LA ZONE -

Sexe, nicotine et macramé

Le 14/04/2005
par Lapinchien
[illustration] Me voilà de nouveau livré à moi-même. Une constante, tel est mon triste sort. Oublié sur une table à la terrasse d’un café… Je reste là comme une merde, juste à coté d’un pourboire ridicule, de mégots froids flottant dans un cendar Segafredo improvisé… Combien de fois ai-je eu à vivre la situation ? Des dizaines ? Des centaines ? Je ne les compte plus… On m’égare, on me perd, on me prête, on me refile, on me vole furtivement, on me chourave en douce… Qu’attendre après tout de plus de la part de tous ces connards à qui j’ai appartenu ? Qu’attendre après tout de plus de la part de tous ces connards à qui j’appartiendrai ? De l’attention ? De la considération ? Un peu d’amour peut-être pourquoi pas ? Allons bon, faut pas déconner non plus… Je ne suis qu’un objet. Je ne suis qu’une saloperie de briquet à la con…
« Putain mec t’as pas du feu ? », un gros tas alpague le garçon de café par le tablier. « Monsieur, l’espace fumeur c’est là bas… », Qu’il lui répond en lui indiquant du doigt la table où on m’a honteusement largué … C’est bien ma veine je crois bien que j’me suis dégotté un nouveau proprio… « Hey bas du fion ! », Le gros mec secoue le barman, « Tu me parles sur un autre ton, sinon j’t’éclate ta salle tronche de lèche-burnes endimanché sur le bitume, ok ? ». Fausse joie, le client se vexe, il va se barrer sans demander son reste. « Mais Monsieur… », Le serveur n’a pas le temps de finir sa remarque qu’il valdingue dans les airs, ses pieds ne touchent plus le sol. Tout le contenu de son plateau se retrouve en milles morceaux sur le carreau. Les badauds dévisagent les deux hommes. Le gros cul les envoie tous se faire foutre en brandissant son majeur. « Lâche le morveux, Jack ! On a autre chose à branler !», Un homme engloutissant un sandwich crudités grommelle presque incompréhensiblement ces mots. C’est un des potes de la brute qui essaie de la raisonner, un petit maigre assis en face d’un troisième type, un black sexagénaire emmitouflé dans une grosse cagoule et une doudoune, qui lui, par contre, ne bronche pas d’un poil. Le sac d’os m’a repéré sur ma table et a lâché son sandwich. « Attrape-moi ce feu ! », Me jette-t-il sans le moindre égard en direction de son ami… Jack me chope en plein vol, et allume la clope qui lui pend au bec dans la foulée… Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

C’est pas que j’sois un briquet de collection : j’ai pas été conçu par un artisan aux doigts d’orfèvre, juste assemblé à la va-vite par une ouvrière asiatique sur une chaîne de montage… J’suis juste fonctionnel et très utile… J’ai un coupe-vent qui pivote aisément et un orifice pour me recharger en gaz liquide… J’fonctionne plutôt correc’. C’est à çà que je dois ma longévité hors du commun… Car d’ordinaire, si vous voulez bien me pardonner une pauvre vanne à deux balles, nous autres, les briquets, on fait pas long feu… J’ai une sorte de coque en alliage merdique, j’suis pas plaqué d’un quelconque métal précieux… Les motifs qui y sont gravés ? Un vague feuillage au style orientalisant ou pt’ête bien un dragon mal fichu (j’ai jamais trop bien su) Tout c’que j’sais c’est qu’ils sont pourris, nuls, mais assez tape-à-l’œil pour ne pas donner l’idée, à ceux qui m’ont entre les mains, de me foutre à la poubelle… J’suis affublé d’un sigle ‘Made in Taiwan’ assez discrètement planqué en plus, j’en remercierais jamais assez mon concepteur...

Il fait sombre. J’dois être au fond de la poche du blouson pourave de ce connard de Jack. À peine unis par le destin et j’peux déjà pas le blairer… J’dois me coltiner la compagnie d’un kleenex usité, d’une vieille capote à l’emballage à moitié déchiré et de la boulette d’un chewing-gum post-mâché… Chouette cette odeur de morve, de chlorophylle et de caoutchouc lubrifié ! Enfin, j’ai pas à me plaindre, au moins c’est pas encore aujourd’hui que j’finirai à l’incinérateur… Déjà çà d’ gagné… Mais tiens, à l’extérieur, çà cause :

« T’es sûr qu’c’est à l’Hilton qu’il est descendu l’autre blaireau ? », Jack semble sur les nerfs, il arrête pas d’harceler son pote maigrelet, le bombarder des mêmes questions… J’entends les portes d’un ascenseur s’ouvrir… Les pas des trois compères sont feutrés, ils résonnent presque imperceptibles en cadence. Les lascars arpentent sans aucun doute les tapis d’un long couloir à l’étage d’un hôtel… « Cool Mec ! J’suis sûr de mes sources ! Arrête de m’gaver… », Le petit est exaspéré, « J’sais pas…Détends-toi… Pense à des trucs un peu futiles… Tiens ! Tu sais comment qu’ils appèlent les menus Extra de Burger King les froggies ?» « Putain Robert ! Arrête de te foutre de ma gueule… Y a plus de Burger King en France depuis des lustres…», Jack à la bougeotte, il glisse sa main dans sa poche et me saisit, « Si t’étais pas un pote, j’t’aurais déjà collé deux bastos dans la calebasse… » « Zen mec ! », Réponds Robert en nous faisant une petite suée du derche, « Si on peut plus déconner entre amis, hein ? Prends plutôt exemple sur Maceo… Il est silencieux et cool, lui… hein, Maceo que t’es cool ?» Robert pousse l’homme encagoulé à grands coups d’épaule… Il trimballe un sac de sport… Doit y avoir un truc pas net dedans… Je remarque alors que Robert le menace d’un flingue discrètement serré contre sa doudoune… Il conclue : « D’ailleurs tiens, Jack, on y est… Suite 402… C’est là !»

Jack tient de deux doigts sa Marlboro, le filtre à la commissure des lèvres… Il m’approche de la cigarette, repousse mon couvercle d’une secousse de la main droite, son pouce fait tourner ma molette dont la partie crantée frotte sur ma pierre : des étincelles jaillissent… Presque instantanément le doigt finit sa course en butée contre mon bouton poussoir qui s’enfonce mécaniquement en mon antre… La pièce métallique qui y est solidaire bascule et fait levier sur ma fourche qui glisse dans le conduit. L’orifice en son extrémité est dégagé… Le gaz se libère alors et circule dans le petit canal qui le guide jusqu’à l’extérieur de mon être… Il s’échappe par la valve et s’enflamme au contact des étincelles. Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis ! Jack prend une forte aspiration. Je sens lentement le réservoir en moi se vider dans une flamme libératrice. L’orgasme dure quelques secondes, juste le temps que ce con de fumeur, n’ait réussi à allumer sa clope. La Marlboro scintille du bout et commence à se consumer. Çà fume. Jack relève son pouce et mon ressort ramène le bouton poussoir à sa position d’origine. La pièce métallique bascule dans l’autre sens et referme la valve. La flamme et le plaisir s’étouffent subitement.

