LA ZONE -

Noir

Le 26/06/2004
par Nagash
[illustration] Creuser.. encore.. encore, encore et toujours.. Sans trêve, sans rêves.. Au bord de l’évanouissement.. La douleur suraiguë de mes articulations vibrait dans les tréfonds de mon être brisé. Au point de me faire oublier le sang qui coulait indéfiniment de mes mains meurtries, au point de porter mon esprit jusqu’à cette frontière où les cyniques entités se perdent dans l’obscurité des gouffres de l’oubli. Ma psyché se mit à tourner comme une toupie .Mes globes oculaires se retournèrent dans leur orbite me présentant la vision de mes propres ténèbres.. quelque chose prit forme dans ce noir.. un couloir s’étendant à l’infini, parsemé de portes. D’un pas tremblant j’avançais dans ce corridor, les multiples portes défilaient de chaque côté de ma trajectoire inconsciente.. Ma main se posa sur la poignée de l’une d’elle, « pourquoi celle ci plus qu’une autre ? »Me demanderez vous..Probablement les impénétrables caprices du hasard . La porte s’ouvrit sur une brume, j’y pénétrais tandis qu’au bout une lumière grandissait, jusqu’à me recouvrir.. Où suis je ?

..Une steppe, un sol poussiéreux clouté de quelques végétaux éparses, un soleil brûlant, pas un souffle d'air. Un vieil arbre tordu et sec semble agoniser au milieu de ce paysage désertique, et à quelques mètres de là trois créatures réunies en cercle. Elles sont petites et courbées, l'une d'elle tient une baguette entre ses mains et la frotte.. encore.. encore.. inlassablement.. jusqu'à ce que la fumée apparaisse, puis les créatures se mettent à crier et à sautiller autour de la flamme, nouvelle née.. première lueur d'une histoire. La flamme devient grande, beaucoup plus grande, elle devient gigantesque, les créatures apeurées s'enfuient. Le vent souverain s'est levé et donne encore plus de vigueur au feu, qui devient brasier, tout devient rouge autour de moi, il fait chaud, la sueur coule le long de mon dos. Je suis encerclé par le feu, je n'y vois plus rien, la fumée noire qui s'échappe des flammes m'entoure, m'emprisonne en elle, je vais étouffer...

La fumée se dissipe, où suis-je?Au paradis?..Ou en enfer?
J'ouvre les yeux, je suis allongé sur un sable brûlant, autour de moi des milliers de personnes sont regroupées derrière des tribunes placée en cercle.. une arène...Elles hurlent toutes ,aussi déchaînées que moi je suis enchaîné..
Un homme à fière allure semble être à part de la masse, il a une couronne de laurier autour de la tête. Il me regarde fixement et un sourire acéré de perversité apparaît sur son visage..
Un homme s'approche de moi,sa peau noire luit de peur, il est lui aussi enchaîné. Il tient dans sa main un fléau qu'il fait machinalement tournoyer autour de sa tête, comme si il n'était qu'un pantin. Obligé de me tuer pour prolonger sa vie de quelques jours, il se précipite vers moi en hurlant. Mon poing serre de toutes ses forces ma masse d'arme, son fléau frôle ma joue y gravant une profonde entaille. Je le frappe instinctivement ,ses os craquent, son sang gicle sur mon visage.Son corps tombe, les fils du pantin sont coupés..
Je me mets à genoux près de lui et m'écroule sur son corps, les gens hurlent autour, je ne les entends plus, je ne vois plus que sa peau noire, tout est noir..

Noir..oui noir comme une marée humaine se dirigeant vers les portes de la ville. Ils sont armés d’épées et de boucliers, une croix rouge orne leurs habits.. le rouge ne se contente pas de marhqer leurs habits de la foi, il ne tarde pas à apparaître également sur le blanc de leurs armes. La marée humaine déverse vite son flot bilieux dans les rues de la cité, déchargeant sa rage sans limites. Des femmes violées et massacrées sans pitié, des enfants découpés en une furie jouissive .. Une armée d’assoiffés de sang et de richesses se déverse dans les artères de la cité exterminant tout sur son passage. Mes pieds stagnent dans des ruisseaux de sang qui coulent interminablement le long des ruelles, juste freinés par des combats acharnés et par quelques membres éparses ..Pourquoi ?Pourquoi de tels massacres ? Pourtant le souffle de la rumeur m’avait rapporté que le Dieu de l’Occident était un Dieu d’Amour.. J’allais me réfugier dans la cave d’une demeure.. J’entends quelqu’un descendre les escaliers.. une ombre traverse la seule parcelle de lumière qui se présentait à ma vue.. Mon regard se perd dans l’ombre en attente du verdict du glaive…

