LA ZONE -

Komakino

Le 21/07/2008
par Narak
[illustration] A quelques rues d’ici des animaux de sept ans pataugent dans une mare d’essence vénéneuse. Ils ne crient pas, ils ne rient pas non plus, bien évidemment.
J’ai vu l’un d’entre eux se faire casser le poignet à coups de manche à balai l’autre soir. On a entendu les autres piailler, courant dans la broussaille. Quelques minutes plus tard ils avaient tout oublié. Ils ont cueilli les fruits d’un sac en plastique et ont écrasé le nez dessus en faisant couler le jus sur leurs genoux
Ces gamins me dépriment. Il y en a partout, je ne pourrais même pas dire combien ils sont. Une centaine dans toute la ville, peut-être plus. Et ils ont tous les mêmes yeux grisâtres remplis de fumée. Des yeux cernés de fantasmes sauvages et nerveux. Souvent j’en vois d’autres qui attendent en bas des immeubles avant de devoir traverser la route, à découvert, pour chasser dans les rayons abandonnés d’une épicerie.
Quelqu’un m’appelle par un nom que je ne reconnais pas, je fais plusieurs pas en arrière sans me retourner pour revenir à l’intérieur. Les façades des bâtiments sont recouvertes par une fine croûte de poussière crasseuse. La ville entière a pris la couleur de ruines antiques, entre la pierre et la rouille. Parfois on peut voir un échiquier brun apparaître, la terre morte, là où des siècles, des mois, quelques jours plus tôt, on aurait pu voir des immeubles.
Et il est toujours midi, chaque fois que je me lève et chaque fois que je me couche, le ciel est toujours bleu.
On jette un ampli de guitare encore branché par une fenêtre du deuxième étage. J’ai le temps d’entendre un larsen strident avant de devoir faire un écart pour éviter de me faire broyer une cheville. En touchant le sol il rebondit presque, sans se briser, dans le goudron fondu. Le larsen s’arrête brusquement. Lorsque je relève les yeux les gamins ont disparu et deux autres habillés de cuir descendent la façade avec des masses de chantier.

Dans le hall de notre hôtel de plus en plus de déchets s’installent depuis que les plombs ont sautés. Ils préfèrent rester avec nous et s’entasser à trois sur le même fauteuil que de monter dans les chambres à l’étage. Elles sont toutes orientées face à l’autre hôtel construit à coté. La ruelle qui les sépare est tellement étroite que le soleil n’y brille que pendant une heure ou deux, avant de se coucher derrière la verrière dévastée de la gare. La perte totale des références temporelles. Je ne sens pas le temps donc le temps n’existe pas.
L’éternité dans une chambre d’hôtel vide.
En se penchant sur les rambardes forgées des balcons on peut presque toucher les fenêtres d’en face. Je les soupçonne de ne pas vouloir aller dans ces chambres à cause du noir. Il y a une semaine nous avons envisagés de nous installer sur le toit pour ne pas les avoir dans nos pattes, mais ne sommes pas revenu dormir ici depuis. La question ne s’est plus posée.
L’un d’entre nous demande, non ordonne, à ceux qui sont vautrés derrière le guichet de dégager. Personne ne répond. Le comptoir est saturé de strychnine et de lactose. Il saute par-dessus, la lumière faiblit, il se penche sur l’un, l’autre, et passe ses mains sous leurs manteaux. Je m’entends alors demander s’ils sont vivants mais je n’écoute pas la réponse. Il continue de fouiller leurs poches. Trois minutes plus tard il nous rattrape en bas de la rue, les poches pleines de Marlboro Light.

