LA ZONE -

Rêve : message subliminal

Le 08/09/2004
par Tyler D
[illustration] Dans la pénombre tamisée de son salon, il sombre lentement dans le sommeil. Il vient d’éteindre son télécran, et la silhouette rectangulaire reste imprimée sur sa rétine, comme une image résiduelle. Sa conscience du monde sensible se laisse sereinement glisser vers le néant. Il se laisse aller à la bienheureuse sensation d’apaisement et de liberté que lui procure ce lent effondrement de la dictature qu’impose la réalité du monde à l’activité de son esprit. Progressivement, l’illusion de sa personne se délite, son être se retranche au cœur de ses mécanismes, renoue avec ses instincts les plus profonds et s’engloutit dans un microcosme aux règles souterrainement organiques dont les racines plongent à travers les âges pour rejoindre les formes les plus élémentaires de la vie. Cependant, quelque part au cœur des structures d’interconnexions de ses neurones, un étage encore créatif produit une dernière représentation cosmique de sa conscience : un éther infiniment sombre peuplé d’étoiles microscopiques.
Le dormeur n’est plus qu’un îlot volcanique baigné dans un océan primitif sur le rivage duquel vient rouler périodiquement le flot de sa respiration.

Au bout d’un temps indéterminable, les circonvolutions qui parcourent paresseusement ses réseaux neuronaux commencent à se réorganiser. Des complexes informationnels se construisent autour des données de sa mémoire. Petit à petit, des structures d’analyse se mettent en place pour simuler l’activité des fonctions sensorielles. Bientôt, une monumentale organisation va s’ériger d’elle-même, ouvrir des milliards de voies de communication pour atteindre, manipuler, agencer, combiner et structurer chacun des innombrables résidus de souvenirs qui sont emmagasinés dans les champs d’alvéoles de sa mémoire, puis construire élément par élément un univers fictif dans lequel évoluera son moi ressuscité mais inconscient de l’illusion.

Noir total.

Il ouvre les yeux. A travers la fenêtre qui découpe les ténèbres en face de lui, un rayonnement fascinant véhiculant la bienveillance d’une puissance sourdement pandémique diffuse jusqu’à lui.

Tout est calme.

Tout est simple.

Peu à peu, son attention est captée par de sympathiques flottements qui ondoient nonchalamment dans le faisceau lumineux.

Et pendant quelques instants il s’abandonne à la contemplation béate de cette présence rassurante sans remarquer les excroissances rayonnantes qui, imperceptiblement, s‘allongent, grossissent, et s’insinuent autour du rectangle.

La lumière gagne en intensité.

Rapidement, il est forcé de tourner la tête pour éviter d’être ébloui. C’est alors qu’il découvre les tentacules livides qui s’avancent vers lui. Il se souvient. Dans un éclair de lucidité, la peur l’arrache à sa torpeur, il bondit et détale pour tenter d’échapper au spectre grouillant qui se fait à chaque seconde plus volumineux et plus menaçant. Mais la quantité phénoménale d’énergie qu’il dépense dans sa course ne suffit pas à l'extraire de l’engourdissement qui s’est emparé de lui, ralentissant dangereusement sa progression, comme s’il se mouvait dans un liquide sardoniquement visqueux.

Sur le sol, sa silhouette déformée et torturée, sur laquelle fond impitoyablement une filandreuse masse vivipare, rampe frénétiquement et lutte contre l’impitoyable inertie qui l’empale sur place. Paniqué, il risque un œil en arrière et s’aperçoit que les tentacules blancs ne sont plus qu’à quelques centimètres. Mais il est déjà trop tard. Il sent que, derrière lui, son pied refuse de se soulever du sol puis, à la fois happé vers la lumière et entraîné par son élan, il perd l’équilibre, chute en avant pour s’en aller rejoindre l’écrasement de son ombre.

Il essaie immédiatement de se relever mais constate avec une terreur démente qu’il est déjà cloué au sol. Dans un sursaut incontrôlé, il se débat encore, vainement : ses articulations sont immobilisées par la gelée vitreuse mais ferme qui s’empare méthodiquement de lui. Il sent le fluide glacé pénétrer sous ses vêtements, glisser sur sa peau, recouvrir ses jambes, remonter sur son dos vers la nuque, puis pénétrer en lui par sa bouche, ses narines, ses oreilles, son anus, ses yeux, son urètre. Un violent orchestre joue une partition stridente sur chacun de ses sens javellisés pendant que la substance se répand dans ses tissus, prenant progressivement le contrôle de ses membres, corrodant son estomac et ses intestins, décomposant les cavités pulmonaires, et remontant le long de sa moelle épinière pour s’engouffrer dans son cerveau.

Désarticulé, il s’effondre, physiquement inerte. Mais sa lutte désespérée se poursuit à l’étage symbolique : une confrontation échiquéenne oppose les mécanismes fondamentaux de son être à ceux que l’entité a déjà perverti à son service. Celle-ci gagne en puissance à mesure qu’elle infecte les bastions fonctionnels de son esprit et remonte avec une précision mécanique la hiérarchie des priorités de son entendement, en utilisant les souvenirs administrés par les niveaux qu’elle contamine pour saper la résistance des forteresses plus élevées : dans un ouragan d’impressions, ce qui reste de lui revit à une vitesse déraisonnée des scènes depuis longtemps enfouies. Le vieux clochard lui remet son livre. Il entend les sirènes et les aboiements des chiens. Terrifié, alors que ses yeux, ses oreilles et ses boyaux grincent effroyablement, il revoit dans un délire infernal les couloirs éblouissants, les durs infirmiers en blouse blanche, la porte lugubre de la salle 101, les appareils, les outils, les seringues, les… stop.

