LA ZONE -

L'oubli

Le 26/01/2009
par Winteria
[illustration] I

C’étaient partout les mêmes traits indistincts, ravalés par la rigueur de visages de marbre, délavés par la lumière des néons ; les mêmes corps tendus, figés et silencieux, semblablement droits dans la puanteur du quai, espacés presque régulièrement et tournés vers la voie. La rame semblait ne jamais devoir arriver.
Du dessous de l’escalator qui grimpait vers la surface émergea la tête d’un vieil homme. Etirant amplement ses membres efflanqués, il s’avança, un gobelet à la main : à quatre pattes d’abord ; puis, au prix d’un lent et douloureux effort, il se redressa sur ses deux jambes. Alors, il considéra longuement ces rangées immobiles d’hommes qui se taisaient, détaillant chacun d’eux (comme s’il eût été possible de les distinguer les uns des autres), avec de vagues rires, des mimiques de dégoût ; et tous feignaient d’ignorer sa présence.
Le vieillard, doucement, s’approcha de l’homme le plus proche ; il lui tendit son gobelet, marmonnant quelque sèche supplication, comme pour l’interpeller. Et, constatant que l’homme conservait cet immuable détachement, que ses yeux restaient irrémédiablement braqués en direction de la voie, il alla en voir un autre ; et il passait ainsi d’une forme anonyme à une autre, répétant les mêmes gestes avec la même lenteur, et toujours sans succès : ces hommes restaient statues.

Il y en eut un, pourtant, qui céda dans un frisson. Le vieux, ridiculement petit, s’était placé face à lui, lui tapotant le ventre avec son gobelet ; et il avait alors suffi à l’homme de regarder droit devant lui pour éviter de le voir. Mais le mendiant, se hissant sur la pointe des pieds, était apparu très soudainement dans son champ de vision. Sa figure était affligée d’une maigreur effroyable ; les pommettes saillantes tendaient la peau de sa figure, semblaient devoir la déchirer à tout instant ; tapis dans l’ombre des arcades, les yeux luisaient, gorgés de fièvre. Et à la vue de ce visage, l’homme frémit ; au loin, dans le tunnel, on entendit la rame, qui arrivait. Le vieillard, en courant, retourna à sa cachette.

Dès qu’il eut ce frisson, l’homme sentit les regards se presser sur sa nuque : des coups d’œil qui l’étouffaient, furtifs, jetés à la va-vite, pesant dans son dos comme une lame pointée entre les omoplates. Lui qui s’était jusqu’ici tenu droit, terne et indifférent, il ne savait plus que faire de ce corps qui s’était mis à l’encombrer. Il essaya à toute force de reprendre cet air stoïque qu’il lui était devenu naturel de feindre, avec le temps et l’habitude - mais en vain. Il tirait sur les pans de sa veste, changeait sa serviette de main, et rien n’y faisait : les regards persistaient, jaugeant ce qu’il était, et ce qu’il n’était pas ; c’était là son jugement, il ne pouvait lutter.
L’homme ferma les yeux, essayant de reprendre son souffle ; et ce fut un déluge de bruits et une brise puante : la rame entrait dans la station. A cet instant, il ne sut dire précisément si c’étaient ses propres muscles qui se bandaient, ou ceux de la foule entière ; mais le mouvement gigantesque de ses semblables, d’une lenteur mécanique, s’amorça tout autour de lui ; au cœur de cette agitation, seul, les paupières closes, il fut pris d’un vertige indicible.
Lorsque l’homme rouvrit les yeux, il ne restait que lui, là debout sur le quai. Il vit cent fois son propre visage dans la rame, sur des corps inconnus ; le convoi s’ébranla, impatient, et disparut au détour d’une galerie.

Il resta là, immobile et hagard, comme sourd à force de silence, et comptant les secondes. Lorsqu’enfin la rame suivante arriva, il en vit descendre les mêmes personnes qui s’étaient tenus là, à ses côtés. L’homme fut pris de panique : il se mit à courir.