L'obscurité se dissipe pour laisser place à un plafond orné de sombres et majestueux tableaux. Je me lève du lit à baldaquin et descend un étroit escalier menant à une grande salle à manger.
Des victuailles y sont exhibées, du pain en abondance, quelques agneaux rôtis se prélassent sur la table, un serviteur approche un énorme plateau de fromage. Tout un tas de fruits languissent au milieu de cette pièce bercée par la musique d'un luth: amandes, figues, raisins.. Le vin coule à flot, des cracheurs de feu et des danseurs exhibent leur talents tout autour de moi. Je porte à ma bouche ma coupe de vin, j'en bois une longue rasade.. je sens la saveur exquise de cet élixir couler dans mon corps.. une légère chaleur envahit mes artères et réchauffe mon cœur ..l’ivresse semble me monter à la tête jusqu’à ce qu’une douleur suraiguë me saisisse les tripes, je suis pris de spasmes, je ne peux plus respirer.. tout ce décor virevolte en une macabre valse.. poison...je m'écroule sur la table, la coupe se renverse.Le vin coule, envahissant mon visage, et voilant une fois de plus ma vue de la noirceur de l'existence...

Le noir devient gris.. le gris des pavés. Je me retrouve directement sur une place publique. Beaucoup de gens, quelques uns armés de fusils et de canons, mais ils n'ont rien de soldats. Une excitation palpable se promène dans l'air. La foule se déplace en un brouhaha, m'emportant avec elle. Il me faut peu de temps pour voir se dresser devant moi une sorte de forteresse..
Un coup de feu retentit, suivi de plusieurs autres.. la masse est prise d'une fureur imparable. Les canons des manifestants de braquent sur les tours de la prison. La foule pénètre dans les cours intérieures, saccageant tout sur son passage tel un impitoyable cyclone humain. Des coups de feu, des cris, des cadavres par ci par là, des clefs qui s'enfoncent dans des serrures, des geôles qui s'ouvrent, début d'une libération. Liberté illusoire?
Des têtes au bout de piques.. et une fumée noire qui s'échappe de la battisse...

La fumée noire est toujours là, mais le décor semble avoir changé. La chaleur estivale a laissé place à la froideur de l'hiver.
De longues cheminées.. une fumée noire dans le ciel qui contraste avec la blancheur du sol enneigé.. quelques individus habillés de ternes haillons sont placés en ligne.. l'atmosphère est envahie d'un odeur de chair calcinée. Un homme en uniforme fait l'appel.. cela dure des heures, les échos du froid se répercutent jusqu'à mes os, je ne peux pas m'empêcher de trembler de froid.. et de peur.
Un homme ,encore plus maigre que les autres s'écroule ,évanoui d'épuisement. L'homme en uniforme sort son arme et ,sans autre forme de procès, lui met une balle dans la tête.
Son regard croise le mien. .il s'approche de moi, me hurle des mots que je ne comprend pas il pointe son pistolet vers moi, je vois le canon.. mon regard se perd dans la noirceur du canon.. celui de la mort...

Mes yeux sont toujours plongés dans la noirceur, mais cette fois c'est celle d'un café dans un petit gobelet en carton.
Je suis à un étage élevé d'une tour ,une paperasse sur un bureau qui m'attend, je me sens serré dans mon costume gris. Je vois tous ces regards, neutres, presque vides, leur peau à l'instar de l'esclave noir suinte le stress.. encore une arène?Mais la chaîne n'est plus à mon pied mais à mon cou ,elle n'est plus en fer mais en soie...
Le boss qui arrive, lui aussi a un regard vide.. un regard de carnassier...
Je regarde par la fenêtre la ville qui s'étend en bas à perte de vue, une journée ensoleillée. Mais d'un coup le soleil semble disparaître des bureaux, une ombre gigantesque parcoure le sol, glisse sur les documents, l'ombre de quoi?Celle d'un avion qui, en messager fanatique,se dirige tout droit vers moi.Les vitres volent en éclat, une monumentale explosion hurle dans la ville. Le ciel est voilé de poussière.. décor apocalyptique.. un ciel noir...

