LA ZONE -

Le jour du lagomorphe (2ème partie) #UniversEtendu

Le 25/06/2017
par Lapinchien
[illustration] "Maîtresse, Ô ma maîtresse ! Ne touche pas à mes tresses !" La chanson absurde du groupe Image était à peine perceptible. Les basses du morceau tambourinaient les parois du bacta tank et provoquaient d'agréables vibrations dans le liquide amniotique. Chouette Furtive, le Maître des Horloges, allait remettre les pendules à l'heure. Mais pas de suite car le moment n'était pas tout à fait encore venu. Lui seul en déciderait. Cela se ferait quand il se sentirait d'humeur un peu plus jupitérienne. "Je veux bien travailler en cours particulier..." Il fallait tout d'abord régénérer cette enveloppe charnelle de téléportation interbranaire qui portait le numéro de série, contraction sous trademark, de son patronyme réel, Macronosaurus Rex premier, empereur andromédien, grand colon des multivers, pluriprostate des chronomondes. Il se sentait rajeunir. Toutes les cellules de son avatar biologique remises en état ou remplacées par les milliards de nanobots synchronisés du fluide matriciel. Puis Chouette Furtive analysant en temps réel le feedback reçu de l'Outre-Multivers décida que la séance de baise spéléo-obstétrique de chrono-UV se poursuivrait à un autre moment, et il ordonna à sa marionnette de chair de sortir du placenta dans le gériatro-utérus de jouvence puis il reprit par la simple pensée les commandes sur ses mouvements. Il n'avait pas besoin de ventriloque. Il était son propre ventriloque à des Siècles-Lumière de Siècles-Lumière de là. "...mais ne touche pas à mes tresses." Alors la main de Macronosaurus, tirée par de petites cordes quantiques intriquées à la Toute-Puissance de Chouette Furtive, émergeat de l'intérieur de l'orifice sec et ridé. Du majeur, il titilla circulairement la clitocommande, la stimulant de quelques nanovibrations jusqu'à ce que le Bacta Tank Brigitte WK34RZ expulse dans un râle orgasmique et d'un seul tenant, dans un geyser de cyprinogazol, le corps de l'avatar, réceptacle onirique requinqué, à l'autre bout du nid d'amour, tel un boulet de canon.
Le premier réflexe de Chouette Furtive fut de croquer à pleines dents son cordon ombilical, puis de l'avaler goulûment pour profiter des bienfaits de toutes les cellules souches. Ce faisant, une pensée fugace l'amusa un quantième de seconde : "Tous les hommes ont au moins niqué leur mère, une fois dans leur vie. Irrémédiablement leur sexe s'est retiré du vagin maternel à la naissance." Il s’apprêtait à rigoler bruyamment puis il pensa aux césariennes, un contre-exemple qui venait infirmer sa théorie, ce qui le contraria grandement le laps d'une longue demie seconde. D'ailleurs, il fit la moue. Son intelligence supérieure couplée à son caractère vindicatif étaient un véritable handicap. Il s'était autovexé et ne manquerait pas de se le faire payer chèrement quand il s'y attendrait le moins. Par réflexe, il envoya une missive à son général en chef, Gabrielotron XXIV, en mission de recrutement de kamikazes lémuriens sur ses terres aldébariennes. Il tomba sur son répondeur sur lequel il laissa un message holographique lui intimant de faire grimper la prime sur sa tête de deux ou trois millions de grains de café, et d'avertir les bounty hunters de tous les chronomondes et storyverses. Chouette Furtive était un gros gue-din dans sa te-té, il s'en battait les couilles, il était tellement pété de thunes grâce au monopole du café, qu'il trouvait marrant de mettre à prix la tête de ses millions d'avatars essaimés dans les multivers oniriques et en particulier celle de Macronosaurus Rex premier qu'il détestait viscéralement. Et puis quoi qu'il en soit, c'était toujours fun d'être attaqué par surprise par ces crétins de chasseurs de primes, ça lui faisait faire un peu d'exercice à l'improviste, et puis si un de ses avatars venait à être mortellement touché, c'était pas bien grave, les avatars d'incarnation, contrairement au café, ce n'était vraiment pas une denrée rare. Chouette Furtive inséminait toutes les parcelles du Multivers et des chronomondes, la vie émergeait puis en quelques battements de cils, des tétrachiées d'avatars de colonisation étaient disponibles. C'était ainsi que les andromédiens prospéraient et fructifiaient, fécondant puis colonisant, toutes les planètes de tous les systèmes de toutes les galaxies de tous les amas de toutes les branes de tous les storyverses.