Nous conduisons la v/v/v/o/i/t/u/re et la vi/eille souche grignote des Tranxène sur la banquette arrière en observant la route défiler en sens inverse. Comme une poétesse en état d’arrestation.
Elle/n’est/pas/en/état/de/con/duire/elle/a/eu/un/jour/par/des/gens/comme/nous/beaucoup/d’ennuis/mais/là/tout/va/bien/tout/va/bi/en méfi/ons/nous/la/nu/it/bra/ves/am/is. Elle postillonne des effluves narcotiques anesthésiantes, nous sommes à sa merci. Le conducteur braque un fusil imaginaire sur elle en se tortillant sur son siège. Le moteur cale, la voiture continue.
Le bien-être ruisselle de chaque pore de nos peaux, s’effiloche et se délie comme des milliers de petits cheveux sur le plastique sombre du tableau de bord et plonge sous nos paupières en vagues synthétiques. La fumée de ma cigarette tisse quelque chose d’immobile, pourtant les ventilateurs sont allumés. Ma nuque me fait mal quand je tourne la tête vers les autres occupants de l’habitacle et nous nous sourions. Nous savons tous que notre groupe aura éclaté avant le début de l’été, peut être même avant minuit si j’ai de la chance.
Il y a quelques minutes, l’air s’est progressivement solidifié.
Dans le ciel l’orage, et l’orange, et le rose polaire, et les traînées d’eaux, là bas, sur l’horizon. La chaleur retombe sur l’asphalte et sa sueur coule dans les caniveaux.
Nous arrivons au centre ville alors que la soirée est déjà entamée.
Avec la fraîcheur, la faune sort des caves et descend dans les rues. Il en vient de partout. Les tours au nord résonnent de rires. L’endroit désert dans la journée devient tous les soirs un point de ralliement, le théâtre des opérations. Après un virage vers la rue principale, le conducteur fait une embardée pour éviter un barbu noir qui, emmitouflé dans ses couvertures, nous jette une bouteille de vieux rhum sans s’arrêter de danser. Il est acclamé. Des fous. Tous accrocs à des drogues qui n’existent plus. Un enfant recouvert de merde menace ce qui semble être son père en hurlant. Les femmes parées de plumes de coqs et recouvertes d’encre, les poches pleines de petites cuillères brûlées des dizaines, peut être des centaines de fois. Qui sait ? Pas elles en tout cas. Des épaules puissantes qui promènent des crânes rasés pleins de cicatrices. La masse s’écarte inconsciemment. Et les feux. Autour d’une épave en flammes certains tendent le bras avec précaution pour allumer leurs cigares. Un chasseur osseux, armé d’une lance de tungstène de trois mètres interminables regarde notre épave chromée passer. Le conducteur lâche le volant pour le prendre en photo avec son portable, photo qu’il envoie aussitôt à son ex qu’il n’a pas vu depuis une demie décennie. Je ne retiens pas un mouvement d’humeur et m’allonge, contrôlant quelques secondes avant le crash. Puis quelques rues plus loin, le calme de nouveau. On pourrait presque prendre ça pour du silence. Nous aurions pu rêver.
J’abaisse la vitre tandis que nous nous glissons sous une autoroute silencieuse.
Au dessus, d’autres mecs hilares se concertent et désignent des cibles sur lesquelles ils plongent sans pitié après avoir passé la rambarde.
L’un d’entre eux brandit une caméra.
En remontant dans de petites rues, le conducteur fait onduler la voiture comme un serpent animé par des pieds nus, percés à la seringue entre les orteils.
Un fakir. Un fakir sur l’embrayage. Précisément excité.

Pour un peu, j’en oublierais presque d’acheter des clopes.
Je fais signe d’arrêter la voiture devant un kiosque, descends par la fenêtre, sort un billet en marchant que je jette dans le tas de magazines, personne, je me sers directement un paquet au hasard, deux, demi-tour, puis au bout de trois pas, je reviens en prendre quatre autres que je fourre dans mes poches et me mets à courir vers la voiture / qui avait disparu.

J’avais enfin le temps de tranquillement faire griller une cigarette.

Même les paranoïaques ont des ennemis.

Toute ça ressemble beaucoup trop à une agonie.

Je connais tout, j’ai tout vu d’ici, et je m’ennuie. Ces temps ci chaque fois que j’observe les choses autour de moi j’ai la certitude que c’est pour la dernière fois.
Je me sens terriblement normal et je crois que j’aime ça.

J’erre quelque temps sur une place dallée, entre des murs de verre je traverse des jardins zen recouverts de moisissures, et derrière moi je sème des mégots pour ne pas me perdre.

Averse.

Je tente d’éviter le regard de trois grandes chiennes chinoises qui descendent la large strasse. Elles portent des robes en latex blanc / rouge / noir / leurs perruques / des anneaux chromés. Leurs langues frottent leurs dents fines quand elles sourient.
Elles ont les yeux hagards, perdus. Une grosse bouteille est plaquée par le latex de la robe, tout contre les côtes de la petite. On m’a déjà dit que ce genre de fille se balade toujours avec des pointes d’acier chirurgical qu’elles utilisent pour se maquiller / et elles crèvent les yeux des enfants ?
Elles se rapprochent encore en longeant les grillages du bord de la rue. Celle qui parait être la plus jeune fait claquer son pouce sur sa joue en me désignant du menton puis elle se mets à me parler / trop vite pour que je comprenne / mais apparemment elles veulent que je la suive. Je ne réponds pas, mes pieds sont devenus subitement des entités fascinantes. Elles me suivent doucement. Dans le doute je lui tends une cigarette qu’elle prend sans s’arrêter. Je fais plusieurs fois sa taille. Sa peau a des teintes spectrales irisées. Une métisse. Probablement malade. Tout cela pourrait être tellement divertissant pourtant. Les autres roulent des hanches et ont l’air de s’impatienter. Elle m’attrape la main et je serre la sienne beaucoup trop fort.