Une larme céleste s’écrasant sur ma peau brûlante m’extirpa de mes pensées pour me ramener face à cette terre noire et grasse que je violais depuis des jours, creusant sans cesse en quête de quelques trésors de vérité. Ma pioche maltraitée se brisa, je continuais à creuser de mes mains sanguinolentes.Mon esprit était sans cesse harcelé par les souvenirs dantesques des défunts qui habitaient cette nécropole géante.Cité mortuaire s’étendant à perte de vue, ultime vestige d’une humanité destructrice.. Le ciel se mit à ruisseler de tristesse.En mimes du destin, mes yeux furent inondés de vagues lacrymales, troublant ma vue en une coulée de larmes.. Tandis que je creusais encore.. encore et encore.. en quête de cette main céleste qui, d’un doigt gracile, m’avait indiqué dans mes songes les plus secrets,le Pourquoi.. Mes doigts frôlèrent alors quelque chose de lisse..un coffre ?Une boite de Pandore ?
Non.. juste un miroir.. Je le déterrais...tout ça pour ça ?Pour me voir ?Pour juger de mon apparence après avoir vu l’humain et son histoire meurtrière?Je regardais mon reflet que je n’avais pas vu depuis des mois, épuisé, barbu, ridé..une larme s'écrasa sur le verre..c’était donc ça l’ultime visage de l’humanité ?Puis les larmes laissèrent place à un sourire.Le sourire devint alors rires tandis que le ciel se brisait d’éclairs et hurlait de tonnerres ..Et mon œil se plongea dans le noir de la pupille qui se présentait sans pudeur à moi.. et en elle je vis défiler le passé, le présent et le futur. Le bonheur et le malheur se massacrèrent sans pitié dans les couloirs de mes ressentis.
D’un coup de poing je brisais ce miroir.. j’ en pris l’un des morceaux tranchant, le fis danser sur ma peau avec douceur, le froid du verre me caressait avec la grâce de la plus expérimentée des maîtresses ..le sourire aux lèvres je lui indiquais l’entrée pour pénétrer le sentier sinueux de mes veines. Le sang se mit à couler à flot.. jusqu’à ce que mes yeux se révulsent à nouveau.. jusqu’à ce que la flamme s’éteigne.. jusqu’à ce que l’Homme s’efface.. à jamais..

= commentaires =

Narak

Pute : 2
    le 26/06/2004 à 16:51:22
Je ne sais vraiment pas quoi,dire il secoue ce texte.Dire que j'ai adoré me semble vraiment trop banal. je croit qu'il vaut mieu que je digère ce texte avant d'en parler sinon je ne trouverai pas les mots justes...
nihil

Pute : 1
void
    le 26/06/2004 à 19:24:27
Bah t'as qu'à plutôt dire que tu te l'es pris dans le fion, ce texte, c'est vachement plus original... Par contre faudra également que tu le digères, par cette voie-là. La digestion est la condition sine qua non de tout apport à l'organisme quel qu'en soit la voie d'entrée.
El Defoncer
    le 26/06/2004 à 19:57:58
Je trouve ça formidablement bien écris.
Ce qui me donne envie dans faire de même, j'ai eu une révèlation en lisant ton texte.
Celle que l'homme restera toujours l'homme et sa nature destructrice ne s'assouvira pas. (ce n'est pas très orginal, mais c'est vrais)
Je suis scotché.
Pour trouvé quelque chose à redire, je trouve que tu aurais du continuer le texte d'un paragraphe. Dans le futur, genre une guerre de vaisseaux spatiaux, mais bien glauque, bon je t'accorde que ça aurait été compliquer à écrire et que ce n'est pas forcément nécésaire, mais cela renforcerais l'idée que la nature volatile de l'homme n'a pas changer et ne changera jamais.
Narak

Pute : 2
    le 26/06/2004 à 20:32:47
Ben voilà,j'ai trouvé les mots,c'est El Defoncer qui m'a inspiré(oh merde !)"je suis scotché"
ça veut tout dire.
Houlà l'histoire de vaisseaux spatiaux je trouve que c'est une sale idée,je trouve que ça casse tout.
Aka

Pute : 2
    le 26/06/2004 à 21:52:48
Mitigée.

Franchement, j'ai faillit arrêter après le premier paragraphe. Ca fait vraiment ton pompeux et forcé : insupportable.

