La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 
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Messages - lapinchien

#1
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Il a cherché tous les moyens de le combler. Tous. Sous les bégonias de sa mère, il a enterré tout ce qu'il pouvait trouver, de mort ou de vivant, incapable de lui résister. A chaque fois qu'il remuait le sol, de ses petits doigts boudinés, il ressentait un plaisir indicible, quelque chose qui lui chatouillait le ventre, lui titillait la cervelle. L'impression qu'il fouraillait à l'intérieur de lui-même, qu'il se touchait sans se toucher. Le sentiment de remplir son vide. Mais dés qu'il sortait ses doigts du sol, la magie disparaissait. Machin redevenait un petit garçon vide, triste et sans avantages. Son voisin, par-dessus la haie, le saluait, et sa maman l'appelait pour manger.
En grandissant, le vide s'élargissait, et son besoin de manipuler, et d'enterrer, grandissait. Il creusait partout, tout le temps. La plupart des gens, normalement constitués, se demandaient : qu'est-ce qu'il cherche ?
Sa mère répondait : il essaie de se trouver. Tous s'accordaient au moins sur ce point : Machin, il creuse bien.

Il a bien tenté d'autres trous, Machin. Pas que dans la terre.
Dans les femmes, aussi, un peu, pour voir si c'était pareil.
Elles disaient qu'il était maladroit, qu'il allait trop profond ou pas au bon endroit.
Lui, il cherchait juste ce petit bruit, ce frémissement de l'intérieur, comme quand la pelle touche un caillou.
Mais rien.
Toujours cette impression d'avoir creusé à côté.
Alors il s'est mis à creuser dans le travail, dans les heures supplémentaires, dans les formulaires, dans tout ce qui pouvait remplir.
Et puis, quand il s'est rendu compte que tout ça ne faisait que déplacer la boue d'un trou à l'autre, il a arrêté d'essayer de comprendre.
Il s'est dit qu'il fallait creuser utile.

Il aurait pu, Machin, plonger ses mains dans les veines rougies de la terre, prospecteur infatigable, à la poursuite de pépites qui font chanter les foules et les marchés lointains. S'esquinter la santé avec du mercure à hautes doses.
Il aurait pu chevaucher les vagues déchaînées sur une plateforme pétrolière, là où l'océan gronde comme un amant jaloux, et forer jusqu'au cœur noir des abysses pour en extraire le sang visqueux du monde.
Il aurait pu dompter le schiste rebelle, expert en fracturation hydraulique, injectant des torrents d'eau et de secrets chimiques pour libérer le gaz emprisonné, ce souffle fantôme qui allume les chaumières et noircit les cieux.
Il aurait pu gravir les échelles du pouvoir, de la boue aux conseils d'administration, où l'on mesure la fortune en barils et en barres de graphite.
Il aurait pu devenir le maître des profondeurs insondables, un Prométhée moderne arrachant le feu souterrain aux dieux colériques de la géologie.
Mais les promesses des filons d'or ne l'ont jamais ému autant que le murmure des racines sous la pelouse municipale.
Les tempêtes océaniques, pour violentes qu'elles fussent, ne lui offraient pas la quiétude d'un sol qui se souvient des pluies d'hier.
Les explosions contrôlées du fracking, ces éclats de foudre artificielle, ne résonnaient pas comme le craquement intime d'une pelletée dans l'humus.
Les salaires ronflants, les primes de risque, les voyages en jets privés – tout cela n'était que papier friable face à la chair tangible de la terre.
Aussi, par un caprice pragmatique, bassement ancré dans le quotidien des petites retraites et des loyers modestes, Machin opta pour le manteau bleu du fossoyeur municipal.
Chaque aube, il franchissait les grilles rouillées du cimetière, son domaine secret où le temps se mesure en strates de silence.
Il aimait retourner la terre humide, cette argile gorgée de regrets et de rosée, pour en faire le meilleur des composts humains, alchimie lente et pieuse.
Avec une précision d'orfèvre, il creusait les lits éternels, six pieds de profondeur où les âmes s'allongeaient enfin sans feindre.
Certains passaient leur existence dans les voûtes fraîches des caves, affinant des fromages aux croûtes parfumées d'herbes oubliées.
D'autres caressaient des cuvées sombres, veillant sur le vin qui mûrit en murmures de tanins et de soleil captif.
Lui, dans son atelier à ciel nu, travaillait des corps en décomposition, ces vignes humaines qui s'entrelacent dans la pourriture fertile.
Il affinait avec amour les chairs qui fondent, les os qui blanchissent, les chairs qui se muent en humus nourricier pour les herbes folles.
Il savait épier les vers comme un maître fromager guette les moisissures nobles, et les pluies comme un vigneron attend les vendanges.
Chaque monticule refermé était une œuvre accomplie, un terroir neuf où la mort engraisse la vie en cycles invisibles.
Et dans ce labeur humble, Machin retrouvait l'écho de ses pâtés d'enfance : creuser non plus pour jouer, mais pour que le vide, enfin, se remplisse de promesses vertes.

Quelle ne fut pas sa surprise, à Machin, lorsqu'un jour on lui apporta, tout froid, raide comme piquet, le cadavre de son pire ami : son vieux voisin.
Il se trouvaient tous les deux, comme autrefois, foin de lys ou de jasmin - seuls, avec la terre, mais sans jardin. Face au trou béant qui attendait son nouvel amant, Machin resta coi, un long moment. Le cadavre de « Monsieur Pimpim » prenait l'air, prenait le vent – très bien. La pelle attendait, rongeant son frein. Le ciel s'abaissait, comme une presse hydraulique géante, au dessus d'eux. Au loin, une conne jouait du Yann Tiersen au piano – Mélie Poulain. Les grosses gouttes commencèrent à trouer la boue, poinçonner la glaise. Elles martelaient le rythme sur le torse de Monsieur Pimpim. Sur sa têtes, son gros ventre plein de gaz mortifères, et des couilles sans doute encore remplies de désirs interdit. Et la pelle attendait toujours. Elle savait que Machin, quand il réfléchissait, fallait lui foutre la paix. Elle aimait la pluie, ça tombait bien.
Mélie Poulain prit fin. Machin dégoulinait, la terre s'écartelait. Monsieur Pimpim aimait mettre ses doigts dedans, dans le temps.
Puis les tendre à Machin, en souriant