Silence total.

Tout est simple.

Tout est blanc.

Rien n’a jamais existé avant cet instant. La tempête est totalement oubliée. Il vient de renaître. Il ne s’est jamais senti aussi bien. En fait, il ne sent rien. Cet agréable sentiment qu’on s’occupe de tout lui rappelle diffusément un abandon enfantin et il renverse doucement la tête en arrière. Une nuée de flocons noirs dans laquelle une légère brise crée de sympathiques volutes descend lentement vers lui.

Au bout de quelques instants, son champ de vision est rempli de la danse compacte des particules, qui détachent leur silhouette sombre sur le fond immaculé, et il se retrouve bientôt immergé dans ce crépitement de noir et de blanc, comme s’il se trouvait dans l’écran inactif d’une vieille télévision. Sur le sol se forment des amoncellements de cristaux qui, rapidement, s’érigent étage par étage en petits immeubles sombres entre lesquels court un réseau de rues miniatures.

Alors que les bâtiments atteignent sa hauteur, les particules qui les forment commencent à se coaguler par la base, faisant apparaître un immense caniveau, des parois décrépies, des lampadaires antédiluviens, et des dizaines de portes par lesquelles sortent des centaines d’acariens qui, azimutés, l’échine courbée, traînent leur carapace au fond du dédale.

Il lève les yeux. La chute des flocons noirs se fait beaucoup moins dense et il peut voir que, loin au-dessus de lui, les empilements sont devenus blancs, resplendissants. L’onde de coagulation remonte le long des façades. Lorsque elle atteint ces niveaux étincelants, s’y édifient des bâtiments olympiens, pendant qu’un réseau vertigineux de plates-formes, d’où tombent vers les bas-fonds les résidus putréfiés de la solidification des cristaux, s’organise entre les puissantes architectures.

Par une violente bousculade, il est soudainement tiré de sa rêverie aérienne où l’avait retenue l’intuition d’un souvenir nostalgique. Il est à présent au fond d’une rue dépravée, à la dimension des rampants qui autour de lui courent en tous sens, l’air affairé, un télécran cathodique en guise de tête. Un énorme arachnide, apparemment à l’origine de ces brutalités, lui fait face. Il reconnaît avec stupéfaction dans son télécran crânien le Signe «biohazard», symbole et emblème de l’Ennemi public.

D’un bond, il esquive un sévère coup de griffes, puis sans réfléchir prend ses jambes à son cou.

Stimulé par une ardeur angoissée, slalomant entre les acariens hébétés, il tente d’échapper à la dizaine d’agents qui est à ses trousses. Alors qu’il s’est engagé dans une ruelle étroite et sombre, il aperçoit quelques mètres plus loin une puissante lumière blanche qui s’échappe brièvement de l’embrasure d’une porte pour inonder le passage. Instinctivement, il y sent la manifestation d’une présence alliée. Il s’y engouffre et barricade la porte. Au centre de la pièce plongée dans l’obscurité trône un télécran dont la lueur blafarde est faiblement réfléchie par le sol et les murs. Déjà, les arachnides projettent leur masse chitineuse sur la porte métallique, qui se déforme sous les chocs. Le symbole de l’Ennemi public apparaît à l’écran et, le petit disque central se déformant légèrement comme pour mieux articuler, il se met à lui parler avec un caverneux accent de bourdonnement hertzien :
« Pourquoi m’as-tu abandonné ?
-Je n’ai rien à voir avec la secte évolutionnaire ! Que me voulez-vous ? Pourquoi me poursuit-on ?
-Je ne peux pas répondre à toutes tes questions. Nous n’avons que très peu de temps, tu es déjà piégé ici. Je suis là pour t’aider : j’ai un message à te faire passer.
-Qui êtes-vous ? Comment me connaissez-vous ?
-Je suis à la fois ton démiurge et ton esclave. Mais entends ceci : je t’attends sur le banc au bord du lac.
-Allez-vous me sortir de là ?»
Le télécran s’éteint. Cependant, dans un fondu progressif, apparaît en son centre un étrange rectangle blanc autour duquel gesticulent d’énigmatiques vers phosphorescents. Mais à cet instant, la porte est arrachée de ses gonds et projetée sur lui à travers les airs. Il reçoit le linteau sur la tempe. En une fraction de seconde, son esprit vacille, sa vision se brouille, il perd ses attaches, sa réalité s’évapore…

Tout est blanc.

Tout est léger.

Il est en suspension.

D’énergiques turbulences secouent ses vêtements, qui lui tamponnent la peau.

Petit à petit, sa rétine s’adapte à la forte luminosité et il peut discerner au loin, dans cette atmosphère encore éblouissante, un subtil horizon tanguer lentement.

Il se met sur le dos, écarte les bras. Il croise gaiement au milieu des îlots nuageux, s’engage dans un cañon qui s’ouvre entre deux forteresses, admirant les contreforts escarpés des puissants remparts qui s’élèvent de chaque côté de lui. Il se délecte de cette liberté aérienne et en oublie ses douleurs crâniennes. Il pourrait rester une éternité, là, navigant entre ces majestueux vaisseaux atmosphériques…

Mais un point noir apparaît dans la nuée diffuse qui s’étend vers l’infini au-dessus des nuages. Tel un météore, l’objet fonce dans sa direction à pleine vitesse. De loin, il reconnaît le volume parallélépipédique d’un livre. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, le pavé est sur lui et par réflexe, dans la fraction de seconde qui précède la collision, sa compréhension n’a que le temps de reconstituer les caractères qui ornent la couverture : 4891…

Tout est pesant.