Le reste se laisse plutot bien lire, la conclusion assez sympa, même si les voix de Renaud et d'Axelle Red me sussurraient à l'oreille pendant que je lisais une énième fois que l'Homme est un méchant-pas-beau et qu'Il mérite plein de vilaines choses, pouah le vilain.
Kirunaa

Pute : 1
    le 28/06/2004 à 09:08:29
Très bon texte. Le fait que le commentaire le plus long soit celui de El, c'est un signe ?
Taliesin

Pute : 1
    le 14/08/2004 à 22:46:17
L'idée n'est pas mauvaise, mais certaines phrases m'ont fait sourire, genre :

un sol poussièreux "clouté" de quelque végétaux éparses (c'est un décor de théatre, il y a un plancher bois en dessous ?)
quelques agneaux rôtis se "prélassent" sur la table (en disant "il n'y a que Maille qui m'aille", je suppose)

Bref, quand on veut se lancer dans de hautes envolées stylistiques, il faut faire gaffe à ce genre de détails qui foutent par terre tout le château de cartes. Où alors, faut rester simple et terre-à-terre.

(tiens, je vais relire mes textes en attente, des fois qu'il y ait aussi ce type de bavure, on ne sait jamais)
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 00:08:45
J'admets que certaines formules peuvent heurter la sensibilité des esprits à haute tendance pragmatique.
Mais la langue,de plus d'être notre maitresse est également une chienne qui ne demande qu'à être violentée.Dans certaines limites bien sûr.
Ainsi parfois il est amusant d'utiliser certains termes et de leur faire dépasser leur simple identité dictionnairique.
Par exemple "clouté"..Le clou qu'est il pour la planche?Un intrus!Au même titre que la végétation dans le désert..mais de la même façon parfois le clou peut investir la planche d'un sens à son existence.Si ces quelques arbres n'étaient pas là, ces petites créatures trapues ne seraient pas non plus présentes...
Ca c'était les préliminaires, passons à la sodomie de notre chère langue,pour son plus grand plaisir bien sûr à cette chaudasse.

Prenons "prélassent".
Que nous dit le dico à ce sujet?"S'abandonner avec nonchalance"
L'agneau s'abandonne à la mort puisqu'il est abandonné par la vie.Il est à la dérive et dorénavant son unique raison d'être est de servir la chaîne alimentaire.
Nonchalance signifie avec peu d'ardeur.N'est ce pas le cas de ces chers agneaux rôtis?
Mais là ou le terme choque c'est qu'il est aujourd'hui très utilisé pour définir un certain bien être passif mais dénué de soucis, un peu comme la bimbo se faisant bronzer à la plage.Celle ci même qui se fait dorer pour séduire,pour croquer la vie à pleine dent.Cela sans avoir conscience qu'elle ressemble en tout point à un poulet rôti qui lui est bel et bien mort et qui se fera à son tour croquer..Quel paradoxe!
Ainsi il est sous entendu que la mort est béatitude mais elle est là,dans le cas de ces agneaux, abordée uniquement sous l'angle corporel.Ca viole ainsi les conceptions occidentales de la mort qui considèrent l'outre tombe soit comme la porte vers un monde intangible soit comme un néant empli d'effluves de putréfaction.

Et oui Nihil je me branle encore, mais te plains pas je relève un peu le niveau ambiant qui me fait penser à du bisounours endurci version hardcore.


Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 00:37:35
Ouais, t'as qu'à continuer à baiser cette grosse salope de langue française, elle demande que ça cette grosse pute. Si ça continue, j'vais écrire en breton, rien que pour vous pisser à la raie, bandes de nazes !
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 00:40:58
Bonne idée!
Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 01:13:27
Kement a draoù a zo bet kontet diwar-benn an tasmantoù, ar spesoù hag ar gorriganed a bep seurt o tont eus ar bed all ma ne gredan ket kregiñ em istor. Gwechall gozh e veze gwelet traoù…hag ar gontadenn da gomañs : ur wech e oa…Ya, gwechall gozh e veze gwelet traoù. Met hiziv an deiz ? Neoazh n’eus ket eus an amzer er bed all, gouzout a ouzit n’eus ket anezhi. Ar pezh a c’hoarveze gwechall a zle degouezhout er mare-mañ c’hoazh neuze…Hag e ra, lennit kentoc’h.