Dites à leurs familles qu’elles me manqueront.

Après-minuit d’apesanteur. Après m’être vaporisé sur des centaines de mètres, je remonte la file d’attente. On me dévisage, sans me reconnaître.

Une foule frigorifiée se presse / pour entendre les carillons glacés et décharnés qui coulent en cascade sur le marbre / Leurs pieds baignent dans le son mais ils les regardent à peine. On n’est pas là pour ça.
Des projecteurs bleus isolent certains individus / misanthropes stroboscopiques /
C’est l’habituel carnaval des élites qui reprend chaque soir /
Ils boivent de l’absinthe dans de grands verres triangulaires en cristal rose qu’ils font tinter pour ponctuer des conversations superficielles /
Au même moment je retrouve le vinyle multicolore, comme des armures de chitine sur les femmes / L’Electrique/Hypnotique est partout / Sur les murs d’autres lisent les pages d’une thèse de cybernétique punaisés au hasard tout en s’injectant / se patchant les toxines les plus violentes et les gens dansent comme si c’était la fin du monde / Tout cela ressemble trop à une agonie / et même ma peau sent le bois brûlé / et la musique mute dans une sorte de menuet futuriste et assommant de neutralité / Je m’épuise / vers les tables / On a rempli des plats de saumons entiers / gras et rutilants / entourés de légumes fins et de crèmes allégés / La nourriture manque / on mange donc ce que l’on trouve / Depuis que les magasins ont tous été pillés on ne trouve plus que ces sortes de choses / Il n’y a que l’élite pour digérer les ovules de poissons morts / Le barman viole un singe apprivoisé qu’il maintient au bout d’une laisse / les cris déchirants et comiques font rire tout le comptoir / Le dernier panthéon sera le plus joyeux semble t’il / Ils sont là les enfants chéris des dieux / Ils remplaceront les vieilles icônes comme ils le font déjà / Déjà le monde retient sa respiration quand deux d’entre eux se rencontrent et un battement de leurs paupières dure deux cent mille ans / Je regarde le singe un moment / Je m’en éloigne finalement sans me retourner comme c’était à prévoir / Je m’assois face à quelqu’un qui me ressemble un peu et lui fait signe de me laisser boire dans son verre / Il fait glisser une cuillerée de gélatine sucrée entre ses lèvres et saupoudre son assiette avec une salière de porcelaine sur laquelle est gravé / Cocaïne / Je fronce les sourcils / Il me sourit comme mon meilleur ami d’enfance et me répond / Lithium / Puis il éclate de rire en se tenant le ventre satisfait de sa blague / Je serais vous je ne toucherais pas au poivre /
Il me dit son nom / Je ne l’écoute plus / J’ai connu celui-ci il y a longtemps / Il est plus jeune que moi / Plus beau que moi / Plus souple que moi / Meilleur que moi / Il parle tellement bien que je pourrais en pleurer / Sa voix est sinistre et traîne derrière elle des échos, comme la condensation dans la trajectoire d’un réacteur / Je me dégoûte soudainement / J’ai une vague envie de mourir en le regardant / Porter un pantalon en serpent comme le sien c’est comme hurler au milieu de la foule / Baisez moi je vous en supplie / J’aurais pu l’écraser rien qu’en le regardant quelques temps avant tout ce merdier / Mécanisme de défense : Je lui arrache son champagne et disparaît dans la foule / Une fille me crie que j’ai encore perdu le contrôle et je lui répond par un vomi de fumée / la gueule grande ouverte comme un dragon foutraque / la nuque désarticulée et branlante / Hystérique j’attaque l’insecte avec une fourchette mais elle me repousse et appelle un homme / Je disparaît dans le long d’une autre table / Je décide de me rapprocher du noyau autour duquel tout ce beau monde gravite / L’agressivité monte et je la sens comme si des flèches passaient entre mes côtes / les néons blancs éclatent les uns après les autres / déchirants des gorges qui hurlent et pendant ce temps de fines particules probablement radioactives se collent dans mes yeux / dans les yeux des autres / me faisant pleurer des litres de larmes / Quelqu’un me gifle violemment mais je poursuis sur mon élan et m’effondre lamentablement au bord de la scène.
Une aiguille se plante dans ma paume et y trace une seconde ligne de vie. On me relève et me chope les épaules en les dirigeant vers le spectacle.