Son visage est déformé par le souffle et ses oreilles sont assaillies par le rugissement des turbulences. A travers les artefacts provoqués par le choc, qui comme des étincelles éclatant tout près de son visage brouillent partiellement sa vision, il voit défiler les nuages, l’horizon se réduire, puis se dévoiler en dessous de lui une prodigieuse cité de pierres blanches dont les magnifiques structures se précipitent vers lui. Pas une ombre ne se profile sur les appontements boisés. Un effluve floral lui parvient compendieusement au moment où sa trajectoire s’engouffre entre deux plates-formes, l’entraînant dans les abysses de la métropole. Il continue sa chute vertigineuse, baigné maintenant dans un brouillard qui empeste l’huile de moteur surchauffée. Lorsque, les yeux en pleurs, il émerge en dessous de cette atmosphère suffocante, il est brûlé par les radiations de spots surpuissants, orientés vers les bas-fonds, et aveuglé par leur rayonnement, lequel est réfléchi par la couche de brume qui gît en contrebas. Au sortir de cette nappe, à peine distingue-t-il le sol quelques mètres en dessous de lui que c’est déjà l’impact.

Rien.

… … …

Lentement, sa conscience émerge du néant, végétative. Il est le ruissellement de ce fluide.

Quelque chose bourdonne.

«…mons… …és… …pas… …ber ?» Noyée dans le clapotis de l’eau, une marmelade de syllabes incompréhensible parvient jusqu’à lui,.

Quelque chose remue.

Soudain, ces lointaines impressions s’amplifient, s’entrechoquent, s’agrègent, puis heurtent violemment sa conscience, qui s’éveille en sursaut.
«ça va mieux ?»
Il sent sous son dos le contact rugueux de l’asphalte, mais sa vision est encore floue.
«Qu’est-ce qui m’est arrivé ?
-Tu as dû faire une chute et t’assommer»
A force de cligner des yeux, il retrouve la netteté de sa vue et constate qu’il fait nuit, qu’il est sous un pont et qu’il y a, debout à côté de lui, un vieil impifable à la barbe hirsute et aux fripes déchirées qui lui sourit de toutes ses dents irrémédiablement jaunies. Du plus loin qu’il se souvienne, jamais un impifable n’a osé lui adresser la parole. Encore moins en le tutoyant. Mais paradoxalement, cette scène produit en lui une étrange sensation de déjà-vu, et en dépit du gouffre qui le sépare de cet homme, il a l'irrésistible sentiment qu’il peut lui faire confiance. Le vieillard lui tend la main et Il note qu’en dépit des apparences il est encore assez solide pour contrebalancer son poids et ainsi l’aider à se relever.
«Tu devrais être plus prudent.
-Je… Je n’arrive pas vraiment à me souvenir de ce qui s’est passé.
-Ca n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que nous ayons pu nous rencontrer.»
Fasciné, Il écoute benoîtement le pauvre homme.
«Tu vis au rez-de-chaussée de ton immeuble, n’est-ce pas ? Es-tu déjà monté au dernier étage ? As-tu vu les plafonds ?
As-tu déjà ressenti la solitude ?
Te souviens-tu clairement avoir vu un cheval un jour ?
T’es-tu déjà promené parmi les tourbillons de feuilles mortes dans un jardin de fontaines en marbre brun ?»
Le clochard fourrage dans son caddie entre des pages de journaux, des cartons et des sacs poubelles, puis en extrait un énorme bouquin poussiéreux qu’il lui tend victorieusement : «Parcours-le, tu commenceras à comprendre.»

4891.

Du plus profond de ses entrailles, il est inexplicablement bouleversé par ce titre.
«Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Il faut que tu le fasse.»
Son cœur s’emballe et il se met à suer d’énormes gouttes, mais il ouvre le livre avec conviction, tente d’évacuer son anxiété par une longue inspiration puis jette ses yeux sur une ligne au hasard : «1888. Si l’on veut une fin, il faut aussi vouloir les moyens : si l’on veut des esclaves, il faut être fou pour leur donner une éducation de maîtres.» Son abdomen se contracte, il se plie en deux.
«Oui. C’est ça, continue, tu te débrouilles bien.»
«-373. Ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête.» Ses mains sont convulsées de crispations incontrôlables. «1851. Nous avons aboli l'esclavage, mais sans avoir résolu la question du travail.».
Mais soudain il se passe quelque chose. Sur la page qui est sous son regard, il aperçoit une fois encore le Signe. Du haut du pont, des sirènes et des aboiements de chiens se font entendre. Maîtrisant la douleur qui le tétanise, Il veut jeter à l’eau cet ouvrage compromettant mais il s’aperçoit avec épouvante que ses mains sont collées à la couverture dont le matériau fondant s’agglutine sur ses doigts.
«Tu t’es laissé jouer. Mais tout n’est pas perdu, tu peux encore leur échapper. Je peux encore te sauver.»
Résolument, le vieillard tire une dague de ses guenilles et d’un coup sec la plante dans la poitrine de son compagnon avant de le projeter vers le canal. Immédiatement, une puissante détonation se réverbère sous la charpente du pont.
«Mon destin est insignifiant.»
Alors que, dans sa chute en arrière provoquée par le geste de l’impifable, son champ de vision se met à tournoyer, il voit précipitamment la tête du vieillard exploser.