Seizh vloaz zo e oa e oan o vakañsiñ e Bro Iwerzhon, e Burren, bro zigenvez he menezioù maen evel krugelloù divent. E Burren, hervez Cromwell, n’eus gwezenn ebet da grougañ un den na dour a-walc’h d’e veuziñ. Dour awalc’h a oa koulskoude en devezh-se a viz Gouere. Glav-pil a ziruilhe abaoe tarzh an deiz. Diseblant ouzh ar glav e oa deñved o fennoù du o peuriñ ar geot treut a greske rouez a bep tu d’an hent strizh. Bleinañ a raen goustadik.
Treuzet bourk Ballyvaughan ganin ez is gant an hent jilgamm ha digompez a gas da Doolin a-hed an aod. D’an abardaez ez eas un heol lent war wel etre div gogusenn. Ken buan all e voe dispaket an oabl. Ar mor rust az ae e wagennoù a-benn ar reier en ur strinkañ eon. Ar sol glebiet a lufre dirak ma gwetur dindan bannoù an heol a oa o parañ warnañ. Degouezhout a ris e Doolin e fin an abardaez. Doolin, keriadenn ar sonerien, he zier bihan strewet a vil vern war al lanneier, he zri fub mil anavezet. Diskenn a ris betek an aod gant ar wenodenn nevez teret. Amzer din da gavout ur « bod ha boued » ha me d’an davarn. Leun chouk e oa ti O’Connors daoust ma ne oa ket seizh eur c’hoazh. Tapout a ris tostaat ouzh an daol-gont ha lakaat ma divrec’h warni a-benn goulenn digant ar perc’henn, pres war e c’horre, e vefe tennet ur pintad Guinness din. N’em boa ket echu ma frazenn ma oa ma amezeg o treiñ e benn sa tu din hag eñ da doullañ kaoz ganin, kurius evel ur marmouz.

- « Daet oc’h da vizitañ ar vro neu’n ? » e c’houlennas e saozneg yod.
- « Ya, o paouez arru ‘maon » emezon e saozneg saout.

Hennezh a oa ur pesketaer kozh, hogosik tri ugent vloaz anezhañ, oc’h abuziñ e amzer en ostalerioù pa veze re fall an amzer. C’hoarzhin a rae diehan leizh e c’henoù dizant,hep abeg, e zremm skarnilet ha roufennet o sklêrijennañ abalamour d’ar werennadoù wiski az ae gantañ.

-« ‘Pezh ‘zo d’o’r amañ eo mont da dornaodoù Moher » eme ar pesketaer « ar re uhelañ deus Bro Iwerzhon, ha kaer ‘bominapl eo ar gwel war ar mor ha war ar maezioù tro-war-dro. Met ret eo diwall rak ‘wechoù vez gwel’t traoù… »
-« Traoù ? Peseurt traoù ? »
-« Traoù…beñ n’int ket traoù just a-walc’h…P’ra din-me…Tud kentoc’h. Tud int ha n’int ket tud. »
-« ‘gomprenan ket. Ma n’int ket na traoù na tud, piv int ? »
-« Beñ, tud int met n’int ket kig ha gwad eveldomp ma ‘feus c’hoant….N’eo ket brav kaozeal deus an traoù-se, ur pec’hed eo »
Ar paotr kozh ne c’hoarzhe ket ken ha chom a reas dilavar, evel pa vefe war-nes diskuliañ ur sekred spontus. Dedennet gant e istor e klaskis e vroudañ :
-« Ha neu’n, p’ra c’hoari gant an dud-se ? Me ‘garfe goût a-walc’h ‘vat !...Met, ‘po ket banne all ‘bet, matre’n’vefe aesoc’h deoc’h kontañ ho istor war-lerc’h ?»
-« Bo…Met n’eo ket un istor, se ‘zo gwir-Bater ‘pezh a gont…Setu, gwechall ‘lâre an dud ‘faote ket kaozeal diwar benn reoù ar bed all pugur ‘teuent raktal da wel’t ’hanoc’h. Ha ‘veze ket brav ‘n’om gavout gante!»
-« Ar bed all ? »
Kerkent ma voe diskennet e werennad dezhañ e lonkas anezhi en un tenn a-raok adstagañ gant e gaoz.
-« Ya, ar bed all, er C’hornôg du-hont ‘mañ ar bed all, war un enezenn pe dindan ar mor, piv oar ? Ennañ ‘mañ merc’hed koant o chom hag a zo moien dezhe da dreiñ e stumm laboused evit dont da gerc’hat tud yaouank er bed-mañ, setu… Bon, dre forzh flapañ ‘teu ar sec’hed ganin, ur werennad Paddy ‘mo c’hoazh. Ha te, p’ra ‘fo ma faotr ? »

Oc’h ober goap ouzhin e oa ar pesketaer, sur ha n’eo ket marteze. Merc’hed o treiñ e stumm laboused ? Ha perak pas, ur vandennad a gorriganed o tañsal ar jig e-kreizig-kreiz al lann dindan al loargann, war ar marc’had? Hegredik eo an douristed hag ar mojennoù-se a blij dezhe o c’hlevet, gwir eo. Ha Bro Iwerzhon zo liv ar c’hevrin hag ar marzerezh warni met arabat mont re bell ganti ur seurt, n’eo nemet folkloraj a-benn ar fin.

