Tout le sang avait quitté leur visage et ils ressemblaient, à s’y méprendre, à des simples d’esprit papillonnant autour d’une existence de drogués invétérés.
Et pendant que je jaugeais les acrostiches de ces poètes maudits, ces sadiques raffinés s’envolaient vers les cieux ; l’appel sauvage des hallucinogènes comme leur traversée du désert s’imposant de plus en plus nettement dans leur crâne d’herboriste… À faire fantasmer tous les cinémomètres, à amalgamer des idées insolites qui les dévoraient plus encore que notre confrérie, et que les plus fins observateurs qualifieraient de jeunismes incendiaires… Elles sortaient tout droit de leur Royaume aride...
Avec leur leitmotiv existentiel qui confondait l’infaillibilité de leur propre mémoire parallèle avec leur manière d’invoquer le dragon pour le chevaucher, il ne savait qu’altérer les produits psychotropes et aussitôt autour d’eux tout s’enténébrait et plongeait dans la stupeur au rythme de leurs pérégrinations.
Des lambeaux d’étoffes les recouvraient parcimonieusement et ils causaient du grabuge, ces originaux, en gribouillant sur tous les murs du propriétaire et avaient carrément enlevé tout le papier peint du salon.
J’étais là, dans leur demeure, ainsi que John Law se permettant de disposer des coussins et étaler des draps blancs qui sentaient le frais ; mais en revenant de la jeep pour apporter d’autres trucs et aménager ainsi les lieux, nous sentions quelque chose qui était en train de griller et nous vîmes le toit conique commencer à brûler ainsi que les fleurs appartenant à de La Hyre, restées à l’intérieur, en train de flétrir… les deux loosers sortirent précipitamment, crachant de la fumée, ils avaient eu des visions, grandioses, presque amusantes, flamboyantes et belles comme les fresques et les peintures de Lascaux, mais à présent la drogue du crocodile et l’Hélicéenne ravivaient dans leurs yeux lascifs des envies de porcins maussades et leurs voix chevrotaient.
Des corbeaux aux plumes phosphorescentes nous canardaient de cendres grises qu’ils avaient avalé dans leurs jabots lorsqu’ils volaient au-dessus de l’incendie et nous formions des ombres anémiques à côté des flammes, illuminées par la pleine lune… Ça empestait aussi le plastique carbonisé, les vieux pneus et le bois cramés.
Plus tard, plus par pitié que par souci d’efficacité, on les embringua dans notre communauté pour qu’ils lancent du napalm sur ces rats allant bientôt se cannibaliser tant les gens restaient cloîtrés chez eux à double tour.
Et un jour où tous les deux travaillaient dans l’ancienne salle de bal du sous-sol, reconvertie en laboratoire, ils aperçurent le cerveau d’un lama tibétain et bouddhiste baignant dans un bocal de formol.
Et rapidement pour découvrir ce que cette expérience scientifique pourrait leur révéler, ils lancèrent une recherche sur l’ordinateur, qui pensait à leur place.
Et qui les avait renvoyé sur une page web expliquant du début à la fin le règne des anthropoïdes de jadis et dont le moine en faisait partie…
Tout cela, en plaçant bien sûr de nombreuses publicités qui n’avaient pour seul but que d’abêtir leur esprit simpliste de consommateur…
Deuxième partie : John Law, est-ce que c’est toi John Wayne, ou est-ce que c’est moi ?
Bien que je ne partage pas toutes les idées saugrenues de John Law, je m’étais familiarisé avec tous ces faux-semblants auxquels la vie nous confrontait. Je n'y croyais guère en vérité, car cet adolescent immature se limitait à calquer tout ce qu’il avait vu au cinéma et je pense d'ailleurs qu’en débusquant de gros rats il se méprenait, ne possédant pas ce côté humble et réaliste pour supporter par exemple un changement de programme, ou une défaite…
On en était maintenant au lance-flammes et cette nuit-là allongé sur l’empilement de rondins qui lui avait tenu d’escabeau pour enjamber une clôture grillagée, il persistait dans son attitude conquérante en fumant une clope, et se targuait d’en avoir éliminé une bonne centaine et ne s’apercevant pas qu’une autre meute de rats s’était engouffrés par les trous d’une palissade non loin de là. Je me faufilais dans une impasse où il y avait, près d’un poste de télévision cassé, un bureau en formica abandonné dont le design avait sans doute lassé son propriétaire, étant voué à être récupéré peut-être par Emmaüs ou vandalisé par une bande d’aliénés se hasardant à cet endroit.
