Je suis descendu en bas, la rue, j'y descendrai toujours. Il y avait cette fille qui m'a regardé après que j'ai fait quelques pas et tourné deux coins, je marchais et j'ai senti quelque chose sur moi, comme une gêne, qu'on m'agrippe, en me retournant je suis tombé sur ses yeux, et son visage juvénile était celui d'une belle femme alors je n'étais plus gêné, j'étais flaté. Elle a continué son chemin tout le long alors que je m'arrêtai pour l'observer, j'ai vu d'où elle venait, elle est entré dans une boulangerie, j'ai su qu'elle reviendrai chez elle par les mêmes pas, alors en attendant j'ai trouvé de quoi m'assoir et j'ai attendu son retour. Celà ne traina pas, et elle s'arrêta pas trop loin de moi, à une certaine distance quand même, au téléphone, on aurait dit qu'elle parlait toute seule, c'est le cas, elle est trop jeune pour parler à autre chose que ses feuilles, ou alors ? Ce serait surprenant. À une certaine distance donc, convenable, "de sécurité". Je l'ai regardé longtemps pour qu'elle lâche ses écouteurs, sans la gêner je crois, avec retenue. Et puis elle s'est barrée. J'ai suivi après avoir encaissé le choc, on ne sait jamais, j'eu raison car elle n'était qu'à cinq mètres de là, derrière l'angle, elle mangeait son pain ou je ne sais quoi, elle n'avait plus l'air d'être en conversation, je suis passé derrière comme un con, n'osant rien, puis une minute après je revins sur mes pas, indécis, comme un fou, timide, idiot. Elle était là et je lui dit "Bonjour", son visage se déforma face à cette agression. J'enchainais donc aussi vite pour ne pas qu'elle soupçonne autre chose "Tu me donnerais ton numéro ?" Elle dit : Quoi ? L'air tout à fait revêche, et elle était de plus en plus moche, comme si je n'articulais pas ? pensais-je, mais maintenant que j'étais là, je souri un peu gêné, et doux comme l'agneau et répétais avec infiniment d'amabilité mais sans prendre l'air con pour autant "Est ce que tu voudrais bien me donner ton numéro?" , elle grimaça comme si elle me crachait dans la bouche, une grimace horrible qui révélait derrière son visage encore jeune et marqué de la beauté naturelle une âme vraiment monstrueuse, son menton dessinait déjà la moue inversée qu'auront les vieilles à force de tirer la tronche, les rides se traçaient là comme prête à poindre et on savait juste une seconde que cette jolie fleure finirait réellement laide, par sa faute. Elle grimaça donc de la sorte et dit non d'une voix aigre, comme si je lui avait demandé la permission de lui chier dessus, pourtant je ne demandais qu'à éventuellement tenter de faire un bout de chemin ensemble. Comme elle faisait ça, sans doute elle lut une telle détresse dans mon regard, juste un instant, un éclair, une lueur, et alors que je continuais mon chemin elle ajouta : Désolé, mais du même air, à la fois hautain, et dégouté, comme si j'avais la lèpre.
Alors que j'avançais encaissant bien le coup car enfin, je suis plus beau qu'elle ne l'était là, d'un coup mon esprit fût submergé par tous le souvenirs qui y sont entérés, de ces femmes qui toute ma vie, m'ont pris avec leurs yeux mon coeur, et carressé la queue sans y mettre la main, pour ensuite me traiter comme une merde quand je demandais, la monnaie ? Qu'importe, celà jaillit, c'était trop, je me suis retourné, je l'ai plaqué contre le mur d'une main sur la gorge, et j'ai dit : Et ça ça te fais quoi ? Comme elle n'arrivais rien à articuler, comme un oiseau qu'on va passer à la casserole, j'ai ajouté "Tu me dégoutes" et plutôt que de la violer, je l'ai foutu sur le sol d'une baleyette, et lui ai massacré la gueule sur le coin du caniveau, comme dans un film.