II

Il erra par les rues, longuement, sans y songer, tout entier consacré à chasser ce malaise rampant dans sa conscience, et dont l’homme n’aurait pu dire ce qu’il était au juste. Il se sentait profondément vulnérable, exposé, comme une saillie de rocaille au coeur d’une plaine venteuse. Il eût souhaité pouvoir retourner en lui-même, se comprimer de nouveau, aplanir ce désordre qui se levait en lui, et cesser d’exister, enfin, aux yeux des autres. Un simple frisson de dégoût l’avait précipité dans cette situation ; et maintenant il tremblait à l’idée de ne pouvoir en réchapper.

Dans les faubourgs, les gens se croisaient sans se regarder, s’évitaient avec soin en feignant de suivre naturellement leur chemin, mimant l’indifférence ; c’était le même enfer que le quai de la station, mais un enfer mouvant et faussement banal, moins solennel en apparence ; un ballet silencieux et mal orchestré, pour qui y prenait garde.
L’homme avançait tête basse sur de longues rues pavées ; l’air était froid et sec, mordait et s’agrippait au corps. C’était encore le matin.

Partout, la réalité obsédante se rappelait à lui : les néons clignotants d’une enseigne criarde ; un groupe de parias qui le héla qui riant (il força le pas) ; la griffure du froid, toujours, sur son visage ; plusieurs individus qui se mirent sur sa route, étrangement, l’air stupéfait (ou était-ce lui qui leur coupa la leur ? cela, il l’ignorait), et se détournèrent aussitôt, sans mot dire. Il lui semblait n’avoir jamais ressenti sa propre existence avec tant d’acuité que dans ces instants-là, ni sa propre présence, découpée si nettement dans le monde alentour.

L’homme se fourvoya quelques heures encore dans le dédale de la ville, s’étonnant sans cesse, comme un chien de son ombre, de l’individualité balbutiante qui était maintenant sienne. Las, il s’arrêta, parvenu au pied d’une cathédrale : deux clochers jumeaux le dominaient, aveugles, projetant sur lui les ombres des visages de pierre dure, effarés, qui hurlaient leur terreur en silence et ornaient ces hautes tours. Il entra, mû par l’envie d’un siège et la curiosité.

L’énorme porte de bois se ferma sans un bruit ; un calme formidable régnait dans tout le lieu. L’homme ne vit personne. Il alla s’asseoir sur un banc, au hasard (de cela, il en fut saisi de stupeur, un instant après), pour s’y délasser un moment ; longuement, il détailla l’endroit : les voûtes, les piliers, le chœur - et voyant le calvaire, il fut saisi d’une frayeur infime mais étrange, à laquelle il n’accorda aucune attention. Il se leva tranquillement, et se mit à flâner, là, heureux, entre les travées, de long en large dans la nef ; et soudain, il aperçut le reliquaire.

C’était un plan de marbre, où reposaient des objets mystérieux et tordus, et auquel la petite chapelle semblait tout entière dédiée ; au-dessous, une grille dorée masquait une forme sombre ; des draperies soyeuses, autour, pendaient aux murs. Une grille en fer forgé barrait l’accès, ce que l’homme trouva curieux ; mais, rivée à deux barreaux, un écriteau semblait vouloir justifier sa présence, en lui attribuant la garantie de la sécurité des restes et des reliques d’un saint dont l’homme ignorait tout. A la lecture de ce message, il fut transi de terreur ; une terreur blanche, silencieuse, qui enflait par à-coups, à mesure qu’il lui semblait distinguer de plus en plus nettement, derrière la grille dorée, un corps de cire sculpté, étendu, les mains croisées sur la poitrine - c’était le corps du saint.
L’homme recula brusquement ; en lui naissait l’idée d’une divinité, d’un être comme lui et de chair et de sang, devenu un symbole celé derrière une grille, auquel croyaient certains. C’était la vie d’un être livré à quelques autres, par qui il existait - et seulement par eux -, lui, un être exceptionnel, qui seul s’était élevé en tant qu’individu, et avait disparu ; et dont aujourd’hui, on adorait les os, ses os à lui, sanctifié : mais pourquoi ? de quel droit ?
Qu’était-ce donc que cette chair qui attendait la mort ? cette vaine existence dont il ne resterait rien qu’une mémoire distordue, un exemple faussé ? (L’homme, cadavérique, s’affala sur les dalles, le dos contre un pilier, en se tordant les mains.) Mais qu’était-ce donc au juste que cette solitude qu’il fallait préserver, cette individualité qu’il faudrait garantir pour être sûr de vivre, d’exister réellement, qui pourrirait sous terre et ne serait plus rien ? (S’appuyant sur un banc, il se remit debout, épousseta sa veste.) Mais pourquoi, après tout ?

