LA ZONE -

HNE

Le 30/08/2007
par Omega-17
[illustration] Evidemment, aujourd’hui, certaines personnes parlementent entre elles et s’exclament d’un air profondément sérieux, quand certains souvenirs leur reviennent, que tout cela nous pendait au nez, que c’était inévitable, qu’il le fallait, qu’il ne pouvait en être autrement…
Et ces mêmes personnes se montrent mécontentes de la tournure qu’ont prise les choses à présent car c’est quand même inconcevable que le HNE n’ait aucune limite. Ils signifiaient moins leur hostilité ou au contraire ils en faisaient la preuve la plus pointue lorsqu‘ils traînaient les cadavres disloqués des opposants le long des pavés, quand ils marchaient pour pétrir le Mouvement de leurs mains et vaporisaient l’humanité dont ils ne voulaient plus.
Certaines choses n’ont pas changé, en effet. Mais comment pourrait-il en être autrement. Ce que nous avons mené est devenu une souillure devant leur porte, une balafre sur le visage qu’ils osent donner au HNE, une caricature grotesque et réductrice qui n’aboutit à rien sinon à une boucle inutile qui nous ramènera à ce que nous avons fait s’écrouler.
De tout temps, repousser la limite de l’acceptable selon le sens particulier qui lui avait attribué a été l’initiative connue la plus saluée par les authentiques appréciateurs de la nature humaine. Egalement la plus contestée, huée, méprisée et surtout la plus condamnée par tous les citoyens moyens ouest-occidentaux de l’époque dits démocrates, humanistes, empathiques et autres statuts d’ignominie d’un genre approchant. Mise au piquet car les susmentionnés voyaient en son expression la tolérance d’une forme floue de criminalité qui deviendrait par la suite incontrôlable et bien leur en pris puisqu’elle parvînt, grâce à une opposition qui se révéla impuissante bien qu’au départ très lourdement majoritaire, à s’étendre de moins en moins discrètement et sa nature première de marginalité se muta rapidement en phénomène pandémique dont personne n’avait prévu l’apparition, en tout cas imaginé la progression.
Dans un premier temps, les médias firent étalage de ce recours outrancier à la violence ; agressions, vols, meurtres et actes de torture furent les seules nouvelles qui s’affichaient en toutes lettres, on aurait pu croire que le monde était fatigué de réprimer ses pulsions et on avait raison. Ca s’est calmé par la suite, faute d’originalité et de lecteurs pour répondre au tirage.
La déficience de gestion qui en découla concernant les décisionnaires qui voulaient fort à propos l’éradiquer au nom d’une sérénité à laquelle peu de gens croyaient véritablement devînt si flagrante que plusieurs gouvernements démissionnèrent, crise après crise, poussés vers la sortie par une pression populaire jamais vue en plusieurs siècles d’histoire pour chacune des nations concernées.

L’Angleterre fut la première à tomber, comme le dirent les journalistes à ce moment-là. On apprit que le centre-ville londonien avait été envahi de façon spontanée par ce que ces empafés de reporters ont pris pour des manifestants hostiles à la politique actuelle du Premier Ministre mais tout de même extrêmement nombreux, ce qui était interprété par les flegmatiques d’Outre-manche comme un signe d’exaspération populaire inquiétant. Suffisamment pour que la ville brûle durant une semaine probablement mais le chef-d’œuvre des anglais, ce qui donna la note à travers les frontières quant à la suite des évènements, ce fut le sort réservé à la Reine mère.
Son décès ne fut pas des plus glorieux, ni des plus paisibles : empalée sur ce qui semblait être une poutrelle en bois sur les images, hissée et exposée à la vue du monde entier, elle reçut les honneurs d’une visite exhaustive de la capitale, franchissant plusieurs fois la Tamise dans les deux sens et devînt en quelque sorte la mascotte symbolique de cet élan destiné à un avenir maintenant indéniable qui venait par la même occasion de prendre un nom tout à la gloire de ses instigateurs et de leur acte autoproclamé comme salvateur, à savoir le DUHNE - Destabilisation Union for Human Nature Expansion -, communément évoqué de nos jours sous l’appellation Mouvement HNE.