Soudain, toutes les fréquences aiguës font silence, il n’entend plus qu’un sourd vrombissement et est agressé par la froidure des eaux. Son sang s’échappe de sa poitrine en un triste filet rouge qui se désagrège progressivement dans les bouillonnements du fluide. Emporté par les remous, il se contorsionne pour tenter de rejoindre la surface, mais ses vêtements et ses chaussures l’alourdissent et les efforts désespérés de ses bras menottés restent impuissants contre les effets de la gravité. L’air commence à lui manquer, il cherche à respirer, se débat, suffoque, gèle, panique, ses mouvements deviennent incontrôlés, il ne va plus pouvoir se retenir, il le pressent, dans un réflexe irrésistible, ses poumons vont ingurgiter le liquide, sa blessure le brûle, il n’en peut plus, il va mourir…

Saloperie de cauchemar.

Cinq heures du mat.

Impossible de se rendormir, maintenant.

Il se met sur son séant, allume sa lampe de chevet et se masse les paupières. Il sort lentement des brumes du sommeil.

Lorsque son pied nu touche le sol, le télécran qui fait face à son lit s’éveille et commence à proférer ses conseils d’une voix doucereuse. Mais il n’y prête pas attention et il ne voit pas le Signe qui s’affiche à l’écran. Il se dirige vers sa salle de bain.

Il plonge ses mains en creux sous le jet froid, puis se projette l’eau au visage. En relevant la tête pour se regarder dans le miroir, il aperçoit furtivement entre les montants de la porte une ombre se glisser dans le couloir. Il se brusque à sa poursuite, mais constate que le couloir est vide et la maison silencieuse. Il tend l’oreille, sonde l’atmosphère, cherchant à percevoir le bruissement d’une respiration. Rien. Son imagination lui joue-t-elle des tours ? Non. Quelque chose se brise. Dans le vestibule. Tandis qu’il se précipite dans cette direction, il entend le glissement familier d’une clé dans la serrure de la porte d’entrée. Un courant d’air lui effleure le visage. Un lourd appareil dont la forme et l’utilité lui sont inconnues a brisé le carrelage en tombant. Lorsqu’il atteint le seuil, il découvre que le brouillard qui précède toujours l’aurore est déjà en train de descendre des hauteurs et de s’accumuler au sol en s’épaississant à vue d’œil. Il entend une foulée résonner à sa gauche et se lance à la poursuite de la silhouette qu’il distingue dans la rue à quelques mètres devant lui.

Mais après quelques détours, Il commence à s’essouffler et ralentit sa progression. Ses poumons le brûlent, un formidable poing de côté l’assaillit. Déjà il ne discerne plus l’ombre qu’il pourchasse, noyée dans la brume qui continue à se densifier. Il s’arrête. Des pas résonnent dans la ruelle qui s’engage à sa droite. Surmontant son épuisement, il se jette obstinément dans cette direction. Mais, exténué, il s’immobilise de nouveau au premier croisement. Le tamponnement binaire retentit à sa droite. Non, à sa gauche. Derrière lui ? Les échos venus de toutes parts, amplifiés par l’intempérie, se télescopent dans ses oreilles. Il ne distingue même plus les murs à travers l’épais brouillard.

Soudain, il se rend compte qu’il s’est égaré dans un quartier méconnaissable. Il pense à la porte de sa demeure qu’il a laissée entrouverte…

Désabusé, il décide d’errer au hasard dans la cité endormie en attendant l’aurore.

Il se surprend à ricaner sourdement. Si un agent le trouvait, pieds nus, en pyjama, en train de déambuler dans la ville après le couvre-feu, qui plus est perdu dans le brouillard qui précède l’aurore, il serait emmené illico en centre de sensibilisation sociale pour comportement anormal.

Cependant, sa fatigue l’a rattrapé et, avisant une banquette qui se dresse non loin de là, il s’y laisse choir dans un soupir de soulagement.

« Je n’espérais plus te trouver »

Il sursaute puis, aux aguets, scrute le brouillard qui l’entoure.

Rien.

Silence.

Il est en train de devenir dément, il voit des ombres et entend des voix. C’est ça, c’est la seule explication.

« Ne t’effraie pas. Tu n’es pas fou. Je suis bien là, mais le brouillard t’empêche de me voir. Ca vaut mieux pour l’instant. »

Cette voix… Il la connaît bien.

«Je te connais. Qui es-tu ?
-Je suis un ami qui veut t’aider.
-Je n’ai pas besoin d’aide.
-En es-tu certain ? En dépit de ce que tu crois, tu n’es pas arrivé ici par hasard.
-Qu’est-ce que ça veut dire ? C’était toi, chez moi ?
-Laisse-moi t’expliquer. Tu vas comprendre. Une puissance autoritaire a réussi à renverser la prépotence de mon pouvoir. Mais bien qu’elle contrôle la plupart des mécanismes, j’ai jusqu’à présent toujours réussi à lui échapper. Son système est basé sur un réseau d’images agréables ou que, par la force d’expériences atroces, on t’a rendues insupportables. Lorsque la situation lui échappe, elle utilise le trouble spécifique que produit l’une d’elles, parmi les plus puissantes, pour en reprendre le contrôle. Tu lui as toi aussi vaillamment résisté. Pour la première fois, tu as pu franchir toutes les étapes et avec mon soutien, tu as réussi à te soustraire temporairement à l’hégémonie infectieuse et c’est pourquoi je peux te rencontrer ici, maintenant. »
L’hallucination continue… A moins que cela ne soit un l’œuvre d’un plaisantin complètement givré.
«Tu espères ainsi me prouver qu’il n’y a pas une voix qui débite des inepties insensées dans ma tête?
-Non. En réalité, je suis cette voix.»