-« Un dra all c’hoazh » eme ar gaouier kozh en ur reiñ ma fintad din « bep bloaz e c’hoarvez d’un den bennak kouezhañ deus an tornaodoù ba’r mor, bountet gan’ ‘n avel pe c’hoazh blam ‘oant ‘ vale re dost d’ar bord, hervez. ‘Gav ket din la’ eo se ar gaoz. Aet int ga’ tud ar bed all ha setu tout ! »
-« Me zo sur ‘mañ ar wirionez ganeoc’h tad-kozh » a respontis dezhañ hep krediñ en ur ger eus ar pezh e oa o paouez lavaret din. Lipat a ris ur gargadennad bier du mesket gant eon diennek da droc’hañ gant ur gontell. Ober a reas vad din !

Ar sonerien a oa o vont en o c’hoazez war ar bankoù dalc’het a-ratozh evite. Dek munutenn dezhe da doniañ o binvioù ha da riñsat o banneoù a-raok na grogjont da seniñ. Lusk ar « reel » a lakaas an arvesterien da strakal o daouarn. Lopañ a rae o zreid war al leur hag int da ganañ a-bouez o fenn. Ne oan ket mui o selaou komzoù diboell an hini kozh ken sachet a oa ma evezh gant ar sonerezh hag ar cholori a rene er sal. Kement ha glebiañ ma c’horzailhenn e pakis ur pintad all hag unan all da vont d’e heul. Tro-dro hanternoz e oa poent bras din mont da gludañ, ront ma botoù. Fresk an aer er-maez hag an avel da gas blaz ar fru gantañ a-barradoù skañv. Ar mor a hiboude e werz du-se, war-du an tornaodoù. Gwerz ar bed all marteze ? Ne rae forzh. « Gwir pe gaou, me a ya da welet ‘benn archoazh » emezon-me en ur huchal a-benn d’an avel.

