LA ZONE -

Sur mes cahiers d'écolier

Le 10/06/2022
par Zone Inc.
[illustration] Sur mes cahiers d'écolier, je voyais des lignes rouges dessinant des formes étranges, semblant à chaque instant vouloir lancer des spirales meurtrières vers mes yeux fatigués.

Je levai le regard vers le professeur, qui se tenait debout, sans parler, les mains dans le dos, depuis... Je ne sais plus. Cela faisait trop longtemps que nous étions là, et j'avais mal à la tête. Les murs de la salle de classe suintaient une matière brunâtre qui se répandait sur le sol. J'en avais jusqu'aux chevilles. Le professeur tourna vers moi un regard vitreux. Je baissai de nouveau les yeux. Sur mon cahier, les lignes recommencèrent à se tordre.
Je sentis quelque chose effleurer ma main. Je tournai la tête, c'était ma bite, qui, curieuse de la pilosité émergeant de la chemise au col 'pelle à tarte' du prof, darda son gland palpitant de désir hors de mon bermuda. L'invitation à la masturbation était évidente, je me caressais donc le gland, le pouce et l'index pressant mon sexe, l'auriculaire chatouillant mon scrotum... Mais il se révéla que ce que je pris pour une invitation à la masturbation et qui m'apparut à première vue comme de la pilosité poitrinaire était en fait la tête hirsute d'une effroyable créature simiesque, mi macaque rhésus, mi chauve-souris du Vietnam, qui semblait émerger progressivement et avec une lenteur dérangeante du plexus de mon professeur en lui déchirant doucement la chemise.

Je rengainai mon sexe désormais exsangue et flasque, et me demandai si cette prescription de Ritaline ne me faisait pas finalement plus de mal que de bien.

"Les mecs !" m'enquis-je auprès de l'assemblée végétative qui m'entourait alors, "Est-ce que c'est juste moi qui suis en train de me prendre une grosse perche de l'enfer, ou voyez-vous aussi les murs suinter une matière brunâtre très très cheloue, et éventuellement une sorte de chauve-souris du Vietnam émerger de la poitrine de Monsieur Kuntz, ici présent ?"

Cette question fondamentale eut au moins le mérite de tirer mes camarades de leur torpeur adolescente. Cependant, personne ne valida mes impressions relatives à la scène déroutante dont je semblais être le seul témoin. Je baissai alors les yeux sur le cahier ouvert devant moi et constatai avec un certain effroi que les lignes rouges formaient à présent des caractères identifiables, et je pus ainsi lire : "Si tu rentres ici ne t'attends à nulle clémence, car je suis Osgar de Brugh Na Boinne"

Ma tête commence à tourner, j’essaie de temporiser en fixant un dessin d’une rare laideur représentant une femme nue couverte de goémon.
« Qu’est-ce que vous en pensez ? » me demande François Berléand qui précise, "Je l'ai dessinée avec mon sexe", avant de demander, "Vous m'avez vu dans ma dernière pièce de théatre ?", puis de prétendre, "Par Le Bout du Nez de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, avec Antoine Duléry au Théâtre-Libre à Paris, j'y suis sublime car je suis le premier sur scène à aborder les thèmes controversés et tabous de la-"

Il ne put finir ; Monsieur Kuntz, à moins que ce ne soit l'immondice ayant élu domicile dans ses entrailles, ramena immédiatement l'ordre dans la classe, avec un cri strident. Toutes ces visions ne pouvaient pas être une simple coïncidence ! Après avoir de nouveau jeté un regard vers les lignes rouges diaboliques, affichant toujours le même message qu'il m'était impossible de comprendre, je pris mon agenda.

On était le 10 Avril, date de la première exposition de l'oeuvre la plus connue de Duchamp, Fountain, représentant un urinoir... J'eus soudain une insupportable envie de me vider la vessie, et je levai la main pour demander la permission de sortir. Monsieur Kuntz, dont les yeux s'étaient enfoncés dans leurs orbites au point que son visage ressemblait désormais à une tête de mort, acquiesça.

Je me levai et me dirigeai vers la porte en chancelant. Autour de moi, les têtes des autres élèves semblaient desséchées, comme si elles appartenaient à des corps empaillés plutôt qu'à des êtres vivants. Une atroce odeur de charnier empestait l'atmosphère. J'avais la nausée, et je sortis aussi vite que je pus. Du coin de l'œil, je crus revoir la chose immonde surgir de la chemise du professeur et darder vers moi une langue grouillante de cloportes.