Et je consultais pour faire passer le temps les photos de mon téléphone portable : quelques souvenirs moribonds de toutes ces soirées désœuvrées, les bandes, les bagarres imputables bien souvent à cette précarité glauque que je connaissais bien… À tout ce qu’on nous faisait miroiter aussi et qui radicalisait les jeunes skins engagés dans ces nouvelles jeunesses hitlériennes croyant laisser une trace de leur passage furtif en ce bas monde.
Troisième partie : Où l’on apprendra que les amateurs d’un style Grunge peuvent être aussi de parfaits salauds !
Parfois lorsqu’on regardait tous les deux au musée une toile de Kandinsky, je cogitais sur la manière dont cette créole m’avait parlé et j’immatérialisais par le seul pouvoir de mon imagination l’endroit exact où on l’avait découvert : Angela dans une salle de bal où le doux froufroutement des jupes était entrecoupé par des milliers de mélodies, dont la transcription n’était pas achevée, tout comme nos plans prodigues en hermétisme comme un poème de Mallarmé.
La drogue avait ouvert à de La Hyre de nouveaux horizons stupéfiants - sa préparation, quand il eut fini de mélanger la muscade, les jarrets d’un porc et des larves d’insectes ainsi que d’autres fantaisies semblables à l’éther, je la jugeais maintenant comme une pure perte de temps, et j’appris plus tard qu’il l’avait déversé par la trappe d’un égout.
Et lorsque je m’étais réveillé avec la gueule de bois, au matin, j’avais voulu estimer s’il y avait eu des dégâts dans les profondeurs de la ville, j’étais tellement sur orbite que j’aie manqué de mettre la guêpière d’Angela à la place de mes gants, de mes bottes, de mes jambières, de mon chapeau noir à large bord, de ma longue cape noire et d’autres tenues appropriées au travail.
J’avais presque raté une marche en descendant le long de l’échelle lorsque mes employeurs avec une basse crachant du grunge avaient rappliqué. Pour une raison aussi obscure que mon triste abattement, lorsque je les avais aperçu et mis pied à terre, je leurs avais lancé sans discontinuer des paroles vindicatives et bien sûr ils avaient trouvé inacceptable ma conduite, en me virant sur le champ et en ajournant indéfiniment ma reprise comme dératiseur… J’étais donc redevenu chômeur et un adepte des allocations de la CAF.
Quatrième partie : Un job à la John Malkovich ou Strip-tease sous la lune alors que les loups jappent.
Je regardais les voisins s’engueuler pour une histoire de chat perdu ; décidément mes pauses clopes sur le balcon s’intercalaient parfaitement avec leurs disputes, ou leurs ébats quand ils étaient lascifs…
Mes problèmes d’argent n’allant pas s’insolubiliser par la grâce divine et mes factures d’électricité et de chauffage étant exorbitantes par rapport à mon allocation chômage, je m’étais résolu à trouver un job. Devant la petite annonce d’un job qui me semblait sortir du film de John Malkovich, je balisais un peu : anxieux et bien refroidis parce que le jour de paye ne tombait qu’une fois dans l’année, le Mardi Gras, mais il était suffisamment élevé pour que je n’abandonne pas mon opiniâtreté de labeur avant le jour tant béni. C’était implicite sur le papier mais lorsque je fus reçu pour mon premier rendez-vous dans cette étrange entreprise au sommet d’une tour de verre, on me fit bien comprendre que si je voulais grimper dans la hiérarchie, je devais accepter cette règle de base. Pas moyen de négocier.
C’était donc la nuit que ça se passait. Dans l’obscurité du local de cette mystérieuse boite, avec un casque virtuel tintinnabulant toutes les cinq minutes on devait synthétiser dans un premier temps des scènes de Kâma-Sûtra, assez frustes d’ailleurs. Et je me souviens qu’il y avait dans ce court-métrage un acolyte de l’héroïne ne ménageant pas ses efforts pour fignoler la basse besogne et il avait un air de famille avec ces forçats obsédés à faire roter du foutre à cette actrice une fois son boubou dévêtu.
