LA ZONE -

LS ALPS #16 #40

Le 30/12/2025
par claire von corda
[illustration]
#16

Longtemps j’ai cru qu’il y aurait un chez moi.
Qu’un chez moi aurait pu être ici.
Ici où le vent souffle, où la rivière énorme est noire, noire de terre et d’insectes, où l’horizon sans cesse s’enferme dans des vignes.

Longtemps, j’ai cherché dans la ville et ses rues un semblant familier, familier comme la mer, le sel ou le bleu. Familier comme les cris et les vagues. La route et la nuit.

Aujourd’hui, sans croyance, je constate les arbres battre, les feuilles tordre et les bourrasques.
Aujourd’hui sans futur, je perçois le ciel blanc, le physique des femmes et la dureté des hommes.
Aujourd’hui, sans cafard, je reste et cherche une raison à cet acte.


#40

C’est la fin du monde, on attend.
En haut du plateau du Mont-Blanc, sur le parking des touristes, la neige se structure en blocs.
Les skieurs skient, les randonneurs marchent.
La route est goudronnée jusqu’au deuxième tronçon, l’ouverture estivale, les chalets, les loisirs.
Les skieurs mangent des crêpes, les randonneurs prennent un demi.

Un parking bientôt construit, des avalanches prévues, des coulées de neige d’eau, un promeneur est mort il y a deux jours.
On espère une bonne saison, meilleure que la dernière.

Mon amour s’estompe, l’éclat du soleil éblouit, mes yeux crament et oublient.
C’est la fin du monde on attend.

= commentaires =

    le 29/12/2025 à 19:36:22
D'abord, nous donner deux item parmi les 40 (semble-t-il) que comporterait l'ensemble, c'est pas très gentil. D'autant plus que les deux item présentent des variations stylistiques qui induisent la possibilité que ce soit le cas tout le temps.

Ensuite, nous donner un milieu et une fin, et pas le début, mais quand même la fin, c'est d'autant plus salaud.

CEPENDANT

L'écriture me plaît assez par endroits, notamment dans le 16, en raison d'un type de progression qui me touche presque toujours : le rebond sur un terme, les creusements progressifs. Les deux premiers paragraphes du 16 sont très efficaces (sur moi) en ce sens, en menant de terme en intérieur de terme, ou de terme en conséquence de terme. Ca creuse.

En revanche elle me semble - étonnamment - malhabile ailleurs : "le physique des femmes et la dureté des hommes" ? Le physique et la dureté ne sont ni sur le même plan ni dans le même domaine. Et rythmiquement ils n'apportent pas grand chose, je ne ressens pas de volonté lyrique là-dedans. L'absence de virgule dans la ligne finale, alors qu'elle y était, ailleurs ? Comme une impression de brouillon, de coin de table.


Si tel est le cas, je veux bien voir le reste de la nappe et le texte dessus. Mais tout ou rien, et abouti.

Et on me fait savoir familialement que j'ai plus le temps de parler davantage à des inconnus, au revoir madame.
    le 29/12/2025 à 19:37:34
(à part ça pour le contenu j'ai rien douillé de l'urgence du texte, qui semble revendiquée mais que je ne saisis pas. IL ME FAUDRAIT EN EFFET LES "_ AUTRES ITEMS MERCI D'AVANCE ORVOIR)
Lapinchien

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Pute : 193
à mort
    le 29/12/2025 à 19:44:10
Je ne suis pas du tout d'accord avec Pute à frange qui fait les critiques/descriptifs de texte en ce moment et qui brosse l'autrice dans le sens du poil. Je trouve que l'autrice a du talent (comment n'en aurait-elle pas elle est publiée par de grandes maisons d'édition) et probablement que ce sont juste des extraits d'un texte plus gros et que c'est pour ça qu'on se retrouve perdu en manque de contexte et que c'est dommage mais au delà de ça, ce genre de texte s'inscrit dans une mouvance actuelle de la littérature que je n'aime tout juste pas (mais ce sont juste mes goûts) une littérature conçue pour être scandée sur scène et c'est cette finalité qui en corrompt la qualité quand elle est lue à mon avis. Après c'est probablement très bien porté scéniquement.
Lindsay S

Pute : 167
    le 29/12/2025 à 20:01:35
Le vent souffle, c’est un fait.
La pluie tombe, parfois, et mouille ce qui était déjà humide.
Le monde est vaste, et pourtant on s’y sent seul.

