Deux mois qu’avec le KluB, toutes les semaines, on se retrouve au fond des bois, en secret, habillés tout en noir. Clara nous a fait nos costumes, bien amples, bien doux, sans ceinture. Ils sont si beaux. Elle est tailleur, Clara, au magasin Forts Caractères, au centre-ville de Marienthal.
Le Sl1m F4sT KluB, c’est une idée de son mari, Bobby. Gros Bobby, comme ses collègues l’appellent. Mais il est musclé, il n’est pas gros, je ne trouve pas qu’il soit gros, il est musclé. Pourtant ses collègues au collège se moquent de lui, surtout à la piscine ; parce qu’il est prof de sport, Bobby. Alors un jour, il en a eu assez, et il a décidé de faire quelque chose. Il a fondé le Sl1m F4sT KluB. La semaine, il nous coache, comme il dit. On fait de la gymnastique et de la natation, pour perdre nos kilos en trop. Les gens ne connaissent pas le Sl1m F4sT KluB parce qu’il ne faut pas parler du Sl1m F4sT KluB, mais au Nautiland, quand ils nous voient arriver tous les douze dans le bain bouillonnant, ils nous laissent la place et ils s’en vont avec respect. Ha.
Et la nuit du samedi au dimanche, dans la forêt de Haguenau, près du Gros Chêne, c’est la nuit du rituel ! Hihi ! Et je suis tout excité. Cette semaine, c’est moi le Maître de Cérémonie. J’ai choisi le thème de la purification : tous ensemble, on va détruire des vieux Playboy à m- trouvés dans une ruelle, et des Hustler, et plein de cassettes vidéo, pour se libérer des phantasmes sur les filles maigres. J’aime bien ce thème. Il est chouette. J’ai bien choisi les cassettes et les magazines, c’était du travail mais je l’ai fait avec application et beaucoup de pommade. C’est Marinette qui a tout le matériel sélectionné dans son coffre, je l’ai chargée de préparer le site de la purification avant le rituel.
Comme d’habitude on va danser en rond autour des symboles de la purification, et boire de la Vittel Citron Vert sans sucres ajoutés dans un calice, enfin dans une coupe de chasse gagnée par Hans mais pour nous c’est un calice, c’est symbolique. Mais avant cela, il faut détruire les symboles ! Et j’ai préparé une petite mise en scène symbolique. Pour le symbole.
Au Décathlon (je vais souvent au Décathlon, j’adore le sport, suer, je trouve ça très sain), j’ai acheté un tube flexible transparent, diamètre 5 millimètres, ceux qu’on utilise pour équiper les Camelbak (c’est si pratique pour aller faire du jogging de la maison à l’école de mon fils trois kilomètres plus loin quand je vais le chercher, sans être assoiffé au bout d’une demie-heure, c’est Bobby qui m’a montré). Ils les vendent au détail pour la rechange ; j’ai pris un mètre vingt. Ensuite, je suis allé au Bricomarché (j’aime aussi bricoler, je le précise toujours dans les annonces matrimoniales du MaxiFlash67, « homme mûr, plein de santé, divorcé, aimant bricoler et plus si affinités et surtout si sommier solide doubles lattes renforcées au téflon parce que j’ai eu de mauvaises expériences »). J’ai pris du ruban adhésif résistant à tous types de liquides, puis au rayon produits divers, une bouteille d’un litre d’acide sulfurique.
Avec tout ça dans ma Kangoo, j’ai rejoint la lisière de la forêt, et je me suis arrêté sur un chemin de terre pour me préparer. J’ai pris le temps d’envoyer un texto aux autres du KluB pour leur dire que le MC arriverait en temps opportun et qu’ils devaient se tenir prêts, que j’apparaîtrais au dernier moment. Puis j’ai d’abord quitté tous mes habits, sauf mes chaussettes et mes chaussures de marche que j’ai remises après avoir ôté mon pantalon et mon slip, parce que les aiguilles de pin ça pique les pieds.