L’homme sortit en courant, et héla un taxi.

Tout au long du trajet jusqu’à son bureau, il s’absorba dans le nettoyage d’une tache sur son pantalon ; cette trace disparue, il se sentit beaucoup mieux.



III

La voiture s’arrêta devant une immense bâtisse. C’était un édifice démesuré, cubique, qui reposait sur un bâtiment plus petit qui composait le rez-de-chaussée. L’homme contempla un instant cet immeuble dans toute sa hauteur, avec un air neutre ; et sans attendre plus longtemps, il entra.

À l’intérieur régnait un grand désordre, un brouhaha opaque qui contrastait singulièrement avec le silence de l’extérieur. Des hommes et de femmes se hâtaient en tous sens ; guidés comme par un instinct, ils croisaient savamment leur course, sans se toucher, des liasses de papier dans les bras ; et s’il leur arrivait de se percuter (mais cela était rare), transis qu’ils étaient par leur tâche mystérieuse, il ramassaient méthodiquement leurs documents éparpillés par terre, entre les enjambées frénétiques mais étrangement vigilantes des autres, qui ne cessaient de courir.
L’homme traversa cette cohue sans effort, pour se rendre aux ascenseurs.

Les bureaux s’étendaient dans toute l’immensité de l’étage ; ce qu’il en était des niveaux inférieurs ou supérieurs, nul en ce lieu n’en avait une idée précise. C’était un vaste espace carré, divisé en plusieurs centaines de petites cases indépendantes, qui donnaient sur des allées étroites par une mince ouverture ; de ces petites cellules montait un murmure grave, comme une vibration insensible et omniprésente.
Le bureau de l’homme était une de ses cases : à gauche de l’entrée, une table de travail, une chaise ; à droite, une étagère encombrée de dossiers dont il n’avait nul souvenir ; en face, rien qu’un mur nu, qui était la seule chose qu’on pouvait voir de l’extérieur.

L’homme s’assit, sortit un miroir de sa serviette : s’y examinant, il ne put se reconnaître, à sa grande satisfaction. Reposant doucement la glace sur sa table, il se laissa gagner par la plénitude ; il aimait cet endroit : ces quatre murs juste assez hauts, ce dénuement qui n’exprimait rien. Il eut un sourire, et alors qu’il souriait, le téléphona sonna. L’homme décrocha d’un geste ample.

= commentaires =

Putsch

Pute : 0
    le 26/01/2009 à 22:40:22
Bon alors, j'ai peut être mal lu, voire sûrement, mais moi j'y ai vu une micro satyre sur l'inéluctable monochrome de la vie (je m'exprime mal, et de surcroit je vous encule).
Dans le sens où le type, il dévie de la route déjà toute tracée, pour se perdre en divagations hallucinatoires, et il finit par se poser certaines questions. Et finalement le type, bah il reprend la route, comme si de rien n'était.
(je paraphrase, blabla)
Du coup, je me dis qu'il est quand même vachement triste, ce texte, et surtout je trouve que les divagations sont un peu capillo-tractées. Sinon le style est bon, même si le rythme "musical" connait quelques aspérités.

J'ai pas envie d'approfondir.
[Edit: Je suis une petite pute à franges.]


commentaire édité par Putsch le 2009-1-26 22:41:38

commentaire édité par Putsch le 2009-1-27 22:2:28
Roberto Mouglaouis
    le 27/01/2009 à 13:37:53
On se serait passé de ce fat texticule. Puisque tu t'es purgé, à la fin, qu'on t'encule.
    le 27/01/2009 à 13:52:15
Je suis toujours fasciné par la richesse intellectuelle et la profondeur de vue des commentaires de certains. L'Académie devrait faire ses courses sur la Zone.
    le 27/01/2009 à 14:02:44
S'il y a un truc que j'apprécie dans le texte et particulièrement son début, c'est le rythme des phrases. C'est guère neuf, ça tourne majoritairement en binaire à vue de lobe, mais ça roule néanmoins et le premier passage m'a agréablement coulé dans le nerf auditif du cul. J'ajoute "du cul" pour tempérer la gayïtude de cette remarque.