Certains parlèrent de guerre civile, de révolution ou même, pour quelques lyriques, de fin des temps. En fait, ce n’était rien de tout cela. Personne ne voulait établir de nouvelles règles à proprement parler, définir une nouvelle moralité, statuer sur qui méritait de vivre ou de mourir. Cela n’intéressait personne. Non, ce qui était évident, c’était que l’humain occidental - exemple aux yeux du monde en de multiples domaines - ne ressentait plus le désir de l’être et ça, ça en a fait réfléchir plus d’un sur la position à tenir durant cette période. On ne vit d’ailleurs aucun leader charismatique se lever pour tenter d’endiguer le HNE, mis à part Frederiksson, le conservateur suédois qui était sûrement trop loin des réalités en général ou très mal informé de la situation de l’autre côté de la Mer du Nord. Quoiqu’il en soit, il fit la surprise des éboueurs de Königsberg quand ils durent l’extraire de la benne dans lequel il avait été jeté, mort cela va sans dire et en compagnie de ses secrétaires du parti.

Au bout du compte et si on y réfléchissait un peu, l’obtention du pouvoir par la force n’était pas non plus le réel objectif de la marée qui affluait sur une Europe désanimée et courant probablement à sa perte à moyen terme, ce mot avait d’ores et déjà égaré son sens dans une ruelle qui avait vu rouge entre deux et six heures du matin du côté de Santander ou peut-être de Cologne, deux hauts lieux du mouvement HNE. L’objectif, c’était l’individu pour lui-même, par lui-même et en lui-même. Ca aussi, c’est une idée qui a mis du temps à faire son bonhomme de chemin dans toutes les cervelles mais au final, elle y est plutôt parvenue. Les gens voulaient revenir en arrière et renier la civilisation dite moderne, la pilule était difficile à avaler pour l’ensemble mais c’était bel et bien le cas pourtant.
Plus qu’un fait divers royal, les gens voulaient l’annihilation de ce en quoi ils avaient cru, une manière comme une autre de se venger, de désincarner le mensonge, la trahison qui avait amené à tant de vies gâchées. Et pour cela, le sang devait couler, celui de leurs parents, de leurs voisins, de leurs amis, de tous les témoins de leur hérésie passée et même cela ne suffirait pas, on pouvait le pressentir sans peine. L’unique manière de combattre l’irréversible est de l’occulter et de le faire de telle manière qu’il n’ait plus aucune possibilité de ressurgir ; cela était possible, DUHNE promettait un point de non-retour et c’était là toute l’ambition du renversement inopiné des régimes capitalistes démocratiques.
Ca tenait en un seul slogan : La majorité a le pouvoir, la majorité a tort, je suis ma propre majorité.

Il n’y avait rien de bestial ou de primaire, telle que notre démarche était décrite par les excentrés ouvertement hostiles au Mouvement, essentiellement aux Etats-Unis et au sein des nations de l’hémisphère sud. La lucidité d’admettre qu’il est trop tard avant même de commencer, ce n’est pas de la fatalité passive, c’est avancer vers ce qui ne peut qu’être réaliste ; perforer le thorax d’une vieille femme couronnée à l’aide d’un épieu en merisier, ce n’est pas tragique et regrettable, ce qui a un sens, c’est l’impunité par état, ça n’a rien ni de bestial ni de primaire, c’est le même courant discret mais latent qui court-circuite mes veines, c’est l’Antéchrist de la culpabilité induite, la fin des petits arrangements entre amis qui n’en sont pas et de la vermine qui ronge la nature instinctive en prétextant la nécessité de conserver une morale civilisationnelle organisée par l’établissement de protocoles qui ne donnent rien d’une main et prennent tout de l’autre sous peine de voir surgir le démon du Chaos qui effraie tous les petits enfants d’influence judéo-chrétienne.

