Notre périple commençait grossièrement de manière factice ; c’était moyennement bon signe. Le froid mordant ne nous lâchait plus. Nous étions au cœur d’une ville tentaculaire, la cité de Zion et ses ruelles perpendiculaires accueillaient des ventes de Tamagotchi à la sauvette. Le savoir-vivre des marchands était discutable mais j’achetais un Tamagotchi qui sécrétait de suspicieuses doses de mescaline.
Pour le déverrouiller, mon index se pliait sur l’écran d’accueil et, aussitôt, contractant le muscle de mon pouce, le Tamagotchi cotait les valeurs en bourse, roucoulant comme deux amoureux qui n’étaient pas de la même caste. Instinctivement, sans avoir besoin d’y réfléchir, ne serait-ce qu’une fraction de seconde inutile, je devinais que le Tamagotchi était de contrefaçon, quoique davantage plus sophistiqué que les modèles d’usage. Son mécanisme s'enclenchait pour faire jaillir une aveuglante lumière quand le programme bénéficiait d’une mise à jour. L’animal de compagnie virtuel, après un long déclic, brouillait les appels manqués ou reçus des téléphones, semait de catastrophiques désastres sur les lignes des opérateurs. Pour l’alimentation de la petite bestiole, je le ravitaillais de quelques grammes de plomb dès l’éclosion de son œuf.
Avec l'étrange jouet, je télégraphiais des tweets poétiques à Maître Yoda, ce philosophe bouddhiste, étudiant sa stratégie de combat, ne me répondait jamais… Constance m'expliquait que les doyens se méfiaient du high-tech : la sagesse des vieux leur interdisait de communiquer avec les appareils modernes.
Constance, quand elle souriait, je me disais que j'avais eu beaucoup de chance de la connaître, ce n'était pas donné à tout le monde le coup de foudre, l'amour perdurant. Cependant le Tamagotchi montrait des signes de faiblesse après quelques semaines : il se déconnectait automatiquement en enchaînant les pannes en série. Avant qu’il rende l'âme, je l’interrogeais pour connaître les coutumes de la populace de Zion.
Quant au périple que nous avions esquissé au début, nous fûmes surpris par un événement peu ordinaire : une nuit, alors dans notre chambre d'hôtel, on entendit le bruit d'une détonation explosive et aussitôt, en regardant par la fenêtre, nous vîmes l'immeuble d'en face s'écrouler, c'était l'ambassade des rebelles intergalactiques et Dark Vador attaquait sans même attendre le petit café du matin.
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Il y avait des pays inconnus intégrés au papier peint de la geôle que mes yeux parcouraient avidement jusqu'à cette porte verrouillée à double tour. Le Tamagotchi que nos geôliers nous avaient laissés, se remettaient à fonctionner, nous indiquant que la guerre de l'opium avait été gagnée par l'empire obscur.
À l'intérieur de la petite console miniature, on ne pouvait détacher les yeux de cette bestiole recluse comme nous, taciturne mais reproductible : en effet, elle avait donné naissance à un djinn énigmatique depuis que nous étions enfermés et il piaillait, en parfumant de camphre les souterrains, comme un leitmotiv existentiel.
La guerre de l’opium. Deuxième partie.
À cette époque, Oreille était coupée et lecteur de John Fante ne plus être ; tout n’était pourtant pas que d'ébauche et duperie des sens.
Les pensées répétitives commençaient à s'affoler dans le sanctuaire où l'on s'était réuni pour prier. Et, par leur incontrôlable utopie à réaliser de nouveaux mondes, elles avançaient l'heure du sommeil en variant toutefois l'espace de notre mental qui n'était point encore distrait par l'arrivée de Maître Yoda et de Dark Vador.
L'intervention du rêve infaillible, sans obstacle, avec, dans le voisinage, déjà des animaux nocturnes.
Il y avait dans ce monde onirique, parmi les slogans scandés par les manifestants dans la rue, le coup de téléphone de la Sybille disparue pour une énième tentative perdu, pourtant porteur d'un message stratégique.
