éclate en sanglots désordonnés, je me lève et me retrouve à gifler le macchabée, le broyer sous mes poings, le lacérer de mes ongles, l'anéantir, cogner, cogner, le réduire en bouillie, au rythme d'une coprolalie féroce que je laisse échaRper alentour. Je le démantibule d'un coup sec. Les coups tombent inexorables, ils concassent et écrasent tous les petits os de son squelette dont je ne veux pas connaître le nom. Mes phalanges rebondissent sur sa dépouille flasque, au bord de la rupture. Je cogne encore… une fois… puis deux. Je m'écroule, épuisé. Je reprends mon souffle. Le cri du sorcier aide à me relever. Je l'empoigne par les pieds et, ivre de folie, le traîne jusqu'à la salle de bain.

Alors que je le déshabille sous une lueur clinique, je pense que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Alors que je commence à le disséquer, une scie à métaux en main, j'entends déjà grésiller sa chair dans la poêle, le frottement du couteau dans la viande, la mastication de chaque bouchée, implacablement ingurgitée, puis avalée boulimiquement. J'entends aussi déjà la lagune de la digestion, et enfin l'accouchement de sa vérité ontologique : un étron clapotant au fond de la cuvette des chiottes. Ensuite il ne me restera plus qu'à tirer la chasse pour m'en débarrasser…
Alors,
je vais tous vous dévorer.
Je suis un ogre.

V - Le poinçonneur

La nuit blanche m'a régurgité et, à son issue, je suis devenu un autre homme. Alors que je m'escrimais à le saucissonner, à profaner ses entrailles de glaires de dédain, que je besognais, à hachurer au couteau son restant d'existence des marges mêmes du bottin des trépassés, sous l'assaut de pensées neuves, un renversement de perspective m'a irradié d'excitation, dans la poitrine pour commencer, une source d'oxygène vierge, jusqu'au tréfonds de mes atomes les plus intimes, et la propagation de ces ondes inédites s'est manifestée dans mon cerveau aux mille éruptions.
J'ai vécu cloisonné, vénérant une unique conviction, et c'est cloîtré entre les murs carrelés de la salle d'os qu'une défragmentation s'est opérée dans mon intrinsèque chimie. Plus je tronçonnais, plus je me réapparaissais enfin en un seul morceau, redisposé selon un autre schéma, sous un autre jour, et c'est à présent un autre soleil qui brille, un autre cosmos qui gravite autour et par moi. Je suis entier, débordant d'un instinct frais,
incisif et décisif.
J'ai ravi la force de mon ennemi. Je m'en suis nourri. Des morceaux de choix exclusivement. Des morceaux de roi. Je les ai mastiqués obstinément, jusqu'à l’écœurement, jusqu'au trop-plein, dans l'espoir de m'endormir repu. Rien n'avait été prémédité, je n'avais pas agi en gourmet à la recherche de saveurs encore plus singulières. Je me suis contenté de concrétiser une vision fugace, une folie entraperçue alors que je cognais à coups redoublés. J'ai voulu le faire disparaître, l'enterrer avec le déni qui m'avait fait l'oublier jadis.
Je n'avais pas faim, je n'avais pas d'excuses.
Et loin de m'aider à trouver le sommeil, sa chair, une fois assimilée, m'a euphorisé à nulle autre pareil.
Au delà.
Éveillé.
Pour de bon.
Jusqu'à la fin des temps.
Les yeux grands ébahis j'observai le spectacle de la dissection nocturne d'un vif regard psychotropique. Un système solaire entier venait d'exploser sur ma rétine. Mieux que dix flashes, dix feux d'artifices à la cocaïne. J'ai trouvé le combustible capable d'embraser les zones les plus sombres de mon encéphale, les faire fonctionner à pleine puissance à la manière d'une centrifugeuse cyclopéenne aiguillonnant un ouragan. J'ai renversé l'un des derniers tabous encore debout et je me suis senti libéré d'un joug de deux mille ans.
J'ai bouffé tout cru le petit Jésus.
Ils avaient réussi à nous faire manger de la merde, pas encore concrètement de l'homme. Et je comprends mieux le sens de sa condamnation face à l'extase éprouvée ici. Bien vivant, je ne reposerai plus jamais en paix. J'étais libre, je bandais dur dans l'érotisme du charnier. Une douloureuse impudeur qui poussait, poussait sans aide, prête à ensemencer les cieux. Une érection du feu de Dieu. Qui faisait mal, que c'était bon. Une puissance retrouvée. Un dragon entre les jambes.
Emporté par une agressive frénésie sexuelle, je m'empressai de me déshabiller, de baiser la viande crue éparpillée. Je déchargeai intense dans ses orbites vides et, les mains crispées sur ses oreilles, les lui arrachai avant d'éclater sa tête pleine de foutre sur le carrelage poisseux, comme une boîte de Pandore amochée dégueulant tristement ses fléaux dont je suis à présent l'obscène incarnation.
Trop longtemps bercé par des chimères hypostasiées, je m'éveillais à la félicité barbouillé d'hémoglobine. Je me sentais serein, en sécurité.
C'était si facile en fait, que je me mis à rire à gorge déployée.
D'un rire carnassier.