Ca n’avait aucun égal historique, les soixante-huitards étaient des rigolos, les sans-culottes des braillards à la fourche timide, par définition les révolutionnaires à l’anarchie remâchée étaient quasiment tous des tocards à quelques exceptions près. Aucun d’entre nous n’avait une âme au bouleversement : on ne demandait rien. On reprenait ce qui avait de tout temps été notre intime propriété individuelle : l’existence par le désir. Nombre de philosophies bancales avaient mis en exergue que l’abstention et la répression de la pulsion humaine étaient les gardiens de l’humanité, nous nous situions à l’opposé de cette doctrine qui n’avait fait que prouver sa limite. La seule démocratie intellectuellement envisageable résidait pour nous en un conflit entre minorités mais sûrement pas par un consensus d’apparence majoritaire à tendance modérée. Un idéal qui ne correspondait à rien de vraiment connu parce que jamais utilisé à sa juste valeur et nous allions la lui donner mais pas pour offrir la vérité, la liberté ou une quelconque entité obsolète à notre prochain, non, c’était tout à fait ridicule d’ailleurs, mais pour ce qui comptait le plus envers la conception que nous avions de notre existence : nous-mêmes.
Vivre la transgression au point qu’elle en perde sa définition, voilà le seul but restant, peut-être le seul qu’il y ait eu.

C’est en se basant sur cette déduction légitime et en réponse à l’onde de DUHNE que notre groupe s’est formé.

J’ai tout d’abord rencontré Seize et je fus très satisfait dès que j’appris qu’on allait œuvrer dans le même sens, c’était un type d’initiative. Pierre. Pierre Seize. Je ne risque pas de l’oublier.
La vague duhnienne m’avait déjà totalement adopté et je comptais bien agir en conséquence, pour une fois que des gens avaient su voir juste, il me fallait signifier mon appartenance acquise aux dépens de scrupules envers une idée de l’humain que je n’avais jamais comptés parmi mes valeurs.

Louis Cariona était un homme de rhétorique, il participait à un groupement franco-hispanique indépendantiste et soi-disant apolitique qui visait à désengager les partisans du Mouvement afin de les rallier au Chemin de l’Apaisement, sorte de secte modérée pour le retour global au calme citoyen ; une ribambelle de formations du même genre avait vu le jour, leur effet restait limité mais leur existence relevait néanmoins de la verrue purulente. Après une étude rapide de son parcours quotidien, Pierre avait noté les visites fréquentes de l’activiste à une même adresse qui s’avéra correspondre au domicile de sa mère, ancienne socialiste militante et soutien de premier ordre pour Cariona. Il fut décidé non pas d’en faire un exemple puisque ceux-ci se succédaient et n’en étaient pas mais de démontrer quelle était la teneur exacte de notre engagement et à quels agissements nous étions prêts pour le faire valoir, une opération de communication qui, nous l’espérions, ferait reconnaître la véritable intensité de notre aspiration.
Pénétrer dans le pavillon et l’assommer ne furent que des formalités alors que le sectionnement des vertèbres cervicales, même chez un sujet âgé, fut plus embarrassant étant donné que nous ne trouvions pas de scie dans l’abri de jardin. Finalement, je mis la main sur une hache à petit bois qui fit son office de manière satisfaisante. Ladite tête se retrouva fichée sur une lance appartenant à Seize qui en fit don à la cause de façon émouvante puisqu’il m’apprit par la suite qu’elle avait appartenu à son aïeul, homme de terrain également car colonialiste reconnu. Plantée au sol et ainsi chapeautée, elle instigua, je m’en doute, la terreur la plus complète aux membres du Chemin qui en perdirent du même coup leur apaisement affiché lorsqu’ils regagnèrent leur lieu de culte le lendemain. Nous avions posé, l’un après l’autre, près du monument pour une séance photographique qui fit l’objet d’un tirage quasi-industriel à l’intention des médias français et britanniques.
Sand Wind - un écho à DUHNE plutôt adroit et significatif - venait de voir le jour ; ça ne dura pas bien longtemps mais le but était uniquement de nous faire connaître et le résultat fut des plus surprenants. Dans un premier temps en tout cas puisqu’il ne se passa strictement rien sinon une apparition dans un quotidien français en douzième page et dans deux ou trois fanzines londoniens underground. L’organisation de Cariona ferma ses portes, si je me souviens bien, quelques jours après notre acte représentatif.

