LA ZONE -

Jerusalemurien

Le 11/06/2007
par Saintshaka
[illustration] Bonjour les amis, je m’appelle Jopalin et j’adore boire l’eau de la piscine. Aujourd’hui, la dame s’occupant de moi m’a demandé de raconter les choses arrivées récemment dans ma petite vie. Comme je ne savais pas trop quoi dire, j’ai raconté une blague, Ca l’a amusée. Elle et moi on s’aime bien, mais c’est notre secret; comme maman voudrait que je ne lui adresse plus la parole. "C’est une salope qui veut te pourrir la tête" comme elle dit. Je ne vois pas trop de quoi elle parle, ou peut être, elle veut dire; discuter avec elle, c est comme quand je gratte la moisissure sur le mur de la salle de bain, et après je fais le la poudre entre mes doigts avec les bouts de mur. Et si je lui parle trop ma tête elle va être comme ca, elle va s’effriter entre mes doigts.
Je ne sais pas trop.
Mais en tout cas, je crois ne pas être d’accord avec maman, parce que Mademoiselle m’écoute quand je lui dis quelque chose et ne me demande pas de finir mon assiette de haricots. Aussi, quand je parle à mademoiselle Sharard, je ne mange pas de haricots! Mais si j’en mangeais quand je lui parle, elle me laisserait m’exprimer la bouche pleine. Puis après, elle m’offrirait un bonbon au miel et essaierait d’entrer en contact avec Grigori Novykh, mais je ne sais pas.
Peut être que pour une fois Grigori parlerait a quelqu'un d’autre que moi, peut être qu’il lui susurrerait un poème comme ceux qu’il me chuchote la nuit pour guider mon sommeil. Je suis sur qu’elle aimerait ca aussi les poèmes, ca ne m’étonnerais pas vu qu’on se ressemble beaucoup elle et moi.
Mais tel que je connais Grigori, il tentera de la séduire, la voler a moi. Et après, qui m’écoutera hein si je perds mes deux seuls confidents, s’ils partent ensemble s’asperger mutuellement de fluides?
    Je serais la bien sur; mais Grigori s’amusera beaucoup alors que moi, je serais un peu triste pour Mademoiselle Sharard. Mais en sa présence, Grigori devient muet et fait comme si il n’était pas la, mais je sais bien que dès que l’on est sorti de chez elle, il recommence à discuter. Mais il n’aime pas trop que je reste avec elle, des fois il est même d' accord avec maman. Il donne son avis sur tout, sauf quand papa me demande d’aller chez monsieur Morse...

    Monsieur Morse est gentil avec Papa, il lui offre des poulets, du pain, des robes pour maman... Mais avec moi, quand je vais chez lui pour le remercier, il est bizarre, si étrange que Grigori ne me fait parvenir plus un mot, je n’entends même plus son souffle. Je déteste le silence. Le silence c’est quand ni Grigori, ni mademoiselle Sharad m’accompagnent; le silence c’est quand Monsieur Morse me déchire le ventre, je sens son corps transpirant contre mon dos, ses grandes mains se serrent contre mes épaules, contre mon cou. Puis il me m’écrase ventre contre terre et joue avec moi, a ce moment la, mes yeux se bouchent, et j’appelle Grigori très fort, Monsieur Morse ne doit pas apprécier Grigori non plus, parce que quand je crie, il me retourne, niche deux doigts dans ma bouche, et les tire vers le bas, pour voir ma langue et l’impression que ma mâchoire inferieure va se disloquer sous la pression s’empare de mon visage et mon ventre me fait de plus en plus mal..
Après avoir fait une courte sieste sur moi, Monsieur Morse appelle papa pour qu’il vienne me chercher, ils prennent ensemble des photos de moi encore tout nu par terre, et parlent d’argent, de poulets, de pain et de robes pour maman. C'est la que j'aimerais que Grigori soit avec moi, pour me consoler. Comme à l'école, quand je m’asseye sur un banc et que la maitresse demande aux autres enfants de cracher sur moi, Grigori en permanence avec moi, me chuchote, me chuchote:

    "Nulle inquiétude ne peux se dessiner en nous, tant que nous partagerons la même âme, la même main, le même poignard vengeur! Aiguisons-le pour la grande saignée du sabbat! Ainsi nous peindrons ensemble les plus magnifiques steppes vierges de la colère sur leurs corps gisants dans la douce mélodie de leurs râles létaux, et l écarlate révélation aura raison des temps présents."