Puis quelques minutes plus tard, on ne voyait sur l’écran, après une courte publicité sur l’agro-industrie, que l’image fixe d’un tout-à-l’égout d’où partait des kilomètres de câbles. Et ils nous indiquèrent, les trois formateurs assis en face de nous sur de vieux fauteuils sombres, bons pour la consigne, qu’on était censé ébaucher, avec le bloc-notes sur notre droite, une suite (la mienne étant affligeante) s’inspirant de la première ou de la deuxième vidéo…
Ensuite, un rideau de théâtre s’ouvrit après nos observations et dans une cage exiguë l’on vit un pauvre homme devenir complétement cinglé : ils lui avaient mis sous intraveineuse différentes drogues, soudoyant son inconscient et l’avait forcé à visionner non-stop des vidéos TikTok béatifiant la virilité de ces types qui mataient le spectacle érotique d’un strip-tease sous la lune alors que les loups jappaient.
Puis il ne resta plus qu’à recenser à chaque publicité ce qui nous plaisait et ce que l’on aimait moins, l’une d’elles affirmant qu’une cure de jeûne avec assistance par courriel était absolument nécessaire pour se maintenir en bonne santé, une autre pour s’abonner au télépéage des autoroutes et pour faire raquer les clients naïfs ou encore une autre pour vanter comme alimentation saine les ailerons des espadons.
Au bout d’un moment, sollicitant une dernière fois notre attention, l’orgie du début revint en boucle, honorant cette fois une fille de joie qui tapinait dans les sous-bois et les forêts. Et même dans les bas-fonds où l’on commettait encore des crimes façon Jack l’éventreur, et où les corps des victimes se convulsionnaient sur les plates-bandes, que même les lampadaires n’éclairaient plus à cette heure nuptiale où tout était plongé dans le noir de la basse cité…
Cinquième partie : Les pluies diluviennes
« La chance était en baisse et le talent s’était barré. Dans Point Contrepoint, je crois, Huxley ou l’un de ses personnages dit : « N’importe qui peut être un génie à vingt-cinq ans. À cinquante ans, ça demande plus d’efforts. » Et moi, j’en étais à quarante-neuf, plus quelques mois. Mes tableaux croupissaient dans les galeries. On avait publié une anthologie de mes poèmes : Le paradis est la plus grande des vulves, qui m’avait bien rapporté une centaine de dollars, quatre mois plus tôt. Le bouquin était vite devenu un objet de collection, côté vingt dollars pièce à la bourse des raretés, et je n’avais même plus mon exemplaire personnel : un copain l’avait embarqué un jour de cuite. Ça, un copain ? »
M’éloignant à l’heure où la nuit meurt, et pour me faire un peu d’argent en les vendant ces anthologies poétiques au plus offrant, j’étais déjà éméché un matin dès potron-minet, comme égaré ou puni par une divine autorité… Et après les transactions qui auraient dû me rendre plus riche, je me retrouvais dans le local des dératiseurs, sur le qui-vive, et face à un grand écran bloqué sur un farfadet du festival Lumière à Lyon.
Mais je m’interrogeais en priorité à propos de mes rêves, car à cause de ma tête, quand elle déviait de trois-quarts gauche sur l’oreiller, elle ne pouvait probablement que produire ce genre de péripéties où je me voyais, un jour de Pluie diluvienne, dans le jardin d’une certaine Laurel, ma voisine, poursuivant sans fin un pélican qui fuyait…
On ne discernait — en le ramenant chez moi et en l’enfermant dans une cage d’ivoire — que son jabot énorme, dans cet épisode onirique, fermement résigné à avaler tout ce qu’il lui passait dans le gosier.
Trempé comme un rat d’égout, je profitais de ces pluies diluviennes et de leur inondation sur les quais du Rhône pour chasser les oiseaux et en particulier ces pélicans noirs regardant rêveusement les gouttes de pluie entre les tuiles et le pisé rouge des habitations tomber sans jamais échauffer les esprits !