J'ai nettoyé les traces de mes exaltations, un arc-en-ciel dans une main, une tornade blanche dans l'autre, presque plus aucun signe de débordement. J'ai mis de l'encens à brûler. J'ai condamné la salle de bain : il ne faudrait pas qu'un de mes agents-baladeurs trop curieux ne vienne fureter au delà des limites autorisées. Je la nettoierai plus tard avec le détergent adéquat. J'ai aussi rangé discrètement dans le coffre de la voiture de lourds sacs poubelles réticulés, opaques, pour déchets très spéciaux.
Je ne suis pas censé être là. Il ne faut pas que l'on me voie. J'ai pris prétexte d'un différend entre deux cadres de la Lastraviat (Secteur nord), pour venir faire une inspection surprise du réseau, mais surtout accomplir mon noir dessein avorté : serrer fort le kiki de la raclure.
Je dois avoir déguerpi en début d'après midi, après je risquerais de croiser l'agent qui livrera les cinq cartons pour l'opération Dératisation. J'appelle d'ailleurs Tonio, celui que nous soupçonnons de s'être infiltré au sein de l'Organisation, et qui, lui, devra ensuite acheminer les colis à son point de rencontre habituel. Il faut aussi que je pense à lui faire parvenir les clefs de la cache. Ce n'est pas une de ses prérogatives coutumières. Il pensera à une marque de confiance supplémentaire et se dévoilera peut-être. Nous avons en fait prévu de lui confier un deal bidon afin de l'éloigner du vrai théâtre des opérations. Je sers ici d'agent de liaison.
Il ne répond pas. Je lui demande de me rappeler.

Après, je suis resté allongé plusieurs heures dans la chambre sans pouvoir dormir. J'ai fixé le mur blanc qui me faisait face, sans ciller, pour y projeter sous forme de dessins animés rudimentaires, la turbulente rotoscopie du fruit pourri de mes cogitations. Parmi les diverses saynètes proposées je retins celle qui me grisa le plus, celle que j'allais mettre en pratique dans mon immédiat futur, la plus aboutie, celle sur laquelle irrémédiablement ma grosse pogne jouait son va-et-vient désespéré d'onanisme exubérant. Je me la remémorais de nouveau, puis encore à nouveau, elle se bonifiait à chaque passage, et à présent derrière mes yeux grands fermés elle se teintait du grain suranné d'un sexy Technicolor, ma main toujours cramponnée convulsivement sur l'ardeur d'un avenir radieux. Tout est si limpide. Ma destinée s'achemine vers l'essentiel : l'indispensable goût du sang.
L'histoire sera celle du poinçonneur.

J'ai toujours progressé par ruptures. Inéluctablement programmées dès lors qu'un cycle s'interrompait. La dernière en date me fit créer la Lastraviat (le diminutif et cri de ralliement de notre Organisation), mais elle était tout aussi factice que les précédentes. Je n'ai fait que reproduire, dans un cadre au décorum plus lisiblement délictueux, des pratiques rodées auparavant, mais l'intention était la même. Le virage hors-la-loi en épingle à cheveux que j'ai négocié s'est révélé n'être qu'une chicane. Pas de véritables transitions à déplorer, au mieux des césures. Des fuites immatures.
L'ère du changement bouillonne en moi. Je sais déjà que je vais rompre définitivement avec la Lastraviat. Tranquillement, le temps de trouver un successeur de confiance. Un dernier divorce pour celui qui dorénavant évoluera en solitaire.
Je vais me salir, solo.
Me défouler enfin
J'enrage de n'avoir pu occire la salope, la vieille carne, de mes propres mains. A la place j'en tuerai donc d'autres, par plaisir, par jeu. Rien ne pourra vraiment me rassasier, tant que je n'aurai pas goûté et abusé de cet interdit là.
Comme on ne change jamais complètement, hélas, et que je suis pétri d'ambition, je vais faire en sorte de devenir un tueur en série médiatique. Malgré mes succès, je n'ai pas réussi à marquer durablement l'histoire du capitalisme triomphant ; je marquerai donc celle de la criminologie de manière indélébile. On m'appellera le poinçonneur. J'ai effectivement hérité de la collection de poinçons d'un aïeul, que je garde dans le coffre de ma voiture, ne m'en servant jusqu'ici que pour rayer en cachette la carrosserie, ou crever les pneus des voitures des malotrus qui m'ont causé du tort. Dorénavant c'est dans le lard que je trancherai. Je tracerai dans l'épiderme du ventre de chacun de mes souffre-douleurs un grand X, et dans les quatre intervalles vides entre chaque branche, je laisserai des lettres de sang, choisies au hasard, selon la fantaisie du moment, sans signification particulière. Simplement pour me jouer des policiers perplexes, des scribouillards en effervescence, et des ergoteurs sur toile

JE VEUX TOUS VOUS TERRORISER.