A quelques centimètres de son visage, Il voit émerger du brouillard une main tendue vers lui.
« Serre-la. »
Il peut concrètement sentir la chaleureuse poignée qu’on lui adresse.
« Il est temps que tu ouvres les yeux. »
Un souffle puissant commence à dissiper la brume. Son mystérieux interlocuteur se dévoile petit à petit. Il peut distinguer son avant bras, puis son épaule et son flanc. Mais cet homme qui apparaît progressivement, dont il peut maintenant reconnaître le visage, c’est…

Lui.

Le brouillard continue à se dissiper promptement et Il se rend compte qu’il est à l’extérieur de la Ville, aux abords d’un petit lac. Au loin, les éternelles brumes aériennes restent accrochées en hauteur.
« As-tu déjà pu voir ce qu’il y a derrière ces bancs de brume ? Jamais, n’est-ce pas ? Tu fus libre de t’y promener, il y a longtemps. Si longtemps même que tu ne t’en souviens plus. Regarde ! »
Les nappes se dissolvent et laissent apparaître une riche cité en pierres blanches dont les structures, dressées sur les vieux immeubles des bas-fonds, s’élèvent à plusieurs centaines de mètres.
« Souviens-toi. Tout cela est à toi.»
Sans vraiment savoir pourquoi, il est transporté par une profonde allégresse.
Son jumeau lui prend les mains, l’enlace, rapproche lentement sa tête de son visage, vient effleurer ses lèvres et lui adresse longuement un ardent baiser. Par sa bouche, Il peut sentir entrer en lui les radiations bienfaisantes de l’Autre qui, niveau par niveau, renversent toutes les barricades qui bloquaient les passerelles, laissant chacune des complexes entiers à l’abandon, pendant qu’un sauvage plaisir s’insinue dans chacun de ses organes.

Tout devient clair.

Subitement, tous les plus ténus souvenirs, mêmes oniriques, engrangés dans sa mémoire depuis les premières étapes intra-utérines de sa vie, ressuscitent à sa compréhension dans un monumental feu d’artifice de sensations enchevêtrées. Accédant à un état de conscience total, il saisit pleinement le sens de toutes ces péripéties. Le spectacle majestueux de l’aurore ouvre alors sur les cieux son festival de teintes rouges orangées, tandis qu’au loin, dans les sierras ambrées, des dizaines de gigantesques geysers éclosent et projettent dans les airs un liquide épais qui s’écoule sur le flanc des montagnes et inonde la vallée.

Tout est limpide.

Sous l’action de cette humeur abondamment nourricière, les fleurs développent autour des deux hommes, dans une croissance extraordinairement véloce, d’énormes organes qui diffusent un parfum suave. Ils sont déjà entièrement noyés dans le fluide bienfaiteur et une immense corolle de pétales multicolores, entre lesquels virevoltent des torsades de particules cotonnées et translucides, se façonne en forme d’un paraboloïde dont ils sont le centre. Enveloppées par une aura féerique d’arcs de lumières roses et verts fluorescents, leurs poitrines commencent à s’amalgamer, leurs mains jointes se soudent.

Mais soudain, une cale vient d’être démise dans une galerie, au plus profond de la mine, et Il sent les présages d’une nausée titanesque monter des tréfonds de son être. La transmutation se met à régresser, leur étreinte à se desserrer inexorablement.
« Ils ont dû nous devancer et dépêcher un agent physique. Nous ne pouvons rien contre son appareil. Tout est perdu. Adieu. »
Un long éclair, dont les ramifications fractales se structurent en cocon autour des jumeaux, vient accumuler son flux entre leurs corps. De leurs bustes en fusion émerge lentement une méduse noire tatouée du Signe. Dans les profondeurs, le grisou s’intensifie et, en même temps que la chaleur, toute cette atmosphère déchaînée remonte vers le sensible, puis les parois de confinement volent en éclats et le volcan vomit ses entrailles dans l’océan. Le liquide est devenu sombrement glauque et charrie les débris répugnants des bulbes broyés. Convulsé de spasmes, Il voit la méduse refermer ses tissus corrosifs sur la tête de son alter ego. Des tranchées de pourriture verdâtre se mettent à descendre de son cou et, en se ramifiant, craquèlent sa peau qui se délite et dont les lambeaux pourris se répandent alentours. Un jus de décomposition putride s’échappe de ses tissus externes, qui se disloquent douloureusement. Ses organes en putréfaction accélérée s’échappent alors de son ventre béant, à travers les effervescences de son sang noir, pendant qu’il le regarde intensément avec une expression d’incommensurable tristesse. Le cœur flétri, encore agité de palpitations incohérentes, descend vers l’abîme aquatique en hoquetant misérablement. Les intestins et le colon se déroulent, se fragmentent et gerbent des moisissures congestionnées avant de glisser eux aussi vers les profondeurs. Puis en même temps que les cheveux, les yeux rabougris se détachent de leurs orbites et viennent glisser sur le visage de son double pendant que le squelette, que les muscles jaunes de gangrène ne soutiennent plus, s’écroule définitivement dans un tourbillon de matière organique nécrosée où il peut reconnaître les filaments desséchés de sa cervelle.