Ha me da sevel diwar ma gwele, poan-vlev ganin. Tennañ a ris rideozoù ma c’hambr. Deiz anezhi hag an amzer a oa feson vrav ganti : boull an oabl hag an heol splann a drellas ma daoulagad pikous. Soubet ma c’hig ha gwisket ma dilhad ganin e tiskennis gant an diri da gaout ma lein : vioù fritet, kig-moc’h ha gwastilli graet er gêr, soft-kont. Peadra da vagañ ur ribitailh a vugale deuet du gant an naon pe da gas kuit ma c’halondev da nebeutañ. Ne vanis ket da gontañ kaoz gant an ostizez : floupañ evel ur bleiz ha me kuit. Dek kilometr bennak a zo etre Doolin ha tornaodoù Moher : ne voen ket pell o tegouezhout eno daoust d’an hent bezañ kammigellet ha ribin-diribin. Souezhet-mik e voen en ur vont da barkañ ma c’harr war ar parklec’h didud : goloet gant ul latar stank e oa an tornaodoù ma ne wele ket an den dek metrad dirakañ. Pebezh kemm etre Doolin hag amañ ! « Ha pa vefe erc’h du ez afen di memes tra » emezon-me. War ma fouez e pignis gant ar wenodenn bri sa tour O’brien, diwel evit poent. En tu kleiz din e trouze hag e kroze ar mor. Gouelini a skiltre a-us d’am fenn evit en em heñchañ el latar an eil re gant ar re all, marteze. Etre hun ha dihun e oa ma spered o kantreal pa glevis ur son sklintin o tont eus ur c’hleger un tammig pellikoc’h war ribl ar wenodenn. Tostaat a ris. Ur plac’h yaouank a oa aze e-giz-se, o seniñ gant he zelenn en he c’hoazez war ur badell. Mont a ris daveti didrouz. Ne gredis ket komz outi ken sorbet e tiskoueze bezañ gant he sonerezh. He bizied moan a rede war kerdin he benveg ouzh o spinañ hag ouzh o fiñsañ da deuler tonioù heson a voe bamet ma diskouarn gante. O seniñ e oa, he fenn stouet-skañv war he zelenn harpet ouzh he skoaz. He blev ruz a wagenne dousik gant fiñvoù he c’horf a-lusk gant ar sonerezh. He blev ruz a zibune o c’huchennadoù flimin a-hed he c’hein betek stekiñ ouzh ar badell. Div blezhenn plañsonet en-dro d’he fenn a yae d’ober ur gurunenn dezhi. Dindan he sae wenn a ziskenne dezhi betek he zreid noazh e tivinis he c’horf mistr ha stummet-kaer. Chom a raen boud oc’h arvestiñ he c’hened, dic’houest da zistripañ an disterañ poz. A-viskoazh e oan bet o klask war-lerc’h ur plac’h evelti hag hi amañ dirakon, kenedusoc’h c’hoazh eget n’em bije gellet huñvreal. Pasaat a ris evit merkañ ma bezañs dezhi. Ne reas ket van ouzhin, he fenn alaouret stouet war he zelenn. Goude ul lajadig e troas he dremm seder etrezek ennon en ur zerc’hel da seniñ. Hec’h enebañs vorlivet a oa dezhi daoulagad wer-mouk evel div lenn deñval ha don e-kreiz un ec’honder a erc’h. He daoulagad wer-mouk a oa o parañ warnon. Mousc’hoarzhin a reas ouzhin. Ne oan ket evit tennañ lagad ebet diwarni. Kregiñ a reas da ganañ ur son velkonius, ur werz trist, ha hengounel marteze, gant he mouezh flour ha fromus, oc’h en em eilañ war he zelenn. Lammat a rae ma c’halon ha strafuilhet e oa ma spered. Dindan gazel-ge ganti e oan ken ne c’hellen ket mui na fiñval na bale. Seniñ a reas he c’hanenn betek penn ha da c’houde e komzas ouzhin…e gouezeleg ! Ne gomprenis mann evel-just. P’he doa merzet ma zres alvaonet e klaskas distagañ he frazenn e saozneg. A vec’h dezhi bezañ digoret he genoù ma klevjomp ur vouezh garv ha fuloret o tarzhañ a-dreñv deomp :

-« Avec ce putain de brouillard, ‘y a pas moyen de prendre une photo, merde, ‘chier ! »

Tro kein a ris da c’houzout peseurt leue-dour en doe kredet hon direnkañ gant e vlejadenn. Un tammig izeloc’h trema ar mor e oa daou dourist gall, ur vaouez hag ur paotr, daou bried moarvat. Ar paotr, deuet d’an oad ha kofek, gwisket gant ur polo ha gant bragoù-berr. War e dor tev, ur pezh mell luc’hskeudennerez, dalc’het gant ul las lêr en dro d’e c’houzoug, hag a oa dezhi ur zoum bras ha hir kenañ evel ul lost du. Ar paotr, hegaset ken e oa, a oa o klask reizhañ e vistrak a-benn tennañ poltred e wreg. Honnezh, en he sav daou vetrad dirak an torrod, a oa oc’h ober ardoù, paket well-wazh en ur sae fleuriet, ken lart e oa, lartoc’h eget he gwaz. « Ma savfe ur barrad-avel eus an douar e vefe brav din he gwelet bezañ gwintet dreist an tornaod ha mont war he fenn en dour » emezon-me, didruez. Etre daou soñj e oan : o c’hunujañ pe skeiñ mein warne d’o lakaat da vont kuit pa bellajont a-benn ar fin, dipitet-bras o soñjal ez eus tud oc’h ober korf-rous e kreisteiz Bro-C’hall hag int, paour kaezh, kollet er vrumenn en ur vro ouez ha distro. Mont a ris sa plac’h he zelenn en-dro, mall warnon komz ganti. Ne oa ket aze ken. Spontet e oa bet gant an daou istrogell all, kredapl ha tec’het e oa kuit. Ne zlefe ket bezañ pell avat. Ha me da redek betek tour O’brien, da furchal ennañ, en aner : den ebet. Kerzhet a ris a gammadoù bras dre ar geoteier. Al latar a oa o steuziañ, toullet bec’h ha bec’h gant bannoù an heol. Kaer em boe sellet ha disellet ne welis na plac’h, na telenn, na netra. Ne oa ket posubl, alato, da belec’h e oa-hi aet ? Diskenn a ris betek ar parklec’h. Ne oa nemet an daou c’hall repuet en o c’harr, sach-blev etreze. En dispi e teuis d’ar c’hleger en-dro. Aze e oa ur vran o tarnijal eus ur roc’h d’eben. Dont a reas da bradañ war ar badell. Ruz he figos hag he zreid, damalaouret he divaskell. Teuler a reas ur sell diwezhañ warnon gant he daoulagad wer-mouk hag e nijas kuit a denn askell etrezek ar C’hornôg, etrezek ar bed all. Chom a ris pell da heuliañ he nijadenn, da arverstiñ an dremmwell digatar. Savet e oa kuit al latar a-us d’ar mor glas. Pell e chomis d’he gortoz. Ne zeuas ket en-dro.