Une étrange musique retentissait dans le couloir, c'était des cris de souffrance, mêlés à des samples d'infrasons, orchestrés par un synthétiseur dément. J'avais des noeuds dans l'estomac, plusieurs fois, je faillis rendre l'andouillette mangée le midi même au réfectoire. Autour de moi, les murs, le sol et le plafond du couloir palpitaient, à l'image du tube digestif d'un monstre marin, lequel, plus j'avançais, fuyant les visions cauchemardesques de la salle de classe, devenait de plus en plus étroit. Bientôt, je dû froler ces murs suintant une humeur corrosive, le sol et le plafond constellés de dents de lamproie, chaque pas supplémentaire me coûtait un effort inhumain, mes forces m'abandonnaient...
C'était clair, désormais. Je n'évoluais plus dans un établissement scolaire, mais...

- Tu es dans l'intestin grêle de Michel Houellebecq, Fred. Il est en train de te dissoudre avec ses sucs gastriques. C'est un composé organique sous forme de liquide acide qui sert à la digestion et à l'assimilation des aliments. Son rôle est de diviser les molécules de grande taille en molécules de plus petite taille que l'intestin peut absorber, et de détruire les micro-organismes présents dans le bol alimentaire. En bref, Michel est en train de t'anéantir.
- Mais dis-donc Jamy, comment est-ce qu'on sort d'ici ?!
- Il n 'y a qu'un seul moyen, Fred !
- Ben dans ce cas je te propose de me le dire immédiatement, espèce de tête de con, qu'est-ce que t'en penses ?
- Non mais parle-moi mieux, enculé wesh ! je te signale qu'y des fils de pute de gosses qui nous regardent.
- Eh mais nique-toi, Jamy, petite salope, va. Toi t'es tranquille dans ton camion de tarlouze. Tu te fais pépon sur toutes les aires de repos par des routiers bulgares en chien, et moi, moi j'suis où moi ? Dans le trou du cul de Michel Houellebecq, mon gars. Sur le terrain, pour ainsi dire. Alors va bien niquer tes morts et sors toi un peu les doigts pour me trouver fissa une putain d'issue de secours, avant que je me fasse enculer le bol alimentaire par le plus grand écrivain français vivant sa mère la schlag sur le périph de ses morts.
- Fred, je t'aime beaucoup mais je crois que l'aventure s'arrête ici, en ce qui te concerne. J'ai menti. Il n'existe en réalité aucun moyen de sortir de l'intestin grêle de Michel Houellebecq. Certaines études ont tenté de démontrer qu'on pouvait s'extraire d'un intestin grêle en énumérant le plus grand nombre de décimales de Pi, mais personne n'a vraiment eu le courage de vérifier "in situ" si cette solution offrait bel et bien des....
- Jamy. Jamy, écoute moi bien sale chien. Ta mère est la plus grosse put.... Aaaaaahhh !!!! Bordel ! Je fonds !! Je suis en train d'être assimilé. Le rêve d'Eric Zemmour est en train de devenir mon pire cauchemar. Alors heu... 3 virgule 14 heu...
- Vas-y Fred, tu peux le faire !
- OK. Alors....15926535 8979323846 2643383279 5028841971 6939937510
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1999983584 1071173824 3107215297 3970437177 8700276205, alors ?
- Alors quoi, Fred ?
- C'est bon, ça fonctionne ?
- Aucune idée, j'étais en train de me faire sucer par un cloporte géant. Le résultat d'une expérience qui a mal tourné...

Pendant que Jamy continuait à se faire sucer par l'animal, poussant des soupirs de contentement à chaque coup de langue, je repris de plus belle ma litanie interminable. Autour de moi, les intestins continuaient à me dissoudre, lentement, comme une machine implacable. Ma peau était déjà presque entièrement recouverte de cloques purulentes, et je pouvais, par endroit, voir les muscles qui commençaient déjà à se corroder. Je frissonnai, égrenant pour me rassurer le chapelet de chiffres infinis, chiffes obsessionnels, chiffres d'encerclement.