« A toi de jouer Maceo ! », Robert retire d’un geste brusque la cagoule de l’otage et le poussotte du canon de son flingue. Jack quant à lui se met à couvert à coté de la porte de la suite 402, en dehors du frustrum de l’œilleton, prêt à intervenir en cas de pépin. « Bordel Maceo ! », Susurre Robert à son oreille, « Fait pas le con… Agis comme on a prévu et tout se passera bien… » Puis il se place en retrait, juste derrière l’otage, tout en le gardant en joue.

J’ai beau chercher dans mes souvenirs mais je ne pense pas qu’il me soit arrivé quelque chose de comparable auparavant… çà me troue… attendez voir un peu… On m’a gerbé dessus un soir en boîte de nuit ! Non, non, çà c’est minable comme souvenir… Quoiqu’ on venait juste de m’allumer et… Hum… Le mec qui ne se sentait pas bien avait tellement ingéré d’alcool que le con a failli incendier le night-club. On aurait dit un cracheur de feu… Ok, ok, effectivement, il ne m’est rien arrivé de comparable auparavant.

Au moment où Maceo lève le poing, s’apprêtant à frapper à la porte, un « ding » retentit… C’est la bouche de l’ascenseur qui s’ouvre au bout du corridor, un petit binoclard un peu louche et dégarni surgit, habillé en tenue de golf, en blanc de la tête au pieds… Jack et Robert planquent leurs armes et sifflotent comme si de rien n’était. Maceo ne sachant pas trop quoi faire reste un bras en l’air et sert de toutes ses forces le sac de sport de l’autre main. Le bigleux semble n’avoir rien remarqué de suspect… Il a un petit calepin où il consigne des trucs à l’aide d’un crayon mine. Jack a placé son flingue dans la poche où je me trouve, c’est un Glock 9mm, il conserve son doigt sur la gâchette au cas où le golfeur chauve se mêle de ce qui ne le regarde pas… La tension est grande… On peut la sentir… La main de Jack est moite, la lopette tremble de peur… En effet, la tension a une odeur, elle pue la sueur rance…

Le binoclard passe lentement à coté des trois hommes mais ne lève même pas les yeux. Robert pousse un « ouf ! » de soulagement, au moment précis où Maceo un peu nerveux laisse tomber le sac de sport qui fait un boucan monstre en impactant le sol… L’embout d’un saxophone un peu cabossé émerge de la fermeture-éclair entrouverte. Le chauve se retourne mais Jack tend déjà son arme dans sa direction, l’index sur sa bouche pour indiquer au petit imprévu dégarni qui va falloir la fermer. Un ange passe…

Derrière l’œilleton de la porte, çà s’affaire… On devine un œil qui cligne. Robert qui se trouve aux cotés de Maceo fait un gros sourire débile. Il lui reste un peu de salade du sandwich qu’il avait commandé au café, carré bien en évidence entre ces incisives. Çà le rend un peu plus sympathique, n’empêche… Enfin, j’imagine le spectacle ridicule derrière le judas… On entend alors à l’intérieur une première voix assez éloignée, presque imperceptible : « Qui c’est, Chuck ? » Jack se rapproche du petit chauve en le menaçant de son Glock avec plus d’insistance : « Putain ! », Lui murmure Jack en se pinçant le nez, « Mais tu t’es chié dessus, espèce d’enfoiré ? » Le petit chauve émotif n’aurait pas dû s’habiller en blanc aujourd’hui, « Colle toi contre le mur et ferme ta gueule ! » Puis en fouillant dans son blouson « C’est pas vrai…Quelle puanteur ! Fume-moi cette clope, comme çà t’oubliera pas que si tu l’ouvres t’es un petit chauve dégarni plein de merde dans le froc et raide mort...» Jack me brandit alors jusqu’aux lèvres du golfeur, fait gicler des étincelles de ma pierre, libère du gaz d’une légère pression…Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

Plusieurs verrous grincent, glissent et butent, une loupiotte électronique passe au vert sur le boîtier d’ouverture. Des clés se tournent. La porte soudain s’entrebâille. « Monsieur Ritchie », Lance ce mystérieux Chuck, « C’est votre ami, Maceo Parker… Il est accompagné d’un connard avec une salle gueule… sûrement son agent… J’ouvre la porte, Monsieur Ritchie !»

Le monde est décidément petit… Je ne sais pas quel sociologue à la mords-moi-l’nœud à estimé qu’il existait entre toute personne vivante en ce bas monde, six degrés de séparation, c'est-à-dire que si vous prenez deux connards qui ne se connaissent pas, et bien le premier connard en connaît un autre qui en connaît un autre qui en connaît un autre qui en connaît un autre qui en connaît un autre qui en connaît un autre qui en connaît un autre qui connaît le second connard… Vous me suivez ? Vous imaginez la vaste toile de connards qui est tissée autour du globe ? En tous cas ce que vous ne pouvez pas imaginer c’est la vitesse à laquelle un pauvre briquet dans mon genre peut circuler dans ce réseau… Chuck, je sais qui c’est… J’ai été à lui, je lui ai appartenu dans le temps… Ah je saurais pas estimer quand… J’en ai vu des tronches de cake depuis, mais tout ce que je sais c’est qu’il avait une coupe afro et des pattes d’eph à l’époque… un petit gamin bien turbulent…

« Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis ! », Qu’est ce qu’il a pu me faire jouir ce connard… Il me choppait à son paternel chaque fois qu’il avait le dos tourné après il se faisait botter le cul mais qu’est-ce qu’il avait pu s’éclater entre temps ! Il s’amusait à cramer tout un tas d’insectes avec ma flamme. Il m’a fait brûler des mouches après qu’il leur ait arraché les ailes, des cafards qu’il enfermait dans des boulettes de papier avant d’y foutre le feu, des papillons qu’il plongeait par dizaines dans un récipient contenant de l’alcool avant de tout faire flamber. Il faisait exploser des fourmilières aussi en les bourrant d’engrais, en ajoutant une petite mèche que j’amorçais. Puis un jour, il m’a perdu dans un bac à sable. Çà me fait quelque chose de le revoir, je suis tout ému…heu… non, en fait, j’m’en fous royalement.

