LA ZONE -

Le clochard du parc

Le 07/10/2025
par Pierre Piette
[illustration] Les phares des voitures défilent et dansent sous ses yeux, comme des petites lucioles qui feraient du light painting avec leur ionf. (Allumeuses!)
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K.
Les phares des voitures défilent et dansent sous ses yeux, comme des petites lucioles qui feraient du light painting avec leur ionf. (Allumeuses!)
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K. Pour gagner ça, lui, serait prêt à devenir spécialiste de la gastronomie dubaïote, normal. Une sorte de sommelier de la merde, quoi. Bref, assez parlé de Maeva. Maxime se demande surtout ce qu'il ferait avec une telle somme. Acheter un appartement pour enrichir une banque avec un prêt à un taux de mafieux, et participer au système de propriété privée favorisant la spéculation et la création de SDF? Oui, Maxime a des positions. "Ni de droite, ni de gauche", c'est pour ceux qui "disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas contre la bien-pensance". Dans vos gueules les fans de Sardou!
Ou bien sinon, avec cet argent, il pourrait le garder de côté pour les gros imprévus, et mourir avec une somme qui lui permettrait de financer des funérailles de vikings où personne ne viendrait? Ou tout donner à ses filles?
Le petit bonhomme trahit la gauche et passe au(x) vert(s). Maxime traîne ses chaussures de sécurité et son bleu de travail jusqu'au trottoir d'en face. (Emmanuel lui a-t-il trouvé un nouvel emploi?) Tous les soirs, la même rengaine: il va rentrer, aller courir une demi-heure comme tous les gens tristes des réseaux sociaux, prendre une douche, manger et lire avant de s'endormir... Non, je déconne. Il va jouer à la play, commander une pizza et s'astiquer sur des vidéos qui rabaissent les femmes. Le divorce est mal vécu!
Comme tous les mardis soirs, des pâtes au thon sont au menu. Et demain sera la même journée, avec les repas du mercredi. Et ainsi de suite, en traînant ses cernes de panda jusqu'au week-end. Tout est réglé comme du papier à musique. Toutes les notes de sa vie sont imprimées sur un ruban de Mobius. (Pour ceux qui parlent dans le fond de la classe, le ruban de Mobius n'a qu'une face.)
21h30. Il traverse le parc municipal, après avoir pris le métro. Il fait nuit depuis déjà une bonne heure, en ce soir d'automne, quand soudain, il voit une silhouette déambuler dans la pénombre, par delà les buissons.
"Certainement un clochard, se dit Maxime. Il marche pas droit en plus, ce bouffon. Il est sûrement défoncé. Wesh, il lui manque combien de dents? Putain, il s'approche."
- Eh, ça va chef? Il commence à faire froid, hein!
- Ouais, répond Maxime, de la façon la plus neutre possible.
- dis-moi, t'as pas une cigarette?"
L'homme semble quelque peu agité.
" non, je ne fume pas.
- ok ok. Et t'es dans le parc depuis combien de temps? T'as rien vu?
- vu quoi? S'impatiente Maxime."
L'homme sort une lame de son slibard!
"Tu sais très bien ce que t'as vu!"
Et le supposé clochard fonce sur Maxime. Surpris, ce dernier a un pas de recul, avant de se mettre en garde. L'homme au crâne chauve est déjà à quelques centimètres de lui, et lui entaille le bras. Avec ses grosses godasses de sécurité, Maxime trébuche contre la bordure. L'homme plonge sur lui comme le fait le bon Gégé: l'opinel en avant. Maxime lui retient les mains de justesse, avant de tenter de le renverser. Le clochard pousse un cri étouffé. (Il a joui?) Le couteau planté au milieu de la poitrine, son pull à capuche gris s'imbibe de son sang. Par de rapides inspirations, il cherche de l'air. En vain. Très vite, il perd connaissance. Maxime panique comme un présentateur télé face à une femme voilée. Il pense directement à ses filles. Il s'enfuit en courant, quelques tâches de sang sur les vêtements. Son appartement à seulement 5 minutes du parc, il ne croise personne. En rentrant, il s'asseoit dans son canapé, les yeux dans le vide. Sur son visage, les larmes font comme l'argent des milliardaires, il ruisselle. (Non.)
Tout est allé beaucoup trop vite. Il n'arrive plus à penser rationnellement. Est-il possible de vivre avec un meurtre sur la conscience? (Il n'est pas assez bon chanteur pour ça.) L'autre pouilleux est-il vraiment mort? Est-ce de la légitime défense? (Si seulement il était flic!) Pourquoi ne pas encore avoir fait de testament ?
Un concert de percussions résonnent dans sa tête. Il s'endort, tard dans la nuit, en observant les gyrophares qui guident les autres voitures de police qui affluent. Il ne dort pas longtemps. Il se réveille dans son salon, à l'heure où les CRS enfoncent les portes des vendeurs de shit, et où les pédophiles réveillent leur victime pour les emmener à l'école. Il allume la télévision, et met les chaînes d'information en continu. On ne parle que de ça. L'homme est bel et bien mort.
Il se passe 10, peut-être 15 minutes où Maxime ne pense à rien. Il ne ressent ni peur, ni tristesse, ni colère. Il prend une feuille de papier et un stylo, et commence à gratter ce qu'il a sur le cœur:
"Je cherche un but à ma vie, je veux être poète. Pour être un puits de science, je me creuse la tête. Les frissons et le froid me traversent le corps. J'ai pas besoin d'un coach de vie, mais d'un coach de mort."
Puis il marque un temps.
"Pourquoi je tape mon meilleur 16, je me prends pour Kery James? On reprend:
Bonjour mes petites gazelles. Cela fait un moment que je n'ai pas eu de vos nouvelles, vous me manquez atrocement. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à vous. Je vous ai toujours dit que dans la vie, le plus dur n'était pas de faire des choix, mais de les assumer. Mais j'ai oublié de vous dire qu'il est impossible d'assumer quelque chose que l'on n'a pas fait et qui est indépendant de notre volonté. Si je devais revenir en arrière, je ferais tout mon possible pour qu'on reste une famille unie. Malheureusement, je dois vous dire que ça n'ira pas en s'arrangeant. Au moment où j'écris cette lettre, un corps a été retrouvé dans le parc municipal. J'ai croisé cet homme en rentrant du boulot, et il m'a agressé avec un couteau. Dans la bousculade, il s'est empalé lui-même sur son arme. J'ai d'abord paniqué. Mais comme j'ai toujours dit, il faut assumer les conséquences de ses actes. Je vais aller tout expliquer à la police. Peut-être..."
Il s'arrête net d'écrire. Son cœur s'emballe dans sa poitrine, et semble rebondir sur tous les coins de son torse. La télévision annonce un coup de théâtre. Après l'identification du corps, on a retrouvé sa camionnette. Une jeune fille, dans les standards de beauté d'un grand réalisateur franco-polonais, était droguée et inconsciente, à l'arrière du véhicule.
Il s'enfonce dans son canapé, comme s'il avait le poids d'un éléphant dans chaque partie de son corps. Il n'en croit pas ses yeux et ses oreilles. Vient-il d'ôter une vie ou d'en sauver une?