Pour anoblir Le Paradis est la plus grande des vulves, je devais me focaliser sur ce qu’il y avait de plus grivois, mais, alors que je fouaillais dans le casier des gérants du local des dératiseurs, je me demandais si je n’étais pas un brin givré...
Sixième partie : Où l’on apprendra que le recrutement des larbins dans les hôtels ainsi que les contrats des nouvelles employées pour dératiser les lieux publics comme privés pourraient bien engendrer l’utilisation d’un lance-pierre par simple envie de vandalisme.
Je connaissais bien la route malheureusement. De la place Marina Beg-Meil au centre Loctudy, de Loctudy à Beg-Meil. Nous marchions dans le brouillard ; une moitié du temps à patauger dans la boue d’une rivière. Une imprenable citadelle en point de mire, où sûrement l’indolence des maniaques et des idiots, étant enfermés là-bas, avait précipité sa chute…
Une de plus à rajouter à tous ceux qui appréhendaient les mystères de notre pernicieuse oisiveté. Et en nous transformant en bêtes sauvages et en nous roulant dans le sable incommode, notre inertie et notre paresse étaient telles qu’une espèce survivante de crevettes mutantes avait réussi à s’épanouir dans la vase du bassin alors qu’on était censé changer l’eau et nettoyer régulièrement aussi les fontaines de cette aile d’hôtels…
Et quand nous jetions des parpaings contre les vitres de Loctudy, on se disait quand même que persévérer dans l'erreur était diabolique, c'est pourquoi on se munissait de quantité de foulards et de télescopiques croquenots de Zavatta sous nos basques flottantes à bretelles, avec un gros nez rouge et d’épaisses lunettes pour montrer à nos devanciers qu’on n’était pas des prédateurs.
La révolution approchait et sur la place Marina Beg-Meil où l’on avait éventré un animal de six cents livres, une équipe d’investigation était là ; le phénomène étant connu des seuls monarques qui en avait fait une tradition, une fête païenne et la violence qu’elle pouvait générer était prompte à être oubliée et pour ne pas dire respectée. Lorsqu'on ne combattait pas les maladies par des sacrifices d’animaux ou d’humains, je me faisais l’émule des sages de l’Orient, portant un casque noir virtuel et pérorais dans les arrière-cours du Tertre.
Mais la nuit, indiscernable après mon travail de sape galante désabusée, je supputais toutes ces invasions de rats, et songeais que le boulot des dératiseurs avait pris une mauvaise tournure…
Et moi retrouvant illico une quelconque minette pour y éponger ma noirceur au prix des pratiques bestiales d’usage, plus ou moins curieuses et distrayantes, j’errais souvent dans l’obscurité près du centre Loctudy. Une cellule lyonnaise chapeautant évidemment celle de Berlin et réduite à la portion congrue (un dératiseur allemand disparu pendant une énième attaque, et cinq ou six arrivantes perdues et affolées par les tests et les QCM ainsi que les entretiens avec les deux seuls survivants) pourtant c’était du menu fretin ce taf, et comme le stipulait leur nouveau contrat, elles ne devaient pas quitter des yeux John Law lors de ses missions, ne pas prendre d’initiative et juste regarder comment John s’y prenait, au moins pour les trois premiers mois !
Septième Acte : Le monstre ou le phénomène de foire et la dévotion aux divinités des serpents !
Des ombres bougent et font des vagues sur le crépi jaune, ces âmes qui errent à la recherche de tout ce qu’elles pourraient vampiriser.
J’évite de regarder en haut ces temps-ci, tout comme mes meubles qui me paraissent également jaunes à la lumière de la lune. J'hésite surtout quand j'entends l'animal de foire qui vit dans les murs, comme arrêté par l’angoisse qui pourrait enfanter, d’un milieu déjà bien hostile, d’autres traquenards.