À peine la porte entrouverte, Robert file un grand coup de tatane dedans. J’aperçois furtivement Chuck qui s’est bien répandu, qu’a bien grandit dans toutes les dimensions depuis notre dernière rencontre... çà lui a même permis de devenir le garde du corps personnel du réalisateur anglais Guy Ritchie… Chuck prend la porte en pleine gueule et déséquilibré, se retrouve sur ses grosses fesses potelées… Pas possible que Guy Ritchie l’ait choisi pour son agilité, c’est sûrement pour son impressionnante et improbable carrure qu’il l’a recruté… enfin je devrais plutôt parler de volume utile… Quand t’as ce mec à tes cotés, statistiquement si on te tire dessus ben t’es à 99,9% sûr qu’il va se prendre la balle à ta place et que son tas de graisse ne la laissera pas ressortir… Il est tellement obèse, qu’on a l’impression qu’il t’entoure…

Robert s’introduit dans la suite, se servant de Maceo Parker comme d’un bouclier humain. Il pointe son arme en direction de Chuck qui s’amuse à jouer au culbuto sur son gros cul. « Fous tes gros doigts boudinés sur ta nuque, connard de merde ! », Qu’il lui hurle complètement paniqué, « Si tu bouge le moindre bourrelet, j’te caramélise le bide à bout portant ! C’est bien capté, résidu de liposuccion ? » Chuck acquiesce, le front inondé de sueur, alors que Jack pénètre à son tour dans la chambre d’hôtel en se pinçant le nez, précédé du golfeur blanc au pantalons maculés d’excréments… « Putain de merde ! », S’étouffe Chuck alors que Jack referme la porte, qu’il la verrouille, et qu’il met les clés dans sa poche, « C’est pas humain ! Vous voulez nous asphyxier au phosgène bande d’enfoirés ! » « Ta gueule, Kevin Kosner ! », Rétorque Jack plantant son canon sur la tempe de Chuck. Il le fouille ensuite, récupère ses armes et lui ordonne avec insistance de baisser son froc jusqu’aux chevilles, il répète ensuite tout en le tapotant avec la crosse de son flingue : « Où est planqué Whitney Houston, bodyguard de mes couilles ? »

« Ohé ! Keep cool, Jack ! », Beugle Robert dans l’autre pièce, « Ligote Adipocyteman et vient plutôt par ici, tu le verras ton Guy Ritchie chéri… Il se planque pas… Il est là, mignon comme tout ! » Jack très énervé : « Putain Robert, j’arrive mais j’ai pas de quoi attacher le goret ! », puis en s’adressant au golfeur : « Retire ton calbute, j’en ai besoin… magne toi, discute pas ! » Le pauvre type s’exécute sans sourciller et Chuck grommelant des « putain d’enfoiré » se retrouve ligoté par le futal puant et poisseux. « Si tu la ferme pas, j’te bâillonne avec ! », Lui lance Jack. Puis il lui fout une clope au bec, me sort de sa poche en lui lançant un « Ouvrir sa gueule nuit gravement à la santé ! » Il allume la Marlboro… Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

Jack et le golfeur en caleçon déboulent dans le salon. Robert y tient en joue Guy Ritchie et Maceo Parker, tous deux assis dans un grand sofa en cuir, paumes sur la tête. « Mon salaud ! Je vois qu’on préparait une petite réception… T’oublies d’inviter les vieux amis comme çà ? Quand on a de la came faut savoir partager avec ses potes, hein ?», Jack s’adresse à Guy tout en projetant méchamment le golfeur sur le canapé. En effet, le réalisateur anglo-saxon porte un costume de lapin rose et il y a tout plein de poudre blanche sur la table basse en face du sofa… « Mec, on s’connaît pas… J’t’ai jamais vu avant ! », Lui répond Guy sans se démonter, « Et pis, les apparences sont trompeuses… C’est pas de la coke, c’est du talque… J’essaie un nouveau costume en latex qu’y aura dans mon prochain film, un remake d’Alice aux pays des merveilles, enfin bien revisité quant même, avec plein de bestioles en peluche avec des flingues, qui lâchent de méchantes blagues toutes les deux secondes avant de s’entretuer les unes, les autres… J’ai une peau sensible qui s’irrite avec un rien, alors j’ai mis un peu de poudre de talque dans le costume avant de l’enfiler… »

« Sauf vot’respect, M’sieur Ritchie, ne nous prenez pas pour des cons ! », S’excite Robert en secouant son arme, « De toutes façons, on s’en fout, c’est pas pour çà qu’on est là… Dis-lui toi, Jack ! » « Ouais t’as pas à t’expliquer connard », Rebondit Jack en brandissant lui aussi son arme, « On sait très bien qu’à Hollywood vous êtes tous des putains de camés de toutes façons… On est ici pour t’éventrer, pour te répandre, pour repeindre les murs de la suite 402 avec ta cervelle, enculé de plagiste de merde ! » « Heu…Jack, je crois bien qu’on dit plagiaire… », Interrompt Robert… « Ouais, peut-être mais ta gueule, on s’en bat, l’important c’est de bien lui faire comprendre qu’on va lui éclater sa gueule de gossebeau, la lui racler contre la moquette du living, jusqu’à la lui poncer à mort pour qu’il comprenne cet enfoiré de copieur, qu’on se fait pas du fric sur le dos de Jack Littledick… »

Je crois que c’est à cet instant que j’ai enfin percé le secret du bullet-Time dans Matrix… Personne n’avait remarqué Chuck qui avait rampé depuis le hall jusqu’à la porte du séjour, il tenait en équilibre métastable un petit flingue lance-électrodes paralysantes entre les dents, cependant en entendant le patronyme de Jack, Chuck avait plongé dans un fou rire incontrôlable, le petit flingue lui avait échappé des lèvres, il s’était gravement électrocuté les burnes et venait d’être repéré… çà aurait pu être un incident sans conséquence…

« Jack Littledick est un gamin ayant énormément souffert des brimades de ses petits camarades… », Voilà qu’à présent je me remémore les propos d’un de mes anciens proprios, un pédopsychiatre ayant raté une brillante carrière de bonimenteur, qui s’envoyait des pétards de l’aube au crépuscule… Qu’est ce que j’ai pu en allumer des joints pour ce mec… « Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis ! » Cet enfoiré ! Qu’est-ce qu’il a pu me faire jouir aussi… En tous cas, maintenant je me souviens… Un jour il parlait d’un certain Jack Littledick effectivement, un gamin replié sur lui-même, qu’en prenait plein la gueule à l’école à cause de son nom ridicule et qu’avait finit par péter un câble et violer son institutrice devant toute la classe pour montrer à ses petits camarades de 9 ans et demi qu’il était bien membré comme il fallait… Je crois bien qu’après, le pédopsychiatre a signé une décharge pour interner le gamin… Il supportait plus qu’on se foute de sa gueule et agressait brutalement jusqu’au sang tous ceux qui esquissaient le moindre sourire à la lecture de son nom lors de l’appel…