= commentaires =

Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 06/10/2025 à 19:17:25
Il a quand même pas de pot, Piette...

Ok, je sors.
Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 06/10/2025 à 19:35:27
Ce texte est improbable. L'auteur fait un grand écart narratif. J'ai frôlé l'AVC. C'est comme si Laurent Ruquier présentait un fait-divers dans l'émission "Les enquêtes impossibles" de Pierre Bellemare en faisant deux jeux de mots par phrases. Les deux animateurs ayant été sociétaires de l'émission "Les Grosses Têtes", j'en déduis que l'auteur fait de l'entrisme pour décrocher une rubrique "chiens écrasés" sur RTL. "chiens écrasés", certes, mais avec des "pouet pouet" comme dans Vidéo Gag.
    le 06/10/2025 à 19:38:27
bjr,
et c'est "moebius", le ruban.. comme l'auteur fabuleux de BD;
cdlt
Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 06/10/2025 à 19:59:20
Peut être que l'auteur parlait avec ceux qui parlent au fond de la classe ?

Je suis encore plus fort que le ruban de Moebius. J'ai pas de face.
    le 06/10/2025 à 20:36:33
erreur mon ami, tu es à double face... endroit et envers se dédoublent et ne font qu'un... type aimable et cruel qq fois. Te rends tu compte que c'est toi qui fais toute la cohésion atomique de ce site? chapeau !
A.P

