Tu me vois contrit, navré, offusqué par les débordements occasionnés. Encore une fois, je te le redis, mon ange, mon amour, mon ami, madame, monsieur, toi qui passes et à qui il me semblait nécessaire de prêter la main, je croyais bien faire, je croyais que tout roulait, que le chaos s'ajustait tranquillement de mes gestes frivoles, mes intentions minimes, mon pas ridicule sur le fil d'un rasoir émoussé. Je m'étais persuadé que la solidarité se dresse entre nous comme un filet à petites mailles, qu'elle se resserre sur nos rêves et les mélange sur le pont après la pêche, alors va-y, fais le tri, c'est plus ou moins ce que je me disais, ivre de moi, triste sans l'être, heureux en surface, dégoupillé pourtant.
Je me disais aussi que l'autre le saurait puisque je devine, de mon côté, que l'intention est bonne, que le geste parfois rude occulte bienveillance et amitié. J'avais tort et j'avais raison, mais j'avais tort d'avoir cru à la raison.
J'ai mangé la dernière part, je croyais qu'il ne fallait pas gaspiller, je croyais que tu avais goûté le cake, j'ai dévoré d'un coup sec, une seule bouchée, ma gueule englobe le monde quand j'élargis les lèvres. Tu m'en veux ? Oui, je sais que tu m'en veux et ni toi ni moi n'y pouvons rien parce que l'on ne reconstruit pas le passé, on ne répare que ce qui tolère le scotch, ou la patte à fix.
J'ai bu la dernière goutte et il ne restait plus rien. C'est dommage parce que je n'avais pas soif et je voulais jeter le verre dans le tri sélectif, rien que du trivial, en somme, il me semblait que tu n'avais plus envie d'ingurgiter quoi que ce soit, que le vin te fuyait depuis ton dernier verre. Je reconnais, je regrette, je m'en veux et je m'en carre. Parce qu'il ne restait qu'une quantité infime, ridicule, lamentable, deux doigts de néant saupoudrés de rien.
J'ai garé la voiture sur la place de devant, parce que c'était pratique et je ne savais pas que je bloquais le passage ; j'ai nourri le chat qui avait déjà mangé quatre fois ; j'ai tiré la chevillette et la bobinette a chu ; j'ai débloqué un niveau en tuant mon personnage ; j'ai raconté la fin du film pour te donner envie de le voir ; j'ai raté la cuisson parce que je coupais des tomates, des concombres, de la feta ; j'ai sellé le cheval et il est parti sans moi ; j'ai scellé une enveloppe que tu n'avais pas remplie, la liste est longue de mes initiatives stériles, mes joyeux ratages, mes douceurs périmées. J'innove chaque jour en la matière, humain, faillible et misérable.
Se rêver en héros, une fois de temps en temps, s'imaginer parfait, se vomir soi-même au nom de la bienséance. J'ai cru bien faire et je me suis lourdé.
LA ZONE -
![[illustration]](/data/img/images/2025-07-15-jaicrubienfaire(2).jpg)
J'ajoutais : « Changeons de point de vue, je me mets à ta place et tu te mets à la mienne. » Je croyais que l'autre l'avait compris et l'autre, c'est une version de moi. Je me disais que nous étions faits pour nous entendre et que la communication parfois se passe de mots.
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Je trouve la présentation du texte bien sévère. Elle est très bien cette rubrique !
Rien à voir avec la rubrique. Les autres textes étaient très bons. Celui-ci est geignard, chouineur. Genre j'essaie de bien faire, mais j'y arrive pas alors que dans le fond, y'a rien qui justifie cet étalage de ouin-ouin. Après le style est là, comme d'hab, ça fonctionne. J'ai préféré le cri. Celui-ci m'a fait penser à de vieilles disputes de couple claquées. Mouais. Ou plutôt ouin-ouin.
J'espère que Mill est en vacances et qu'il n'est pas parti à cause des conneries que j'ai pu dire sur le wokisme. Déjà je n'en vaut pas la peine, je suis une sombre merde. Et puis, on m'a vraiment chié dans le crâne pendant des années et j'étais convaincu de ce que je disais. Par ailleurs, il m'a convaincu que je racontais de la daube et je lui en suis reconnaissant. Maintenant je sais que le wokisme n'existe pas et que ce sont les détracteurs des forces de progrès qui s'en servent pour décréditer le camp d'en face alors que personne ne se revendique de cette mouvance. J'aurais mieux fait de fermer ma gueule mais en même temps l'ouvrir m'a permis de me faire corriger le cul et ça m'a été utile pour cerner la vérité.
Je découvre les "lieu commun" de Mill.
J'adore la vie et ses situations ! Je suis dans le train et j'entends une fille expliquer à ses copines la notion de transfert et de contre-transfert !
Ah merde, mon fer à repasser à cramer l'image ! Bouh, il ne reste plus qu'une représentation toute pourrie.
l'image c'est le narrateur qui nourrit le chat qui a déjà mangé 4 fois. Le fer à repasser, je ne vois pas trop, c'est ton portable ?
trailer : https://www.instagram.com/p/DMH4GfCtf9Q/