« Calme-toi, Jack ! », Gueule Robert, « Chuck s’est cramé les couilles ! Il bouge plus… L’incident est clos… » Mais Jack est ailleurs, il n’entends pas, il se souvient de tous ces enculés de mômes, et çà n’est pas sur Chuck qu’il se voit tirer mais bien sur le petit Arthur Kuningham, celui qu’avait osé proclamer dans les douches du gymnase : « Tu portes bien ton nom, p’tite bite ! » Chuck se prend une balle en plein cœur, l’hémoglobine gicle jusqu’à la table basse du séjour…

« Enculé de ta pute de race ! », S’époumone Guy Ritchie en se levant, « Tu viens de buter mon garde du corps ! » Mais Robert le calme de suite : « La pute de race est celle de celui qui se trouve à l’autre bout du canon, connard, alors keep cool et rassis-toi sur le champ ! Ici c’est ceux qu’ont une arme qui insultent, ok ?» « Ok ! Ok ! Ok ! », Le lapin rose s’assied mais poursuit, « Je croyais qu’un kidnappeur devait d’abord exprimer ses requêtes à la police avant de commencer à abattre des otages… mais pt’être que vous n’y connaissez rien à la procédure bande de loosers du dimanche… » Jack qui remet un peu d’ordre dans ses pensées présente ses excuses et tente de reprendre le contrôle de la situation avec un brin d’humour : « Robert va foutre le corps de triple XXL dans la baignoire, çà me fend le cœur de le voir comme çà… » Étonnamment personne ne trouve çà drôle.

Alors que Robert s’exécute et traîne Chuck jusqu’à la salle de bain de la suite, Guy Ritchie énervé de ne rien capter demande des comptes : « Bordel ! Vous allez m’expliquer à la fin ce que me veut la mafia mongole ? » Jack qui veut se la jouer cool, conglomère un petit monticule de poudre sur la table, se fait un rail et le sniffe d’un trait… Puis il se met à tousser, pris de convulsions et de spasmes: « Enfoiré ! Tu t’es fait du blé sur mon dos… J’te l’ai déjà expliqué… Dans ton film, Snake, Snack… Ouais Snatch, c’est çà ! Ben y a une scène à la con que tu m’as pompé de but en blanc, sans même me demander mon autorisation ! C’est la scène où y a l’autre con d’acteur scientologue sur le retour de mes burnes qui sait même pas correctement tenir une arme… Robert De Niro, voilà ! Il demande à l’autre black de service… Comment qu’il s’appelle ce couillon déjà ? Dany De Vitto, je pense… enfin c’est la scène où qu’ils vont flinguer des revendeurs de dope qui doivent des tunes à leur boss… Ben tout le passage où qu’ils causent des hamburgers en France, ben c’est mon esprit génial et torturé qui l’a pondu ! Et toi tu pensais t’en tirer comme çà… me chopper le truc, ni vu, ni connu… avoir des Oscars, des Grany Howards et des royalties dessus et tout, hein enfoiré ?»

« Espèce de cinéphile en bois ! », Le golfeur se lâche alors que Guy Ritchie se tient la tête exaspéré, « C’est pas une scène de Snatch çà… çà vient de Pulp fiction, ducon ! » « Tiens ! Monsieur Puduku se réveille… J’croyais t’avoir demandé de la boucler ? », Jack qui prend la mouche alpague le binoclard chauve par le cou, «çà veut pinailler sur les détails… çà veut jouer au grands alors que çà sait même pas encore demander le pot, hein ? J’en ai rien à branler du film duquel que çà vient… Si tu crois que je connais la filmographie de ce toquard par cœur ? Et pis d’abord tu chlingues trop… Tire-toi ! C’est toi l’otage en bois… Tu sors !»

Neurones attaqués par le talque, Jack a momentanément perdu ses esprits et se dirige vers la porte qu’il déverrouille pour libérer l’otage : « Tu sais que c’est pas bien de cafeter, hein ? Alors promet moi que tu vas pas appeler la police, ok ? Allez ! Va puer ailleurs…» Mais au moment où la porte s’entrebâille, Jack a à peine le temps d’apercevoir un grand groom blond, une sorte de Spirou élevé aux hormones, qui lui file un grand coup de poing dans la gueule. Il s’effondre KO. « Oui c’est bien lui Jumbo !», Le serveur que Jack avait molesté au café en face du Hilton semble lui en avoir gardé rancune et est revenu avec un pote… Apparemment, il a su jouer de ses relations de travail pour le retrouver, (entre esclaves modernes on se comprend), « Allez Jumbo, aide moi à le transporter dans la suite, j’vais latter les couilles de cet enfoiré et de ses amis ! » Le grand Jumbo pousse le golfeur dans la chambre et utilise son pass magnétique pour refermer la porte de l’intérieur.

« Regarde-moi cette bande de pervers, Jumbo ! », le garçon de café découvre un spectacle affligeant et quelque peu trompeur dans le séjour, « On va leur enseigner la parole de Dieu à ces enfoirés de sodomites… Alors comme çà, vous aimez les petites partouzes masquées entre potes hein ? Vous jouiez à touche-pipi, pas vrai ? Regarde Jumbo, l’autre pédé en caleçon à coté de la folle en tenue de bunnygirl rose, ben y s’est même chié dessus… Quel est le putain de monde décadent dans lequel vous vivez, troupeau de païens ? Jumbo et moi, on va vous évangéliser la gueule ! » Le groom balaise se met alors à foutre de violents coups de poings dans le bide de Jack tout en récitant des psaumes, il se sert de chaque dent que Jack recrache comme d’une perle de chapelet. Le garçon de café brandit alors deux battes de baseball qu’il s’était attaché dans le dos, à la façon de katanas… Il les place perpendiculaires l’une à l’autre, en signe de croix, tout en poussant dans un long râle hystérique : « Pardonnez-leur seigneur parce qu’ils ont péché… Ils ont péché parce que le Malin les habite… Le Malin les habite, mais je m’en vais le déloger… Seigneur, je serais ton bras vengeur et juste, implacable et rédempteur, clément et… … Enfin tu vois c’que j’veux dire pas vrai ? Seigneur, je serais ton serveur… heu putain, serviteur… pardon… Que ta volonté soit faite… Amen…Ainsi soit-il…oui, oui, vraiment…»

Mais alors que le garçon de café, se jette complètement par hasard sur Maceo Parker parce qu’il est noir et sexagénaire, Robert sort alors de la salle de bain en grommelant : « çà y est, Jack, çà a pas été une partie de rigolade mais j’ai pu traîner Chuck jusqu ‘à la baignoire… çà m’a rappelé la fin de Sauvez Willy lorsqu’ils relâchent le cachalot dans l’océan et j’ai même versé une petite larme, dis donc… J’suis trop sentimental, la prochaine fois, c’est toi qui nettoieras tes cocho…ne… » Puis sursautant en apercevant son ami en train de s’faire botter le cul : « Hey, Greta, c’est quoi ce bordel ? » Robert pointe son Glock sur Jumbo qui le fige un bref instant… Puis sans hésiter, Robert vide son chargeur et répands la salle gueule de l’aryen bodybuildé dans tout le séjour. « On a pas appelé le Room Service ! », qu’il lui lance alors que le larbin s’écroule lourdement sur la table basse la faisant exploser dans un brouillard de verre pillé et de talque… L’assemblée, abasourdie, se protège tant bien que mal… Les hommes sur le sofa se roulent en boule pour éviter les bris coupants.