Pour le reste, je garde une impression d'inachèvement ; elle a commencé au deuxième passage, quand on change totalement de contexte. Ce qui demeure, c'est une certaine angoisse ou une ambiance à la fois claire et confuse, je sais pas comment le dire. Par endroits on arrive à partager l'état d'esprit du personnage, son inquiétude et les bouleversements qui l'agitent, mais j'admets ne jamais avoir été franchement bouleversé ; par endroits même j'ai un brin rigolé. Par exemple au moment où il tombe en spasmes devant le gisant. Bon. C'est un gisant, quoi. Voilà voilà. On peut se gratter le cul devant un gisant, moi du moins ; preuve que les circonstances sont bénignes. Faites l'essai ; quand ça craint, on sent plus son anus. C'est curieux. Trouvez-moi le moindre personnage qui se gratte le fion dans l'Apocalypse, tiens.

Bref, trop court pour qu'on puisse s'immerger dans la conscience du bonhomme et comprendre ce qui le titille tellement.

Les lieux me semblent curieusement choisis aussi, quand j'y repense. De part et d'autre on a les lieux usuels d'une critique sociale de le monde contemporain que il est pas beau ; mais au milieu, wtf la cathédrale ? On dirait une inclusion d'âme au milieu de trucs sans âme, un lieu d'histoire au milieu d'immédiateté. On perd le thème du coup, si on veut voir ça comme une critique sociale (au sens large).

J'avour que j'ai pensé à Jacques Tati sur la fin, et ce sera ma référence bobo du jour.


Notons que "j'avoue" est employé dans son sens juste. J'aimerais en profiter pour enculer vaillamment tous le bouffons formatés qui l'emploient partout. Ca c'était mon trépignement de vieux con du jour.
EvG

Pute : 0
    le 27/01/2009 à 15:22:00
J'ââââvoue !

Sinon, et comme il est question plus haut, le rythme du début du texte est pour le moins fort agréable. L'impression vient plus tard, que la régularité se perd. Et sans que ce rythme soit idiot, il me fut difficile de l'encaisser après la douce régularité. Oui, elle était douce.
Cette étrange impression m'est venue depuis les premières lignes, que le temps du récit, au sens d'époque, était vague, comme perdu dans un passé lointain, presque médiéval, et un présent qui ne choquerait pas s'il avait pris de l'avance.
C'est comme ça que l'arrivée en cathédrale se fait naturellement et que cet intemporel prend une forme palpable dans le texte. Peut-être n'est-ce pas fait en ce but, mais j'entrevois divers ponts et parallèles ici :
Tout d'abord, le lien entre le mendiant moderne tant qu' intemporel, et cet homme qui, selon mon impression, par son attitude devient un mendiant face à l'éternel, une figure qui se retrouve au fil des siècle et qui perd de l'essentiel en s'avançant dans le temps. Vide à l'intérieur, sans âme, il se retrouve comme un gueux devant la cathédrale. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'il prend conscience de lui.
Après, le tout naturel parallèle entre la cathédrale et la tour dans laquelle il travaille, et cette ambiguïté quand le trouble le prend fasse au gisant qui fut et qui est encore. Celui-là qui s'est échappé de l'anonymat, et son désir final de conserver le sien, ce désir de n'être personne et que rares soient ceux qui sont pour lui. Alors il reste enfermé dans la petite case de son bureau parmi les autres petites cases de cette sorte de cimetière pour les vivants où ils sont des gisants auxquels on ne prête aucune attention.
Très bien.
nihil

Pute : 1
void
    le 27/01/2009 à 17:00:19
Tu es extrêmement ennuyeux, Evagin.
EvG

Pute : 0
    le 27/01/2009 à 17:19:36
Oh la la, peut-être cela ne me dérange pas.
Edt : Je te prie de me pardonner de tes causer tant de souci.

commentaire édité par EvG le 2009-1-27 17:22:25
Das

Pute : 0
    le 27/01/2009 à 23:43:42
Bon.