Alors. On y va. Je déballe le scotch imperméable et je déroule le tube flexible. Je débouche la bouteille d’acide et, en faisant bien attention à mes mains, je scotche solidement, très solidement, le bout du tube sur le goulot. Voilà. Hop. J’ajoute quelques tours de scotch par précaution, jusque loin sur le tube. Ensuite, je mâche un chewing-gum, j’en ai toujours dans le petit compartiment sous l’auto-radio (rien de mieux contre les petites faims, hihi), longuement, et je le colle sur l’embout libre du tuyau. Normalement, c’est prêt. Bon. Pour vérifier, je prends la bouteille et je la retourne à hauteur de ma tête : elle ne fuit pas, tout est étanche, et comme j’ai bouché le tube avec mon chewing gum, l’air emprisonné dedans empêche le liquide de descendre encore. Je suis content.
Sans perdre de temps, je me scotche la bouteille dans le dos, comme une bouteille de plongée, en faisant plusieurs tours de ruban. Puis je fixe le tube sur moi, toujours avec du ruban adhésif : il descend le long de mon dos, il passe sous mes bourses, et il finit juste sous mon sexe, caché derrière lui. Le chewing gum est au niveau du bout de mon gland. Je suis prêt à pisser sur les symboles de la purification ! Haha ! Je suis si content. J’enfile vite mon habit de cérémonie, sans rien dessous, et je file au rendez-vous, en conduisant péniblement assis sur le bord du siège pour ne pas appuyer sur la bouteille avec mon dos.
A l’arrivée, je vois qu’ils dansent déjà. Parfait. J’approche à pas lents et majestueux, en écartant les bras. Un peu essoufflé quand même après les cinquante mètres de marche lente et majestueuse, je commence mon discours rituel de purification, face au tas. Il est court, mon discours. J’ai manqué d’inspiration : à chaque fois que j’avais trié les cassettes et les revues j’étais très fatigué.
Ô MES SŒURS, Ô MES FRERES, PISSONS SUR LES IDOLES MAIGRES ET FAMELIQUES ! FOUTONS-LEUR SA RACE DE PISSE A LA GUEULE A CES PUTES ! CA VA GICLER SEVERE ! QU’ELLES CRAMENT CES SALOPES HAHA !
Comme je m’emporte un peu et que je n’y tiens plus et je relève mon habit sur mes jambes nues ; d’un geste ample je saisis ma bite et, du pouce, je fais sauter le chewing gum, face au tas de papier et de cassettes. Presque instantanément, l’acide gicle, et brûle tout. Ca fume, ça fond, et je ris en faisant des moulinets de la main gauche, tandis que les autres du Sl1m F4sT KluB regardent le tas se décomposer d’un air émerveillé ! J’ai réussi ! Ca marche ! La meilleure cérémAAAAAAAAAAAA PUTAIN CA BRULE MERDE le tuyau fond sous ma queue ! Le tuyau fond et l’acide mélangé au plastique fondu attaque mes couilles, et ça fait super mal ! AAAAAAAAAH deuxième point de contact putain deuxième point de contact ça brûLE DERRIERE mes couilles, là où le tuyau tourne et où çaAAAAAA passe moins vite ! Je AAAAAH tente de quitter mon habit pour HAAAAAAA et putain j’ai mis TELLEMENT DE SCOTCH MAIS QUEEEEEEL AAAAAAAAAAIEUH PUTAIN mais ça y est l’acide gicle derrière mes couilles et cette conne de Marinette qui crie JESUS MARIE JOSEPH alors que MA BITE FOND PUTAIIIIIIIIIIIIIIN, et quinze secondes avant de m’évanouir et de tomber je vois l’intérieur de mon scrotum gicler, à moitié fondu, sur le tas de p0rn, ça fait AAAAAMEEEEEERDE *florpsl* et j'ai mal ; et une seconde avant de m’évanouir et de tomber je vois un papillon nécrogore constitué par ma bite à moitié bouffée et la peau de mes bourses de part et d'autre, qui plonge lourdement sur le tas fumant. Puis je m’évanouis et je tombe et Marinette gueule CHRIST ROIIIII TON PENIIIIIIIIIIIS, et dans le calme de la seconde avant l'évanouissement, je me dis que putain, j’en ai marre d’être un gros con obèse.
Aujourd’hui, c’est samedi, et la nuit du samedi, c’est la nuit du rituel de purification ! Je suis surexcité, je suis tout en sueur.