    Hier donc, rentrant à la maison dans la voiture paternelle, je gardais le silence en ravalant mes sanglots s’espaçant au fur et a mesure de la distance avec l’appartement du copain à papa. Grigori était revenu aussitôt après avoir traversé le seuil du "nid d’amour "de Joseph Morse, il était contre moi, me réconfortait. Garder le silence malgré tout, me recommande t’il dans ces situations.
Feu rouge; sans me regarder, papa demanda si je me suis bien amusé. Tournant ma tête endolorie par les constrictions de Monsieur Morse, je vois une bouche souriante sous l’épaisse moustache. Grigori, collé à mon corps, exigea le mutisme à travers ses menaces murmurées à mon oreille. Je sentais bien sa colère, alors que mon père attendait la réponse à l’une de ses fausses questions. " Jopalin déteste monsieur Morse, il le voir mentir quand il dit être gentil avec Jopalin et ma famille, il ne pense qu’a faire mal avec son pénis, et que les voisins ne sachent rien. Grigori pense pareil."
    Quelques secondes de silence, après le partage sans y réfléchir de cette pensée obsédante nourrie de ma rancœur et de l’opinion de mon seul ami. Partagé entre le regret de ma mise à découvert et la fierté de ce courage soudain, inespéré, j’entendais le rire incessant de Grigori, juste derrière moi, spasmodique, parfois entrecoupé de râles. Feu vert, le père repris souffle, déglutit et me répond, le souffle court:
"Grigori Novykh, hein" à nouveau une déglutition, puis il changea de vitesse et repris "J’en connais un qui va encore saigner ce soir."
Grigori, à quelques centimètres derrière moi, riait de plus en plus fort, ses cris mêlés à des insanités aussi monstrueuses que grossières m’effraient mille fois plus que n' importe quelle menace, même venant de mes proches. Cela me rappelle que lui et moi sommes différents parfois, que Grigori est bien plus âgé que moi, son esprit vécût toutes formes de sévices, et pour lui les miennes ne sont que foutaises. Mais il dirige toute étincelle de courage, guide le moindre de mes pas, m’a sauvé, m’a protégé m’a vengé. Et il recommencera en temps voulu.