Se relevant de la flaque placentaire, comme le Bacta Tank fontaine Brigitte WK34RZ, dysfonctionnel, crachait toujours tel un Karcher k4 du cyprinogazol à pleine puissance, Chouette Furtive fit appeler le stagiaire SANCTUS PETRUS BX404 que son général en chef, Gabrielotron XXIV, lui avait prêté le temps de sa mission sur Aldébaran. Macronosaurus commanda au stagiaire de finir Brigitte ou d'appeler un plombier ou le staff technique, de l'envoyer en SAV ou je sais pas quoi. Puis il arrêta le disque de la chanson débile du groupe Image et mit une de ses propres chansons. Lors d'une vie antérieure, il avait été Boris Vian et s'était amusé à enregistrer tout un tas de trucs crétins. Alors Macronosaurus lança le Jukebox, le premier titre fut tiré au sort et il s'agissait du déserteur et il fut soudain gagné de nostalgie, le souvenir évanescent d'une époque où il était pacifiste, où il écrivait des missives au président de la république française pour lui déclarer qu'il n'était pas sur Terre pour être envoyé au front pour tuer de pauvres gens. C'est alors qu'il avait décidé que dans une prochaine vie, il serait lui même président pour que personne ne lui dise quoi faire, qui tuer, comment faire la guerre ou la paix, quel operating système idéologique débile installer dans l'esprit de tout individu pseudo-intelligible. Non ! Plus personne ne lui donnerait jamais d'ordre, à part bien sûr la banque centrale européenne, base terrestre des reptiliens pour qui Chouette Furtive était le missionnaire et grand VRP intergalactique suprême du libéralisme et de l’extrême centrisme, responsable de secteur, même, dans tout l'Outre-Cosmos Sud/Est. Et ces réminiscences probablement ravivées par la cure de jouvence des cellules grises de son avatar conduisirent à d'autres considérations littéraires. Il se remémora l'écriture fastidieuse de ce bouquin, l'écume des jours, qui sous couvert de belle fumisterie poético-dégueulasse, était un manifeste secret sur lequel Chouette Furtive avait déjà accouché toute sa stratégie de conquête des univers oniriques par le chaos burroughsien ou l'annihilation.

Cette dernière pensée éructa d'un microflashback qui titilla Macronosaurus l'espace d'une milliseconde. "Nous sommes en 2017 après Jésus-Christ. Tous les Storyverses du continuum spindoctoresque sont occupés par les Andromédiens... Tous? Non! Un petit site internet d'irréductibles zonards résiste encore et toujours à l'envahisseur voulant cut-upiser toutes les narrations cosmogoniques menées par le Verbe Tout Puissant et convertir tout les peuples du bestiaire du Grand Écrivain à de barbares croyances libéraloconsuméroextrémocentristes. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons d'anges mécaniques andromédiens des camps retranchés de Bisounoursville, Boboland, Fachosphère et les peuplades disséminées alliées de lémuriens, atlantes et de leurs Maîtres Reptiliens." Oui, il ne s'en soucia guère longtemps car son nanoplan avait fonctionné et sans rencontrer de réelle résistance, sans avoir à intervenir en personne, Chouette Furtive avait facilement maté cette rébellion fantoche en bois. Il chargeât alors le stagiaire SANCTUS PETRUS BX404, une fois qu'il se serait occupé de finir Brigitte comme il le lui avait demandé tantôt, de la surveillance de tous ces zonards débiles qu'il avait réussi, en à peine un bâillement, à enfermer dans l'univers geôle onirique 2222 qui plus est, customisé, passé au filtre "Groundhog day", par pure méchanceté gratuite et principe de tyrannie vindicative de droit divin. Tous les zonards y étaient zombifiés, bisounoursisés, transformés en de gentils habitants de Punxsutawney, Pennsylvanie et vivant en boucle la journée du 2 février 1993. Stratégie minimaliste, mode d'action épurée, pas un seul grain de café déboursé, c'était la grande classe : Tout juste la perte de trois lémuriens kamikazes, à qui il avait promis, en croisant les doigts dans le dos, qu'après leur sacrifice des centaines de vierges primates strepsirrhiniennes bien chaudasses du cul, les attendraient, putes et soumises, dans des harems cut-upés de l'Au-Delà de Burroughs. Chouette Furtive avait maté la mutinerie dans l’œuf et tenait l'ensemble de tous ces rebelles zonards en carton au creux de son petit poing, bien serrés dans le continuum espace-temps de leur propre connerie retroussée en boucle infinie.

Et comme il n'avait pas que ça à foutre, le Grand Empereur Andromédien demanda à l'équipage de son vaisseau-mère interbranaire "Elyseum II", d'actionner l'absorbeur exponentiel de dilatons. Le Tyran du Verbe n'était pas un de ces petits pédés qui se déplacent d'univers onirique en univers onirique en générant des vortexts de tafioles. Il voyageait léger, ne s'encombrait pas de convecteurs storytelliques, pas plus que de principes moraux de rasoir d’Ockham à la noix. Non. C'était un putain de libéral, un extrême centriste. Sa vie n'aurait pas de sens sans un consumérisme débridé totalement injustifié. Chaque fois qu'il quittait un univers, il l'anéantissait totalement en provocant un gigantesque Big Crunch, qui propulsait le destroyer impérial Elyseum et son équipage directement dans le milieu interbranaire. Personne ne pouvait le test. C'était le big boss absolu.