Il y a beaucoup de métaphorique là dedans. Ce qui permet visiblement à EvG de déceler du sens là où il n'y en a pas et inversement. Mais le texte se présente nu aux lecteurs. C'est à nous de faire ce travail d'interprétation, ou pas. Il nous est livré dans sa forme la plus pure, et ne demande pas à être expliqué. Chercher à imposer le sens d'un texte, c'est déjà falsifier la pensée qui s'en dégage, la travestir injustement. En tant qu'addictions nous avons tous une approche différente. Alors, ton ressenti, Evariste, peu importe.
Il y a beaucoup de métaphorique là dedans, ce n'est pas déplaisant. Style très appréciable. Par contre, on a parlé de rythme au dessus, et je ne crois pas avoir vu mentionnées les parenthèses. Pourtant, ça casse vraiment tout. Elles ne peuvent pas exister sur le même plan que le reste du récit, en particulier quand elles comprennent des phrases entières: les mettre en italique, par exemple, aurait été une bonne solution.
J'ai juste été très déçu par la fin. La montée en puissance, lente et présente tout au long du texte s'achève par un retour à l'insipidité alors qu'on était en droit d'attendre une explosion créatrice (ou destructrice d'ailleurs).
Il y a peut-être un peu trop de retenue à mon goût, mais ça, peu importe.
Bref, très bon.

commentaire édité par Das le 2009-1-28 0:0:10
Strange

Pute : 0
    le 29/01/2009 à 19:03:42
C'est peut être que sa braguette est ouverte. A-T-ON SEULEMENT PRIS LE TEMPS D'ENVISAGER CETTE POSSIBILITÉ ?

Le début c'était très bien, ça m'a propulsée dans du coton et ça m'a emmitouflée. Il y a une sensation d'irréalité très agréable, et le style sert très bien cette ambiance.
Les réactions du personnage principal m'ont un peu sortie de ma torpeur, par endroits, mais on en est à la première partie, alors nous buvons tes paroles et sommes prêts à tout entendre, Ô Grand Chevelu.

Et puis POUF, la deuxième partie. La réalité nous rattrape, je perds cette impression d'avoir sniffé de l'acétone. À la réflexion, maintenant que j'y pense et après avoir bu une gorgée de coca-light, peut être était-ce à dessein. DIEU QUE TU ES MACHIAVÉLIQUE.
Là, mon estomac a plus de mal à digérer certaines réactions du personnage principal, ça glougloute un peu.
=> "Il alla s’asseoir sur un banc, au hasard (de cela, il en fut saisi de stupeur, un instant après)".
Ah bon ? Et la stupeur, carrément ? "CIEL J4AI MIS MES FESSES SUR UN TABOURET, OUF DANS MA TÊTE QUOI, AU PIF".
Le fait de choisir une chaise au hasard témoigne, à la virgule près, d'une absence de choix et de volonté, non ? Alors pourquoi ça le remue, le pauvre choupinet ?
Il y a aussi le choix des parenthèses, qui sent beaucoup l'aparté du théâtre, et c'est agaçant, parce que je n'ai pu m'empêcher d'y coller une voix musclée aux accents de basketball avec plein de suspens à l'intérieur : "(ou était-ce lui qui leuw coupa la leuw ? cela, il l'IGNOWAIT)" TRUKDEDING.
Ah, j'ai passé 15 secondes à trouver cette image merveilleuse : "Tout au long du trajet jusqu’à son bureau, il s’absorba dans le nettoyage d’une tache sur son pantalon ; cette trace disparue, il se sentit beaucoup mieux."

Troisième partie.
J'ai beaucoup aimé la fin, contrairement au(x) mollusques atrophiés du dessus. J'ai eu peur d'une fin hollywoodienne où il se tape le clodo et décident tous les deux d'aller vivre en Amazonie.

Finalement, j'en garde une impression de "OUI-MAIS". J'ai aimé la première et la dernière partie, mais celle du milieu me mboffe. J'aurais également préféré, mais cela ne tient qu'à mes neurones embrumés, garder cette sensation d'irréalité.

ET PUIS VOILA. Je reste sur ma piste de la braguette.
nihil

Pute : 1
void
    le 29/01/2009 à 20:53:51
Putain, c'est compliqué. J'ai du m'y reprendre à bien cinq ou six fois pour tout lire. Et j'ai lu plusieurs bouts alors que j'étais déjà mentalement complètement ailleurs, en train de préparer minutieusement ma prochaine branlette à la rape à fromage + vinaigre, par exemple.
Difficile dans ces conditions de faire une critique valide. Mais c'est pas un texte qui a retenu mon attention, c'est le moins qu'on puisse dire.