Robert aide ensuite Jack à se relever sans remarquer le serveur, qui par instinct de survie ou p’tete plus par réflexe professionnel, s’est planqué derrière le bar en entraînant Maceo Parker dans sa fuite. Il sert ses deux battes contre lui en invoquant le seigneur pour qu’il lui vienne en aide.

« C’était qui le garçon d’étage ? Un autre garde du corps ? », Robert époussette son camarade puis en se tapant le crâne, « T’as expliqué à M’sieur Ritchie, ce qu’on attendait de lui, Jack ? » Mais Jack est groggy et pas un seul mot ne sort de sa bouche alors Robert l’assoit sur le corps de Jumbo et harangue directement le réalisateur. « Bon ok vous nous avez volé nos idées… Déontologiquement parlant normalement, on devrait vous buter juste pour le principe… Mais on peut trouver un terrain d’entente… On a tous à y gagner… Vous savez M’sieur Ritchie, Jack et moi on est de vrais truands, des tueurs professionnels, alors vous pourriez nous engager pour qu’on vous donne des conseils techniques pour le scénario et le tournage de vos prochains films… On est des experts dans le domaine du crime organisé… de fins stratèges… Parce qu’entre-nous, soit dit en passant, y sont sympa vos films, mais ils sont pas très réalistes… Et encore je suis gentil pasque j’vous admire, mais j’dirais même plutôt qu’ils sont ridiculeusement à coté de la plaque… En vrai, les gros-bras, c’est pas des branquignoles comme vous les dépeignez chaque fois dans vos histoires… Les mecs du milieu comme Jack et moi, c’est des types pros, réglos et méticuleux dans ce qu’ils font… y a pas de place pour l’impro… »

Robert tend alors à Guy Ritchie une feuille de papier qu’il avait minutieusement conservée dans la poche de son veston. « Voyez M’sieur, c’est un contrat ! », il lui file un stylo bille décapuché au même instant…, « C’est pas pour un autographe, hein ? hé hé… C’est du business tout çà… Faites confiance, signez… pas la peine de lire, hein ? Vous inquiétez pas, j’ai pas ajouté dans les petites closes qu’on pourrait culbuter votre femme… Pasque perso, Madonna elle me file pas la trique, vous savez ? Excusez-moi, M’sieur, Ritchie mais c’est une vraie morue… et encore j’suis courtois pasque j’vous admire et qu’c’est votre poufiasse, vous savez ?» Mais Guy Ritchie reste pétrifié devant la feuille, il n’entend rien, peut-être bien parce que ses yeux sont figés sur le cerveau du groom étalé sur la moquette et que c’est assez loin du mélange de marmelade, de sirop et de mercurochrome qu’il utilise dans les studios habituellement ?

« Ok, Ok M’sieur Ritchie… J’vois que vous êtes pas né d’la dernière pluie… », Robert balise car le réalisateur ne semble pas séduit par son speetch, « Ils vous faut une petite démonstration, une petite mise en situation, p’tete ? Vous avez raison… Vous êtes dur en affaires mais y a tant de connards malhonnêtes de nos jours… Avec Jack, on avait tout prévu… C’est pour çà qu’on a invité Maceo Parker… Ok, Ok, on l’a un peu enlevé et drogué, m’enfin il aurait été d’accord sur le principe, s’il avait connu nos motivations…Maceo ! Maceo ! Joue-nous un p’tit air de sax que Jack et moi on puisse montrer deux, trois petits trucs à M’sieur Ritchie… Maceo ? Ouais je sais… On aurait pu prendre un Vinyle ou un CD, mais vous savez c’que sait… On était pas sûr que vous auriez un tourne-disque alors dans le doute… Maceo ? Bordel, réponds, t’es où ? »

Au même instant, le garçon de café sort du comptoir planqué derrière le musicien, l’étranglant avec ses deux battes de baseball… « Espèce de connard de cintré de merde ! », S’époumone le serveur, « T’as refroidi mon pote Jumbo, enfoiré de damné de mes couilles ! Tu iras cramer en enfer pour ce que tu viens de faire… Dieu sera ton seul juge, d’accod’ac, mais j’peux t’assurer que j’m’en vais organiser votre entrevue pas plus tard que dans un instant… » Robert toujours rivé sur le réalisateur anglo-saxon : « Bon ! On s’en bat du background musical… C’est sûr que çà va un peu moins le faire, pasque les soundtracks de Maceo, ya pas à dire, çà à vraiment de la gueule sur la péloche… M’enfin, rien n’est jamais parfait dans la vie… Regardez comment qu’un vrai truand cool se sort d’une situation inextricable dans le genre… »

Robert se tourne alors en direction du bar : « Hey d’où tu sors, Batman ? Laisse mon otage tranquille ! Tu comptes faire quoi sans rigoler ? Un home run avec sa pomme d’Adam, puis tu prendras tes jambes à ton cou sous les applaudissements de tout le monde ? Mais… j’te remets maintenant… tu serais pas le garçon de café d’en face ? C’est pour ton pourboire que t’es revenu ?» « Fais pas chier truand d’opérette ! », Riposte le barman légèrement décontenancé, « Un pas de plus et je lui fracasse la tête… »

Sans se démonter, Robert recharge lentement son flingue et shoote une première fois dans l’épaule de Maceo Parker, le garçon de café surpris le lâche. Robert s’agenouille alors récupère l’arme de Jack, et vide les chargeurs des deux Glocks dans les étagères surplombant le bar. Toutes les bouteilles d’alcool volent en éclat. Tiens donc ? Robert m’empoigne ? Il arrache le contrat des mains de Guy Ritchie, en fait une boulette et m’en approche… Ma pierre claque… Mon bouton pressoir s’enfonce… Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

Robert me jette par terre, sans le moindre égard. La boulette qu’il a enflammée fait un vol parabolique jusqu’en dessous du comptoir. Le serveur qui s’y était replié en émerge en flammes en gueulant... Il tente d’étouffer le feu mais n’y parvient pas… Il fait alors quelques pas en direction de l’entrée mais la porte est verrouillée de l’intérieur et il ne peut s’enfuir… Robert lui balance alors toutes les bouteilles qu’il peut trouver, toutes celles ayant survécu à ses rafales. L’homme se consume dans un long cri crépitant.