    "On est rentrés!" ma mère arrive et répond à mon père:
-Alors; tout s’est bien passé?
-Ah ca, non!
-Morse ne t’a pas donné mes robes
-Si, si tiens, mais c’est pire encore. Le gosse, tu sais de qui il m’a parlé?
-Oh non, Jopalin, si tu as encore parlé de ce Novykh... attention Jopalin, si tu reparle de ca, je te fais les gros yeux.
-Pas la peine Marine, je lui aie fait une promesse. Hein petit?
-Hé bien mon canari, ca te plait de saigner ou quoi?
-On dirait que oui, hein, petite crevure...
    Plus un mot, tout s’est troublé, j’ai simplement pu entendre un bourdonnement dans le crane, puis sentir les bras de papa s’enfonçant dans mes joues. Ou plutôt ses grandes mains, le premier choc contre le carrelage, mon bras l’a amorti, mais il devint chaud et douloureux, je ne sentis plus rien de ce membre. Une pression énorme se fit sentir sur mes vertèbres, et mon thorax comprimé par le sol froid et dur ne pouvait plus remplir sa fonction. La pression est remontée jusque dans ma nuque, puis s’en suivit le deuxième choc contre le carrelage jaune de la cuisine, tout tournait autour de moi, je me suis retourné, mon dos gelait et j’eus du mal à reprendre ma respiration. Au dessus de moi, papa se tenait debout, tournant avec le plafond, la confusion m’avait déjà gagné. Puis il s’éloigna. Sans vraiment connaitre les raisons, je me suis décidé à me relever, mon corps comme figé, refusait tout mouvement, chaque essai me torturait et impossible de prendre appui sur mon bras droit. Troisième rendez vous avec le sol, agenouillé, attendant que la douleur se dissipe, mais papa revenait vers moi, restant dans mon dos, je l’ai senti, mais la crainte et la souffrance paralysaient mes membres. Sa main empoigna une touffe de mes cheveux, la tracta vers l’avant pour me mettre à quatre pattes. Immobile sur le sol, ma tête n’arrivait plus à bouger, mes paupières s’ouvrirent avec difficulté, craquelant les coulées de sang séchant. L’odeur métallique me brulait la bouche et la gorge, mais le soulagement me gagnait:
    C’était fini, je saignais, comme promis. La plus grande difficulté restait à me remettre debout, puis de me diriger à quatre pattes dans l escalier, puis le couloir pour regagner mon lit. Quelque' un m’attendait devant la porte. Riant, il me relève et rajoute que je ne peux pas me coucher aussi sale. Je me suis fait trainer dans la salle de bain, ou j’ai entrevu le visage à papa, pendant que le lavabo se remplissait à grandes eaux. Encore une fois, ma tête est entre ses mains, puis plonge dans l eau glaciale, ma respiration ne peux pas se retenir, je bois la tasse, tousse sous l eau, les bulles étaient nombreuses, la sensation presque agréable. Impossible de relever la tête, trop affaibli, je pus simplement bouger les bras dans tous les sens sans aucun but, pour qu’enfin la douce providence me relève, pour parcourir mon visage, le tordre, le griffer, je ne vois plus, n’entend plus, la douleur est partout, dans tous mes os. Je me sens trainé, puis abandonné par une dernière projection contre le plancher. Mes yeux se sont entrouverts après quelques instants sans force qui me tient, me heurte, me brise. Il fait noir et je suis enfin seul, le sommeil est enfin là, il me fait du bien, et avec lui, Grigori s’approche doucement de moi pour me bercer.

"Ouvre-moi tes bras, afin que je m’y loge
Partageons nos corps, unissons nos colères
Je serais à couvert, sous ton épitoge
Regarde l’horloge, voici l’heure de la chair
Au gout fade, s’émiettant dans nos bouches
La déglutir selon mes fantasmes pervers.
Les œufs et les vers que pondirent les mouches
Grouillent dans le repas pris avec ton père

Laisse-moi sortir, je grandis en ton sternum
Laisse respirer le guide qui est en toi
Le rythme de ta folie suit mon métronome
Un crime par temps, c’est un crime courtois

Ferme lui ton cœur, qu’il n’accède plus au temple
Au grand Mausolée dressé en mon honneur
Bannis cet intrus, tout au moins pour l’exemple
Il serait trop simple d’ignorer ce gêneur
Demain sera mon jour, la terre saignera
Enfin unis, nous occirons les faux prêcheurs
Ton bras est mien et leur tête nous suffira
Et ouvre moi leurs cœurs, que je m’abreuve d’eux."