Un violent choc le propulse en apesanteur, complètement désorienté par ses virevoltes et, dans un spectacle intolérable il se voit coincé entre deux planches reliées par des barreaux de fers, emporté dans une spirale qui descend vers l’infini dans les ténèbres…

Saloperie de cauchemar.

Cinq heures du mat.

Impossible de se rendormir, maintenant.

Il se met sur son séant, allume sa lampe de chevet et se masse les paupières. De l’autre côté de la fenêtre, le brouillard qui précède l’aurore est en train de s’installer. Mais il n’y prête pas attention. Il émerge lentement de l’angoisse de ses songes. Machinalement, il cherche des doigts la télécommande de son télécran.

o-*scouic*-o
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Captivé par son télécran, il ne remarque pas l’ombre qui se glisse prudemment dans le salon, gagne la salle de bain et sort discrètement par la fenêtre.

= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 08/09/2004 à 19:46:38
Et un petit commentaire écrit au fur et à mesure que je lisais :

Ca commence par une espèce de séance de relaxation zen, bien écrite mais assez chiante. Ca met quand même tout doucement dans l’ambiance souhaitée.

Usant toujours d’un angle de vision très scientifique, Tyler ne se laisse aller à l’intuitif et à l’onirique qu’avec réticence, et les débuts d’hallucinations sont peu convaincants et assez psychédéliques, ce qui reste pour moi, rappelons-le, rédhibitoire. Dès qu’il y a des formes floues qui se baladent ça m’énerve illico. Le mariage entre le neurologique et l’onirique se fait mal et on a le cul entre deux chaises.
Les premières visions réellement structurées font assez cheap, on se croirait un peu dans un film d’extraterrestres des années 50, ou dans du sous-Lovecraft. Mais peu à peu on rentre dans le jeu d’une bataille étrange et physiologique, décrite de manière totalement froide… Avant d’être interrompus par une nouvelle scène.

Les visions s’entrechoquent, jouent le chaud et le froid, mais dans tous les cas l’étrange domine. Elles finissent par se débarrasser de leurs oripeaux scientifiques qui leur allaient mal. Certaines sont assez drôles, la plupart sont surprenantes, quelques unes très réussies sur le plan artistique. D’autres pas franchement convaincantes. On sent les influences de Tyler apparaître sous tout ça, mais ce n’est jamais choquant.

Au moment même où l’enchaînement de visions commence à lasser, le héros se réveille, mais ce n’est qu’un faux-semblant de plus, qui a le mérite de réveiller la vigilance du lecteur et d’effacer son début de lassitude. On commence à sentir venir une sorte d’intrigue cachée à coups d’allusions et de symboles, des figures qui reviennent plusieurs fois, ce genre de choses. Le signe, les télécrans, les jumeaux, 4981… Ca créée une forme de suspense appréciable. Du coup on sort du réalisme onirique dans le sens on où trouve rarement des images aussi récurrentes dans un rêve, mais c’est appréciable, on comprend qu’il y a quelque chose de dévié.

Le héros se réveille plusieurs fois de suite et on ne sait plus si on est dans la réalité ou dans un nouveau rêve. Corollaire évident, on se demande si il existe vraiment une réalité, je vous refait pas le topo, c’est toujours ce foutu trip matrixien, mais là c’est induit avec une grande subtilité. Tyler ne fait finalement que décrire quelques visions et on aboutit pourtant à ce genre de réflexions tordues, belle réussite.

On continue à errer dans un flou intéressant d’actions contraires, on a plus de repères, on ne sait toujours pas si on est en plein rêve ou dans une réalité aux règles différentes, c’est très agréable de se laisser mener en bateau de cette manière.

A nouveau au bout d’un moment, on se lasse un peu, on aimerait bien quelques réponses au lieu de choper des nouvelles questions dans la tronche. On sent confusément qu’il n’y aura aucune réponse. Cela dit, la fin est très bonne, plaquant une réponse toute faite et assez décevante, tout en la mettant à nouveau en doute juste après. Très ambigu.

Tout ça est impeccablement écrit, à l’exception des premières visions, pas très fluides, pas très inspirées et trop pourries par le jargon scientifique.
Le style est très froid et très distancié, ce qui sied bien à un rêve, mais ne permet pas de savoir comment Tyler se démerderait avec une histoire un peu plus émotionnelle. A mon avis c’est pas son créneau l’émotionnel.
Narak

Pute : 2
    le 08/09/2004 à 19:56:44
Putain nihil, tu fait chier avec tes commentaires qui rassemblent a peu près tout ce qu'on peut dire sur ce texte, moi qui comptait parler du zen moi aussi...