Il se passait pas mal de choses ailleurs et c’était probablement la raison du peu de répercussions que nous avions enregistré : le nord de l’Espagne par l’envolée de Santander avait été conquis par la solide branche locale duhnienne et plusieurs villes des Länder environnants suivaient l’idéologie qui avait émergé à Cologne. Milan démontrait des signes comparables quoique de moindre importance et d’autres foyers en Autriche et au Danemark apparurent sur la scène européenne de DUHNE.
D’ailleurs, un évènement HNE se préparait à Amsterdam selon un contact de Seize, un allemand tout à fait givré mais fiable, à ce qui paraissait. Une foule démoniaque y était attendue et se serait l’orgie DUHNE du moment. On fit ce qu’il fallait pour y être et une fois sur place, aucun de nous ne l’a regretté. Légèrement à l’écart du centre-ville, une estrade d’une trentaine de mètres de long avait été installée et une bannière HNE flottait à chacune de ses extrémités. Entre elle et nous, quelque chose comme quatre cents, cinq cents personnes dansaient et hurlaient sur une musique tribale relayée par des baffles d’un mètre cinquante. Les forces de l’ordre n’avaient pas eu vent de l’affaire, je crois, mais de toute manière, personne ne vit un seul uniforme de tout l’évènement, à croire que les politiciens commençaient à accepter la chose même si ce n’était alors que les prémices du mouvement. Au bout de quelques minutes, un type velu et court sur pattes prit le micro pour annoncer la Deuxième Expansion, apparemment, on avait déjà raté un truc.
Un jeune garçon de quatre ou cinq ans monta sur l’estrade, suivi par deux hommes portant des brassards HNE, il avait l’air complètement défoncé et d’un autre côté, il valait peut-être mieux pour lui, rapport à son avenir immédiat. L’assemblée commença à sautiller sur place en levant les bras au ciel et entonna un chant barbare parodique qui reprenait certaines idées bibliques et semblait un peu étrangement faire référence au Livre de la Tobie. De mémoire et médiocrement traduit d’un flamand-néerlandais hétérogène, on pouvait comprendre approximativement ceci :

Il est un jour qui m’appartient
Celui qui n’aura aucun lendemain
Dès cet instant, alors je sus
Et le premier jour, je fus !

Duhne ! Duhne ! Duhne !

Tu tueras pour préserver ton destin
Sodome pourvoira au mien
Une seule force m’est connue
Celle que j’ai moi-même conçue !

Duhne ! Duhne ! Duhne !