Il regarda le corps comme on regarde un trésor qu'on n'ose pas ouvrir, les doigts collés à la pelle, la pluie qui s'acharne comme un public impatient. Il sentit, très net, ce basculement : fallait-il rendre à la terre ce qui lui appartenait encore, ou creuser plus profond dans le spectacle de la chair ?
Machin prit la décision comme on arrache une rustine : sans cérémonie, parce que quelque chose dans sa gorge demandait une réponse immédiate. Il posa la pelle sur le sol, posa sa main sur le front froid de Monsieur Pimpim. Le contact était un contrat. Il retira la veste du mort — petit tissu râpé, odeur de tabac éteint — et trouva, sous la peau, des choses qui faisaient écho à ses propres trous : une petite cicatrice mal refermée, un bruit sourd quand il pressait le ventre creux. Il sourit sans plaisir, comme on sourit à une vieille connaissance qu'on n'a jamais vraiment aimée. Puis, sans colère ni dégoût, seulement par curiosité professionnelle et par l'habitude du geste, il commença à fouiller. Pas pour voler, non : pour savoir. Pour lire la carte que la mort avait tracée sous la peau. Il laissa ses doigts chercher, découvrir, inventer des raisons. Chaque muscle qu'il déplaçait parlait — regrets, mensonges, petites lâchetés — et Machin les rangeait comme des pierres précieuses ou des cailloux qu'on préfère ne pas montrer. Quand il eut fini, il assembla les organes avec la même indifférence qu'on répare une chaussette qui aurait encore des choses à vivre.
Avec la même économie que pour un montage de jardinerie, il tissa autour de son cou un collier grotesque : morceaux intimes alternant avec brins de ficelle tirés d'un sac, comme si l'on inventait un bijou funéraire à la mesure d'un regret. Ce n'était pas exhibition ni sacrilège gratuit ; c'était un acte de couture avec la mort, un point final cousu à la va-vite sur une histoire qui refusait de disparaître proprement.

Il se plaça ensuite au bord du trou, regarda le voisin une dernière fois. Le geste qui suivit fut d'une simplicité presque domestique : il posa une main sur la poitrine raide, comme on caresse une nappe avant de la replier, puis il s'allongea. Il se fit l'écrin volontaire de la même glaise ; il laissa le vent et la pluie conjuguer les derniers rituels. La terre retomba, sur la terre humide, et Machin sentit chaque part de son âme inutile se couvrir, chaque souvenir se tasser. Il avait choisi la clôture la plus radicale : ne plus laisser le vide le ronger depuis l'extérieur, mais l'ensevelir de l'intérieur, avec ce qu'il tenait pour complice.


Mais sous la terre qui s'effritait déjà en une étreinte molle, Machin sentit un soubresaut primal le secouer, comme si la glaise refusait de le digérer si vite et lui renvoyait, par capillarité, le goût salé de ces après-midis interdits où les doigts du voisin fouillaient plus bas que les racines des bégonias. Il se redressa d'un bond muet, les yeux rivés sur le corps de Monsieur Pimpim qui, même raidi par l'au-delà, semblait l'inviter à une dernière danse souterraine, ses chairs flasques comme un sol labouré attendant la semence. La pluie avait cessé, laissant un silence gorgé d'odeurs – terre remuée, tabac froid, et ce relent âcre de mort qui n'était que la fermentation d'un désir trop longtemps composté. Piner, pour Machin, n'avait plus rien d'un vice ou d'une vengeance ; c'était l'outil ultime, la pelle charnelle qui transperçait les strates de l'autre pour y déterrer les échos de son propre abîme, là où l'enfance s'était fissurée comme une motte sous la binette. Son sexe se dressa, turgescent et impérieux, non pas par luxure brute mais par une géologie instinctive, un appendice minéral forgé dans les limons de ses nuits hantées, prêt à forer jusqu'au magma refoulé. Il empoigna les hanches du cadavre avec une tendresse de terrassier, écartant les cuisses inertes comme on écarte les lèvres d'une plaie fertile, et s'enfonça d'un coup sec, violent, dans ce boyau froid qui céda sans un cri, sans un spasme, offrant une résistance molle pareille à celle d'un humus gorgé d'eau. Chaque poussée était une excavation frénétique, un godet de tractopelle raclant les parois de l'altérité pour en extraire des pépites de vérité – ces éclats de honte partagée, ces murmures d'enfance où le voisin avait été le premier à creuser en lui, laissant un cratère que seul ce va-et-vient obscène pouvait combler. Le corps de Monsieur Pimpim ballottait sous l'assaut, ses chairs se modelant autour de l'intrus comme l'argile autour d'une racine invasive, et Machin y vit, dans ce frottement humide et sans vie, le miroir de son vide : un tunnel creusé dans un tunnel, un moi profond occulté qui surgissait enfin, suintant de sève noire et de regrets pétrifiés. Il accéléra, haletant comme un foreur en pleine veine, sentant sous ses coups de reins les os du bassin craquer doucement, non pas en brisure mais en capitulation, libérant des gaz fantômes qui emplirent l'air d'un parfum de caveau violé. Bientôt, l'orgasme le traversa non comme une décharge mais comme une coulée de lave, un dépôt sédimentaire qui scella le fond de la fosse intime, mélangeant sa semence à la boue intérieure du mort, fertilisant ce qui n'était plus qu'un compost d'âmes emmêlées. Et quand il se retira, épuisé, le sexe ramolli comme une lame émoussée, Machin contempla l'œuvre accomplie : un trou plus profond, un secret exhumé, où son moi occulté gisait enfin nu, prêt à être enseveli avec son complice éternel. La pelle, oubliée contre la paroi, sembla alors superflue ; creuser, c'était cela, désormais – une pénétration totale, un enfouissement réciproque qui rendait la terre complice de tous les silences.