    Des miettes de pain sont dispersées sur la table de la cuisine, je les préfère aux taches de mon propre sang séché sur le carrelage. Je nettoierais tout ca ce soir après l’école. D' accord Grigori, il faut partir maintenant pour ne pas être en retard, parce qu’en plus, aujourd’hui' hui, jour de piscine. Je voudrais tellement être dans le grand bain, plongé dans l’eau translucide et sentir mes membres pris dans du liquide. J' y suis, c' est tellement agréable de flotter sur le dos, onduler au grès des plongeons à l' autre bout du bassin, puis immerger tout le corps, et se remplir la bouche d' eau chlorée, la savourer, éclabousser Grigori en sentant le picotement des solvants sur mes ecchymoses comme seule douleur, ne pas affronter le regard des instructeurs, avoir autre chose à faire.
    Le sifflet coupe court à mon plaisir, il faut retourner aux vestiaires pour se rhabiller, un petit plongeon dans l’eau, le dernier. J’avale ma dernière tasse d’eau mélangée à la javel, je profite de ces derniers instants de sérénité. Retour aux vestibules, beaucoup d’enfants s’amassent autour de moi, je me concentre sur mon sac pour les fuir du regard, ils chuchotent, j’ai peur et Grigori recommence à rire et danser autour de moi, hurlant des horreurs à propos des saints, des rois et de la Vierge. Sorti de la piscine, les douleurs me reprennent et de nouvelles se sont déclarées, celle causée par les élèves venant juste de me saisir pour m’accrocher au porte manteau avec la bouche puis me soulever. Mon crane a supporté pendant dix minutes tout le poids de mon corps, ma nuque se pliait de plus en plus, puis le professeur est arrivé, les enfants m’ont lâché, se sont mis rapidement en rang et le crochet s’est planté dans mon palais, j’ai hurlé tellement fort que le professeur s’est mis très en colère.
« Ferme ta gueule, retardé » hurla-il, en me donnant trois grands coups de pied dans les côtes pour me calmer.
Sorti du bus, j’enlève la boule de papier que l’infirmière à mis dans ma bouche, histoire de ne pas tacher les sièges, puis le professeur m’emmène dans son bureau, il me gifle et me gronde à propos des scandales dans l’école, du règlement intérieur qui interdit de s’amuser avec le matériel scolaire. Il à l’air d’en avoir assez de moi et cherche la fiche avec les informations me concernant. Grigori est juste derrière moi, et il se met à cracher du sang partout, en m’appelant à l’aide, mais je ne dois pas bouger, sinon je suis sur d’être renvoyé. Il réclame ma pitié, et me prévient d’un grand danger me concernant, ainsi que lui-même, nous âmes et la vie d’étrangers à notre corps. L’éducateur trouve ma fiche, ce qui le réjouit, il veut me communiquer sa satisfaction, mais en m’adressant son regard victorieux, il observe mon visage couvert de larmes, étudie mes spasmes et mes sanglots, cherche la façon de me faire taire et il la trouve.