C'est alors que je perçus une contracture, vicieuse, sinueuse. Je compris que ma litanie était entrée en résonnance avec les sphincters de Michel Houellebecq, muscles ronds, régis par Pi. L'inexorable mouvement des masses intestinales était enclenché, et je compris que la machinerie s'était mise en marche. Une voix rauque, lointaine et profonde, laissait s'échapper des soupirs monstrueux, se mêlant à ceux de Jamy. Comme une alarme, elle annonçait la fin. La friction des tissus contre ma peau faisait fondre peu à peu celle-ci, et je sentais que si l'auteur maniaco-dépressif ne finissait pas son affaire rapidement, j'aillais bientôt finir de me faire digérer. Heureusement, les tremblements qui secouaient tout l'intestin se faisaient de plus en plus violents. Courage ! Encore un peu, et je serais éjecté, je sortirais de cet enfer de boyaux. Sentant souffler sur moi un air tiède de plus en plus fort, je me retournais... Je vis alors les anneaux organiques se refermer, un à un, se rapprochant de moi alors que la pression se faisait de plus en plus forte.

Ma seconde naissance fut terrible. Souillé par le sang, la merde, la sueur de mon Créateur, je fus projeté dans une bassine en plastique bleue. Au loin, vissé sur un corps nu et sale, le visage reptilien de Michel Houellebecq admirait son œuvre de des yeux globuleux. J'avais perdu contact avec Jamy, et je me demandais comment j'allais me sortir de ce pétrin, quand soudainement mon Père s'empara d'un jerrican posé non loin...

- Oh, le beau ténia, chuinta Houellebecq avec un sourire torve.
- Je ne suis pas un parasite, je suis un homme libre ! criai-je à m'en décoller les poumons.
Hélas, mon Créateur ne m'entendait pas, probablement que les poils poisseux qui lui sortaient des ouïes ne laissaient passer que certaines fréquences hertziennes précises, comme celles émises par France Culture, et Henry de Lesquen lisant Tocqueville.
- Tu sais ce que je fais des vers de culs, comme toi ? demanda-t-il en débouchant le jerrican.
- Tu t'en sers comme marque-page, face de chlamydia ? lui crachai-je aux écailles.
Le visage de Houellebecq sembla se tordre sous l'effet de mon insulte. Ses yeux s'exorbitèrent d'un coup, et une veine pulsatile apparut sur sa tempe.
- Oh oh. Le méchant ténia malpoli. Je m'en vais te brûler, tu vas voir.

Je pataugeais dans les excréments, tentant désespérément de m'en extraire. L'odeur était à l'image de sa prose, et c'est peu dire. Je reçus une rasade de mazout, ce qui eut pour effet de diluer la matière fécale qui me retenait prisonnier. Je pus enfin me relever, et je me mis à courir dans la direction de l'écrivain.

- Vilain ténia ! Tu vas expérimenter la possibilité d'une mort violente !
- Je m'en vais te cartographier la gueule, connard !

Michel continuait de répandre du mazout partout en essayant de m'y engloutir, sur le sol, sur sa bibliothèque de W-C, sur lui-même.

- Eh Jamie ! Hurlai-je en atteignant enfin la main droite de mon adversaire, celle qui tenait les allumettes.
- Oui ? Je suis occupé !
- Dis au camion que je l'aime ! C'était mon seul amour !
- Hmmmhhhhllllouiiiii.
- Merci Jamie !

Je coupai la communication et me saisis d'une allumette. Je faillis tomber à la renverse en la soulevant, mais je parvins à la frotter contre la boîte, et ce faisant, à nous enflammer tous les deux, Houellebecq, et moi.

- HIIIIIIIII ! hurla le prix Goncourt. Je brûle. Je me transforme en particules !
- C'est élémentaire espèce de trou de bite ! Soumets-toi !
- Jamais !
- C'est FRED, pas Jamie !!!
- HIIIIIIIII !

Une fumée noire s'exhalait tandis que l'écrivain se réduisait peu à peu en cendres. Il brûlait comme un morceau de bois sec, pas une seule trace de liquide ou de graisse fondue. Et je brûlais aussi. Alors que le néant m'engloutissait, après le créamation complète de mes terminaisons nerveuses, je pus sentir, au plus profond de mon cerveau, une montée de bonheur, semblable à une vague de sérotonine.

= commentaires =

Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 10/06/2022 à 17:57:23
Hey§ I wanna take you to a gay bar
I wanna take you to a gay bar
I wanna take you to a gay bar gay bar
let's star a war
a nuclear war
to the gay bar gay bar gay bar
Cerumen

Pute : -4
    le 10/06/2022 à 18:43:45
Les meilleurs passages sont de moi 😊
Charogne

Pute : 3
    le 11/06/2022 à 13:00:16
Il y a pas un cercle de l'enfer réservé aux utilisateurs d’émojis sur La Zone ?
Un Dégueulis

Pute : -139
chiquée pas chère
    le 14/06/2022 à 23:22:15

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