Il était clair que le gamin n’avait aucun échappatoire, un char aurait pointé son nez à l’angle de la place que ces gars-là l’auraient démantelé à mains nues afin de poursuivre leurs festivités. Ca commençait à avoir de l’ampleur, des flots de sympathisants venaient se joindre aux chants depuis les quartiers alentours et nous étions bien conscients d’être là où il fallait quand il fallait parce que ça, ça allait faire le tour du globe. C’était de l’exclusif.
Celui qui paraissait être l’organisateur de ce festival HNE avait déjà lâché le micro et commença à poinçonner avec vigueur l’enfant sacrifié avec un piolet de montagne au niveau des côtes flottantes, ce qui eut pour effet de transcender la foule qui désirait plus que tout œuvrer elle-même sur le sujet dans un but médico-légal assurément très personnel. Ensuite, il lui enfila un harnais, le suspendit à une esse de boucherie spécialement fixée à un morceau de charpente pour l’occasion et c’est à l’aide d’un fléau d’armes qu’un de ses assistants lui avait fait passer qu’il brisa son bassin tout d’abord, puis la colonne vertébrale. Il y avait peu de sang sur le plancher, je me rappelle m’être fait la réflexion. Le gosse n’avait pas crié, drogué comme il l’était et quasiment inconscient. Un vrai pantin. Il faut dire qu’en la matière, on en était à un point d’amateurisme considéré de nos jours comme absolument méprisable et dévalorisant mais en cet instant, l’impression générale était celle d’un cap doublé avec gloire et augurant d’une mutation métaphysique sans appel.
Le type en question, sur l’estrade, c’était Martins. Et comme on l’apprit plus tard, quand les leaders londoniens avaient détaché des directeurs au sein de chaque parcelle européenne selon le découpage décidé par eux, il avait été choisi en tant que représentant de DHUNE dans le secteur Belgique - Pays-Bas pour les grandes ambitions qu’il entretenait vis-à-vis du Mouvement et forcément, quand l’information comme quoi il cherchait à établir une antenne stable à l’aide de membres qualifiés dans plusieurs domaines est arrivée jusqu’à nous, notre décision fut aussitôt claire et sans délai.
Peu de temps après l’évènement d’Amsterdam, nous nous étions proposés. Ca s’était passé près de la gare, j’étais déjà aux trois-quarts saoul et j’ai pris la parole au bar pendant une bonne demi-heure devant un auditoire peu attentif composé de Seize qui hochait la tête ou me faisait un drôle de regard - ressemblant à celui d’un hibou perplexe, je n’ai pas d’autre comparatif adéquat - et de Martins qui me disait Ouais, ouais ou Ca, c’est loin d’être faux. Aucune idée de ce que j’ai pu lui raconter, Pierre m’a toujours envoyé torcher les nones en ricanant à chaque fois que je le lui ai demandé. A la fin, on a été pris, c’est tout ce que je sais et ça me suffit.

Seize avait l’expérience du recrutement, il avait travaillé pour des organisations officieuses d’un genre approchant mais sans aucune mesure concernant la nature et l’impact de cette activité. Moi, j’étais censé l’assister et je me sentais de taille à rédiger la propagande. On avait deux anglo-saxons avec nous, Lewitt et Cunningham : dès qu’ils avaient su pour notre coup d’éclat avec Cariona et son Chemin de l’Apaisement, ils avaient rappliqué aussi sec : des mecs bien.
Il nous fallait un siège, n’importe quoi aurait pu faire l’affaire mais Martins a choisi Bruxelles, un appartement ancien sur deux étages, en face du Manneken-Pis. Les fonds qui nous étaient alloués avaient des origines diverses, politiques pour la plupart puisque quelques groupements politiques comptaient tirer avantage de la situation mais également civiles et c’était censé payer largement le loyer et les besoins de l’antenne DUHNE-BENELUX. C’est parti de là.
Tout le monde était en effervescence là-dedans, ça parlait allemand, français mais le plus souvent anglais, la langue ayant pris une signification toute autre depuis quelques mois. On était neuf pour commencer, il allait falloir improviser au début, Martins nous avait averti, mais ça ne gênait personne, bien au contraire.
Des évènements formateurs allaient se dérouler et il y aurait ce lieu à l’origine de ceux-ci. J’y ai vécu les mois les plus constructifs de ma vie, je peux m’en congratuler et je ne manque pas de le faire régulièrement car la nostalgie ne m’épargne pas quand je repense à nos débuts ; tout cela était insensé et nous l’avons fait. C’est admirable et terrifiant, c’est une dimension que nous avons ouverte.
Et comme l’on a pu nous le reprocher par la suite, jamais nous n’avons prétendu créer, nous nous sommes définis comme poursuiveurs, jamais comme pionniers, comme déployeurs d’une propension, jamais comme leaders d’un élan humain irrépressible, comme guetteurs du développement spécial du HNE, jamais comme prophètes tout-puissants. Mais je peux vous dire que j’y ai très souvent pensé, en fait, j’y pensais tout le temps et j’étais convaincu que nous réalisions un truc très fort, je ne voyais pas comment en parler autrement ; on sentait qu’un élément tremblait sur ses fondations, on creusait, on organisait, on développait, on mettait en évidence et puis d’un coup, une pièce complète tombait à terre et on cimentait nos bases par-dessus. Notre mérite était d’autant moindre que les gens étaient partants et demandeurs dès le départ, il faut bien le dire mais ce n’était sûrement pas cela qui pouvait entamer un enthousiasme débordant.