Pute : 37
    le 06/10/2025 à 20:57:26
Un début un peu lourdingue, pas grand fan de ceux qui expliquent leurs blagues mais avec quelques fulgurances parfois.
Et puis ça devient quelque peu intéressant avec même des morceaux de phrases sympas "et où les pédophiles réveillent leur victime pour les emmener à l'école."
Ou même une phrase complète: "Sur son visage, les larmes font comme l'argent des milliardaires, il ruisselle."
La fin me laisse dubitatif. Il a réussi à me surprendre et me décevoir un peu également.
Un texte très inégal au final.
Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 06/10/2025 à 21:06:16
@Sylvestre Tu vas voir que non. Comme je disais sur Discord, ce site est un hall de gare depuis 2001. Des fois, il y a du monde et beaucoup d'animation et parfois la fréquentation baisse. Pour en revenir à ce texte, je suis juste le clodo dans le hall de gare. Je me rends compte maintenant que ça marchait aussi avec parc public, et que ça aurait collé encore plus au texte, mais j'ai la flemme de tout reprendre.
Une bonne trame scénaristique    le 07/10/2025 à 06:43:54
L’idée et la trame de l’histoire ne sont pas mal du tout. La dynamique du texte et du récit semble plus ou moins logique, mais davantage de détails sur l’évolution de l’histoire auraient renforcé le final.

Entre parenthèses, des perles comme le passage “Maxime panique comme un présentateur télé face à une femme voilée” apportent à l’histoire des accroches amusantes.

Oui, le texte est un peu inégal, mais son rythme semble influencé par la société du spectacle, ce qui pourrait le rendre accessible à des non-lecteurs.
Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 07/10/2025 à 09:53:44
L'esprit global est bon enfant, plein de bonnes intentions et on sent que l'auteur est une gentille personne aussi on lui pardonne tous les défauts.

@Alexandre Je suis taquin mais la seule chose qui pourrait rendre ce texte accessible aux non-lecteurs, c'est une IA qui le leur lirait.
Laure AWENYDD

Pute : 27
    le 07/10/2025 à 11:25:07
J'ai bien aimé certaines références, notamment celle faite à propos du chanteur des Noir Désir (si j'ai bien tout compris… C'est pas certain lol). Mais cela reste au final une banale tranche de vie. Avec une fin bien trop moralement héroïque pour moi.
Lindsay S

Pute : 127
    le 07/10/2025 à 11:48:18
Le texte qui se croit plus malin que son lecteur

Alors déjà : c’est LONG.
Pas objectivement — mais ressentiellement.
Chaque phrase dure une éternité, chaque vanne s’étire comme un chewing-gum mâché depuis le collège.
Comme dirait LC : CSB
Longue comme une attente au Pôle Emploi un lundi matin de novembre.

Et surtout c’est LOOOOOUUUURRRRD.
(CMC)
Tout y est plombé : le ton, les blagues, les références, l’auteur lui-même.
On sent qu’il veut être corrosif, mais c’est juste un gars qui renverse le vinaigre sur la nappe et dit “c’est conceptuel”.

Le texte se rêve pamphlétaire, mais je vois un stand-up raté d’un mec qui a découvert le mot “société” hier et veut nous prouver qu’il a des opinions.
On est coincé entre un épisode de Plus belle la vie et un thread Twitter d’un prof de philo aigri.

“Ni de droite ni de gauche.”
“Les fans de Sardou.”
“Coach de mort.”

Oui, bon, calme-toi camarade,
t’écris pas Fight Club 2, t’écris ton mal de vivre dans une flaque de bière.

L’auteur mitraille des punchlines comme un stagiaire en stage de cynisme.
Ça pète de partout, mais rien ne touche.
Et quand enfin arrive le meurtre, on s’en fout royalement. (comme dirait Cuddle : ça m'en touche une sans faire bouger l'autre)
C’est dire le niveau d’empathie qu’on a pour son héros : quelque part entre un panneau de signalisation et un ex qui t’envoie un pavé à 2h du matin.

Le twist final ?
Ah, oui, plot twist, le clochard était un kidnappeur.
Formidable.
On a attendu pour un épisode de Faites entrer l’accusé sous Lexomil.

Pour moi, trop de parenthèses, trop de certitudes, pas assez de souffle.
Ça veut faire Bukowski en bleu de travail,
et ça finit Laurent Ruquier au 3ᵉ degré.
Bravo pour l’audace d’avoir cru qu’on allait lire jusqu’au bout.
Lapinchien

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Pute : 118
à mort
    le 07/10/2025 à 13:20:32
Dans ton commentaire, j'ai cru que tu parlais de "L'ONG" au début alors je me suis imaginé l'auteur défendre son texte à l'ONU du rire tout du long.
KORBUA

Pute : 3
    le 07/10/2025 à 21:13:51
yep.. d'accord avec toi Lindsay S.. Bukowski en bleu de travail.. ça le fait pas..

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