Pimpim n'avait pas toujours été son pire ennemi. Bien avant la grande déflagration, ils se fréquentaient souvent, se délectant de petites soirées entre hommes, agrémentées de parties de cartes, de bière à profusion et de petites délicatesses réciproques (faute de mieux) dont la morale m'interdit de donner les détails. Chacun chez soi, ils se retrouvaient régulièrement pour aller à la chasse, ramasser des champignons hallucinogènes, et, à l'occasion, se partager quelque malheureuse gueuse égarée. À l'époque, ils n'étaient pas très exigeants sur la marchandise, eux dont les peaux étaient déjà couvertes de pustules dues aux radiations. Ils n'étaient pas encore les deux derniers hommes sur Terre, mais ça n'en était plus très loin.
Jusqu'au jour où une bande de charognards débarqua, armée de machettes et de longs couteaux. Grâce aux deux fusils de chasse et des munitions que Pimpim gardait précieusement sous le plancher, le tandem édenté et sanguinaire n'en fit qu'une bouchée. Au sens propre comme au figuré, car le gibier se faisait rare et il fallait bien survivre. Le barbecue fut royal ! Pourtant, de cette bande de sauvages, il ne resta qu'un seul être humain : une femelle d'une quarantaine d'années, encore assez « consommable » de sa personne et fut vite mise en réserve à la cave. Et c'est là que les problèmes commencèrent.
Au début, ils partageaient encore ce petit trésor à peine abîmé, se relayant toutes les quinzaines pour soulager leurs testicules atrophiés. Mais Pimpim, plutôt d'une nature égoïste, se mit à revendiquer la propriété exclusive de la femme qui, au demeurant, ne prononçait plus un mot sinon des onomatopées gutturales pour réclamer à manger. Un soir, Machin débarqua furax chez son voisin pour exiger, comme convenu, sa pitance sexuelle. Il se retrouva devant une porte bien close avec ses 18 verrous de sécurité. Enfin, presque close, puisqu'un double canon de fusil de chasse se braqua sur son front à travers une petite lucarne, accompagné de cet avertissement : « Si tu insistes, je te bute, connard ! »
Totalement frustré, humilié au plus haut point d'exclamation, Machin fit demi-tour, se promettant que cette affaire ne resterait pas sans suite bien sentie. Il imagina toutes sortes de ruses, épiant chaque jour pendant de longues heures ce pseudo couple de l'infortune apocalyptique. Il pouvait souvent entendre les affreux cris de la quadragénaire, hurlant, non pas "au secours", mais plutôt des cris de lapin qu'on écorche vif sans lui avoir brisé la nuque au préalable. Machin frappait et frappait encore sur les cloisons de la maisonnée du tortionnaire pour l'inciter à stopper ces supplices ignobles. En vain. Pimpim se laissait aller à toutes sortes de jeux que le marquis de Sade lui aurait enviés. Bien que Machin n'en fût jamais resté insensible, sans arme à feu à sa disposition et sa peau valant trop cher à son goût, il renonça. Pour se consoler, il se persuadait chaque nuit que ce monstre finirait par passer l'arme à gauche et qu'il récupérerait alors l'appétissante femelle. Enfin... Ce qu'il en resterait.
Les mois et les années passèrent. Machin développa une haine féroce envers son seul et unique voisin, cette bête de luxure qu'il enviait au plus haut point pour être honnête. Comme on pouvait s'y attendre, le résidu féminin trépassa. Le Pimpim s'en débarrassa comme un chien enragé crevé au fond d'une ancienne fosse à purin.  C'est pour toutes ces raisons qu'il se délecta à l'idée de blasphémer le corps de son ennemi, livré par un obscur bienfaiteur; qui était-il d'ailleurs? Mystère. Cadeau ou avertissement? Le Machin se sentait épié depuis un moment. Juste une impression de bête aux aguets. Mais à cet instant, à demi enfoui avec ce fumier dans l'humus pourri aux relents infects, la question demeurait superflue. Une terre stérile exhalant l'haleine du démon sera sa dernière demeure. Sa rancœur n'avait plus de limites contre ce personnage désormais réduit à l'état de charogne même pas mangeable par la plus affamée des hyènes ; elle suintait la morve jaunie autant que dans son cerveau comme un rhume des foins gangréné.
Nu comme un de ces vilains chiens mexicains, couvert de boue et de tripes, car les vêtements étaient rares en ces temps de grande misère, il se mit à gratter la terre pour sortir du trou. La pelle l'attendait, belle comme une invitation à la sauvagerie : totalement aliéné par une fureur mêlée de pus de crapaud, il se mit à frapper, encore et encore, cette dépouille répugnante. Les coups tranchants plurent comme une Madeleine squelettique endeuillée, réduisant en charpie ce qui avait été ce salopard attardé de Pimpim. À bout de forces, épuisé par l'effort, il s'effondra dans la fange, à la manière des sangliers se délectant de leur bauge. D'un golem pétri par la main osseuse d'un juif errant, il en avait toute l'élégance.
C'est alors qu'un orage éclata. Dans un coup de théâtre improbable, la foudre s'abattit à trois reprises à l'intérieur même de ce qui n'avait pas encore fini d'être une tombe. Et là...