Martins était un homme convaincu et convaincant, un représentant né, je n’aurais pas su imaginer la moitié de ce qu’il a conçu de stratégies durant toute la période où DUHNE a eu l’impact qu’on lui connaît sur les millions d’individus qui y ont participé. Lewitt a rassemblé le noyau dur de nos sympathisants, Delport s’occupait de l’agenda évènementiel, Cunningham des adhérents en sa qualité de participant à Londres, Freitmann était au renseignement, c’était l’As de l’information dont Seize m’avait parlé, ce type était capable de s’infiltrer dans les bases de données de notre choix et en un temps record. Carrol et Fitz épluchaient la presse générale et spécialisée. Seize menait les reconnaissances de terrain et recrutait au passage, quant à moi, j’étais chargé de la rédaction de l’ensemble en collaborant avec Pierre. On était fin prêt.

« L’être individualiste, animal borné et malfaisant, mène l’identité humaine à sa perte par le refus stupide et honteux qu’il oppose à sa nature foncièrement et vitalement sociale. »

Ce sont les paroles de Pietro Falccia ; cet écrivain et pseudo-penseur italien n’a rien publié qui ne l’avait déjà été auparavant et devrait, là où il repose, se féliciter d’avoir expiré avant le début du Mouvement, sa fin dommageable aurait fait de l’ombre à la qualité atterrante de si naïfs et consternants propos, symptomatiquement pré-duhniens et plagiés sur ceux d’autres scribouillards peu inspirés de l’époque.

= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 30/08/2007 à 19:48:13
Je vais essayer de pas trop taper là-dessus, parce que ça me parait clairement à rapprocher des textes polémiques plutôt que des fictions et nouvelles du site. Et du coup, le style, l'intrigue, les scènes, c'est secondaire. Ouais c'est indigeste, ouais on passe deux tiers du texte à se dire "oui bon d'accord, mais on s'en fout".

Reste que y a un ou deux trucs bluffants : le premier c'est que je saurais pas dire si le mouvement HNE est plus proche d'un Mai 68, de la révolution française ou de l'accession au pouvoir du nazisme. Preuve que l'idéologie de base des révolutions, finalement, ça change à peu près rien.

Ca souligne de manière évidente que toute forme de révolution mène inéluctablement à la terreur et à la dictature, mais ça on s'en doutait un peu, vu les exemples qu'on en a.

Et puis j'ai pas arrêté de me dire en lisant que ce genre de révolution, c'est totalement impossible dans nos sociétés, où le contrôle du système sur l'individu est très poussé, où l'emprise des médias, cette espèce de conscience collective du peuple, est inaliénable. Que c'est pas crédible. Mais en fait y a effectivement un paquet de contre-exemples au cours du 20ème siècle. Est-ce que c'est vraiment illusoire que des masses entières se soudent autour d'une idéologie et se soulèvent aujourd'hui ?
dwarf
    le 30/08/2007 à 21:01:03
Si l'idéologie consiste à éclater les autres, je pense que c'est toujours d'actualité.