« Combien de fois je vais devoir te dire de fermer ta gueule et de ne pas chialer chez moi, j’ ai été assez tolérant en acceptant ta présence ici, mais il t’ en fallait plus, il fallait absolument que tu fasse comme a la maison, que tu te comporte comme quand tu étais rentré ici, tu fais de moi un perdant, je voulais te transformer en homme, mais tu restera toujours un singe, un putain de singe ! Tu comprends rien, sauf les coups, quand je t’ai vu la première fois, je croyais faire quelque chose, et puis on t’a couvé, alors que tout ce qu’il te fallait, c’était des coups, et encore, c’est trop de respect pour une chose comme toi. Ce qu’il te faut c’est une balle dans la tête et la fosse commune…J’appelle tes parents. »
Grigori hurle à la mort, réclame la pitié, alors que moi, je ne pleure plus, je ne dois pas pleurer, sinon je retournerais en cellule… Le professeur compose le numéro, et attend…Le silence…
Il raccroche et regarde encore une fois la fiche verte avec ma photo, ou je peux lire par effet de transparence, ma mansion « relaps ». Il recompose un numéro, la personne répond, et prend l’ autre voix, celle qu’ il a quand il parle a quelqu’un d’ autre que moi ou de ses anciens élèves, présente ses excuses, réclame un chèque libellé a l’ ordre de l’ institut Saint Sauveur, et donne rendez vous a la personne à l’ autre bout du fil d’ ici une demie heure. Il raccroche, et me demande de retourner à la salle de cours. Elle est vide. Je suis seul avec Grigori qui s’ est arrêté de pleurer peu après le coup de téléphone, mais il semble plus blême que jamais, peut être que l’ éclairage au néon y est pour quelque chose, mais son teint est du plus pale des blancs, contrastant de manière absolue avec sa longue barbe noire et sa redingote de la même couleur.
Il s’est assis face à moi et me rassure :
« Ami Jopalin, d’ ici quelque minutes nous allons tous deux mourir. Les aruspices de l’autre rive ne m’ont pas encore prédit ni la raison ni le coupable, mais cette destinée nous attend. Fuir est improbable et faire dévier les voies de la divine volonté impossible. N’oublie pas que tant que nous serons unis Nulle inquiétude ne peut se dessiner en nous, tant que nous partagerons la même âme, la même main, le même poignard vengeur! Aiguisons-le pour la grande saignée du sabbat! Ainsi nous peindrons ensemble les plus magnifiques steppes vierges de la colère sur leurs corps gisants dans la douce mélodie de leurs râles létaux, et l écarlate révélation aura raison des temps présents. Mais avant tout cela, accorde moi toute ta confiance, offre moi ce que je t’ai appris. Notre salut repose sur le sang des traitres et des assassins, la vengeance viendra, les réjouissances sont déjà la. Avortons la providence ! Amenons au roi des mouches sa pitance charnelle, et ses faveurs nous illuminerons avec le nimbe vert de la nature, de ce qui vit pour l’éternité, la puissance de nos sexes pour les siècles à venir ! La fin de nos faiblesses, pouvoir gouter le nectar de fécondité de la Vierge, purger la foi de toute souillure, me rappeler parmi les pécheurs !
Je suis le seul messie, mon enfant, et tu es mon seul apôtre, le règne divin nous met à l’épreuve ! Accomplissons cette tache, jetons a ses pieds les têtes du Vieux Moïse, du nazaréen et du prophète barbare pour siéger sur son trône. Il devra nous foudroyer mille fois pour nous voir disparaitre, et entrainera avec lui l’effondrement de tous ses desseins. Ami Jopalin, nous n’allons jamais mourir, j’ai fait pendre les aruspices et promis la mort des cultes m’ignorant. Ami Jopalin, ce qui nous unit nous exaltera… »