Et là, dans le fracas primordial de la foudre qui zébrait le ciel comme une cicatrice mal refermée, Machin sentit ses méninges se labourer en sillons profonds, un sillon après l'autre, où les éclairs révélaient non des abysses apocalyptiques mais le gouffre intime d'une enfance profanée, où les mains de Pimpim n'avaient pas fouillé la terre mais son corps frêle, tendu comme un arc d'herbe sous la binette d'un jardinier cruel. Cette vision post-nucléaire, ce barbecue de chairs ravagées et ces hurlements de femelle captive n'étaient que le voile d'une hallucination tenace, un compost mental où il avait enfoui le viol originel, ces après-midis sous les bégonias où le voisin, sourire édenté, avait creusé en lui des trous plus béants que les fosses municipales, laissant un vide qui suintait encore comme une nappe phréatique empoisonnée. Les fusils de chasse, les charognards, la femme aux onomatopées gutturales – tout cela n'était que le cri muet de son trauma, une épopée fabriquée pour occulter la vérité nue : Pimpim n'avait pas été un complice de survie mais le premier fossoyeur de son innocence, ses doigts boudinés non pas dans la glaise mais dans la chair interdite d'un gamin qui creusait déjà pour s'échapper. Soudain, le tonnerre se fit écho d'un cœur enfantin battant la chamade, et Machin, les yeux écarquillés dans l'humus, comprit que la tombe n'était pas celle d'un monde en cendres mais la sienne propre, un sarcophage improvisé où il s'était allongé par résignation, enseveli vivant avec le spectre de son bourreau pour mieux le conjurer. La foudre, troisième et dernière, illumina ce non-dit comme un projecteur impitoyable sur une scène de théâtre absurde, et les os craquants sous ses coups n'avaient été que l'illusion d'une vengeance, le corps de Pimpim non pas une charogne à profaner mais un fantôme à exorciser par les mots tus trop longtemps. Dans ce creusement cérébral, Machin revit les techniques primitives de survie apprises aux films interdits, et soudain, comme la Mariée de Kill Bill émergeant d'une bière funéraire, il se rappela la méthode : les mains comme pelles affûtées, les ongles comme gouges impitoyables, creuser non plus latéralement mais verticalement, vers la lumière qui perçait déjà en filaments ténus au-dessus de la fosse. Ses doigts, noircis par des années de terre et de secrets, s'enfoncèrent dans la paroi friable, raclant l'argile avec une fureur méthodique, chaque pelletée un refus de l'oubli, chaque amas de boue un rejet de l'hallucination qui l'avait piégé dans ce délire apocalyptique. La sueur se mêla à la pluie résiduelle, formant un limon glissant qui facilitait l'ascension, et il sentit ses muscles d'enfance se réveiller, ces petits biceps boudinés devenus des câbles d'acier forgés par le labeur des tombes et des non-dits. Pimpim, ce spectre raidi à ses côtés, sembla murmurer un adieu moqueur, mais Machin, indifférent, creusa plus fort, invoquant la Mariée qui, d'une tombe de bière, avait reconquis le monde par la seule force de ses ongles ensanglantés. Le sol céda enfin en un effondrement gracieux, et Machin émergea, haletant, couvert d'une pellicule de terre comme un nouveau-né monstrueux, la lune témoin de son accouchement inversé. Debout au bord de la fosse béante, il contempla le vide qu'il avait creusé en lui-même, ce cratère où l'hallucination s'effritait comme une motte au soleil, et une résolution naquit, non plus dans la chair blessée mais dans l'esprit régénéré : il deviendrait Ministre de l'Économie et des Finances, un fossoyeur des dettes nationales, armé non d'une pelle mais de budgets et de réformes. Son unique objectif serait de creuser les déficits de la France, de labourer les abysses budgétaires avec une précision d'orfèvre, transformant les trous béants en sillons fertiles où pousseraient des promesses d'équilibre, un enfouissement vertueux des excès passés. Car creuser, pour lui, n'était plus vice ni trauma, mais vocation : déterrer les preuves de la gabegie, combler les vides par des lois implacables, et enfin, sous les bégonias des ministères, remplir ce qui avait été si longtemps creux. Il allait péter le renflement brun de l'anus de tous les français dilatés comme jamais. Et tandis qu'il se redressait, silhouette noircie contre l'orage mourant, le voile se leva une dernière fois, révélant que Machin n'était autre que Bruno Le Maire, l'homme aux dossiers interminables, assis dans son bureau lambrissé où une avalanche de paperasse – rapports, prévisions, amendements – s'effondra soudain sur lui comme une tombe administrative, l'ensevelissant sous des strates de chiffres et de responsabilités, le ramenant, inéluctablement, à son éternel creusement.



Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#2
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutra
Novembre 09, 2025, 16:52:22
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Il a cherché tous les moyens de le combler. Tous. Sous les bégonias de sa mère, il a enterré tout ce qu'il pouvait trouver, de mort ou de vivant, incapable de lui résister. A chaque fois qu'il remuait le sol, de ses petits doigts boudinés, il ressentait un plaisir indicible, quelque chose qui lui chatouillait le ventre, lui titillait la cervelle. L'impression qu'il fouraillait à l'intérieur de lui-même, qu'il se touchait sans se toucher. Le sentiment de remplir son vide. Mais dés qu'il sortait ses doigts du sol, la magie disparaissait. Machin redevenait un petit garçon vide, triste et sans avantages. Son voisin, par-dessus la haie, le saluait, et sa maman l'appelait pour manger.
En grandissant, le vide s'élargissait, et son besoin de manipuler, et d'enterrer, grandissait. Il creusait partout, tout le temps. La plupart des gens, normalement constitués, se demandaient : qu'est-ce qu'il cherche ? Sa mère répondait : il essaie de se trouver. Tous s'accordaient au moins sur ce point : Machin, il creuse bien.


Il aurait pu, Machin, plonger ses mains dans les veines rougies de la terre, prospecteur infatigable, à la poursuite de pépites qui font chanter les foules et les marchés lointains. S'esquinter la santé avec du mercure à hautes doses.
Il aurait pu chevaucher les vagues déchaînées sur une plateforme pétrolière, là où l'océan gronde comme un amant jaloux, et forer jusqu'au cœur noir des abysses pour en extraire le sang visqueux du monde.
Il aurait pu dompter le schiste rebelle, expert en fracturation hydraulique, injectant des torrents d'eau et de secrets chimiques pour libérer le gaz emprisonné, ce souffle fantôme qui allume les chaumières et noircit les cieux.
Il aurait pu gravir les échelles du pouvoir, de la boue aux conseils d'administration, où l'on mesure la fortune en barils et en barres de graphite.
Il aurait pu devenir le maître des profondeurs insondables, un Prométhée moderne arrachant le feu souterrain aux dieux colériques de la géologie.
Mais les promesses des filons d'or ne l'ont jamais ému autant que le murmure des racines sous la pelouse municipale.
Les tempêtes océaniques, pour violentes qu'elles fussent, ne lui offraient pas la quiétude d'un sol qui se souvient des pluies d'hier.
Les explosions contrôlées du fracking, ces éclats de foudre artificielle, ne résonnaient pas comme le craquement intime d'une pelletée dans l'humus.
Les salaires ronflants, les primes de risque, les voyages en jets privés – tout cela n'était que papier friable face à la chair tangible de la terre.
Aussi, par un caprice pragmatique, bassement ancré dans le quotidien des petites retraites et des loyers modestes, Machin opta pour le manteau bleu du fossoyeur municipal.
Chaque aube, il franchissait les grilles rouillées du cimetière, son domaine secret où le temps se mesure en strates de silence.
Il aimait retourner la terre humide, cette argile gorgée de regrets et de rosée, pour en faire le meilleur des composts humains, alchimie lente et pieuse.
Avec une précision d'orfèvre, il creusait les lits éternels, six pieds de profondeur où les âmes s'allongeaient enfin sans feindre.
Certains passaient leur existence dans les voûtes fraîches des caves, affinant des fromages aux croûtes parfumées d'herbes oubliées.
D'autres caressaient des cuvées sombres, veillant sur le vin qui mûrit en murmures de tanins et de soleil captif.
Lui, dans son atelier à ciel nu, travaillait des corps en décomposition, ces vignes humaines qui s'entrelacent dans la pourriture fertile.
Il affinait avec amour les chairs qui fondent, les os qui blanchissent, les chairs qui se muent en humus nourricier pour les herbes folles.
Il savait épier les vers comme un maître fromager guette les moisissures nobles, et les pluies comme un vigneron attend les vendanges.
Chaque monticule refermé était une œuvre accomplie, un terroir neuf où la mort engraisse la vie en cycles invisibles.
Et dans ce labeur humble, Machin retrouvait l'écho de ses pâtés d'enfance : creuser non plus pour jouer, mais pour que le vide, enfin, se remplisse de promesses vertes.