« C’était pas cool çà comme intervention ? », Lance Robert à Guy Ritchie, estomaqué, « Bon ok, j’avoue c’est pas top original… Le coup du tir dans l’otage, j’ai choppé çà dans ‘Speed 1 ‘... ah ouais le premier volet était cool, par contre le deux, c’est vraiment du foutage de gueule… Et pis, vous l’aurez sans doute reconnu, le pilonnage des spiritueux du bar suivit de l’embrasement, c’est extrait d’ ‘Une nuit en enfer’… Ok, ok… Par contre les vannes avant l’intervention sont d’origine et puis le passage à la fin où j’ai continué à lui balancer des bouteilles à la gueule pour attiser le feu… ben çà c’est de moi ! C’est bien vu pas vrai ? Ok, j’aurais pu conclure par tiens, ‘voilà ton pourboire !’, çà l’aurait plus fait… mais j’y ai pensé qu’après coup… »

« C’est quoi c’bouquant ? », grommelle Jack qui émerge, « Robert ? Qu’est ce qu’on fout ici ? » Puis en apercevant le garçon de café en train de flamber dans le hall : « Putain, Robert ! T’es inconscient ? T’as oublié les principes fondamentaux du manuel sur les accidents domestiques ? Les barbecues se font toujours en extérieur ! Et les consignes de sécurité, bordel ? » Tout le hall est en flammes, la porte d’entrée est définitivement inaccessible… Jack se dirige alors vers le balcon de la suite… Il ouvre grand la fenêtre… « Hey Jack ! T’es pas un peu con ? », Lui lance Robert, « Là, t’es en train d’alimenter le feu en lui apportant de l’oxygène… Il faut l’étouffer pour le contenir, espèce de gros connard débile d’associé de merde !» Mais Jack ne semble pas vouloir l’écouter… Furieux, il se dirige vers Robert qui bafouille un «Jack, j’te l’ai jamais dit avant mais j’crois bien qu’ton principal défaut, c’est la susceptibilité… » Jack empoigne Robert par les épaules, l’accompagne en quelques pas en direction du balcon, puis dans le prolongement de son élan, le balance dans le vide avant de refermer la fenêtre.

« Robert était un acteur tout pourri… », Jack s’adresse à un Guy Ritchie pétrifié, « Trop prévisible… Pas assez inventif… Trop Hollywoodien en fait… Faut que vous sachiez, M’sieur Ritchie, qu’il ne me représentait en aucun cas… Il parlait en son propre nom… En plus, j’ai trouvé que dans son jeu y manquait de repères… enfin y en avait, mais pas les bons… Attendez j’vais vous montrer… » Alors qu’une épaisse fumée s’engouffre dans le séjour et que les flammes commencent aussi à s’y propager par les tapisseries, Jack empoigne deux chaises et les met en vis-à-vis, face au sofa… Il ordonne au golfeur traumatisé, en le menaçant d’un flingue, de s’asseoir sur l’une des chaises. Jack prend la seconde alors que le petit chauve s’adosse à la première. « Bon, ok M’sieur Ritchie », Reprends Jack, « Faut bien qu’vous preniez en compte le fait que la réplique m’est donnée par un amateur qui de surcroît s’est chié dessus… Vous trouvez pas qu’y manque comme un truc dans c’t’histoire ? Hein ? Ok… Dans toute bonne comédie à l’anglaise qui se respecte, à un moment où l’autre, y a un casting ! Vous voyez comme dans ‘Petits meurtres entre amis’ lorsque les trois branques cherchent un nouveau colocataire, ou dans ‘Full Monthy’ quand les potes chômeurs veulent compléter leur troupe de cheap’n dells ? Le casting, c’est un passage essentiel et obligatoire, une figure technique imposée… Le public l’attend avec impatience, la critique aussi, j’imagine même que les acteurs, le réalisateur et les scénaristes trépignent à l’idée d’aborder cette scène… C’est une putain d’institution, une tradition, comme les macarons avec le thé et les After-eight… C’est l’occasion unique de brosser toute une série de portraits plus farfelus les uns que les autres, un pur moment de comédie et de bonheur en résumé… »

Jack se tourne alors vers le golfeur : « çà tombe super bien qu’on ait à jouer un casting, pasqu’en ce moment je cherche un nouvel associé… alors on aurait qu’à dire que j’aurais passé une annonce dans le journal et que t’y aurais répondu, ok ? Bon… Alors comme çà, le boulot de tueur à gages, c’est un truc qui te botterais bien, hein ? » « Ben en fait, non pas trop… », Répond le golfeur, « Pasque, voyez-vous, je suis astrophysicien et que j’ai pas pris l’option à la fac, et que c’est pas du tout mon domaine d’expertise, et que d’abord je supporte pas la vue du sang, ni la violence… d’ailleurs je suis plutôt pacifiste et je privilégie toujours le dialogue… pour moi, les hommes devraient toujours chercher à ne pas céder à leurs pulsions et leurs instincts primitifs, mais plutôt s’efforcer de trouver des terrains d’entente, des consensus, des compromis pour éviter les guerres et les conflits… parce que la haine appelle la haine, et c’est une spirale infernale après une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage c’est vraiment difficile de s’en sortir… Pasque la vengeance appelle la vengeance, vous comprenez ? Œil pour œil, dent pour dent… C’est une espèce de suite exponentielle non convergente… qui dit non convergence, dit pas de solution, donc inutile, stérile… y a pas de limite, on peut pas encadrer la progression, vous me suivez et… »

Jack n’a pas le temps de prier le golfeur de fermer sa putain de gueule que Chuck surgit en caleçon de la salle de bain… Il a un gros trou plein de sang dans le nichon gauche et pense sûrement que ce qu’il y a de bien dans une salle de bain de grand hôtel, c’est qu’il y a tout un tas de cosmétiques inutiles, comme des sprays à laque par exemple. Chuck en tient justement un dans la main droite. Je me souviens de ce sourire sadique qu’il traîne sur sa salle gueule, le même qu’il avait lorsque plus jeune il s’apprêtait à cramer tout plein d’insectes. Chuck passe discrètement à coté de moi et m’empoigne de l’autre main. « Et dire que mon connard de cancérologue, m’avait juré que le mélanome graisseux qui m’entourait le cœur allait finir par me l’étrangler et provoquer un arrêt cardiaque alors qu’en réalité c’est lui qui m’a sauvé la vie ! », Gueule-t-il alors qu’il allume ma flamme et qu’il pulvérise la laque en direction de Jack. Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