Entre les têtes géantes d'Olmèques dans mon jardin qui se cuivrent lors du crépuscule et les vieilles voitures cabossées, toujours bien observées par les gens de passage, des coupures de presse traînent au sol. Au recto comme au verso, elles montrent toutes des photographies de crématorium. Et sont d'ailleurs couplées avec des descriptions sur les effets hasardeux du népenthès, ce breuvage de l'Antiquité grecque censé dissiper par magie les sentiments douloureux…
Malgré moi, j'ai essayé de faire ce qu'elle me demandait, cette créature coincée dans les tuyauteries de ma salle de bain, effaçant par sa psyché toutes mes velléités pour la maintenir enfermée et réclamant mon aide pour la sortir de là… Ne voulant plus être importuné par ses cris, ses hurlements s'amplifiant un peu plus chaque nuit, je m'étais servi d'un marteau d'opale pour déchausser la cloison de ma maison. Une fois la démolition rompue, j'ai pu remarquer qu'elle était entièrement nue et myope. Et qu'elle allaitait un organisme pressé au niveau de son sein. Et ce dernier violaçait l'air en laissant échapper par son anus des fumerolles…
Quant à la mère porteuse, son ouïe était telle qu'elle pouvait entendre mes voisins lilliputiens téléphoner ou se lancer dans une tentative de suicide, en écoutant simplement le bruit de l'eau versé dans leur verre de pastis lorsqu'ils avalaient tout leur stock de neuroleptiques.
Ainsi était née notre rencontre, promettant des mystères orphiques, comme la fois où le pont sur le Chuckle Brook s'était effondré, car le jour de cet événement, j'avais eu l'audace folle de jurer sur la pile de ses bibles satanistes de trois mètres de haut, provoquant sa colère. Bouillonnante de rage, elle avait aussi finalisé sa vengeance en déversant par sa gueule puante des flammes qui n'avaient rien à envier à l'incendie de Notre-Dame de Paris, mettant le feu à ma cambuse…
Me précipitant dehors avec des nuages de fumée bien noire, il était bien évident qu'essayer d'éteindre le brasier aurait été plus qu'oiseux de ma part. Et que cette névropathe nuisible allait gangrener aussi les réseaux informatiques et éradiquer leurs bases de données. Tout comme cette application qu'on utilisait pour détecter la présence proche ou lointaine des rats mutants. Et sur laquelle on s'efforçait d'homologuer tous les no man's land où les rongeurs avaient pris le contrôle.
Là où des affiches Wanted étaient accrochées, il y avait maintenant un avertissement interdisant les bidouillages des routeurs, ce qui ne l'inquiétait nullement, car cet être difforme, dont les contours ressemblaient à peu près à une femelle du Néolithique, faisait à chaque hack un pied de nez directement aux autorités, et à tous les secteurs du numérique…
Et dans sa niche, où tous ces ossements témoignaient qu'elle jurait uniquement sur la Remise à zéro du compteur congestionnant leur système, elle planchait déjà pour faire la nique au népotisme de notre époque.
Cependant, lénifiés par une note de musique taquine qui succédait toujours à la détection soudaine d'un groupe de rats par notre oscillomètre, nous quittâmes au pas de course notre QG pour son repaire : un ancien ossuaire fermé pour cause de coupes budgétaires…
À l'intérieur, une lumière diffuse et glaciale congelait les testicules tailladés et les bains de nitroglycérine de son nourrisson dont le bavoir évoquait la palette chromatique d'un peintre dionysiaque. Ou d'une aurore boréale, se liquéfiant dans le ciel d'Oslo, et qui aurait conjuré les démons d'une pièce théâtrale et dramatique comme le nô.
Lorsqu'on passa le sas d'une sage-femme qui n'était pas tombé de la dernière pluie, on s'élança à perdre haleine sur l'un de ses ponts surplombant d'impudents androïdes. Dont l'orientation en pente douce escaladait jusqu’au sacro-saint de son ossuaire où Elle sécrétait de la bave encore plus acide que les orpiments toxiques des Aliens, ce qui nous fit tomber des nues…
Aussi vif que l'éclair, j'appelai la sage-femme pour lui donner à manger ; mais comme l'un de ses nombreux senseurs barrait le passage et qu'il fallait presque se faufiler entre ces dispositifs techniques et le mur, la praticienne médicale tourna seulement sur place et se rassit.