Quelle ne fut pas sa surprise, à Machin, lorsqu'un jour on lui apporta, tout froid, raide comme piquet, le cadavre de son pire ami : son vieux voisin.
Il se trouvaient tous les deux, comme autrefois, foin de lys ou de jasmin - seuls, avec la terre, mais sans jardin. Face au trou béant qui attendait son nouvel amant, Machin resta coi, un long moment. Le cadavre de « Monsieur Pimpim » prenait l'air, prenait le vent – très bien. La pelle attendait, rongeant son frein. Le ciel s'abaissait, comme une presse hydraulique géante, au dessus d'eux. Au loin, une conne jouait du Yann Tiersen au piano – Mélie Poulain. Les grosses gouttes commencèrent à trouer la boue, poinçonner la glaise. Elles martelaient le rythme sur le torse de Monsieur Pimpim. Sur sa têtes, son gros ventre plein de gaz mortifères, et des couilles sans doute encore remplies de désirs interdit. Et la pelle attendait toujours. Elle savait que Machin, quand il réfléchissait, fallait lui foutre la paix. Elle aimait la pluie, ça tombait bien.
Mélie Poulain prit fin. Machin dégoulinait, la terre s'écartelait. Monsieur Pimpim aimait mettre ses doigts dedans, dans le temps.
Puis les tendre à Machin, en souriant


Il regarda le corps comme on regarde un trésor qu'on n'ose pas ouvrir, les doigts collés à la pelle, la pluie qui s'acharne comme un public impatient. Il sentit, très net, ce basculement : fallait-il rendre à la terre ce qui lui appartenait encore, ou creuser plus profond dans le spectacle de la chair ?
Machin prit la décision comme on arrache une rustine : sans cérémonie, parce que quelque chose dans sa gorge demandait une réponse immédiate. Il posa la pelle sur le sol, posa sa main sur le front froid de Monsieur Pimpim. Le contact était un contrat. Il retira la veste du mort — petit tissu râpé, odeur de tabac éteint — et trouva, sous la peau, des choses qui faisaient écho à ses propres trous : une petite cicatrice mal refermée, un bruit sourd quand il pressait le ventre creux. Il sourit sans plaisir, comme on sourit à une vieille connaissance qu'on n'a jamais vraiment aimée. Puis, sans colère ni dégoût, seulement par curiosité professionnelle et par l'habitude du geste, il commença à fouiller. Pas pour voler, non : pour savoir. Pour lire la carte que la mort avait tracée sous la peau. Il laissa ses doigts chercher, découvrir, inventer des raisons. Chaque muscle qu'il déplaçait parlait — regrets, mensonges, petites lâchetés — et Machin les rangeait comme des pierres précieuses ou des cailloux qu'on préfère ne pas montrer. Quand il eut fini, il assembla les organes avec la même indifférence qu'on répare une chaussette qui aurait encore des choses à vivre.
Avec la même économie que pour un montage de jardinerie, il tissa autour de son cou un collier grotesque : morceaux intimes alternant avec brins de ficelle tirés d'un sac, comme si l'on inventait un bijou funéraire à la mesure d'un regret. Ce n'était pas exhibition ni sacrilège gratuit ; c'était un acte de couture avec la mort, un point final cousu à la va-vite sur une histoire qui refusait de disparaître proprement.

Il se plaça ensuite au bord du trou, regarda le voisin une dernière fois. Le geste qui suivit fut d'une simplicité presque domestique : il posa une main sur la poitrine raide, comme on caresse une nappe avant de la replier, puis il s'allongea. Il se fit l'écrin volontaire de la même glaise ; il laissa le vent et la pluie conjuguer les derniers rituels. La terre retomba, sur la terre humide, et Machin sentit chaque part de son âme inutile se couvrir, chaque souvenir se tasser. Il avait choisi la clôture la plus radicale : ne plus laisser le vide le ronger depuis l'extérieur, mais l'ensevelir de l'intérieur, avec ce qu'il tenait pour complice.