Je veux que vous exhortiez vos enfants à finir leur bouillie en les menaçant de ma venue. Je veux que tu recommences à fermer ta porte à double tour et à regarder sous ton lit avant de te coucher. Je veux que tu presses le pas le soir dans la rue déserte pour échapper aux ombres, la main sur ton téléphone mobile comme sur une bouée de sauvetage de poche. Que tu te le colles à l'oreille jusqu'à ce qu'il te grille la cervelle. Je veux pouvoir lire la peur dans tes yeux. Je veux être le croque-mitaine d'une société sans Dieu, le cannibale de vos cauchemars, la diversion obligatoire utilisée quand il s'agira de vous faire oublier le plus important, une perverse arme médiatique de destruction massive. Je veux être amplifié. Je veux cacher la forêt. Je veux que Stéphane Bourgoin se penche sur mon cas. Je veux me saigner au boulot illico.

Ne sois surtout pas rassuré. Tu es peut-être déjà ma prochaine victime. Je t'observe depuis une semaine. Je rentre chez toi te sentir quand tu n'es pas là, le nez dans des dessous que tu croiras bientôt avoir égarés. Je ne suis pas loin. N'entends-tu pas ce bruit qui vient ?
J'arrive.
Je suis à présent libre de répandre mon hérésie en une bestiale liturgie.
Mais par qui commencer ?

= commentaires =

Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 14/05/2015 à 21:04:47
Si la "Lastkraftwagen Traviati" recrute, je suis actuellement en recherche d'un poste de cadre sup, sur Montpellier voir Pérols ou Lattes si possible. Je peux envoyer un CV + lettre de motivation, selfie, échantillon de sperme. Un reboot de carrière dans n'importe quoi d'autre que ce que je faisais avant me convient. Par avance merci.
    le 14/05/2015 à 22:59:44
Je suspecte Lapinchien d'augmenter le nombre de publications uniquement pour multiplier les présentations aka son journal intime 30.0 aka le Necronomicon de notre ère de pauvres hères.

ET LE FORUM IL TE SUFFIT PLUS ESPECE DE MARI INFID7LE DE LINTRAWEB SULFUREUX 888

Ps : le texte est, comme d'habitude, très bon.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 15/05/2015 à 02:00:50
Je ne fais que suivre l'augmentation des commentaires sur les textes publiés et réajuster la cadence de publication à une recrudescence d'activité du site.

si les auteurs/commentateurs et surtout admins pensent que mon verbiage digressif dans la présentation des textes dessert la ligne éditoriale du site, je m'adapterai pour survivre. Depuis une semaine, je n'ai que des retours sympathiques abondant dans mon délire dans les commentaires de textes.

Que les auteurs n'y voient pas du dédain pour leur texte, au contraire je prends le temps de bien expliquer les raisons pour lesquelles je les publie. c'est même plutôt une sorte de récompense à leur effort de guerre, je trouve. Mais je me trompe peut-être. Je ne suis pas quelqu'un de buté, je me plierai à la decision des admins.

Dans les news du site je les implore de participer d'avantage pour contenir mon flood. Si on souhaite me recadrer ou sanctionner ou je ne sais trop quoi, je suivrai sans aucune forme de regret la décisions qu'auront pris les admins. Mais intention éditoriales étaient pourtant claires : je suis à 100% dans le rapgame comme mon modèle dans vie B2O, il m'arrive de dire que qui s'y frotte s'y brûle, comme il le fait aussi, mais je parle de ma bite et des cloques qu'elles peuvent occasionner sur ceux pas trop habitués aux coups de boutoir carabinés. OH MAIS QU4ELLE BELLE MOUETTE LA-BAS. Bonjour. Au Revoir. Coucou. Plouf. #ARTICHAUD #sevrageBrutalDeCymbalta60mgx2 #ZBOINGZBOINGZBOING
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 15/05/2015 à 02:03:12
et puis cesse de voire des complots partout. Chacune de mes intervention est une perche que je te tends pour parler DE SOLANGE TE PARLE et de NOISE #DeKoiTutTutTutPlains?
    le 15/05/2015 à 12:53:30
Mais bien sur que je les aime tes prez' ! Maintient ce rythme de croisière, c'est parfait. Véritable valeur ajoutée de tout texte correct, add-on savoureux de tout texte génial ou encore parfait texte tout court pour toute publi moisie, qui ne s'en délecte pas ici bas ?!

Et ça te turlupines cette histoire de noise, je vais t'envahir le forum avec des liens YT dans pas longtemps, tu m'en dira des nouvelles.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 15/05/2015 à 12:57:37
Je concède volontiers par contre que la recrudescence de commentaires est à 90% de mon fait
David

Pute : -3
La gastronomie éteint les étoiles    le 18/05/2015 à 15:30:36
Salut,

ça y est, deux publications sur le grand méchant et j'en oublierai presque le héros, je trépigne du retour de Hendrix Von Volodoï !!! En tout cas, l'affreux est bien affreux, c'est à lire en mangeant du pudding à la framboise.

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