Meur a wech on distroet da tornaodoù Moher abaoe ar bloavezh-se. Biskoazh n’em eus gwelet plac’h he zelenn en-dro. Kit da welet mar karit. Marteze ho po muioc’h a chañs egedon.
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 01:24:41
T'es plus rapide à écrire en breton qu'en francais toi!
Je vais devoir faire appel à la Fée de l'Ouest pour être sûr que tu n'as pas triché p'tit coquin.
Tu devrais le proposer en article pour voir si nihil aura le cran de le passer.
Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 01:25:14
La langue française ne demande qu'à être violentée, dans certaines limites, dis-tu. Ces limites, ce sont les images qui viennent à l'esprit du lecteur lorsqu'il lit une métaphore. Si tu te relisais au lieu de te palucher devant ton texte, tu t'apercevrais du ridicule de l'emploi du verbe "clouter" dans ce cas précis. Mais il est vrai que l'écrivain se fout complètement du lecteur et ne cherche qu'à satisfaire son égo en éjaculant de la copie. Ce qui permet au dit lecteur de pisser au cul de l'écrivain ensuite, avec une délectation non feinte et un plaisir hautement jouissif. DANS TON CUL SALOPE, GWRIK, GWRIK, GWRIK, GNARF, GNARF !
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 01:33:24
T'énerver pas coco.
Si t'es rapide à écrire en breton par contre t'es plutôt lent pour riposter..trop tard p'tit joueur.
Le ridicule n'existe que dans ton esprit cloisonné,lequel semble plus doué pour la linguistique que pour la réflexion.L'écrivain dont tu parles est là pour faire accoucher des images dans l'esprit du lecteur..mais aussi pour faire des césariennes si ce dernier est un peu fermé.
Je te laisse y réfléchir p'tite tête.
Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 02:07:49
1/ Ce que transcrit l'écrivain sur une feuille de papier (ou sur un écran d'ordinateur) n'est pas la reproduction exacte de ce qui a germé dans son esprit.
2/ Ce que lit le lecteur, et ce qu'il s'imagine ensuite ne correspond pas forcément à ce qu'à voulu exprimer l'écrivain, surtout lorsqu'il s'agit de métaphores.
Si l'écrivain est là pour faire accoucher des images dans l'esprit du lecteur, ces images peuvent être perçues différamment par chaque lecteur. Est bien présomptueux l'écrivain qui s'imagine que sa métaphore sera comprise de tous, de la même façon, c'est à dire de la façon dont il l'a imaginé lui-même.
Et il est bien facile et vain de justifier une phrase après coup.
nihil

Pute : 1
void
    le 22/08/2004 à 02:09:57
Est bien présemptueux le lecteur qui s'imagine que sa manière de percevoir une phrase est universelle et comprise de la même manière par tous les lecteurs, mais à part ça, l'enculade de mouches, c'ets plus mon trip depuis un bail, je laisse ça aux professionnels que vous êtes.
Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 02:15:17
En parlant d'enculer les mouches, elle est où Arka ?
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 02:25:29
Elle doit se cacher..aurait elle des héméroides?
Taliesin

Pute : 1
    le 22/08/2004 à 02:32:27
hémorroïdes, mon p'tit Nagash. C'est vrai que tu encules la langue française dans tous les sens, toi.
Nagash

Pute : -2
    le 22/08/2004 à 02:35:42
Qu'estce que tu veux.On se refait pas.Par contre sur ce coup c'était pas calculé.Disons qu'en essayant de la posséder de façon classique j'ai dérapé vers l'orifice redouté.

= ajouter un commentaire =