Mais sous la terre qui s'effritait déjà en une étreinte molle, Machin sentit un soubresaut primal le secouer, comme si la glaise refusait de le digérer si vite et lui renvoyait, par capillarité, le goût salé de ces après-midis interdits où les doigts du voisin fouillaient plus bas que les racines des bégonias. Il se redressa d'un bond muet, les yeux rivés sur le corps de Monsieur Pimpim qui, même raidi par l'au-delà, semblait l'inviter à une dernière danse souterraine, ses chairs flasques comme un sol labouré attendant la semence. La pluie avait cessé, laissant un silence gorgé d'odeurs – terre remuée, tabac froid, et ce relent âcre de mort qui n'était que la fermentation d'un désir trop longtemps composté. Piner, pour Machin, n'avait plus rien d'un vice ou d'une vengeance ; c'était l'outil ultime, la pelle charnelle qui transperçait les strates de l'autre pour y déterrer les échos de son propre abîme, là où l'enfance s'était fissurée comme une motte sous la binette. Son sexe se dressa, turgescent et impérieux, non pas par luxure brute mais par une géologie instinctive, un appendice minéral forgé dans les limons de ses nuits hantées, prêt à forer jusqu'au magma refoulé. Il empoigna les hanches du cadavre avec une tendresse de terrassier, écartant les cuisses inertes comme on écarte les lèvres d'une plaie fertile, et s'enfonça d'un coup sec, violent, dans ce boyau froid qui céda sans un cri, sans un spasme, offrant une résistance molle pareille à celle d'un humus gorgé d'eau. Chaque poussée était une excavation frénétique, un godet de tractopelle raclant les parois de l'altérité pour en extraire des pépites de vérité – ces éclats de honte partagée, ces murmures d'enfance où le voisin avait été le premier à creuser en lui, laissant un cratère que seul ce va-et-vient obscène pouvait combler. Le corps de Monsieur Pimpim ballottait sous l'assaut, ses chairs se modelant autour de l'intrus comme l'argile autour d'une racine invasive, et Machin y vit, dans ce frottement humide et sans vie, le miroir de son vide : un tunnel creusé dans un tunnel, un moi profond occulté qui surgissait enfin, suintant de sève noire et de regrets pétrifiés. Il accéléra, haletant comme un foreur en pleine veine, sentant sous ses coups de reins les os du bassin craquer doucement, non pas en brisure mais en capitulation, libérant des gaz fantômes qui emplirent l'air d'un parfum de caveau violé. Bientôt, l'orgasme le traversa non comme une décharge mais comme une coulée de lave, un dépôt sédimentaire qui scella le fond de la fosse intime, mélangeant sa semence à la boue intérieure du mort, fertilisant ce qui n'était plus qu'un compost d'âmes emmêlées. Et quand il se retira, épuisé, le sexe ramolli comme une lame émoussée, Machin contempla l'œuvre accomplie : un trou plus profond, un secret exhumé, où son moi occulté gisait enfin nu, prêt à être enseveli avec son complice éternel. La pelle, oubliée contre la paroi, sembla alors superflue ; creuser, c'était cela, désormais – une pénétration totale, un enfouissement réciproque qui rendait la terre complice de tous les silences.


Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#3
= INITIATIVES = / Re : Texte collectif Parafoutra
Novembre 09, 2025, 09:00:40
C'est son truc, à Machin, de creuser : il adore la surprise, l'excitation - ça le ramène en enfance.

Les pâtés de sable pleins de crottes de chat, les gâteaux de terre avec une feuille pour faire la cerise.
Il creusait partout, gamin. Et sa mère, elle, fermait les yeux.
Elle ne voyait pas la boue, ni le voisin.
Lui aussi aimait creuser.
Mais pas dans le sable.
Dans l'âme des gosses.

Forcément, ça abîme, ces trucs-là.
Alors maintenant, quand il creuse, ce n'est plus pour jouer à la marchande.
Il cherche pas des coquillages.
Il déterre les preuves. Les autres.
Parfois, juste pour voir si dessous, c'est enfin vide.

Il aurait pu, Machin, plonger ses mains dans les veines rougies de la terre, prospecteur infatigable, à la poursuite de pépites qui font chanter les foules et les marchés lointains. S'esquinter la santé avec du mercure à hautes doses.
Il aurait pu chevaucher les vagues déchaînées sur une plateforme pétrolière, là où l'océan gronde comme un amant jaloux, et forer jusqu'au cœur noir des abysses pour en extraire le sang visqueux du monde.
Il aurait pu dompter le schiste rebelle, expert en fracturation hydraulique, injectant des torrents d'eau et de secrets chimiques pour libérer le gaz emprisonné, ce souffle fantôme qui allume les chaumières et noircit les cieux.
Il aurait pu gravir les échelles du pouvoir, de la boue aux conseils d'administration, où l'on mesure la fortune en barils et en barres de graphite.
Il aurait pu devenir le maître des profondeurs insondables, un Prométhée moderne arrachant le feu souterrain aux dieux colériques de la géologie.
Mais les promesses des filons d'or ne l'ont jamais ému autant que le murmure des racines sous la pelouse municipale.
Les tempêtes océaniques, pour violentes qu'elles fussent, ne lui offraient pas la quiétude d'un sol qui se souvient des pluies d'hier.
Les explosions contrôlées du fracking, ces éclats de foudre artificielle, ne résonnaient pas comme le craquement intime d'une pelletée dans l'humus.
Les salaires ronflants, les primes de risque, les voyages en jets privés – tout cela n'était que papier friable face à la chair tangible de la terre.
Aussi, par un caprice pragmatique, bassement ancré dans le quotidien des petites retraites et des loyers modestes, Machin opta pour le manteau bleu du fossoyeur municipal.
Chaque aube, il franchissait les grilles rouillées du cimetière, son domaine secret où le temps se mesure en strates de silence.
Il aimait retourner la terre humide, cette argile gorgée de regrets et de rosée, pour en faire le meilleur des composts humains, alchimie lente et pieuse.
Avec une précision d'orfèvre, il creusait les lits éternels, six pieds de profondeur où les âmes s'allongeaient enfin sans feindre.
Certains passaient leur existence dans les voûtes fraîches des caves, affinant des fromages aux croûtes parfumées d'herbes oubliées.
D'autres caressaient des cuvées sombres, veillant sur le vin qui mûrit en murmures de tanins et de soleil captif.
Lui, dans son atelier à ciel nu, travaillait des corps en décomposition, ces vignes humaines qui s'entrelacent dans la pourriture fertile.
Il affinait avec amour les chairs qui fondent, les os qui blanchissent, les chairs qui se muent en humus nourricier pour les herbes folles.
Il savait épier les vers comme un maître fromager guette les moisissures nobles, et les pluies comme un vigneron attend les vendanges.
Chaque monticule refermé était une œuvre accomplie, un terroir neuf où la mort engraisse la vie en cycles invisibles.
Et dans ce labeur humble, Machin retrouvait l'écho de ses pâtés d'enfance : creuser non plus pour jouer, mais pour que le vide, enfin, se remplisse de promesses vertes.