Terreur et technologie. Des vulves dégoulinent depuis des heures maintenant sur des hampes et des pistons de métal. Les machines jaillissent sur sol, des murs, du plafond, de partout, et se rejoignent au centre, et rencontrent la viande nue, et violent aveuglément tout ce qu’on leur tend. Les filles s’assoient sur des bras mécaniques qui les soulèvent brusquement en les faisant hurler de douleur, se branchent sur des générateurs qui alimentent leurs micros et leur pulsent des électrochocs mortels de plusieurs milliers de volts, droit à travers les organes. Leurs muqueuses et leur viande fondent et grillent dans la même microseconde. La sono retransmet les cris, les halètements, les supplications, les remerciements assourdis par la rumeur d’usine. Une bête balafrée, plaque son anus hermétiquement recousu contre une prise murale qu’elle vient de fracasser. Elle s’empale sur une tige de cuivre qui la fend jusqu’au nombril en grésillant. L’électricité la possède et comme si elle cherchait une voie de sortie, fait tressauter le corps éventré dans toutes les directions. La fille est morte, bien sûr, mais continue de frotter et de tortiller son cul contre le mur gluant. Un homme avec une raie sur le coté s’enfonce un levier dans la gorge en se masturbant. Il l’actionne au moment de jouir et une presse hydraulique lui broie le bassin. J’entends ses os claquer. Ses jambes ressortent comme des branches d’arbres, dégouttantes de sang. Il jouit bruyamment mais son sperme ne jaillit pas et va se perdre, j’imagine, dans la poche de sang qui lui grossit les couilles. Une autre baise dix machines toutes ensembles à s’en écorcher. Une belle brune sodomise son mari couché sous elle. Puis elle l’étrangle. La gamine à ma gauche semble être une simple allumeuse jusqu’au moment où elle écrase ses grands yeux sur d’énormes allume-cigares, son grand frère s’autosuce devant un groupe d’amis de ses parents qui prennent des photos ou appellent des gens au téléphone, venez vite voir ça ici. En réalité, Le gosse s’est profondément enfoncé une lame de rasoir dans l’urètre et il essaye de la récupérer. Quelqu’un se sépare du groupe, un marqueur à la main et lui écrit le long de la colonne vertébrale OUROBOROS en riant. D’autres applaudissent… Le dessinateur se fait faucher par une barre d’acier pendant sa révérence et meurt sur le coup. Derrière la scène, des techniciens nus mis à part leurs lunettes noires de protection contrôlent les mécanismes, passent la serpillière, jouent du synthétiseur, éjaculent au hasard. Au contact du sperme bouillant, les glaces des projecteurs craquent. J’ai déjà vu ce spectacle il y a quelques mois. Je ne me souviens plus de la fin, mais les comédiens ne sont plus les mêmes qu’avant.
Je m’appuie contre un projecteur de cinéma et la foule se fend en deux pour laisser s’approcher un hermaphrodite nu. La foule s’est rendue compte depuis longtemps que tout était vrai. Bien que l’ensemble continue d’apprécier, certains deviennent nerveux. Son corps bouge trop lentement, comme une danse ou une sorte de parade. Un cercle se forme autour de lui, il sourit et montre ses seins parfaits. Avant même que je n’aie réalisé à quel point les visages étaient menaçants il a sauté, la cuisse levée au niveau de son épaule comme un danseur balinais, fauché la nuque d’une fille, et lui a écrasé les cervicales avec l’arrière de son genou plié. Je recule avec la foule contre la scène.

Choc.
Flash.
Crépitations.

Je tombe à genou pendant que les techniciens frappent dans la foule compacte et apeurée. Ma tempe. J’entends mon cœur, loin, très loin, irrégulier. Les pieds se pressent autour de moi et m’écrasent. Je tente de me relever mais à la même seconde, les fouets électriques frappent de nouveau. Les hurlements partent, la masse se serre encore. Je donne de grands coups d’épaule pour voir ce qu’il se passe. Le troupeau acculé vers la sortie tente de sortir mais les portes ne s’ouvrent pas. Dans le noir, la salle ressemble à une mer grouillante, un banc de poissons se protégeant des requins. Sous leurs lunettes les techniciens ne trahissent aucune émotion. Froid, silencieux, chaque geste semble chorégraphié pour être efficace et les amener vers une autre cible. Ils évoluent aisément, sans efforts en s’observant mutuellement du coin de l’œil.