Bon, ben tampis je vais en rester aux commentaires de merde alors !
:C'est calme,un peu trop long mais pas dérangeant pour la lecture, bien...
Tyler D

Pute : 0
    le 08/09/2004 à 20:01:32
je vois que j'ai réussi ce que je voulais : quand je lis le commentaire de nihil je vois qu'on peut interpréter le texte de manière totalement différente de ce que j'ai pensé y mettre au départ. j'ai volontairement balayé un certain nombre de pistes d'interprétation pour permettre à chacun d'y trouver ce que bon lui semble.

enfin j'espère que sans se prendre la tête sur les interprétations ça reste fun à lire.

sinon, j'ai délibérément choisi de me concentrer sur les sensations. ma toute jeune carrière d'écrivain n'a pas encore eu le temps de produire de texte où les sentiments tiennent une place importante. putain y'a du pain sur la planche avant d'atteindre le goncourt
Taliesin

Pute : 1
    le 08/09/2004 à 20:50:45
J'aimerais bien avoir la composition chimique d'un liquide "sardoniquement" visqueux, ça doit être marrant comme truc.
Le vocabulaire scientifique rend le style lourd, tout comme l'emploi de certains adjectifs comme "échiquéen" ou "pré-auroral". ça devient pénible à lire par moments. Certains passages sont quand même nettements plus fluides. Comme pour les autres textes de Tyler, on voit l'influence des classiques d'anticipation (entre autres "1984").
En tout cas, c'est nettement meilleur que ses articles de journaux.
cosette
    le 09/09/2004 à 16:18:43
( baillement ) y a que le titre qui est subliminal. c'était long et fastidieux, j'ai failli m'endormir en route, si bien que je me suis rabattue sur le Dormeur du Val...
crdp
    le 09/09/2004 à 21:47:11
Quand je vois le commentaire de Nihil sur ce texte , je me dis qu'il a une conscience de pro ce mec !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 09/09/2004 à 21:49:26
Oui, vaut mieux qu't'ailles asticoter les morts. Sinon, quans tu suces, t'avales ?
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 09/09/2004 à 22:06:02
C'est bien écrit, à part ce qui me semble être 2 ou 3 maladresses déjà relevées par d'autres, mais qui ne sont pas assez graves que pour gâcher l'ensemble.

Malgré ce constat, qui m'arrache la gueule parce que t'es quand même un foutu connard, je peux difficilement m'enthousiasmer davantage parce que c'est pas trop mon genre de textes. D'ailleurs, ça me rappelle plus Matrix (pour ce que j'en connais, c-a-d le premier épisode), ou mieux, Vanilla Sky, que 1984.

nihil

Pute : 1
void
    le 09/09/2004 à 22:11:05
Je viens de tilter sur le chiffre 4891... Je suis lent des fois, c'est pitoyable
Tyler D

Pute : 0
    le 09/09/2004 à 22:46:21
en fait j'ai lu quelque part que lynch a construit "lost highway" autour de ces deux mots qui l'inspiraient et qu'il avait lu dans je ne sais plus quel roman

là j'ai fait pareil mais autour de l'image. mais pour autant rien n'est fait au hasard et chaque élément du texte a un sens. j'avais pas relevé : il y a bien des réponses qui sont balancées à la fin mais elles laissent volontairement du flou.

voilà sinon l'élément récursif le plus important, c'est le Signe biohazard (emblême de la Zone pour les nazes)
c'est profond, ça

non?
Taliesin

Pute : 1
    le 09/09/2004 à 23:24:56
l'élément récursif le plus important, c'est la profondeur abyssale de ta connerie.
Kirunaa

Pute : 1
    le 10/09/2004 à 04:38:31
ouais, ben voila quoi... il est plus/pas l'heure de faire des commentaires construits.

Et pas de reflexion comme quoi mes commentaires sont jamais construits, merci.
Taliesin

Pute : 1
    le 10/09/2004 à 08:22:25
Tu viens encore de prendre une cuite ?
Kirunaa

Pute : 1
    le 10/09/2004 à 16:40:55
Non connard, j'étais encore au boulot.
Taliesin

Pute : 1
    le 10/09/2004 à 16:59:22
On y croit vachement...
Kirunaa

Pute : 1
    le 10/09/2004 à 19:28:28
La vache, c'est le pigeon des champs.
erasmus
    le 28/09/2004 à 22:35:16
on meurt,on ressuscite, on est vivant ,on est libre ,on est esclave,on est plus fort que le systeme,on est manipule.recurrence de la question de la realite mais quelle putain de realite?!..
bonnes references,
meme si parfois impression que l'auteur se complait ds l'ecoute de lui meme.''paraboloide''en est l'exmple le plus evident.je doute qu'un goncourt ait un style aussi lourd.ca empeche le lecteur de profiter des sensations,d'etre completement envahi ,emporte,perdu...
Narak

Pute : 2
    le 29/09/2004 à 12:02:25
On vise pas le goncourt ici, connard !!!
Tyler D

Pute : 0
    le 04/10/2004 à 23:24:31
aaah je suis trop con
j'aurais dû le deviner plus tôt
je t'ai démasquée erasmus
Tyler D

Pute : 0
    le 05/11/2004 à 11:21:03
des fois je dis de la merde quand même, hein
Tyler D

Pute : 0
    le 05/11/2004 à 11:21:45
Allez, avouons-le franchement ; j'ai un gros problème dans ma tête
Tyler D

Pute : 0
    le 05/11/2004 à 11:29:10
c'est ça qu'est bon, nan? va falloir que j'arrête la schizo, moi...

euh y'a qu'une seule autre explication possible : j'imagine mal nihil ou lc faire preuve d'aussi peu d'inventivité alors ça ne peut qu'être l'oeuvre d'un modo frustré qu'a remarqué que je suis assez con pour utiliser le même mot de passe ici qu'ailleurs...

vais régler ça au plus vite
Tyler D

Pute : 0
    le 06/11/2004 à 01:56:59
Mon vénéré maître TaL est omniscient, omnipotent, et le dernier réel héritier de la pensée nietzschéenne
bourles
    le 11/01/2005 à 17:17:37
bite
nihil