Et un jour, peut-être, quelqu'un viendra le déterrer, lui aussi, à son tour ?
#4
Semaine Textes de merde 2025

Participez à notre appel à textes : semaine TDM 2025 ayant pour thématique "l'enfer des notifications". Car écrire un superbe texte tant sur le fond que dans la forme , c'est trop simple, donné au premier écrivaillon venu, lazone.org vous demande d'écrire le texte le plus pourri de la cuvée 2025 et là, c'est un véritable challenge.


Dans les tréfonds numériques de lazone.org, sanctuaire des plumes underground où s'ébattent l'ombre, la violence et l'absurde, s'ouvre la Semaine des Textes de Merde 2025, un appel à textes aussi audacieux qu'infâme. Sous le joug de la thématique « L'Enfer des Notifications », ce concours convie les âmes errantes à forger non pas l'éclat d'un chef-d'œuvre, mais l'abjection d'un écrit volontiers médiocre, défi suprême où l'écrivaillon transcende sa banalité. Loin des facilités d'un style policé, il s'agit d'embrasser la fange, de tisser des mots qui s'effritent sous le poids de leur propre nullité, comme un écho grotesque des alertes digitales qui hantent nos écrans. Que vos plumes, tels des vautours affamés, picorent dans le cloaque des idées avortées pour enfanter des récits où la laideur narrative devient un art subversif. Dans cet enfer où les bips stridents des notifications déchirent l'âme, laissez vos lignes vomir le trivial, le bancal, l'outrageusement raté, avec une ferveur presque sacrée. Le lauréat, choisi par le suffrage impitoyable des lecteurs, sera couronné Grand Chambellan du Prout, titre aussi grotesque qu'honorifique dans l'antre de l'absurde. Osez plonger dans ce gouffre littéraire où la médiocrité devient un étendard, où l'échec se pare d'une gloire tordue. Que vos textes, tels des excréments narratifs, souillent avec panache les terres numériques de lazone.org. À vos claviers, artisans du néant, pour sculpter l'ignoble et graver votre nom dans l'éternité du ridicule. Que la Semaine des Textes de Merde 2025 soit le creuset où s'illustrent les plus glorieux naufrages littéraires.

Où envoyer son texte ?   Pour participer, postez vos contributions ici :  https://www.lazone.org/articles/poster.html si vous n'avez pas d'identifiants ou sinon depuis votre espace auteur.

Date limite d'envoi : le 31 Décembre 2025 mais on publiera les textes au fur et à mesure qu'on les réceptionnera en compagnie des textes des autres appels à textes.

Le public concerné : La participation est ouverte à toute personne sans limite d'âge.

Les frais d'inscription : aucun.

Le genre littéraire attendu :  textes sombres et/ou débiles et/ou violents de tout type de  littérature, blanche à littérature de genre (éviter la poésie sauf si elle est exceptionnelle). Les nouvelles individuelles seront retenues pour l'événement ou non selon l'avis des administrateurs du site. Les propos à caractère fasciste ou raciste seront supprimés sans préavis.

La longueur du texte : pas de limite basse tant que le texte a une singularité qui se tient. Limite haute : de 1.000 à 20.000 mots avec une moyenne de 3.000 à 5.000 mots mais si c'est un peu plus ce n'est pas disqualificatoire.

La gratification : le pire texte sera désigné par le vote des lecteurs et son auteur aura le titre de Grand Chambellan du Prout jusqu'à la prochaine semaine TDM.



En panne d'idées pour aborder le sujet ?
Vous voulez vous inspirer de quelques textes zonards ayant déjà abordé la thématique ? Tous les textes des éditions précédentes sont accessibles ici : https://www.lazone.org/articles/themes/22.html



#5
= INUTILE = / Re : défouloir à psychopathes
Octobre 29, 2025, 13:50:01
écouté 35.669 fois en boucle. J'en rêve toutes le nuits depuis sa sortie. Je ne fais que ça.
#6
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 08, 2025, 13:02:10
Viens, on est le fan club des sosies de Demis Roussos et notre hygiène buco-dentaire laisse grandement à désirer.
#7
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 07, 2025, 16:19:07
Encore merci. Pas de souci. ça file tout droit dans la catégorie textes à colorier.
Tu devrais venir sur le Discord de la Zone. C'est bien plus animé que le forum.
#8
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 07, 2025, 11:21:12
ah ouais, "Suce-moi !", j'imagine que ça parle de pouce.
#9
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 07, 2025, 11:17:17
Tu le vends très bien en tous cas.
#10
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 06, 2025, 23:48:34
Merci beaucoup. Avec Plaisir. Si tu en as les droits, ça ne pose pas de problème. La Zone ne cherche pas à avoir des exclusivités et d'ailleurs la Zone ne possède aucun des textes publiés. Pas même un droit de regard sur ce qu'ils deviennent ensuite. Ils appartiennent à leurs auteurs.
#11
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Octobre 01, 2025, 08:06:58
Super ! Cet appel à textes semble en effet s'attirer les faveurs de pas mal d'auteurs. Une super idée de Dourak Smerdiakov à la base et un dossier qu'il fallait exhumer à tout prix.
#12
= INITIATIVES = / Re : AAT : Zone parafoutrale
Septembre 29, 2025, 16:50:14
Yeah !
#13
= INITIATIVES = / AAT : Zone parafoutrale
Septembre 28, 2025, 17:06:39
Zone parafoutrale

Participez à notre appel à textes : Zone parafoutrale, un choc frontal entre érotisme et paranormal


Dans l'ombre mouvante des réalités incertaines, où les frontières du désir et de l'invisible s'entrelacent, nous lançons un appel à textes audacieux sur le thème envoûtant de la Zone parafoutrale. Plongez dans cet espace liminal où l'érotisme, frisson charnel aux accents interdits, danse avec le paranormal, murmure d'outre-monde aux contours insaisissables. Racontez des histoires où la chair s'éveille sous le souffle d'entités spectrales, où les passions humaines défient les lois de l'au-delà, où l'amour ou la volupté se teinte d'une aura surnaturelle. Faites vibrer les âmes par des récits où la sensualité se mêle à l'étrange, où le frisson du plaisir côtoie celui de l'inconnu. Que vos plumes esquissent des silhouettes troubles, des étreintes défiant la raison, des désirs nimbés de mystère. Explorez des lieux où le réel vacille, où les corps et les esprits s'égarent dans une tension délicieusement inquiétante. Que vos mots tissent des atmosphères envoûtantes, où la chair palpite sous l'emprise de forces invisibles. Laissez-vous happer par cette zone crépusculaire, où l'érotisme flirte avec l'inexplicable, où chaque caresse peut ouvrir une brèche vers l'au-delà. Osez écrire l'indicible, là où le cœur bat au rythme d'un ailleurs. Que vos récits, tels des sortilèges, ensorcellent et troublent, mêlant la fièvre des sens à l'éclat du surnaturel. Dans la Zone parafoutrale, tout est possible, pourvu que l'âme et le corps s'y abandonnent. À vos plumes, conteurs de l'étrange et du désir, pour donner vie à ces histoires suspendues entre deux mondes.