Le pas de la porte est traversé par un nouveau venu, Grigori s’interrompt pour savoir qui s’introduit dans la salle de classe, il reste sans bouger, le visage impassible. Une peur de découvrir l’identité du nouvel arrivant m’envahit, me glace. Je ne veux pas savoir, je resterais la, immobile, jusqu’ à ce que cette personne parte. Je sais. C’est lui. Ca ne peut être que lui, la fatalité annoncée par mon seul ami se manifeste sous ses traits, je n’ai pas besoin de vérifier. Il est juste derrière moi, son ombre recouvre peu à peu ma table, je dois rester les yeux figés sur le travail que l’on m’a donné. Un souffle, une main, une convulsion et mes yeux se ferment. Grigori est la, je l’entends toujours parler, il me dit ou nous allons. Les yeux s’ouvrent, nous sommes en chemin, et dans le rétroviseur, je vois Monsieur Morse, c est bien lui. Il constate mon éveil, et engage une conversation a propos de mon attitude inacceptable et le fait que mes parents veulent essayer un traitement choc avec moi. Me rendre aussi inoffensif qu’un agneau. Il s’arrête à une station service, me demande de sortir avec lui, je l’accompagne. Il entre dans la boutique de la station, et attend au comptoir.

Apparemment le gérant de la station est un de ses amis, il le salue, commence à parler de courses de chevaux avec lui, leurs voix est forte, rient beaucoup. Puis le gérant de la station remarque ma présence, et aimerais savoir ce que je fais ici. Monsieur Morse est effrayant, parfois je l’ ai surpris alors qu’ il me croyais inconscient sur sa moquette, tourner autour de moi, nu avec son enfant dans ses bras, il le serrait fort, mais l’ enfant ne bougeais pas, il l’ écrasait mais le jeune garçon ne faisait ni un bruit, ni un mouvement, balloté dans les bras de Monsieur Morse, puis il le posait sur le sol et enfonçait deux doigts dans la bouche de l’enfant. Et il hurlait « Rend la moi ! Rend la moi !elle m’appartient ». L’enfant ne réagissait pas. Mais il ne pouvait pas être mort, il n’y avait aucune cicatrice sur son corps et le rose pastel de son teint gageait d’une bonne santé. Une fois prêt à me réveiller et me demander de partir, il vérifiait si j’avais surpris quelque. C’est a ce moment la qu’il fallait fermer les yeux. Sinon, j’aurais eu peut être droit au même sort que l’homme qui venait chez monsieur Morse avec moi au début, Grigori n’étais même pas arrivé à cette époque. Les huit premiers mois de mon retour a Saint-Hilence, j’étais accompagné d’un homme que j’ai vu parfois au centre avec moi, il ne parlait pas, sa respiration était bruyante et son œil gauche fermé en permanence. Handicapé par de grosses difficultés à marcher, Monsieur Morse avait beaucoup de plaisir à le recevoir, puis un jour, après nous avoir souillés de tous ses fluides, il nous étala sur le sol et nous obligea à ne plus rien voir ni entendre. Le garçon, qui s’appelait Xavier ou quelque chose comme ca, n’a pas pu comprendre cet ordre, et garda les yeux ouverts…
« Ce gars vient du même « institut » que ton ancien fardeau. »Le gérant de la station service me cracha au visage, Grigori me soutient, à me demander de garder encore mon calme, d’oublier le poids salvateur et de me concentrer sur l’éclosion de la haine céleste. Je dois lui obéir, ma pérennité en dépend.
« Et ses parents t’en ont donné combien ? » Répondit le patron des lieux. Monsieur Morse lui répondit que la prime était à hauteur de 32%, mais qu’il avait le droit de s’amuser un peu avant de rentabiliser la transaction. En me pointant, il ajoute :
« Tu vois ce gars la ? Il a le développement intellectuel d’un enfant de six ans, tu peux lui faire n’ importe quoi, il ne dira rien, et contrairement aux autres, son corps n’est pas déformé ou quoi que ce soit, il a juste un petit souffle au cœur et quelques marques d’utilisation. Tu veux l’essayer ? »
-Non merci, je préfère quand ca bouge un peu, ces… choses, c’est juste un alibi pour essayer les nouveaux gaz asphyxiants. »
Cette dernière remarque amusa beaucoup Grigori, c’est vrai que de m’imaginer en tant qu’incapable d’avoir le moindre raisonnement et totalement soumis, c’est se mentir un peu. Le pire de tout c’est qu’ils m’imaginent faible, seul et « guéri ». Les cons, les sales cons, la sale pute qui m’invitait à la prendre comme ma nouvelle maman, et mon père qui me récupère juste parce que la prime de soins aux instables peut payer son 4X4. Mais pour un instable sorti de l’institut et sous la contrainte de l’opacité, je suis assez fier de moi. Grigori m’a même dit il y a quelques jours que je plaisais à Dieu. Et la il me demande de jouer un peu, pour la dernière fois. Monsieur Morse demanda à son ami s’il pouvait utiliser la salle vidéo du magasin, le gérant acquiesça donna les clés à Monsieur Morse qui me prit par le bras.

