« Partir avec quelque chose dans le ventre ».
(Nouvelle)
By : Olive.
Il est 6 heures quand sonne le réveil matin de Serge.
Il redresse son vieux corps odorant et tape vite sur le snooz de l’appareil qui achève sa mélodie du premier journal d’actualités qu’il entendra ce jour.
Serge respire mal, son nez est bouché car il fume beaucoup. Il crache une glaire dans un vieux sopalin qu’il jette à la poubelle à côté de son peignoir accroché. Il attrape son kimono de coton et enfile ses pantoufles sur un pied puis l’autre avec un orteil qui ne veut jamais rentrer.
Le pipi du soldat l’appelle et la porte des toilettes s’ouvre dans un filet neutre de raclement de bois et carrelage. Écarter son peignoir puis sortir sa bite du pyjama ne lui demande plus d’y penser depuis longtemps et son petit déjeuner commence à lui manquer.
Ses mains passent l’une sur l’autre dans le jet mou du robinet de la salle de bain avant de stopper cette danse chamanique dans un linge déjà humide mais réservé à cet usage. Il se sèche et se voit vite dans le miroir émaillé de giclures blanchâtres de dentifrice.
Le couloir fait résonner ses savates trainantes comme de petits sifflets de bave éruptant d’une bouche d’ado à travers son appareil dentaire.
La cuisine sent la même chose chaque fois qu’il y passe. Ça le rassure sans y penser.
Les tranches de mie commencent à griller pendant que le café fait frissonner le bord de la casserole en inox. De toute part, ça noircit.
Enfin le beurre vient fondre dans une éponge de mie et teinter les bords de la tartine d’une auréole sirupeuse.
Il tourne le café d’une main molle et maitrisée pendant qu’il soulève la première navette à destination de la bouche avec escale dans le bol noir.
Il mange tranquillement ses deux tartines comme d’habitude et entend bien finir son café aussi.
Dernière gorgée suivie d’un rot glaireux, puis il se penche sur sa table et attrape un truc.
Se redressant, il arme le barillet du flingue. Se le pose sur la tempe puis tire et s’écroule de sa chaise.
Fin.
LA ZONE -
![[illustration]](/data/img/images/2025-07-22-banane-big.jpg)
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
J'y ai cru jusqu'au bout. J'ai vraiment cru que le truc dans le ventre avec lequel il allait partir, c'était une banane. Je suis déception. Du coup, je me suis lâché sur l'illustration.
Je trouve que c'est bien écrit mais c'est tellement court. Plus d'un mois de file d'attente sur lazone.org, les gars. N'hésitez pas à pondre des trucs un peu plus substantiels.
Le texte est hyper bien ficelé : précis, crado, sensoriel, tout ce qu’on aime dans la poésie du matin qui pue. Mais la fin arrive comme un cheveu dans le café — brutale, gratuite, presque bâclée. Serge se flingue sans qu’on sache pourquoi aujourd’hui plutôt qu’hier. C’est dommage : un seul détail inhabituel, une mini tentative de rupture dans sa routine, et la chute aurait été mille fois plus percutante. Là, ça fait juste “fallait bien finir”.
trailer idoine : https://www.instagram.com/p/DMYacxINW3F/
Je trouve ça fort, ça en fait juste assez, bon petit texte coup de poing.
Oui bien kiffé aussi. Je m'attendais pas à la fin, petite ingénue que je suis. Je ne vais pas critiquer la longueur, j'ai tendance à faire pareil (*hum*hum*). Ça fait du bien parfois un truc rapidos.
C'est bien écrit, je sens du travail. J'aurais juste aimé sentir en trame de fond le malaise, des détails qui montrent que ce n'est pas un jour comme les autres, qu'il va se passer quelques choses, une ambiance bizarre.
Peut mieux faire, dirait la vielle institutrice desséchée.
@corinne
C'est exactement ce que je disais !!
Coupine vieille instit desséchée
ça aurait dû s'appeler "Partir avec quelque chose dans le crâne", j'en démords pas.