La rue ? Le tumulte des protestations pour interrompre le calme, la plénitude de ce rêve commun jusqu'à ce que les mercenaires du côté obscur arrêtent leur jacassement gênant.
Un tumulte qui entraînait même la chute du plâtre de notre plafond et engendrait l'émiettement de la voûte au-dessus de nous.
Comme chaque matin leurs essaims obscurantistes se consacraient à gueuler aux mégaphone leur mécontentement ; un marasme qu'on ne pouvait mettre à bout sans pacifier la zone.
Puis, de guerre lasse, ils laissèrent place au silence, à l'obscurité aussi qui était enfin le seul moment métaphysique pour persécuter leurs victimes : des corps roués, des sacrifices peu expressifs mais avec tant de déchirement de tambour qu'on entendait depuis la vallée et jusqu'au refuge alpestre de la Sybille des hurlements terrifiants.
Constance, qui n'était autre qu'une courtisane, se déshabillait de ses dessous affriolants en libérant un souffle à l'eucalyptus dans la cavité humide et verdâtre du sanctuaire. Des plantes grimpantes se matérialisaient suite à ses pratiques exhibitionnistes ; au loin la sinuosité des vagues de la mer venait broyer les vaisseaux de commerce de la communauté Alien et se joindre aux forces éternelles du côté obscur.
Et, comme sépulture, leur finitude resterait dans la fange ou dans les représentations d'un dessin sinistre d'enfant.
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À cette époque, Oreille était coupée et lecteur de John Fante ne plus être ; tout n’était pourtant pas que d'ébauche et duperie des sens.
Les pensées répétitives commençaient à s'affoler dans le sanctuaire où l'on s'était réuni pour prier. Et, par leur incontrôlable utopie à réaliser de nouveaux mondes, elles avançaient l'heure du sommeil en variant toutefois l'espace de notre mental qui n'était point encore distrait par l'arrivée de Maître Yoda et de Dark Vador.
L'intervention du rêve infaillible, sans obstacle, avec, dans le voisinage, déjà des animaux nocturnes.
Il y avait dans ce monde onirique, parmi les slogans scandés par les manifestants dans la rue, le coup de téléphone de la Sybille disparue pour une énième tentative perdu, pourtant porteur d'un message stratégique.
La rue ? Le tumulte des protestations pour interrompre le calme, la plénitude de ce rêve commun jusqu'à ce que les mercenaires du côté obscur arrêtent leur jacassement gênant.
Un tumulte qui entraînait même la chute du plâtre de notre plafond et engendrait l'émiettement de la voûte au-dessus de nous.
Comme chaque matin leurs essaims obscurantistes se consacraient à gueuler aux mégaphone leur mécontentement ; un marasme qu'on ne pouvait mettre à bout sans pacifier la zone.
Puis, de guerre lasse, ils laissèrent place au silence, à l'obscurité aussi qui était enfin le seul moment métaphysique pour persécuter leurs victimes : des corps roués, des sacrifices peu expressifs mais avec tant de déchirement de tambour qu'on entendait depuis la vallée et jusqu'au refuge alpestre de la Sybille des hurlements terrifiants.
Constance, qui n'était autre qu'une courtisane, se déshabillait de ses dessous affriolants en libérant un souffle à l'eucalyptus dans la cavité humide et verdâtre du sanctuaire. Des plantes grimpantes se matérialisaient suite à ses pratiques exhibitionnistes ; au loin la sinuosité des vagues de la mer venait broyer les vaisseaux de commerce de la communauté Alien et se joindre aux forces éternelles du côté obscur.
Et, comme sépulture, leur finitude resterait dans la fange ou dans les représentations d'un dessin sinistre d'enfant.
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"Puis, de guerre lasse, ils laissèrent place au silence"
https://www.youtube.com/watch?v=AFNEBA8sLJ0
https://www.youtube.com/watch?v=NKIKKP_4fE4