En plein orgasme, je n’ai pas très bien vu Maceo Parker bondir juste derrière Jack au même moment. Oh, je l’avais remarqué un peu plus tôt rampant vers lui avec peine, suite à la blessure que Robert lui avait infligée à l’épaule. Mais jamais je ne me serais douté qu’il avait en tête de lui filer un violent coup de saxophone dans la tronche pour l’assommer… Il n’aurait jamais dû tenter de le faire alors que Chuck, ressuscité, intervenait… Jamais je n’ai vu une doudoune flamber aussi vite. Jack qui s’est pris un méchant coup d’instrument dans la mâchoire est quant même assez lucide pour dégainer son gun. Il shoote plusieurs fois Chuck, mais son tas de graisse semble tout encaisser. Il arrive en furie vers lui pour le désosser vivant. Mais la dernière cartouche de Jack est la bonne, la balle atteint Chuck en plein dans le trou du nichon, faisant exploser son cœur, cette fois-ci pour de bon… « Va te faire foutre, enculé de zombie de merde », Jack sait être philosophe quant il le faut. Le garde du corps s’échoue comme une baleine sur le corps de Jumbo.

« On peut dire que ce soir Maceo brûle les planches ! », Conclue alors Jack qui ne rate pas une occasion pour impressionner le réalisateur anglais. Ce dernier s’est replié avec le golfeur au centre de la pièce qui cette fois-ci flambe comme l’enfer. Une poutrelle tombe condamnant l’accès au balcon. Les derniers survivants ont bien du mal à respirer à cause de la fumée épaisse qui les asphyxie. « Ok, cette histoire à la con respecte bien tous les critères du genre mais il lui manque une putain de fin ! », Guy Ritchie à bout de nerfs craque… Il enlève en sueur la partie supérieur de son costume de lapin et la jette désespéré dans le feu qui la dévore. « Il nous faudrait un beau final twist pour l’achever en beauté… », Ajoute-t-il en secouant Jack. Malheureusement ce dernier est arrivé au bout de son inspiration. Il hausse les épaules concédant qu’il ne peut rien faire de plus. « Peut-être que le système anti-incendie va finir par se déclancher à un moment ou à un autre ? », Il avoue que çà lui échappe complètement.

« Je suis fasciné par les symétries ! », Lance alors le golfeur en me sauvant des flammes qui allaient me dévorer. Jack le regarde agacé : « Qu’est ce çà peut nous foutre que t’aimes les symétries ? On va cramer ! Dans un instant, on ne sera plus qu’un petit tas de cendres… Çà sera la fin et voilà qu’un second rôle, un figurant presque, s’amuse à relancer l’histoire en nous parlant de ses mauvais goûts ? On n’en à plus rien à battre, c’est fini, finito, kaput, hasta la vista, ended… »

« Rien ne se perd, tout se transforme… », Le golfeur ne se laisse pas décourager et poursuit, « Les symétries qui émergent en mathématiques, en algèbre, lors de résolutions d’équations, en géométrie aussi, illustrent ce principe universel, et çà les rend belles… L’énergie d’un système que l’on isole se conserve. La somme des composantes de cette énergie avant et après une transformation, une mutation du système considéré, est la même. La conservation de la quantité de mouvement en est sûrement l’expression la plus connue. En 1964, une anomalie observée lors d’une expérience sur la désintégration de Kaons, nous a permis de constituer le modèle standard actuel qui offre un cadre théorique momentanément adéquat pour étudier les particules élémentaires qui composent notre univers… Nous avons convenu de symétries théoriques que peu à peu, nous avons invalidé expérimentalement… Il y en à trois : C, P et T, symétries respectives de parité, de charge et de temps… Une à une ces symétries ont montré leur limites d’applicabilité, elles ont été violées, elles ont perdu leur caractère absolu pour ne devenir que des cas particuliers. On a ensuite pensé que combinées ces symétries incarnaient des vérités inébranlables… Lorsque charge et parité sont inversées, on convertit une particule de matière en son homologue d’antimatière. La symétrie CP qui consiste donc à faire un parallèle entre une transformation donnée et la transformation impliquant les antiparticules de la première transformation, symétrie que l’on croyait parfaite à aussi son domaine de vérification… Lors d’une violation de la symétrie CP, le bilan énergétique reste neutre si on considère la symétrie CPT associée. La composante temporelle résultante peut être positive ou négative, aussi je suis convaincu qu’il est possible de voyager dans le temps… Tout n’est pas perdu… Regardez ce briquet. Si je…»

Trois coups de feu retentissent. Jack vient de tirer trois balles dans la tête du golfeur qui s’écroule sur le plancher. « J’ai rien compris, pi y me faisait chier aussi… », Concède Jack à Guy Ritchie stupéfait, alors qu’il me récupère, « M’sieur Ritchie, on se grille une dernière clope ? » Jack jette alors un coup d’œil dans le paquet puis haussant les épaules : « Et merde, il en reste plus qu’une… »

« Regardez par le delà la poutrelle, regardez par delà la fenêtre et le balcon… », Reprend Guy Ritchie, «Ne voyez-vous pas la ville qui brûle ? Ne voyez-vous pas que tout crame jusqu’à l’horizon ? Çà n’est pas la suite qui flambe… çà n’est pas l’hôtel… C’est notre histoire qui se consume toute entière, elle s’effondre… Cette histoire bancale qui ne tient pas la route… Cette histoire à la con qui s’efface déjà de la mémoire d’un auteur qu’elle a à peine habité. Elle est pleine de codes, pleine de méthodes sensées faire mouche… Elle est construite sur un modèle ayant déjà fait ses preuves mais en réalité, elle n’en vaut pas la peine...Autant y foutre le feu à cette salope, avant qu’elle ne nous emporte… Je ne supporte pas cette idée, celle de n’être qu’un brouillon que l’on trouve imparfait… Je préfère être à l’origine de ma propre disparition… Je préfère anticiper les conclusions de mon créateur… Je le supère par cet acte…»

Guy Ritchie fout un gros coup de batte dans la gueule de Jack, le traitant de ‘stéréotype à la con issu d’une imagination stérile et médiocre’, puis il m’empoigne, se baisse, fait claquer mon coupe-vent, je sens que le gaz monte, je sens que ma pierre crachote des étincelles… Ce connard veut s’immoler ? Oh, putain çà vient ! Ouuui ! Ouuuui ! Oh, merde… Je jouis !