Grave atmosphérique, lent, on s'ennuie pas mal. Le mec est terrifié, on sait pas pourquoi, il est soulagé, on sait pas pourquoi.
(oui, le contact avec le mendiant, je sais, super explication en bois)
Le début est cool, avec ce quai bondé de monde où rien ne parait humain (hormis le clodo peut-être). Que du béton et des statues qui remuent imperceptiblement.
Cette image d'une foule opaque, anonyme et sans vie, c'est tout ce que je retiens du texte. C'est le seul truc qui vaut dans ce marasme de sensations floues et de micro-mouvements. Tout le reste manque à la fois de précision (tout n'est qu'esquissé) et d'intensité (à part deux trois terreurs inexpliquées, le reste est mou du bulbe). Bonjour le plongeon gueule en avant dans la mélasse.

Je parle pas des cabrioles stylistiques incongrues dans la partie II, je voudrais pas être trop désagréable. Bon ça tombe bien, j'ai pas grand chose à dire sur la suite, l'auteur non plus je pense : il se passe toujours rien. Où est passée cette putain de rape à fromage ?
La fin est suffisemment incongrue pour m'interpeller, c'est bien, au moins ça m'a réveillé. Le mec a réintégré son univers plat et sans substance, tout va bien.

Je sais pas. C'est surement une question de goûts, mais je pense pas pouvoir apprécier un texte qui ne comporte pas le moindre évenement marquant, pas la moindre phrase-choc. J'aime bien l'atmosphérique, mais faut que sous la platitude apparente, ça gronde, ça grince. Faut que l'absence d'intrigue soit compensée par du lourd.

Ca m'a vaguement rappelé les galopades urbaines du héros de Tetsuo 2, avec ces villes et ces passants gris et menaçants, et ces vagues de terreur qui submergent le héros. Mais dans Tetsuo, c'est putain d'intense, putain de violent. Là c'est plat.
Kwizera

Pute : 1
    le 30/01/2009 à 00:23:55
L'usage des points virgules à tire-larigot comme d'un couteau de boucher m'a fatigué. C'est peut-être question d'oreille, ou une conséquence de ma surdité et donc de la branlette, mais une phrase comme :
"Etirant amplement ses membres efflanqués, il s’avança, un gobelet à la main : à quatre pattes d’abord ; puis, au prix d’un lent et douloureux effort, il se redressa sur ses deux jambes."
je trouve qu'on peut difficilement faire pire dans l'ajout inutile de signes de ponctuations pour montrer que "ouahou attention ça va swinguer".

Je ne sais pas si en dehors de ça j'ai plutôt aimé ou pas, tant ç'a gâché ma lecture.
nihil

Pute : 1
void
    le 30/01/2009 à 00:42:03
T'es con, c'est un code. Suffit d'enlever les mots pour comprendre :

,,:;,,

AAAAAH MON DIEu c'est horrible, c'est Cthulhu !

Mais si regardez, deux paires de tentacules, des yeux et deux mandi... OK, laissez tomber.
Dourak Smerdiakov

site yt
Pute : 0
ma non troppo
    le 01/02/2009 à 13:19:43
C'est en général fort bien écrit et agréable à lire, mais j'ai eu tendance à me trouver en train de lire mécaniquement sans suivre l'histoire. Pas très happé par le texte.

J'ai relevé : "une enseigne criarde" (je trouve que ça sonne mal), "un groupe de parias qui le héla qui riant" (sans doute simple distraction à la relecture, mais oups quand même). Et, certes, peut-être beaucoup de parenthèses et de point-virgules et, surtout, de manière générale, le sentiment d'un manque de simplicité qui donne l'impression que l'auteur essaye d'en jeter aux yeux du lecteur.

Sur le fond, c'est vague, une histoire d'éveil avorté, ou pas.
Hag

Pute : 2
    le 01/02/2009 à 20:18:59
Ce texte zigzague.
Il a un point de départ, un lieu d'arrivé, et entre les deux il se balade, s'en va explorer quelques coins sympa, se paume une ou deux fois, il découvre des trucs plus ou moins cools, et à la fin, ben il est arrivé.
Ca me laisse à la fois content de ma lecture et assez sceptique.

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