Je vais quand même essayer de lire le texte.
Hag

Pute : 2
    le 30/08/2007 à 22:00:38
HNE désigne également l'hexanitroethane, un solide organique servant d'explosif ou de gaz à laser, ou alors le code IATA de l'aéroport de Tahneta Pass en Alaska.


Commentaire édité par Hag.
-Ryolait-
    le 30/08/2007 à 22:04:55
Bonjour.

Alors je n'ai pas lu le texte, mais je vais répondre au commentaire de nihil, cet enculé.
Les révolutions n'ont pas toujours menées à une nouvelle bureaucratie (take that in your face, Kafka). L'exemple de la révolution sociale en Espagne (plus spécifiquement en Catalogne) au début de la guerre civile en est le plus pertinent, à mon avis, car appuyée par une large volonté populaire et qui a amenée de vrais changements sociaux (gratuité de l'avortement, vrai sentiment d'égalité (voir "Hommage à la Catalogne" de George Orwell), une réappropriation générale des moyens de production et des terres par les basses classes de la société espagnole de l'époque. C'est très beau hein, sauf que ces bâtards de soviétiques et leurs potes sur le terrain (les dirigeants du Parti Communiste Espagnol, les Brigades Internationales, etc...) ont décidé que ces sales anarchistes ne respectaient pas leur plan, c'est à dire gagner la guerre d'abord et créer un truc aussi fun que l'URSS ensuite. Résultat, la guerre fût perdue, rololol.

Sinon tu peux aussi te renseigner sur la ligue Spartakiste et Rosa Luxemburg en Allemagne, réprimée en Allemagne par les Freikorps (futurs nationalistes et nazis) sous les ordres du président social-démocrate de l'époque (rololol). Ou Nestor Makhno, ou... Ah ouais mais ils ont tous été tués ces gens-là. C'est pour ça que la révolution ça foire en fait.
-Ryolait-
    le 30/08/2007 à 22:23:40
Alors, le texte.
Les scènes de violence physique sont assez ratées, elles sont assez inutiles et il n'y a rien pour contenter nos instincts violents tavu.
Par contre le fond est assez intéressant. Individualiste, anti-démocratique, anti-autoritaire d'une certaine manière, tout ça c'est très bien mon bon.
Hag

Pute : 2
    le 30/08/2007 à 23:03:55
Si on a le courage d'aller jusqu'à la seconde moitié, ça devient bon, très bon, et même si ce n'est pas excellent (scènes d'actions molles, 2-3 trucs chiants) on finit le texte sur une bonne impression. Je ne reviendrai pas sur le message singulier du texte que les autres commentaires on déjà traité et que j'ai la flemme.

"un char aurait pointé son nez à l’angle de la place que ces gars-là l’auraient démantelé à mains nues afin de poursuivre leurs festivités"
AH OUAIS ? ET UN BOMBARDIER HEIN ? ILS AURAIENT FAIT QUOI FACE 0 UN BOMBARDIER HEIN ?
dwarf
    le 31/08/2007 à 00:36:55
Damned, j'ai réussi à lire un texte d'Omega 17. Et en plus j'ai bien aimé.
Ca reste un peu vague, les phrases sont trop longues et complexes, mais le message a un fond intéressant.
Reste que j'ai pas trop compris ce qui fait la spécificité d'HNE, à part que c'était plus hardcore que les révolutions précédentes.
Slashtaunt

Pute : 0
    le 02/09/2007 à 13:54:28
Putain, merde, vous causez vachement bien les gars.
dwarf
    le 03/09/2007 à 00:49:17
Putain, merde, ta gueule Slashtaunt (et je te slashrude).
vogöl
    le 03/09/2007 à 01:45:49
Putain, merde, votre phraséologie décontenance les vaches, rascals.
Slashtaunt

Pute : 0
    le 04/09/2007 à 21:16:26
*leader d'opinion*

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