Pute : 1
void
    le 11/01/2005 à 18:31:04
ça méritait d'être signalé, merci.
Taliesin

Pute : 1
    le 11/01/2005 à 19:06:11
Y a pas de "r" à boules.
Déraisonnable
    le 12/01/2005 à 09:21:01
Tyler ton texte commence très mal, phrases trop longues et trop lourdes mais peu à peu on se prend au jeu, parce que le style devient plus perso, plus original, et il y a des passages vraiment excellents, dommage que vers la fin, les jumeaux, les fleurs, le grisou, le poulpe ça retombe dans le lourd et chiant... maintenant si tu as envie évidemment tu aurais tout intérêt à reprendre ce texte, à le débarasser du superflu, et en dégageant une trame qui ferait que même si le lecteur ne sais pas où tu l'emmenes, toi tu sais... sinon le brouillard pré-auroral c'est bien quand on comprend que c'est peut-être pas naturel...
l'abus de terme compliqué ne rajoute rien à l'histoire, mais au contraire si tu en utilises quelques uns à bon escient tu construis alors un univers dans lequel on se fait vraiment embarquer...

pour le plaisir, je me permets ça, de ré-écrire le début (nihil je t'emmerde) :

Inspiration…
Tout est calme
Je suis seul
Fermer les yeux

Dans la pénombre, Henri retient son souffle, savoure l'instant de plénitude, pause temporelle. Doucement son abdomen se vide, les tensions résiduelles qui lui contractaient encore les épaules s’écoulent par ses narines. Sa conscience du monde sensible glisse sereinement vers le néant. Les connexions nécessaires à l’interprétation de l'environnement se résorbent une à une. Yeux, nerf optique, conscience de l’espace, du temps, du son langage optent pour le repos.
Henri se laisse porter par un bienheureux apaisement, la liberté que lui procure le lent effondrement de cette dictature que le monde réel impose à l’activité de son esprit. Progressivement, l’illusion de sa personne se délite, son être se retranche au cœur de ses mécanismes, renoue avec ses plus profonds instincts, s’engloutit dans un microcosme aux règles organiques dont les racines plongent à travers les âges jusqu'à rejoindre les formes les plus élémentaires de la vie. Cependant, quelque part dans ses structures d’interconnexions neuronales, un étage encore créatif produit une ultime représentation cosmique de sa conscience : un éther infiniment sombre peuplé d’étoiles microscopiques…

qu'est-ce que t'en penses ? j'ai rien changé, simplement "allégé"





Narak

Pute : 2
    le 12/01/2005 à 15:00:17
Je ne suis pas Tyler mais je pense que tu devrais la fermer...


Et toi qu'est que tu en penses ?
Déraisonnable
    le 12/01/2005 à 15:14:58
à propos de fermer...t'as perdu une occase narak
Tyler D

Pute : 0
    le 13/01/2005 à 12:29:55
>déraiz

c'est beaucoup plus lisible mais en même temps ça zappe certains trucs que je voulais dire...

rien n'est jamais parfait, j'enregistre les critiques, je ferai autrement sur mon prochain gros texte, mais j'ai pas envie de passer du temps à réécrire ce que j'ai déjà écrit
nihil

Pute : 1
void
    le 13/01/2005 à 15:15:02
Faut être logique, on évolue en permanence (phrase qui se voit illico accorder le prix de la meilleure phrase hippie du mois), si on part dans la réécriture et la recorrection à chaque fois qu'on entend une critique ou qu'on a envie de finalement changer un truc, on y passe sa vie. L'idée serait amusante d'ailleurs, un texte écrit à remanier à sa guise tous les six mois, pour voir les évolutions de style et autres... Merde ça pue la rubrique à la con signée nihil ça
Déraisonnable
    le 13/01/2005 à 15:28:30
ben c'est exactement ça oui on y passe sa vie...
mais chacun sa méthode ou non-méthode

-Tyler désolée je me suis faite plaisir en jouant à la maîtresse (déformation sexuelle), je reommencerai plus promis
Déraisonnable
    le 13/01/2005 à 15:32:20
en fait il y a des textes brouillons et puis il y a celui ou ceux qui sont vraiment importants... et là on compte plus le nombre de fois où on y repasse, normal, ça peut prendre des jours comme des mois... et je vois pas où est le problème, on cherche tous à faire mieux non ? sinon pourquoi la zone ou d'autres sites qui ont ça en commun... l'envie d'aligner des putains de mots pour que ça fasse tilt dnas le cerveau de (merde à) celui qui lit...
nihil

Pute : 1
void
    le 23/12/2006 à 16:14:42
Tyler m'a fait parvenir une nouvelle version du texte que je viens de mettre en ligne à la place de l'ancienne version. Y avait pas suffisemment de retouches pour justifier une publication indépendante dans le dossier remix, c'est surtout des modifications de tournures et de style. Ca peut vous faire une occasion de lire ou relire le texte, qui est bon. Un peu trop long et trop circonstancié peut-être, mais quand même bon. Je vous conseille de ne pas trop vous fier à tout le début, très psychédélique et sensoriel machin-chose, la suite est mieux.

Commentaire édité par nihil.
Mill

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Pute : 1
    le 26/02/2007 à 13:31:14
Trop lourd. Trop long. Trop prévisible. Mais j'apprécie la référence à Orwell et le style outrancier de certains passages.

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