Comment revenir en contact avec Grigori, comme avant, comme quand il n’était pas devant moi, mais en moi ? Je le sentais bouger, tourner et découvrir son environnement, tout çà au sein de moi-même, et je ne le savais pas, je n’étais pas consciente que quelque chose vivait à l’intérieur de moi. Aujourd’hui, il m’observe, me juge, m’accompagne, alors que monsieur morse m’a immobilisé et me traine dans une pièce en arrière boutique avec des murs mauves et une grande planche. Des outils de bricolage jonchent le sol, je ne veux pas connaitre leur utilité, ne rien savoir, rassure moi Grigori. Va t’on nous séparer ?

= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 11/06/2007 à 00:45:25
Dommage qu'on soit spolié de la fin apocalyptique qu'on était en droit d'attendre. Avec tous les appels à la violence proférés par l'ami imaginaire, on pouvait quand même espérer un bon vieux massacre des familles. Bon c'est pas que ça aurait été très original, mais on s'en fout de ça. Un texte comme ça ça se termine par un bain de sang bordel. Là c'est presque 'réaliste' comme fin, dans le genre rien ne s'arrête jamais... Mais le texte jouait pas la carte du réalisme alors bon, un petit carnage, hein...
Arkanya

Pute : 0
    le 11/06/2007 à 23:22:30
Y'a plein de trucs qui rendent cette lecture quasi impossible, d'abord le ton de l'attardé, qui un coup parle bien comme un attardé, et un coup nous sort des tournures tarabiscotées et trop soignées. L'aller-retour permanent entre passé et présent est hyper désagréable. La façon de parler de la deuxième personnalité est totalement ridicule (je vois pas comment un mec avec une cervelle de moineau peut s'inventer un double érudit), d'ailleurs, je comprends pas trop bien ce qu'elle vient foutre là, cette seconde personnalité, vu que jusqu'au bout on attend qu'elle serve à quelque chose et qu'en fait, rien n'arrive.
C'est long, c'est confus, et ça mène à rien. Y'a trop de personnages survolés et inutiles, trop d'explications de situations inutilisées, et c'est beaucoup trop caricatural, pour rien en plus. Assez d'accord avec le fait que même un demi-carnage aurait été salutaire au texte, au moins comme une récompense pour s'être fatigué les yeux sur tout le reste.
Mill

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Pute : 1
    le 13/06/2007 à 00:38:18
Je sais pas. Honnêtement, je sais pas. Par moments, c'était... comment dire, wah! et pis à d'autres... hem... lalala. Pas yeeha pour un sou.
Faut que j'relise ça. Ya quelque chose.
nihil

Pute : 1
void
    le 13/06/2007 à 17:47:44
C'est vrai que ça tient à peu près pas debout du point de vue psychologique, mais ça m'a pas dérangé, c'est pas réaliste, je m'en fous.
Saintshaka

Pute : 0
    le 14/06/2007 à 01:31:11
le heros ne tient pas debout, en effet, de ce point de vue.
Et je prefere que le lecteur ait la sensation d' inutile après avoir parcouru ce texte plutot qu avoir l impression d avoir lu le manuel d' une perceuse.
Putsch

Pute : 0
    le 19/06/2009 à 10:04:34
J'ai assez aimé dans l'ensemble, à l'instar de nihil la psychologie du gamin (tant dans la manière dont elle transparaît dans le texte qu'elle même) m'a plu.
Avec un ou deux détails quand même; le texte aurait gagné à être plus aéré; sur la fin la lecture devient laborieuse.
Koax-Koax

Pute : 1
    le 03/09/2009 à 15:07:37
J'ai plutôt apprécié ce texte, à la base, je croyais qu'avec l'intro, j'allais lire un texte complètement disjoncté et drôle, ce qui ne fut pas le cas.

Mais par contre, grosse déception sur la fin, qui aurait dû être magistrale selon la montée en crescendo des pensées meurtrières. Ce texte n'est pas mal écrit mais manque d'un quelque chose, et de plusieurs détails. Pas assez développé pour être vraiment marquant, c'est dommage.

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