(O______O) Lapinchien

= commentaires =

Aka

Pute : 2
    le 14/04/2005 à 16:23:49
Moi je l'ai trouvé super bien écrit et vraiment fendard. Mais sérieux, la fin est vraiment complètement baclée et ça fait vraiment chier. C'est con ça aurait été sans aucun doute mon texte préféré sinon.

En résumé :

J'ai lu jusqu'au bout et j'ai adoré.
Taliesin

Pute : 1
    le 14/04/2005 à 16:29:28
Le début où on se fait chier, ça va jusqu'à "merde",ou jusqu'à Lapinchien ?
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 14/04/2005 à 18:27:40
entre début chiant et fin baclée, je n'ai qu'une chose à dire pour me défendre : Vive le milieu ! Merci le milieu ! Mangez du milieu ! Votez pour le milieu ! Lisez le milieu ! ... quant à moi, je me casse à milles lieux (pas de faux espoirs, c'etait juste pour la vanne)

(ce texte ne regorge pas dutout du même type d'humour que j'emploie dans ce post... oui monsieur, madame, je suis un ecclectique de l'humour... un polyvalent de la poilade, un ambidextre du rigolo...)
Aka

Pute : 2
    le 14/04/2005 à 19:09:20
Putain t'es jamais content toi, je te fais une super critique et tout et tu trouves encore le moyen de raler. Saloperie de peluche.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 14/04/2005 à 19:14:30
oui ben faut bien que je defende la norme NF de mon etiquette de peluche française raleuse... et pis qu'on dise du bien ou du mal de moi, je m'en tape, c'est du pareil au même... l'important c'est qu'on parle de moi ! même si le 'on' de 'on parle de moi' c'est moi
nourz
    le 14/04/2005 à 21:18:18
pareil d'abord
Taliesin

Pute : 1
    le 14/04/2005 à 21:29:30
Bandes de sales peluches égocentriques et mégalomaniaques !
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 14/04/2005 à 21:47:08
On peut flooder du polar sur la zone ? Ou c'est juste pour la St Con ? Z'ont tous des noms de tafiole dans ce texte.
Anthrax

Pute : 0
    le 14/04/2005 à 22:36:56
j'adore le titre, vraiment, bravo!
Bertha
    le 14/04/2005 à 22:54:44
SVP il s'agit de quel texte ? J'en ai marre de jouer de la molette là, je confonds tout, pas vous ?
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 15/04/2005 à 10:41:56
Taliesin>je suis pas egocentrique... egocentrique c'est pas assez precis. Plus exactement, je suis trouducucentrique, c'est à dire que le centre de gravité de la somme de mes interets se trouve en plein dans mon anus

Dourak> C'est pas du polar, c'est du polaire... vu le froid que çà provoque

Anthrax> si mon texte ne t'as pas déboité la machoire horizontalement, je peux y remedier volontier

Betha> pour les touristes y a Paris, savais tu que c'est la capitale mondiale la plus visitée ?


C'est chiant, j'ai mes rêgles en ce moment...

Bertha
    le 15/04/2005 à 11:22:33
tiens marrant, moi aussi
Anthrax

Pute : 0
    le 15/04/2005 à 12:18:09
lapinchien, j'aime pas les queues horizontales

Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 15/04/2005 à 13:01:38
arrete de faire capoter la campagne marketing qui devrait conduire mon texte à la victoire, campagne marketing qui cette année est axée sur l'antipathie !
nourz
    le 15/04/2005 à 19:22:07
promis, je vais le lire
mais déjà je trouve que tu as de tres bons commentaires, il fallait que ca soit dit
Johnny

Pute : 0
    le 16/04/2005 à 01:17:12
Quelle saga !

Excellent ! J'ai voté pour toi, Lapinchien !
Tu auras donc une voix.

Deux, avec la tienne !
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 18/04/2005 à 14:09:51
Non je peux pas voter pour moi... par contre je vote pour toi... Ceci est aussi valable pour tous ceux qui voteront pour moi !
Aka

Pute : 2
    le 18/04/2005 à 22:29:15
Ah ? Pourtant j'ai été la première a voter pour toi 'foiré.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 18/04/2005 à 22:35:38
Moi je vote pas pour les lapinchiens, et j'emmerde la ligue des droits du lapinchien.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 19/04/2005 à 00:40:03
Quel enfoiré, ce Konsstrukt.
Nounourz

Pute : 1
    le 19/04/2005 à 18:52:49
vraiment excellent, mais je trouve aussi la fin baclée.
et puis le speech sur les particules on se demande un peu ce qu'il vient foutre la dedans, mais bon...

j'me serai bien marré quand même en lisant ce (putain de long et) bon texte
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 19/04/2005 à 20:50:59
Aka>ouais jamais je ne pardonnerais d'avoir corrigé un texte d'el Def... C'est inhumain

Dourak>Rien capté à l'allusion à Konsstruckt... C'est l'election du pape qui te met dans un tel etat ?

Nrz>le speech sur les particules c'est pour me foutre de ma propre gueule, vu qu'effectivement çà n'a rien à voir avec l'histoire
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 19/04/2005 à 21:07:35
Hier soir, quand j'ai posté ce commentaire, nous n'avions pas de pape, et j'étais dans un tout autre état. Différemment joyeux. Je trouvais que Konsstrukt était un enfoiré parce que je ne n'étais pas parvenu à le rattrapper en une soirée, point de vue articles en attentes. J'ai quand même dépassé Anthrax, ce n'est déjà pas mal.
Tyler D

Pute : 0
    le 06/06/2005 à 22:59:37
Ca m'a juste donné envie d'écouter du Maceo
nihil

Pute : 1
void
    le 06/06/2005 à 23:14:41
C'est toujours ça de pas gagné.
Anthrax

Pute : 0
    le 07/06/2005 à 10:30:07
pas difficile de dépasser Antrax, elle a décidé de ne plus poster depuis un moment, par égards pour vous autres, sympaaaaaaaa non ? mais j'avoue le pire est encore en coulisse...
Aka

Pute : 2
    le 07/06/2005 à 17:36:41
Ouais ouais tu nous as deja fait le coup et on en a reçu un autre...
Tyler D

Pute : 0
    le 07/06/2005 à 22:01:17
Je verrais bien Johnny Depp dans le rôle du dégarni avec ses putains de chaussures de golf et Tim Roth dans celui du groom qui capte rien à la vie
Anthrax

Pute : 0
    le 08/06/2005 à 14:54:13
j'ai reposté pour les textes de merde...au cas où ça suffisait pas déjà comme ça et oui, j'ai aussi posté un truc long et pas zonard du tout... un truc néo hippie youp la la sans doute
Mill

site lien fb
Pute : 1
    le 08/03/2007 à 12:41:25


commentaire édité par Mill le 2008-6-7 15:10:17

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