Les paysages disent quelque chose de nous, forcément.
Les montagnes sont hautes, les rivières sombres, la mer immense.
L’horizon se ferme, comme souvent, et l’avenir aussi.

Les corps passent.
Les hommes sont durs, les femmes visibles.
L’amour s’efface lentement, sans bruit, comme tout ce qui s’use.

La fin du monde est proche, ou déjà là.
On continue quand même.
On boit un verre.
On attend.

Rien ne brûle vraiment.
Rien ne déborde.
Rien ne résiste.

Le réel est nommé.
Le lecteur est prévenu.
Tout est à sa place.
Et l’on confond alors regarder avec écrire.
Nino St Félix

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Pute : 59
    le 29/12/2025 à 20:03:39
Je dois être herméneutique à la poésie. J'en perds mon latin (que je n'ai jamais eu d'ailleurs).
Car ça m'apparait lisse comme une piste de ski verte en première approche, mais je pense qu'il faut y revenir. Car bon d'un part ça me cause, venant de la montagne (et espérant y retourner un jour). D'autre part, j'apprécie le fait que l'auteur ne cherche pas à nous embrouiller, et assume des images limite cliché (les rivières d'insectes, l'amour-soleil) poésie néo-romantique aux accents buccoliques. Un peu comme Glaüx, du coup, frustré de pas en avoir plus et suite au com de LPC, de me dire qu'il faudrait peut être acheter le bouquin pour l'avoir (du coup j'espère que c'est pas une opération de com)
Nino St Félix

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Pute : 59
@Lindsay    le 29/12/2025 à 20:05:51
oui, ne riend dire, mais joliment, et/ou avec talent.
Est-ce une définition de la poésie ?
Ca ne me gène pas, pour ma part. Le geste est assumé ici. Pas d'action, et du romantisme limite suranné, mais au moins, qui pête pas plus haut que son derche (vla d'la poésie)
A.B

Pute : 19
    le 29/12/2025 à 20:08:08
Rythmé, imagé, contrasté. Il y a bien sûr du style. Par contre, je n'ai pas compris où l'on mène le lecteur. Une voie sans issue?
A.B

Pute : 19
    le 29/12/2025 à 20:11:42
Un cul de sac?
Lindsay S

Pute : 167
    le 29/12/2025 à 20:13:53
moi ca me semble un peu lisse
Lapinchien

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Pute : 193
à mort
    le 29/12/2025 à 20:16:15
Je tiens à préciser que l'autrice avait posté 2 textes initialement mais je trouvais que c'était vraiment trop court alors je les ai regroupés. J'espère que ça ne dénature aucune de ses intentions. De toutes façons, je suis hautement instable et versatile et d'autres auteurs ont posté plusieurs textes courts depuis et je ne leur ai pas réservé le même traitement de faveur.
A.P

Pute : 69
    le 29/12/2025 à 20:18:04
Pas pour moi, je passe.
Lindsay S

Pute : 167
    le 29/12/2025 à 20:23:27
Merci LC, j'aurai été frustrée de lire ça sur deux jours...
A.B

Pute : 19
    le 29/12/2025 à 20:26:23
Ça manque en effet de profondeur et de rugosité. Un comb(l)e.
Lapinchien

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Pute : 193
à mort
    le 29/12/2025 à 20:28:22
Après je sais aussi que son amie amywald0 a posté 2 nouvelles sur la Zone que j'ai adorées et que je n'aime pas quand elle fait le même genre de poésie scénique "nouvelle école" mais qu'elle est capable d'écrire aussi de la littérature "blanche"comme je lui avais dit à l'époque dans des styles plus liés aux nouvelles. Et je ne sais pas si claire von corda écrit des nouvelles par contre hors poésie.

Par contre, je connais bien le genre pour en avoir bouffé des mégatonnes quand je faisais partie du comité de lecture de la revue Squeeze. Chaque année, Squeeze organise la Zone d'Autonomie Littéraire à Montpellier et c'est une débauche orgiaque organisée de lectures performées toute la journée. C'est pas ma came. Je trouve cette mode insupportable. Mais je comprends que ça parle à des tas de gens.
A.B

Pute : 19
    le 29/12/2025 à 20:28:31
Mais je trouve ça chouette un petit moment de poésie.

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