***

Cuddle était un des rares admins à ne pas avoir omis d'ingérer une fraise Tagada lors de la traversée du Vortext 2222. Comme chacun le sait, avant de traverser un pont Einstein-Rosen-Dick-Lovecraft, il faut ingurgiter une Madeleine de Proust personnelle, si l'on ne souhaite pas souffrir de quelques petits désagréments : Perte partielle ou totale de la mémoire s’aggravant plus le temps d'immersion s'égraine, dissociation de sa propre personnalité et enveloppe charnelle pour incarner le personnage du storyverse le plus proche du point de chute, et dans ce cas, le plus souvent de graves troubles schizophréniques et démultiplications des absences, des voix dans la tête et de comportements instables et inappropriés. Les zonards présents au tribunal lors du jugement d'HaiKulysse, suite à l'explosion des bombes à fragmentation burroughsienne des trois kamikazes lémuriens, avaient agi par instinct de survie et avaient bêtement suivi leurs congénères vers le siphon cosmique sortie de secours, dans la panique générale, se piétinant les uns les autres, et sans trop ce soucier des consignes de sécurité. Cette histoire de madeleine de Proust personnelle, la plupart d'entre eux l'avait totalement zappée. Voilà pourquoi suite à la traversée du siphon, suite à la dégringolade sur le toboggan de ver, leur mémoire s'était totalement volatilisée. Puis soudainement leur âme avait été faite prisonnière d'un de ces personnages débiles du cryptomongotexte 2222 à la sauce "Jour de la marmotte", un habitant lambda jovial, festif, ampli de joie de vivre incompréhensible, bondissant et sautillant, un crétin heureux de Punxsutawney avant la crise des subprimes, un pecnot pennsylvanien de 1993, le stéréotype type du bisounours moyen dans toute sa splendeur.

Alors que Cuddle finissait de mâchouiller une fraise Tagada et en piochait une nouvelle dans le paquet qui ne la quittait jamais, majeur titillant la détente de son convecteur storytellique activé et grésillant, elle assistait éberluée à un spectacle ahurissant : des centaines d'âmes de zonards prises au piège de corps de personnages gentillets et heureux, hurlaient et se contorsionnaient de douleur dans d'autres dimensions formant des aurores boréales pourpres dans le ciel d'hiver. Tous les voyants sur le mini écran tactile de son arme d'amin viraient au rouge et des sirènes silencieuses se déclenchaient en avalanche dans les logs des paramètres. " Le libre arbitre c'est le pouvoir que nous avons ou non d'influencer l'incommensurable réflexion du Grand Auteur pour tenter d'infléchir plus ou moins son écriture de l'histoire.", Se répétait Cuddle en boucle pour tenter d'exorciser la malédiction cauchemardesque qu'elle semblait vivre.Mais un des zombisounours venait de l'alpaguer par l'épaule aussi par réflexe l'admin se retourna. Cuddle crut vaguement reconnaître le Docteur Burz qui eut à peine le temps de babiller : "Si le lagomorphe voit son ombre au réveil nous rempilons pour 6 mois d'hiver." L'énergie cosmique se condensa rapidement dans un grand faisceau violacé sur le ventre du pauvre bougre puis il y eut une grande explosion de nouilles alphabet qui se répandirent tel un immonde gerbi de plusieurs hectolitres sur toute la chaussée. L'admin venait d'actionner son convecteur storytellique en mode drive by quantique, expédiant le personnage touché à bout portant, dans le royaume enchanté de l'ASCII art brutaliste.

= commentaires =

    le 26/06/2017 à 18:42:36
J'ouvre le bal des commentaires car c'est bon texte et il se sent orphelin.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 26/06/2017 à 19:09:57
c'est surtout un texte qui en appelle d'autres. Dedans il y a une mécanique MEUPORG rigolotte. La table de jeu est ouverte et à tout moment on peut venir s'y asseoir.

ça reflète aussi assez l'état de la Zone en ce moment aussi, et les zonards en stase. C'est une opportunité pour tout auteur de reprendre son personnage en main et de le soustraire de ma série en carton mâché à la con avant qu'il lui arrive des bricoles dans les épisodes à venir.
Cuddle

fb
Pute : 1
    le 07/07/2017 à 11:16:22
C'est vrai qu'en ce moment j'en branle pas une, je me demande si c'est la correction de copies du BAC qui a fait fléchir mon QI à vitesse grand V...Je me sens incapable de rebondir et d'écrire quelque chose de potable, donc conclusion : bouffer des tagada car c'est beau la vie.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 07/07/2017 à 11:18:55
tu ne seras pas dans le prochain épisode mais tu reviens dans le suivant, et très clairement t'auras des tas de pistes.
Cuddle

fb
Pute : 1
    le 07/07/2017 à 11:26:57
Si je peux encore me goinfrer de madeleine dans les prochains épisodes, je valide. Je trouve que ça rend mon personnage encore plus percutant.

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