le miracle
a eu lieu en post-op
après
ma deuxième opération de
féminisation faciale
au programme
une rhino
une augmentation bi-labiale
abaisser la ligne cap’
poncer le front et les arcades
réhausser les sourcils
jore
pour ouvrir grand l’regard et
l’âme
soit disant
pa’ce que ça s’rait plus
fé-mi-nin
au total
pour ressembler un temps
soi peu à la femme
que
j’ai toujours rêvée d’être
j’en ai eu à peu près pour
6000 e
en dépass’ment d’hono-
raires
et d’ailleurs
j’dois dire
que les soit disant 100.000
autre ouss
que coût’rait une transition
à la sécurité sociale
pour ma part
j’en ai encore jaaaaaamais vu
la couleur
mais bref
c’est
à cette occasion de m’faire
opérer
qu’on m’a posé une sonde
dans l’conduit
apparemment
ça s’rait pour éviter que
j’pisse
sur le chirurgien qui m’a
charcut’
et
lui conserver sa réput’ de fils
de
qu’a tooooooooout
son fric au sec et à l’abris du
mauvais sang
en vrai
faut pas croire hein
ça
fait paaaaaaas si mal que ça
de s’prendre un truc
dans la bite
honnêt’ment
sur le coup j’l’ai même pas
senti alors que
dans la vie moi chuis une
grosse douillette
à défaut d’être une vraie
femme biologique
le truc
c’est que j’m’en étais
même pas
pas rendu compte qu’i’avait
que’que chose
de coincé dans mon urètre
c’est vrai
c’est quand l’infirmière elle l’a
r’tiré comme ça
tac
c’est là
où j’ai capté c’est r’ssorti
comme
un truc à plus savoir pisser
ni même à savoir
jouir
c’est fou quand même
y’a
des fois dans la vie on croit
qu’on
peut souffrir de tout alors
qu’en vrai
on sous-estime juste
not’
capacité à sublimer l’horreur,
la douleur, la peur
et comme
ça
après
m’êt biiiiiien bien faite entu-
ber par là
où on aurait ja-mais idée
d’aller
fouiller un-e quelqu’un-e
y’a
l’infirmière qui m’a
dit
« pensez à boire beaucoup
d’eau
d’accord ?
c’est trèèèèèèès important
c’est pour évacuer
l’anesthésie
donc buvez buvez
buvez
buvez »
et du coup baaaaaaaah
j’ai bu
j’ai bu j’ai bu
j’ai bu
et puis bam
un moment
j’en pouvais teeeeeel’ment
upe
j’me suis levée
co-mmune-dingue j’ai cou-
ru vers les chiottes
et là
au moment
où j’ai envoyé la seçau ça a
fait comme un p’tit
plop
on aurait dit
j’avais lâché un pet d’chatte
j’me suis dit
hé
qu’est-ce i s’passe là
j’me
suis fais refaireuuuuu la face
ou alors
on m’a creusé un néo con
sans que j’consente
j’ai dit que j’la gardais !
l’espace d’un instant
ça
m’a mis l’doute un peu pa’ce
queeeeeeee bon
j’m’étais pas préparé à c’que
j’puisse
péter par la beuteu
c’est vrai
j’avais des idées miso
comme quoi
y’avait qu’les vagins en fait
qui pouvait lâcher
des caisses par devant
mais l’truc c’est que
quand j’me suis r’fait l’opé
dans ma tête
c’était juste évident en fait
que d’l’air
était rentré dans mon
urètre
bah ouais
c’est tout-à-fait logique
i peut pas
y avoir de péné sans un mini-
mum de respiration
peu
importe l’échelle à laquelle on
s’fait def
ça coût’ra tooooooujours
un vent de s’la faire
mettre
sur
le coup j’me suis dit
mais
weeeeeeeeeeeeeeeeeeesh
ça
peut péter ce truc ça peut
s’faire péta
tu peux taper là d’dans aussi
ah ouais
paraît même
que ça s’appelle une so-du-
rètre
jore une péné urétrale
en gros
c’est s’rentrer un truc dans
l’canal
comme on l’fait dans la
chatte ou l’anale
chais pas
quel genre de nature à
pu mettre
autant d’sensiblerie dans un
truc aussi serré
mais
c’qui est sûr c’est qu’toutes
ces personnes à pénis
qui
se sont crus à l’abris
de l’aut’
côté d’la honte soit disant
pa’ce
que leur sexe souffrirait
aucune ouverture
en vérité
dans leur zgeg aussi ça s’la
rent’ comme de la
con-fi-ture
LA ZONE -
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Ben j'ai trouvé ça totalement émouvant. La volonté de transition de genre, et tous les questionnements qui vont avec, c'est un truc qui me fait chialer. Je trouve ça beau qu'au delà de l'atavisme et de la donne de mère nature, on veuille se soustraire de sa condition initiale pour évoluer vers ses aspirations profondes plutôt que d'accepter ce qu'on ne se sent pas être et dépérir. Je trouve que la forme aussi colle totalement à ce que pourrait être une vaginoplastie à la dynamite. Très certainement le reflet de l'état de confusion profond et pas évident dans lequel on se trouve dans de telles circonstances.
J'aime bien le côté franc-parler, le familier et la musicalité qui se dégage du rythme imposé par les mots mais aussi par leur disposition.
Le sujet me laisse plutôt de marbre. Des amis ont eu beau m'expliquer en long en large et en travers l'importance de leur militantisme au sujet de la transidentité et des communautés LGBT, j'arrive pas à me sentir ni concerné ni intéressé.
Soyez libre de vivre la vie que voulez et garantissez cette liberté à autrui.
Mais je dirais merci à ce texte tout de même parce que j'aurai appris quelque chose ce soir : Il possible de péter de la bite.
hié
urètre ou ne pas être.
ok.
le texte tape.
fort.
ça saigne, ça pisse, ça déborde.
on est dedans jusqu’au coude.
ok. respect.
mais putain.
respire.
juste une phrase.
une vraie.
avec du calme dedans.
une jolie phrase, c’est comme une clope entre deux vomis :
t’as pas honte d’y revenir.
parce que là,
à force de gueuler,
on sait plus si on lit
ou si on se fait opérer sans anesthésie.
Perso, j'ai frôlé le coma.
quand les hommes confondent douleur et art,
quand ils fouillent leurs trous comme des chapelles.
ça me fait des fidèles sans prière.
Un texte comme ça,
c’est pas du blasphème -
c’est juste de la chair qui veut parler plus fort que Dieu.
Merci pour la blague.
Tu veux dire que Dieu est au fond du trou ?
Ca fait un moment qu'il me cause plus. Mais aux dernières nouvelles, les trous c'était son truc : sur son Fils, dans les auréoles, en créant toute notre espèce de trous de cul.
Au fond de mon propre trou, y'a pas Dieu, mais je suis pas seule, c'est sûr.
Dieu c'est le poinçonneur des Lilas ou quoi ?