Une petite main, m’attrape.
Je suis le mouvement, je crois que je saigne maintenant.

Quelques heures plus tard je me retrouverais dans une voiture inconnue, encore.
Avec perchée sur moi une animale inconnue elle aussi, des cheveux longs et bruns. Des yeux vert laser. Et la neige partout autour de la voiture, forcément carbonique parce qu’il ne neige jamais. Elle et moi, nous regarderons par la vitre tandis que les humains courent et tentent de s’échapper. Le soleil sera jaune et malade. On restera là un moment, sans parler évidemment. Elle finira par partir sans se rendre compte que je lui ai volé ses cigarettes.

Après cela, je suppose que j’aurais envie de m’égorger avec la glace du rétroviseur brisé.
Pour échapper à tout ça.
Probablement.

= commentaires =

El Duc
    le 21/07/2008 à 19:00:53
Bon à savoir que Narak est un de mes deux auteurs favoris sur ce site. Mais là je sais pas bof quoi.

J'ai pas encore tout lu, ça me parait vachement pompeux et je suis en vacances bande de putes.
Je me suis arrêté à strychnine parce que je comprends pas le mot.

Sinon le fait que ça parle de gosses "zombies" me plait, j'adore les morveux quand ils sont inquiètants.

Mais le style reste toujours putain de pompeux surtout l'intro genre : "mare d’essence vénéneuse" putain mais c'est laid ça, franchement quoi
"Ils ne crient pas, ils ne rient pas non plus, bien évidemment." Pourquoi bien évidemment ? Et ma bite dans le cul de ta mère c'est évident çà ?

Non je sais pas, je suis vachement déçu pour du Narak, je m'attendais à mieux.. Bon je lirais le reste quand même si ça se trouve le reste est très bien, mais ça a toujours un début de chiottes pompeuse COMME TA BOUCHE SUR MA BITE !
nihil

Pute : 1
void
    le 21/07/2008 à 19:16:36
Bon le passage qui m'a moins plu, c'est celui qui commence par "Une foule frigorifiée se presse", où ça devient franchement lourd du cul. Je veux dire, un texte principalement basé sur l'ambiance avec un style proche de la poésie en prose, faut qu'il soit fluide sinon je décroche. Là j'ai failli décrocher. Ca aurait été con, parce que le paragraphe suivant est complètement dantesque.

L'ensemble est baigné dans le flou artistique, c'est un choix. Moi j'aime la précision, mais là c'est tellement riche que ça m'a pas dérangé. L'écriture est assez neuve, originale, l'ambiance très travaillée. Les personnages sont des pantins sans psyché, juste des éléments de décor. Bref, l'ensemble est complexe à aborder, faut un peu s'accrocher par endroits, mais ça mérite l'effort. J'ai déjà envie de le relire.

Commentaire édité par nihil.
LH
    le 21/07/2008 à 19:29:31
Ce texte est un bijou, je veux faire des bébés à Narak.
J'ai adoré.

"On jette un ampli de guitare encore branché par une fenêtre du deuxième étage. J’ai le temps d’entendre un larsen strident avant de devoir faire un écart pour éviter de me faire broyer une cheville. En touchant le sol il rebondit presque, sans se briser, dans le goudron fondu. Le larsen s’arrête brusquement. Lorsque je relève les yeux les gamins ont disparu et deux autres habillés de cuir descendent la façade avec des masses de chantier."
Pourquoi une cheville ? C'est sur la gueule que ça tombe normalement non ? (dommage parce que j'adore ce passage)
Strange

Pute : 0
    le 21/07/2008 à 23:04:59
C'est froid et camé. J'ai a/d/o/o/o/r/é. Ça se sniffe et ça se relit, joie et félicité, joie et félicité. Le fait qu'on nous annonce "ATTENTION : AMBIANT" aide à la digestion. J'ai lu comme tel, et j'ai savouré les effluves comme avec ma chicorée.

Le texte entier m'a donné l'impression d'avoir mixé du LSD avec du speed. Merci, c'est très agréable, 29€99/mois, avec Free c'est tout compris.
Ces "v/v/v/o/i/t/u/re" retranscrivent très bien des distorsions soniques stupéfiantes et les fractionnements hallucinatoires. Très bien aussi, ce passage des vagues de petits cheveux et du bien être. Je suis vraiment conquise par ces images, qui me parlent ALORS QUE J4AI BU QUE DE LA CHICORÉE.
Passons, on va encore croire que je suis une jeune dépravée avide de plaisirs malsains.