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C'est bien. C'est pour ça que tu n'est pas en vacances ? Hein, fonctionnaire.
Bref, je ne dirai pas moi je dis qu'il bluff.
Précisons donc que le thème imposé par lapinchien, Grand Inquisiteur de la Saint Con 2007, était "Je pratique un rituel de purification".
Il n'y aurait pas comme un couac au niveau des temps de la conjugaison avec la phrase : "J’ai manqué d’inspiration : à chaque fois que j’avais trié les cassettes et les revues j’étais très fatigué." ? Tout le texte est au présent, sauf cette phrase.
Sinon, partant du constat que le but n'était visiblement pas de se livrer à un sublime exercice de style, c'est un bon texte débile. On pourait trouver la mise en place vaguement chiante, mais les mots "papillon nécrogore" effacent en moi toute velléité critique.
Putain c'est bon. La fin m'a bien fait marrer. Très sympa comme texte.
Et l'image en parfaite.
La ferme, t'es en train de conforter Dourak dans ses choix d'images de merde. La page d'accueil, avec ça, on dirait la forêt de Fontainebleau.
C'est sûr, dans le genre sombre et désespéré, on fait mieux. Mais ces deux glands sont tout de même très érotiques. Et pis ils me rappellent le crâne luisant de quelqu'un que j'connais.
Je viens d'achever la lecture du texte sur le trône - c'est là que je lis le mieux, juste pour faire plaisir à Bertrand Russell. Terrible. Merveilleux. La mise en place n'en est pas vraiment une. Pour moi, tout le début est indispensable. Ca fait monter la sauce. L'apothéose finale n'en est que plus savoureuse. J'adore les détails annexes à l'intrigue, qui rendent le tout sautillant, vivant, à hurler.
Et encore une nouvelle occurence de l'automutilation de la bite, et encore des passages procéduriers avec des instructions Ikéales : "je colle l'embout A dans l'emplacement B et je visse la cheville Xzz dans l'embouchure du delta du plan de gauche un peu à droite comment ça t'as pas la cheville Xzz mais si tout en maintenant fermement le tournevis GZZ dans ton cul salope. Ikéa vous remercie de votre achat et vous souhaite beaucoup de bonheur et plein de petits bébés tournevis".
Enfin là ça va c'est moins lourd que d'habitude. Et sinon c'est très excellent, surtout raconté avec la voix de Ned Flanders.
Sympa, mais c'est loin d'être le plus marrant. je sais pas pourquoi mais j'ai pas particulièrement accroché à celui là.
C'est peut-être parce que le ton employé au début est tellement efficace dans l'insupportable que ça m'a pas mis dans de bonnes conditions. Sinon la fin reste bien quand même, mais j'aurais voulu un peu de developpement sur les autres gros sacs de la cérémonie, parce que du coup, ça va un peu vite à mon goût.
j'ai bien aimé, ça fait très réaliste, c'est marrant, en plus j'aime pas les gros
La taille ça compte, t'as bien raison.
Sinon je tiens à dire que je suis d'accord avec Ange, c'est un texte très réaliste. Très.
Contente que le narrateur creve avec sa paire de couilles artificielles.
j'aime bien l'image, c'est joli. le texte on verra accessoirement plus tard,là c'est ma prothèse cérébrale qui s'en est chargé apparemment.
Ouais mais ta prothèse à rien douillé, en fait le narrateur s'évanouit simplement, d'après le texte, et ses couilles sont indéniablement organiques, la preuve, elles font *florpsl* en tombant, pas *ponk*.
Donc tu peux lire le texte aussi.
Gros comme la Pangée.
J'attends de voir l'évolution avec un texte-laurasie.
Surpris par la qualité du texte.
Jusqu'à Ô MES SŒURS.
Après, c'est lourd et chargé.
CMB quand j'ai trop bu.
Ouais, ça colle.
CMB aussi.
Ce texte est très drôle. Exercice périlleux, que celui de se glisser dans la tête d'un débile profond, et là, c'est réussit, y'a pas. Très cohérent, du début à la fin.
Complètement débile, ça fait du bien.
Bordel de merde.. Voilà que j'm'emporte.