Où envoyer son texte ?   Pour participer, postez vos contributions ici :  https://www.lazone.org/articles/poster.html si vous n'avez pas d'identifiants ou sinon depuis votre espace auteur.

Date limite d'envoi : le 30 Novembre 2025 mais on publiera les textes au fur et à mesure qu'on les réceptionnera en compagnie des textes des autres appels à textes.

Le public concerné : La participation est ouverte à toute personne âgée de plus de 18 ans.

Les frais d'inscription : aucun.

Le genre littéraire attendu :  textes sombres et/ou débiles et/ou violents de tout type de  littérature, blanche à littérature de genre (éviter la poésie sauf si elle est exceptionnelle). Les nouvelles individuelles seront retenues pour l'événement ou non selon l'avis des administrateurs du site. Les propos à caractère fasciste ou raciste seront supprimés sans préavis.

La longueur du texte : pas de limite basse tant que le texte a une singularité qui se tient. Limite haute : de 1.000 à 20.000 mots avec une moyenne de 3.000 à 5.000 mots mais si c'est un peu plus ce n'est pas disqualificatoire.

La gratification : la joie d'être publié sur cette capsule temporelle qu'est la Zone.


Vous voulez vous inspirer de quelques textes zonards ayant déjà abordé la thématique ? Le dossier existe déjà et est accessible ici : https://www.lazone.org/articles/dossiers/59.html

Quelques pistes pour aborder le sujet :

Même s'il est bien meilleur que vous abordiez le sujet de façon originale à votre sauce, au cas où vous soyez en panne sèche d'imagination, voici dix pistes très différentes, des exemples pour traiter le thème de la Zone parafoutrale, où l'érotisme et le paranormal s'entrelacent dans des récits profonds et évocateurs, chacune explorant une facette unique de cette frontière troublante :

  • L'Étreinte spectrale : Une femme, hantée par le fantôme de son amant décédé, découvre que ses caresses nocturnes, à la fois tendres et irréelles, raniment des désirs qu'elle croyait éteints, mais à quel prix pour son lien avec le monde des vivants ? Explorez la tension entre le deuil, la sensualité et la dépendance à une présence d'outre-tombe.
  • Le Pacte des ombres : Dans un village isolé, une jeune personne conclut un pacte avec une entité obscure pour raviver une passion éteinte, mais chaque étreinte passionnée la rapproche d'une transformation irréversible, où son humanité s'effrite. Interrogez les limites du sacrifice pour l'amour et la perte d'identité.
  • La Maison aux murmures : Une demeure ancienne, imprégnée d'une énergie érotique et surnaturelle, attire des amants en quête de sensations extrêmes, mais ses murs semblent exiger des âmes en échange des plaisirs qu'elle procure. Plongez dans une exploration de l'addiction au plaisir et des forces qui manipulent les désirs.
  • Le Reflet maudit : Un miroir ancien révèle à son propriétaire des visions d'un double sensuel et maléfique, qui l'entraîne dans des jeux érotiques où la frontière entre réalité et illusion s'efface. Questionnez la nature de l'identité et la séduction d'un alter ego surnaturel.
  • Le Chant des abysses : Une plongée en eaux profondes mène à la découverte d'une créature marine à la beauté envoûtante, dont les chants éveillent des désirs irrépressibles, mais chaque rencontre aspire l'énergie vitale du protagoniste. Explorez le conflit entre fascination érotique et instinct de survie face à l'inconnu.
  • Le Gardien du seuil : Un gardien surnaturel, chargé de protéger un passage entre deux mondes, tombe sous le charme d'une humaine audacieuse, mais leur liaison défie les lois cosmiques et menace l'équilibre des réalités. Réfléchissez à la transgression des interdits et à ses conséquences métaphysiques.
  • La Danse des flammes : Une sorcière moderne invoque des esprits à travers des rituels où la transe érotique devient un portail vers le paranormal, mais elle découvre que les entités invoquées exigent plus que son corps. Explorez la fusion entre magie, sensualité et perte de contrôle.
  • L'Horloger possédé : Un artisan restaure une horloge ancienne qui, à minuit, libère une présence sensuelle et intemporelle, le plongeant dans des nuits de passion où le temps lui-même semble se dissoudre. Interrogez la perception du temps et la séduction d'un amour hors du réel.
  • Le Jardin interdit : Un jardin mystérieux, où des plantes aux propriétés surnaturelles éveillent des désirs incontrôlables, attire des amants qui y perdent peu à peu leur libre arbitre. Examinez la tension entre la nature, le désir et la soumission à une force végétale consciente.
  • Les Voix du vide : Une personne entend des voix dans ses rêves, l'entraînant dans des scénarios érotiques où elle rencontre des êtres d'un autre plan, mais ces visions commencent à envahir sa réalité, brouillant les frontières entre plaisir et possession. Explorez la fragilité de la psyché face à l'intrusion surnaturelle.

Ces pistes, ancrées dans des atmosphères variées et des questionnements profonds, invitent à tisser des récits où l'érotisme et le paranormal dialoguent avec subtilité, intensité et gravité.


#14
= INUTILE = / Re : défouloir à psychopathes
Septembre 26, 2025, 13:54:00
"Advienne que pourri" par Zone.Inc
#15
= INITIATIVES = / Re : Hackathon litteraire : MDLC4
Septembre 25, 2025, 21:25:31
Moi aussi et surtout n'hésite pas à en parler autour de toi.