Parce qu'il faisait trop chaud dans sa couveuse, en tout cas pas assez pour cette jeune créature râblée et croulant néanmoins sur sept ou huit rounds, mais pas avant de nous envoyer bachoter sur nos techniques de combat, on devait procéder sans retard à mettre le feu à son nid, à la manière d'un Néron incendiant Rome.
Ainsi, avec nos bidons d'essence et des allumettes, d'abord les layettes de son nouveau-né se mirent à brûler, puis ne lésinant pas sur le gas-oil, Elle nous laissa étonnamment l'enfumer, immobile sur son trône d'ossements…
Après notre départ de ce souterrain en proie à un brasier intense et crépitant, j'avais envie d'y retourner. Ne serait-ce que pour voir s'assombrir ses yeux déjà plus noirs que la plus obscure des nuits quand les flammes léchaient sa carcasse carbonisée et sonnaient l'anéantissement de la Reine de ces rats-mutants. Ou perpétrer un autre attentat à tous ces probables ou improbables survivants qui resteraient toujours sous ses ordres, même après sa mort…
J'avais envie aussi d'une racinette inventée par un féal de l'ophiolâtrie, ce culte des serpents, fréquent chez les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Et qu'elle soit bien tassée en doses orgiaques de venin à en crever sous la Lune, et bien avant le premier menuet !
LA ZONE -
![[illustration]](/data/img/images/2025-07-29-demainlesratschap4(2).jpg)
Les vents se croyaient là dans un moulin-à-vent,
Et les ânes de la contrée,
Au lierre râpé, venaient râper leurs dents
Contre un mur si troué que, pour entrer dedans,
On n’aurait pu trouver l’entrée. »
Tristan Corbière, Les amours jaunes.
L’intérieur de la maison semblait avoir été décoré par un artiste minimaliste : une table, quelques chaises, une étagère. Même les rideaux étaient unis. Les propriétaires ressemblaient à des ascètes de l’époque médiéval : maigres, taciturnes, les lèvres scellées ne laissant s’échapper que des borborygmes… Imaginez de jeunes gens ayant bu les vins rares qui se trouvaient étrangement dans une bassinoire où l’on avait égorgé un lapin de garenne ; puis ils fermèrent les yeux et se renversèrent sur un sofa.
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toujours aussi tripant d'entrer dans la tronche d'un camé.
Sinon HaiKulysse m'a demandé de choisir comme on ne peut pas mettre un texte à la fois dans une rubrique et un dossier. La dernière partie aurait pu faire entrer ce récit dans l'appel à textes Mary Shelley mais j'ai décidé de le laisser dans sa rubrique pour ne pas perdre le lectorat. Et puis finalement HaiKulysse a publié un autre texte pour l'appel "Dans l'ombre de Frankenstein".
La phrase d'accroche devrait faire revenir Dourak.
trailer qui fout la merde dans la mise en forme des commentaire sur téléphone : https://www.instagram.com/p/DMqT9PutAX5/
Un flot incohérent d’images cramées, de références jetées à la pelle, de délires pseudo-littéraires à peine digérés. Ça s’écoute écrire, ça jouit de son propre chaos, ça éructe du style comme un clodo éructe du vin.
Rien ne tient debout. Ni l’histoire, ni les phrases, ni les personnages. Juste une masturbation textuelle qui sue la prétention. Un carnaval d’idées mortes-nées, noyées dans le foutre rance de l’autosatisfaction.
C’est pas un texte, c’est un krach narratif. Une purge lyrique sous amphét’. Ça s’étale, ça sature, ça gave. un monstre difforme qui s’auto-suce dans le vide.
On est dans du pur Haïku. Après lecture, j'ai toujours l'impression qu'on m'a trituré le cerveau à la petite cuillère. Comme une glace, Haïku vient taper dans mes neurones et s'en met plein la panse. La grosse truie.
Petites questions hors sujet : Vous avez reçu la newsletter d'août ? Elle s'affiche bien ?
@LC Oui impec!
@Cuddle @Lindsay S
merci bien. Pas trop de répondant à la newsletter pour l'instant mais une petite graine est semée dans les esprits.
Plein été. Tout le monde est à la plage à se dorer le cul sur un transat mais lazone.org bat un nouveau record : 107 textes en attente de publication. La rentrée s'annonce costaude.
Va falloir faire des heures supp'