DONC le texte et l'ambiance, très peu colorée et très froide.
Le paragraphe de la lame de rasoir dans l'urètre m'a fait mal à la sensibilité. C'est très bon, mais je ferme les yeux habituellement, ce qui ne m'a pas été permis ici, PUISQUE LIRE UN TEXTE SANS LES YEUX C'EST COMPLIQUE. D'ailleurs en parlant d'yeux, rajouter encore un peu plus d'images auditives, ça aurait été encore plus plus mieux.

Au niveau de l'écriture.
J'ai trouvé ça globalement très compréhensible, très clair tout en restant onirique, ce qui est quand même bien. Contrairement à certains, j'ai pas trouvé ça particulièrement lourd du cul. Quelques phrases obscures néanmoins, que j'ai mises sur le dos d'une absence d'imagination de ma part, ou pas :
- "Ils ont cueilli les fruits d’un sac en plastique et ont écrasé le nez dessus en faisant couler le jus sur leurs genoux". Wtf ?
J'ai la flemme de re-relever, en fait. Mais quelques tournures m'ont laissée un peu pantoise. Pas beaucoup. Un peu moins que les doigts d'une main, je crois.
J'ai trouvé assez peu utile l'emploi quasi-systématique du terme "animal" pour désigner les gens qui jalonnent le texte, ça fait un peu forcé pour dire "CE SONT DES BÊTES V/V//V/V/V/V/V/O/Y/E/Z VOUS, VOUS AVEZ BIEN COMPRIS ?".

Je crois que tout d'un coup j'ai plus rien à dire, mais peut être pas, adieu.
Narak

Pute : 2
    le 21/07/2008 à 23:06:56
Le Duc, t'es effectivement plutôt mal barré pour lire mon texte vu que dans ma tête "mare d’essence vénéneuse" c'est l'image qui m'a fait écrire et qui résume presque le texte pour moi.
Strange

Pute : 0
    le 22/07/2008 à 00:37:57
AH OUI, et chose assez rare pour être soulignée : la fin est bien. Très.

Non, je lui lèche pas le cul, j'ai juste vraiment aimé, faites le silence.
Konsstrukt

Pute : 0
    le 23/07/2008 à 15:14:31
je n'ai lu que la première phrase. elle m'a tué. je reviendrai très vite, quand j'aurais le temps. j'en frétille d'avance.
Mano

Pute : 0
    le 23/07/2008 à 15:51:38
Scotché. Je suis accroché. Revenu dans le meilleur de Liberatore et de Hard Boiled de Miller. Avec du Burrought au passage. Et du Narak, car le tout reste original. Bravo. Que du bon.

Le seul truc qui m'a fait tiquer c'est la neige "forcément carbonique" que j'aurais vu "carbonique forcément" et j'en suis même pas sur... alors tu vois.

Respect total Narak, j'ai passé un moment excellent.
LH
    le 23/07/2008 à 16:07:30
Je le relis encore aujourd'hui.
Ca se relit avec plus de plaisir que la première fois bordel.
Konsstrukt

Pute : 0
    le 27/07/2008 à 10:16:13
très belle écriture, très bon texte d'ambiance, mais ça me touche pas. il y a des tournures marquantes, pourtant, et des scènes très vives, mais, je sais pas, ça me touche pas.
Narak

Pute : 2
    le 28/07/2008 à 16:52:12
Sinon, Burroughs effectivement. Je suis un bon copieur.
Konsstrukt

Pute : 0
    le 28/07/2008 à 17:52:31
(faut faire gaffe à burroughs. avec prévert et bukowski, il fait partie des gars faciles à copier, et bordel que c'est dur de s'en défaire. reste toujours la méthode proust, toujours efficace et prophylactique)

(ceci dit, c'est bien d'aimer ses propres textes)
OCTOBLAH
c'est beau;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;    le 10/08/2008 à 12:58:02
E-Motion t-r-ans-mi-s-e--_-M-E-R-C-I
En grève
    le 04/11/2009 à 21:08:33
Putain, je t'aime!
Le paragraphe avec les ptites nanas qui s'empalent sur des machines, ça me rappelle un autre texte de je sais plus qui, et j'aime pas!

= ajouter un commentaire =